JohnSteed

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  • Sauvage

    Jamey Bradbury

    7/10 En Alaska, Tracy vit avec son père, Bill Petrikoff, ancien musher réputé, et son frère, le jeune Scott. Après le décès accidentel de leur épouse et mère, ils essaient tant bien que mal de tenir à flot leur ferme et leur élevage de chiens de traîneaux.

    La jeune adolescente possède un don, depuis la naissance : en avalant ne serait-ce qu’une goutte de sang d’un animal, sa vie de celui-ci s’immisce dans Tracy qui peut ainsi découvrir toute son histoire. « Goûter vous donne toujours accès au moins un instant. Mais quand vous buvez d’une bestiole qui lâche son dernier souffle, vous recevez toute une histoire. Tout ce qu’elle a fait, tout ce qu’elle a ressenti se livre à vous comme si ça se produisait au moment même où vous l’apprenez. Vous absorbez une vie entière, quand vous buvez et tuez en même temps ».

    Or sa mère avait mis en garde Tracy : ne surtout pas faire couler le sang d’un humain. Or ce matin, dans la forêt où elle était venue relever ses pièges, pour se défendre, elle a dû poignarder au ventre un étranger, Hatch. S’il a pu être secouru par Bill, ce sang hante Tracy, d’autant qu’elle a peur qu’il vienne se venger et reprendre son argent que Tracy a pris pour pouvoir s’inscrire aux courses de chiens de traineaux.
    Et l’arrivée du troublant et mystérieux Jesse va venir troubler les sens de la jeune adolescente. C’est alors qu’elle va goûter le sang humain. Et c’est toute sa vie qui va bousculer. Car il faut savoir bien maîtriser ce don si puissant et donc dangereux. Tracy l’apprendra à ses dépens.

    Sauvage est un roman d’apprentissage de la vie et du genre humain. Loin du monde du polar, ce livre est empreint de sensibilité et de poésie ; l’écriture de la jeune auteure américaine est proche de celle Jim Harrison, de Joseph Boyden et de Louise Erdrich, ces écrivains où la nature constitue majestueusement le cadre d’une aventure humaine émouvante. Un livre qui séduit mais qui comprend quelques longueurs.

    20/06/2020 à 12:05 2

  • Dernière nuit à Montréal

    Emily St. John Mandel

    7/10 Dernière nuit à Montréal est la première œuvre de l’auteure canadienne qui écrira par la suite On ne joue pas avec la mort, Les variations Sebastian et Station Eleven. Dans ce premier livre, on trouve déjà le style de l’écrivaine qui distille avec parcimonie et subtilité littéraire les réponses à l’intrigue. Ici elle retrace la vie de Julia, de son enlèvement par son père à l’âge de 7 ans jusqu’au début d’adulte. Une vie de fugue, de fuite,… Et avec elle, elle entrainera toutes les personnes qui se sont attachées à elle : Eli, son amoureux ; Christopher, le détective privé qui passera une part de sa vie à la chercher ; Michaela, la fille de ce dernier, dont la vie sera affectée par le travail de son père.

    Une histoire intrigante rythmée par des aller-retours passé présent qui sont assez perturbants. Mais une fois habitué, on peut savourer le dénouement et cette histoire nous montre qu’il existe plusieurs vérités.

    14/06/2020 à 16:28 2

  • Reflets changeants sur mare de sang

    Pierre Siniac

    8/10 Comme Folies d’infâmes, Reflets changeants sur mare de sang est un recueil de nouvelles. Et on retrouve la plume cynique du talentueux écrivain. Mais si Folies d’infâmes proposait des situations cocasses voire empruntes d’un humour noir (bien évidemment, il ne peut pas en être autrement !!), avec Reflets changeants… , on est dans l’univers de l’arroseur arrosé, le comique en moins.
    Mais c’est toujours un agréable moment de lecture. Toujours avec Pierre Siniac, tant il n’a pas son pareil pour raconter des histoires sorties de nulle part d’autre que de son imagination extraordinaire.

    11/06/2020 à 17:00 1

  • Chacun sa vérité

    Sara Lövestam

    7/10 Bien que son auteure soit suédoise, il serait cavalier de faire un raccourci et de considérer Chacun sa vérité comme un « polar suédois ». D’une part parce que, même s’il a reçu différentes distinctions comme le Grand Prix de Littérature Policière (roman étranger) ou le Prix de l'Académie suédoise des auteurs de polars, Sara Lövestam ne classe pas son premier livre au rayon polar, mais le considère plus comme un roman de société. D’autre part, on est loin de l’ambiance ouatée, et de l’atmosphère éthérée, où les grands espaces donnent la réplique aux différentes contemplations des personnages. Sara Lövestam privilégie les dialogues aux descriptions des paysages. Elle concentre l’action du livre à l’enquête menée par son personnage d’origine iranienne, Kouplan, un sans papier qui pour survivre, se donne les qualités de « détective privé ». En situation illégale, il propose ses services aux personnes qui ne souhaitent pas que les autorités locales se mêlent de leur problème.

    C’est le cas de Pernilla dont sa fille, Julia, âgée de 6 ans, a disparu alors qu’elles se promenaient dans un centre commercial. N’ayant pas déclaré sa fille pour éviter que les services sociaux ne lui enlèvent, Pernilla voit dans le tout jeune Kouplan son seul espoir de retrouver Julia. Le jeune détective privé va se trouver confronter aux problèmes psychologiques des personnages et à une affaire de prostitution d’enfants.

    Un roman qui sincèrement plaît, tant on ressent la force de Sara Lövestam à dénoncer la politique menée à destination des immigrés. Mais la faiblesse du roman réside dans le manque de profondeur donné à son personnage principal, Kouplan. J’aurai aimé en effet en apprendre plus de la vie de ce jeune iranien qui est à peine évoquée ici, et que l’auteure suédoise développe plus certains aspects de l’intrigue. Un roman qui donne cependant envie de poursuivre la tétralogie de Sara Lövestam.

    09/06/2020 à 13:49 2

  • La Sentinelle de Lisbonne

    Richard Zimler

    8/10 Je sors de la lecture de ce roman perturbé. La sentinelle de Lisbonne n’est pas un polar classique. Certes, il y a un meurtre, mais l’intérêt principal du livre réside dans son enquêteur, Henrique Monroe, inspecteur principal à la police de Lisbonne. Ce dernier a une histoire assez terrifiante : son frère et lui ont vécu leur enfance aux Etats-Unis et subi la violence de leur père. Pour survivre, Henrique s’est créé un double, qu’il a prénommé Gabriel, comme l’ange protecteur. Celui-ci prend le contrôle de l’identité quand du sang apparaît. G. vient en aide à Henrique. Quand il se « réveille », G. lui a laissé un message écrit sur sa main qui le guide pour l’aider et lui donner des pistes pour son enquête.

    C’est peu dire qu’Henrique est un personnage hors norme. Au fil des pages, on découvre le lourd poids que laisse la mort de leur mère pendant la jeunesse d’Henrique et de son frère, les souvenirs encore profonds et douloureux des violences subies par les deux frères, l’attachement profond d’Henrique pour son frère cadet, la personnalité troublée de l’inspecteur. L’enquête sur la mort du riche homme d’affaires, Pedro Coutinho, dévoilera une société lisboète où corruption, crise économique et sociale sont la lie du Portugal. Même si elle peut être placée en second plan, l’affaire n’en est pas moins odieuse.

    Ce roman est perturbant tant Richard Zimler dépeint d’une manière aussi humaniste que réaliste ce personnage à la double personnalité aussi effrayante qu’attachante, horrible que fascinante.

    07/06/2020 à 16:46 1

  • Sur le ciel effondré

    Colin Niel

    8/10 A Maripasoula, au lendemain d’une soirée bien alcoolisée, la brigade de gendarmerie est alertée de la disparition d’un adolescent, un jeune Amérindien du nom de Tipoy le fils de Tapwili, une institution dans le Haut-Maroni , car peu de décision ne peuvent se prendre sans lui, gardien des traditions wayana, et fervent opposant aux sociétés minières. Si la majorité pense que le drame amérindien, le suicide, a encore frappé cette communauté, l’adjudante Blakaman, une « noire-marron » revenue dans ces terres d’origine, défigurée suite à un attentat en métropole, suit son intuition : Tipoy est encore vivant. Dans ce coin reculé où sévissent alcool, traditions séculaires, chamanisme, rivalités entre ethnies et évangélisme, l’adjudante va devoir dérouler toute son expérience.
    A Cayenne, c’est une bande d’ « Anglais » qui sévit dans la capitale guyanaise, volant le matériel hi-tech après avoir ficelé, avec le fil du téléphone, les occupants. Or, un vol tourne mal. Le capitaine Anato est chargé d’enquêter sur le meurtre d’un infirmier. C’est un trafic mêlant pouvoir politique, entreprises aurifères, … qu’il va démanteler.

    Dans le 4ème épisode de la série guyanaise, Colin Niel confirme toute la magnificence de cette saga qui permet aux lecteurs d’apprécier la richesse et les traditions des communautés de ce bout de France, dont on a tout à découvrir.

    01/06/2020 à 17:22 3

  • L'Offrande grecque

    Philip Kerr

    8/10 En cette année 1957, alors que la Communauté Economique Européen (CEE) nait doucement des ruines et des drames humains de la 2nde Guerre mondiale, Bernie Gunther, sous le nom de Christof Ganz, essaie de vivre loin de son passé, en tant que préposé à la morgue de l’hôpital de Munich. Un poste qui lui sied bien, étant ainsi en harmonie avec les cadavres qu’il côtoie. Mais pas facile de rester anonyme pour l’ex Komizar. C’est à la suite de chantages divers qu’il va exercer ses anciennes compétences en tant qu’enquêteur pour la compagnie d’assurance, Munich Re. « Herr Ganz » va être amené à aller en Grèce, pour vérifier qu’un bateau qui a coulé, au large des îles helléniques, l’était bel et bien de manière accidentelle. Mais un inspecteur grec fait pression sur Bernie pour qu’il traque un ancien criminel nazi.

    Philip Kerr, dans cette nouvelle « aventure de Bernie Gunther », nous permet de découvrir un pan de l’histoire de la 2nde Guerre mondiale, en l’occurrence la spoliation de la forte communauté juive de Grèce par les nazis avant son extermination dans les camps de la mort.

    Si cette leçon (pour ma part) d’histoire est (toujours) intéressante, c’est toujours avec un réel plaisir que de lire les mots acerbes de Gunther sous la plume toujours incomparable et belle du regretté Philip Kerr.

    30/05/2020 à 19:49 9

  • Une brume si légère

    Sandrine Collette

    8/10 Dans cette nouvelle, Sandrine Collette nous conte en quelques pages concises mais brutales, le désespoir de ces démunis et leurs déboires dans cette Casse, cette zone de non-droit exploitée par des profiteurs. Mais si l’Amour entre une laissée pour compte et son gardien laisse planer une lueur d’espoir, elle ne sera qu’éphémère, comme une brume que le vent dissipera.

    L’auteure développera ce cadre et ce thème dans Les Larmes noires sur la Terre. Si vous avez aimé cette nouvelle, vous allez adorer ce livre. Et réciproquement.

    28/05/2020 à 14:07 1

  • La Capture du tigre par les oreilles

    Jean-Bernard Pouy

    5/10 Cette nouvelle parue dans le cadre de la série « Les petits polars » initiée par Le Monde et Sncf vaut plus par son exercice de style que pour l’histoire en elle-même. Jean-Bernard Pouy raconte l’histoire d’un médiateur qui négocie avec un patron qui, après avoir tué un syndicaliste, se renferme dans son bureau. Pour se faire, l’auteur s’est fixé une contrainte d’écriture : « chaque phrase débutant après un point (.) (…) ( ?) ( !) commence par une lettre de l’alphabet, dans l’ordre (a, b, c, d, etc.).

    Cet exercice, s’il peut être salué, ne fait qu’alourdir l’histoire, qui est elle-même n’est pas plus originale que cela. Un « petit polar » qui s’avère du coup bien dispensable.

    27/05/2020 à 09:50 1

  • Malempin

    Georges Simenon

    6/10 Alors qu’il se prépare à emmener sa famille en vacances, le Dr Malempin apprend que son fils cadet, Bilot, vient de tomber gravement malade. Tout en veillant sur lui, il se revoit enfant. Dès lors ce sont quelques souvenirs d’enfance qui lui reviennent avec son père toujours en retrait et sa mère toujours en proie à élever ses fils du mieux possible. Et puis cet oncle, Tesson, à la vie dissolue, qui a disparu de manière subite et étrange…

    Avec Malempin, Simenon s’éloigne du roman noir mais propose une introspection d’un homme en proie aussi bien à la nostalgie qu’aux craintes de l’hérédité familiale.

    24/05/2020 à 17:39 2

  • Au bois dormant

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    9/10 Pierre Aurélien de Muzillac du Quilly, en ce 7 novembre 1818, écrit une lettre où il expose les derniers mois de sa vie. Ayant fui la Révolution française, sa famille s’est exilée en Angleterre. Peu de temps avant sa mort, sa mère lui demande de reprendre leur château familial de Muzillac. Il apprend du notaire local, que le nouveau propriétaire se fera un plaisir de lui vendre pour une somme modique la demeure ancestrale. Et pour cause : une mystérieuse malédiction s’abat sur les différents occupants du château. Pierre se rend sur place. Et là il rencontre la belle Claire, fille du châtelain. Tombé amoureux, il retourne le soir au château. Or il constate que les trois membres de la famille sont sans vie, assis dans le salon. Mais le jour de la signature de la vente, la famille est au complet et bien vivante. Il veut demander la main de Claire. Celle-ci refuse obstinément. Le soir du départ, il rattrape la voiture pour convaincre une dernière fois de rester avec lui. Ayant monté dans la diligence, les Châtelains sont sans vie. Il tombe inconscient et se réveille le lendemain avec Claire. La vie des amoureux aurait pû être heureuse mais la santé de Claire décline vite…

    Cette nouvelle est digne des Histoires extraordinaires d’Edgar Allan Poe. L’ambiance et l’atmosphère fantastique, gothique et mystérieuse rend cette histoire aussi addictive que troublante.

    23/05/2020 à 19:22 2

  • Le mauvais oeil

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    8/10 Ce livre regroupe deux histoires : Le Mauvais Oeil et Au Bois Dormant.

    Le Mauvais Œil (7/10)
    Rémy Vauberet, ce jour-là, se remet à marcher. Le jeune adolescent était tombé, 12 ans auparavant, dans un état d’amnésie et de paralysie, quelques jours avant la mort de sa mère. Alors que plus personne n’espérait cet exploit, l’intervention de Milsandieu, une sorte de gourou, a fait des miracles. Rémy s’en va donc se recueillir sur la tombe de sa mère, au Père Lachaise. Mais point de tombeau. Maudissant ce chien qui le suit à la sortie du cimetière, celui-ci se fait écraser. N’osant pas poser de questions, il part à la campagne avec son oncle qui lui annonce sa volonté de quitter l’entreprise familiale. Rémy déteste à mort dès lors son oncle qui va laisser seul son père gérer les difficultés rencontrées par la société Vauberet. Son oncle trouve la mort la nuit suivante au bas des escaliers de la maison familiale.

    Alors que Rémy va percer le mystère qui entoure la disparition de sa mère, il va se demander s’il n’a pas le mauvais œil.

    Une petite histoire sans prétention mais qui ravira les amateurs du duo.

    Au Bois Dormant (9/10)
    Pierre Aurélien de Muzillac du Quilly, en ce 7 novembre 1818, écrit une lettre où il expose les derniers mois de sa vie. Ayant fui la Révolution française, sa famille s’est exilée en Angleterre. Peu de temps avant sa mort, sa mère lui demande de reprendre leur château familial de Muzillac. Il apprend du notaire local, que le nouveau propriétaire se fera un plaisir de lui vendre pour une somme modique la demeure ancestrale. Et pour cause : une mystérieuse malédiction s’abat sur les différents occupants du château. Pierre se rend sur place. Et là il rencontre la belle Claire, fille du châtelain. Tombé amoureux, il retourne le soir au château. Or il constate que les trois membres de la famille sont sans vie, assis dans le salon. Mais le jour de la signature de la vente, la famille est au complet et bien vivante. Il veut demander la main de Claire. Celle-ci refuse obstinément. Le soir du départ, il rattrape la voiture pour convaincre une dernière fois de rester avec lui. Ayant monté dans la diligence, les Châtelains sont sans vie. Il tombe inconscient et se réveille le lendemain avec Claire. La vie des amoureux aurait pû être heureuse mais la santé de Claire décline vite…

    Cette nouvelle est digne des Histoires extraordinaires d’Edgar Allan Poe. L’ambiance et l’atmosphère fantastique, gothique et mystérieuse rend cette histoire aussi addictive que troublante. Elle vaut à elle seule la lecture de ce livre.

    23/05/2020 à 19:21 3

  • Le Bourgmestre de Furnes

    Georges Simenon

    8/10 Joris Terlinck, le bourgmestre (c’est à dire le maire) de Furnes, est un personnage distant, froid, empreint d’aucune humanité : un misanthrope. Alors c’est sans surprise qu’il éconduit le jeune Jef Claes, ce soir-là, venu le supplier de lui donner mille francs : ayant mis enceinte une fille, il doit aller voir une sage-femme pour faire passer cet enfant et éviter le déshonneur de sa petite amie. En plus, il l’a averti, le Baas, le patron. S’il ne lui donne pas cet argent, Jef se tue. 
    Mais Joris Terlinck n’aime pas cette manière qu’ont les gens de demander des services aux autres. Lui, il s’est fait tout seul. En plus, il assume ses actes. C’est lui seul qui assume sa fille, Emilia, en retard de développement, qu’il a remise dans une pièce aménagée, où elle vit recluse comme une sauvage. C’est seul qu’il est devenu le patron de l’usine à cigare, héritée de sa vieille maîtresse. Joris Terlinck est seul maître de sa maison qu’il dirige selon en patriarche, en vouvoyant sa femme, Thérésa, et sa bonne à tout à faire, Maria, avec qui il a eu un enfant, un bon à rien, qu’il n’a pas reconnu mais en tant que parrain, qu’il aide de loin. 
    Joris Terlinck voit dans son refus de donner l’argent un beau pied de nez à son ennemi politique, Léonard Van Hamme dont la fille n’est autre que la petite amie de Jef Claes. Mais Jef Claes a tenu parole et a commis cet acte mettant fin à sa vie. Ce suicide va ébranler le bourgmestre. Même si personne n’a eu connaissance de la motivation de Jef Claes, la vie à Furnes ne sera plus comme avant. 

    Le bourgmestre de Furmes est un des romans durs de Simenon que je place dans ses incontournables. La psychologique de ce personnage est peinte par le Belge d’une manière aussi subtile qu’efficace. On croise là un personnage solitaire, pour lequel la vie ne peut plus lui apporter aucun bonheur. A se demander même si ce mot a déjà croisé la route du Baas. Il s’est battu toute sa vie pour se faire une situation et toujours contre des ennemis, qui ne manquent jamais. Et Simenon nous conte avec justesse sa chute aussi lente qu’irrémédiable.

    23/05/2020 à 17:23 4

  • Manhattan Love Song

    William Irish

    6/10 Lors d’une simple balade dans New-York, Wade rencontre Bernice Pascal. Pour lui, c’est le coup de foudre. Les quelques mots échangés et la soirée passée ensemble lui confirment qu’il vient de rencontrer la personne qui lui manquait dans sa vie. Mais Wade est marié à Maxine. Et le retour au domicile conjugal est douloureux. Pour Wade seul compte Bernice. Il tombe dans la folie amoureuse, où l’Amour rend aveugle et où la raison n’a pas sa place. Bernice s’avère être une femme aussi troublante que mystérieuse, aux sentiments changeants et à la vie secrète. L’extravagance de Bernice séduit autant que rebute Wade. On est dans une histoire où « Je t’aime moi non plus » se lit à chaque page.

    Mais nous ne sommes pas dans un vaudeville. Car la mort viendra jouer les trouble fêtes dans ce court roman. Il faudra atteindre cependant les ¾ du livre pour arriver dans la partie la plus intéressante de ce Manhattan Love Song et éviter de regretter amèrement cette lecture.

    21/05/2020 à 15:51 1

  • Les intouchables

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    6/10 Le duo d’écrivains, Boileau-Narcejac, sait comment dévoiler au fur et à mesure des pages l’intrigue. Ce roman n’échappe pas à la règle. Jean-Marie Quéré écrit à un confident inconnu sa nouvelle situation, sa nouvelle vie, son nouveau départ à Paris, noyé dans la foule. Parallèlement, Ronan de Guer se remet difficilement d’une hépatite qu’il a contracté en prison, où il a purgé 10 ans pour meurtre d’un commissaire. Cet activiste indépendantiste voué à la Bretagne libre renoue un contact avec un de ses anciens camarades de lycée. Il lui demande de rechercher Jean-Marie Quéré : il veut lui faire payer sa trahison et le suicide de sa petite amie de l’époque.

    Les intouchables possède un scénario qui aurait pu faire de ce livre un très bon roman. L’intrigue sied parfaitement à un polar de très bonne facture. Mais d’un côté, le style mélangeant épistolaire et classique passe assez mal. Et de l'autre, l’intrigue ne prend pas assez d’ampleur. Un Boileau-Narcejac secondaire.

    13/05/2020 à 11:07 3

  • Ferdinaud Céline

    Pierre Siniac

    9/10 Le célèbre duo d’écrivains Dochin-Gastinel est invité à Bouillon de lecture. Depuis la récente sortie de leur premier livre, La Java Brune, c’est l’effervescence, tant au niveau des critiques que des lecteurs : ce sont les nouveaux Erckmann-Chatrian, Allain et Souvestre ou Boileau-Narcejac ; et leur livre est comparé au Voyage au bout de la nuit pour son retentissement littéraire. Mais ce duo insolite, les Laurel et Hardy, pour leur physique, de la littérature française, s’ils ont écrit une fresque foisonnante sur les arcanes du Paris de l’Occupation, ne conjugue pas la bonne entente.

    Jean-Rémi Dochin relate son histoire et dans quelles conditions La Java Brune a été écrit. Petit écrivain sans ambition sans le sou ni talent, il voit son succès basculer quand il arrive à La Halte du Bon Accueil, un petit hôtel corrézien dont la spécialité est l’accueil des laisser-pour-compte, des malfoutus ou des traîne-patins. De trente ans son aînée, la propriétaire, Céline Ferdinaud, prend sous son aile Dochin qui lui rappelle son frère. Elle le pousse à écrire… Et c’est toute une machination subtile qui prend corps dont Siniac, grand maître des mots et expert ès tricotage des formules finement drôles, ne nous dévoilera les ficelles. Entre temps, les critiques, les maisons d’édition,… bref, tout l’univers de la littérature en prendra pour son grade.

    Un roman truculent dont l’imagination n’a d’égal que la finesse de la plume de Siniac.

    10/05/2020 à 11:37 1

  • Get Carter

    Ted Lewis

    7/10 Petit caïd londonien à la solde de Gerald et Les Fletcher, Jack Turner revient dans sa ville natale assister à l’enterrement de son frère, Frank, mort dans un accident de voiture. Si les autorités locales ont retenu la thèse de l’accident, il n’en va pas de même pour Jack. Frank était totalement ivre au moment de l’accident. Or, pour Jack, ça ne colle pas avec la personnalité de son frère. Il va donc avec force (au premier sens du terme) et détermination mener sa petite enquête. Mais la pègre locale n’y voit pas d’un bon œil. Mais il en faudra plus pour obliger Jack à retourner à Londres.

    Avec Le retour de Jack, Ted Lewis propose un roman noir, court, qui se lit à 100 à l’heure. L’écriture est fluide, bien rythmée. C’est choc, brut voire brutal. Mais l’histoire se déroule au détriment des personnages, notamment celui de Jack, que l’on aurait aimé voire plus développé.

    08/05/2020 à 09:20 3

  • La Culasse de l'enfer

    Tom Franklin

    6/10 Août 1897, William et Macky, deux jeunes élevés par une veuve, décide, pour s’amuser, de détrousser le premier cavalier venu, histoire d’avoir 2-3 dollars, et bénéficier des services de Annie, la pu### du village. Ce qui ne devait être qu’une idée idiote va déclencher un événement tragique et démesuré. Un coup de feu accidentel tue le cavalier qui s’avère être Arch Bedsole, le candidat aux prochaines élections. Son frère, Tooch, n’a qu’une envie : retrouver l’inconnu qui a tué son frère et le venger. Pour se faire, il monte un groupe des bouseux du coin qui sont prêts à rendre justice de toutes les iniquités dont ils font preuve. Leur pacte écrit en lettres de leur sang va créer la Culasse de l’enfer.

    C’est ainsi que, sac de toile sur la tête, ils rendent justice à leur manière. Mais Waite, le Shérif, entend bien que la loi règne sur sa terre. Et c’est ainsi que beaucoup d’innocents, dans les deux camps, vont périr et écrire une célèbre page de l’histoire de l’Alabama.

    Sur le papier, l’idée est originale et fait saliver l’amateur de western et autres petites histoires de règlements de compte entre bandits de grands chemins et shérif. D’autant que la couverture, montrant une photo d’époque de hors-la-loi contribue à susciter l’excitation. Mais voilà, si on trouve bien les différentes légendes locales en nous racontant la vie des protagonistes, c’est au détriment de l’action. On s’ennuie faute de rythme et de dynamisme. La plume de Franklin sauve quand même du naufrage.

    04/05/2020 à 10:30 3

  • Nick la galère

    George P. Pelecanos

    7/10 Nick Stefanos est privé à Washington DC. Mais le temps que les affaires viennent à lui, il est barman, au Spot, le seul bar de la ville où se retrouvent les vrais buveurs, ceux qui viennent se bourrer la gueule, sans les collègues, en paix. C’est pendant son service qu’il rencontre un ami d’enfance, Billy Goodrich. Ce dernier lui demande de retrouver sa femme, partie sans vraiment donner d’explication. Nick le Grec va se lancer à sa recherche. Il va également essayer de comprendre pourquoi le meurtre de son ami journaliste, William Henry, incitent les flics à enfumer l’affaire. Sans oublier de tenir parole à ses amies d’être le géniteur de leur enfant. Et tout ça, par amitié !!!

    Nick la Galère/Par amitié est un roman noir où s’enchainent les titres de rock aussi vite que Nick avale ses verres de Grand-Dad accompagnés de bière. C’est le genre de polar où l’atmosphère et les personnages sont plus importants que l’histoire en elle-même. Réservé aux amateurs du genre.

    01/05/2020 à 11:11 2

  • Le Livre des Baltimore

    Joël Dicker

    9/10 Comme tout le monde, j’ai découvert Joël Dicker avec son premier livre et succès littéraire : La vérité sur l’affaire Harry Quebert. Comme tout le monde, j’ai adoré cette histoire que j’ai dévorée. Mais je ne suis pas allé plus loin dans l’œuvre du Suisse. Je ne pensais pas qu’il pouvait réitérer cette performance littéraire. Je craignais que La vérité fût un accident, la chance du débutant. Je voulais éviter d’être déçu dans ma lecture du « prochain » livre du nouveau « phénomène de la littérature ». Je suis également réticent aux phénomènes de mode, je redoute…

    C’est donc une fois l’effervescence passée, et profitant du #Restezchezvous que je me suis lancé dans Le livre des Baltimore. Et comme avec sa première œuvre, son style d’écriture à la fois épuré et percutant, à la fois simple mais addictif, a fait mouche. La magie de l’écriture de Joël Dicker a balayé toutes mes craintes et m’a emporté dans le tourbillon de cette tragédie aux multiples rebondissements, remplis de tendresse, d’amitié, d’amour, de trahison, d’espoir et de malheurs. C’est-à-dire tous les ingrédients nécessaires à un moment de lecture inoubliable.

    M. Dicker, pardonnez les propos suivants, mais j’espère qu’il vous arrivera un moment de faiblesse dans l’écriture de vos prochaines œuvres. Juste pour constater que vous êtes humain, tant votre manière de raconter les histoires atteint la perfection. Mais je souhaite malgré tout que ce souhait ne soit jamais exaucé.

    28/04/2020 à 12:06 8