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Les Filles de Roanoke
6/10 Suite au suicide de sa mère, la jeune Lane est recueillie par ses grands-parents, à Roanoke, dans le Kansas. Du haut de ses 16 ans, Lane ne comprend pas la mise en garde que lui avait adressé sa mère sur Roanoke. Cette propriété familiale construite par son grand-père, grâce à la fortune du pétrole sur les terres, est très accueillante. Ces grands-parents qui n’avaient pas encore rencontré leur petite-fille sont ravis et empressés de voir Lane et de l’accueillir : c’est véritablement l’amour qui resplendit dans cette demeure.
Lane y fait la connaissance de sa cousine, Allegra. En pleine adolescence, ces 2 filles s’entendent merveilleusement, comme 2 sœurs. Elles font tourner la tête de tous les jeunes de la ville : comme toutes les filles de Roanoke, avant elles, elles sont resplendissantes et attirantes. « Avant elles », oui, car toutes les femmes, à savoir leur mère, et donc tantes, étaient magnifiques mais ont disparu, décédées par suicide, principalement.
Quelques années plus tard, après avoir fui Roanoke pour la Californie, Lane est sommée par son grand-père de revenir à Roanoke : Allegra a disparu. Lane, par culpabilité d’avoir laissé Allegra seule à Roanoke, et aussi par attirance pour cette demeure familiale, revient chez ses grands-parents. Elle y retrouve son grand-père, pour qui l’amour de sa petite-fille ne s’est pas altéré avec le temps. Mais Lane sait pourquoi elle a fui Roanoke : pour vivre. Car celles qui n’ont pas fui sont mortes. L’amour est une prison, un sentiment égoïste qui détruit de l’intérieur, qui dévore les filles de Roanoke, car ici, il s’agit d’un sentiment voire une obsession dévorante de puissance.
Je me suis ennuyé pendant les 80% de ce livre. Amy Engel ne cueille pas à froid son lecteur : il apprend très vite ce qui ce trame dans cette histoire aussi malsaine que répugnante. Aussi, il lit des chapitres alternant passé-présent à la découverte des personnages, et ce que les amis d’Allegra et de Lane sont devenus. Ce n’est pas très passionnant ni intriguant. Seules les 80 dernières pages offrent un peu d’intérêt sur une histoire de secret familial abjecte mais ce livre n’offre aucune originalité, surprise ou fascination.19/12/2025 à 12:13 2
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Au nord de la frontière
8/10 En ce 15 août 1992, au petit matin, Victor Landis apprend la mort de son frère, Franck, ce frère qu’il n’a pas vu depuis plusieurs années, à cause d’une « histoire de grande personne ». En même temps que ce drame, il découvre que Franck a laissé une veuve et une fille, que Victor ne connait pas. Leur seul point commun, à part celui d’être devenus des étrangers ? Les 2 frères sont devenus shérif ; Victor dans cette petite ville de Georgie, appelée Blairsville ; Franck à Trenton.
Victor apprend que Franck est mort dans des circonstances étranges que la police locale, les collègues de Franck de surcroît, ne semble pas pressée d’éclaircir : accident de voiture avec délit de fuite ou meurtre, alors que le corps semble avoir subi plusieurs passages de roues ?
Victor aurait aimé laisser cette affaire loin de lui, à l’image de ses relations fraternelles. Mais sa « nouvelle » nièce de 11 ans dont il fait la connaissance lors des obsèques lui fait promettre de découvrir la vérité.
La vérité ? Quand il commence à se pencher sur cette affaire, il découvre que Franck semblait être en étroite relation avec les frères Russell, des truands notoires du coin. Tout le monde a l’air de vouloir étouffer l’affaire.
C’est alors que la découverte de corps de jeunes filles permet à Victor de passer à autre chose. Mais plus il s’éloigne de l’affaire de son frère, plus celle-ci lui revient en pleine figure.
Victor va devoir faire preuve de force de caractère afin de changer sa vision des choses, et notamment faire fi de son passé avec son frère. La seule perspective pour lui de trouver la vérité dans ces affaires qui semblent être de véritables bourbiers.
Au Nord de la frontière est un polar très addictif de RJ Ellory dans lequel le personnage principal est confronté à un problème de conscience lié à son histoire fraternelle. Ici le Shérif est taiseux, solitaire confronté à un passé douloureux et à des affaires macabres. Un livre à plusieurs temps qui se déguste différemment, avec une motion particulière pour cette nièce à la force et au tempérament bien trempé, qui montre que les blocages psychologiques sont une erreur de l’âge.16/12/2025 à 09:43 4
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Le Dernier Arbre
9/10 Dans ce roman dense, Tim Gautreaux propose de suivre la vie à Nimbus, en Louisiane, dans cette exploitation forestière. Dans ce microcosme, la vie s’organise avec ses déboires, et notamment via la mafia sicilienne qui accapare le saloon, son débit de boisson et ses jeux de carte. Byron, constable et ancien soldat de la Grande Guerre, meurtri psychologiquement, essaie de faire régner un semblant d’ordre, toujours à portée de main son phonographe à écouter des chansons mélancoliques.
Sommé par son père de retrouver son frère, Byron, Randolph va devenir le patron de la scierie à Nimbus. Dans cette grande et riche famille d’exploitant forestier, les traditions familiales sont importantes. Remettre Byron dans le droit chemin et poursuivre le commerce du bois est une gageure. Randolph va ainsi tenter de raisonner son frère. Il va être confronté à cette violence et la vengeance imparable de la mafia. Il y rencontrera un univers humide et rude, des hommes et des femmes courageux bien que miséreux.
L’auteur nous dépeint des personnages forts (je pense, entre autres, à cette gouvernante, May, pour qui avoir un enfant d’un blanc lui offrira une nouvelle vie) et des moments intenses, et des passages forts (cette confession de Byron sur les batailles en France et son traumatisme). C’est aussi un cadre oppressant avec cette forêt aussi riche qu’hostile que l’on voit disparaître, jusqu’au dernier arbre.
15/12/2025 à 11:38 5
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J'ai épousé une ombre
9/10 17 cents. C’est la somme qu’il reste à Helen dans le train. Train qui l’emmène de New-York à San Francisco et que cet homme, avec qui elle a vécu un court laps de temps, lui a fait prendre pour l’éloigner à jamais de sa vie, comme un ultime acte de lâcheté et d’adieu.
17 cents, une somme misérable à l’image de la vie de cette toute jeune femme de 19 ans. Enceinte de surcroit. Et dans ce train, elle fait la connaissance de ces jeunes mariés, Hugh et Patricia Hazzard, enceinte également. Ces tourtereaux se sont rencontrés en Europe où ils se sont mariés. Ce train les emmène à Caulfield, chez les parents d’Hugh, afin que ces derniers fassent enfin connaissance de Patricia et où pourra naître leur enfant.
17 cents, c’est l’argent qu’elle a toujours dans sa poche quand elle se réveille dans ce lit d’hôpital à la suite de l’accident du train. Et qu’elle comprend sans vraiment réaliser qu’on pense qu’il s’agit de Patricia Hazzard, seule survivante du couple.
17 cents, c’est aussi la somme qui, non sans un sentiment de culpabilité, reste dans sa poche, alors qu’elle décide de prendre l’identité de Patricia Hazzard, tandis que ses beaux-parents découvrent enfin et avec beaucoup d’affection la femme de leur fils décédé, avec leur petit-fils. C’est d’ailleurs pour lui et pour lui éviter cette vie de misère qu’elle devient cette Patricia et bénéficie de l’amour indéfectible de ses « beaux-parents ».
Mais chaque jour elle envisage de dévoiler la vérité. Mais il y a toujours une raison qui la pousse à se retenir. Mais quand surgit un homme du passé, le drame n’est pas loin.
Véritable roman à suspense, on est à l’image d’Helen/Patricia tiraillé psychologiquement. Le premier tiers du livre installe l’intrigue, les personnages et le cadre, et n’est pas des plus passionnants. Mais une fois passé ce cap, on est constamment rempli d’empathie, de peur, … Un mélange d’émotions parcourt cette lecture et qui fait de J’ai épousé une ombre un livre incontournable de l’oeuvre de son auteur, le talentueux William Irish.
27/11/2025 à 15:27 2
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L'Embaumeur
8/10 Le sous-titre de ce livre est L'odieuse confession de Victor Renard. Oui, nous avons bien affaire à une confession devant un tribunal du sieur Renard que le lecteur découvre. Une audition pleine d’interrogations et remplie de mystères.
Nous sommes à la fin du XVIIIème siècle, en période postrévolutionnaire. Pendant les 11 jours d’audience, Victor Renard, dans un monologue, expose ce que fut sa vie. Il sait qu’il est voué à la guillotine et, dès lors, décrit de manière chronologique les événements de son existence malheureuse, faite de brimades de la part de sa mère, surnommée La Pâqueline, qui l’appelle « Victordu », du fait de son infirmité, le cou penché, sévices subis lors de l’accouchement, ayant, semble-t-il, causé la mort de son frère jumeau. Décès dont sa mère l’accuse, et qui ne lui pardonne pas.
Si sa jeunesse ne fut que réprimandes, il est pris en charge à son adolescence par Monsieur Joulia, embaumeur parisien. Véritable père pour lui, Victor sera entouré d’affection et formé pour poursuivre ce métier qui lui vaudra fortune, lui apportera l’amour mais causera sa déchéance.
A la manière de Shéhérazade dans le Conte des Mille et une nuits, Victor Renard envoûte son public avec les épisodes de sa vie, ses rencontres avec sa femme et son Amour, avec l’art de l’embaument… C’est surtout pour le lecteur la découverte d’une peinture de cette société française de cette fin de XVIIIème siècle, révolutionnaire mais aussi royaliste, l’hygiène, ses mœurs,…
Pour ma part, j’ai découvert l’utilisation des mummies dans la peinture de l’époque, (cette couleur ocre obtenue par le sang du cœur des Rois de France, volés par les Révolutionnaires en 1789) et l’art de l’embaument (seul moyen sanitaire pour garder les corps des morts).
Je pensais, à la lecture du titre, découvrir une histoire digne de Le Parfum de Patrick Süskind. Si les thèmes se rapprochent, la ressemblance s’arrête là. Ce n’est pour autant que cette lecture n’est pas intéressante. Même si, j’avoue, j’ai trouvé des longueurs et l’acte dont pouvait être accusé ce Renard, la lecture est vraiment intéressante. L'Embaumeur est indéniablement un livre marquant par son style, ses personnages puissants (La Pâqueline fait d’ailleurs l’objet d’un autre livre de l’autrice), l’histoire et son contexte historique.27/11/2025 à 11:08 2
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Délivrance
8/10 Quatre amis décident de faire du canoë tout un week-end : Lewis, Ed, Drew et Bobby. Lewis, le plus amateur de sensations fortes mais aussi le plus survivaliste du groupe, vante une escapade emprunte de sensations fortes, de découvertes de la nature et de soi ainsi que de chasse aux cerfs.
C’est ainsi que tous les 4 partent à l’aventure sur la Cahulawassee, cette rivière qui, suite à la construction d’un barrage, doit inonder prochainement le comté. Ultime chance pour les amis de passer un bon week-end où s’inviteront la musique et l’alcool, et avec un peu de chance, un bon gibier cuit au feu de camp.
Mais cette escapade va virer au cauchemar. Dans cette rivière aux terribles remous, s’ajoute un danger encore plus terrible : ces hommes des montagnes, qui sont tous issus de la même famille, qui ne vivent que de pêche, de chasse, ou de distillerie de contrebande, qui sont surtout sans foi ni loi.
Une malencontreuse rencontre va faire tomber cette virée entre potes en scénario de film d’horreur. A la lecture, et sous une plume de James Dickey qui n’épargne rien au lecteur, on ressent tous les sentiments horribles que traversent les 4 amis. Véritable tension psychologique, ce livre, sous la parole de Ed, nous pousse dans nos retranchements : chacun des protagonistes vit de terribles épreuves et devra trouver des ressources cachées pour tenter de survivre, jusqu’à la mort.
Après une introduction un peu lente, on rentre dans ce livre en étant sidéré par des passages atroces, des moments de calme qui n’annoncent qu’une tempête insoutenable. Une tension palpable à chaque page. Je ne connais pas le film qui a été tiré de ce livre, mais je serais curieux de voir s’il est à la hauteur de ce livre.
24/11/2025 à 10:04 2
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Free Queens
8/10 Serena Monnier, journaliste pour Le Monde et The Guardian, se rend au Nigeria pour écrire un papier relatif à un procès se tenant en France mais impliquant une très jeune Nigériane. Cette dernière accuse et dénonce les réseaux mafieux dont son pays constitue un vivier de la prostitution.
Le sergent Oni Goje est un agent de la sécurité routière à Kaduna qui a découvert le corps sans vie de deux jeunes filles au pied d’un amas de détritus et de ferraille rouillée. Viré de la police fédérale du Nigeria, il aura pour principe de découvrir l’identité de ces jeunes filles, jetées aux ordures, et de faire la lumière sur leur terrible sort.
Peter Dirksen est le responsable du développement marketing de la filiale nigérienne de la célèbre bière First. A cette fin, il a dû moderniser les méthodes du groupe, les adapter au client et à la morale nigériane. Et la commercialisation est assurée par des entraîneuses inviter à faire boire de la First au client.
Corruption des politiques et des policiers, prostitution, sous fond de COVID-19 (on est en 2020), et de Boko Haram, Marin Ledun offre avec Free Queens une image réaliste et glaçante du sort des jeunes femmes nigérianes et de la politique de ce pays. Comme il sait si bien le faire, l’auteur français distille une intrigue foisonnante, très détaillée voire complexe. Il m’est arrivé à ne plus savoir qui était qui et surtout où se déroulait l’action. Pas le plus attachant des romans de l’auteur du fait de la multitude des protagonistes mais l’objectif de ce livre de dénoncer ces terrifiantes pratiques est atteint.21/11/2025 à 12:09 2
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En attendant la vague
8/10 L’auteur italien propose au lecteur de suivre la thérapie de Roberto Marias et ainsi découvrir ce carabinier, sa vie et ce qui l’a amené à consulter un psychiatre. On découvre les anecdotes intéressantes de son métier d’infiltré dans le milieu des narcotrafiquants, et de sa vie personnelle et des doutes existentielles.
Les chapitres consacrés à Roberto sont entrecoupés par ceux qui retracent les rêves de Giacomo dans lesquels ce collégien, en compagnie de son chient imaginaire et parlant, Scott, tente de parler à son amoureuse, la belle et troublante Ginevra.
Roberto fera la rencontre d’une des patientes du psychiatre, Emma, avec qui il va redécouvrir le sourire, la beauté de sa ville, Rome, et tenter de trouver goût à la vie. Car « attendre la vague, c’est une chose, sauter sur la planche quand elle arrive, c’en est une autre ».
Gianrico Carofiglio livre avec En attendant la vague une très belle histoire sur le temps, la tristesse, le bien et le mal, la joie et la culpabilité. Mais surtout sur le pardon, le plus difficile des actes de la vie, encore plus quand on l’exige de nous-même.
21/11/2025 à 11:13 4
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Plan de vol
8/10 Le père de Tim lui annonce que, sa mère attendant un œuf, il doit désormais prendre son envol, et voler de ses propres ailes. Tim devient désormais un PDF (Pigeon Dans la Fiente) : il est à la rue quoi ! Fini les envolées avec son pote Ernest à envoyer des fientes sur les têtes des gens d’en bas, il faut se trouver un toit.
Mais Tim a trouvé une place dans un grenier où se trouvent de drôles de plantes avec de grosses ampoules dessus. Si les grandes feuilles sont assez jolies, les petites boules d’herbe sont aussi odorantes que succulentes. Et depuis Tim parle. Avec Tristan, cet humain, avec qui il va monter une petite combine. Tim se lancera dans un petit trafic lui permettant de conquérir sa pigeonne bien-aimée avec qui il roucoulera en justes noces. Pense-t-il…
Jacky Schwartzmann prend comme personnage ce pigeon, prétexte pour se moquer de notre société et de ces humains absurdes et fous. Une petite histoire drôle qui ravira les amateurs de l’auteur bisontin. Une petite récréation en attendant soit une adaptation cinématographique de ses livres ou soit un livre plus consistant.
05/11/2025 à 15:07 4
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Entre toutes
9/10 Entre toutes est un bouleversant et vibrant hommage de l’auteur corrézien à sa grand-mère, Marie. C’est avec beaucoup de retenu mais aussi d’amour, de finesse et de poésie que Franck Bouysse nous offre l’histoire de cette femme, attachante, courageuse que la vie n’a pas épargné.
On découvre sa vie, et avec elle ceux qui l’ont entourée, côtoyée, aimée, dans ce hameau des Vieilles Granges, où elle a grandi, aimé, rit, pleuré, et rendu son dernier souffle. Pas à pas, page après page, on se découvre à aimer cette fille, cette femme, cette maman au fil de la vie de cette famille et au gré des turpitudes de la vie. Marie a dû affronter la souffrance et la dureté de la vie. Elle a su être résiliente et a continué à vivre et à aimer.
La version romancée de cette vie est bien évidemment fantasmée, l’auteur s’inspire d’évènements et de faits réels qu’il a entourée de dialogues et de réflexions personnels. L’auteur corrézien ne réinvente pas la vie de sa grand-mère mais il la met en lumière et en scène avec beauté et amour. Le seul regret c’est qu’elle ne soit plus là pour le lire.
05/11/2025 à 13:41 4
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Le Tourbillon
8/10 Dans Le Tourbillon, Pierre Siniac développe une histoire dont tous les protagonistes vont se retrouver confronter à un seul événement, l’explosion d’un camion-citerne sur une route départementale de Bourgogne, en ce juin 1975.
A l’image d’une toile d’araignée, l’auteur français tisse les fils des histoires de ses personnages dont la vie personnelle et familiale est détaillée avec précision. Pourrait se dégager une forme d’ennuie, à première vue, mais Pierre Siniac possède un humour noir et caustique. On sourit par moment. Les personnages semblent, par moment, caricaturaux car l’auteur n’hésite pas à les malmener et à les mettre dans des situations extrêmes. Comme si Pierre Siniac se lançait des défis à lui-même à tisser encore plus de fils dans sa toile.
Si je devais prendre un point de départ, j’évoquerais ce Gaston Bargette dit « Les Bretelles »,. Ce malfrat va enfin se marier, en ce juin 1975, à plus de 60 ans, avec Clairette Maîtrepaul, de 30 ans sa cadette. Ce mariage est un grand événement. Sauf que ce malfrat a commis un acte, bien malgré lui, pendant la Guerre qui va lui être fatal. Car, comme le fameux effet papillon, cet acte va générer un tourbillon et entraîner avec lui des actes de vengeance qui vont s’étaler jusqu’au mariage de Gaston Bargette.
Ce livre est indéniablement un bon cru de Siniac. L’histoire des personnages, racontée à part, pourraient ressembler à des nouvelles, à un morceau d’un puzzle de 1000 pièces. Le lecteur ne se rend compte qu’une fois que tous les morceaux sont emboîtés de cette surprenante et sidérante histoire.
30/10/2025 à 16:05 3
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Les Ténèbres de Mörkret
7/10 Depuis ma lecture de Un cri sous la glace, je suis avec constance l’actualité de Camilla Grebe. L’autrice suédoise est l’autrice scandinave la plus talentueuse de ses contemporains, je trouve. Elle a su, au fil de ses parutions, développer des sujets aussi troublants que terrifiants et des personnages aussi humains qu’attachants, dans lesquels son lectorat a pu s’identifier.
Certes, les livres s’enchaînent avec, selon les goûts et l’état d’esprit du moment, des déceptions ou des petites satisfactions.
Les Ténèbres de Mörkret ne fera pas partie des réussites de la Suédoise, pour ma part. Pourtant j’ai trouvé plaisir à retrouver les 2 protagonistes, Manfred (en lutte contre lui-même et son terrible acte de légitime défense) et Pirjo (en lutte contre elle-même, sa solitude et à sa propension à l’alcoolisme, tare familiale). Leurs chemins vont se croiser de nouveau, le temps d’une enquête sur la disparition depuis un an de Ella et de la découverte du corps déterré d’une jeune fille, mystérieuse inconnue.
Roman choral où, tour à tour, les voix de Manfred, Pirjo et Myra (la sœur d’Ella), nous font plonger dans ces enquêtes où chacun sera confronté à de terribles vérités, sur soi-même et sur ceux que l’on côtoie (thème de prédilection de l’autrice). Connait-on vraiment les gens que l’on aime, que l’on voit tous les jours ?
Les Ténèbres de Mörkret développe une bonne intrigue mais qui, je trouve, met du temps à prendre son rythme, avec un scénario assez basique, qui ne propose pas trop de surprise à mon goût. Un livre qui ne vaut que pour le développement de l’histoire personnelle des enquêteurs.
28/10/2025 à 10:48 3
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Les Louves
Pierre Boileau, Thomas Narcejac
8/10 Bernard et Gervais ont réussi à s’évader du stalag où ils étaient prisonniers depuis le début de la guerre. Bernard décide de se réfugier tous les deux à Lyon chez sa marraine de guerre, Hélène, avec qui il a tenu une correspondance, aidé en cela par Gervais, qui savait mieux écrire que Bernard. Mais, dans la gare de triage à Lyon, Bernard est percuté par un train de marchandises, et succombe à ses blessures.
Désemparé, Gervais décide d’aller malgré tout chez Hélène en se faisant passer pour Bernard, afin qu’elle lui accorde facilement l’asile. Connaissant tout de la vie de Bernard, de ses projets, le subterfuge réussit. Hélène et sa sœur Agnès offrent une hospitalité appréciée, en ces temps de rationnement. Mais rapidement, Gervais se rend compte qu’il est cloîtré dans les appartements. Evadé d’une prison, il se sent enfermé et détenu de nouveau. Des relations intimes s’instaurent entre Gervais et Hélène qui lui parle de mariage, mais aussi avec Agnès, en cachette. Cette dernière posséderait des dons ultra-lucides, et dès lors, des sous-entendus et des signes de la véritable identité de Gervais surgissent… Et la venue de la sœur de Bernard qui aurait pu faire ressurgir toute la vérité de cette usurpation d’identité déroute Gervais. Que cachent donc ces silences et ces aveuglements sur l’identité de Gervais ?
Les louves ou comment ces drôles de femmes vont manigancer un tel sort sur Gervais. Un bon roman du duo Boileau-Narcejac dont l’usurpation d’identité n’est peut-être pas le thème principal de ce roman au destin sombre et pernicieux.
27/10/2025 à 11:00 4
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Dark Matter
9/10 Dark Matter est un livre que j’ai dévoré. Je craignais de me perdre dans les méandres du multivers et des théories quantiques mais pas du tout. Ces notions qui sont difficilement assimilables par mon esprit statique sont abordées de manière pratique et expliquer simplement dans seulement 2-3 paragraphes.
Je n’ai donc pas été freiné dans la compréhension des théories des mondes parallèles auxquels est confronté Jason Dessen, ce professeur universitaire de physique à Chicago. Enlevé par un homme portant un masque de geisha, drogué, Jason est mis dans une capsule. Quand il se réveille, il est accueilli dans un laboratoire en héros par différentes personnes qui lui sont totalement inconnues. Sonné, abasourdi, après dissipation des effets de la drogue, il comprend qu’il est dans un monde qui n’est pas le sien : mais celui d’un Jason qui aurait choisi sa carrière de scientifique au détriment de sa vie de famille et surtout de futur parent avec Daniela. Il est confronté à son autre moi, celui qu’il a dénommé Jason2, éminent scientifique mais qui a pris sa place de mari et de père. Aidé par Armanda, il va tenter de retrouver son monde et sa femme et son fils. Ils se perdront et découvriront en ouvrant au hasard des portes des mondes effrayants, noires et d’autres eux-mêmes, d’autres Daniela mais surtout d’autres Jason…
Dark Matter n’est pas simplement un magnifique roman de science-fiction qui explore les mondes parallèles, les autres vies possibles, celles que l’on n’a pas choisi. Il mélange avec talent amour, d’une femme et d’un fils, et suspense, d’arriver au but pour ce héros attachant. Il interroge aussi sur le sens et le but de la vie, de nos vies de tout à chacun. Cette approche existentielle menée par les doutes et la raison de Jason offre une approche qui le place en haut des autres romans des mondes parallèles.
Dark Matter m’a aussi convaincu de découvrir l’œuvre de son auteur, Blake Crouch, dont Récursion, m’avait laissé dubitatif. Et de regarder également la série qui en a été tirée.
24/10/2025 à 10:09 6
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Les Routes oubliées
8/10 La vie de Beauregard est devenue compliquée financièrement. Les traites de son garage auto sont en retard, la maison de retraite où réside sa mère menace de l’exclure si la régularisation financière auprès des services de la Sécurité sociale n’est pas effectuée, sans parler des frais d’orthodontie pour son fils qui se profilent… Alors, Beauregard pense reprendre du service : celui de chauffeur pour les braquages, les vols à gros enjeux. Il est doué pour cela. Et c’est peut-être génétique : son père était aussi un chauffeur doué pour les casses. Ce père qui est parti et que Beauregard n’a pas revu depuis longtemps, laissant un grand vide dans sa vie. C’est alors en hommage, par fierté qu’il reprend le volant, au grand damne de sa femme et mère de ses enfants.
Beauregard, l’homme honnête, et Bug, le côté noir. Mais il se rendra compte qu’il n’est pas facile d’être un hors-la-loi la moitié du temps et un bon père de famille et un bon mari le reste du temps. Il le découvrira après avoir assurer le braquage d’une bijouterie qui blanchissait des diamants.
Les routes oubliées possède un scénario (oui, on pourrait facilement en tirer un film) implacable : on ne s’ennuie pas une seconde, le rythme est effréné… C’est violent, ça sent la testostérone et l’huile de moteur (bagarres, courses de voiture,…). S.A. Cosby avec ce premier livre publié en France, confirme le potentiel que l’on a pu découvrir avec ses suivantes parutions. Un livre au charme indéniable.
22/10/2025 à 12:30 5
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Personne sur cette terre
7/10 Je sors un peu mitigé de la lecture de Personne sur cette terre. La faute en revient, non pas à l’écriture qui est toujours aussi belle, poétique et attachante, mais à l’histoire que j’ai trouvé un peu convenue, banale, sans surprise.
L’auteur espagnol m’avait beaucoup plus touché avec ses précédents livres. Pourtant, l’histoire et les personnages sont toujours captivants. On découvre cette tragédie vécue par Julian Leal en 1975 et ses conséquences dans sa vie. Devenu policier, atteint d’un cancer au rein, il est épris de justice… De retour dans sa région après 30 ans, il n’est plus le bienvenu, et est regardé de travers par ses anciens amis, ou ceux de ses parents disparus. Alors quand on retrouve le corps sans vie de la patronne du café, il est soupçonné. Et son chef, rempli d’amertume et d’ambition, souhaite que Julian soit arrêté et incarcéré.
La vengeance ou le pardon ? Ce livre est rempli de personnages que la vie n’a pas épargné. Et c’est peut-être cette peinture de ces cabossés de la vie qui m’a le plus séduit et touché. Et de comprendre que l’on peut se sauver en essayant de sauver les autres. Car bien que l’intrigue soit usée jusqu’à la trame, ce sont ces personnages et notamment Julian, Clara, Virginia et puis Martin, ce gamin, dans lequel Julian se retrouve.
Une petite déception qui ne m’éloignera certainement pas de l’auteur espagnol.
20/10/2025 à 12:18 2
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Celle qu'on montre du doigt
8/10 Après une suspension pour violence et sa démission de la police de San Francisco, Bill Chatham part à Miami. Mais en traversant la ville de Galicia en Floride, il se fait emboutir sa Buick par un camion. L’animosité du chauffeur et de la police le surprend : étranger de la ville, il est désigné de fait responsable. Mais une femme, ayant assisté à l’accrochage, témoigne en sa faveur. Il s’agit de Georgia Langston, charmante et troublante propriétaire d’un motel délabré, le Magnolia Lodge. En attendant les réparations, Chatham loge dans le motel. Il découvrira que Georgia, suite au meurtre de son mari, un an plus tôt, est considérée, bien qu’aucune preuve n’étayât cette thèse, comme la coupable.
Elle subit de ce climat délétère, des regards suspicieux, et des appels anonymes. C’est à cause de cela que Chatham, en preux chevalier, va essayer de trouver la source de ces appels nocturnes. Il mènera, corps et âme, une enquête qui le poussera à déterrer le meurtre de Langston et de tout une affaire impliquant un panel de personnes.
Je savais du départ que Celle qu'on montre du doigt allait être un bon cru de Charles Williams. Dès les premières lignes, je trouvais le ton et les protagonistes chers à l’auteur : la belle et troublante femme, victime d’une machination, et l’amoureux transi, en quête de sauver celle dont il est tombé subitement follement amoureux. C’est cliché, c’est des années 50, mais j’aime beaucoup.
16/10/2025 à 17:41 3
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Les derniers jours de nos pères
8/10 Pour son premier roman édité, Joël Dicker a voulu rendre hommage aux Hommes qui ont combattu dans l’armée britannique pendant la 2nde Guerre mondiale au sein des services secrets. Appelé le SOE (Special Operation Executive) et divisé par nationalité, il avait pour but de former toutes les personnes souhaitant résister et combattre le nazisme.
On découvre ainsi ces valeureux et courageux « Hommes » depuis leur intégration, leur formation, et leurs faits d’armes jusqu’à l’issue finale. Il s’agit notamment de Pal, Faron, Aimé, Claude, Key, Doff, Stanislas, Gros et Laura,… intégré dans la section F du SOE. On souffre avec eux dans les entraînements et leur formation à la dure ; on sourit dans les escapades en bons camarades ; on angoisse dans leurs missions périlleuses…
Joël Dicker a su, d’entrée dans le monde de l’écriture, offrir un roman rempli de suspense et de romantisme, le tout dans l’environnement de cette guerre. Mais au-delà des actes de bravoures, l’écrivain suisse a voulu montrer toute la complexité de l’Homme, à la fois barbare et honorable, courageux et lâche, héros et traître… Oui, l’Homme se dévoile devant la peur. Comme il est écrit, ce qui est important c’est d’être courageux. Le courage, ce n’est pas de ne pas avoir peur : c’est d’avoir peur et de résister quand même.
Ce livre, et c’est ce qui m’a le plus séduit dans ce livre, c’est qu’il fourmille de pensées et de réflexions sur l’âme humaine, avec ses forces et ses faiblesses.
Une dernière citation : « Qu’allaient-ils devenir ? Ce n’était pas important. Les démons reviendraient, ils le savaient. Car l’Humanité oublie facilement. Pour se souvenir, elle construirait des monuments et des statues, elle confierait sa mémoire à des pierres. Les pierres n’oublient jamais, mais personne ne les écoute ; et les démons reviendraient. Mais il resterait toujours des Hommes quelque part. »15/10/2025 à 16:09 1
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Nulle part où revenir
8/10 Les éditions Sonatine possède une politique éditoriale axée sur le dénichage de nouveaux talents, et principalement sur les auteurs anglo-saxons. Henry Wise fait partie d’une de leur dernière découverte, voire pépite.
Nulle part où revenir est son premier livre. Le lecteur est d’emblée immergé dans l’ambiance de la Virginie rurale : le racisme latent, la misère sociale, le fléau de la drogue, le poids de la religion… 20 ans après sa fuite à Richmond, Will Seems revient dans sa ville natale, Dawn, où il est devenu shérif adjoint. Véritable tête brûlée, il prend un malin plaisir à contredire son supérieur, Mills, qui n’attend que sa réélection à son poste, héritage familiale.
Mais un matin, Seems voit la maison en feu de de Tom Janders : il découvrira le corps de celui-ci, mort poignardé. Zeke Hathom qui est vu fuir la scène du drame est arrêté par le shérif alors que Seems est intimement persuadé qu’il est étranger à ce meurtre. Et pourtant tout l’accuse : mobile, empreintes,…
Mais Seems a une dette envers la famille Hathom. Il fera tout pour tenter de sauver Hathom de la prison.
Rédemption, vengeance, deuil, amitié sont notamment les quelques thèmes qui baignent cette lecture. L’atmosphère est lourde et l’ambiance noire au fur et à mesure que l’histoire se dévoile.
Je n’ai pu m’empêcher de comparer Henry Wise à certains de ses contemporains que sont David Joy, Michael Farris Smith, Peter Farris voire Jake Hinkson. Car j’y ai retrouvé les mêmes thèmes développés par ces auteurs et une écriture profonde, juste et immersive d’une Amérique meurtrie et de gens désespérés. Par contre, j’ai trouvé une histoire manquant d’originalité qui est largement compensé par une très belle plume. Intrigue (7/10) et écriture (9/10).
14/10/2025 à 11:07 8
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Nymphéas noirs
7/10 Un dol, en droit français des contrats, est une manœuvre d'un cocontractant dans le but de tromper son partenaire et provoquer chez lui une erreur.
On peut parler de dol ici, car je trouve que Bussi a bien trompé son lecteur en lui apportant de faux éléments pour qu’il ne perce pas le mystère de ces Nymphéas noirs, et qu’il se trouve complétement englué dans cette affaire de meurtre. Il y a bien des éléments qui m’avaient alerté, et mis à mal mon esprit de bon sens… Mais bon, j’avais mis mes questionnements au fond de ma poche…
L’intrigue s’étale en longueur, n’avance pas beaucoup. Certes les personnages sont, la plupart du temps, sympathiques et attachants, l’idylle entre la belle maitresse et le séduisant policier est tiré directement d’un conte de fée, le prince charmant sauvant la belle demoiselle du monstre. Le cadre est également intéressant, ainsi que la volonté de l’auteur à retranscrire Giverny et l’histoire de la peinture impressionniste.
Je retiendrai au final une lecture mi-figue mi-raisin d’un roman adulé. Toutefois le côté poétique et historique de Monet m’a vraiment séduit. Je redonnerai une chance à l’auteur, malgré tout.07/10/2025 à 11:06 1
