JohnSteed

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  • La Vérité sur Bébé Donge

    Georges Simenon

    9/10 Ce dimanche-là, ce 20 août, à La Châtaigneraie, un drame est arrivé. Eugénie, surnommée Bébé, a tenté d’empoisonner son mari, François. Quelques gouttes d’arsenic dans sa tasse, alors que toute la famille était en terrasse, à prendre le café. François, après quelques jours d’hospitalisation, s’en sort.

    Bien sûr, c’est la stupéfaction. Mais pas pour François. Si Bébé a bien prémédité son geste, François n’est pas surpris par cet acte. Car on découvre l’histoire de ce couple, de cet amour non passionné, de cette femme qui avait vécu le faste quand son père était diplomate à Istanbul. François, lui, dirige avec son frère l’industrie familiale de tannerie. Un mari aux aventures multiples et avoués. Car Bébé avait fait promettre à François de tout lui dire…
    Mais de ce drame, Bébé ne sait l’expliquer. Elle avoue, elle assume son geste. François ne souhaite pas non plus porter plainte contre elle. Mais la justice doit faire son travail…

    Un Simenon noir comme je les aime. Un roman sombre et intimiste. Une approche sensible et subtile de la personnalité de ce couple, dont on apprend toute l’histoire au fil des pages. Je n’ai pas vu son adaptation cinématographique, mais La vérité sur Bébé Donge fait partie pour moi des meilleurs du Belge.

    aujourd'hui à 12:21

  • Sans Atout, la vengeance de la mouche

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    7/10 En cure à Chaudes-Aigues, le père de François souhaite se pencher sur le maquis de Ruynes, qui, en, 1943, a fait l’objet d’une fusillade par les Nazis. Mais, depuis il y a peu de témoins encore vivants. Il y a bien le Gustou, ancien résistant, mais il n’a plus sa tête depuis qu’il a miraculeusement survécu à un peloton d’exécution.

    Pendant ce temps-là, François apprend la pêche à la mouche dans l’Alagnon. C’est d’ailleurs près de ce cours d’eau, qu’a été découvert un corps d’un mystérieux inconnu, mort avec une paire de jumelles. Il n’en faut pas plus pour aiguiser la curiosité de François. Mais les serpents qui pullulent en ce mois d’août caniculaire troublent l’adolescent, envahissent les commerces et effraient les curistes. Un autre mort est découvert aux bords de l’Alagnon, avec également des jumelles et sans blessure apparente…

    Dernier épisode des aventures de Sans-Atout écrite en 1990. On ressent une fin de cycle, ce roman ne faisant qu’une centaine de pages, et le dénouement arrive subitement à la dernière page. Donc, pas le meilleur de la série consacrée à Sans-Atout mais on regrette de dire adieu à cet attachant personnage.

    28/03/2025 à 09:37 2

  • Sans Atout, le cadavre fait le mort

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    7/10 François est envoyé par ses parents chez son cousin Robert, professeur, afin de réviser ses mathématiques. Mais le cousin est en pleine organisation du Plan ORSEC pour sensibiliser sur la dangerosité de la déviation prévue à Saint-Vincent-de-la-Rivière. François se porte volontaire pour jouer le rôle de victime. Mais dans cette simulation d’accident, les secours vont découvrir un véritable mort. François, alias Sans-Atout, et son cousin, vont avoir à cœur de trouver le meurtrier. Des lettres anonymes signé Le Hibou menacent les habitants du village. Et les agressions et morts continuent. Qui est ce Hibou ?

    Une aventure de Sans-Atout particulière : des morts, alors que jusqu’ici, Sans-Atout était confronté à des vols, disparitions voire, au pire des agressions « soft » ; de plus, ici, Sans-Atout, même s’il est témoin « privilégié » des événements, ce n’est pas lui qui va résoudre le mystère. Un livre bien « terne », donc.

    28/03/2025 à 09:36 1

  • Il était une vieille femme

    Ellery Queen

    7/10 Ouvrir un livre d’Ellery Queen (pseudonyme choisi par un duo d’écrivains américains des années 30-40), c’est s’assurer de lire une enquête classique des romans policiers où l’énigme réside à découvrir le coupable, le voleur, le meurtrier… Pas de sang, ni de course poursuite... Mais des déductions, des interrogations, des réflexions à haute voix partagées par le personnage principal, le pseudonyme des écrivains, Ellery Queen.

    Dans Il était une vieille femme, paru en 1943, on découvre une enquête sur plusieurs meurtres au sein d’une même famille, les Potts, dynastie régnant sur l’industrie de la chaussure. Ellery est invité par son ami avocat de la famille, dans cette propriété étrange nommée la Chaussure et où règne en maitresse tyrannique, Cornelia Potts, sur ses enfants : Thurlow, Louella, et Horatio issus d’un premier mariage, les plus étranges mais les préférés de Cornelia ; Robert, Maclyn et Sheila, issus d’un second mariage, les plus « normaux » mais laissés-pour-compte.

    Entre les meurtres entre frangins des 2 familles, bataille pour la succession de l’entreprise familiale, testament truqué, duels, … le tout respectant étrangement les paroles d’une comptine pour enfants. Bref, pas de temps mort dans ce livre. Manque peut-être un peu plus de consistance dans les personnages. Un roman policier ancré dans son temps mais au charme suranné non déplaisant malgré une conclusion très alambiquée. Pas le meilleur des Ellery Queen, mais se lit très facilement.

    27/03/2025 à 13:21 2

  • Sac d'Os

    Stephen King

    7/10 Mike Noonan est un auteur au succès littéraire grandissant. Chacune de ses parutions, au rythme d’une publication annuelle, connaît un engouement pour le public. Mais, depuis la mort de sa femme, Johanna, ce quarantenaire se morfond dans la peine et la douleur de ce drame, sans que son entourage, et notamment son agent littéraire, ne soupçonne sa tristesse. Il faut dire que sa situation financière lui permet de se retirer dans ses différentes propriétés, et ses réserves de livres gardés précieusement dans son coffre à la banque lui permettent de délivrer en temps sa création à son agent. Mike tombe doucement sûrement en dépression, et est confronté au syndrome de la page blanche. Plus d’envie d’écrire, aucun désir ne l’anime à raconter des histoires. Peu à peu, les pensées tristes laissent la place à des cauchemars avec toujours au cœur de ceux-ci, sa femme Johanna. Et puis d’autres personnages et lieux étranges viennent hanter ses rêves et ses nuits. Et notamment, la demeure appelée Sara Laughs. Comme la célèbre demeure de Manderley immortalisée par Daphné du Maurier dans son livre Rebecca, adapté en film par Alfred Hitchcock, Sara Laughs possède un étrange pouvoir d’attraction et d’emprise sur Mike.

    Après 4 années à faire son deuil, Mike décide retourner habiter à Sara Laughs. De suite, il va ressentir d’étranges et mystérieuses présences invisibles, et des signes fantomatiques, en réponse à ses différents questionnements. Si ses cauchemars continuent, il se remet étrangement à écrire. Mais Mike découvre que sa femme lui cachait certaines choses : après plusieurs années de tentatives, elle était enceinte ; qu’elle écrivait sur les anciennes histoires locales ; qu’elle avait démissionné de toutes ses associations caritatives ; et qu’elle avait peur de Sara Laughs…

    Si ces troublants cachoteries de sa femme l’a complétement anéanti, Mike fera une rencontre aussi troublante que salvatrice : Kira, enfant de 5 ans, qu’il sauve d’un éventuel tragique accident. Kira, comme le prénom que sa femme et lui avait choisi pour leur éventuel enfant. Un signe ? Et ces messages écrit par les lettres magnétiques ; « sauve-là ». Un ordre de sa femme ? Mike décide de suivre cette exigence et mettra tout en œuvre pour que Kira puisse rester avec sa mère, l’attirante et séduisante Mattie, et la sauver des griffes de son grand-père, Max Devory, tentant d’en prendre la garde…

    Avec moi, Stephen King, ça passe ou ça casse. Difficile d’avoir un compromis. Et j’adhère rarement à ses histoires fantastiques et d’horreur. J’ai failli abandonner la lecture de Sac d’os, après 120 pages (sur les 720 que compte l’édition poche) tant les lamentations m’étaient insupportables sur la longueur. Passé ce douloureux moment, j’avoue avoir pris plaisir à lire ses histoires de revenants, de maison hantée et de fantôme de l’être aimé qui, malgré la séparation corporelle, vient apporter son aide et sa protection. Et plus que tout c’est cette approche romantique de l’histoire avec cette petite fille, Kira, qui m’a le plus touché et a sauvé des longueurs de cette histoire fantastique.

    25/03/2025 à 13:57

  • Un coeur sous une soutane

    Jacky Schwartzmann, Sylvain Vallée

    9/10 Le volume 2 de Habemus Bastard va nous apporter la lumière sur les raisons de la prise de la soutane par Lucien. Le business est florissant et Jésus, sur sa croix, sauvera Lucien. Fin de cette histoire où tout le monde y trouvera son compte, sauf le lecteur qui aurait bien aimé que le plaisir soit beaucoup plus long !

    12/03/2025 à 17:13 4

  • Une Joie féroce

    Sorj Chalandon

    8/10 Jeanne, libraire à Paris, apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. Cette nouvelle, comme un coup de massue, n’est que le début de son calvaire. Après avoir perdu son fils atteint d’une grave maladie, elle voit son mari s’éloigner encore plus d’elle chaque jour. C’est donc seule qu’elle affronte les séances de chimio.

    C’est à la salle d’attente de l’hôpital qu’elle fait la rencontre de Brigitte, Mélody et Assia. Toutes les quatre, outre cette saleté de maladie, ont un point commun : un enfant qu’elles n’ont plus. Dès lors, elles vont être unies pour un combat pour la vie : aider Mélody à retrouver sa fille, Eva, « la plus belle petite fille du monde » enlevée par son père, partis en Russie, et donner la modique somme de 200 000 euros en contrepartie de son retour en France près de sa mère. Eva devient leur espoir en un avenir plus radieux, une espérance en la vie. Pour cela, Brigitte a un plan…

    Avec Une joie féroce, Sorj Chalandon décrit le combat au quotidien de ses femmes dont la vie bascule avec la maladie. Pendant toute la première moitié du livre, le lecteur plonge dans cette lutte contre la maladie, les réactions des proches, la compassion des amis et collègues, les incidences dans la vie de couple (voire l’abandon de proches, ici le mari) et bien évidemment les sentiments bienveillants de Jeanne « Pardon »… Et puis, dans la seconde moitie du roman, Sorj Chalandon nous retrace la solidarité de ses femmes, de leur amitié voire de leur amour. Un livre sensible qui rend hommage aux femmes à leur force, leur courage et leur humanité et qui m’a beaucoup touché par une écriture douce sans tomber dans la mièvrerie.

    12/03/2025 à 17:03 2

  • L'Être nécessaire

    Jacky Schwartzmann, Sylvain Vallée

    9/10 Dessiné par Sylvain Vallée, d’après un scénario de Jacky Schwartzmann, ce premier tome de Habemus Bastard reprend le thème de prédilection du Bisontin dans Shit ! La drogue ou comment l’argent qu’elle rapporte peut profiter à des personnes complétement étrangères au milieu. Et ici, c’est encore un décalage complet puisqu’il s’agit du milieu ecclésiastique et ses fidèles.

    Lucien est un « homme de main », mais un soir, Lucien dérape, et il compte un mort « indirect » à son compteur. Pour noyer le poisson dans l’eau, il décide de prendre la place du mort. Or celui-ci est prêtre. Il va donc, pour notre plus grand plaisir, servir Dieu, à sa façon, avec ses propres réflexions tirées des chaines scientifiques de la télé, donner le pardon d’une façon qui lui est propre également.

    C’est très drôle et très bien amené. Dommage que cela se lise aussi vite. Vite le tome 2.

    11/03/2025 à 13:16 5

  • Ne pars pas sans moi

    Gilly MacMillan

    8/10 Ce devait être un dimanche après-midi ordinaire pour Rachel : une balade en forêt avec son fils Ben, âgé de 8 ans, et leur chien. Pour cette mère de famille fraichement divorcée, cette petite excursion dominicale est le moyen de s’aérer l’esprit et surtout de montrer à son fils comme elle peut aussi remplir le rôle de père. C’est dans cet esprit et pour paraître moins protectrice qu’elle lui accorde d’aller devant jusqu’au jeu de cordes qui se balancent. Mais arrivée sur place, elle ne peut que constater l’absence de son fils. Et ses appels vains ne lui font que confirmer ses craintes : Ben a disparu.
    Malgré l’intervention rapide la police, Ben est introuvable. La découverte des habits du garçon fait conclure rapidement les inspecteurs, et sans doute possible, que Ben a été victime d’un enlèvement.

    Dès lors, c’est toute une impressionnante machine policière, judiciaire et médiatique qui se met en branle. Rachel va en faire l’amère expérience, elle qui à cause d’une intervention télévisée qui a dérapé, va devenir la coupable idéale. Les médias et les réseaux sociaux prennent le pas… Pendant ce temps, la famille se tient les coudes, des mystères du passé familiale font surface et Jim, l’inspecteur de la police de Bristol, se démène pour retrouver Ben avant que le pire n’arrive.

    Ne pars pas sans moi est un roman prenant au suspens bien mené. Le sujet consacré aux enlèvements a été maintes fois utilisé et usé, mais Gilly MacMillan le traite avec intelligence. Roman choral c’est tour à tour par la mère que l’on découvre les à-côtés de l’enquête et les dégâts des médias et autres réseaux sociaux puis à Jim, dont on découvre comment cette enquête va bouleverser sa vie professionnelle et personnelle. Ce roman au titre « corbenien » est idéal pour qui cherche une lecture à la fois prenante et divertissante.

    10/03/2025 à 14:10 3

  • Une Tombe pour deux

    Ron Rash

    9/10 Peut-être le livre de Ron Rash le moins sombre mais peut-être le plus touchant et poignant. Le moins sombre parce qu’il n’y a pas de meurtre ni de mort, mais le plus touchant et le plus poignant car il touche le sentiment à la fois le plus beau et le plus noble mais aussi le plus douloureux : l’Amour.

    Ron Rash nous livre avec Une Tombe pour deux une version moderne de Roméo et Juliette avec en toile de fond la Guerre de Corée et cette famille Hampton, parents de Jacob, qui vont monter tout un stratagème pour éviter que sa femme Noami et l’enfant qu’elle attend, le retrouvent à son retour de la guerre.

    Une horrible histoire de manigance familiale où le lecteur est témoin, impuissant, au drame qui se dessine. Ron Rash, s’il est encore nécessaire de le souligner, possède une écriture d’une beauté unique et inégalable (on peut noter le formidable travail de traduction pour retranscrire cette histoire) et un style incomparable. Pendant des paragraphes, il pourrait décrire un fait sans ennuyer une seconde son lecteur. Vous pouvez choisir les livres de l’Américain les yeux fermés. Une valeur sûre, comme ce livre.

    07/03/2025 à 11:51 5

  • La Sagesse de l'idiot

    Marto Pariente

    6/10 Personnages décalés voire ploucs, humour noir, situations loufoques avec des petits truands patibulaires, et magouilles à la petite semaine… Non, vous n’êtes pas ici chez Jim Thompson, mais celui qu’on pourrait qualifier comme son digne successeur : l’Espagnol Marto Pariente.

    Dans le rôle principal, on a ce policier municipal, recruté par la commune grâce à l’appui politique du père. Se dit simplet, s’évanouit à la vue du sang. La sœur tient une casse automobile. Et puis s’intègre à l’histoire une vengeance où drogue, meurtres, tortures… se disputent la primeur des rôles dans un rythme rapide (un chapitre fait 2-3 pages maximum).

    Si tous les ingrédients étaient réunis pour un hardboiled intéressant, je me suis surpris à ne pas accrocher du tout à cette histoire. Est-ce la faute à cette succession de courts chapitres, qui m’a perdu dans le fil de l’histoire, ou bien surtout à cette multitude de personnages ? Je n’ai pas eu le temps de m’attacher ni à l’histoire ni aux personnages.

    04/03/2025 à 14:35 6

  • Les Oubliés du dimanche

    Valérie Perrin

    8/10 Trois ans. Trois ans que ce livre était dans ma Pile A Lire. Et pourquoi ne l’ai-je lu que maintenant ?
    Certainement, qu’inconsciemment, attiré par cette pochette lumineuse d’une femme en bordure de mer, et par une envie subite d’évasion à cause d’une morosité hivernale, je souhaitais partir, voyager : m’évader. Et que mes yeux ont choisi délibérément ces Oubliés du dimanche.

    Et grace à Valérie Perrin, ou plutôt, devrais-je dire grace à Justine, cette aide-soignante, dans cette maison de retraite « les Hortensias » à Milly, qui se dévoue pour apporter un petit plus de vie et d’amour aux résidents, je me suis senti transporté dans ces histoires. Tout d’abord, dans la vie personnelle et malheureuse de Justine dont les parents sont morts dans un accident de voiture, dans laquelle se trouvait également son oncle et sa tante. Elle vit depuis ce drame chez ses grands-parents, des taiseux depuis la mort de leurs enfants, avec son cousin, qui est devenu le frère qu’elle n’a pas eu et qu’elle protège et chérit plus que tout, jusqu’à économiser secrètement pour ses futures études universitaires. Ensuite, la vie d’Hélène, cette résidente pour qui Justine s’est éprise de sympathie et qui va romancer sa vie dans son cahier bleu…

    Alors, au fil des courts chapitres, j’ai bu ces histoires à la fois touchantes et bouleversantes, à la fois tristes et remplies de bonheur, et surtout toujours bienveillantes.

    Trois ans. Trois ans que ce livre était dans ma Pile A Lire. Et pourquoi ne l’ai-je lu que maintenant ? Peut-être que, comme beaucoup de choses de la vie, elles viennent vers vous insidieusement pour vous apporter un message que vous saurez décrypter ou pas. Vous apporter ce dont vous avez besoin ou envie.
    Loin du monde du polar, loin de mes habitudes de lecture, Les Oubliés du dimanche m’aura procuré un beau moment d’amour, une espérance dans la beauté du monde.

    27/02/2025 à 17:10 7

  • Disparu en mer

    Graham Hurley

    7/10 Portsmouth, Angleterre. Une petite fille vient signaler la disparition de son père au commissariat. Un homme savaté à mort est retrouvé chez lui, dont le fils, petit junkie notoire local, est arrêté en revenant chez son père. Deux enquêtes parallèles menées par deux inspecteurs aux personnalités et aux méthodes différentes. L'inspecteur Faraday, veuf élevant son fils sourd et muet, passionné d’ornithologie, passion qu’il partage avec son enfant, parti en France, est un enquêteur à l’instinct, solitaire mais respectueux des procédures essaiera d’élucider le mystère de la disparition de Maloney, ce père laissé sans le jour de l’anniversaire de sa fille et qui préparait la Fastnet, course prestigieuse de régates partant de Portsmouth.

    Paul Winter, inspecteur spécialisé dans les stups, est un flic borderline, alimente son réseau d’indics, côtoie ce monde obscur et dangereux pour essayer le caïd et parrain local.

    Ces deux enquêtes sont menées à un rythme posé en prenant le temps d’explorer les différentes pistes et en développant ce personnage, Faraday, dont on découvre sa terrible et dure vie personnelle, qui fait l’objet de cette série policière, ainsi que la vie difficile de ce commissariat et d’autres policiers.

    Ce n’est pas les enquêtes qui m’ont vraiment plu dans ce livre, les intrigues sont somme toutes assez quelconques. C’est plutôt l’atmosphère de cette ville balnéaire et ses problèmes sociaux, et ce personnage de Faraday, ce détective taciturne, à la vie personnelle tourmentée, et à la bonne perspicacité professionnelle. Même si j’ai apprécié cette lecture, et peut-être parce qu’il m’a fallu un peu de temps pour m’adapter au style et au ton de Graham Hurley, je ne sait pas si je poursuivrai cette série.

    25/02/2025 à 14:46 2

  • Le Faucon va mourir

    Harry Crews

    6/10 Il s’appelle George Gattling. Il est propriétaire de l’University Auto Shop, entreprise de sellerie pour voitures. Il habite à Gainsville, Floride, avec sa sœur et son fils, déficient mental. Et George est obnubilé par les faucons, et s’évertue à les attraper pour les dresser.
    Alors tout ce qui se trame à côté est plus que secondaire. C’est le moindre de ses soucis et ne doit surtout pas perturber l’affaitage. Alors vous pensez bien que la mort de son neveu ne fait pas partie de ses priorités…

    Harry Crews aime peindre des portraits de gens décalés, écrire sur des personnages borderline, nous conter des histoires déjantées. Avec Le faucon va mourir, on est invité à suivre George et son obsession à affaiter son nouveau faucon. L’histoire est particulièrement faible, et loin du monde du polar. L’écriture de l’auteur américain comme le nombre de pages permettent de sauver ce livre du naufrage littéraire. Ce n’est pas un chef d’œuvre et ce n’est pas un flot total… C’est juste l’histoire d’un homme perdu, dont la vie ne tourne qu’à réussir à apprivoiser un rapace.

    24/02/2025 à 15:41 1

  • Le Roi des Mensonges

    John Hart

    7/10 En refermant ce livre, après en avoir achevé la lecture, je me pose la question si j’aurais dû commencer par ce livre de John Hart, son premier, plutôt d’avoir découvert les suivants. Car, c’est un sentiment de semi-déception qui prône. Je suis un peu frustré par ce livre et je ne sais pas si cela est dû à L’enfant perdu et Redemption Road que j’ai adorés ou à Le roi des mensonges qui s’avère réellement moins attachant.

    Peut-être est-ce sur ce mot « attachant » qu’il convient de s’attarder. Car Work, de son nom complet Jackson Pickens est à mon sens un personnage pour lequel je n’ai pas pu m’attacher. Cet avocat, fils d’Ezra, brillant avocat mais père et mari détestable, dont le cadavre a été retrouvé, deux balles dans la tête, 18 mois après sa disparition, est le principal suspect. L’inspectrice Mills a décidé de trouver tout indice ou fait pour le coincer. Et Work semble tout faire pour se faire inculper, comme une sorte d’auto-destruction. Lui, cet avocat reconnu, fait tout le contraire de ce qu’il conseille à ses clients. Parce qu’il est convaincu de la culpabilité de sa sœur, Jean, il a décidé de passer pour un bon suspect. Effectivement, si Work n’attire pas la sympathie, les personnes de son entourage ne sont pas plus attirantes. Jean, cette sœur instable psychologiquement, vit avec Alex, une amie rencontrée en hôpital psychiatrique. Barbara, l’épouse de Work, n’est qu’un personnage attaché à son image et à son statut de femme d’avocat et belle-fille du riche et célèbre Ezra.

    C’est donc avec ces personnages que l’on découvre le mystère lié au meurtre d’Ezra par les faits et gestes de Work. On découvre le passé de cette famille et les événements précédents la disparition. Mais l’intrigue est lente et poussive. C’est la plume et le style de John Hart qui permettent d’aller au bout de cette affaire, somme toute banale.

    19/02/2025 à 14:43 2

  • Le Fruit de vos entrailles

    Antonin Varenne

    7/10 Septembre 2001. Les policiers sont sur les nerfs. Après le 11-Septembre, les attaques terroristes sont appréhendées dans la capitale française. Et pourtant c’est un simple cambriolage qui a mal fini qui est le point de départ de cette histoire.

    Nettoyeur de vitres en rappel, Max est témoin d’un cambriolage qui tourne mal. Il a le temps de tomber sur le truand qui a tué le pompier de service. Une femme se jette par la fenêtre de son immeuble avec ses deux enfants, dont une qui restera paraplégique, et l’autre traumatisé à vie. Un tueur en série s’en prend à des artistes de manière recherchée et sophistiquée et quitte les lieux de son crime, après avoir nettoyé de fond en comble l’endroit (aspirateur, produits nettoyants,…).

    C’est Virgile Cyprien Heckmann qui est en charge de l’enquête. Ce policier aux talents incontournables d’enquêteur et de relation-presse fait figure de belle gueule au sein du Commissariat. Dire qu’il est sur la sellette est un euphémisme. Personne ne lui pardonnera la moindre erreur sur ce dossier. C’est donc avec une vigueur exacerbée qu’il va se plonger dans cette affaire. Il sera en cela aidé par Roland Parques, un vieux retranché chez lui, qui lui envoie des lettres sur cette affaire. Il y aura aussi ce jeune expert médico-légal qui va apporter un nouveau souffle à ces affaires. Et bien évidemment Max, ancien enquêteur, qui vit mal sa future paternité.

    Tous les personnages de Varennes dans Le fruit de vos entrailles sont torturés, remplis de doutes et de douleurs. D’ailleurs, pour moi, ce sont eux qui apportent l’intérêt à cette histoire et bien évidemment le style de l’auteur, qui distille une écriture incisive, percutante,… rock’n roll ! La première œuvre d’Antonin Varennes qui lui a permis, à juste titre, d’être repéré et qui sera suivi d’autres livres dont le succès ira crescendo.

    17/02/2025 à 13:38 1

  • Un château en Bohême

    Didier Daeninckx

    7/10 Son défunt père le lui avait demandé : de ne jamais aller en Tchécoslovaquie, pays qu’il a fui dans les années 50. Mais François Novacek, par amitié, part à Prague sur les traces du mari de Nina, Frédéric Doline, auteur de science-fiction, ayant dernièrement connu le succès par la Prix Lovecraft décerné à son dernier roman. Doline devait se rendre dans cette ville pour un repérage pour son prochain livre. Mais Nina n’a plus de nouvelles de lui.

    François Novacek, ancien journaliste d’investigation, devenu détective privé, part dans ce pays dont son père est originaire et que lui, il n’a jamais connu. Un pays divisé, devenu la Tchéquie après la Chute du Mur, et qui découvre la liberté. Bien qu’essayant de retrouver les traces de Doline, il y découvrira les traces du passé de son père…

    Un roman attachant pour qui aime découvrir un pays en transition démocratique où le passé s’attache au présent comme la glaise sur des chaussures : difficile de s’en débarrasser. On déambule dans les rues de Prague, découvre cette ville, ses ruelles, son histoire, et ses habitants. L’enquête est secondaire, d’ailleurs, il faudra attendre les dernières pages pour comprendre cette disparition. Mais elle n’est que prétexte à explorer l’histoire d’un fugitif du communisme.

    17/02/2025 à 10:39 1

  • L'Obsession

    James Renner

    8/10 David Ness vit reclus dans sa maison. Il profite de Tanner, son fils de 4 ans, qu’il élève seul depuis le suicide de sa femme, Elizabeth, alors qu’elle venait à peine de le mettre au monde. Journaliste d’investigation, David arrive à vivre grâce au succès de son livre, Le protégé du tueur en série, enquête où il dévoilait l’innocence d’un homme exécuté par l’Etat, Ronil Brune, et dénonçait l’identité du véritable coupable, Riley Trimble. Ce dernier est un tueur en série de jeunes filles rousses. Soigné pour dépression, David s’était persuadé vivre le reste de ses jours à veiller à la sécurité de son fils, à son confort et à son bonheur.

    Mais son éditeur le persuade de mener une enquête sur l’étrange affaire de l’homme de Primrose Lane. Cet homme était un véritable ermite, n’allant ni au supermarché, ni regardant jamais les personnes dans les yeux, ayant toujours des gants aux mains quelque soient les saisons, bref, ne connaissant personne, n’ayant aucune activité sociale… Et il a été retrouvé chez lui, assassiné d’une manière atroce : le meurtrier lui a coupé les doigts et les a passés au mixeur avant de lui tirer une balle dans le ventre. Et chose encore plus stupéfiante, cet homme possédait une fortune mais pas de famille et surtout utilisait un nom qui n’était pas le sien, mais celui d’un jeune décédé en 1932.

    L’intérêt de David pour cette affaire le pousse à reprendre son activité de journaliste. Il ne sait pas encore à ce stade qu’elle le fera découvrir des univers et des personnages incroyables.

    J’ai dévoré ce livre de James Renner. Avec sa construction qui nous fait découvrir le passé de David Ness et son enquête sur l’affaire de Ronil Brune, et, parallèlement, le présent avec son enquête mystérieuse et intrigante sur cet homme de Primrose Lane. Une affaire sans temps mort qui, au fil des pages, devient plus étrange et plus passionnante même si, je l’avoue, par moment j’ai été perdu avec tous ces personnages. Je ne sais plus qui était qui et d’où ils venaient. Mais, même si je ne suis pas fan d’extraordinaire, cette touche de fantastique qu’apporte James Renner était bien menée et à une dose suffisante permettant à cette affaire d’avoir une fin et une conclusion qui convenaient à mon esprit cartésien. Je regrette que ce livre n’ait pas eu en titre français la traduction du titre original (L’homme de Primrose Lane) qui lui aurait mieux convenu, et que certains personnages n’aient pas été plus approfondis. Ce David Ness et son fils, Tanner, auraient, à mon goût, pu bénéficier de plus de profondeurs. Dommage également, comme cela avait été envisagé, que ce livre n’ait pas été adapté en film ou en série.

    13/02/2025 à 16:05 3

  • Une Combine en or

    Jim Thompson

    7/10 Toddy est un démarcheur qui rachète l’or des particuliers. Il est assez bon acheteur : il connaît quelques astuces qui lui permettent toujours de racheter à un bon prix l’or qu’on lui propose. Et toujours dans la légalité, car ce qu’un démarcheur déteste par-dessus tout c’est d’avoir affaire à la justice : ça n’apporte que de la mauvaise publicité.

    Et en cette fin d’après-midi, il va avoir affaire avec un drôle de personnage : Alvarado, un homme au long cou et son chien, sorte de Dobermann, qui parle. Face à cette étrange situation, Toddy ne souhaite qu’une chose : fuir au plus vite. Et que constate-t-il ? Que la grosse montre en or se trouve dans son attaché-case ? Comment cela est-il possible ? Et qu’en faire ? Quand il constate que sa femme a été tuée dans leur chambre d’hôtel, Toddy sait que la propriétaire de la montre cherche à remettre la main dessus. Pas de bol pour sa chère femme alcoolique, mais Toddy doit sauver ses fesses.

    Une combine en or offre un panel de personnages aussi étranges que dangereux, et Toddy, personnage minable et loser comme sait si bien les dépeindre Jim Thompson se trouvera mêler à des machinations qui le dépasseront. Une histoire plaisante mais pas non plus mirobolante.

    10/02/2025 à 11:20 4

  • Le Prêtre et le braconnier

    Benjamin Myers

    8/10 Sans vouloir divulgâcher, je dois avertir toute personne ayant envie de lire ce livre qu’elle va être confrontée à un épisode terrifiant, épouvantable et effroyable.

    Car Benjamin Myers nous offre plus qu’une chasse à l’homme, en l’occurrence une fille, en passe de devenir femme, qui a enlevé un bébé. L’auteur britannique a écrit une page sur la perversité humaine, et le rapport de l’homme avec le démon. Même si celui-ci est un homme d’Eglise. Ce prêtre va pourchasser cette jeune fille « simple d’esprit » et muette. Placée par les Sœurs de St Mary’s dans la famille Hinckley dont la mère, malade, n’a aucun instinct maternel et dont le père, violent, est las d’entendre son enfant pleurer, elle décide de fuir avec lui, à travers lacs, montagnes et collines aussi majestueux qu’inhospitaliers.

    Benjamin Myers fait une place de choix à cette Nature comme un personnage à part entière. A côté de ce prêtre, qui se drogue pour rester éveillé et éviter de dévoiler sa vraie personnalité à ce braconnier dont il a demandé de trouver cette fille. Un véritable pervers et personnage qui voit dans les paroles de Dieu toute justification de ses actes. A côté aussi de ce Braconnier, accompagné de son fidèle ami canin, qui s’avère n’être qu’un homme dépravé qui n’a goût que pour les bonnes chaires et à l’esprit terrien. Ce sont ces deux êtres que tout oppose, qui vont être aux trousses de cette fille qui s’avère débrouillarde, encouragée par la volonté de sauver cet enfant et trouver une autre vie.

    Le prêtre et le braconnier est le premier livre écrit par l’auteur anglais, en 2013. Il fait montre d’une écriture et d’une sensibilité alliant magnifiquement la beauté de la Nature et la brutalité de l’Homme. Une lecture dont on sort ébranlé et secoué par cette course poursuite pour la vie et par tant de cruauté. Un livre que je mettrai dans la même catégorie que le très touchant Madelaine avant l’aube de Sandrine Collette pour son intemporalité et pour la personnalité de ces jeunes filles volontaires et courageuses.

    10/02/2025 à 09:53 5