JohnSteed

544 votes

  • Le Manoir des immortelles

    Thierry Jonquet

    7/10 Un personnage étrange, dénommé Hadès, surveille l’entrée d’un immeuble et identifie les personnes entrantes par des numéros. Et si un « non numéroté » rentre, il se charge de connaître son identité et s’il constitue un danger.

    Le commissaire Salarnier se voit confier l’enquête d’un cadavre dont la tête a été coupée à la faux. Il découvre qu’il s’agit d’un médecin légiste. D’autres morts similaires montreraient que la Mort décapiterait des personnes en lien avec Elle.

    Un petit polar à la sauce Jonquet est toujours un régal. Celui-ci est addictif avec, toutefois, une fin quelque peu troublante voire décevante.

    aujourd'hui à 09:23

  • A la gorge

    Max Monnehay

    9/10 Lors de son entretien avec Émilien Milkovitch, emprisonné depuis 10 ans au centre pénitentiaire de l’île de Ré, Victor Caranne, psychologue carcéral, se rend compte qu’il est devant une situation pas banale. Que ce prisonnier surnommé Milou clame son innocence en cette période d’anniversaire n’est pas nouveau, mais Caranne est intimement persuadé qu’il n’a pas commis ce double homicide.

    Le psy est donc confronté à une situation où sa conscience professionnelle est malmenée. Mais comment prouver l’innocence de Milou dans tous les tout prochains jours ? Car, le prsionnier ayant indiqué qu’il allait se suicider, à la date même de ses 10 ans d’emprisonnement, les minutes sont comptées. Caranne ne peut que persuader Anaïs, la policière du commissariat de La Rochelle de l’aider, en Off, sur ce vieux dossier.

    Caranne va découvrir une intrigue des plus complexes et dangereuses où le temps est un ennemi. De plus, du côté de sa privée, des vieux démons ressurgissent. Et c’est peu dire que la vie n’épargnera pas le psy.

    A la gorge, le 3ème volet de la série mettant en scène ce psychologue attachant, est trépidant. On n’a pas le temps de souffler, cette enquête va à vitesse grand V. Tous les protagonistes, que l’on retrouve d’un tome à l’autre (du coup, vaut mieux prendre cette série du début), ont leur place et constituent une part entière dans cette histoire. Je dévore les livres de Max Monnehaye même si elle n’épargne pas ni ses personnages, ni le lecteur, et j’ai hâte de connaître la suite des « aventures » de Victor Caranne.

    hier à 13:36 1

  • Je suis le feu

    Max Monnehay

    8/10 Ayant adoré le personnage de Victor Caranne, ce psy en milieu carcéral qui aide, à sa demande, la police de La Rochelle dans les enquêtes un peu trouble et compliqué, c’est avec un plaisir certain que je me suis laissé attirer par le second volet, « je suis le feu ». En ce mois de juillet, dans la ville portuaire, un tueur en série s’en prend à des femmes, qu’il égorge, devant leur enfant, les yeux bandés et les oreilles bouchées.

    Si l’enquête est prenante, c’est surtout le personnage principal qui est le plus captivant : un psy perturbé par son passé dont il n’arrive pas à faire le deuil et dont la vie privée s’avère ainsi compliquée.

    Max Monnehaye confirme avec ce deuxième opus de sa série le talent et son style percutant. Moi qui ne voulais plus entendre parler de serial-killer dans les polars, l’auteure rochelaise a su me montrer qu’on pouvait encore proposer un polar aussi addictif qu’intéressant. Je cours lire le prochain volet de la série.

    avant hier à 13:18 3

  • Le Tombeur de Broadway

    Richard Price

    6/10 Vous avez aimé Ville noire ville blanche, ce magnifique roman noir à l’ambiance lourde et sombre ? Vous n’avez pas oublié les pérégrinations et le destin des personnages de Frères de sang et du Samaritain ? Richard Price vous a fait vibrer dans le Brooklyn ou le Bronx des années 70 ?

    Alors vous risqué d’être déçu par ce Tombeur de Broadway. Ici, il y a bien l’ambiance de New-York et de ses personnages décalés mais ce roman, écrit en 1978 et publié en France qu’en 2022, manque de profondeur et de consistance.

    Le tombeur de Broadway, c’est Kenny Becker, un jeune représentant de commerce, qui aime, lors de ses démarchages en porte à porte, séduire les femmes. Obsédé par sa ceinture abdominale qu’il préserve à force d’exercice, Kenny est amoureux de sa copine, La Donna. Toutefois, gros macho avec option « beauf-attitude », il n’hésite pas à la rabaisser et la dénigrer. Plaqué, et largué, Kenny sent le poids de la solitude pesé lourdement jours après jours. Ayant besoin d’être aimé, il va en quête de sexe et de compagnie. Cela le conduira à découvrir et se découvrir des contrées inexplorées.

    Richard Price nous plonge dans les réflexions et obsessions de ce personnage, pas anti-antipathique mais pas sympathique pour autant. Un personnage « secondaire » pour un livre, à la lecture plaisante si on aime les dialogues et les situations « crues », qui n’apparaît pas comme incontournable mais secondaire dans l’œuvre de Richard Price. Ceci explique peut-être, les 44 ans entre son écriture et sa parution en France.

    22/03/2024 à 11:31 2

  • Le Voyageur de la Toussaint

    Georges Simenon

    9/10 En cette veille de Toussaint, Gilles Mauvoisin débarque du Flint à La Rochelle. Il décide de ne pas rendre visite de suite à sa tante, Gérardine Eloi, pour lui annoncer le décès de ses parents, artistes musiciens qui parcouraient l’Europe.

    Avec sa longue silhouette, son bonnet de loutre et sa petite et ridicule valise, Gilles, qui vient de Norvège, ne passe pas inaperçu à La Rochelle et notamment par les notables locaux.

    Il faut dire que Gilles, même s’il ne le sait pas encore, n’est autre que le seul héritier de feu Octave Mauvoisin, son oncle décédé quelque temps plus tôt. Il était aussi riche et puissant qu’il était craint : Octave Mauvoisin était parvenu à asseoir son empire par la possession de documents qui accablaient les notables rochelais. Ce chantage lui a permis de mettre la main sur toutes les entreprises importantes de la région.

    Possédant le coffre où se trouveraient les documents compromettants, sans en connaître toutefois le code d’ouverture, Gilles est propulsé dans le milieu impitoyable des affaires. Il fait ainsi l’objet de cajolerie et de sympathie aussi fourbes que trompeurs, car tout le monde veut se libérer du joug de feu Octave Mauvoisin.

    Le voyageur de la Toussaint fait partie, pour moi, des meilleurs et incontournables « romans noirs » de l’écrivain belge. Ce livre dresse le portait d’une notabilité acculée à la méchanceté par un arriviste. C’est aussi le portait d’un homme qui découvrira le trouble des sentiments profonds envers les femmes et le véritable amour, celui d’un jeune artiste qui deviendra bien malgré lui trop rapidement un adulte mais qui saura rendre une justice humaine, reprendre sa vie et reconquérir sa liberté.

    21/03/2024 à 13:36 3

  • Le Fils du père

    Víctor Del Árbol

    8/10 L’auteur espagnol, après son escapade ougandaise avec « Avant les années terribles », revient sur sa terre natale meurtrie par un XXème siècle ravageur pour son pays.

    Dans la cellule occupée par Diego Martin, incarcéré pour meurtre, sont découvertes différentes notes qu’il a écrites. Elles racontent comment il en est venu à tuer Martin Pearce, cet infirmier qui s’occupait personnellement de sa sœur, Liria, « coincée à l’intérieur de son corps » et internée à la Forêt de Cendre, clinique à destination de personnes dépendantes.

    Avec Le fils du père, on découvre l’histoire de cette famille qui, sur 3 générations, a subi malheur et souffrance. Ce livre dévoile toutes les rancunes et rancœurs entre père et fils. Cette haine, sentiment aussi fort et puissant que l’amour, va se transmettre de générations en générations, d’où va naître toutes les formes de violence, comme l’autodestruction, symbole d’un héritage familial.

    Comme à son habitude, Victor Del Arbol raconte avec talent le destin tragique de cette famille, où la Grande Histoire du pays apporte son grain de sel, et où le malheur semble, comme une malédiction, comme ces racines de la famille, attirer tous ceux qui portent le nom de Martin.

    Un roman puissant et touchant, une autre pièce dans la magnifique et incontournable œuvre de l’auteur espagnol.

    11/03/2024 à 14:08 4

  • Comme si nous étions des fantômes

    Philip Gray

    7/10 Sur le papier, ce 1er roman de Philip Gray avait tout pour me plaire : le cadre historique (cette terrible, désastreuse mais passionnante Première Guerre mondiale qui a posé le socle du XXème siècle), le souci des précisions historiques (Philip Gray a procédé à un gros travail de recherches) et une référence littéraire alléchante plaçant ce livre à la croisée d’Au revoir là-haut et Un long dimanche de fiançailles (excusez du peu !).

    En parcourant cette histoire, cette recherche de son fiancé, le colonel Edward Haslan, porté disparu en août 1918, par Amy Vanneck, j’ai été vite séduit malgré les quasis 500 pages que compte ce roman. En ce mois de février 1919, les champs de bataille de la Somme ne sont pas désertés. Des soldats, tous volontaires, tentent de rechercher les corps des soldats enfouis sous la terre meurtrie par tant de bombes ou enterrés au fond des tranchées. C’est dans ce cadre où les fantômes sont plus présents que les vivants qu’Amy souhaite tenir sa promesse et trouver au moins le corps de son être aimé, malgré les réticences du commandement anglais.

    Si, au final cette trame fut un peu tiré par les cheveux, Comme si nous étions des fantômes m’a permis de découvrir l’importance de la drogue dans les combats, « ces pilules de marche forcée », produit de la cocaïne, du laudanum et de la morphine, et, également du rôle du Chinese Labour Coprs, ces travailleurs chinois non soldats incorporés dans l’armée britannique pour réaliser différents travaux du génie (construction de voies ferrées pour acheminer plus facilement les armes lourdes et matériels dans les zones de combat).

    Un roman qui pêche par un manque de profondeurs dans la psychologie des personnages et par une multitude de détails ou de faits secondaires qui étouffent cette quête dont le rebondissement final aurait pu être mieux exploité.

    04/03/2024 à 13:52 7

  • Kalmann

    Joachim B. Schmidt

    8/10 Kalmann est le personnage central de ce roman, cet être « enfantin » d’une petite quarantaine d’années, dont la vie est réglée comme du papier à musique. Pêcheur de requin, dont il prépare le 2ème meilleur requin fermenté de l’Islande, après son grand-père, qu’il visite à l’hôpital tous les samedis, Kalmann vit à Raufarhöfn, petit port islandais, confronté à la crise économique, aux quotas de pêche, à la désertification et au réchauffement climatique.

    Si ce livre porte son nom, c’est que Kalmann va nous faire découvrir la vie de Raufarhöfn, alors qu’il vient de découvrir une énorme tâche de sang dans la neige, tandis qu’il allait chasser le renard des neiges, le Schwartzkopf. Lui, un peu l’idiot du village, qui se promène avec son chapeau de cowboy, une étoile de shérif à la poitrine et son pistolet, un Mauser, héritage de son père biologique américain, va faire déambuler le lecteur dans ce port tout au long d’une enquête sur la disparition de Robert McKenzie, l’homme le plus important du village, qui sert de prétexte aux pensées drôles, amusantes et, malgré tout, remplies de sagesse.

    Ce livre nous fait découvrir un versant méconnu de l’Islande et un personnage naïf mais attachant. Un livre plaisant dont la lecture rapide encouragerait l’auteur à écrire rapidement une suite.

    29/02/2024 à 13:55 7

  • La Revanche

    Arttu Tuominen

    8/10 Quand on a entre les mains un polar dit « scandinave », deux attitudes s’offrent à nous : soit on estime qu’Henning Mankell est le maître incontestable et incontesté du genre et on s’isole dans d’autres genres ; soit on continue à découvrir de nouveaux auteurs scandinaves et plonger dans les polars où tous les ingrédients (ambiance froide, rythme en douceur, dénonciation de l’évolution des mentalités fermées des sociétés,…) sont présents et développé avec talent.

    Soit (oui, il y a une 3ème attitude ; oui, je triche) on admet que Mankell est le maître du genre et cela ne nous empêche pas de continuer à découvrir de nouveaux auteurs venus du Nord. Si vous êtes un.e fin.e connaisseur.euse du polar scandinave, vous avez peut-être lu ou entendu parler d’Arttu Tuominen. Récompensé par de nombreux prix depuis son premier livre, Le Serment, l’auteur finlandais déroule son talent d’écrivain avec La Revanche, son second d’une série du Delta, lieu de Finlande où se déroule la vie de ses différents policiers protagonistes des enquêtes.

    A Pori, un attentat visant une boîte de nuit fréquentée par la communauté LGBT fait 5 morts. La police locale se voit à peine confier l’enquête qu’une vidéo est postée : celui qu’on appellera « Le Messager » y dénonce la dérive de la société finlandaise et exhorte, au nom de la Bible, que l’homosexualité soit éradiquée du pays et invite la population à prendre part à cette lutte nécessaire pour rétablir l’ordre. Oksman et Paloviita sont chargés de l’enquête. Oskman, dont la présence à la boîte de nuit peu avant l’attentat, habillé en femme, souhaite cacher à ses collègues ce lourd secret, bien que témoin recherché activement.
    Une enquête très prenante où la tension entre les pro et les anti LGBT est à son comble. Les vies professionnelles et personnelles des enquêteurs apportent un autre fil conducteur très plaisant. Tous les protagonistes sont bien développés, avec une mention spéciale pour le pasteur Mikael Fredriksson qui prêche pour une religion plus proche des nécessiteux et des exclus.

    Arttu Tuominen s’inscrit avec La Revanche parmi les meilleurs écrivains de polars scandinaves, dont j’attendrai avec intérêt ses prochaines sorties littéraires.

    26/02/2024 à 13:44 3

  • Leurs enfants après eux

    Nicolas Mathieu

    7/10 Tranche de vies dans cette région dévastée par la crise industrielle des années 90. Nicolas Mathieu décortique la vie de jeunes, Anthony, Hacine, Steph, le Cousin, lycéens à Heillange, un bourg rural où les familles subissent de plein fouet la fermeture des usines métallurgiques locales.

    Entre désœuvrement, lassitude, fatalisme et déterminisme, ces jeunes subissent ou « enragent » leur vie.

    Un livre où la mélancolie transpire à chaque page, un roman générationnel dans lequel je me suis retrouvé et ai partagé des souvenirs. Peu d’action, pas de suspense ou de fil conducteur sauf celui de construire ou subir sa vie et tenter d’échapper ou pas à son héritage social et culturel.

    23/02/2024 à 10:07 2

  • Au bon vieux temps de Dieu

    Sebastian Barry

    6/10 Tom Kettle passe sa retraite de flic dans une annexe d’un château en bordure de mer. Il vit parmi ses souvenirs et les fantômes qui l’habitent. La vie n’a pas épargné Tom Kettle. S’il a pu rentrer dans la police irlandaise, c’est surtout grâce à ses états de services dans l’armée, et ses qualités de tireurs, lui qui a combattu en Malaisie. Car, cela a permis d’oublier qu’il était quasiment un orphelin. Policier méritant, Tom Kettle a aussi été un mari aimant et aimé et un père comblé. Ces êtres chers, sa femme June et ses enfants Winnie et Joseph ne sont plus vivants, sauf dans ses pensées et ses souvenirs.

    D’ailleurs, comme souvenir, les deux flics qui viennent frapper à sa porte vont en réveiller un, et des plus douloureux. Car l’enquête sur l’assassinat d’un prêtre n’est pas close et, officiellement, la police demande l’aide de Tom Kettle.

    Au bon vieux temps de Dieu n’est pas un polar. On est dans un roman qui décrit les pensées de Tom Kettle qui vit très fréquemment dans ses tristes souvenirs et ses sombres pensées. On découvre son histoire, sa vie et ses amours pour June et ses enfants. Au bon vieux temps de Dieu est un roman où l’auteur et l’Irlande règlent ses comptes avec l’Eglise et ses actes ignobles de pédophilie. Un roman âpre et difficile dans lequel je me suis souvent perdu. Un roman exigeant proposant un sujet intéressant mais dont le style m’a dérouté.

    23/02/2024 à 08:53 2

  • Cadres Noirs

    Pierre Lemaitre

    8/10 Cette histoire d’homme, un chômeur de longue durée, Alain Delambre, qui tombe dans une spirale infernale et qui va l’entrainer dans un piège machiavélique, m’a vraiment plu. On prend fait et cause pour cet homme qui veut indéniablement se sortir de sa misère et de sa condition de petit employé de bas niveau, aidé et soutenu par sa femme, pleine de compassion et remplie d’amour. Et quand il déploie toute une stratégie pour réussir cet entretien inimaginable et inespéré pour un emploi qui lui correspond, on le soutient et l’encourage, nous lecteurs remplis d’empathie et de bienveillance.

    Mais, comme je l’ai dit, Alain va tomber sur plus calculateurs voire stratèges que lui. Mais Alain ne dira pas son dernier mot sans que l’on comprenne à qui on a affaire…

    Cadres noirs nous fait traverser toutes les émotions au fil de l’histoire : commisération, compassion, colère et horreur, notamment. Mais toujours avec le sentiment d’espoir : espoir d’une fin heureuse, d’un dénouement bienveillant. Mais toujours avec une certitude : Pierre Lemaitre nous a concocté un bon polar, même si je regrette un milieu de livre, un changement de protagonistes, certes nécessaires à l’histoire, mais qui casse l’intrigue et le rythme du roman.

    13/02/2024 à 16:57 7

  • ... Et justice pour tous

    Michaël Mention

    9/10 On termine à peine … Et justice pour tous qu’on ne peut s’empêcher de constater que cette trilogie anglaise de Michaël Mention est une réussite. Aucune faute, aucun défaut dans ces 3 livres qui la composent.
    …Et justice pour tous conclut admirablement bien le cycle initié avec Sale temps pour le pays. On retrouve ici Mark Burstyn, viré après l'affaire de l'éventreur du Yorkshire, et son ancien collègue Clarence Cooper.

    Rongé par l’alcool et les remords, Burstyn va venger sa filleule, tuée par un chauffard qui a pris la fuite sans laisser d’adresse. Mais voilà, le fin limier reprend du service, de manière officieuse. Il va quitter Paris où il vivait reclus avec ses démons pour en retrouver et en combattre d’autres aussi puissants et ravageurs.
    Parallèlement, Clarence Cooper mène une enquête sur des corps d’enfants retrouvés dans les sous-sols de l’orphelinat St Ann. Si le père Tom est accusé, cette affaire va se révéler plus périlleuse pour beaucoup de personnes voire personnages. On est au Yorkshire et ce pays est sale, ne l’oublions pas.

    Michaël Mention a accouché d’un livre qui sent aussi bien la tristesse, que le malheur ou la testostérone. Encore une fois, l’auteur français ne ménage pas son lecteur. Il le bouleverse, le secoue, le prend par les tripes pour mieux l’achever. Le pire, c’est qu’on en redemanderait bien encore. Masos ? Peut-être. Admiratif du talent de Mention ? Certainement.

    13/02/2024 à 15:45 5

  • Les Rancoeurs et la Terre

    Kimi Cunningham Grant

    9/10 Teresa vient signaler la disparition de son fiancé, Transom Shultz au shérif de Fallen Mountains, surnommé Red. Après 22 ans de presque bons et loyaux services, alors qu’il s’apprêtait à faire valoir ses droits à la retraite, Red décide de mener sa petite enquête, histoire de voir ce que les gens du coin pensent de ce qui pourrait être advenu à Transom. Ce dernier était dernièrement revenu sur ses terres natales, après 17 ans passés à faire fortune sur d’autres terres. Transom aimait partir sans données de nouvelles pendant quelques jours. Mais la présence de son téléphone dans son véhicule interroge Red sur un simple départ volontaire.
    Le shérif interroge Chase, l’ami d’enfance de Transom et, dès lors, les regards soupçonneux se tournent vers Possum, un ancien camarade de classe dont Transom aimait beaucoup se moquer au lycée.

    Ce polar attachant nous entraîne dans le tumulte de l’enquête, alternant le passé (l’histoire de Transom) et le présent (l’enquête menée par Red).
    J’avais découvert Kimi Cunningham Grant avec Le silence des repentis que j’avais adoré. Celui-ci était son second livre mais sa première édition en France. Ici, l’autrice américaine confirme la beauté de son écriture, la profondeur de ses personnages et la sensibilité de ses intrigues, qui lui avait valu le Prix Découverte Polars Pourpres décerné au Silence des repentis en 2022. En effet, Les Rancoeurs de la terre n’a rien à envier à son successeur. Liens familiaux, les ombres du passé, la puissance de la nature,… sont les thèmes récurrents qui se dévoilent à la lecture de son œuvre. Avec seulement 2 romans, Kimi Cunningham Grant montre que, désormais, elle ne doit plus être cataloguée comme espoir du polar mais comme une autrice à part entière et dont je vais suivre avec intérêt et impatience ses prochaines parutions.

    13/02/2024 à 14:52 5

  • Comédia infantil

    Henning Mankell

    9/10 José Antonio Maria Vaz, seul sur son toit, sous le ciel étoilé des Tropiques, nous raconte une histoire. Celle d’un enfant dont il ne restait que quelques jours à vivre, qu’il a recueilli et protégé sur le toit de la boulangerie où il travaillait. Cet enfant s’appellait Nelio et avait une douzaine d’années. Blessé par balles, il ne souhaitait pas être soigné tant qu’il n’avait pas achevé son histoire, celle d’un enfant devenu trop vite adulte, en tuant pour sauver sa vie et son honneur, en fuyant son village et en errant pour survivre.

    Durant 9 nuits, Nelio, souffrant, agonisant, a raconté, à José, son périple et ses rencontres avec des personnages tantôt étranges, tantôt fascinants. Il a rapporté son arrivée dans cette ville et ces enfants de rue dont il était devenu le chef.

    Mankell est surtout connu pour ses polars et notamment sa série avec Wallander. Mais l’auteur suédois a développé une passion pour l’Afrique qui constitue des sujets de quelques romans. Comedia Infantil prend pour trame la jeunesse désabusée des pays africains confrontés aux guerres civiles. Ce livre est d’une sensibilité et d’une beauté magnifiques. Le premier tiers du livre m’a fait penser au Petit Prince de Saint Exépury tant il compte de tendresse, de phrases bienveillantes et de poésie. Mais ne nous trompons pas : Comedia Infantil comporte son lot de malheur et de cruauté envers les enfants. Il n’en est que plus bouleversant et touchant.

    12/02/2024 à 13:48 3

  • Handsome Harry

    James Carlos Blake

    8/10 Comme écrit en prélude, on a tous une attirance malsaine pour les gangsters, ceux qui détroussent les banques. Existe-t-il un syndrome Robin des Bois, comme il existe celui de Peter Pan ? J’avoue que je ne le sais pas, et que je n’ai pas cherché à le savoir non plus. C’est un fait : on possède en nous cette appétence pour les malfrats qui volent ceux qui nous volent. Une sorte de justice, un bon retour des choses. On peut aussi et en plus être admiratif de la méthode et des stratégies déployés par les voleurs pour arriver à leur fin. Et que dire de la cavale qui s’en suit ? L’admiration est proportionnelle à la durée qu’elle dure.

    James Carlos Blake nous propose ici une histoire de voleurs. Une vraie, aux Etats-Unis, en 1934. Harry Pierpont, alias Handsome Harry, est dans le couloir de la mort. Alors qu’il attend son exécution via la chaise électrique, il raconte son histoire, ses premiers délits et casses, ses premiers séjours en prison, ses évasions et la constitution de la bande Dillinger.

    Ce livre est passionnant, d’autant que le gang Dillinger a réellement existé. Cette histoire romancée permet de découvrir les différents protagonistes, avec ce personnage central, Harry, ses déboires, ses idylles,… On ne s’ennuie pas une seconde et la plume de James Carlos Blake sied bien à cette histoire attachante de gangsters.

    07/02/2024 à 14:19 4

  • La Disparition de Josef Mengele

    Olivier Guez

    8/10 Josef Mengele – l’ange de la mort, Herr Doktor – est un criminel nazi qui réalisa différentes expérimentations médicales sur la population juive internée dans le camp d’extermination d’Auschwitz. Ce médecin sélectionnait ses prisonniers en fonction de critères physiques attrayants (il avait une prédilection pour les cas de gémellité dont il cherchait une explication scientifique) et les condamnait soit aux travaux forcés soit aux chambres à gaz.
    Lors de la capitulation de l’Allemagne nazie, Josef Mengele a pu se fondre dans la population polonaise et via différents réseaux et « bienveillances » de certains pays, s’enfuir en Argentine.

    Olivier Guez prend comme point de départ de son roman l’arrivée en 1949 de Mengele dans ce pays où le gouvernement populaire de Peron arrive au pouvoir et ferme les yeux sur l’arrivée de différents personnages en fuite. L’auteur français raconte la cavale de Mengele, utilisant différents noms d’emprunts, qui, curieusement, semble, être bien accompagné et aidé dans sa quête à se faire oublier et vivre comme un citoyen lambda.
    Ce terme « raconte » est somme toute important car, bien que très documenté, ce livre est un roman voire un docu-fiction. Le lecteur ne n’a pas entre les mains un documentaire. Alors comment faire la part entre les faits réels et la part romancé ?

    C’est le reproche essentiel que j’adresse à ce livre qui retrace, de manière assez neutre voire froide, le contexte politique bienveillant des pays d’Amérique du Sud, les failles administratives, la volonté (sauf celle du Mossad et des dirigeants israéliens) en demi-teinte de la communauté internationale de traquer les criminels nazis,… On y découvre surtout un misérable et détestable personnage ancré dans son idéologie nazie et ses convictions du bien.

    05/02/2024 à 14:22 2

  • Tous les membres de ma famille ont déjà tué quelqu'un

    Benjamin Stevenson

    5/10 Quand tous les membres d’une même famille souhaitent « fêter » la libération du fils aîné, emprisonné depuis 3 ans pour meurtre, ils décident de se réunir dans une station de ski. L’idée alliant l’utile à l’agréable est sympathique. Sauf qu’il n’y aura pas vraiment de moments plaisants, sauf si on considère charmant et attrayant le fait de découvrir un cadavre dans la neige, sa bouche remplie de cendre.

    Pour la famille Cunningham, dont chacun des membres a des cadavres dans le tiroir, cette découverte n’augure rien de bon. Aussi, Ernest (dit Ernie ou Ern), le cadet, décide de mener l’enquête. Il rapporte ici son histoire sous forme d’une enquête policière digne d’Agatha Christie, en suivant les 10 règles d’or. Ern s’y connaît sur la manière d’écrire des romans policiers, car il écrit des livres sur la manière d’écrire les histoires policières.

    Présenté comme cela, le pitch du livre a l’air très alléchant. Mais c’est peu dire que je me suis ennuyé. Benjamin Stevenson respecte les codes des romans policiers classiques, mais je n’ai ni accroché à son style, ni aux personnages ni à l’histoire. Trop de divagation, trop de digression dans les propos du narrateur qui aime « parler » à son lecteur. Il manquait de profondeur ou d’un ton plus décalé, peut-être, pour me captiver.

    Ma lecture achevée (avec soulagement), je tombe sur les propos de l’auteur qui, à destination de quelques personnes de son entourage, les « remercie de l’avoir supporté ». Moi aussi, j’ai supporté l’auteur, mais pas dans le sens qu’il l’entend.

    30/01/2024 à 13:44 8

  • Le Frisson

    Mick Bertilorenzi, Jason Starr

    7/10 Jason Starr fait partie de mes auteurs new-yorkais préférés. Associé au dessinateur Bertilorenzi, Starr propose une BD tout en N&B ayant pour thème central des meurtres commis suivant un rite druidique. Un agréable moment de lecture rythmé, prenant et percutant. Malgré ses 180 pages, cette BD aurait mérité de développer un peu plus certains passages ou personnages.

    29/01/2024 à 12:17 1

  • L'un des nôtres

    Larry Watson

    9/10 Ce matin, de bonne heure, Margaret demande à son mari, George, s’il a réfléchi et décidé de venir avec elle. La voiture est prête, remplie du stricte nécessaire pour camper quelques jours. Ancien shérif, George, aux sentiments amoureux intacts pour sa femme, prend ses dispositions et préparent ses affaires. Direction le Montana, à la quête de leur petit-fils, Jimmy. Depuis le décès accidentel de leur fils, leur bru a quitté la ville et a refait sa vie, privant les grands-parents de leur petit-fils.

    Ce périple va être l’occasion de tester la solidité de leur couple, de se remémorer leur histoire, et d’affronter le clan Weboy avec qui leur bru s’est entichée. Une rivalité entre les 2 matriarches va s’instaurer.

    Ce roman est emprunt de poésie, de mélancolie et de tristesse. Il possède une douceur et une sonorité délicate. J’ai pris plaisir à me laisser bercer par ces phrases remplies de volupté et de délicatesse, découvrant la vie de ce couple dont l’amour a su affronter les années et les drames et qui une dernière fois va s’armer de courage pour réunir leur famille.

    J’avais laissé Larry Watson, découvert grâce aux éditions 10-18 dans les années 90. J’ai redécouvert la beauté de son écriture, grâce à cette belle et triste histoire. Loin du roman noir (même si des passages violents sont présents), L’un des nôtres offre une part d’hormone du bonheur au lecteur en quête de beauté, le temps d’un périple dans les Etats-Unis des années 50, en compagnie de grands-parents résolus mais attachants et bienveillants.

    25/01/2024 à 14:21 6