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Le Verdict
10/10 Je savais que si je voulais lire ce livre, il fallait me réserver du temps. Car pour avaler ses 800 pages (en version poche), étant peu adepte de faire traîner mes lectures sur plusieurs semaines, il me fallait avoir devant moi plusieurs jours de disponibilité. Or, rien de tel que les congés d’été. C’était avec un mélange d’appréhension et d’excitation que j’ai ouvert Le verdict et commencer ma lecture.
Et je dois avouer que j’ai été happé par cette histoire, subjugué par tant de maîtrise, dans la description des procédures judiciaires, dans l’avancée subtile de l’intrigue, dans le déroulement de l’enquête, dans la construction de la personnalité des personnages, dans cette conspiration déroutante… Et Nick Stone n’ennuie jamais le lecteur. Au contraire, il nous tient en haleine. On tourne les pages pour dévorer cette histoire.
Comme entrée en matière, dès les premières pages, les faits sont exposés : Vernon James, brillant mais controversé riche homme d’affaire (self-made man), reçoit le titre de l’homme étique de l’année. Vernon James est un séducteur et aime posséder les femmes. Et lors de cette soirée, pendant son discours de remerciement, il a remarqué dans le public, au premier rang, une femme, en robe verte, grande, blonde… le type de femme qu’il aime. Peu importe qu’il soit marié, le pouvoir lui permet tout. Alors que la soirée se termine, après avoir bu plusieurs verres, il retrouve enfin cette femme prénommée Fabia. Une fois dans la suite de l’hôtel, Fabia se refuse à lui. Les bousculades se terminent en coups, les coups en casse du mobilier. Fabia part laissant Vernon seul en colère, frustré… Le lendemain matin, après s’être affalé sur le canapé, Vernon se réveille, quitte l’hôtel et part à son bureau. Mais le personnel de chambre découvre le corps sans vie d’une femme dans la chambre de Vernon. Les policiers viennent l’arrêter pour meurtre… Vernon James clame son innocence et sollicite le célèbre cabinet KRP pour le représenter et le défendre. Car tout accuse Vernon James…
Dans le cabinet KRP, Terry Flint est greffier. Au statut précaire, il aspire à être retenu pour obtenir de son employeur une bourse lui permettant d’aller à l’école d’avocat. Mais Terry est âgé et en concurrence avec une de ses collègues, une requin et au talent ravageur. Alors quand il se voit confier l’affaire VJ (Vernon James), il tait volontairement qu’il connaît bien le client : les deux étaient amis d’enfance, jusqu’à l’Université de Cambridge. Mais une sombre histoire de vol dont Vernon a accusé Terry a mis un terme définitif à cette longue amitié. Terry voit même une envie de vengeance.
On découvre ainsi dans des aller-retours l’histoire de cette amitié déchue, les personnalités complexes de Terry et de Vernon, et bien évidemment cette affaire, dont on n’arrive pas à savoir qui dit vrai. On est tiraillé par des nouveaux faits incessants qui viennent contredire et mettre à mal les propos de VJ, et son innocence.
Nick Stone déploie avec talent et malice une affaire dont les rebondissements sont multiples : on pourrait facilement une série tirée de cette histoire, avec plein de cliffhanger à chaque fin de chapitre, des histoires dans l’histoire, des personnages secondaires qui prennent une place essentielle (le détective privé, par exemple), de l’amour, de l’action,… C’est peu dire que j’ai été conquis par cette lecture. Un livre que je ne suis pas près d’oublier et dont je vais fortement conseiller la lecture.hier à 11:30 4
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Loch noir
8/10 Quand j’ai appris que Peter May allait donner une suite à sa fameuse Trilogie écossaise, « redonner vie » à son héro Fin Macleod, mon sang n’a fait qu’un tour. Il faut dire que j’avais adoré les trois tomes qui, outre des enquêtes subtiles, avaient montré une Ecosse à la nature sauvage, aussi attrayante qu’effroyable, aussi mystérieuse que sublime. L’auteur aime son Ecosse et sait le retranscrire dans ses romans et notamment avec un talent indéniable dans cette Trilogie. Car, il faut savoir que l’Ecossais avait délaissé la Chine pour mettre en lumière sa terre natale, l’Ile de Lewis, dans cette série. Une belle découverte pour le lecteur.
Mais, il aura fallu 15 ans pour que Peter May remette en toile de fond de ses livres la richesse et la beauté sauvage de l’Ile de Lewis. 15 ans, c’est une durée qui nous aurait fait oublier les détails des 3 tomes de la série. Mais cela n’affecte en rien la lecture de ce Loch noir. C’est donc avec empressement que j’ai ouvert ce livre et commencé cette histoire. Mais est-ce que j’attendais trop de cette suite, ou bien Peter May est en baisse d’inspiration, j’ai trouvé ce Loch noir fade par rapport aux précédents livres.
Pourtant tout démarrait sur les chapeaux de roue, et, la tension et le suspense se présentaient à merveille. Fionnlagh, le fils de Fin Macleod et de Marsaili, est accusé du meurtre de Caitlin Black. Lui devenu professeur avait une liaison extra-conjugale avec cette jeune de 12 ans sa cadette. C’est l’effroi pour Fin et Marsaili, qui décident de quitter Glasgow pour aller sur place, sur l’Ile de Lewis.
Fin, ayant quitté la police, souhaite, face au mutisme de son fils, faire la lumière sur cette affaire. A cette occasion, il rencontrera différentes personnes de sa jeunesse. Par flashback, on découvre l’histoire passée de Fin et de Marsaili. Si cela est intéressant, cela nuit à l’enquête qui ainsi semble mise en parenthèse jusqu’au dernier quart du livre. Toutefois, j’aurais appris les dérives écologiques de l’élevage industriel du saumon écossais ainsi que l’échouage malheureux des baleines sur les plages de l’île.
Mais est-ce que j’attendais trop de cette suite, ou bien Peter May est en baisse d’inspiration ? Je dirais plutôt que l’effet de surprise du talent de l’auteur et de la beauté de l’Ile de Lewis ne jouent plus et que le lecteur amateur de l’œuvre de l’Ecossais voulait pour ce retour fracassant, un livre exceptionnel. Je n’aurais eu "qu’un" très bon livre.avant hier à 11:20 2
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Celui qui sait
9/10 Conquis par son précédent (et premier) livre, Dans les eaux du Grand Nord, je voulais savoir s’il s’agissait là d’un (magnifique) coup de chance du débutant, apprenti auteur, ou la découverte d’un auteur talentueux.
Celui qui sait met en scène principalement deux hommes : un policier torturé, James O'Connor, chassé de la police irlandaise pour cause d’alcoolisme. Il a été « muté » à Manchester afin de traquer les Fenians, ces « terroristes » pour certains, ces « héros » pour d’autres, qui veulent déstabiliser par les armes et la force l’envahisseur anglais. L’autre figure principale de ce livre est Stephen Doyle. Ancien soldat de la Guerre de Sécession, il est revenu au pays et ne souhaite qu’une chose : venger les 3 militants irlandais pendus pour avoir tué un policier.
James O’Connor est hanté : il a perdu sa femme, morte de maladie, et son fils, décédé encore bébé. Il s’était réfugié dans l’alcool, ce qui lui a coûté son poste en Irlande. Sobre depuis son arrivée à Manchester, il n’a que ce simple objectif : celui de traquer ceux qui veulent remettre en cause l’ordre établi. Peu importe qu’il s’agisse de compatriotes irlandais. Son rôle de policier lui tient à cœur. Il n’hésite pas à soudoyer des informateurs : il veut tout savoir et être « celui qui sait ».
Et pourtant, O’Connor va voir sa vie perturbée. Il va se sentir responsable de la mort de ses informateurs, due à une négligence de sa part. D’autant qu’il semble avoir des sentiments envers la sœur d’une des victimes. Amour ou culpabilité ? Une déchirure pour O’Connor. Et quand son neveu débarque de New-York et se voit devenir l’appât idéal pour traquer Doyle, O’Connor va être encore plus contrarié.
Car pour Doyle, toute fin justifie les moyens. Et dans cette lutte, il sait qu’il faut faire parler la poudre, et seulement la poudre. Car, le silence doit être roi, notamment pour les membres de cette Fraternité. Et Doyle n’hésitera pas à tuer pour assurer la réussite des attentats envisagés. Car l’honneur doit primer.
Ian McGuire a confirmé, avec Celui qui sait, tout le talent découvert avec son précédent livre. Le lecteur ressent bien la tension dans ce Manchester de 1867 entre les Fenians et les autorités anglaises. Conspiration, trahison, enquête, chasse à l’homme côtoient l’odeur de la bière des tavernes et des peaux tannées des usines. Ian McGuire plonge le lecteur dans cette ambiance noire et sombre. Mention spéciale pour ces deux personnages et notamment pour ces passages où l’écrivain décrit avec merveille cette plongée d’O’Connor dans ses turpitudes sombres et ses anciens démons.11/08/2025 à 16:10 2
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Rupture
9/10 En cette fin d’année scolaire, Samuel Szajkowski, professeur d’histoire dans un collège anglais, a tué par balles, lors d’une réunion dans le gymnase, trois élèves et un collègue avant de retourner l’arme contre lui.
L’enquête menée par la police semble pliée et ne permet aucun doute : le tueur est bien identifié.
Et pourtant, l’inspectrice Lucia May, avant de rendre à son supérieur le rapport permettant de clôturer cette affaire, a besoin de comprendre cet acte terrible et effroyable. Elle va donc, à l’encontre de sa hiérarchie, rechercher le témoignage de différents témoins de ce drame.
Le lecteur lit, au rythme des chapitres successifs, ces comptes-rendus des témoins : élèves, collègues, parents, directeur du collège et sa secrétaire. A fur et à mesure, on découvre la chronologie de l’événement, les raisons de cette boucherie. Lucia May arrivera à percer le mystère du drame qui mettra en avant les responsables, une vérité que l’on étouffera…
Rupture fait froid dans le dos, car on est confronté à une explication dérangeante. Ces meurtres ne devaient pas avoir plus d’explications : les faits étaient là, le meurtrier identifié. Mais, voilà, ce livre nous fait comprendre que l’humain est complexe. Qu’à l’origine il y avait plusieurs facteurs, et que la raison de cet acte est encore plus terrifiante… Un livre qui interroge, questionne et qui remue le lecteur. Un roman noir comme je les apprécie.
08/08/2025 à 12:12 6
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La Mare aux diams
9/10 Faisant route vers la Floride, un pétrolier croise le Freya, un voilier léger à la dérive, dont le port d’attache est basé à Porto Rico. Le Commandant de bord ne peut que constater que l’équipage du Freya a disparu depuis peu : le café dans la cabine de la cuisine est encore tiède. Mais que s’est-il passé ? Qu’est devenu l’équipage ?
Le Commandant ouvre le journal de bord et découvre, en même temps que le lecteur, le destin de Manning, qui a croisé le chemin d’une femme fatale, en la personne de Shannon Macaulay. Cette dernière avait recruté Manning, plongeur en mer, pour qu’il puisse récupérer 50.000 $ dans l’épave d’un avion échoué en plein cœur du Golfe du Mexique. Mais un gang s’en était pris à la belle et troublante Shannon. Il n’en a pas fallu plus à Manning pour sauver la belle. Mais il ne savait pas dans quel guêpier il avait mis les pieds…
La mare aux diams constitue, à mes yeux, un livre incontournable de l’œuvre de l’auteur américain. Charles Williams déploie ici tout son art pour offrir cette histoire bien ficelée d’arnaque, comprenant l’incontournable blonde fatale et l’histoire d’amour qui va avec. Un livre qui mène, toutefois, le lecteur par le bout du nez et l’envoie vers un final très subtil et malicieux.
07/08/2025 à 13:36 3
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Le Gâteau mexicain
6/10 Jeune manouche, Nino raconte à sa cousine sa drôle de péripétie. Le sauvetage d’un nourrisson dont la mère a été tué, suite à des coups de feu, causant un accident de voiture dans lequel il est impliqué. S’ensuit une drôle de chasse à l’homme pour capturer Nino, accusé d’enlèvement d’enfant.
Pendant ce temps-là, Arthur Padovani, policier au 36 Quai des Orfèvres, pesant près de 150 kg, monstre adipeux, a pour mission de sauver des filles vouées à la prostitution.
Dans cette histoire, tout va se télescoper, dans ce roman nébuleux. Je n’ai pas trop compris où l’auteur, dont j’ai beaucoup aimé l’œuvre jusque-là, voulait emmener son lecteur. Certes, le ton est drôle, satirique mais l’histoire s’enlise et le lecteur que je suis, au final, était content de le refermer pour vite l’oublier.
06/08/2025 à 16:33
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Blood & Sugar
7/10 C’est une véritable et prenante plongée dans l’histoire de la « traite négrière » dans Londres du XVIIIème siècle que nous propose l’autrice Laura Sheperd-Robinson avec son Blood Sugar.
Le volet historique, le contexte social, la description précise de Londres dans l’époque pré-victorienne m’ont transporté et fait voyager par procuration. L’économie esclavagiste et ses enjeux financiers et politiques furent une découverte pour ma part et m’ont beaucoup intéressé. Ce fut moins le cas avec l’intrigue qui, si elle démarre bien, prend, malheureusement quelques longueurs.
Les personnages sont bien développés et l’écriture immersive rendent ce livre intéressant, mais il aurait pu être plus attachant si l’enquête ne s’était pas étalée en quelques dizaines de pages inutiles.
06/08/2025 à 12:18 2
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La Vie en rose
8/10 Suite (même s’il s’agit de deux histoires indépendantes) des aventures décalées de la famille Mabille-Pons.
Dans cet épisode, et comme le suggère le titre, c’est Rose, la fille aînée que l’on va suivre, et par son récit que l’on va découvrir cette tranche de vie loufoque, il va sans dire. Charles et Adélaïde, les parents, partent en voyage en Polynésie : Charles ayant encore échoué au concours de notaire, ils décident de partir s’oxygéner l’esprit loin de leur ville de Tournon.
Du coup, Rose se voit confier la responsabilité de toute la fratrie. Entre cambriolage du salon de coiffure où elle est chargée du développement culturel des habituées du bigoudi, son test positif de grossesse et tous les questionnements qui vont avec, les rencontres profs qui tournent en bras de fer de répliques barrées, Rose n’a pas vraiment le temps de chômer. D’autant plus que des meurtres dans le lycée où sa sœur Camille est scolarisée sont perpétrés. Elle se trouve même au cœur de l’enquête…menée par le petit ami et futur père de l’enfant…le lieutenant Personne.
Vous l’aurez compris, on ne s’ennuie pas une seule seconde. Marin Ledun propose un roman très rock n’roll rythmé bourré de références littéraires (mention spéciale pour Harry Crews) et musicaux (hard !!!). Les réflexions cyniques de Rose prêtent à sourire. Un roman frais qui prête à sourire.05/08/2025 à 12:33 3
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Le Der des ders
8/10 Après la Guerre, René Griffon s’est converti en détective privé. Il faut dire qu’un an après l’armistice du 11 Novembre, on dénombre encore des centaines d’anciens combattants non identifiés. Une aubaine pour Griffon : il n’y a qu’à frapper aux portes avec les photos des amnésiques pour avoir de l’argent facile.
Mais c’est sur une affaire de chantage que Griffon va enquêter quand le colonel Fantin de Larsaudière va solliciter ses services. Ce commandant du régiment le plus valeureux de France, ayant défilé en tête de toutes les armées le 11 novembre 1918, ne peut se permettre et se reprocher le moindre écart. Or, sa femme le trompe ouvertement et un maître chanteur y a vu un filon. Mais le colonel ne souhaite pas se faire extorquer de la sorte.
Dans sa quête de l’identité du mécréant, Griffon va découvrir la lâcheté humaine et le lecteur que je suis, apprendre quelques faits méconnus de la Première guerre mondiale : le trafic du surstock laissé par l’Armée étasunienne, la mutinerie des troupes russes à La Courtine (en Creuse) en septembre 1917.
Un livre réussi qui allie polar et histoire, au final inattendu mais bien emmené.04/08/2025 à 14:19 4
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Les Derniers Jours d'un homme
9/10 Avec un tel titre évocateur, on ne peut pas s’attendre à une partie de plaisir. Non, le livre de Pascal Dessaint est très sombre, triste et plonge le lecteur dans une page sombre de l’industrie sans état d’âme (pléonasme diront certains).
Roman choral, on suit l’histoire de Clément qui vient de perdre sa femme suite à une opération chirurgicale. Il nous raconte comment il doit élever sa fille, Judith, âgée seulement de 5 ans, dans un contexte économique assez désespérant. Il vient de quitter son emploi dans cette usine Europa, principal voire unique employeur de la région, qui fabrique du plomb. Dans le pays, tout le monde est plus ou moins contaminé, les adultes, comme les enfants. Et que faire ? Dénoncer cette catastrophe sanitaire et scier la branche sur laquelle on est assis ?
Clément est devenu élagueur pour le compte de Thomas. Et à l’image de sa vie, les saules ne se portent pas très bien et l’issue semble fatale.
Quelques années plus tard, Judith tente de comprendre le drame dont sa famille a été frappé, aidé par son oncle, qui a toujours été à côté de son père. Un devoir de mémoire comme pour se convaincre que les morts ne sont jamais vaines.
Drame familiale, roman social noir, Les Derniers jours d’un homme est sublimement écrit, jamais dans le voyeurisme ou le pathos, dans la retenue, mais surtout en hommage à ses hommes et femmes dont l’espoir est un combat de tous les jours. Un roman aussi désespérant qu’attachant.18/07/2025 à 10:02 4
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Je ne t'oublie pas
8/10 Marc Vasseur n’en démord pas. Près de deux mois que sa femme, Sandra, a disparu, et il est intimement persuadé qu’elle n’est pas partie de son plein gré. Si la police est convaincue qu’elle a quitté volontairement le foyer conjugal, c’est sur la foi d’un SMS de rupture. Mais Marc est certain que sa femme ne voulait pas le quitter. Il essaie de persuader les enquêteurs que Sandra ne signe jamais ses SMS par son prénom comme ce fut le cas avec ce dernier. Alors il est résolu à faire seul toute la lumière sur cette disparition, pour lui et sa fille, Lisa. Il a même engagé un privé, Paul Lombardier, ex-flic déchu.
Dans sa maison ultra-protégée à Bellevue Park, résidence moderne pour personnes riches, Marc, Lisa et son père, Robert, voient un nouvel espoir, un tweet comprenant une photo signée @ten3 représentant une jeune femme avec un bijou de Sandra. Qu’est-ce que cela veut dire ? Qui est ce mystérieux expéditeur ? Et qui est cette femme sur cette photo ?
Roman au rythme trépidant, rempli d’actions (on suit l’évolution de ce mystère heure par heure), Je ne t’oublie pas offre au lecteur un véritable page-turner. Toutefois, le thème ultra exploité de la disparition/enquête par un proche n’apporte pas ici de nouveauté ni d’originalité dans la résolution de l’histoire. Malgré tout, Je ne t’oublie pas constitue, pour un premier roman, une histoire palpitante et bien menée.18/07/2025 à 09:30 6
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Un Voisin trop discret
9/10 Jim est un homme solitaire et qui cultive sa solitude. Il aime sa tranquillité, et déteste la compagnie d’autres personnes, et de couleur on n’en parle même pas. De là à dire que Jim est misanthrope voire raciste il n’y aurait qu’un pas que le lecteur peut aisément franchir. Alors, dans ces conditions, quand on vit dans une petite résidence, le voisinage peut s’avérer compliquer et problématique.
Pourtant Jim se surprend à apprécier sa nouvelle voisine, Corinna. Envahissante, juste ce qu’il faut, parle beaucoup, mais ça fait une moyenne parce que lui est un taiseux, voire secret. Mais Jim, chauffeur Uber à 60 ans et Corina, jeune femme au foyer d’un militaire mobilisé en Afghanistan, semblent s’apprécier malgré tout… Il s’étonne à lui prêter 2 000 $ pour payer ses factures, son militaire de mari ayant dépensé son argent pour s’envoyer en l’air à Dubaï avec sa capitaine.
Pendant ce temps, un autre militaire, Kyle Boggs, s’achète une couverture en demandant à son amie de jeunesse, Madison, de l’épouser. Lui, homosexuel, sait que pour parvenir à devenir un futur illustre homme politique, il vaut mieux être marié et avoir un enfant. Madison a accepté de lui fournir tout ça.
Mais un fait militaire, une erreur de validation de cible, va faire éclater la vie et le destin de tout ce beau monde, comme l’adage « un battement d’aile de papillon peut engendrer un ouragan à l’autre bout de la Terre »…
Iain Levison avec Un voisin trop discret a accouché d’un livre jouissif et non dénué d’humour noir (mention spéciale pour la conclusion). Mais qui connaît l’auteur ne sera pas surpris de cette critique positive. Pour les autres, je ne peux que vous inviter à ouvrir un de ces livres. Et pourquoi ne pas commencer par celui-ci ?17/07/2025 à 12:31 1
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Dans son silence
8/10 L’effet de non-surprise ne m’a pas permis d’être admiratif de ce livre. Depuis le début, je ne comprenais pas le comportement d’un personnage. Mes questions se sont transformées en doute, et puis mes doutes en pressentiments, et enfin la conclusion a conforté mes suspicions.
Mais pour autant, j’ai vraiment apprécié ma lecture, car cette histoire est captivante. Jugée coupable du meurtre de son mari, Alicia Berenson est internée en hôpital psychiatrique. Elle reste muette et s’isole du monde extérieur. Jeune psychothérapeute, et subjugué par cette affaire, Theo Faber demande sa mutation dans cet hôpital afin de pouvoir soigner Alicia. Il va prendre ce cas clinique très à cœur et interroger son entourage pour mieux comprendre son histoire, sa vie…Pas facile pour Theo d’autant que sa vie sentimentale bat de l’aile. Le parfait amour, Kathy, semble avoir une vie sentimentale parallèle. Le lecteur suit Theo dans sa quête de la guérison d’Alicia et la vérité sur les relations extra-conjugales de sa femme. Mais il a la chance de suivre le journal intime d’Alicia qui permettra de coincer le coupable.
L’univers psychologique de l’intrigue m’a vraiment plu. Les analyses comportementales semblent bien maitrisées, et la dimension artistique d’Alicia également. Le seul reproche, c’est que si on applique l’analyse comportementale de certains personnages, on découvre la faille.
16/07/2025 à 09:51 5
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Norferville
8/10 Norferville (ou devrait-on l’appeler plutôt, Enferville ?, car là-bas,) c’est un autre monde au fin fond du Canada. Un territoire de glace coupé de tout où des Blancs et des autochtones essaient de cohabiter avec, entre eux, l’exploitation d’une gigantesque mine de fer.
Le corps sans vie d’une jeune femme y a été retrouvé dans un état effroyable. La police locale y voit l’acte d’un animal sauvage (un ours ou un loup). Le responsable de la police de Québec veut y envoyer Léonie. Cette policière aux origines innue, semble très indiquée pour parler aux autochtones et enquêter sur cette affaire. Mais ce que le supérieur ne sait pas, c’est que Léonie est métisse. Elle est traitée de « pomme » (rouge à l’extérieur mais blanc à l’intérieur), une insulte pour les Innues ; et que plus jeune, elle a été agressée sexuellement avec sa copine Maya, par des hommes masqués dont elle soupçonne le chef de la police d’être parmi eux. Le contexte est très lourd et froid en plus du climat extrême. Son retour est donc très mal vu.
Léonie voit arriver le père de la jeune femme morte, en la personne de Teddy Schaffran, expert en criminologie de Lyon. Ce duo va mener cette enquête qui semble difficile : l’ombre du windigo (créature dévoreuse d'hommes vivant dans les forêts issue de la tradition des peuples originels nord-américains) plane dans cette enquête ; le puissant groupe métallurgique voit d’un sale œil cette enquête ; et les relations entre les Blancs et les Innues sont plus que tendues… Parallèlement, Léonie aimerait venger le viol subi 20 auparavant et prendre part au mouvement qui dénonce le sort des femmes autochtones violentées, assassinées ou disparues de cette région depuis de nombreuses années.
Polar dans un univers hostile, où l’ambiance et le rythme prévalent sur le fond. Un livre qui se lit à 100 à l’heure, où les personnages attachants nous racontent leur drame. Loin de l’univers grandiloquent que Thilliez sait nous procurer mais plus réaliste et d’autant plus glaçant.11/07/2025 à 10:43 4
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Incendie nocturne
8/10 Michael Connelly est un auteur prolifique. Tous les ans, le lecteur a droit à une parution de l’auteur américain. Et dans la mesure où ce dernier a multiplié ses personnages principaux (Harry Bosch étant le seul pendant de nombreuses années, puis l’apparition de son frère avocat, Mickey Haller, ensuite, son alter-ego féminin, en la personne de Renée Ballard, sans oublier Jack McEvoy, le journaliste investigateur) les polars de Connelly sont riches et variés. Et toujours aussi prenants.
Avec Incendies nocturnes, j’ai pris, encore une fois, plaisir à suivre l’ensemble des enquêtes qu’Harry Bosch et Renée Ballard mènent, soit chacun de leur côté, soit ensemble. Suite au décès d’un mentor de Bosch, John Jack Thompson, le pseudo-retraité du LAPD va reprendre un cold-case : le meurtre d’un jeune dans une ruelle. Sous fond de trafic de drogue, Bosch va devoir reprendre tout le dossier, aidée par Renée Ballard. Cette dernière, inspectrice de nuit, va devoir mettre tous ses efforts pour pouvoir garder l’enquête sur la mort d’un jeune SDF dans sa tente incendiée. Et Bosch aura à cœur de trouver le véritable coupable du meurtre du juge Montgomery, après avoir aidé son frère à innocenter l’accusé, et en s’étant mis à dos, ses anciens collègues, le voyant de l’autre côté de la barrière.
On retrouve Bosch et Ballard dans une multitude d’enquêtes toutes aussi prenantes. Le livre alterne la vision des deux protagonistes ce qui rythme énormément ce livre. Aucun ennui : j’ai eu envie de tourner très vite les pages, signe que le talent de conteur n’a pas pris une ride, contrairement à Bosch, qui souffre d’un genou et a découvert un grave problème de santé, ce qui le fait penser à son avenir… Une touche de sensibilité dans les personnages qui les rendent encore plus attachants. Les enquêtes si elles ne sont pas extraordinaires, font montre d’une réalité sans fard de la vie d’un Département de police. On a là un très bon cru de Michael Connelly.09/07/2025 à 13:17 1
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Deux gouttes d'eau
6/10 Elodie a été froidement assassinée, décapitée même. Pour le commissaire Laforge et son équipe, en charge de l’enquête, le meurtrier est de suite trouvé. Filmé par la vidéo-surveillance, Antoine Deloye, le fiancé de la victime, se débarrasse de l’arme du crime dans la bouche d’égout en bas de l’immeuble.
Placé en garde à vue, Antoine nie en bloc ces accusations. Il a même un alibi. Et il désigne son frère, Franck, comme le vrai coupable. D’ailleurs, ce dernier, inquiet, vient spontanément prendre des nouvelles de son frère. Quand Laforge accueille Franck au commissariat, il n’en croit pas ses yeux. Les deux frères se ressemble comme deux gouttes d’eau. Rien ne permet de les distinguer, pas même leur empreinte digitale, car ils s’en sont dépourvus à cause d’une maladie rare, l’adermatoglyphie.
Pour Laforge, ce commissaire aux talents reconnus et appréciés, s’engage un véritable et dur bras de fer avec Antoine. Huis-clos psychologique, manipulations, mensonges, on suit cette enquête en se demandant comment la vérité va pouvoir être mise au jour.
Un scénario machiavélique, bien ficelé, mais, encore une fois avec Jacques Expert, une fin pas crédible pour ma part et surtout un personnage, ce commissaire, sensé être un fin limier et qui commet bourde sur bourde et bâcle cette garde à vue.01/07/2025 à 09:43 3
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Temps noirs
8/10 Deux ans après l’enquête sur le meurtre d’une métisse afro-américaine, les deux agents Lucius Boggs et Tommy Smith se retrouvent à résoudre une affaire de trafic d’alcool qui a mal tourné. Et qui dit trafic d’alcool à Atlanta, la corruption de policiers blancs n’est pas loin. De quoi attiser la tension entre policiers blancs et policiers noirs. Depuis deux ans, le quota de policiers noirs a augmenté, comme leur secteur d’intervention et leurs armes. Ce qui met en colère la frange blanche, c’est aussi la population afro-américaine qui, faute de logements salubres, achètent des habitations dans les quartiers « réservées aux blancs ».
C’est dans ce contexte de tension raciale que se déroule Temps Noirs, le deuxième tome de la série Darktown. Lynchage, règlements de comptes du KKK, protection des territoires de trafics,… les protagonistes vont voir leur moralité et leurs principes être mis à rude épreuve. Car, Dennis Rakestraw, Lucius Boggs et Tommy Smith vont comprendre qu’il faut parfois fermer les yeux pour le bien de leurs proches. Car, ici, tout le monde n’est pas irréprochable…
Temps noirs poursuit formidablement le triptyque Darktown. Thomas Mullen sait immiscer son lecteur dans cette Amérique divisée et au tournant d’une page importante de son histoire sociétale. Sans alourdir son intrigue, l’auteur apporte des éléments historiques et politiques qui instruisent aussi bien qu’ils divertissent.30/06/2025 à 17:00 5
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Les Morts de la Saint-Jean
9/10 Terribles et effroyables enquêtes auxquelles est confronté Kurt Wallander. Le policier d’Ystad se trouve complétement impuissant face au meurtre de son collègue, Svedberg, et à la découverte des corps de 3 jeunes dans la réserve naturelle. La mise en scène du meurtrier à cacher et à redécouvrir les corps et les secrets sur son collègue vont déboussoler Wallander.
J’ai trouvé dans ce livre, que je relis pour l’occasion, Wallander plus humain et plus sensible. Ces enquêtes le confrontent à des interrogations sur son métier de policier, et (thème récurrent de l’auteur) sur la dérive de la société suédoise. Il va être amené à reconnaître sa faiblesse : tout d’abord, sa santé se décline ; et puis il va constater son impuissance à découvrir l’identité du meurtrier. Alors que la certitude se dessine sur le fait qu’une seule et même personne a tué les 3 jeunes et Svedberg, ce meurtrier prend toujours une longueur d’avance sur les policiers. Wallander est dépassé. Mélancolique, il reconnaît que la vie se déroule, regrette la dérive de la société et ne prend pas le temps de savourer les bons moments. Il profitera, à la fin de l’enquête, de quelques jours de repos, passés à l’extrémité de la Suède, pour faire le point sur lui et apprécier la beauté des éléments.
Avec cette enquête assez hallucinante, le style d’écriture de Mankell, à la fois profonde et sensible, le personnage troublé et émouvant de Wallander, Les Morts de la Saint-Jean fait, pour moi, partie des meilleurs livres de la série. Un must.
27/06/2025 à 09:29 4
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Cat 215
7/10 Les affaires ne marchent pas trop pour Marc et son garage. Ce mécanicien voit ainsi d’un bon œil la proposition de travail de son ancien patron. 15 jours de travail pour un bon salaire. De quoi payer les dernières factures et acheter du bois de chauffage pour le prochain hiver.
Passeport en poche, Marc s’envole pour la Guyane où l’accueille froidement son boss. Il lui annonce en détail sa mission avant de le laisser se débrouiller seul. Il doit effectuer le changement du moteur de caterpillar 215 : une pelle sur chenilles coincée en pleine forêt amazonienne. Le hic dans cette histoire pour Marc, ce n’est pas tant que tout cela soit liée à un trafic d’or, mais que le chauffeur du cat 215 soit un ex de la Légion complétement barge, parano et alcoolo : Joseph. Mission périlleuse d’autant que Jo n’est pas seul au camp. Alfonso, jeune Brésilien, est un chasseur hors-pair. Entre les trois protagonistes s’installe une troublante tension, entre confiance obligée et méfiance nécessaire.
Une nouvelle d’Antonin Varennes qui se lit très facilement et met très bien en avant la montée de la tension entre les 3 hommes. Un suspense sous tension où la folie humaine est bien dépeinte, toutefois gâchée par une fin décevante.23/06/2025 à 13:31 3
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Darktown
9/10 La ville d’Atlanta s’est dotée de policiers noirs. Mais ces derniers n’ont pour périmètre d’intervention que les quartiers noirs, les « Darktown », et ne peuvent que régler le désordre public avec comme seul équipement, leur matraque. Et bien évidemment, leurs bureaux sont éloignés de l’hôtel de police.
Même si, en 1948, cela représente une immense avancée dans la lutte contre la ségrégation raciale, le racisme, encore plus dans le corps des policiers de cet Etat américain du sud, est omniprésent. Pour les 7 policiers noirs incorporés, c’est une lutte quotidienne pour, au mieux ne pas être viré, au pire ne pas être tué, par ses propres « collègues ».
C’est dans cette atmosphère sous tension que Lucius Boggs et Tommy Smith patrouillent à pied et constate un accident de la route : une voiture conduite par un blanc ayant encastré un candélabre. Cet homme tabassant une jeune femme noire, les deux comparses appellent leurs homologues blancs, habilités à interroger l’homme. Arrivent Dunlow et Rakestraw dont le premier laisse filer, le conducteur, ancien collègue viré de la police suite à des trafics et corruptions.
Si Boggs et Smith sont surpris, ils seront en colère quand ils découvriront le corps sans vie, le lendemain, de la jeune fille noire. Boggs aura à cœur de mener, officieusement, l’enquête pour découvrir le coupable.
J’ai vraiment beaucoup apprécié ce Darktown, et sa présentation historique de l’intégration de policiers noirs dans la police américaine. Thomas Mullen nous dépeint avec talent les tensions raciales, le contexte social et historique de ces événements sociétaux. Et que dire des personnages principaux, certes un peu caricaturaux, mais tellement attachants. L’écriture fluide et précise a fait de ma lecture un vrai plaisir : j’ai dévoré cette histoire.
20/06/2025 à 11:25 4