La Voix secrète

14 votes

  • 8/10 Faire de Lacenaire, figure naturellement haute en couleurs, l’un des personnages principaux de la Voix secrète, est également une belle idée, dont Mention exploite la verve, la culture et l’élégance, sans dissimuler sa folie criminelle pour autant. Les autres acteurs du roman, qu’ils soient réels ou fictifs, sont à la hauteur de cette démesure.
    Pour le reste, Michaël Mention mène son récit tambour battant, s’amuse à l’occasion avec la forme du texte (voir l’enchaînement choc entre la fin du prologue et le premier chapitre !), restitue parfaitement l’atmosphère du Paris d’alors, et tient bon la barre du suspense sans jamais faillir. Petit bonus mais non des moindres, il tisse régulièrement quelques liens discrets avec notre époque, un art de la mise en perspective qui donne toujours une intelligence et une profondeur bienvenues aux romans historiques.
    Comme quoi, il est possible, dans ce genre codifié et toujours menacé de paraître poussiéreux ou empesé, d'être furieusement moderne.

    04/06/2021 à 12:09 Dodger (470 votes, 7.7/10 de moyenne) 6

  • 7/10 Il faut bien reconnaître que Michael Mention a un talent de conteur incroyable. Tout d’abord, il a l’art de choisir des sujets où (presque) personne (en tant qu’auteur de polar) n’est allé. Monarchie de Juillet. Un « tueur en série » d’enfants, Pierre-François Lacenaire, est emprisonné à la Conciergerie. Des crimes similaires sont commis en copiant Larcenaire. L’enquête est menée par Pierre Allard, lieutenant de Vidocq.

    Et on suit de manière alternative la vie de Lacenaire, via ses Mémoires, l’enquête et la découverte de ce Paris en 1835. C’est addictif. Mais c’est tellement court qu’on peut en sortir frustré. Je parle bien évidemment du livre. Et ce fut mon cas.
    Avec son deuxième polar, Michael Mention laisse entrevoir tout le succès (critique du moins) qui l’attend au fil de son œuvre. La preuve d’un auteur talentueux.

    14/03/2021 à 20:09 JohnSteed (544 votes, 7.7/10 de moyenne) 7

  • 8/10 Points positifs :

    - En premier lieu, l'écriture. Dès les premières pages, on sait que l'on a à faire à un dentelier. L'auteur tricote ses phrases avec soin, raffinement.
    - Les dialogues (je me répète, mais c'est l'exercice le plus compliqué, je trouve). Savoureux. Truculence des réparties, ces joutes/saillies verbales entre les personnages, faites d'ironie, d'esprit, de cynisme sont exquises. Des "punchlines" à la sauce 19ème siècle.
    - Les personnages. Bien brossés en quelques lignes.
    - Les clins d'oeil aux copains (qui se reconnaitront). Quitte à les dessouder.
    - Très bonne alternance entre l'intrigue et le contexte historique (ce dernier est léger, jamais assommant). Un bonne équilibre est respecté.

    Points négatifs :
    - Bah, j'ai beaucoup phosphoré, mais je ne vois rien qui m'est véritablement freiné dans ma lecture rapide (en un jour et demi).
    - Pour pinailler, je dirais que j'aurais aimé que "ce jeu d'échecs" entre Allard et Lacenaire soit plus pervers (j'ignore si c'était le but de Michael Mention, mais l'assassin m'est apparu presque plus sympathique que certains membres de la police - Canler - !), bref que la manipulation soit plus pregnante (à la manière d'un Hannibal Lecteur et Clarice Starling, oui, ça peut surprendre, mais j'ai beaucoup pensé "Au silence des agneaux" de par cette collaboration forcée et malsaine). Ici, l'amitié et le respect mutuels prend (trop ?) le pas sur l'affrontement auquel je m'attendais (mais, peut-être ai-je été influencé par la 4ème de couverture).
    - Le passage chez Vertige. Trop court. Dommage.
    - La crasse, les odeurs, bref la plongée dans cette misère aurait mérité (peut-être ?) une immersion plus profonde (mais bon, j'avais encore celle "du Parfum" de Sunskind, donc je plaide coupable !).

    Mais voilà, je pinaille pour pinailler

    Chapeau bas, monsieur !

    31/03/2018 à 10:52 schamak (103 votes, 6.1/10 de moyenne) 8

  • 7/10 Dans la catégorie polar historique, Michael Mention fait entendre sa voix, et nous prouve que son talent sait s'affranchir, comme à chaque fois, des codes du genre... Sans renier son style si caractéristique, il relate les faits au passé recomposé, ressuscitant les odeurs, les sons et les couleurs d'une époque séditieuse et tourmentée... On traverse cette parenthèse historique comme son personnage principal, anti-héros patenté : l'esprit embrumé par l'effervescence de son intrigue, flatté d'un intérêt sincère qui ne se prolongera malheureusement pas au-delà des dernières pages...

    22/03/2018 à 16:35 jackbauer (694 votes, 7.2/10 de moyenne) 8

  • 10/10 Bluffant!
    Même en sachant que c'est une version réactualisée du texte original de 2011 je suis vraiment bluffé par tant de maitrise.
    Lacenaire est la pierre angulaire du récit. Un tueur d'enfants s'inspire de ses crimes et Allard,le chef de la Sûreté, le sollicite pour retrouver le coupable.
    Jusque là,vu comme ça, que du très classique pour une intrigue policière néanmoins très solide. Mais là où le récit prend toute son ampleur c'est que Lacenaire, emprisonné à la Conciergerie, "s'évade" et refait le monde en écrivant ses mémoires.
    Des mémoires qui sonnent comme l'oraison funèbre d'un monde et d'une société en pleine déliquescence .
    La Monarchie de Juillet de Louis-Philippe, et de Thiers , abat et impose sa patte réformatrice sur une population toujours plus pauvre,toujours plus nombreuse.L'industrie connait un essor considérable et déjà le prolétariat coûte trop cher pour ceux qui ont le pouvoir et les cordons de la bourse.On chasse les Républicains,on censure la presse, on emprisonne les leaders d'opinions opposées, l'Anarchie et le Nihilisme explosent et on laisse mourir des enfants.Et pas seulement de la main du tueur.
    Lacenaire,tout en ambiguïté, à la fois vrai criminel et épris de liberté et de justice sociale (du moins il reconnait la nécessité de changements sociaux) devine un avenir qui aurait pu basculé en 1871.
    Mais Thiers sera là une nouvelle fois.
    Pour que tout se termine à nouveau dans le sang

    07/03/2017 à 17:50 Fab (792 votes, 8/10 de moyenne) 8

  • 8/10 On sent déjà la patte Mention dans ce polar historique. L'écriture résolument moderne de l'auteur s'accorde très bien avec ce récit basé au XIXème. Des personnages qui doutent, un tueur effroyable, le tout dans un contexte de terreur, de violence dans un Paris où la pestilence, la crasse et la débauche règnent.

    28/01/2017 à 17:41 scarabe (378 votes, 7.7/10 de moyenne) 9

  • 8/10 Michaël Mention a réussi à déployer une intrigue vraiment originale qui fait de La voix secrète bien davantage que juste un retour vers l’Histoire. C’est prenant, violent, lyrique, engagé et immersif.

    09/01/2017 à 06:48 Gruz (299 votes, 7.8/10 de moyenne) 6

  • 8/10 Dans la France du « roi-bourgeois », Louis-Philippe, et sous le joug du ministre de l’intérieur sanguinaire Adolphe Thiers, une recherche effrénée d’un tueur en série d’enfants débouchera sur des associations, des amitiés baroques.

    28/12/2016 à 12:00 chouchou (595 votes, 7.6/10 de moyenne) 7

  • 9/10 La voix secrète de Michael Mention a été l'opportunité pour moi de découvrir cet auteur qui monte , et qui fait de plus en plus parler de lui.

    Dans ce petit polar , l'auteur nous plonge dans le Paris du 18éme siècle. Un assassin sévit et assassine avec une cruauté sans égale en reproduisant les crimes du célèbre Lacenaire , emprisonné à la Conciergerie. Désireux d'arrêter le coupable , Allard , policier et ami de Lacenaire , va être contraint de repousser toutes les limites pour retrouver le coupable. A qui faire confiance ?

    Ce qui frappe dans ce roman au-delà de l'enquête policière , est l'atmosphère. Bien documenté et précis dans ces descriptions , l'auteur nous entraîne littéralement dans le quartier des Halles de Paris. On peut presque sentir les effluves des commerces ,et s'imaginer parcourir ces rues étriquées, sur la piste du meurtrier. L'écriture très fine de Michael Mention rend cette époque palpable et vivante.

    Le deuxième élément frappant est la capacité des personnages à se rendre sympathique. Même Lacenaire, meurtrier sanguinaire et détestable se montre tour à tour prévenant, sympathique , cajoleur , manipulateur, effrayant, peut-on le croire et lui faire confiance ?

    Et bien sur l'intrigue est à l'image de la ville, labyrinthique, sombre et brumeuse , mais qui sait de la brume apparaitra sans doute la lumière. A vous de découvrir, ce bon polar sur fond d'histoire de France .

    19/12/2016 à 10:16 alex1783 (39 votes, 7.7/10 de moyenne) 6

  • 8/10 Il s’agit d’une réédition d’un roman de 2011, qui se passe en hiver 1835-1836, aux derniers jours de Pierre-François Lacenaire, célèbre assassin en attente de guillotine. Alors qu’un meurtrier en série s’inspire de son mode opératoire, le tueur-dandy va aider son ami chef de la sureté à démasquer et arrêter ce plagiat. On est bien sûr loin de la police scientifique, de l’ADN et des empreintes digitales, pour entrer dans cette police au goût suranné et aux procédures douteuses. Au-delà de cette enquête très documentée, comme tous les livres de cet auteur, c’est une fresque sociologique de Paris sous Louis-Philippe qui nous est exposée, le travail des enfants et les lieux de débauche de la bourgeoisie notamment, ainsi qu’une chronique sur les attentats contre le Roi. Parallèlement le lecteur découvre au hasard de son écriture, les mémoires de Lacenaire et ses motivations quasi suicidaires. Pour ceux qui aiment l’histoire, c’est aussi une plongée dans le quartier des halles qui n’est pas sans rappeler « le ventre de Paris » de Zola, en plus court néanmoins car c’est un roman qui accuse moins de 200 pages (malheureusement), mais la plume de Michaël Mention est affutée comme j’aime.

    14/12/2016 à 16:33 Dany33 (535 votes, 8/10 de moyenne) 8

  • 7/10 Michaël Mention choisit un sujet (Lacenaire) et une époque (la Monarchie de Juillet) pour en faire un thriller atypique et immersif.
    Le style est (déjà) reconnaissable et fait de ce polar historique un roman résolument moderne. Le croisement entre réalité (avec notamment les citations de passages des textes de Lacenaire) et fiction est réussi. A découvrir.

    23/12/2015 à 20:25 LeJugeW (1766 votes, 7.3/10 de moyenne) 7

  • 8/10 Un bon moment de lecture aux côtés de Lacenaire, tueur énigmatique et fascinant, sidéré par son époque. Condamné à la guillotine en janvier 1836, du fond de sa cellule il mènera "son enquête", un tueur d'enfants terrorise les rues de Paris, avec le soutien de son ami et chef de la Sûreté, il rédigera également ses Mémoires. L'auteur mélange à merveille fiction et réalité, le résultat est brillant. (Dommage que le rock n'existait pas encore, la petite touche musicale manque ici !)

    09/09/2014 à 20:24 Emil (455 votes, 7.3/10 de moyenne) 8

  • 8/10 Au milieu des années 1830, le criminel Pierre-François Lacenaire attend son exécution dans son cachot. Il profite du temps qui lui reste pour achever ses mémoires et ainsi envoyer ses ultimes crachats à la face de la société. Dans le même temps, des enfants sont agressés et décapités, et l'on retrouve dans Paris les morceaux de leurs dépouilles. En ces temps politiquement troublés, un policier décide qu'inviter Lacenaire à participer à l'enquête peut être un bon moyen de démasquer le tueur en série, d'autant que ce dernier semble s'inspirer des méfaits de Lacenaire...

    Les Éditions du Fantascope publient deux romans de Michaël Mention à la même date, Maison fondée en 1959 et cette Voix secrète. Dans ce dernier ouvrage, captivant, le lecteur se passionne rapidement pour les deux histoires qui s'enchevêtrent : celle de Pierre-François Lacenaire, assassin honni, qui voue une haine profonde à la société qui l'a vu naître, et celle concernant le mystérieux « Coupeur de têtes ». La langue de l'auteur est admirable, subtil mélange de poésie et d'un naturalisme assourdissant. Les lieux et ambiances sont parfaitement retranscrits, avec cette capitale aux parfums méphitiques, traversée de conflits politiques et fourmillant de mille maux, à tel point que sa population ressemble parfois à une faune. Le roman est bien court – à peine plus de deux cents pages – et se lit à la fois facilement et rapidement. Malgré le caractère subversif de Lacenaire, le lecteur finit presque par ressentir pour lui de la sympathie – ou tout du moins à ne pas l'exécrer comme le laissaient pourtant augurer ses forfaits de sang. Parallèlement, l'enquête policière est brillamment menée, et permet d'explorer une étonnante galerie de personnages, depuis les écorcheurs qui sillonnent la ville jusqu'aux policiers en passant par les autres protagonistes, la plupart issus des couches populaires. Les meurtres se multiplient, les fausses pistes également, et il faut attendre l'avant-dernier chapitre pour comprendre les motivations profondes de ces ruisseaux de sang. Indéniablement, Michaël Mention dispose d'un talent rare de conteur ; en plus d'avoir bâti une intrigue adroite, il sait fixer un physique, un lieu, une atmosphère, avec une économie de mots judicieusement choisis.

    Ce polar historique au climat ténébreux est un véritable régal. À la fois sulfureux et distrayant, bien documenté et fictif, diabolique et réjouissant, il scelle de manière indiscutable l'entrée dans l'univers de la littérature policière d’un auteur de talent qui est reçu... avec mention.

    31/08/2011 à 13:13 El Marco (3180 votes, 7.2/10 de moyenne) 7

  • 8/10 Si vous aimez les thrillers historiques, comme ceux de Maxime Chattam (Léviatemps & Le Requiem des abysses), Jean-Luc Bizien (Les enquêtes de Simon Bloomberg), Jed Rubenfeld (L'Origine du silence) ou Louis Bayard (La Tour noire), vous allez vous régaler avec ce roman court, noir et sa petite pincée d'humour. Il met en scène Pierre François Lacenaire et Pierre Allard, lieutenant de Vidocq et nous plonge dans le contexte politique et social de l'époque. "Le philosophe Michel Foucault considérait que la notoriété de Lacenaire chez les Parisiens marquait la naissance d'un nouveau genre de bandit adulé, le criminel romantique bourgeois." À lire !

    30/08/2011 à 11:19 Fredo (1149 votes, 7.9/10 de moyenne) 5