JohnSteed

545 votes

  • Alabama 1963

    Ludovic Manchette, Christian Niemiec

    8/10 Bud, détective bougon et alcoolique au grand cœur, enquête sur le meurtre de jeunes filles noires, à la demande des familles et sur la pression de sa femme de manage afro-américaine, Adela. Car dans ce pays à cette époque, la police n’a cure de l’assassinat des personnes qui n’ont pas une peau blanche.

    Roman bluffant tant le sujet de la ségrégation est maitrisé et la tension sociale sous-jacente comme l’ambiance magnifiquement retranscrites ici. Mais c’est ce couple improbable Bud et Adela, formant un duo de détectives aussi perspicace, que complémentaire et attachant qui m’a le plus séduit.

    17/08/2022 à 13:53 10

  • America[s]

    Ludovic Manchette, Christian Niemiec

    8/10 Parce que, du haut de ses 13 ans et demi, elle n’est plus en phase avec ses parents, Amy décide de traverser les Etats-Unis et de rejoindre sa sœur à Los Angeles. Cette dernière avait un an auparavant fuit également le domicile parental pour devenir playmate pour le célèbre magazine Playboy. Sans nouvelle de sa part, Amy veut la retrouver et construire sa vie avec elle.

    On est en 1973. C’est l’époque des hippies et du flower power. Amy fera tout le périple en auto-stop et, du haut de son innocence, se fera voler, agresser,… mais surtout rencontrera toutes les célébrités de l’époque, toute catégorie confondue, et principalement du show-bizz avec the Boss en personne.

    Ce livre, il faut le prendre pour ce qu’il propose. Loin du polar, on est dans le roman « plaisir ». Les auteurs se sont amusés à construire une histoire où se mêle la Grande Histoire, et nous lecteur, on sourit beaucoup de cette jeune Amy qui s’invite des noms, des vies mais, avant tout, rencontre de belles personnes. Oui, c’est un roman rempli de bienveillance, de chaleur et d’humanité. On passera outre les extravagances et le manque de crédibilité. Si vous aimez les Etats-Unis, les années 70 et Bruce Springsteen, America[s] est fait pour vous !

    02/01/2023 à 11:55 8

  • De bonnes raisons de mourir

    Morgan Audic

    8/10 Je ne suis absolument pas un grand connaisseur de la Russie et de ses pays limitrophes, que ce soit en termes de géopolitique, de mentalité et de composantes des populations locales, ou des systèmes politiques et sociales. Je m’intéresse cependant à l’actualité politique, aux tensions voire conflits actuels entre la Russie et l’Ukraine. Et en plus, comme toutes les personnes de ma génération, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, la chute de l’URSS, … ont marqué mon adolescence. J’ai donc comme tout le monde des images, des stéréotypes sur ces pays.

    C’est donc avec un œil (ou deux, c’est mieux pour lire si on les possède encore) innocent que je me suis plongé dans ce polar où j’y ai trouvé tous les clichés que j’ai de ces pays de l’Est : mafia, corruption, tension entre les populations, pauvreté, guerre larvée pour des territoires déchirés à cause d’un lourd passé, développement d’un tourisme de masse sur les ruines de Tchernobyl,… Morgan Audic développe tous ces éléments sans lourdeur et avec passion le temps d’une enquête sur des meurtres commis de manière très sophistiquée. Et on lit les recherches effectuées parallèlement par le capitaine Joseph Melnik et sa jeune coéquipière Galina Novak, qui n’aspirent qu’à une résolution rapide de ce crime qui leur permettrait d’être mutés en dehors de la zone de Tchernobyl ; et par Rybalko, policier à Moscou, à qui l’on a annoncé une mort prochaine, rongé par le cancer, engagé par Vektor Sokolov, richissime russe et père de la victime, voyant ainsi avec la conséquente prime la possibilité de faire opérer sa fille et de se racheter en tant que père.

    Outre une intrigue très originale, et des personnages aussi différents qu’attachants, on découvre un pays confronté à son passé et à son malheur. Morgan Audic a trouvé un cadre idéal pour y développer un polar aussi ambitieux que réussi. De bonnes raisons pour …. lire ce livre !

    26/11/2019 à 12:05 15

  • Celle qui n'était plus

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    8/10 Ravinelle et Lucienne, amants, répètent une dernière fois le piège qu'ils vont tendre à Mireille, la jeune épouse : la droguer et la noyer dans la baignoire puis la transporter dans le lavoir de la propriété familiale pour maquiller le meurtre en suicide. À la clé, c’est l'assurance vie et une nouvelle vie à Antibes. Lucienne, en médecin expérimenté, prend les choses en main. Plus nerveux et sensible, Ravinelle l'assiste tant bien que mal. Une fois le corps déposé dans le lavoir, le mari va devoir découvrir le corps en compagnie d’un alibi. Le père Goutte, le menuisier, fera l'affaire. Prétextant des travaux sur un apprentis, Ravinelle l'invite à venir près du lavoir. Mais le corps de Mireille n'est plus là. Disparu. Mais où est le corps ? Est-ce l'œuvre d'un maître chanteur ? Impossible. Il doit retrouver coûte que coûte ce corps. Et la torture psychologique de Ravinelle débute, passant d'interrogations à des moments de purs remords.

    Le duo Boileau-Narcejac nous propose de vivre la descente aux enfers de Ravinelle. Ce livre a merveilleusement été adapté par Clouzot dans Les Diaboliques. Mais l'histoire est sensiblement différente. On peut ainsi lire ce livre ET voir son adaptation cinématographique pour deux fois plus de plaisir.

    07/04/2018 à 21:55 7

  • Fatherland

    Robert Harris

    8/10 Et si l’Allemagne nazie avait gagné la 2nde Guerre mondiale, quelle société aurait émergé ? Robert Harris propose sa version le temps de ce polar uchronique. L’opération Barbarossa, visant à conquérir la Russie est une totale réussite. L’Europe est devenue Communauté européenne, et l’Allemagne nazie y est toute puissance. Tous les Etats européens sont à la solde d’Hitler, à l’exception de la Suisse qui a su préserver sa neutralité. Tous les Etats, y compris le Royaume Uni dont le Roi est en exil au Canada. Les Etats-Unis sont enclin à briser la tension qui oppose les deux Pays : Joseph Kennedy, ancien ambassadeur américain dans les années 40, devenu Président, s’apprête à venir rendre visite à Hitler, en ce 20 avril 1964, jour d’anniversaire d’Hitler, le Führertag.
    C’est dans ce contexte politique que Robert Harris développe son intrigue policière rempli de faits historiques et de détails politiques, rendant ainsi ce polar effrayant.

    Xavier March est Sturmbannführer au sein de la police criminelle. Ne faisant preuve d’aucun prosélytisme en faveur du régime nazi, il est un élément néfaste de la Kripo. Il est amené à enquêter sur le double meurtre de hauts dignitaires allemands. La SS s’empare de ces affaires. Malgré tout, March s’entête, lui qui n’a plus rien à perdre : divorcé, père d’un enfant endoctriné par le régime. Il rencontrera dans son enquête les personnages les plus importants du gouvernement allemand, la séduisante journaliste américaine Charlie Maguire. Je ne peux pas m’empêcher, à la fin de la lecture de roman haletant, prenant et édifiant, de me demander si nous n’avons pas réellement échapper à ça…

    09/12/2018 à 09:51 14

  • J'irai tuer pour vous

    Henri Loevenbruck

    9/10 Je me suis procuré cet ouvrage de Loevenbruck dans les meilleurs délais pour deux raisons fondamentales : une incontournable, parce que l’auteur de Nous rêvions juste de liberté et de L’apothicaire a su me faire voyager et m’émerveiller par ses histoires et par ses mots justes et touchants ; l’autre purement subjective liée aux avis unanimes et dithyrambiques pour ce livre qui relate de manière romancée l’histoire vraie de cet agent de l’ombre des services secrets français lors des attentats et des prises d’otages des années 1985/86.

    J’ai cru bien évidemment, avec J’irai tuer pour vous, à un remake de Fargo des frères Coen qui, en avant-propos de leur film, annonçait également que l’histoire était tirée d’une histoire vraie. Cela s’était avéré faux. Mais est-ce que cela sert ou dessert l’œuvre ? Là n’est pas le sujet.

    Non, je ne souhaite pas rentrer dans un débat de fond sur l’intérêt et le rôle des agents secrets dans l’histoire des Français et de la France. Je souhaite juste laisser parler mes émotions après ma lecture. Ce livre m’a profondément ému par cette histoire réaliste qui, grâce à des chapitres courts, se lit à grande vitesse malgré ses 630 pages. Nous sommes complétement absorbés par cette vie fascinante de Marc Masson au sein de la DGSE. Et les extraits de ses cahiers montrent à quel point l’homme a été exceptionnel dans sa foi et son dévouement pour la défense contre le mal. Merci M. Masson et M. Loevenbruck. J’ai découvert un héros. J’ai eu confirmation d’un écrivain talentueux.

    14/08/2019 à 21:14 14

  • Juste après la vague

    Sandrine Collette

    8/10 Ce roman de Sandrine Collette est étouffant, oppressant, angoissant, terrifiant. L’auteure française sait exploiter nos peurs pour nous obliger à ne pas arrêter notre lecture avant la dernière page. Dans cette immensité du vide laissé après le passage d’une immense vague dévastatrice, une famille de parents avec ses 9 enfants seuls rescapés de leur île doit affronter la mer, ses tempêtes, sa solitude et ses mystères pour retrouver une terre ferme synonyme de vie. Cependant un terrible choix doit s’opérer. La barque ne pouvant contenir que 8 membres de la famille, il faudra laisser 3 enfants sur cette île vouée à disparaître sous l’eau. Avec la promesse (vaine ?) de revenir les chercher.

    On rentre dans ce livre comme dans un huis-clos où la peur affronte le courage, le désespoir la force et la mort l’amour. Et toutes les pages sont empreintes de vie et d’espoir malgré les doutes et la culpabilité. Et la plume de Sandrine Collette sublime cette histoire, et c’est ici son talent, qu’elle rend complément vraisemblable.

    30/01/2019 à 14:57 14

  • Entre fauves

    Colin Niel

    9/10 Dans Entre fauves, Colin Niel développe les instincts primaires des différents protagonistes qui distillent ce roman. Quitte à être en contradiction avec les valeurs qui les animent et les combats qu’ils mènent. L’auteur français offre un roman qui donnent une vision assez réaliste de l’absurdité de l’homme et du monde qu’il souhaite modeler.

    Entre fauves est à la fois un roman touchant, émouvant et prenant. Il nous interroge sur la question animale et de la place de l’homme dans la nature. Mais ce livre ne donne pas des leçons écolo à deux balles. Il a le mérite de plonger le lecteur dans la beauté du monde avec une composante incontournable : la cruauté de l’espèce humaine-animale. Notre vie et notre société, somme toute.

    06/02/2021 à 10:00 12

  • L'Apothicaire

    Henri Loevenbruck

    9/10 Lire l'Apothicaire c'est accompagner Andreas Saint Loup, le meilleur préparateur médicinale de Paris au début du XIVeme siècle, dans sa recherche de réponses sur les mystérieuses disparitions qu'il découvre: une pièce étrangement vide et abandonnée, et une partie d'un tableau effacée. Plus qu'une enquête sur son passé que va mener Andreas Saint Loup accompagné de son assistant Robin et rejoint par cette jeune fille au fort caractère Aalis, c'est une véritable quête d'un sens à la vie, un véritable questionnement philosophique.
    Je rejoins les différents commentaires sur ce passionnant livre qui nous fait découvrir cette période de l'histoire d'une manière à la fois très profonde et ludique avec des personnages très attachants (comment ne pas apprécier cet apothicaire au caractère très trempé et au cynisme décapant?). Si le sujet du livre emprunt de mysticisme de religion et de sciences nous fait tourner les pages très facilement, le style d'écriture choisi (Ce qu'il me semble être du vieux français) magnifie encore plus la lecture. Un vrai régal.

    25/04/2018 à 08:33 12

  • Power

    Michaël Mention

    9/10 Après avoir achevé Power, je me précipite pour découvrir un peu plus l’auteur. Avec un patronyme et un titre comme ceux-ci, je m’attendais à trouver une multitude de sites américains. Mon préjugé était renforcé par le fait que je ne voyais qu’un auteur des USA pour pouvoir aussi bien parler de ce pan de l’histoire du Black Panther Party, cette organisation qui a combattu la ségrégation et le racisme vécus par la communauté afro-américaine dans les 60’s. Alors que ne fut pas ma surprise de constater que Michael Mention est un auteur français et qui plus est avec une œuvre riche depuis la parution de son premier roman en 2008.

    Oui, Michael Mention écrit admirablement comment les Black Panthers se sont créés, ont vécu, mené leurs actions et leur révolution et ont vu leur parti disparaître. Si la première partie du livre « What we want », qui s’attache à retracer l’historique de la naissance du mouvement, fut âpre et lassante, tout s’accélère après. On ne rentre pas dans ce livre. Il nous aspire dans l’histoire grâce à Charlene, militante active et extrême de la première heure du Black Panther Party, Neil, officier de police qui trouve légitime le combat de la communauté noire, et celle de Tyrone, recruté par le FBI pour infiltrer le mouvement.

    Ce roman offre un véritable coup de poing au lecteur, nous balade dans l’histoire des USA. Et ça rocke, ça groove avec les différents morceaux de soul, de funk ou de rock qui rythment le livre que l’on avale sans s’en rendre compte. Une véritable et belle découverte de l'auteur et une lecture passionnante et attachante.

    03/02/2019 à 13:57 12

  • Replay

    Ken Grimwood

    9/10 Relire un livre c’est ne pas simplement se remémorer une histoire. C’est aussi la redécouvrir et l’appréhender différemment, selon son histoire personnelle et sa maturité. Il propose une résonnance différente des autres fois.

    J’en ai fait l’expérience avec Replay. J’ai revécu (sans faire de mauvais jeu de mot), en tournant aussi vite que possible les pages, l’histoire de Jeff Winston insatisfait aussi bien de sa vie professionnelle que privée, qui se voit mourir d’une crise cardiaque à 43 ans et revenir dans le passé à l’âge de 18 ans, avec tous ses souvenirs. Et l’histoire se répète en boucle, inlassablement, avec des variantes dans la vie de Jeff dont il veut profiter et lui donner un sens.

    Mais Replay n’est pas un simple livre de science fiction, c’est un livre profondément rempli d’amour, d’humanité et d’optimisme.

    09/06/2018 à 11:23 12

  • Traverser la nuit

    Hervé Le Corre

    9/10 Dans son nouveau livre, Hervé Le Corre nous trimballe dans Bordeaux à travers 3 personnages des plus torturés et sombres.

    Il y a Louise, aide-ménagère, victime de violences conjugales. Elle tente de se dépêtrer de ces brutalités de son ex-conjoint, avec le soutien de son amie Naïma, et surtout celui de son fils Sam. Paumée, borderline, elle essuiera les refus de la police de lui porter secours.

    Du côté de la police, le commandant Jourdan traque un sadique pervers meurtrier de femmes. Las de son travail, fatigué de sa vie maritale qu’il voit dissoudre à petit feu, Jourdan n’a plus aucune motivation ni aucune croyance ni foi en la vie.

    Ce tueur, c’est Christian, transporteur de matériaux pour une boîte locale. Il a ces pulsions depuis très longtemps. Il peut compter sur le soutien de sa mère, avec qui il entretient des relations ambigües.

    Ces 3 êtres que rien ne prédestinait à se croiser, vont traverser ensemble la nuit, s’enfoncer dans la noirceur, emprunt de désespoir et de malheurs.
    Dans son nouveau livre, Hervé Le Corre nous trimballe dans le désespoir profond, à travers 3 personnages détruits par la vie. Un livre déroutant et perturbant. Un livre terriblement puissant.

    19/06/2021 à 09:43 12

  • Au Nom du Bien

    Jake Hinkson

    8/10 En cette vieille de Pâques 2016, dans cette Amérique divisée entre les candidats Trump et Clinton pour les prochaines élections présidentielles, une petite bourgade dans l’Arkansas, Stock, se prépare à célébrer cette fête religieuse. Mais dans cette Amérique puritaine et bien-pensante, un événement va venir ébranler tous les préceptes moraux et religieux. Richard Weatherford, pasteur de la First Baptist Church, est réveillé dans la nuit par un appel de Gary. Il lui demande 30.000 $, le prix de son silence. Gary, un jeune qui s’est fait viré de l’Université et se cherche sexuellement, souhaite quitter Stock, avec sa nouvelle petite amie, Sarabeth Simmons, une caissière du supermarché local fraîchement licenciée. Pour arriver à refaire leur vie, ils ont monté un plan. Mais tout va foirer, bien évidemment, car le monde n’est pas un long fleuve tranquille.

    On suit page après page ce samedi noir par l’intermédiaire des principaux protagonistes ; le révérend Weatherford prêt à tout (mensonges, manipulations,..) pour préserver sa réputation ; sa femme Penny, dont la foi commence à se fissurer ; Gary, un paumé qui se cherche ; Sarabeth, sa copine aux mœurs légères et aux ambitions mal placées ; Brian Harten qui souhaite à réussir son projet de magasin de vente d’alcools qui, dans cette bourgade, est synonyme de Satan.

    On se régale à lire les déboires des personnages et savoure un final bien mené. Jake Hinkson mérite son titre d’héritier de Jim Thompson.

    16/08/2019 à 16:23 11

  • Bull Mountain

    Brian Panowich

    8/10 Cela fait près de 70 ans que la famille Burroughs règne sur les hauteurs de Bull Moutain, cette montagne de Georgie. Et, au fil des années, elle y exerce différents trafics assez lucratifs, alcool, herbe, meth', armes,... sans problème particulier. C'est le dernier des fils, Halford, qui assure avec force et terreur les affaires familiales. Son frère, Clayton, qu'il renie du plus profond de son coeur, est passé de l'autre et bon côté de la frontière de la loi: c'est le shérif de la vallée de Waymore. Dire que la tension est bien palpable entre ces deux frangins serait un euphémisme.
    Alors quand un agent fédéral, Simon Holly, vient rencontrer Clayton pour proposer un moyen d'éviter que le clan Burroughs soit arrêté dans un bain de sang, il n'en faut pas plus pour que la fibre familiale ressurgisse. Clayton monte à Bull Mountain et rapporte le marché à son frère: dénoncer toute la filière.
    Mais l'histoire de Bull Mountain s'est construite depuis 1949 par et dans le sang. Le déroulé des chapitres alternant passé et présent nous expliquera que rien ni personne n'arrivent à Bull Mountain par hasard et que seul le sang apportera les réponses aux mystères de la saga Burroughs.

    Un livre sous tension avec des personnages profondément marqués et marquants. Une lecture haletante accentuée par une écriture privilégiant les dialogues et les chapitres courts. En nous offrant un roman noir attachant, Brian Panowich rejoint les auteurs qui excellent dans le polar rural, à l'instar de Daniel Woodrell. Puisqu'il est annoncé un Bull Mountain II, c'est avec plaisir et intérêt que je lirais la suite de l'oeuvre de cet auteur au talent prometteur.

    10/05/2018 à 09:12 11

  • Des fauves et des hommes

    Patrick Graham

    8/10 Fresque romanesque à travers le sud des Etats-Unis pendant la Grande Dépression. C’est sublimement raconté avec des personnages très attachants. On cite Steinbeck, voire Faulkner, moi j’ai constamment eu des images d’un film que les frères Coen auraient pu en tirer. Car tous les ingrédients sont réunis pour mettre à l’écran cette magnifique histoire : l’amour, la mafia, des politiciens, des journalistes et des flics corrompus, des fusillades à tout-va et une fin quasi mystique sous fond de misère et de désespoir.

    Tous ces thèmes m’ont fait vraiment apprécier ce livre, même s’ils ont déjà fait couler beaucoup d’encre. Mais j’aime cette période et la dénonciation de la misère humaine est un thème qui sied bien au roman noir. Et Patrick Graham l’écrit bien.

    13/12/2019 à 14:46 11

  • Il était deux fois

    Franck Thilliez

    8/10 Ce roman démarre avec une intrigue des plus scotchantes : un flic enquêtant sur la disparition de sa fille se réveille dans une chambre d’hôtel ce qui semble être le lendemain… sauf que 12 ans ont passé.
    Et on découvre ainsi page après page l’intrigue. C’est captivant, on note tous les indices car on sait, pour croiser dans l’enquête le fameux Manuscrit inachevé, qu’on est face à des xiphopages, palindromes et autres trésors de l’écriture et effets littéraires.

    Mais, ce que je déplore par-dessus tout, ce sont ces facilités que s’accorde l’auteur dans le déroulement de l’intrigue : notamment des témoins qui trop facilement racontent les événements… Certes, d’autres auteurs pêchent par ces complaisances, je pense notamment à Jean-Christophe Grangé. Mais voilà, cela gâche cette lecture et ce livre qui aurait eu tous les ingrédients pour me plaire et en faire un polar inconditionnel.

    06/02/2021 à 10:25 11

  • La dernière ville sur terre

    Thomas Mullen

    9/10 C’est parce que Philip et son frère adoptif, Graham, ont tué un soldat qui demandait juste un coin pour passer la nuit et quelque chose à manger que tout s’est effondré. Dans cette petite bourgade nommée Commonwealth, créée par le développement de la scierie de leur père, comme partout dans les Etats-Unis en cette veille d’armistice de la 1ère Guerre mondiale, la grippe espagnole fait des ravages. Alors les autorités locales, à savoir les personnes les plus importantes de la ville, ont décidé d’instaurer un blocus et ainsi préserver la communauté : plus personne ne rentre ou ne sort.

    Mais voilà, un soir que Philip et Graham montaient la garde, il y a eu ce soldat. Et cette peur de faire rentrer le virus. Cette peur de mourir. Son père a beau dire à ses fils qu’ils ont bien fait, le doute et le remords s’installent chez Philip. Et la tension s’accentue, cette crainte se transforme en frayeur et en malheur…

    Thomas Mullen développe avec talent la montée en puissance de cette peur, de ces suspicions, et de révolte au sein de la communauté dont les valeurs humaines et bienveillantes vont éclater en mille morceaux. Les protagonistes sont remplis de dilemmes entre le respect des règles pour le bien de la communauté et la survie des membres de leur famille. Un roman noir sous tension admirablement bien écrit par un auteur qui confirme ses prix littéraires au fil de la parution de son œuvre.

    15/09/2023 à 10:48 11

  • La Police des fleurs, des arbres et des forêts

    Romain Puértolas

    9/10 Si j’ai souri tout au long de la lecture de ce livre, j’ai carrément ri en le refermant. Ri parce que je n’ai pas vu arriver ce twist final. Quitte à passer pour un âne, j’avoue, j’ai été complétement berné par cette histoire hors du commun, cette enquête loufoque et ces personnages hauts en couleur.

    Le cadre de l’enquête apporte un réel plaisir, ce village typiquement rural des années 60 où tout le monde se connaît et qui ne s’encombre d’aucun principe. C’est bucolique, frais et distrayant.

    Le ton est léger, chaque phrase vaut son pesant de cacahuètes. L’évolution de l’enquête se dévoile par l’échange de correspondances entre le jeune et talentueux inspecteur et madame le procureur qui sont remplis de commentaires décalés et donc drôles.

    Je découvre par là même l’auteur qui cependant, comme je le constate, a déjà beaucoup écrit, et dont l’œuvre est connue et appréciée. Un auteur dont, avec certitude et envie, je lirai d’autres de ses livres.

    16/08/2022 à 12:40 11

  • La République des faibles

    Gwenaël Bulteau

    8/10 La République des faibles, c’est le terme qualifiant cette IIIème République qui avait pour fondement la protection des plus miséreux. Expression surtout utilisée par les nantis qui voyaient ce régime remettre en cause leurs privilèges de bourgeois.

    C’est dans le Lyon de la fin du XIXème, où les réunions politiques des multiples courants de pensées (anarchistes, révolutionnaires,…) pullulent, où l’antisémitisme prend de l’ampleur (l’Affaire Dreyfus défraie les chroniques) et où l’anti-germanisme est à son paroxysme, qu’est découvert dans une décharge de la Croix Rousse le corps sans tête d’un jeune enfant. Les policiers tentent de mener un semblant d’enquête quand une autre affaire va éclater : l’assassinat d’un de leur collègue.

    Un roman très noir avec un contexte historique très prégnant que Gwenaël Bulteau a écrit comme premier livre. Puissamment documenté, j’ai vraiment apprécié cette immersion historique et la puissance de cette intrigue qui, par moment, malheureusement, constitue un vrai sac de nœuds

    23/01/2023 à 14:35 11

  • Le Deuxième homme

    Hervé Commère

    9/10 Dans une histoire d’amour, il n’y a jamais de place pour un deuxième homme. Et quand on en voit surgir un dans son couple, il y a un homme de trop. Par amour, il convient de prendre des mesures radicales.

    C’est le choix que Stéphane a fait par amour pour Norah au bout de 13 ans de vie commune. Lui, un homme sans véritable famille, « fils d’un fantôme et d’une bouteille de gin », raconte dans des lettres envoyées on ne sait à qui ni pourquoi son histoire. Il raconte son passé, son petit boulot de petit magouilleur en tant que vendeur de spiritueux et surtout sa rencontre fortuite avec Norah, une séduisante traductrice d’origine allemande. Et le coup de foudre a opéré. Leur amour est une évidence pour eux deux. S’ensuit une installation à Rennes où le couple vit un amour fusionnel. Jusqu’au jour où Stéphane, après avoir fait des recherches sur le passé de Norah constate que, contrairement à l’histoire qu’elle lui a dévoilée, son ancien fiancé, mort dans un accident de voiture, ressemble trait pour trait à Stéphane. Un choc pour lui qui s’interroge sur son véritable père qu’il n’a pas connu, sur le mobile de Norah et ses motivations dans leur vie de couple.

    Hervé Commère, que je découvre par ce livre, développe une atmosphère tendue et déploie un mystère lourd et pesant. On ne comprend pas ce que Stéphane a fait : a-t-il commis l’irréparable ? Pourquoi ces lettres ? On doute de tout, et on ne connaît que la vérité qu’à la toute fin du livre. Mais entre temps, on imagine toutes les hypothèses les plus noires que les autres. Et on enchaîne les pages pour pouvoir découvrir au plus vite la réalité. Un livre comme je les aime.

    19/10/2019 à 11:24 11