361 votes
-
Le Tricycle Rouge
8/10 Comment parler de ce roman sans en divulguer l'intrigue ?Je crois que c'est tout simplement impossible, aussi ne vais-je pas présenter l'histoire plus que ce que le fait la quatrième de couverture. Cependant, je peux ajouter qu'en lecteur averti on devine quelque peu la fin, mais que la qualité d'écriture de Vincent Hauuy permet de garder le suspense jusqu'au bout de l'histoire, et de ne donner les explications que tout à la fin.L'histoire est soutenue par des personnages forts, mystérieux, qui se dévoilent et se découvrent au fur et à mesure de l'investigation. Du fait de leur passé et de leur aventure respectifs, leur psychologie est différente, complexe, interrogative; sans pour autant rendre ce thriller psychologique.Tant les actions que les rebondissements jalonnent ce roman; et avec la fluidité d'écriture, les pages défilent sans jamais lasser le lecteur.Un point qui m'a quelque peu perturbé : l'auteur, à propos de Noah, fait de nombreuses allusions à des enquêtes passées. Or je ne savais pas si ce roman faisait partie d'une série (infirmation de ce point après quelques recherches) ou si cela faisait partie intégrante du roman pour renforcer le personnage.Seul point négatif, mais qui est très personnel, est l'accumulation des personnages dont certains avec des noms d'emprunt. Aussi, soit vous lisez Le tricycle rouge en très peu de temps et d'interruptions et vous pourrez vous souvenirs de qui est qui, soit vous avez un très bonne mémoire des noms, soit vous vous munissez d'un petit papier pour combler la déficience de vos neurones.
05/05/2019 à 20:51 6
-
On ne meurt pas la bouche pleine
4/10 révéler plus complexe que prévue. Cependant l'intrigue file en ligne droite avec peu d'alternatives pour semer les lecteurs férus de roman policier. Serait-ce du à Odile Bouhier connue également pour sa participation aux scenarii de Louis la Brocante.
La vraie originalité de ce roman réside en fait dans la méthodologie du crime. Je ne vous le dévoilerai bien entendu pas, mais j'avoue ne l'avoir jamais rencontrée dans un autre roman, mais après réflexion, elle est évident et à l'image des deux auteurs.Enfin, le livre nous informe agréablement et de manière didactique sur la cuisine japonaise (merci Thierry Marx) mais également sur les Yakuza et les règles qui régissent la mafia japonaise.
Ayant découvert ce livre dans sa version audio, le lecteur, Antoine Baslier, a une diction parfaite, un rythme de lecture comme il faut pour apprécier l'histoire.
Un roman policier agréable mais sans grande surprise.29/04/2019 à 18:23 1
-
Samedi 14
7/10 Un roman à l'image de l'auteur, Jean-Pierre Pouy, tout en contradiction dès l'intitulé Samedi 14 dans la collection Vendredi 13. Le côté épicurien "non-alcoolisé", pour une fois aurait-on tendance à dire, a sa part belle et donne de petits twists, des saveurs différences au récit.Mais ce qui est très drôle c'est que l'on trouve beaucoup de points communs avec le précédent roman que j'ai lu, Sans pitié, ni remords de Nicolas Lebel. Un petit peu du monde l'art, beaucoup de tchatche, un enquête à tiroirs; bref tout ce que l'on aime.On connaît bien sûr la verge, la gouaille et l'humour de Jean-Pierre Pouy, mais j'avoue que dans ce roman toutes ses qualités y sont magistralement réunies. Derrière Maxime on imagine un tonton flingueur des temps modernes, mais avec le charme et les méthodes de la génération précédente : tout en subtilité, en finesse et en surprise.Un roman court et frais qui convient parfaitement à un intermède littéraire.
17/04/2019 à 21:33 3
-
Sans pitié, ni remords
9/10 Alors que j'ai acheté ce livre dans un petit vide grenier, j'avoue avoir fait une superbe découverte. Car c'est tout simplement un des meilleurs romans policier et thrillers que j'ai lu cette année.Tout est bon dans ce roman.Tout d'abord l'histoire qui est particulièrement soignée, avec de nombreux rebondissements, mais sans aucun délire scénaristique.Mine de rien on apprend énormément tant sur l'art primitif africain, que sur les musées parisiens; et sans que cela faitEnsuite, les multiples énigmes parsemées tout au long de l'enquête. Si les amateurs de romans policier en identifieront rapidement certaines (cf. Le manuscrit inachevé de Franck Thilliez), il faut être un peu tordu pour les trouver toutes. Bravo à l'auteur pour avoir fait le poème à tiroirs et pour en avoir glissé d'autres secondaires dans les pages du roman (faites attention au moment de lire le rêve de Vlad par exemple).Mais c'est surtout l'écriture de Nicolas Lebel qui est remarquable. D'une grande fluidité, elle donne part belle au "patois" parisien des gens qui ont bien bourlingué. Ajouté à l'humour et au verbe fleuri du héro principal, le Capitaine Mehrlicht, on ne peut s'empêcher de penser à un scenario d'Audiart. C'est un petit bonbon de littérature.Les personnages sont forts, et pas uniquement en parole, attachants, multiples et complémentaires.Enfin, la dérision du roman vis-à-vis d'autres auteurs. A ce jeu c'est Olivier Norek qui perd, en endossant un personnage nommé "Olivier Ronek" ou se voyant attribué l'adresse mail des complaintes (bien lire jusqu'au bout les pages de remerciements).Sincèrement, j'aimerais bien en voir l'adaptation cinématographique avec un Jean-Pierre Daroussin dans le rôle principal.Mon seul regret à la lecture de ce roman a été de découvrir qu'il s'agissait de la troisième (sur cinq) aventure du Capitaine Mehrlicht, mais avec comme seul réconfort que l'auteur ne dévoile rien des enquêtes précédentes si ce n'est qu'elles ont été résolues.
17/04/2019 à 20:49 9
-
Boréal
9/10 Pour les habitués de mon blog, si vous jetez un coup d’œil rapide à la notation, vous verrez que ce roman obtient une excellente note, et il le mérite amplement.Boréal est un excellent roman avec lequel vous passerez un très bon moment, et ce pour plusieurs raisons.Tout d'abord se déroulant essentiellement vers le cercle polaire, dans une région du Groenland particulièrement hostile, le roman est dépaysant. Ce dépaysement intervient au niveau du mode de vie des personnages, du peuple autochtone, de leurs coutumes, de leur évolution dans leur environnement soit très clos, la base offrant peu d'intimité, ou à l'opposé dans un désert extrêmement vaste. Les repères sont chamboulés tant pour les personnages que pour le lecteur qui doit oublier ses habitudes d'enquêteur ou d'homme d'action : comment dater la mort avec un cadavre trouvé congelé sur la banquise, fuir en plein blizzard, avoir des moyens de communication limités, ou encore espérer l'intervention de la police au mieux dans les jours à venir.A mon avis, en plus de nous offrir un thriller captivant, Sonja Delzongle profite de ce roman pour passer deux messages. Le premier est de rendre hommage à la mère des romans policiers, Agatha Christie, en reprenant le principe des 10 petits nègres, ou après les personnages de la mission scientifique disparaissent les uns après les autres. Ensuite, de passer un message écologique fort en dénonçant certaines actions humaines impactant la planète, ou en projetant ses personnages au milieu d'événements météorologiques et géologiques importants témoins du dérèglement climatique.La structuration du roman est particulièrement bien faite, en juxtaposant les actions entre les différents membres de l'équipe scientifique, mais également entre les deux enquêtes "continentale". Une fois passée l'introduction, la présentation des différents personnages et lieux, le rythme du livre monte et ne retombe pas avant la fin du roman.Enfin un petit conseil, si cette chronique vous a plu et que vous décidiez d'acheter ce livre, attendez quelques jours vous pourrez l'avoir au format poche pour un tarif inférieur au prix du livre numérique.
03/04/2019 à 21:00 5
-
Miettes de sang
6/10 Si vous pensiez lire un thriller, changez de livre, car "ce n'est" qu'un roman policier. un roman policier. Un roman policier qui a un peu de mal à démarrer, mais qui s'installe tranquillement. L'intrigue est cousue de fil blanc, aussi les amateurs n'auront aucun mal à trouver la solution.On se prend à aimer ce personnage brimé tant par sa mère que par ses collègues, on a envie de l'aider, de le secouer pour qu'il réagisse. Aussi dès qu'il prend peu à peu de l'assurance, on est heureux de le voir évoluer et progresser dans son enquête. L'identification au personnage est donc parfaitement réussie grâce à la plume légère, fluide, entraînante de Claire Favan.Si Dany Myers est le personnage central, l'histoire ne serait pas la même sans la pléiade de personnages secondaires aux personnalités bien marquées, aux psychologies diverses qui apportent saveurs, humour et fraîcheur au récit. Il est dommage cependant que certains d'entre eux soient un peu caricaturaux.Ayant découvert ce livre dans sa version audio, j'ai particulièrement apprécié la lecture faite par Alexandre Donders. Elle est claire, la diction est parfaite, les intonations en fonction des personnages permet de rapidement les identifier à l'écoute.
03/04/2019 à 20:58 3
-
Miso soup
5/10 Tout d'abord, je pense qu'il est bon de préciser qu'il s'agit d'un roman de Ryû Murakami et non pas du plus connu Haruki Murakami avec sa célèbre trilogie 1Q84. Et j'aurais aussi tendance à dire malheureusement car si le style de Ryû est bien différent de son homonyme, il n'en est pas moins intéressant.Une fois de plus cet auteur nous dépeint les dérives de la société nippone en nous plongeant dans le quartier chaud de Tokyo en suivant un jeune japonais, Kenji, officiant de guide aux étrangers dans cette jungle. Mais cette fois-ci son client, américain, disant s'appeler Frank, est étrange, inquiétant; d'autant plus que des meurtres surgissent au moment de leur virée.L'intérêt du livre tient dans cette incertitude, dans l'ambivalence de Frank, apportant une ambiance lourde, suffocante et glauque à l'image du quartier dans lequel évolue le livre et de ce qui s'y pratique.Il est d'ailleurs surprenant de voir que bien qu'écrit il y a plus de 20 ans, ce roman est toujours d'actualité et n'a pas vieilli, même avec les technologies mentionnées. Au-delà du roman à suspense, il est intéressant d'avoir un regard d'un japonais sur sa population, ses rites, sa culture, son mode de vie et sa relation au travail et au sexe.
25/03/2019 à 21:10 1
-
Porteurs d'âmes
4/10 Je suis un peu déçu de ce roman de Pierre Bordage. Je ne suis pas un fan de cet auteur mais mes précédentes lectures de cet auteur, le roman-feuilleton des Derniers hommes et la saga fantasy-historique de L'enjomineur, m'avaient particulièrement plus de par leur originalité, leur inventivité et leur caractère prenant. Malheureusement je n'ai pas retrouvé ces qualités dans Porteur d'âmes, où la seule originalité provient de l'idée de la machine permettant de transférer une âme d'un corps à un autre.Mais une fois passée cette découverte, tout reste du déjà vu lu : la société secrète contrôlant le monde, l'enquête linéaire sur un serial killer.En fait le point le plus positif de ce roman est d'apporter une triple regard sur la société : celui de l'élite souvent déconnectée de la réalité avec Cyrian jeune loup opportuniste, celui de la classe moyenne avec Edmé l'inspecteur de police et Léonie, l'immigrée clandestine exploitée sexuelle depuis son enfance.Personnellement, je ne l'ai pas lu, mais écouté. et j'avoue avoir eu du mal à entrer dans l'histoire et à la suivre. Au début du roman, Damien Witecka lit sur un ton de la confidence, aussi, si l'on est un moment distrait, on a vite fait de décrocher. Et de ne pas entendre une voix entraînante, on a tendance à ne plus faire attention et ne pas raccrocher à l'histoire. Mais cette intonation est abandonnée sur la seconde moitié du roman, l'auteur met beaucoup plus de vie, incarne plus les personnages, et l'écoute du roman est beaucoup plus prenante, et on a enfin plaisir à écouter l'histoire.
23/03/2019 à 14:47 1
-
L'Aigle de Sang
8/10 Cet Aigle de sang est sans conteste le meilleur des trois romans de Marc Voltenauer.
Tout d'abord, l'auteur a eu la bonne idée de rompre avec le modèle de ces deux premiers romans. D'une part il n'a pas laissé son héros affronter une nouvelle énigme dans Gryon au risque de faire passer le petit village comme le village le plus malfamé de la Suisse; et d'autre part, son héros Andreas Auer va devoir enquêter, non pas sur un meurtre, mais sur lui et ses origines. Sur ce second point, j'ai trouvé quelques analogies avec Rouge armé de Maxime Gillio.
Mais je rassure tout de suite les amateurs de romans policier, la vie de la petite île Gotland va être bouleversée et des meurtres vont jalonner la recherche d'identité du héros. Bien que n'étant pas dans son pays d'office, l'inspecteur suisse sera autorisé à assister à celle-ci en Suède. Je ne vais pas plus loin dans le résumé du livre au risque de vous dévoiler celui-ci, mais passées les cent premières pages, le rythme va s'accélérer crescendo au point que vous aurez du mal à lâcher le livre pour le sprint final des cent dernières pages.
Un autre élément important dans ce livre est la Suède et son histoire. On sent que l'auteur apprécie connaît bien ce pays, ses coutumes et sa cuisine, car il parsème l'histoire de détails sur ce pays; par rapport au pays du Muveran, c'est à la fois dépaysant, rafraîchissant et instructif.
On pourrait alors penser que c'est le roman policier parfait, mais il y a bien quelques imperfections (qui je suis sûr seront gommés dans le quatrième roman). Ainsi de nombreuses répétitions tant sur la recherche de parentalité d'Andreas que sur les différents rites du clan auraient pu être évitées. Mais ce qui m'a le plus gêné, ayant du mal à mémoriser les patronymes (et encore plus les patronymes suédois), c'est la multitude des personnages que brasse ce roman. Et histoire de me rendre la tâche encore plus dure, certains de ces personnages vont avoir des noms d'emprunt. Donc si vous êtes comme moi, n'hésitez pas à vous munir d'un petit papier et d'un crayon pour dresser un organigramme.
Et puis il y a quelques figures de style qui m'ont surpris dans ce troisième livre de Marc Voltenauer que je n'avais pas notée lors de ses précédents romans. Afin de coller au mieux au pays dans lequel se déroule l'histoire, l'auteur a volontairement employé le tutoiement tout au long des discussions, même pour des personnages officiels venant interroger des témoins ou des suspects alors qu'ils ne se connaissent pas. Mais dans ce cas, cette adaptation stylistique est rompue lors de l'emploi de la numération helvético-belge (septante, nonante).
Je dois avouer que je pinaille sur de menus détails car la lecture de L'aigle de sang est d'une grande fluidité, très agréable; et chose que je souligne rarement, la couverture est particulièrement réussi et attractive.
Au final, c'est certainement le meilleur roman de Marc Voltenauer qui nous fait découvrir un peu plus son héros et la Suède.20/03/2019 à 21:21 1
-
J'irai tuer pour vous
9/10 Toutes les qualités d'un très bon thriller sont réunies dans ce roman.
Tout d'abord l'originalité du sujet : l'histoire, véridique semble-t-il d'après l'auteur, d'une personne au patriotisme exacerbé qui va être "embauchée" comme agent externe (et donc non-officiellement reconnue) par la DGSE pour exécuter des "tâches" les plus sensibles.
Ensuite, un contexte dans lequel cette histoire s'inscrit : l'époque sombre des attentats parisiens sous l'ère Mitterrand et des journalistes pris en otage pendant de longs mois.
Le tout permet à l'auteur de construire un roman à la fois dynamique avec de l'action (les frasques du héro avant son recrutement puis ses missions), plein du suspense, et qui dénonce les luttes intestines ou les dérives des politiques; que la vie tout comme la vérité est plus compliquée qu'il n'y paraît.
Les personnages sont forts, très bien construits avec une psychologie complexe, loin d'être caricaturaux; les seconds rôles puissants. L'écriture est à la fois ciselée et d'une grande fluidité. A la lecture de ce livre, ce ne sont pas des pages qui défilent sous nos yeux, mais un film en panavision.
En conclusion, ce roman est tout simplement addictif, il est mortel. Nous pourrions donc dire que le titre de ce roman est un publicité à lui tout seul, et pour une fois, contrairement à certains bandeaux apposés en bas des livres, cette publicité n'est nullement mensongère.17/03/2019 à 21:37 10
-
L'Outsider
8/10 Le prix de Meilleur Thriller & Mystère aux GoodReads Choice Awards est amplement mérité par L'outsider.Pour une fois Stephen King nous livre un vrai roman policier, dans lequel l'enquête semble rapidement bouclé, le meurtrier arrêté et les preuves accablantes. Mais le génie de l'auteur est de faire basculer cette certitude dans l'incertitude complète en amenant les preuves de l'innocence complète du suspect. Comment cela est-il possible ? Qui est le vrai meurtrier ? Telles sont les questions auxquelles les quelques 500 pages suivantes vont tenter de répondre et qui vont rendre fou le lecteur."Chassez le naturel, il revient au galop", aussi avec un auteur qui a pour renommée d'être le maître de l'horreur, que le fantastique va rapidement reprendre les rênes du récit, mais de manière légère, sans grand tralala. Il faudra donc trouver la réponse aux deux questions précédentes de ce côté.Mais, tout comme dans la série de Bill Hodges, la force du livre réside dans la description acerbe de la société américaine, de la morale religieuse, des violences familiales, de l'intolérance, du racisme, du culte de la consommation, de la puissance des média. Dans L'outsider, cet aspect prend une nouvelle dimension : cette critique est à la fois plus poussée, mais avant tout plus subtile, dosée comme pour la composante fantastique.L'outsider est en quelque sorte le roman de la renaissance de Stephen King que nous attendions depuis son accident de moto, où le maître de l'horreur renaît de ses cendres et se transforme en écrivain policier-fantastique averti.
11/03/2019 à 22:23 5
-
Hôtel du Grand Cerf
6/10 Hôtel du Grand Cerf n'est certainement pas le roman policier de l'année. Il s'inscrit dans une version old-school, dans la lignée un peu démodée des enquêtes à la Agatha Christie. Les indices sont très, très menus et ne permettent pas de trouver le coupable. Aussi faut-il faire tourner ses petites cellules grises et ne pas s'attendre à de pics de tension avec les courses-poursuite ou les séances de malversation des victimes.Mais il ne faut pas lire ce roman au premier degré, il faut y avoir le second voire le troisième degré. En plus de faire un roman critique sur les Ardennes et ses habitants qui peuvent paraître bourrus et rétrogrades, il le fait avec drôlerie et dérision, et de temps en temps d'humour noir. On se délecte de la description et de l'attitude de l'inspecteur qui nous fait invariablement penser à un Colombo mais irrévérencieux.Si sur l'aspect policier le roman ne restera pas dans les annales, le lecteur passera un bon moment avec Hôtel du Grand Cerf et découvrira une région française méconnue.
23/02/2019 à 20:10 4
-
Alex
9/10 Je ne sais pas si j'ai re-lu involontairement ce livre ou si j'ai vu son adaptation cinématographique (son adaptation avait été annoncée en 2014, mais je trouve aucune trace de la concrétisation de ce projet), mais toujours est-il que j'avais une sensation de déjà lu. Mais une sensation pas désagréable car une nouvelle fois je me suis laissé emporter par cette histoire et ses nombreux rebondissements et réorientations. Je ne peux malheureusement pas en dire plus de peur de vous dévoiler le livre et vous privez de la joie des surprises composées par Pierre Lemaitre.
En fait, ce n'est pas un roman que l'on a, mais trois. Trois parties bien différentes, trois personnages partageant la même histoire qui gravent tous autour d'Alex mais qui vont tour à tour prendre part à son aventure. L'auteur peut ainsi exprimer tout son talent pour relancer l'histoire mais surtout développer les personnages, leur psychologie, et leur implication dans l'histoire.
Je vous conseille tout particulièrement la lecture de ce livre dans son format audio. En effet, sa lecture voix haute est très réussie, Pierre Lemaître le souligne d'ailleurs dans lde dernier chapitre du livre audio consacré à son interview sur Alex. Attention cependant à ne pas écouter cette interview car elle divulgue les différents retournements de l'histoire et en analyse les raisons, les techniques; donc intéressante pour les amateurs du genre.13/02/2019 à 21:55 9
-
Rouge armé
5/10 En fait je ne sais pas comment noter ce roman, car à mon avis il s'agit plus d'un roman que d'un roman policier.
Si Maxime Gillio adopte pour son roman un schéma classique de l'enquête, ici journalistique, dans le temps présent, et une narration du temps passé, un peu comme dans les romans de Camilla Lackberg, on s'attend à ce que les deux récits se rejoignent dans le dénouement final. Mais ici, rien, les deux narrations se font mais n'apportent aucune explication, aucun rebondissement au récit.
Nous sommes donc en présence d'un très bon roman historiques présentant les représailles et les mouvements ethniques au lendemain de la seconde guerre mondiale, ainsi que l'histoire de la Rote Armee Fraktion et de ses actions terroristes dans les années 70.
Et donc on se demande ce qui peut lier la journaliste, la femme qu'elle interviewe et ces deux périodes historiques. Je prends le risque de divulguer la fin du roman, mais il n'y a rien.
Si les personnages sont forts et imposent leur caractère, ils sont un peu caricaturaux et entraînent le lecteur dans des histoires périphériques qui ne sont que de pure perte de temps (e.g. la période de sevrage de la journaliste).
Bref, je suis très mitigé sur le caractère policier du roman, de la mise en forme; mais reste convaincu que c'est un très bon roman historique.10/02/2019 à 20:37 2
-
Ma ZAD
5/10 Vraie ZAD mais faux Poulpe
Dans Ma ZAD, Jean-Bernard Pouy est fidèle à lui-même. Il nous propose une nouvelle fois un roman noir aux relents anarchistes. Bien qu'écrit en pleine période des manifestations contre l'Aéroport des Landes, il n'en est pas question ici malgré de fortes similitudes, une petite allusion y sera tout de même faite.
Ici, Camille, quadra du genre adolescent attardé, défend la maison héritée de ses parents. On sent que derrière ce combat se cache une volonté d'exister, une volonté de montrer qu'il existe, d'avoir un point d’accroche, d'avoir son monde. Mais c'est surtout au travers de la séparation, des rencontres provoquées par cette aventure et des voyages qu'il va se révéler à la vie.
Symbole de cette évolution, Jean-Bernard Pouy adopte deux styles littéraires bien opposés : un soutenu mais limpide, et un autre plus brut avec des mots fleuris. Si l'on bute parfois sur certaines expressions, ce n'est que pour mieux en profiter de l'aspect humoristique.
Dans ce roman, j'ai retrouvé de fortes similitudes avec la série du Poulpe, non seulement dans le sujet de la défense des droits des hommes, de leur droit d'exister face aux multinationales et aux politiques véreux, de vivre avec leurs maigres moyens mais qu'il transforme en richesse intérieur; mais également dans le rythme et la verve de la plume de l'auteur. Serait-ce un hommage de l'auteur à ce héro céphalopode qui a coulé avec la maison d'édition Baleine?04/02/2019 à 20:25 3
-
Enfermé.e
9/10 Ce roman est une vraie claque.
Jacques Saussey a décidé de laisser tomber un moment les thrillers pour nous offrir un roman noir sur le phénomène transgenre. Mais heureusement pour nous, il n'est pas tombé dans le sensationnalisme et le côté racoleur du sujet. Bien au contraire, au travers de son personnage, il nous dévoile les différentes étapes de la vie d'une personne confrontée à ce "problème" qu'est de vivre dans un corps ayant un sexe qui ne correspond pas à celui de votre mental.
Et ces étapes ne sont pas de tout repos car cela passe bien sûr par la découverte de sa sexualité différente de celles des autres, de pouvoir en parler avec ses ami(e)s, ses parents et son entourage, de se trouver confronter à leurs réactions, leur acceptation, leur rejet voire leur isolement ou leur phobie.
Mais bien sûr, l'auteur ne se contente pas d'une histoire basique, puisqu'il va projeter son personnage en prison, où il va vivre un véritable enfer; où cette différence va être l'excuse d'en faire un esclave sexuel. Sur ce point, nous pouvons noter quelques similitudes avec l'admirable roman noir de Karine Giebel, Meurtres pour rédemption. On comprend alors qu'en plus d'être enfermée en prison, enfermée dans une catégorie d'identification sexuelle, elle est avant tout enfermée dans son corps qui n'est pas vraiment le sien.
Là où l'on voit que Jacques Saussey est un admirable conteur, c'est d'apporter un twist final à son roman. En effet, les différentes époques (enfance, adolescence, prison, après-prison) de la vie de Virginie, le personnage principal nous sont présentées alternativement, mais on se demande les raisons de l'attitude de Virginie dans sa dernière phase. On la devine, on a bien des options possibles, mais ce n'est que dans les dernières pages que tout se dévoile.
Nul besoin de dire que les personnages sont fouillés, que la composante psychologique de Virginie est travaillée, approfondie, dévoilée par petites touches; que les autres personnages sont restreintes à leurs exactions au point de ne pas avoir de patronyme.
Un roman difficile, aussi utile à lire qu'un roman sur la Shoah. Un roman qui a injustement reçu trop peu de récompenses.28/01/2019 à 20:26 9
-
Le Couple d'à côté
8/10 D'habitude je ne suis pas très porté et amateur de thrillers psychologiques, mais j'avoue avoir été séduit par ce roman.
Tout d'abord parce que contrairement à la majorité des romans entrant dans cette catégorie, il n'y a pas de longueurs, de répétitions, ou de profondes réflexions métaphysiques ou d'analyses médicales de l'état des personnages. Ici, les actions et réactions des personnages, leur perception de la situation, donnent toutes les informations sur leur état psychologique. Et comme les personnages sont variés, complexes, aux multiples facettes, on ne s'ennuie jamais, tantôt en les prenant en pitié, tantôt en les haïssant.
Ensuite, l'histoire ne s'arrête pas à une situation initiale qui évolue lentement; l'auteur relançant perpétuellement l'histoire avec des rebondissements, des retournements de situation, des éléments supplémentaires dans l'enquête. Le mérite de l'auteure est d'avoir limité son livre à la juste longueur pour conserver un rythme adapté à la fluidité de son écriture.
J'ai découvert ce livre dans sa version audio. Si le lecteur (Taric Mehani) a une diction parfaite et sait donner des intonations différentes pour incarner les différents personnages, sa lecture est quelque peu lente, au point que j'ai réglé la vitesse de lecture à 120%.
Si vous aimez les thrillers psychologiques, ou que vous ne les aimiez pas, vous apprécierez Le couple d'à côté.22/01/2019 à 20:49 3
-
Chine, retiens ton souffle
4/10 Il y a des livres que l'on a du mal à classer et à dire s'ils sont bons ou mauvais. Chine, retiens ton souffle de Xiaolong Qiu fait partie de ces livres.
Tout d'abord, il est clairement un livre policier, un whodunit traditionnel, du genre old school, dans la lignée des reines du crime anglaises telle Agatha Christie. Aussi, il ne faut pas s'attendre à un roman palpitant, plein de rebondissements et de suspense. Bien au contraire, comme le peuple de l’empire du milieu, tout est en retenue, en douceur et philosophie. L'inspecteur Chen est le digne héritier d'Hercule Poireau en faisant travailler ses petites cellules grises pour résoudre les énigmes.
Mais c'est surtout le fait que l'enquête passe pratiquement au second plan tant le mode de vie des chinois, leurs us et coutumes, leur vie, leur société, la politique, son économie, la pollution et la corruption sont présentés ou dénoncés. C'est un véritable récit de voyage à Shanghai que nous découvrons au fil des pages. Je n'ai pas été vérifié si tous les lieux, magasins ou échoppes mentionnés dans le livre existent vraiment, mais on pourrait presque se servir de ce livre comme guide touristique.
Si la composition des personnages apparaît un peu simpliste, les annotations et références faites par des personnages secondaires à de précédentes affaires font penser qu'elle se dévoile et s'étoffe au fur et à mesure des enquêtes et des livres
Si c'est dépaysant et séduisant dans la présentation de ce peuple lointain, cela entretien la confusion des genres et décevra les amateurs de romans policiers aux intrigues alambiqués et enquêtes rondement menées.21/01/2019 à 21:59 2
-
Chimères
4/10 J’avoue avoir été un peu surpris par ce troisième roman de Laurent Loison. D'une part parce qu'il est uniquement disponible en version numérique, et d'autre part parce que contrairement à la majorité des avis que l'on peut trouve sur les groupes de lecture ou en commentaires sur les sites marchands, je n'ai pas aimé ce livre autant que les précédents.
Est-ce la collaboration de l'auteur avec 14 blogueuses dans la rédaction de ce roman ? est-ce le thème de la violence faite aux femmes dont j'ai l'impression qu'en plus d'être d'actualité, elle devient incontournable dans les thrillers ?, ce que je peux vous dire c'est que ce livre ne décrochera pas le prix Staunch Book Prize créée par Bridget Lawless.
Au niveau de la rédaction, j'ai surtout été perturbé par le style très relâché employé. Par moments, on a l'impression d'avoir carrément l'auteur qui vous fait lecture de son roman et ajoutant deci delà des commentaires sur ce livre même.
Du point de vue de l'histoire, il y a beaucoup de répétitions et un grand d'inventivité permettant au lecteur de ne pas deviner la fin. L'histoire est tellement rectiligne et avec si peu d'éléments d'enquêtes qu'il ne reste qu'une alternative possible que les amateurs de thriller trouveront immanquablement.
Bref, je me dis que si j'ai lu ce livre, à défaut d'y avoir pris du plaisir, au moins j'ai fait une bonne action puisque pour chaque livre acheté 1€ est reversé à l'association CFCV.18/01/2019 à 18:10 3
-
Avalanche hôtel
8/10 Après deux romans mettant en scène Tomar Khan, Niko Tackian laisse un moment son personnage fétiche, la communauté arménienne et la banlieue parisienne; pour un flic frais émoulu de l’école de police, dans un canton suisse montagneux et enneigé.
Pour une fois l’allusion à l’ambiance et l’hôtel Overlook de Shining n’est pas uniquement valable sur la quatrième de couverture, mais elle est bien présente dans le livre. Un hôtel abandonné dans une montagne en pleine tempête hivernale, où le personnage a des visions de personnes disparues de nombreuses années auparavant. De même celle à propos de Jason Bourne n’est pas usurpée, non pas au niveau de la densité des actions mais bien dans l’exploitation de l’amnésie du personnage principal.
Mais là s’arrête le parallèle entre ces différentes œuvres car Niko Tackian nous livre bien une histoire originale Une histoire qui se lit très rapidement. Également scénariste de séries télé policières, l’auteur garde l’efficacité du récit dans ses livres. Si chaque chapitre n’est pas l’occasion à une scène d’actions, il y aura toujours une nouvel élément pour faire progresser l’enquête ou relancer l’histoire.
Les personnages sont bien construits, complexes, mystérieux (surtout pour Joshua Auberson en quête de sa mémoire) dont on apprécie voir évoluer leur complicité.
Un livre sans défaut me diriez-vous ?
Non pas totalement. Si au début du livre nous sommes littéralement suspendu aux mots du livre, cette captivité s’estompe au fil des pages, pour fléchir avec une fin attendue du fait de manque d’alternatives possibles.
Un très bon moment qui ouvre le bal des livres de 2019.11/01/2019 à 20:47 6