QuoiLire

342 votes

  • 13 à table ! 2016

    Ouvrage collectif

    8/10 Je ne pourrais jamais assez bien souligner la bonne initiative que ce livre à la veille de noël au profit des Restos du Cœur.

    Cette initiative est d’autant plus louable que les textes proposés sont des textes d’une très grande qualité. L’écriture de nouvelles est un exercice très difficile car il faut assoir une histoire et des personnages très rapidement, de saisir tout de suite le lecteur pour l’embarquer dans une histoire courte et qui ce doit donc intense.

    Avec le style et le domaine qui leur sont propres, on a ici 12 textes (le 13ème invité à table étant le lecteur) de sensibilités différentes qui nous permettent de faire connaissance avec des auteurs que nous n’avons pas l’habitude de lire, ou au contraire d’aborder un aspect différent d’auteurs que nous affections particulièrement.

    Tantôt classiques tantôt surprenantes, toutes les histoires constituent un véritable plaisir de lecture.

    Alors, faites vous plaisir et vous ferez en même temps une bonne action.

    15/03/2016 à 19:52 5

  • Phobia

    Ouvrage collectif

    8/10 Un commentaire court pour de nombreuses nouvelles courtes.

    Une fois encore, ce genre de petit livre nous permet de découvrir des auteurs que nous ne connaissions pas ou que nous n'aurions jamais lu.

    Une mention toute spéciale pour le texte d'Ian Manook aux relents de Tontons flingueurs avec la verve d'Audiart : un pur délice.

    En plus c'est pour la bonne œuvre.

    22/11/2018 à 21:27 2

  • Classe tous risques

    Ouvrage collectif

    2/10 Quelle déception.

    Moi qui croyais trouver un roman de suspense ou d'horreur de Stephen King dans un avion, je trouve uniquement un recueil de nouvelles liées par la même thématique, l'aviation. Ces nouvelles viennent essentiellement du siècle dernier, certaines ont été écrites lors de la naissance de cette discipline.

    Mais pas de Stephen King. Les seuls liens avec le maître de l'horreur sont son introduction de ce livre et une nouvelle (une des meilleures) nouvelle de son fils Joe Hill.

    Il n'y aurait rien à reprocher à la qualité des nouvelles, c'est même une sélection originale et intéressante que de voir la perception de l'avion au fil du temps. Mais je ne peux m'empêcher d'avoir une ressenti de tromperie d'avoir mis en avant le nom d'un auteur pour au final ne rien trouver de lui.

    Intéressant mais trompeur.

    04/08/2020 à 21:42 2

  • Trois secondes

    Börge Hellström, Anders Roslund

    9/10 J'ai longtemps attendu avant d'écrire cette critique : devais-je le faire pour ce livre ou pour la série complète. Mais le premier tome étant tellement bien que j'ai préféré la faire, et ainsi vous permettre de connaître mon avis sur les suivants pour savoir si cette qualité est tenue.
    Ne vous fiez pas à la relative lenteur des cinquante premières pages, elles sont là pour poser les personnages et présenter leur psychologie. Ensuite, le livre prend gentiment son rythme de croisière pour se révéler comme un redoutable page-turner d'une très grande efficacité, d'une forte propension à être addictif et d'une grande modernité dans sa rédaction alors qu'il a été écrit en 2009.
    J'ai particulièrement adoré le fait d'être baladé par les auteurs lors de la mise en place des préparatifs du héro principal avant son incarcération : on ne peut s'empêcher de se demander à quoi cela pourra lui servir; et il faut attendre le dernier quart du livre pour que toutes ses pièces s'emboîtent à la perfection.
    Avec ce roman, Anders Roslund & Börge Hellström sont souvent nommés les nouveaux Stieg Larsson (l'auteur de la série des Millenium). Cela est vrai dans le rythme du livre et la lutte du personnage principal, mais ils me font également pensé à Tom Clancy pour leur précision de la vie carcérale et du marché de la drogue dans les prisons, ou à Terry Hayes pour la qualité de la narration et de l'intrigue.
    Je ne peux reprocher que quelques répétitions sur le passé et les méfaits de Paula, sans quoi ce livre serait tout simplement parfait.
    Enfin je tiens à souligner la qualité de la couverture. Enfin, une maison d'édition qui prend au sérieux les première et quatrième de couverture, celles qui nous font choisir un livre plus qu'un autre.

    08/05/2019 à 21:10 7

  • 1991

    Franck Thilliez

    9/10 Je suis époustouflé par la production de Franck Thilliez : un roman par an, et des romans qui sont meilleurs à chaque année. Tous les écrivains ne peuvent pas en dire autant.

    Que dire de 1991 si ce n'est un excellent roman, qui plaira aux novices et qui enchantera les aficionados de Sharko en le découvrant dans sa première enquête.

    La grande surprise ne vient pas de retrouver le personnage mythique de l'auteur mais surtout d'être (re)plonger dans les années 80-90 pas si lointaines (c'est ce que je me dis pour penser que je n'ai pas vieilli) mais qui semblent d'une autre époque tant les méthodes d'investigation étaient différentes puisqu'alors on commençait à parler d'ADN mais sans aucune application concrète en médecine légale; pas de téléphone portable, pas d'Internet. Bref du travail de limier.

    A lire absolument.

    04/08/2021 à 19:07 12

  • Le Sourire des pendus

    Jérôme Camut, Nathalie Hug

    9/10 Ce Sourire des pendus est mon premier livre de Jérôme Camut et Nathalie Hug; et je dois avouer que c'est une véritable et bonne découverte. En témoigne l’achat de

    Pourquoi une si bonne impression ?

    Pour plusieurs raisons, mais avant pour la fluidité de l'écriture et le rythme du livre qui font passer ce gros pavé comme une lettre à la poste (même si l'expression est quelque peu galvaudée de nos jours). Le lecteur est rapidement plongé dans l'ambiance, se prend de sympathie pour les différents protagonistes dont il aime découvrir leur passé et leur psychologie au fil des pages.

    Mais c'est également une histoire, bien structurée, avec de multiples rebondissements, qui aborde il semblerait le sujet à la mode : le marché de l'esclavage sexuel que nous avons déjà rencontré dans Hell.com de Patrick Sénécal.Bien que quelques passages puissent être durs pour les lecteurs les plus sensibles, les sévices ne sont pas aussi détaillés ni nombreux que chez Sénécal,

    On pourrait seulement reprocher aux auteurs de multiplier les personnages et les histoires parallèles, qui apportent chacune leurs pierres à l’édifice, mais qui perdront les lecteurs qui se consacrent épisodiquement au livre.

    Enfin, même si l'on note une similitude frappante dans le concept entre W3 et Millenium comme media d'alerte, et la composition de l'équipe rédactionnel (le journaliste, le geek), la comparaison s'arrête à ce niveau et le lecteur n'a à aucun moment l'impression d'avoir un déjà-lu devan lui.

    C'est avec une réelle impatience que j'attends de connaître la suite des aventures de

    30/05/2016 à 21:30 6

  • Rémanence

    Jérôme Camut, Nathalie Hug

    4/10 Parfois il est bon de savoir s'arrêter dans une série.

    Rémanence est le tome de trop dans la série des Voies de l'ombre. Tout comme le personnage du tueur psychopathe Kurtz, le suspense et l'inventivité du récit des trois premiers tomes ne sont plus que l'ombre d'eux mêmes. Le quatrième tome n'était pas sur la même voie que les trois premiers.

    Il faut dire qu'après avoir épuisé, usé voire tué tous les principaux personnages, pour écrire un opus à la série, il ne restait guère plus que les deux enfants objets de pression dans le premier tome. Malheureusement, l'absence de Kurtz, ou plutôt, il n'en reste que les graines semées lors du kidnapping des enfants, ne permet de faire une histoire originale. Nous lisons une histoire de jeune sombrant de plus en plus dans la délinquance puis la violence.

    En soit le livre se serait suffit en le sortant du contexte de Kurtz, en développant la psychologie et le passé des personnages. Cela aurait permis de réduire la longueur du récit et de ne pas restreinte l'action à quelques dizaines de pages.

    Une histoire à lire pour parfaire le tour de la série, mais qui n'est pas une obligation; un livre à réserver aux fans de Jérôme Camut & Nathalie Hug.

    29/12/2018 à 21:10 6

  • Entre deux mondes

    Olivier Norek

    8/10 Voici donc la nouvelle aventure que nous offre le romancier policier français le plus intéressant du moment.

    Les habitués ne retrouveront pas dans ce roman Victor Coste, le héro des trois premiers livres d'Olivier Norek (Code 93, Territoires, Surtensions), et encore moins la région parisienne dans laquelle l'auteur a évolué professionnellement. Pour cette aventure, direction la Libye puis la jungle calaisienne et l'univers sans pitié des migrants. Vous aurez le droit à deux inspecteurs pour le prix d'un, un français fraîchement muté dans cette circonscription, un autre étranger en tant que migrant. Confrontation des univers, confrontation à une réalité kafkaïenne de la gestion de migrants.

    Même si ce roman est moins fort, moins impactant, moins décapant que ses prédécesseurs, comme à son habitude Olivier Norek dénonce (pousse un coup de gueule) des injustices, des anomalies administratives. Il a le mérite de dévoiler des aspects, souvent sombres, de ce monde que peu de monde connaît, que beaucoup refuse de voir;mais toujours sans parti pris, simplement en énonçant des faits, rien que des faits.

    Claque et dépaysement assurés.

    A son habitude, Olivier Norek amène non seulement une histoire mais avant tout des personnages bien construits, qui s'interrogent beaucoup sur leur condition et les situations auxquelles ils sont confrontés. L'écriture est toujours aussi efficace, fluide, impeccable; le livre ne restera pas longtemps entre les mains des lecteur tant l'auteur sait vous tenir en haleine et relancer régulièrement l'histoire.

    Si bien maigre est l'intrigue et sa conclusion évidente, ce roman ravira tout autant ses lecteurs habituels que ceux qui le découvriraient dans ce roman aux abords de l'étude de sociologie.

    14/10/2017 à 21:56 10

  • Islanova

    Jérôme Camut, Nathalie Hug

    7/10 Je dois avouer que c'est une critique de livre qui m'a posé beaucoup de problèmes. Après avoir lu Islanova, je ne savais qu'en penser. Est-ce un bon ou un très bon roman ?

    Les éléments qui ont fait le succès du quatre-mains, Jérôme Camut et Nathalie Hug, sont toujours présents : des chapitres mêlant alternativement actions et progression de l'histoire ou définition de la psychologie des personnages, un écriture fluide qui rend ce thriller politique très agréable et pousse à la réflexion sur notre société de consommation. Avec un petit plaisir supplémentaire personnel :l'action du livre se déroule vers Royan et sur l'Ile d'Oléron, lieux de mes vacances. Je peux vous dire qu'à quelques détails

    Alors pourquoi est-ce que j'hésite entre bon livre et très bon livre ?

    J'ai découvert ces deux auteurs au travers de la trilogie W3 qui avait à la fois de grandes qualités narratives, policières, une intrigue parallèle poussée, des personnages travaillés et attachants. Dans Islanova, il y a certes de nombreux personnages mais je les trouve un peu moins fouillés, plus "standard", moins originaux; le fil de l'intrigue quoi que bonne, dynamique et avec de nombreux rebondissements qui tiennent le lecteur en haleine, reste cependant linéaire. Sans doute le fait de dérouler l'ensemble de l'histoire sur un seul volume, même de 800 pages, contrairement aux trois de W3, n'a pas permis aux auteurs de déployer la mécanique du succès de leur précédente trilogie.

    Si ces quelques défauts restent mineurs par rapport à la qualité globale du livre, le plus gros défaut de ce livre qui en fait un bon livre et et non pas un très bon livre est le recours à une mise en scène très cinématographique, presque hollywoodienne dans le tiers final du livre : explosions, arrivée de la cavalerie au bon moment, révolte nationale. S'il devait y avoir une adaptation sur grand écran, certainement que Michael Bay se proposerait.

    Alors, un bon roman, militant, captivant, même si les auteurs en font un peu trop par moment.
    (quoilire.wordpress.com/2017/08/28/jerome-camut-nathalie-hug-islanova/)

    28/08/2017 à 21:24 5

  • J'irai tuer pour vous

    Henri Loevenbruck

    9/10 Toutes les qualités d'un très bon thriller sont réunies dans ce roman.
    Tout d'abord l'originalité du sujet : l'histoire, véridique semble-t-il d'après l'auteur, d'une personne au patriotisme exacerbé qui va être "embauchée" comme agent externe (et donc non-officiellement reconnue) par la DGSE pour exécuter des "tâches" les plus sensibles.
    Ensuite, un contexte dans lequel cette histoire s'inscrit : l'époque sombre des attentats parisiens sous l'ère Mitterrand et des journalistes pris en otage pendant de longs mois.
    Le tout permet à l'auteur de construire un roman à la fois dynamique avec de l'action (les frasques du héro avant son recrutement puis ses missions), plein du suspense, et qui dénonce les luttes intestines ou les dérives des politiques; que la vie tout comme la vérité est plus compliquée qu'il n'y paraît.
    Les personnages sont forts, très bien construits avec une psychologie complexe, loin d'être caricaturaux; les seconds rôles puissants. L'écriture est à la fois ciselée et d'une grande fluidité. A la lecture de ce livre, ce ne sont pas des pages qui défilent sous nos yeux, mais un film en panavision.
    En conclusion, ce roman est tout simplement addictif, il est mortel. Nous pourrions donc dire que le titre de ce roman est un publicité à lui tout seul, et pour une fois, contrairement à certains bandeaux apposés en bas des livres, cette publicité n'est nullement mensongère.

    17/03/2019 à 21:37 10

  • Je suis Pilgrim

    Terry Hayes

    9/10 Lorsque l'on parle de roman d'espionnage, nous avons en tête Tom Clancy et son Jack Ryan ou un Jeff Abbott et son Sam Cappra, on s'attend surtout donc un héro affrontant énormément d'actions.

    Je suis Pilgrim de Terry Hayes se situe à un autre niveau : certes l'action est au programme, mais elle n'est pas la composante principale du livre. Elle en est un moyen ou une conséquence, mais pas l'essence. Terry Hayes donne la part belle à la mécanique de l'espionnage, explique les différentes rouages qui viennent s'imbriquer pour faire l'histoire.... sans que cela soit lassant, un véritable tour de force.

    Là où l'on voit que Terry Hayes est un scénariste averti (il a collaboré par exemple à la scénarisation des Mad Max) c'est dans le façonnage de l'intrigue : cette fiction embarque des éléments réels comme les attentats des tours jumelles de New York. Nous n'avons plus l'impression de lire une fiction, mais un livre documentaire, une enquête d'investigation.

    De plus, Terry Hayes n'oublie pas de forger ses personnages avec de solides bases, tant dans leur histoire personnelle, leur vécu, leur psychologie. Il distille tout au long de l'histoire des éléments sur ceux-ci qui expliquent leurs décisions ou leur motivation.

    Et pour parfaire le tout, le style (et donc la traduction de Sophie Bastide-Foltz) est excellent : plus soutenu que ce à quoi nous sommes habitués, le style est très fluide et fait passer ce pavé pour un roman traditionnel.

    Si vous n'avez pas lu de roman d'espionnage depuis longtemps, alors n'hésitez pas longtemps, jetez vous à cœur perdu dans Je suis Pilgrim.

    09/04/2017 à 21:31 10

  • Le Cheptel

    Céline Denjean

    10/10 Le corps d'une jeune femme est retrouvé en Lozère. Au regard des éléments qu'ils détiennent, les enquêteurs de la SR de Nîmes se forgent rapidement un avis : elle a fait l'objet d'une chasse à l'homme...  Pour le capitaine Merlot, d'Interpol, les conclusions médico-légales placent cette victime dans une longue série. Les gendarmes nîmois vont alors apprendre à leur grande stupéfaction, qu'Interpol tente depuis vingt-cinq ans de démanteler un réseau de trafic d'êtres humains.

    Louis Barthes, notaire à la retraite, est à la recherche de sa sœur jumelle dont il ignorait l'existence. Ses démarches vont a peu à peu le faire remonter jusqu'à une poignée d'orphelins juifs dont la fuite vers l'Espagne s'est arrêtée dans les Pyrénées...

    Jeune adolescent de 13 ans, surdoué, Bruno passe des vacances dans les Pyrénées quand il tombe dans un dangereux torrent et est emporté par les flots. Il parvient miraculeusement à s'extirper des eaux tumultueuses, et cherchant de l'aide, découvre une communauté vivant hors temps et hors réalité dirigée par une grande prêtresse qui se fait appeler Virinaë.

    Trois fils que Céline Denjean tisse ensemble dans un suspens et une tension exceptionnels, et surtout avec sa remarquable maîtrise du récit révélée dans ses précédents romans.

    16/11/2019 à 11:51 10

  • Le Gibier

    Nicolas Lebel

    8/10 Nicolas Lebel est le maître du thriller français qui a pour spécialité de surprendre son lecteur à mi-livre. Une nouvelle fois, il nous propose une histoire policière qui semble "normale", "standard" dans un premier temps, et puis tout d'un coup, revirement total, on est pris dans une histoire politique, d'espionnage, avant, avant ..... je ne dirai rien de plus pour ne pas divulgâcher l'histoire.

    Les personnages sont superbement construits, tout en maîtrise et subtilité. On regrettera quelques facilités dans la narration ou quelques clichés, mais on va mettre cela sous le coup de l'histoire.

    Le rythme est faussement lent car il ne fait que s'accélérer et tient le lecteur pleinement en haleine.

    Un bon thriller à garder pour la plage cet été.... du moins si vous êtes capable de résister à sa lecture d'ici là.

    23/01/2022 à 21:08 10

  • Le Grand Monde

    Pierre Lemaitre

    7/10 Après une période très policière, suivie d'un roman d'arnaque historique, Pierre Lemaitre poursuit avec ce second domaine. Cette fois-ci il nous plonge dans les 30 glorieuses, période soit disant bénite d'après guerre synonyme de prospérité; mais qui est également une période de chômage, de pénurie (les tickets de rationnement alimentaire sont toujours en vigueur) et de promiscuité avec des logements étriqués où les sanitaires ne sont pas encore répandus dans tous les logements, voire même partagés.

    Mais Pierre Lemaitre ne se contente pas de nous conter l'histoire de la France comme le ferait un professeur d'université, il nous raconte la grande histoire au travers des petites histoires. Car aussi surprenant que cela puisse paraître, en de dehors de la famille Pelletier dont nous suivons les aventures aux quatre coins du monde, tous les faits mentionnés dans ce livre sont réels ou fortement inspirés de la réalité. Et c'est ce qui fait la véritable saveur de ce livre, car on a du mal à croire que ces rocambolesques épisodes ne soient tout simplement sortis de l'imagination de l'auteur.

    L'autre point fort de ce livre est la facilité qu'à le lecteur à se projeter dans les quatre frères et sœurs, enfants de la famille Pelletier. Autant nous sommes à la fois attendris et révoltés par Bouboule, autant nous vibrons des découvertes des deux autres frères. Chaque personnage a son caractère, sa motivation. On saute allègrement et alternativement de l'un à l'autre pour découvrir le secret que chacun cache.

    Cependant, contrairement à ce qu'annonce l'auteur, ce roman n'est ni un thriller ni un roman policier. Tout juste si le meurtre dans le cinéma et son enquête méritent au roman de s'approcher de cette dénomination.

    Alors même s'il faut patienter le franchissement des cent premières pages pour savourer l'histoire et voir apparaître l'intrigue des meurtres qui semblent suivre une partie de la famille, on se délecte de cette saga qui ne fait que commencer; l'auteur ayant annoncé que Le grand monde était le premier d'une tétralogie.

    15/02/2022 à 20:50 10

  • Couleurs de l'incendie

    Pierre Lemaitre

    8/10 Plus de 4 ans se sont écoulés depuis la récompense au Prix Goncourt de Au revoir, là-haut! et la parution de Couleurs de l’incendie ce second tome de la nouvelle trilogie de Pierre Lemaitre.

    Nul besoin d’avoir lu le premier tome, même si quelques éléments essentiels du premier tome sont rappelés pour une meilleure appréciation du contexte de l’histoire, rappels qui vont dévoileront malheureusement l’issue de Au revoir, là-haut!. Aussi vous conseillerais-je de lire cette trilogie dans l’ordre.

    Si le roman démarre fort par une description incisive d’un enterrement national qui se conclut tragiquement, tel un soufflet sorti un peu trop tôt du fort, il se dégonfle dans la première moitié. Habitué à une description acide, l’humour noir et une mise en situation tragique par l’auteur, le lecteur reste sur sa fin dans cette première moitié en voyant devant lui tournes les pages d’un roman historique.

    Mais si son courage le porte au-delà de la moitié du roman, il en sera grandement récompensé car alors il retrouvera le Pierre Lemaitre qui l’avait séduit avec ses précédents ouvrages : une machination machiavélique qui conduira tant les héros que le lecteur sur de fausses pistes avant de les faire tomber dans les pièges qui leur étaient tendus. Si l’on devait faire le parallèle avec la cuisine, l’auteur tel un grand chef fait mariner son lecteur, le cuisine à petit feu, le mitonne aux petits oignons, celui se délite pour finir à la casserole, dindon de la farce.

    Je ne parlerai pas de l’histoire pour ne pas en dévoiler le contenu, mais le lecteur verra en l’héroïne du roman, Madeline Péricourt, le symbole de la société de l’époque : une femme qui peut sombrer dans la pauvreté du jour au lendemain, pour rebondir le sur-lendemain, se venger, bousculer les codes, entreprendre et de ce fait s’émanciper.

    L’écriture est toujours aussi impeccable, à la fois soutenue mais d’une très grande fluidité, elle permet au lecteur d’atteindre le Saint Graal de la seconde partie. L’auteur aura fait attention d’employer le langage de l’époque, de s’être grandement documenter pour reconstituer fidèlement le monde, les modes et coutumes, les mouvances politiques de la France (voire de l’Europe) dans cette période d’entre deux guerres.

    Si Couleurs de l’incendie n’est pas aussi efficace que son prédécesseur, le lecteur passera un bon moment en sa lecture.
    (quoilire.wordpress.com/2018/01/20/pierre-lemaitre-couleurs-de-lincendie/)

    20/01/2018 à 18:26 9

  • Enfermé.e

    Jacques Saussey

    9/10 Ce roman est une vraie claque.

    Jacques Saussey a décidé de laisser tomber un moment les thrillers pour nous offrir un roman noir sur le phénomène transgenre. Mais heureusement pour nous, il n'est pas tombé dans le sensationnalisme et le côté racoleur du sujet. Bien au contraire, au travers de son personnage, il nous dévoile les différentes étapes de la vie d'une personne confrontée à ce "problème" qu'est de vivre dans un corps ayant un sexe qui ne correspond pas à celui de votre mental.

    Et ces étapes ne sont pas de tout repos car cela passe bien sûr par la découverte de sa sexualité différente de celles des autres, de pouvoir en parler avec ses ami(e)s, ses parents et son entourage, de se trouver confronter à leurs réactions, leur acceptation, leur rejet voire leur isolement ou leur phobie.

    Mais bien sûr, l'auteur ne se contente pas d'une histoire basique, puisqu'il va projeter son personnage en prison, où il va vivre un véritable enfer; où cette différence va être l'excuse d'en faire un esclave sexuel. Sur ce point, nous pouvons noter quelques similitudes avec l'admirable roman noir de Karine Giebel, Meurtres pour rédemption. On comprend alors qu'en plus d'être enfermée en prison, enfermée dans une catégorie d'identification sexuelle, elle est avant tout enfermée dans son corps qui n'est pas vraiment le sien.

    Là où l'on voit que Jacques Saussey est un admirable conteur, c'est d'apporter un twist final à son roman. En effet, les différentes époques (enfance, adolescence, prison, après-prison) de la vie de Virginie, le personnage principal nous sont présentées alternativement, mais on se demande les raisons de l'attitude de Virginie dans sa dernière phase. On la devine, on a bien des options possibles, mais ce n'est que dans les dernières pages que tout se dévoile.

    Nul besoin de dire que les personnages sont fouillés, que la composante psychologique de Virginie est travaillée, approfondie, dévoilée par petites touches; que les autres personnages sont restreintes à leurs exactions au point de ne pas avoir de patronyme.

    Un roman difficile, aussi utile à lire qu'un roman sur la Shoah. Un roman qui a injustement reçu trop peu de récompenses.

    28/01/2019 à 20:26 9

  • Les Refuges

    Jérôme Loubry

    9/10 Jérôme Loubry a tout compris pour fournir un très bon thriller.

    Tout d'abord une histoire qui commence par une situation tout à fait banale, qui pourrait arriver à tout à chacun, mais qui rapidement va s'écarter de la normalité, prendre un aspect étrange, pour basculer totalement. Bien sûr, en lecteurs avertis que nous sommes, nous nous attendons à quels pièges dans le cheminent de la résolution de l'intrigue, mais l'auteur est très vicieux : fausse piste, nombreux rebondissements, faux-semblants, vous allez vous faire avoir dans les grandes largeurs mais surtout pour votre plus grand bonheur.

    Ensuite, des personnages fort bien construits qui se dévoilent au fur et à mesure des pages. On découvre leur psychologie, leurs faiblesses, leur passé, mais aussi leur perception de la situation, par petites touches ou de petits indices disséminés de-ci de-là. On se prend d'affectation pour certains personnages, avant de les haïr. Jérôme Loubry malmène ses lecteurs tout comme ses personnages.

    L'écriture est parfaitement fluide, efficace. On plonge entièrement et rapidement dans l'ambiance du roman. On se prend à tourner les pages, à ne plus pouvoir s'arrêter par désir de connaître la fin.

    25/10/2019 à 21:03 9

  • Robe de marié

    Pierre Lemaitre

    9/10 Ce roman policier, ou plus exactement un roman noir, témoigne que les qualités de Pierre Lemaitre étaient déjà présentes  bien avant son obtention du Prix Goncourt

    Déjà au niveau de l'histoire, Pierre Lemaitre s'amuse avec son lecteur en l'embarquant dans une première moitié du livre dans la descente aux enfers d'une jeune femme qui fuit les conséquences de ses actions qu'elle aurait commis dans ses périodes d'amnésie; puis de procéder à un brusque revirement sur lequel je ne m'étendrais pas pour vous laisser la surprise.... et la suivante. Il eut été une époque où ce genre de scenario aurait plu à des cinéastes comme Alfred Hitchcock.

    L'histoire s'articulant autour d'une aventure, l'auteur a évidemment bien architecturé ses personnages tant sur leur psychologie, leur passé, leur fonctionnement, leur réflexion, leurs actions et réactions. On les imagine parfaitement, on ressent chacun de les sentiments, on frissonne avec, pour, eux.

    D'ailleurs si vous pensiez que pour une fois le titre d'un roman de Pierre Lemaitre était bien choisi, en fait  il s'agit d'une faute d'orthographe. L'auteur a donné cette information lors d'une entrevue: le personnel de l'édition s'en est aperçu alors qu'un certain nombre de livres avait déjà été tiré. Finalement, il a admis que le hasard avait bien fait les choses.

    La version audio par laquelle j'ai découvert ce livre est très excellente. Les deux lecteurs (une voix féminine pour Sophie, une masculine pour l'homme) ont une diction parfaite, le jeu juste nécessaire qui permet de laisser l'imagination de l'auditeur agir.

    11/08/2019 à 20:36 9

  • Sans pitié, ni remords

    Nicolas Lebel

    9/10 Alors que j'ai acheté ce livre dans un petit vide grenier, j'avoue avoir fait une superbe découverte. Car c'est tout simplement un des meilleurs romans policier et thrillers que j'ai lu cette année.Tout est bon dans ce roman.Tout d'abord l'histoire qui est particulièrement soignée, avec de nombreux rebondissements, mais sans aucun délire scénaristique.Mine de rien on apprend énormément tant sur l'art primitif africain, que sur les musées parisiens; et sans que cela faitEnsuite, les multiples énigmes parsemées tout au long de l'enquête. Si les amateurs de romans policier en identifieront rapidement certaines (cf. Le manuscrit inachevé de Franck Thilliez), il faut être un peu tordu pour les trouver toutes. Bravo à l'auteur pour avoir fait le poème à tiroirs et pour en avoir glissé d'autres secondaires dans les pages du roman (faites attention au moment de lire le rêve de Vlad par exemple).Mais c'est surtout l'écriture de Nicolas Lebel qui est remarquable. D'une grande fluidité, elle donne part belle au "patois" parisien des gens qui ont bien bourlingué. Ajouté à l'humour et au verbe fleuri du héro principal, le Capitaine Mehrlicht, on ne peut s'empêcher de penser à un scenario d'Audiart. C'est un petit bonbon de littérature.Les personnages sont forts, et pas uniquement en parole, attachants, multiples et complémentaires.Enfin, la dérision du roman vis-à-vis d'autres auteurs. A ce jeu c'est Olivier Norek qui perd, en endossant un personnage nommé "Olivier Ronek" ou se voyant attribué l'adresse mail des complaintes (bien lire jusqu'au bout les pages de remerciements).Sincèrement, j'aimerais bien en voir l'adaptation cinématographique avec un Jean-Pierre Daroussin dans le rôle principal.Mon seul regret à la lecture de ce roman a été de découvrir qu'il s'agissait de la troisième (sur cinq) aventure du Capitaine Mehrlicht, mais avec comme seul réconfort que l'auteur ne dévoile rien des enquêtes précédentes si ce n'est qu'elles ont été résolues.

    17/04/2019 à 20:49 9

  • Toutes les vagues de l'océan

    Víctor Del Árbol

    9/10 Vous recherchez un roman policier plein d’actions et de rebondissements dans l’enquête : passez votre chemin.

    Ici, Toutes les vagues de l’océan est avant tout une aventure histoire, une saga de personnages, de familles, tout au long du XXème siècle. Et ce n’est qu’en parcourant leur histoire que l’on découvre, au final, l’origine, les racines, des crimes perpétrés et racontés au début de ce gros livre.

    Même si comme moi vous n’êtes pas particulièrement attiré par l’histoire et la politique de l’Europe du XXème siècle, Victor Del Arbol a un talent de conteur pour nous la faire découvrir de manière plaisante. Il se sert des aventures d’Elias Gil pour nous amener dans l’URSS stalinienne, de la déportation massive vers l’enfer des goulags, puis de la guerre civile espagnole, la fuite vers la France (l’histoire se répète malheureusement en 201 avec d’autres réfugiés) le tout sur fond d’engagement envers le communisme et d’espionnage.

    L’écriture est impeccable (et la traduction aussi de fait), elle nécessiterait peut être un peu plus de fluidité, mais rares sont les livres qui me demandent de compulser un dictionnaire à plusieurs reprises. Merci Mr Arbol pour cette écriture précise digne des grands romanciers de la fin du XIXème siècle, sans la lourdeur des descriptions alambiquées et sans fin.

    Un roman qui mérite qu’on lui consacre du temps pour être lu à sa juste valeur.

    15/03/2016 à 19:51 9