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Crois-le !
7/10 J’ai fait connaissance avec cet auteur en lisant ses deux derniers et je n’avais pas encore eu l’occasion de croiser AL, devrais-je dire Edouard Tudieu de la Valière ? …Je vais donc avec ce premier tome (la série en comporte 4 à ce jour) entrer dans son univers, décalé et jouissif pour les malheureux métropolitains que nous sommes.
Il s’agit pour moi avant tout d’un roman d’ambiance … à lire en prenant le temps de s’imprégner du mode de vie, de la culture, des us et coutumes. Ça fait un bien fou même si les personnages sont malmenés, il en restera un sentiment de calme à défaut de sérénité.
Pourtant oui, les personnages sont hors du commun. Al tout d’abord, bourré d’humour avec une vision décalée de la vie, détective par défaut, avec sa famille qui influence voire perturbe le cours de ses investigations. Dans son panthéon nous trouvons notamment un pote de promo, Sando, flic professionnel et en toutes circonstances, complice de ce vilain petit canard de Al.
Une enquête va mener notre héros dans le milieu ecclésiastique de Papeete et ses environs, le faire rencontrer un prêtre sensible aux exploits la bande à Bonnot et de ses pensées anarchistes inspirantes !
Mention particulière à Mami Gyani, truculente, précieuse par son entregent et Toti le roi de la récup.
J’ai aimé ces personnages et cette histoire, certes un peu sanglante mais surtout dans ce petit bout de chez nous à l’autre bout de la planète : l’exotisme à la Guirao !
J’ai aimé cette histoire de faux-monnayeurs mafieux, qui s’emmêlent avec leurs valises.
En rédigeant cette chronique, j’ai découvert qu’il existait une adaptation pour la télévision, de cette première aventure de Dorsey. Dommage que la diffusion en soit restée confidentielle …
Donc vous l’aurez noté, une série en 4 romans dont le premier tome affiche d’emblée le mode de vie polynésien pour une enquête tout à fait honorable et un dénouement prometteur.
Très bon moment de lecture !
16/11/2020 à 17:27 2
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La Mort et la belle vie
8/10 Facile de dire que l’on est en présence d’un flic atypique : c’est généralement l’objectif des auteurs qui créent des personnages pour que les lecteurs s’en souviennent. Ici oui, atypique dans le sens que Al Barnes, dit « la tendresse » n’est ni alcoolique ni drogué, heureux en couple, bien avec sa hiérarchie issue d’une minorité ethnique amérindienne, amoureux de poésie, sensible aux charmes féminins … et qui est avant tout « bienveillant » ! Avec lui point de délit de sale gueule, point de préjugés. Les personnes qu’il rencontre au cours de son enquête sont des témoins avant d’être des suspects. Il a fait le choix de quitter la ville et une belle carrière en perspective pour la montagne, ses paysages sauvages et grandioses. Pas de chance pour lui car il semble qu’un tueur en série s’attaque aux pêcheurs du lac. Il va devoir quitter la verbalisation des mauvais conducteurs. Et si cette histoire qui lie trois victimes et amis de jeunesse faisait écho à une affaire classée vieille d’une vingtaine d’années ?
L’enquête va permettre à Al de renouer avec ses anciens collègues, toujours prêts à l’aider (autre caractéristique de l’intrigue qui ne se heurte pas à une « guerre des polices ») et d’attirer l’attention s’il en est besoin, sur la situation des femmes et les clivages de la société américaine.
Dites-moi lecteurs, ça ne vous pas penser à des personnages du PAF ? Mais bon sang c’est bien sûr : nous sommes en présence du roman qui a inspiré les personnages de la série de TV « Alex Hugo » à nos scénaristes préférés Franck Thilliez et Niko Tackian. L’humanité de Al Barnes a su séduire nos polardeux pour en faire une adaptation alpine pour notre plus grand plaisir.
Au-delà de cette faculté d’inspiration du roman, j’ai pris beaucoup de plaisir à suivre son rythme et sa candeur qui permettent que la violence (parce qu’il y en a) passe plus « en douceur ». Le goût de Al Barnes pour la poésie fait écho à la passion de Richard Hugo lui-même et permet au héros de s’en sortir émotionnellement.
Notons enfin que la préface de James Welch apporte de nombreux éléments de compréhension sur la personnalité de l’auteur et qu’elle est bien plus qu’une préface, une vraie biographie pour celui qui n’aura eu le plaisir d’écrire qu’un seul polar dans sa trop courte carrière de romancier.07/11/2020 à 12:35 2
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Bienvenue à Gomorrhe
8/10 Bienvenue chez les hackers 2.0 … ou plutôt 2,5.0 voire 3.0. Bienvenue ? C’est l’avenir qui le dira …
Dans ses remerciements l’auteur précise : « il s’agit d’une œuvre de fiction qui joue délibérément avec la réalité – mélange de plausible et de fantastique, de faits historiques et de choses qui m’ont simplement amusé. Contrairement à la réalité, la fiction a l’obligation d’être crédible. » Oui crédible … pari réussi Monsieur Chatfield, vous m’avez vraiment fait flipper …
Gomorrhe est une excroissance du Darknet, dès lors on s’attend à tout trouver dans ce supermarché de l’horreur en ligne. S’y côtoient le plus glauque de l’humanité virtuelle et les hackers redresseurs de torts, justiciers de notre monde digital. Ainsi le héros, AZI attire notre sympathie car il affiche la vertu au point de créer de fausses identités capables de rallier les plus infames idéologies comme le néo-nazisme, afin de mieux les combattre. Bien sûr les hackers les plus doués sont sous surveillance des divers services secrets de la planète, le temps de leur utilité. Loin du cliché du geek boutonneux et obèse, AZI vit en ermite dans la cabane au fond de son jardin et va dévier de ses principes quand il va être contacté par une « amie » qui l’appelle à l’aide, pour déjouer un complot djihadiste. Tout ne se passera pas au mieux et va provoquer une fuite en avant, vers Berlin, Athènes puis San Francisco où il pourra trouver des alliés ou des ennemis.
Une histoire complexe, très documentée, au vocabulaire parfois hermétique où je me suis perdue malgré les notes en fin de chapitre. Mais peu importe, je suis passée outre ces embûches pour suivre ce thriller rapide et haletant de presque 500 pages. J’ai aimé cette vision de l’Athènes souterraine et libertaire, loin des cartes postales et l’apothéose finale digne d’une superproduction hollywoodienne.
Ce thriller technologique mâtiné d’espionnage, son héros vertueux certes mais immergé dans un roman sans concession et néanmoins bien sanglant, nous feront par ailleurs découvrir les mécanismes d’endoctrinement au djihad en œuvre à Raqqa, dans la chronique d’une évasion avortée.
Lu en version numérique 9.99 €
Je remercie les éditions Hugo Thriller pour m’avoir permis de faire cette découverte dépaysante et riche d’enseignements.
01/11/2020 à 10:28 3
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Et puis mourir
9/10 Découvrons un nouveau duo d’enquêteurs avec un Breton adepte de la gifle (ne pas confondre avec son homonyme avec deux « n » enfanté par Didier Fossey) et un Corse, orthodoxe de la règle pour s’épargner de sa propre violence. Un contexte bien présent dans notre mémoire collective pour l’ambiance insurrectionnelle et le rôle des médias dans la relation de la vérité. Notons le soin apporté à la chronique des manifestations parisiennes de 2018.
Sous des allures de polar assez classique, Jean-Luc Bizien nous interpelle sur notre sentiment de justice. Que dire d’une victime qui n’a pu verbaliser à temps ses douleurs et dont l’affaire est ainsi effacée par la prescription ? Une double peine en fait ! Corolaire : quand la justice n’a pas abouti, est-il moralement admissible qu’une victime joue au justicier ?
Un tueur en série que nous identifions très tôt certes mais que nous soupçonnons en outre d’être le troublant gardien d’une histoire sensible que nous découvrons au fil de pages, va être l’objet de la traque, cœur de ce thriller. Ses victimes ont-elles un point commun au-delà de leur aisance financière ?
Tout le talent de l’auteur est au service de ce suspense au dénouement inattendu mais que j’ai trouvé cruel et élégant ainsi qu’une approche de la vieillesse et de la maladie d’Alzheimer pudique et sans voyeurisme.
Excellent moment de lecture servi par un style toujours aussi affuté.
Loin de la Corée du Sud et du Mexique de ses précédents romans, dans le contexte d’événements qui ont suspendu notre actualité, Jean-Luc Bizien nous conte là une histoire prenante et nous espérons très fort que Le Guen et Agostini aient une vie sur plusieurs tomes à venir …
Enfin une dernière interrogation : quels rapports ont donc nos auteurs avec le cimetière du Père Lachaise ? … un beau sujet d’analyse …
29/10/2020 à 15:32 4
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La Peine du bourreau
9/10 L’avertissement de l’auteure en début d’ouvrage est clair, il doit lever toute ambiguïté et pourtant tout au long de la lecture je me suis trouvée face la froide réalité de la vie carcérale américaine et bien plus. Immergée pendant 256 pages dans le couloir de la mort de la prison de Walls je n’ai jamais eu le sentiment d’être dans une fiction, car l’écriture en est réaliste et impliquante.
L’auteure nous invite à vivre les quatre dernières heures d’un condamné à mort en sa présence ainsi que celles de son bourreau et de celui qui a le pouvoir de le gracier. Le bourreau va ainsi témoigner de la « carrière » qu’il a choisie pour ne pas prêter le flanc aux droits communs qui semble-il sont bien plus dangereux du fait de la promiscuité des conditions de leur détention. Ainsi va-t-il partager ses souvenirs et le lecteur pourra reconstituer des parcours de vie divers, bien peu enviables, jamais exemplaires dans le bon sens, parfois du fait de concours de circonstances malencontreux, souvent du fait d’une idéologie raciste … bref l’Amérique profonde, fruit de son histoire, bien éloignée dans ce cas de la vieille Europe.
La question sous-jacente du choix, choix des croyances, choix de vie est omniprésente dans ce roman aux allures de témoignages tant pour le condamné que pour les deux autres protagonistes.
Dérangeant c’est peu dire … à l’heure où les médias colportent de vagues sondages sur le souhait des Français à voir rétablir la peine de mort, on peut espérer que le débat est dépassé au pays de Badinter. Qu’en est-il aux USA ? Il réapparaît à chaque élection de gouverneur avec ses relents de racisme et de xénophobie.
Lecteur, vous serez face à vos choix, vos valeurs, votre intime conviction et aussi face à un roman qui témoigne de notre époque avec élégance, justesse, pudeur et réalisme.
Etonnant moment de lecture, par une belle plume, capable de changer de registre à chaque publication !
25/10/2020 à 18:55 5
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Entre fauves
9/10 L’action se déroule sur deux mois entre la Namibie et les Pyrénées. C’est dire que notre auteur, humaniste et défenseur de la planète, nous offre des horizons dignes du grand écran. Protecteur, je pense qu’il aimerait l’être mais c’est faire fi de l’ambivalence de tous prédateurs qui nous entourent et qui peuvent aussi devenir les proies au gré des circonstances.
Dans ce thriller, la Namibie est menacée par une sècheresse atypique, comme les Pyrénées le sont par un retour du froid au printemps …un décor digne du grand écran que nous offre là l’auteur.
Charles, notre lion solitaire... à titre individuel est victime de la sècheresse, résultat : il menace les troupeaux … dès lors les paysans souhaitent supprimer l’individu au détriment de l’espèce.
Il va être traqué par Appoline et Kondjima pour des mobiles bien éloignés.
Martin, garde du parc naturel régional des Pyrénées traque les chasseurs de trophées sur le net et pourquoi pas dans la vraie vie ?
Quatre personnages vont ainsi se partager la narration à la première personne et déranger le lecteur en l’impliquant.
J’ai éprouvé de l’empathie pour Martin, les paysans namibiens qui luttent pour leur survie, les espèces animales menacées. Je n’ai eu aucune sympathie pour les chasseurs de trophées même s’ils soutiennent l’économie des petits pays africains. Bref Colin Niel a réussi à m’entraîner dans cette aventure chaotique, très bien construite au demeurant puisque le chaos ébranle nos consciences au fil de ces 352 pages, denses, documentées, militantes et exotiques, mêlant modernisme et coutume.
Après la série guyanaise, Colin Niel nous invite en Afrique puis dans les Pyrénées : autres ambiances, autres enjeux, autres trafics … pas de moralité sauf à dire qu’il est urgent de se réveiller !
Un thriller cruel, édifiant, sombre mais bienveillant aussi, baigné de la lumière et de la poésie des paysages. Un excellent moment de lecture, d’évasion dans ces grands espaces à préserver.
21/10/2020 à 10:24 10
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Prendre un enfant par la main
9/10 mer. La famille, quatre ans après le drame reste inconsolable, s’abîmant dans l’alcool et le jeu pour le père, la névrose pour la mère, la culpabilité pour le jeune frère.
Jusqu’à ce que Gabrielle apparaisse dans leur voisinage, même âge et ressemblance troublante avec la disparue. Sarah va faire un transfert mais Gabrielle n’est pas la jeune fille parfaite qu’elle aurait souhaitée …les relations entre voisins vont se détériorer et les « fausses pistes » quant au sort de Gabrielle vont égarer le lecteur. Le lecteur tout perspicace qu’il est, va être sûr d’avoir la clef bien avant la fin du roman … Que nenni, c’est sans compter sur le talent de conteur de François-Xavier Dillard, qui a plus d’une fausse piste dans la manche !
De bons personnages avec cette famille meurtrie, Marie la voisine encombrante, et Gabrielle et ses deux mères, certes dans un contexte qui ne connait pas la crise mais cependant pas exempt de risques. Tout y est pour provoquer l’empathie.
Très bon roman psychologique que je recommande, où la famille tient le rôle principal comme dans les précédents thrillers de François-Xavier Dillard et où le contexte nous fait dire que ça peut arriver près de chez nous ! Restons vigilant à la souffrance qui nous entoure pour venir en aide, prévenir les désastres et soyons prêts à prendre un enfant par la main.
En relisant la bibliographie de l’auteur, je me rends compte que je n’ai pas lu le millésime 2018 … je vais donc l’écouter puisqu’il me dit « Réveille-toi ! » …
18/10/2020 à 16:26 6
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Face mort
8/10 Bienvenu dans la planète de l’e-terrorisme et de l’intelligence artificielle.
Deux super-doués de l’informatique et des technologies de la reconnaissance faciale, vont mettre leurs compétences au service de la nation, cible d’attentats de masse. Ils feront équipe avec le commando de Maxime Barelli, une femme qui est affectée au « nettoyage » de terrain, en bref à l’élimination radicale des ennemis de l’Etat, et comme dans la série « mission impossible », si elle échoue, personne ne la sauvera. Elle va jusqu’au bout pour la protection de son groupe.
Ce thriller technologique n’a rien à envier aux « Clancy » de la belle époque. L’auteur a su faire coller l’intrigue riche et réaliste, aux multiples ramifications, aux angoisses existentielles des populations, aux peurs actuelles. La contamination est vécue au quotidien, mais cette contamination ciblée est le fait de l’ultra haute technologie, sans états d’âmes puisqu’elle est commanditée par des méchants et que les exécutants, sous la façade idéologique, ne se vendent qu’au plus offrant. Un final extrême, très visuel, en apothéose et une dernière page qui laisse pantois.
Un vrai thriller technologique donc, qui embarque le lecteur au plus profond de ses angoisses, qui le questionne sur ses priorités, ses limites, son courage potentiel. Les scientifiques et leurs financeurs sont-ils fous de se lancer de tels défis ? Sont-ils corruptibles ? Au service de quels idéaux peuvent-ils se mettre ? Humanisme ou extrémisme, pouvoir ou finance ?
En conclusion, une très bonne histoire, un choc générationnel … l’éthique a-t-elle un avenir ?
Ceux qui ont aimé les thrillers technologiques de Franck Thilliez, Sylvain Forge et Bernard Minier (et d’autres) seront ravis par ce roman de Stéphane Marchand.
15/10/2020 à 11:52 3
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Neige écarlate
8/10 Avec l’environnement actuel qui est le nôtre, la lecture de ce roman glauque et flippant peut nous faire dire « Ma foi, la vie ce n’est pas si mal, faisons en sorte de la préserver ! ».
Flippant oui pour cette ambiance de huis clos, dans une région où la psychose collective va prendre le pas sur la raison, où la théorie de complot va faire renaître des pulsions meurtrières dissimulées sous les apparences d’une vie harmonieuse et bucolique. Un roman bien noir malgré la neige verglaçante, aux descriptions hyperréalistes.
Toute ressemblance avec la situation sanitaire que nous vivons n’est sans doute pas exempte de volonté de la part de l’auteure et le lecteur se demande comment il est possible de se « monter le bourrichon » de la sorte ! Le jeu des influences y est à son paroxysme, toutes générations et classes sociales confondues. Tout devient « signe ».
L’auteure, psychologue de métier a su admirablement faire que l’empathie avec les personnages soit alternative et efficace, jusque dans la maison de retraite dont les pensionnaires ont une folle envie de vivre. L’évocation de la maladie d’Alzheimer y est d’une pudeur bienvenue.
Nous sommes en présence d’un thriller psychologique rural et dérangeant, car cette micro-société pourrait bien être la nôtre, quelle qu’en soit l’échelle.
Saluons donc ce premier thriller de Anne Waddington qui a eu la très bonne idée de mettre en début de volume, la liste des personnages, une aide précieuse pour cette découverte et ce très bon moment de lecture ! N’oublions pas « thriller = trembler » … Une découverte qui devrait plaire à ceux qui ont aimé La vallée de Bernard Minier.
13/10/2020 à 09:11 5
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Le Loup des Cordeliers
10/10 Pour les chroniqueurs, Henri Loevenbruck est le remède absolu contre l’angoisse de la page blanche …
Lorsque le lecteur ferme ce roman, immanquablement il se demande ce qui est le plus important dans ses 560 pages. L’histoire captivante de la chute de l’ancien régime, même si l’on connaît la fin, la prise de conscience du pouvoir du peuple sur les nantis, la devise républicaine qui découle de ces deux événements et les parallèles incontournables que nous faisons avec notre actualité qui la rendent bien fragile cette devise ou encore et surtout le tableau de la société de l’époque révolutionnaire. Nous connaissions la rigueur de l’auteur quand il écrit l’Histoire (cf la bibliographie en fin d’ouvrage), ici ce « travers » que l’on ne peut que louer est poussé à son paroxysme, le souci du détail devient un art. Il nous invite à la promenade dans le cloître des Cordeliers avec Danton, Desmoulins, personnages à part entière de l’intrigue … on a envie de s’immerger aux côtés de Gabriel, qui comme le personnage de Balzac Lucien de Rubempré, monte à la capitale pour vivre de son art et de la gloire qu’il pourrait en tirer. Nous faisons notre « initiation maçonnique » et nous chassons les méchants. Qui sont-ils ces méchants ? Des justiciers ou des voyous ? Méchants pour qui ? Jusqu’où doit aller la justice et qui peut la rendre ? Quelle légitimité à la violence ?
Qu’a donc écrit Henri Loevenbruck ? Une fiction historique, une enquête sur un meurtrier en série, une chronique historique sur cet été 1789 et la vie parisienne de cette époque, une romance ? Ce roman est tout à la fois, rompant brutalement avec ses dernières productions, outre cette intrigue complexe et ambigüe, il restera le vocabulaire de l’époque, ces dialogues et ces descriptions d’un autre temps et cependant remarquablement maîtrisés.
Il est bien attachant ce jeune Gabriel, le personnage central de ce roman, aspirant journaliste arrivant à Paris juste au moment de la convocation des Etats Généraux. Et surtout, il est bourré de talent, d’un talent brut et sans concession comme les grands héros romantiques. Son personnage, véritable fil rouge inspiré, a cependant de la chance dans son approche des milieux révolutionnaires, car il rencontre les bonnes personnes au bon moment, notre panthéon révolutionnaire, pour notre plus grand plaisir.
C’est donc avec beaucoup de plaisir que j’ai accompagné Gabriel dans sa chasse au loup des Cordeliers, que j’ai fait la connaissance de Théroigne de Méricourt, admiratrice d’Olympe de Gouges, véritable amazone féministe, ne manquant pas de « googliser » pour l’iconographie disponible qui oui, confirme les descriptions de l’auteur. Un roman qui restera parmi mes coups de cœur de cette année.
08/10/2020 à 10:44 17
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Affliction
8/10 C’est l’histoire d’une « chaîne alimentaire » … le plancton, indispensable à la survie des espèces supérieures, c’est en fait les femmes, ces femmes de l’Est principalement, objets de domination, de trafics d’humains vers la prostitution ou l’esclavage moderne. A l’opposé vous avez les espèces « supérieures », les nantis, les prédateurs, prêts à couvrir ou commanditer toutes les ignominies. Entre les deux extrémités de cette chaine, il y a tous les maillons nécessaires à la survie du système et enfin, heureusement, ceux qui essayent de revenir à une gestion plus humaine de notre société en assurant sa sécurité.
Voici de façon simpliste la vision globale de l’aventure à laquelle nous convie Jean-Sébastien Pouchard. A Bordeaux un meurtre sanglant secoue la bourgeoisie locale et convoque à son chevet le commandant Xavier Prévost, le local de l’étape. En fait il va très vite y avoir rapprochement avec une affaire dijonnaise des années 2000. Arthur Vaillant ainsi que sa coéquipière et compagne Mathilde Danjou, vont rejoindre Bordeaux pour conjuguer leurs efforts à ceux de leurs confrères.
Mais ces flics ont une vie à côté de leur métier-passion et pour Arthur, son fils et son ex, à point nommé, résident à Bordeaux et … vont avoir besoin de lui !
Une très bonne intrigue, riche, complexe et pleine de rebondissements, parasitée par des intérêts particuliers, des égos et ambitions, des truands, des cols blancs, du darknet … Bref une balade bordelaise qui aurait pu être plus bucolique mais sans doute réaliste.
J’aime le style de cet auteur qui fonctionne à la dérision pour ne pas sombrer dans le pathos. J’aime les personnages dont je n’ai pas connu les premières aventures, chose que je vais réparer sous peu assurément. Outre qu’il est plein de promesses assure le job de belle manière, Jean-Sébastien Pouchard est une personnalité attachante et disponible pour ses lecteurs qu’il a hâte de retrouver rapidement en salon.
07/10/2020 à 08:22 1
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Requiem pour un diamant
8/10 Pour ce deuxième roman, Cécile Cabanac délaisse l’Auvergne et la ruralité pour installer son intrigue à Versailles. On aurait pu y trouver le triangle amoureux classique qui sombre dans le meurtre avec pour mobile la jalousie. C’est sans compter sur la densité et la complexité de cette histoire d’arnaque aux pierres précieuses avec l’incontournable intervention de truands des pays de l’est. Il est rare de voir apparaître dans le paysage urbain les policiers municipaux, dans ce roman leur présence est primordiale. Quant aux enquêteurs de la DRPJ, leur opiniâtreté aura raison des multiples fausses pistes. Deux sphères de compétences, deux approches. Que dire du détective privé en « guest star » : il vaut bien qu’on s’attarde sur son personnage.
Qui est Mathilde aux multiples facettes comme une pierre précieuse ? Ange ou démon ? Et Héléna, amoureuse éconduite du défunt joailler ou trafiquante de haut vol ? Une très large galerie de personnages à laquelle il faut ajouter les vrais méchants, les amoureux borderline …
Tous les ingrédients d’une bonne enquête dans ce polar rythmé, où l’auteure confirme son talent et sa rigueur dans le déroulement de l’action, sa précision de ton et la psychologie ambigüe de ses personnages, autant d’atouts pour une réussite. Presque 500 pages sans temps mort, un bon moment de lecture !
30/09/2020 à 10:58 4
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Buveurs de vent
8/10 La sortie du Franck Bouysse de l’année est toujours attendue. Un événement pour les amoureux du beau langage, des histoires bien noires et bien sordides, de la belle nature et ses grands espaces. J’avais donc hâte de retrouver cette plume exceptionnelle avec Buveurs de vent, toute disposée à me laisser porter au fil de ces 400 pages. Comme à l’accoutumée j’y ai trouvé des personnages attachants ou répugnants, avec une empathie acquise d’avance.
Tout aurait dû être parfait si ce n’est la fin … non qu’elle déplaise à la lectrice de fiction que je suis, mais tout simplement abrupte, tronquée, sans vraiment solder les comptes des protagonistes comme si le développement de l’épilogue qui s’annonçait grandiose n’aurait rien apporté à l’histoire. Soit, mais une fin plus fouillée, élaborée, aurait permis à nos émotions de s’éteindre autrement que brutalement avec le mot « fin ».
Dans une petite vallée, un barrage, une carrière et une micro-société dominée par un propriétaire entouré de ses sbires qui ne cherchent qu’à en découdre avec les villageois, un bar et ses habitués. Puis une famille, un patriarche amputé, une mère bigote, un père qui a démissionné devant son épouse et une fratrie de quatre jeunes, otages de cette vallée. Leurs destins vont basculer sous nos yeux. Une chronique villageoise, moins intimiste que Né d’aucune femme plus proche dans son esprit des précédents romans de Franck Bouysse, Plateau ou Glaise par exemple.
Ne vous méprenez pas, Buveurs de vent est bien un Bouysse pur jus, avec son ambiance, ses jeunesses malmenées, ses ados pleins de promesses, ses nantis méprisants, ses dominants et ses dominés, ses personnes « différentes » pleines de charme, ses familles aux générations mal assumées, sa ruralité … un vrai Bouysse !
A lire malgré ma réserve, j’y ai pris un vrai plaisir de lectrice de noir !
20/09/2020 à 09:50 5
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Le Pacte Allen Dulles
8/10 Si vous vous attendez à retrouver les Espionnes du Salève à la tâche et les suivre dans leur mission, vous allez être surpris car dans ce tome 3 car elles y occupent un rôle secondaire. En effet nous sommes davantage en présence d’une chronique sur les mouvements de la résistance contre les forces allemandes, du 11 novembre 1942 au 8 juillet 1943, une chronique historique et hyper documentée que nous devons à celui qui nous a fait appréhender l’espionnage de l’intérieur.
L’enjeu : les forces d’occupation veulent réduire à néant les mouvements de résistance en France. Plus précisément, c’est la lutte du Reich contre les principaux mouvements dans le sud-est de la France, aidés par la Suisse, la Grand-Bretagne et les Etats-Unis, alors que le Général de Gaulle semble avoir des difficultés à se voir reconnaître la légitimité du leadership sur ces réseaux multiples. Certes l’unification sous une bannière unique peut revêtir un intérêt et faciliter une meilleure efficacité, mais le choix de Jean Moulin comme chef désigné par l’homme de Londres, ne semble pas, loin de là, faire l’unanimité dans les rangs. Ajoutez à cela les agents doubles, les trahisons, la corruption, les détournements de fonds, les confidences sur l’oreiller et vous avez le paysage dans lequel évoluent tous les acteurs de cette page de notre histoire.
L’auteur a délaissé les espionnes, les admirateurs peuvent le regretter, au bénéfice des acteurs ayant réellement existé. Beaucoup de personnages dès lors et heureusement qu’une liste figure en début d’ouvrage, elle permet au lecteur de retrouver son chemin.
Eclairant cette hypothèse sur la chute de « Max », Jean Moulin, souvent présenté comme un héros mais qui apparait au cours de ces presque 300 pages bien peu sympathique, ambitieux et peu communiquant.
Il reste de cette chronique sur ces huit mois de guerre, la relation des actes de bravoure des militants de l’armée des ombres et de la lutte pour le pouvoir, traitée à la façon d’un roman d’espionnage, avec beaucoup de panache. Très bon moment de lecture.
Devoir : lecteur, après avoir lu ce roman, établissez l’organigramme de la résistance en France … vous avez cinq heures !
Je remercie les éditions Eaux troubles et Mark pour leur confiance
18/09/2020 à 09:58 4
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L'Ombre du renard
8/10 Le fameux trésor de Rommel, l’or du Reich, échoué au large de la Corse en 1943 fait à coup sûr fantasmer tous les chasseurs de trésors. Nicolas Feuz, avec ce roman, nous offre une hypothèse originale.
Une énigme historique refait surface soixante-quinze (septante-cinq) ans après les faits : deux meurtres, l’un en Suisse et l’autre en Corse, un même mode opératoire. Les chronologies des deux époques s’imbriquent dans le récit, sans que l’on s’y perde.
Nicolas Feuz fait travailler conjointement les systèmes judiciaires français et suisse, notamment le Procureur, victime d’un attentat à Neuchâtel, dans Le miroir des âmes. Ce n’est pas un hasard quand on connaît la profession exercée par cet auteur. Cette union de convenance, pas franchement amicale, aura à se frotter à la pègre locale et à un étrange meurtrier.
Et que dire du site d’extraction de l’amiante qui a réellement existé et qui fait frémir, donnant à ce polar mâtiné d’aventure, un vrai look de thriller …
C’est donc une enquête très documentée qui nous est proposée, dans une ambiance où la suspicion nous fait douter à chaque page de la probité des personnages. Les paysages sont magnifiques et sous réserve du budget nécessaire à la mise en scène du final, je verrai bien une adaptation de l’ombre du renard sur grand écran.
Un bon moment de lecture qui peut se lire sans connaître Le miroir des âmes.
15/09/2020 à 14:07 7
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Goliat
8/10 Il y a de la souffrance pour la perte d’une compagne, d’un enfant et parfois de la jalousie.
Il y a de la violence, en série sans lien apparent et c’est ce lien que vont tenter d’établir les agents du FBI et leur collègue de terrain.
Il y a du crash aérien, de l’hémoglobine, des éviscérations et plus …
Il y a de l’aventure en milieu hostile, sur une plateforme pétrolière off-shore et sur grand écran.
Il y a du choc post-traumatique lié à la guerre en Irak.
Il y a tout ça et beaucoup plus dans ce troisième roman de Mehdy Brunet. Un talent de conteur confirmé. Certes l’auteur reprend ses thèmes de prédilection : la vengeance, la famille, l’impatience et l’incompréhension des victimes confrontées aux lenteurs de ceux dont la mission est de trouver.
La construction de ce trop court roman est complexe mais le lecteur ne s’y perd pas, le suspense est au rendez-vous et le dépaysement garanti.
En fait 3 parcours de vie vont s’entrechoquer … et le mot est faible !
Chronologiquement, un crash aérien va semer la panique chez Franck qui va perdre ses raisons de vivre et Maggy ses espoirs. Plus tard, deux flics, un Amérindien et un Latino vont lier plusieurs meurtres particulièrement sanglants. Pendant ce temps David agent de sécurité, ancien du FBI et Abigaël scientifique, essayent de maintenir leur couple à flot, y parviennent difficilement et s’embarquent sur une plateforme pétrolière. Et là … impossible d’en dire plus sous peine de risque de spoil aigu !!!
03/09/2020 à 09:02 4
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Burn out
9/10 Troisième tome de la série des enquêtes de Le Guenn.
Beaucoup plus intime que les deux précédentes, cet opus approche les angoisses et incertitudes des policiers en charge d’une affaire devenue meurtrière « par hasard ».
Les lecteurs auront de l’empathie pour Guillaume, il serait facile de dire de lui qu’il est coupable de désintérêt pour sa compagne mais en fait nous le voyons très vite, il est victime du système qui en demande toujours plus, n’importe où et n’importe quand ! Quant à ce qu’il fera de la traque de son concurrent : sa réaction est humaine même si ses objectifs sont excessifs.
L’autre personnage attachant c’est Franck, qui a perdu son coéquipier et ne se complaît pas dans l’attente. Il résume à lui seul toute la rancœur de ceux dont les sentiments ne sont pas écoutés
L’auteur Didier Fossey a vécu la BAC de nuit bien trop longtemps dit-il pour ne pas en avoir gardé des traces. Ses romans sont autant d’hommages à ses anciens collègues, son écriture sans doute une délivrance, maintenant qu’il peut dire les choses.
Notons que c’est toujours avec beaucoup de plaisir que le lecteur débusque les clins d’œil d’un auteur à ses confrères de plume. Ici j’ai pu identifier un joailler et un sous-préfet mais il paraît qu’il y en a d’autres cachés.
Boris Le Guenn est bien le chef de clan, il paye de sa personne, il couvre ses collègues, son métier déborde sur sa vie familiale au point d’oublier constamment de donner de ses nouvelles. Tout autre (ou presque) que lui serait insupportable mais c’est Le Guenn, alors nous avons de la sympathie pour lui. Le suivre au fil de cette série procure de très bons moments de lecture.
25/08/2020 à 08:04 2
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Tr@que sur le web
8/10 J’ai fait la connaissance de Boris Le Guenn dans Artifices. Evidemment, ces héros récurrents que nous n’avons pas vu débuter nous cachent des choses. Alors j’ai décidé le lire ses enquêtes en intégralité, afin d’approfondir le personnage, en commençant par le tome 1 où Didier Fossey nous invite à le suivre dans une Tr@que sur le Web.
Une équipe attachante que cette tribu avec Fred, la valeur sûre et les seconds couteaux, dévoués à leur Boss, parce qu’il les respecte et que lui aussi met sa vie familiale entre parenthèses quand il est plongé dans l’action. Antoine, bœuf-carotte qui les aide, voudrait bien intégrer cette famille.
Un sordide tueur en série qui inspire la confiance, mutile, viole et tue des femmes la nuit, avec une extrême méticulosité, n’oubliant aucun indice sur son passage. Quand la relation est établie entre les premiers meurtres, la traque à la fois physique et virtuelle est lancée. Il apparaît que ces femmes cherchent l’âme sœur sur le net et se font piéger …
Certes le sujet a déjà été traité mais ici on retiendra l’originalité des racines du mal chez le tueur. On le connait depuis les premières pages et pourtant Didier Fossey manipule le lecteur … c’est avec brio et une grande précision qu’il nous décrit le déroulement de l’enquête, comme si on y était.
Notons que les bureaux de la crim’ sont encore au « 36 ». L’attachement de l’auteur aux murs (et aux planchers) apporte une note de nostalgie.
Bienvenue à Armor qui a du chien et que nous espérons recroiser dans la suite des enquêtes de Le Guenn.
Alors ce Le Guenn, il a tout du mec bien, la quarantaine finissante, marié, père de famille, pris par son activité professionnelle ce qui peine son épouse plutôt compréhensive au demeurant. Prend soin de son équipe, couvre les petites faiblesses de ses troupes sans trop de paternalisme, s’inquiète de ce qu’ils mangent et de qui il doit raccompagner à son domicile le soir,
Bref une enquête pointue vécue de l’intérieur, des meurtres particulièrement abjects, des personnages bien typés, un Paris contemporain … un très bon moment de lecture. Rappelez-moi … quel était le métier exercé par l’auteur ?
19/08/2020 à 09:50 4
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Vienne la nuit, sonne l'heure
9/10 J’étais heureuse en sachant que j’allais retrouver les personnages de la série Bloomberg, comme si je retrouvais de vieilles connaissances. En effet aux côtés de l’aliéniste, sa gouvernante, Ulysse l’incontournable qui me fait penser au Lennie de Steinbeck, ses amis de « la sûreté », son jeune confrère, la cuisinière et l’horrible femme de chambre s’annonçait un bon moment de lecture. Je n’ai pas été déçue car l’ambiance créée dès le tome 1 était bien au rendez-vous. Ce Paris rétro et sa vie nocturne des café-concert, ses calèches et le téléphone rare, les débuts de la police scientifique, … Que dire de l’intrigue sans dévoiler … nous touchons ici l’intimité de Bloomberg qui en plus a décidé de consigner ses questionnements dans un journal intime. L’artifice permet de suivre les états d’âme de l’aliéniste, en phase d’accepter son deuil mais encore en choc post-traumatique du fait du tome 2. Il rencontre les limites du secret professionnel quand il se rend compte de la proximité de deux nouveaux patients qui le consultent. Il se confronte à son implication personnelle dans la résolution d’un cas de violence conjugale. Il est toujours baigné d’humanisme.
Un très bon moment de lecture avec ce charme désuet d’un vocabulaire riche, ce côté immersif dans une époque aux préoccupations assez proches des nôtres en fait. Le véritable exotisme peut-être est-il dans la plongée dans les catacombes ?
Il est préférable d’avoir lu les deux premiers épisodes de cette saga avant celui-ci et … que dire quand on sait que le tome 4 est écrit mais qu’il n’a pas encore trouvé d’éditeur … 🤞🤞🤞
13/08/2020 à 10:08 2
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Hier est pour demain
8/10 L'action principale se situe en été 2001 mais le roman commence bien avant cette date, pour aller bien au-delà. le mythe d'Isis a la vie dure … Isis qui a redonné vie à son mari dont le corps avait été dispersé par Seth, le dictateur malfaisant. de nos jours les « frères d'Isis » traquent le méchant, convaincus de la réincarnation de Seth !
Iscia, une jeune femme d'origine égyptienne avait organisé pour ses amis étudiants un voyage sur le Nil. Elle y a rencontré le mythe intemporel de l'amour-passion. Elle s'est retrouvée en possession d'un collier mystérieux, peut-être la clef de l'énigme que l'auteur nous invite à suivre.
Dominique Faget nous plonge tour à tour dans les ambiances exotiques, paisibles et d'autres beaucoup moins glamour, où la domination, voire la folie font oeuvre de sape.
L'auteur girondine signe ici son 7ème roman, saga familiale et aventure à la fois. Elle abandonne cette fois le microcosme bordelais. Aussi, n'hésitez pas à suivre cette férue d'égyptologie qui comme dans ses précédents romans met la précision horlogère au service des descriptions de lieux et d'événements fondateurs de notre culture commune et de notre passé récent. Elle se permet aussi un peu de prospective en terminant son récit en 2031 …
Une jolie parenthèse pleine d'espoir en fin de compte, sans être « feel-good » pour autant, sinon ça ne serait pas Dominique Faget …
A noter la très jolie couverture signée Nathalie Glévarec très évocatrice de l'ambiance15/07/2020 à 11:19 1