Vienne la nuit, sonne l'heure

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  • 9/10 J’étais heureuse en sachant que j’allais retrouver les personnages de la série Bloomberg, comme si je retrouvais de vieilles connaissances. En effet aux côtés de l’aliéniste, sa gouvernante, Ulysse l’incontournable qui me fait penser au Lennie de Steinbeck, ses amis de « la sûreté », son jeune confrère, la cuisinière et l’horrible femme de chambre s’annonçait un bon moment de lecture. Je n’ai pas été déçue car l’ambiance créée dès le tome 1 était bien au rendez-vous. Ce Paris rétro et sa vie nocturne des café-concert, ses calèches et le téléphone rare, les débuts de la police scientifique, … Que dire de l’intrigue sans dévoiler … nous touchons ici l’intimité de Bloomberg qui en plus a décidé de consigner ses questionnements dans un journal intime. L’artifice permet de suivre les états d’âme de l’aliéniste, en phase d’accepter son deuil mais encore en choc post-traumatique du fait du tome 2. Il rencontre les limites du secret professionnel quand il se rend compte de la proximité de deux nouveaux patients qui le consultent. Il se confronte à son implication personnelle dans la résolution d’un cas de violence conjugale. Il est toujours baigné d’humanisme.
    Un très bon moment de lecture avec ce charme désuet d’un vocabulaire riche, ce côté immersif dans une époque aux préoccupations assez proches des nôtres en fait. Le véritable exotisme peut-être est-il dans la plongée dans les catacombes ?
    Il est préférable d’avoir lu les deux premiers épisodes de cette saga avant celui-ci et … que dire quand on sait que le tome 4 est écrit mais qu’il n’a pas encore trouvé d’éditeur … 🤞🤞🤞

    13/08/2020 à 10:08 Dany33 (535 votes, 8/10 de moyenne) 2

  • 8/10 L’aliéniste Simon Bloomberg se retrouve dans les souterrains de Paris, avec un compagnon d’infortune. Persuadé qu’il va y mourir, il se souvient. Récemment, la violence l’a enveloppé. Un couple qui se déchire. Ulysse prêt à en découdre avec des importuns. Sarah horrifiée quand un de ses courtisans use de brutalité pour affronter des crapules. Les exemples se multiplient. Chaque individu semble sauvagement envahi par sa part d’ombre. Et pendant ce temps, un traquenard se refermait lentement sur Bloomberg…

    Après La Chambre mortuaire et La Main de gloire, ce troisième ouvrage poursuit sur la brillante lancée de la série consacrée à la Cour des Miracles. En quelques traits, on retrouve avec délectation le style de Jean-Luc Bizien. Les lieux et l’époque du Paris de la fin du dix-neuvième siècle sont brillamment reconstitués, avec une belle économie de moyens, et sans jamais pour autant apparaître fade ou terne. Les personnages conservent tout leur allant, et ce roman se distingue d’ailleurs des précédents par cette focalisation sur les rapports qu’ils entretiennent entre eux : Sarah Englewood, la belle et jeune employée de maison, Simon Bloomberg, cet aliéniste brillant toujours poursuivi par le doute et rongé par la mort de sa femme, Ulysse, ce si doux et innocent colosse… Dans sa postface, l’auteur explique d’ailleurs que ce livre se voulait singulier dans la série, un moment que l’on interprète volontiers comme une parenthèse, un moment privilégié pour interroger les protagonistes ainsi que le lecteur quant au problème suivant : d’où provient la violence ? L’intrigue imaginée par Jean-Luc Bizien permet en partie d’y répondre, grâce à une histoire concise, sombre, et tragiquement crédible, un guet-apens tout en subtilité.

    Vienne la nuit, sonne l’heure offre donc au lecteur la possibilité de voir les créatures littéraires de Jean-Luc Bizien s’émouvoir, se questionner et douter, encore plus que par le passé. Ouvrage charnière, il fournit cette respiration nécessaire à la saga de la Cour des Miracles, pour engager un approfondissement des natures et devenirs des personnages, sans pour autant délaisser une enquête criminelle, solide et plausible.

    26/08/2012 à 10:39 El Marco (3432 votes, 7.2/10 de moyenne) 1