La Peine du bourreau

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  • 8/10 Thompson, gouverneur du Texas, a trente-quatre ans et il hésite : doit-il gracier le détenu Ed 0451 ? Il ne reste à ce condamné à mort que quatre heures avant l’injection léthale. Pour affiner son opinion, il fait appel à McCoy, bourreau de l’Etat, afin d’obtenir son expertise. Le compte à rebours est lancé, mais Thompson ignore que cette nuit sera moralement l’une des plus pénibles de son existence.

    Estelle Tharreau nous a déjà régalés avec des ouvrages remarqués comme De la terre dans la bouche, Mon Ombre assassine, Les Eaux noires ou encore Il était une fois la guerre. Ce livre panache le roman noir et le thriller, sans oublier une magnifique étude psychologique. Voilà donc le gouverneur Thompson en proie au doute : que doit-il décider d’Ed 0451 ? Celui-ci a commis cinq meurtres et à l’extérieur de la prison, les défenseurs de la peine capitale comme ses pourfendeurs s’agitent et sont prêts à s’affronter. McCoy détient une partie de la vérité : si Ed est un assassin multirécidiviste ayant accepté de mourir, il n’est pas le tueur psychopathe que l’on pense. Ses victimes ? Un juge sans cœur ayant condamné à mort tant d’individus sans que cela ne lui pose le moindre problème déontologique, un avocat sans scrupule, une femme ayant épousé une brute psychopathe afin de faire parler d’elle, etc. Parallèlement, McCoy se livre : il a côtoyé des monstres qui méritaient amplement leur sort autant que des malheureux broyés par la machine judiciaire, sans véritable différenciation, avec le sentiment du devoir accompli mais avec une éthique qui a fini par s’effriter avant de tomber en morceau. On pouvait craindre un énième livre sur la peine de mort – le sujet demeure passionné et passionnant –, n’apportant aucun regard critique ni originalité dans ce débat, mais ça serait mal connaître Estelle Tharreau. Le propos est remarquable d’intelligence, d’objectivité, d’humanité et de rigueur. Les divers exemples, probablement inspirés de faits réels, autant que les multiples détails et autres éléments documentaires constellant son histoire ont permis à l’auteure de produire un brillant réquisitoire contre ce châtiment extrême sans jamais tomber dans les poncifs du genre. De nombreux passages resteront longtemps en mémoire, intelligemment mis en scène et interprétés avec tact et miséricorde, ainsi que le portrait d’Ed, ayant décidé de prendre les armes pour abattre de son Remington 870 les créatures prétendument vertueuses mais en réalité bien plus nuisibles que celles qu’elles combattaient. Et il y a ce final, habile et au moins aussi ingénieux que le reste du roman.

    Un ouvrage court et mémorable, jalonné de personnages en proie à l’incertitude, transmettant leurs légitimes perplexités et scrupules aux lecteurs. Estelle Tharreau nous offre ainsi le magnifique instantané d’une société malmenée par ses contradictions. C’est à la fois palpitant et corrosif.

    31/05/2023 à 06:46 El Marco (3455 votes, 7.2/10 de moyenne) 4

  • 5/10 Après l'excellent Mon ombre assassine, j'avais hâte de relire Estelle Tharreau. J'ai donc entamé La peine du bourreau avec la ferveur du lecteur déjà conquis, les critiques dithyrambiques que j'avais lu à son sujet me promettant un roman marquant. J'en attendais donc beaucoup (trop) et j'ai été d'autant plus déçu.
    En effet, je n'ai jamais réellement trouvé le roman passionnant, ni très original. De plus, j'ai parfois eu du mal, quand l'auteure revenait sur un personnage à me souvenir de qui il s'agissait et cela rend certains passages un peu confus. Rien de bien grave, certes, mais cela nuit selon moi à la fluidité du texte. En ce qui concerne le fond du roman, là aussi, je reste un peu perplexe car Estelle Tharreau repose finalement la sempiternelle question sur la légitimité de la peine de mort avec des histoires caricaturales pour illustration. Et que dire de cette idée d'un gouverneur (qui décidera de la grâce ou non) passant les 4 dernières heures en compagnie du bourreau et du condamné ? C'est tout simplement improbable voire ridicule (Et ce n'est pas la révélation de la dernière ligne qui rend l'idée plus crédible).
    Alors, j'ai bien conscience d'être un peu dur avec ce roman mais j'en attendais tellement que ma déception est à la mesure de cette attente.

    11/12/2020 à 23:37 ericdesh (983 votes, 7.4/10 de moyenne) 4

  • 8/10 fait rarissime:4 heures avant une éxécution le gouverneur du texas veut s entretenir avec le plus ancien bourreau mac coy.enjeu la grâce aléatoire du détenu 0451.pendant 250pages l auteur nous décrit les exécutions les plus marquantes de mccoy et le parcours meurtrier du détenu 0451 du moins ce qu il l a fait devenir un meurtrier.plus qu un roman c est une réflexion sur la peine de mort avec sa mediatisation outrancière,son injustice ,son absurdité et sa cruauté.et surtout la solitude du condamné face à son destin.estelle tharreau a une belle plume et elle nous livre ici un livre intelligent qui nous fait réfléchir..

    15/11/2020 à 14:56 barberouge (363 votes, 7/10 de moyenne) 3

  • 9/10 En bref, un roman noir au cœur de la justice nord-américaine.
    Il va être difficile de parler de ce roman tant j'ai été étonnée par ce que j'ai lu. Au delà d'un thriller ou d'un roman noir, c'est avant tout une prise de conscience sur la Justice, sur les raisons qui poussent un Homme à devenir un criminel aux yeux de la loi, sur notre propre morale et nos propres limites.

    05/11/2020 à 15:33 Riz-Deux-ZzZ (500 votes, 6.9/10 de moyenne) 4

  • 9/10 L’avertissement de l’auteure en début d’ouvrage est clair, il doit lever toute ambiguïté et pourtant tout au long de la lecture je me suis trouvée face la froide réalité de la vie carcérale américaine et bien plus. Immergée pendant 256 pages dans le couloir de la mort de la prison de Walls je n’ai jamais eu le sentiment d’être dans une fiction, car l’écriture en est réaliste et impliquante.
    L’auteure nous invite à vivre les quatre dernières heures d’un condamné à mort en sa présence ainsi que celles de son bourreau et de celui qui a le pouvoir de le gracier. Le bourreau va ainsi témoigner de la « carrière » qu’il a choisie pour ne pas prêter le flanc aux droits communs qui semble-il sont bien plus dangereux du fait de la promiscuité des conditions de leur détention. Ainsi va-t-il partager ses souvenirs et le lecteur pourra reconstituer des parcours de vie divers, bien peu enviables, jamais exemplaires dans le bon sens, parfois du fait de concours de circonstances malencontreux, souvent du fait d’une idéologie raciste … bref l’Amérique profonde, fruit de son histoire, bien éloignée dans ce cas de la vieille Europe.
    La question sous-jacente du choix, choix des croyances, choix de vie est omniprésente dans ce roman aux allures de témoignages tant pour le condamné que pour les deux autres protagonistes.
    Dérangeant c’est peu dire … à l’heure où les médias colportent de vagues sondages sur le souhait des Français à voir rétablir la peine de mort, on peut espérer que le débat est dépassé au pays de Badinter. Qu’en est-il aux USA ? Il réapparaît à chaque élection de gouverneur avec ses relents de racisme et de xénophobie.
    Lecteur, vous serez face à vos choix, vos valeurs, votre intime conviction et aussi face à un roman qui témoigne de notre époque avec élégance, justesse, pudeur et réalisme.
    Etonnant moment de lecture, par une belle plume, capable de changer de registre à chaque publication !

    25/10/2020 à 18:55 Dany33 (535 votes, 8/10 de moyenne) 5