xavier

853 votes

  • Exit Music

    Ian Rankin

    8/10 Le dernier Rebus bien mené dans les turpitudes de la crise financière et des magouilles d'Edimbourg.

    30/01/2011 à 10:07 1

  • L'arme secrète de Louis Renault

    Thierry Bourcy

    8/10 " L'arme secrète de Louis Renault" paru en 2006 est le premier roman de Thierry Bourcy que je lis et je suis ravi de faire la connaissance de son oeuvre. Ce polar historique nous transporte en pleine Première Guerre mondiale, l'arrière-plan historique apparemment bien travaillé fait revivre cette époque avec beaucoup de réussite. On ressent bien la dureté de la condition des poilus des tranchées tout en comprenant l'ampleur de l'engin de mort qui a tué plus d'1,5 millions d'hommes pour toucher presque toutes les familles françaises. Bourcy montre également, la misère des uns, les planqués ou les profiteurs, escrocs et commerçants opportunistes qui ne ratent aucune occasion de se faire de l'argent : " De l'équipe de 14, il doit pas en rester le quart. Et pourtant, je te jure, on n'a jamais eu autant de boulot. Les femmes, et même les enfants, restés seuls, se mettent tous à voler dans les magasins : ils n'ont plus un rond, comment veux-tu qu'ils fassent? Les escrocs arnaquent n'importe quel pigeon sous prétexte de collectes pour les blessés de guerre. On a même vu un malin qui vendait au marché des chaussures spéciales pour unijambistes."
    Bourcy égratigne également la veulerie de ces chefs qui ont sacrifié des soldats en les transformant en chair à canon, quelque scènes atterrantes montrent même la stupidité de ces colonels bornés qui prennent comme quantité négligente la masse des soldats.
    Bourcy, dans le second roman de la série Célestin Louise, a composé un personnage assez attachant qui préfère encore les fatales tranchées au monde civil hypocrite. Rappelé au Quai des Orfèvres en raison de sa compétence, il doit faire la lumière sur le vol de documents confidentiels qui pourraient inverser le sort de la guerre. Louise centrera son enquête dans l'entourage de la victime, l'industriel Louis Renault. L'enquête policière sur fond d'espionnage accroche bien le lecteur même si elle aurait pu être plus construite. Le suspense n'en souffre pas, Bourcy parvient à nous faire aller de suspect en suspect sans que le lecteur puisse avoir l'assurance de trouver le coupable. L'auteur, scénariste, signe un récit assez visuel. Ainsi, l'aspect vivant de l'intrigue se trouve renforcé.
    Un très bon roman qui tout en donnant un parfum d'histoire, divertit tout en nous instruisant sur cette période terrible de l'histoire. En tout cas, je suis conquis, je vais profiter de mon petit séjour hexagonal pour me procurer les autres livres de Bourcy.

    23/01/2011 à 19:30 1

  • Petits crimes japonais

    Kyōtarō Nishimura

    9/10 Un livre, acheté au hasard des promenades dans les librairies, dort toujours sur une étagère ou sous un lit ou encore dans un carton de déménagement attendant l’heureux instant de la rencontre du lecteur. Les pauvres « Petits crimes japonais » de Kyotaro Nishimura n’ont pas perdu patience dans mon ancien logement pékinois. Profitant des fêtes de Noël, je suis allé faire le tri et j’ai retrouve ce petit bijou plein de malices.
    Dans ses huit nouvelles, il excelle dans la tension narrative à partir de personnages assez communs à l’origine. Les conditions financières, le chômage ou la crise économique peut les faire basculer dans une insolite perversité et révéler chez certains les pires noirceurs. Un « salary men » sera dévoré par la kleptomanie « C’était devenu une véritable drogue. Il épuisait toute son énergie dans cette lutte quotidienne contre la tentation. Il voulait s’emparer de ces montres, de ces portefeuilles… Il en rêvait, non pas pour l’argent, mais pour le frisson instantané que lui procurerait le contact de ses doigts sur les objets d’autrui. Il rentrait chez lui exténué… » On croise aussi un flic qui simule des vols pour envoyer des paumés en prison à leur demande, ou encore un riche sur le déclin qui trouvera du réconfort en transformant une oeuvre de charité en cruelle humiliation ou un vieillard qui cultive le meurtre comme sublime sensation.
    Nishimura manipule ses personnages et les situations avec aisance tout en accrochant le lecteur dès les premières pages, le tout sur un humour plein d’ironie, de cynisme et cruauté. Lors d’une interview, il déclarait avoir composé plus de 400 ouvrages. Il souhaite s’arrêter au 500e roman. Espérons qu’un inspiré éditeur français regarde de près son œuvre.

    10/01/2011 à 08:19 4

  • Portes ouvertes

    Ian Rankin

    6/10 Peut-être leur vie manquait d'un peu de saveur ou alors ils se prenaient pour de véritables libérateurs. Trois mousquetaires, un riche as de l’informatique, un banquier et un professeur d’arts décident de libérer des chefs d’œuvres qui dorment dans les entrepôts nationaux. Pour l’affaire, le premier, Mac Kenzie va retrouver un ex-camarade de lycée, devenu un grand caïd d’Edimbourg. Son savoir faire va leur permettre d’opérer lors du Doors Open Day – équivalent à la Journée du patrimoine en France – et d’échanger quelques peintures contre des copiés réalisées par un étudiant débauché pour l’occasion, ainsi il sera difficile de faire la lumière sur ce braquage. Malheureusement, le parfait forfait n’existe pas…

    Ian Rankin explique qu’il a fait son « Ocean’s Eleven ». Le Heist Movie est un genre centré sur un hold up ou un vol avec un ton humoristique, on pourra citer également « The Italian Job » ou « Touchez pas au grisbi ». L’écrivain a écrit une « heist story », "heist" signifie vol, hold up. Je dois avouer que je n’ai pas vraiment percuté et que je me suis un peu ennuyé, peut-être peu habitué à lire ce genre de livres. Je préfère une intrigue plus serrée. Par ailleurs, les personnages n’avaient pas la dimension des Rebus et Cafferty des précédents Rankin.
    Doors Open est paru en 2008 en Grande-Bretagne et n'est pas encore traduit en français.

    07/01/2011 à 14:50 1

  • Plaintes

    Ian Rankin

    9/10 « The complaints » est le dernier Rankin sorti l’an dernier au Royaume Uni, la traduction française n’a pas encore vu le jour. Avec ce second ouvrage après la retraite de l’inspecteur Rebus, voir « Exit Music », l’Ecossais a réussi son pari de vivre sans le légendaire indomptable Rebus.

    En effet, Malcolm Fox, le nouveau personnage central, accroche vite. Il suscite vite l’empathie. Le lecteur en sait suffisamment pour entrer en communion avec lui et en même temps la curiosité l’emporte pour l’intriguer. A la différence des inspecteurs de beaucoup de polars, Fox aime plutôt les jus de tomates. Il ne boit pas d’alcool car il a trop bu dans le passé. Divorcé, sans enfant, il consacre une partie de son salaire pour son père qui finit ses jours dans une clinique spécialisée alors que sa sœur trime avec un partenaire qui la maltraite. La principale différence tient ailleurs. Fox appartient à la Police des polices, « The complaints » ( « they’re the cops who investigate other cops »). Le lecteur de polar, habitué à écouter les plaintes des flics envers les « bœuf-carottes » ( Bosch de Connelly ne cesse de tempêter contre ces fonctionnaires trop éloignés du métier de policier) pourrait avoir un préjugé défavorable. Rankin parvient avec aisance à nous montrer un autre angle de vue.

    L’écrivain d’Edimbourg parvient encore à faire de sa ville un véritable personnage. En proie aux attaques de la crise financière, elle souffre du fossé entre les délaissés et les opportunistes qui ont su profiter de la bulle immobilière et financière tout en graissant la patte aux bons endroits. Dans un contexte de désillusion et de déroute immobilière, Fox va se retrouver entre manipulation et meurtres orchestrés par diverses mains, policières et maffieuses. L’intrigue pourra sembler assez complexe car elle mêle un flic soupçonné d’appartenir à un réseau pédophile, divers meurtres, une disparition et de curieuses surveillances policières. J’ai collé à la trame du roman et je ne peux que recommander sa lecture. J’espère que Rankin reprendra ce personnage dans ses futurs ouvrages, je suis assez impatient de voir comment il peut faire évoluer un Fox plus terne que son Rebus indompté.

    07/01/2011 à 14:49

  • Le mec à l'eau de la générale

    Pierre Fort

    6/10 Avec ce Poulpe paru en 1999, Pierre Fort s’attaque aux collusions entre les municipalités et les entreprises dans la région grenobloise autour des secteurs de l’eau et de l’immobilier tout en rappelant l’histoire d’un ministre qui avait pété les plombs et profité grassement de sa position avant de démissionner et d’aller se reposer à l’ombre.

    Gabriel Lecouvreur, à la lecture d’un article évoquant un banal accident de moto d’un médecin très investi dans l’humanitaire et la lutte pour le droit à l’IVG, « sentit ce frisson caractéristique lui remonter la colonne vertébrale. Il allait repartir ». Le Poulpe ira glaner les informations sur le terrain tout en risquant sa peau ; très vite, il s’apercevra que l’ « accident » de moto provoqué a des liens avec des magouilles que le médecin voulait révéler.

    L’auteur en profite pour égratigner notamment les associations humanitaires qui marient « industrialisation de l’humanitaire et la recherche effrénée de la médiatisation » et les journalistes qui préfèrent le publi-reportage confortable à la véritable enquête dérangeante.

    Si le lecteur sera heureux de retrouver avec humour le Poulpe dans une nouvelle aventure, il pourra regretter une intrigue trop convenue qui ne contient pas de surprises.

    07/01/2011 à 14:45 1

  • Le miroir aux espions

    John Le Carré

    7/10 « Le Miroir aux Espions » de John Le Carré, édité en Angleterre en 1964 sous le titre « The Looking-Glass War », est apparu comme l’antithèse de « L’espion venu du froid » sorti deux ans plus tôt. Ici, l’intrigue reste peu importante, l’histoire est davantage centrée autour de l’échec, échec d’une mission, échec d’une vie, l’échec de vivre sur des principes sains. L’auteur considère ce livre comme le plus réaliste sur les services de Sa Majesté, qui privilégient appartenance à une classe ou à un cercle. La trahison, l’indifférence ou la froideur l’emportent souvent. Ainsi, Le Carré explique l’accueil frileux de cet ouvrage.

    A notre époque de thriller à tout prix, de scènes à rebondissement savamment imbriquées, la trame pourra paraître un peu lente. En revanche, si le lecteur désire mieux comprendre les errements des services d’espionnage de l’époque et la détresse qui peut survenir dans le métier, ce récit a une autre saveur.

    Un agent chargé de récupérer une série de photos en Finlande meurt sous les roues d’un chauffard. Une section des services secrets ne pouvant mettre la main sur ces clichés montrant de censées installations d’usines d’armements en Allemagne de l’Est, va déterrer un ancien agent qui n’a pas opéré depuis la Seconde Guerre Mondiale. Après une rapide re-formation, il est infiltré avec du matériel désuet en pays ennemi...

    Le Carré a composé des personnages humains et tout à fait réalistes qui firent preuve d’un manque de préparation professionnelle dans une affaire très sérieuse. La tragédie ne manquera pas le rendez-vous. Smiley, personnage important de l’œuvre de Le Carré, n’interviendra qu’à la périphérie de l’action.

    J’ai beaucoup aimé ce roman atypique de la série espionnage.

    02/01/2011 à 03:35

  • Chandelles noires

    John Le Carré

    7/10 Dans ce second ouvrage « Les Chandelles noires » - "A Murder of Quality" titre anglais paru en 1962, Le Carré délaisse le roman d’espionnage pour une enquête « policière » . Smiley, ancien des services secrets, est appelé par une amie, ancienne collègue, car elle a reçu une lettre de la femme d’un professeur. Elle pense que son mari veut l’assassiner. Et… un jour plus tard, elle est retrouvée morte dans la serre de sa demeure. Smiley va tenter de faire la lumière sur cette affaire en tandem avec l’inspecteur chargée de l’enquête. Il montre de nouveau son flair et sa ténacité, voir L’appel du mort, et ne se laisse pas séduire par les apparences trop arrangeantes.

    Le Carré dépeint également avec humour le snobisme d’une certaine classe sociale qui ne reconnaît que les siens, sortie d’une certaine école, vêtue d’une certaine manière, usant d’un certain vocabulaire avec un certain comportement en société.

    Je ne conseillerai pas cet ouvrage pour faire la connaissance de l’œuvre de Le Carré. Le roman pourrait paraître terne et l’intrigue, bien que très ficelée, peu exaltante. En revanche, après avoir été aspiré par « L’espion venu du froid », il est fort intéressant de voir l’évolution de l’écrivain et de son personnage récurrent, Smiley; cet opus vaut la lecture au moins pour ces points.

    24/12/2010 à 03:50

  • French Tabloïds

    Jean-Hugues Oppel

    8/10 Durant les vingt-cinq années de fréquentation avec la Chine, j’ai rencontré nombre de Français critiquant le formatage exercé sur la population et la manipulation de l’information tout en restant fier de notre démocratie hexagonale. Ils oubliaient trop souvent que notre Occident a un formatage assez efficace aussi d’autant plus qu’il est moins flagrant. Jean-Hugues Oppel, dans French Tabloïds, refait une lecture des douze mois précédents l’élection présidentielle de 2002, qui avait vu un certain Jean-Marie au second tour. Une officine orchestre une manipulation des medias pour rendre la population plus sensible aux problèmes sécuritaires. Dans le même temps, les RG emploient un maître de la manipulation pour organiser une tuerie qui rappelle le massacre à la mairie de Nanterre à l’époque. L’aspect fiction-politique est fort réussi. Bien entendu, il faut adhérer au scénario machiavélique, sentant la grande conspiration des politiques sur le petit peuple. La dénonciation du fléau a touché son but et s’inscrit dans la définition du polar de Jean-Pierre Manchette que cite Oppel, « Polar signifie roman noir violent. Tandis que le roman policier à énigme de l’école anglaise voit le mal dans la nature humaine mauvaise, le polar voit le mal dans l’organisation sociale transitoire. Le polar cause d’un monde déséquilibré, donc labile, appelé donc à tomber et à passer… » La composition du récit, en revanche, est moins emballante. La structure manque de nerf, les personnages, assez ternes, malgré de bons choix, n’accrochent pas. Des rebondissements ou un rythme plus travaillé auraient donné de l’oxygène à une histoire bien pensée. Un roman qui fait froid dans le dos et on espère que ce type de manipulation venant des plus hauts sommets de l’Etat n’est que…fiction. Les lecteurs de policiers auront bien entendu saisi le clin d’œil à Ellroy, auteur d’un célèbre « American Tabloïd » .

    22/12/2010 à 11:45

  • L'Homme inquiet

    Henning Mankell

    8/10 Henning Mankell, après huit ans de pause, a enfin remis en scène Kurt Wallander pour le bonheur de ses lecteurs avec « L’homme inquiet », sorti en France en octobre. Un "mais" vient nous chagriner car nous avons la dernière enquête du commissaire suédois.
    Wallander a atteint les 60 balais et sa fille, devenue flic, vient d’avoir un enfant avec un employé qui travaille dans un hedge fund, actualité oblige ! Son père, ancien marin haut gradé, disparaît lors de sa promenade matinale. Le commissaire, bien qu’il ne soit pas chargé de l’enquête, tentera de faire la lumière sur ce mystère et ce personnage qui lui avait parlé d’une étrange affaire de sous-marins russes en pleine guerre froide. Mankell a le don pour composer une bonne intrigue mêlant enquête policière sur fond d’espionnage tout en tirant des salves sur les failles de la société suédoise.

    L’auteur parvient à nous faire rentrer dans la peau du personnage qui sent les prémices de la vieillesse, les doutes et les peurs. Cependant, il force un peu le trait si bien qu’il martèle un peu fort les oublis – annonce d’une Alzheimer- et les égarements de Kurt pour lasser un peu le lecteur. Dommage!

    Ce bémol ne m’a pas empêché de dévorer le roman. Je dois avouer que je suis un inconditionnel de Mankell même si il cède constamment à la facilité avec les états d’âme, les angoisses et les ruminations de Wallander.

    13/12/2010 à 06:24 1

  • l'Appel du mort

    John Le Carré

    8/10 Après, « L’espion qui venait du froid » : Enthousiasmé, j'entame un nouveau voyage avec la chronologie. « L’appel du mort , Call for the Dead», sorti en 1961, est le premier roman de l’auteur. Il avait écrit ses deux premiers livres pour se faire de l’argent de poche, le succès du troisième, avec le froid, lui a permis de se consacrer entièrement à l’écriture.

    Ce premier opus met en scène le personnage récurrent de Smiley, considéré comme un has been au sein d’un service de renseignement. Confiné aux travaux de routine, il se rend chez Samuel Fennan, un collègue qui se serait suicidé. Smiley l’avait auparavant interrogé à la suite d’une lettre anonyme dénonçant son ancienne appartenance au parti communiste, n’oublions pas que nous sommes en pleine guerre froide. Smiley n’est pas un branque, bravant la couardise de la hiérarchie, il ne se laisse pas endormir par les apparences arrangeantes et son flair lui permettra de découvrir un meurtre et la trahison qui planent au-dessus de cette affaire.

    Ce récit flirte plutôt avec le roman policier, nous avons une véritable enquête, certes dans le monde opaque de l’espionnage. Le Carré déroule une intrigue admirablement construite avec un suspense bien calibré. Loin du James Bond flamboyant de Fleming, Smiley appartient à cette race des espions profil bas, qui gagnent les combats avec besogne et matière cérébrale. « L’appel du mort » présente également Mundt qui prendra de l’importance dans la suite de l’œuvre.

    Un roman qui me ravit, j’ai rendu « Les œuvres complètes de Le Carre à la médiathèque française de Shanghai. Comme je me mets en mouvement pour la capitale anglaise, j’envisage d’en faire l’acquisition en anglais pour davantage savourer ces histoires d’espion du Maître.

    10/12/2010 à 20:18

  • Chères Toxines

    Jean-Paul Jody

    9/10 Avec « Chère Toxines », paru au Seuil en 2008, Jean-Paul Jody, allie de nouveau allure romanesque et essaie pour dénoncer une tare de notre société et apporter de plus amples éclairages sur l’information-déformation que nous subissons quotidiennement. La charge, cette fois, est à destination de certains acteurs de l’industrie pharmaceutique, qui à quelques égards, peuvent oublier l’intérêt de la santé pour leurs propres intérêts financiers. L’auteur montre, avec cynisme, comment les grands laboratoires aiment l’apparition de nouvelles maladies, la dépendance – utile.- aux médicaments, les tentatives de lavage de cerveau sur les médecins et les patients et l’arrivisme qui fait oublier toute éthique.

    Nous avons un récit qui se déroule au sein d’une entreprise qui organise un séminaire en Thaïlande. L’humour fustige également la réalité de l’entreprise avec des cadres qui rêvent de promotion ou un DRH qui appliquent certaines lois de la compétitivité fort réels. La trame s’articule autour du directeur adjoint de la communication chargé de l’organisation du voyage avec des scènes saisissantes de réalisme du petit et grand monde du management. Le lecteur le suivra dans les méandres des coulisses des tractations des arrivistes et des prétentieux. Jody avec finesse suscite en de nombreuses pages le sourire.

    Un roman encore une fois très bien construit, plus satire sociale que roman noir, même si l’industrie pharmaceutique semble bien sombre.

    09/12/2010 à 10:34 3

  • L'Espion qui venait du froid

    John Le Carré

    9/10 Replonger dans « L’espion qui venait du froid » sorti en 1963 redonne le parfum d’une époque, qui inspira de nombreux auteurs en matière d’espionnage. L’oeuvre de John Le Carré est considérée comme la pierre angulaire du domaine. Ancien agent du Foreign Office, il était bien placé pour décrire ces milieux de la Guerre Froide. Avec ce roman, il montre une parfaite maîtrise dans la structure et l’intrigue. Dans ce grand jeu de la manipulation, il manie à merveille rebondissement et suspense.

    Leamas, à la tête d’un réseau anglais, perd un agent important à Berlin et rentre à Londres pour, croit-il, subir les foudres de la hiérarchie. En fait, Control, son supérieur, lui propose de « neutraliser » le chef des services de renseignement de la RDA, qui allie efficacité et meurtres. Pour réussir, un limogeage et le naufrage existentiel de l’espion seront simulés. Le poisson prendra à l’hameçon et le Carré peindra des scènes d’interrogatoires et des affrontements psychologiques fort réussis avant un dénouement de toute beauté.

    06/12/2010 à 06:35

  • Le Marchand de café

    David Liss

    8/10 David Liss, dans « Le marchand de café » nous plonge au XVIIe siècle à Amsterdam, ville cosmopolite où la spéculation bat son plein. Le personnage central, un Juif du Portugal, Miguel Lienzo, après avoir essuyé une déconfiture avec une opération malheureuse sur le sucre, tente de faire fortune avec le café qui n’a pas encore les faveurs du grand public. Dans ce milieu qui affectionne de tout temps le poker menteur, Lienzo devra trouver le bon fil d’Ariane entre les manipulations les plus machiavéliques, les fausses informations et les rumeurs fabriquées tout en risquant sa peau et ses deniers. Dans ce roman présenté comme un thriller financier, le lecteur ne rencontrera pas de cadavre ou d’enquêteur, l’intrigue tient autour de la faisabilité de cette victoire dans l’opération sur le café et aux pièges tendus par les ennemis et concurrents de Lienzo.

    A travers les péripéties de ce trader, l’auteur décrit les mécanismes et les outils de la spéculation sur les matières premières tout en dressant un portrait saisissant d’un capitalisme naissant dans une cité en pleine effervescence. La traduction du titre anglais « The coffee trader » avec le mot " marchand " peut prêter à confusion car Lienzo n’est pas un marchand qui achète et revend sa marchandise, il est davantage un trader boursier qui achète et revend des contrats sur les matières premières, un spéculateur donc. L’intérêt de cet ouvrage tient également dans la présentation de la position des Juifs à l’époque. Obligés de fuir les pays de l’Inquisition et l’intolérance catholique, certains membres de la communauté, à l’instar du personnage, ont trouvé un meilleur accueil en terre hollandaise. Cette communauté était protégée par un impitoyable organisme, la Ma’amad, qui interdisait tout affaire avec un non-Juif afin d’éviter notamment les problèmes.

    Le récit est admirablement composé, la structure permet de dérouler une trame qui accroche le lecteur tout au long des 439 pages

    28/11/2010 à 13:53 1

  • Speculator

    Gérard Delteil

    8/10 Deuxième volet de mon approche du thriller financier avec « Speculator » de Gérard Delteil. L’auteur a repris le thème des Trois mousquetaires sur un air moderne et financier. L’aventure est plutôt entraînante et bien menée. Sur un ton romanesque, Delteil manie à merveille ses personnages autour d’une intrigue suffisamment alambiquée pour accrocher le lecteur. Le monde des affaires qui ne connaît que rendement, cupidité et profit en prend un coup au passage. Si vous voulez spéculer et gagner en bourse, lisez d'abord donc ce roman réussi…

    24/11/2010 à 11:16

  • Operation Greenback

    Ted Escott

    8/10 La Mafia n’oeuvre pas toujours dans les trafics traditionnels, drogues, armes ou extorsion, elle peut prendre quelques galons avec de jeunes diplômés des meilleures écoles et s’attaquer à d’autres commerces plus sophistiqués. Operation Greenback de Ted Escott paru en 1999 chez Metailie décrit une machination pour faire plonger le dollar et le racheter à bas prix et empocher une énorme plus value à l’aide d’une conspiration planétaire englobant cartels colombiens, maffiosi new yorkais et siciliens et toute une bande de spéculateurs menés par l’avidité propre au monde enfumé de la finance. Le scénario est bien mené avec logique et rythme. On pourrait penser que l’affaire est trop grosse pour être vraisemblable mais quand on se rappelle la stupidité, la suffisance et les œillères de ce monde-là grisé par les revenus colossaux – certes l’assurance est bien écornée par la crise -, on se dit que rien n’est impossible. Le récit est teinté d’humour et les personnages parfois tournés en dérision avec finesse.
    Je commence mon voyage dans les récits liés à la finance. Quelques titres m’ont été donnés par mes camarades de la liste 813. Je les remercie.
    Au fil des pages, je sentais une odeur de pastiche ou d’imitation dans ce roman. Je voulais en savoir un peu plus sur Ted Escott, qui semble inconnu sur le web anglophone. L’éditeur français ne donne pas le titre original du roman et le traducteur d’anglais Olivier Germain reste introuvable sur le web français. Par ailleurs, des pics contre les Français, paraissent arrivés comme un cheveu sur la soupe. Bref, je ne serai pas étonné que derrière Ted Escott se cache une plume bien hexagonale. Plus d’un roman policier écrit en français par un Français ont déjà été signés d’un nom américain…

    20/11/2010 à 12:48

  • Maigret et les braves gens

    Georges Simenon

    9/10 Quand j’ouvre un roman de Simenon, il m’est difficile de m’arrêter. Après « Maigret et le voleur paresseux » et une pause Connelly, je me suis dirigé vers « Maigret et les braves gens » écrit en 1961. Un petit délice typique de la plume de l’écrivain.
    René Josselin, alors que son épouse et sa fille sont au théâtre, est abattu dans la soirée. L’assassin a utilisé le revolver de la victime. Maigret doit procéder à l’enquête dans un petit milieu bourgeois dont l’honnêteté et le calme ne semble pas prédisposés à ce genre de disparition. Le commissaire rencontrera un mur de sérénité apparente et discrétion ouatée trop évidentes pour être vraies. Grâce à son observation, son empathie, sa ténacité, il parviendra à démêler des fils bien cachés par ces braves gens.

    11/11/2010 à 04:45

  • Les neuf dragons

    Michael Connelly

    5/10 Harry Bosch inspecteur du LAPD, dans "Nine Dragons" revient pour la 14e reprise dans un roman de Connelly. Bosch enquête sur le meurtre d'un propriétaire d’origine chinoise d’un magasin. Les premiers indices l'incitent à se tourner vers les triades chinoises. Après une première arrestation, il reçoit une vidéo montrant sa fille kidnappée à Hong Kong, où elle réside avec sa mère. Bosch s'envole aussitôt pour la sauver...
    Disons-le d'emblée, ce récit n'est pas le meilleur de l'auteur, on peut le placer aisément dans la catégorie des moins bons.
    Certains épisodes transforment Bosch en super détective et il en perd toute crédibilité. Un exemple : avec l'aide d'une spécialiste en lecture numérique, il arrive très vite à localiser la chambre où était détenue sa fille à partir de la vidéo dans une ville qu'il connaît peu. Certes, il est aidé par son ex mais les extraordinaires déductions et machines à raisonner de Bosch ne passent pas.
    Les derniers romans signent à l'évidence une baisse de régime de Connelly. En mettant l'accent sur l'intrigue et le suspense et en négligeant le travail sur les personnages - ce qui faitsait l'un des importants attraits de ses romans avec Bosch par le passé - le récit ne se distingue plus des simples thrillers sans grande qualité qui abondent.
    L'idée de faire sortir Bosch de sa ville, Los Angeles, de sa zone de confort, à l'origine était une bonne idée ( Harry's comfort zone is the readers' comfort zone. Now he's out of his element, and I needed him to make real mistakes). Sans ses repères, il était plus à la merci d'une erreur, ce qui n'a pas manqué et il l'a payé très cher. Malheureusement, ce transport à Hong Kong est dominé par la course poursuite effrénée, ce qui ne permet pas de bénéficier pleinement au récit d'un contexte exotique malgré quelques efforts de Connelly.
    Un roman décevant.

    09/11/2010 à 10:54 1

  • L'Enquête

    Philippe Claudel

    6/10 Claudel a pris des risques en passant à une ambiance déshumanisée loin de sa puissance littéraire, j'ai été assez déçu.

    08/11/2010 à 11:09

  • Maigret et le voleur paresseux

    Georges Simenon

    9/10 En parcourant les rayons de la médiathèque, mon oeil fut attiré par les oeuvres complètes de Simenon que j’avais lu presque entièrement dans les années 90. Désireux de retrouver les anciens plaisirs offerts par un conteur hors pair, je décidai de me replonger dans les enquêtes du commissaire Maigret. Inspiré par un inspecteur réel, Jules Belin, qui avait arrêté le célèbre Landru, l’écrivain a composé un flic qui parvient très vite à « mettre » le lecteur dans l’histoire. En effet, Jules Maigret mène son affaire sans s’appesantir sur les indices matériels d’un meurtre, il s’imprègne de l’atmosphère et de l’ambiance de la scène du crime et de son contexte, use d’empathie pour mieux connaître les divers suspects et fait mariage avec leurs psychologies tout en décrivant avec concision et humour l’existence de ses contemporains, leurs travers et leurs frustrations.
    Dans « Maigret et le voleur paresseux », le commissaire est appelé dans la nuit car un cadavre au crâne défoncé gît au Bois de Boulogne. Il reconnaît un cambrioleur d’origine suisse, as solitaire dans sa partie. Bien qu’il soit occupé à traquer une bande de braqueurs, avec patience, méticulosité et flair, il retrouvera l’assassin tout en croisant la piste du gang qu’il arrêtera après un coup de filet bien orchestré.
    La richesse de ce récit tient aussi dans l’évocation tout en finesse de ce voleur paresseux dont Maigret semble apprécier le travail et la tranquillité : « "Un homme bien tranquille, qui passait des heures dans son coin, à boire du vin blanc, à lire les journaux et à regarder dans la rue... En fait, il observait les allées et venues d'une maison, patrons et domestiques, étudiait leurs habitudes, leur emploi du temps et, de sa fenêtre, il les épiait ensuite dans leur intérieur. Ainsi, après quelque temps, un immeuble entier n'avait-il plus de secrets pour lui."
    Un récit idéal pour retrouver le parfum d’un grand Simenon.

    07/11/2010 à 08:51 2