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8/10 David Liss, dans « Le marchand de café » nous plonge au XVIIe siècle à Amsterdam, ville cosmopolite où la spéculation bat son plein. Le personnage central, un Juif du Portugal, Miguel Lienzo, après avoir essuyé une déconfiture avec une opération malheureuse sur le sucre, tente de faire fortune avec le café qui n’a pas encore les faveurs du grand public. Dans ce milieu qui affectionne de tout temps le poker menteur, Lienzo devra trouver le bon fil d’Ariane entre les manipulations les plus machiavéliques, les fausses informations et les rumeurs fabriquées tout en risquant sa peau et ses deniers. Dans ce roman présenté comme un thriller financier, le lecteur ne rencontrera pas de cadavre ou d’enquêteur, l’intrigue tient autour de la faisabilité de cette victoire dans l’opération sur le café et aux pièges tendus par les ennemis et concurrents de Lienzo.
A travers les péripéties de ce trader, l’auteur décrit les mécanismes et les outils de la spéculation sur les matières premières tout en dressant un portrait saisissant d’un capitalisme naissant dans une cité en pleine effervescence. La traduction du titre anglais « The coffee trader » avec le mot " marchand " peut prêter à confusion car Lienzo n’est pas un marchand qui achète et revend sa marchandise, il est davantage un trader boursier qui achète et revend des contrats sur les matières premières, un spéculateur donc. L’intérêt de cet ouvrage tient également dans la présentation de la position des Juifs à l’époque. Obligés de fuir les pays de l’Inquisition et l’intolérance catholique, certains membres de la communauté, à l’instar du personnage, ont trouvé un meilleur accueil en terre hollandaise. Cette communauté était protégée par un impitoyable organisme, la Ma’amad, qui interdisait tout affaire avec un non-Juif afin d’éviter notamment les problèmes.
Le récit est admirablement composé, la structure permet de dérouler une trame qui accroche le lecteur tout au long des 439 pages28/11/2010 à 13:53 xavier (853 votes, 7.8/10 de moyenne) 1