317 votes
-
Bois aux Renards
9/10 Je l'ai fini et j'ai bien du mal à mettre des mots sur cette lecture. Si ce n'est qu'elle m'a captivé, enchanté et impressionné à la fois, et ce dès les premiers chapitres qui attrapent le lecteur au collet pour ne plus le lâcher avec une longue traque haletante que j'ai lue d'une traite pendant une bonne centaine de pages.
Puis une partie du roman bascule progressivement, par séquences, dans l'étrange, le conte et les légendes, mais sans jamais perdre pied avec la réalité ni relâcher l'attention du lecteur.
L'écriture de Chainas est d'une rare qualité, sa précision chirurgicale use parfois de mots inconnus mais dont on ne doute pas de la pertinence et qui n'entravent en rien la lecture. Que ce soit pour décrire la forêt, les corps, les fluides, les atmosphères, la langue de l'auteur semble produire sur le lecteur le même enchantement et déployer les mêmes sortilèges que cette mystérieuse forêt Bois-aux-Renards vis-à-vis des personnages du roman.
On ressort de ces 500 pages ébouriffé, secoué, enchanté, sans trop savoir comment classer ce que l'on vient de lire tant les "codes" habituels du roman noir ont été explosés par Antoine Chainas, qui nous livre là un morceau de littérature hors du commun à la beauté sauvage et vénéneuse. Un roman noir magistral et ensorcelant.
Je ne peux que me réjouir de l'existence de cette collection La Noire de Gallimard qui permet d'accueillir de tels textes, ça me donne à la fois l'envie de l'explorer plus largement, mais aussi de lire prochainement Empire des chimères, le précédent roman de Chainas que j'avais boudé à sa sortie.16/02/2023 à 19:42 15
-
Leur Domaine
10/10 Bon sang, ce roman m'a cloué le bec. J'ai eu l'impression de lire un grand (et gros) roman noir américain, mais qui se déroulerait en Norvège. Et je n'imaginais pas que Nesbo puisse être talentueux à ce point, un conteur hors-pair tout en finesse et subtilité, avec une telle maturité, une telle profondeur d'écriture.
Leur domaine est à 1000 lieux des enquêtes de Harry Hole, ou d'ailleurs de tout autre thriller, et risque à ce titre d'en décontenancer plus d'un. Il n'aurait absolument pas dépareiller dans une collection "blanche", et Nesbo s'affranchit ici clairement des codes du polar pour se déployer sur le terrain de la littérature dite "générale". "Générale" peut-être, mais en revanche toujours noire. Car s'il a décidé d'explorer le thème de la famille - une famille vivotant dans un petit bourg montagnard en Norvège - et en particulier celui de la fratrie, c'est pour en disséquer un modèle perverti, gangréné.
Rien avoir ici avec les spécimens tant de fois rencontrés dans le rural noir américain. Pas de dégénérés qui défouraillent aussi vite qu'ils enquillent les litres de bière ou se défoncent à la meth. Au contraire, en évitant les stéréotypes, Nesbo touche à l'universel. Et nous atteint en plein coeur. Amour, loyauté, jalousie, honte, rancoeurs, secrets, vengeance, crime, sacrifice, dévouement, culpabilité, le plus beau comme le plus laid se côtoient et se mélangent dans cette pâte humaine que malaxe Nesbo sous nos yeux pour mieux décortiquer les relations infiniment complexes de ses personnages.
Ecrit à la première personne du singulier dans une langue aussi fluide que précise, aux dialogues toujours justes, Leur domaine est un roman noir délicieusement immersif qui happe son lecteur dès le début pour mieux le surprendre dès que celui-ci croit en avoir deviné la direction ou percé un secret. Le rythme est lent, le suspense insidieux et le malaise n'hésite pas à pointer dans cette atmosphère toxique de huis clos. Alors oui, il est lent, très lent, mais qu'est-ce que c'est bon, un pur régal ! À tel point qu'en voyant la fin du livre approcher avec appréhension, je faisais tout pour la différer, ralentir ma lecture - ce qui est bien sûr impossible puisque je n'arrivais pas à le lâcher.
L'étau se referme doucement mais inéluctablement sur les personnages comme sur le lecteur, qui a vraiment l'impression de vivre et d'être littéralement avec eux tellement ce bouquin est immersif et glaçant.
Un roman noir absolument magistral, proche d'un chef-d'oeuvre moderne. En tout cas, un énorme coup de coeur pour moi, comme je n'en avais pas eu depuis très longtemps!10/11/2022 à 19:26 6
-
Traverser la nuit
7/10 Ce bouquin m'a réconcilié avec Le Corre. Son précédent, Dans l'ombre du brasier, m'avait profondément ennuyé et prodigieusement agacé avec sa prétention, ses longueurs, son écriture ampoulée et inutilement apprêtée, son absence d'intrigue et ses personnages caricaturaux.
Traverser la nuit est plus sobre, (beaucoup) plus court, ancré à Bordeaux, et semble davantage correspondre au sillon que creuse l'auteur. Son écriture, très travaillée, semble pourtant couler de source et réussit à embarquer le lecteur dès les premières pages. L'intrigue minimaliste sert surtout de prétexte pour cerner trois personnages en rupture. Jourdan, le flic de la PJ au bord du burn-out, Louise, femme battue par son ex qui se raccroche à son fils pour continuer d'avancer, et enfin Christian, rendu psychopathe par une mère abusive profondément toxique. Trois personnages dont la vie semble n'être qu'une longue nuit sans fin privée d'aurore. Et dont les trajectoires ne se croiseront que très (trop ?) tard.
Un roman noir et tragique qui n'est pas sans défaut mais qui parvient à plonger le lecteur dans une saisissante atmosphère nocturne battue par la pluie, saisie par le froid, rongée par la fatigue d'êtres en perpétuelle recherche d'une bouffée d'oxygène. Hervé Le Corre la leur refusera jusqu'au bout.21/12/2021 à 14:25 9
-
Desert Home
9/10 On a beau avoir déjà lu des dizaines de romans américains, ce qui frappe dès les premières pages de Desert Home de James Anderson, c'est le sentiment de dépaysement total, l'impression d'être transporté non pas aux Etats-Unis mais à l'autre bout du monde, voire sur une autre planète. Le désert de l'Utah, avec ses roches, ses montagnes et sa poussière à perte de vue, son soleil implacable qui, selon les moments de la journée, peut embraser le décor d'une lumière rose, orange ou rouge et sa lune qui la nuit projette des ombres fantomatiques. Sur la route 117 qui le traverse, le semi-remorque de Ben Jones est certainement le seul lien entre les quelques habitants échoués ici et le reste de la civilisation : dans le désert, il n'y a ni réseau pour téléphone portable ni couverture satellite pour GPS.
Au bord de la 117, le Well-Known Desert Diner pourrait faire figure de mirage à n'importe quel étranger. On pourrait croire qu'il va ouvrir d'une minute à l'autre, tellement Walt, son propriétaire octogénaire, le maintient dans le même état impeccable que sa collection de motos et de pièces détachées. Peut-être n'y a t-il plus que Ben pour se souvenir que, s'il a été le décor d'innombrables films de série B dans les années 60 et 70, le diner n'a plus ouvert ses portes depuis plus de 30 ans.
Que ce soit avec le vieux Walt, avec John qui porte pour se repentir une croix aussi grande que lui le long de la 117 du printemps à l'automne, ou avec les frères Lacey qui ont emménagé dans une enfilade de wagons perdus au milieu du désert, Ben Jones n'échange que quelques mots lors de ses livraisons. Un simple regard, un mouvement de la tête ou une cigarette imaginaire qu'on partage entre anciens fumeurs, sont ce qui se rapproche le plus de la conversation chez ces gens-là, et pourtant un lien s'est tissé au fil des années.
Peu importe que certains soient en fuite ou se cachent au milieu du désert, Ben ne juge personne. Il prend les gens tels qu'ils sont et la vie comme elle vient, même si elle est tout sauf facile dans ce coin de l'Utah. À presque 40 ans, lui qui a accumulé dettes et factures impayées au point de ne pas être sûr de pouvoir continuer son activité de livreur indépendant un mois de plus a appris à se contenter du peu qu'il a, et surtout du moment présent.
Un jour pourtant, au détour d'un chemin, il découvre les restes d'un projet immobilier avorté : en plein désert, un agencement de rues recouvertes de poussière et une petite maison-témoin. À l'intérieur, une jeune femme qui joue d'un violoncelle sans cordes. Qui est-elle ? Que fait-elle ici, seule ?
Desert Home aurait parfaitement pu être publié par Gallmeister. Le décor majestueux et omniprésent du désert de l'Utah, très peu exploité dans la littérature américaine, y infuse une atmosphère envoûtante, presque onirique par moments. Pourtant, pas de nature writing ici. James Anderson se concentre sur ses personnages, cabossés, exclus du rêve américain, tous singuliers mais terriblement touchants.
La beauté dans la simplicité, ou la beauté de la simplicité. Tel semble être le credo de James Anderson. La magie d'une rencontre, la naissance d'un amour, la force de l'amitié, toutes ces pépites de l'existence brillent au sein de ce roman noir mais lumineux de bout en bout.
Porté par une écriture claire et limpide comme de l'eau de roche mais gorgée de vrais moments de poésie, Desert Home est un roman tout en nuances, d'une grande subtilité, éblouissant d'empathie et d'humanité. À l'image de Ben, ce chauffeur-livreur aussi étonnant qu'attachant, qu'on a hâte de retrouver dans La Route 117, le deuxième roman de James Anderson.07/07/2020 à 19:19 9
-
Le Manuscrit inachevé
4/10 Ca faisait un peu plus de 10 ans que je n'avais pas lu de Thilliez et, après avoir délaissé le polar - et globalement la fiction - pendant 3 mois, je m'étais dit que reprendre la lecture avec un de ses romans me remettrait le pied à l'étrier. J'avais donc acheté son nouveau roman, Il était deux fois, mais comme plusieurs lecteurs de PP conseillaient de lire d'abord Le Manuscrit inachevé, j'ai joué le jeu en me lançant dans ce dernier. Verdict : déçu. Certes je l'ai lu vite et sans ennui, mais je n'ai été ni passionné, ni "transporté" ou "chamboulé" par ce récit.
La première raison est que si le roman est effectivement un bon page-turner, ce n'est malheureusement pas grand-chose d'autre. Le principal inconvénient est l'absence d'émotion pour le lecteur. Certes, la mécanique du "tourneur de pages" est plutôt efficace et on a envie d'arriver à la fin pour connaître le dénouement mais, entre-temps, niveau émotion - peur, anxiété, joie, tristesse, mélancolie, bonheur ou autres - l'encéphalogramme reste désespérément plat. Les personnages sont tous assez creux, stéréotypés, voire interchangeables, et par conséquent ne suscitent guère d'empathie.
Autre déception : celle d'avoir anticipé assez tôt l'identité du coupable. D'autant plus qu'en décodant le fameux incipit du roman, on accède aussitôt au "subterfuge" du dénouement. Subterfuge qui, à force d'avoir déjà été utilisé d'innombrables fois dans le domaine du thriller, en est devenu un cliché.
Bref, si même la mécanique en elle-même est loin d'être parfaite (invraisemblances et grosses ficelles - comme celles relevées par Hoel), elle fonctionne malgré tout, Thilliez restant un habile artisan. Malheureusement, le fond est absent, le texte n'a pas vraiment d'âme, ne véhicule aucune émotion.
Les mises en abîme sont bien là, mais ne servent à rien et ne sont pas exploitées pour véhiculer quoique ce soit. Léane étant elle-même auteure de thrillers, on aurait pu s'attendre à une mise en perspective, une exploration de la création, ou au moins à découvrir le quotidien d'un écrivain. Mais non, rien de tout cela : au final, elle aurait pu être boulangère, ou exercer toute autre activité, que ça n'aurait pas changé grand-chose.
J'ai connu Thilliez meilleur. Je ressors donc déçu de ce thriller un peu trop mécanique et désincarné. Toutefois, je redonnerai bientôt une chance à l'auteur puisqu'il me reste maintenant à lire Il était deux fois.30/06/2020 à 18:45 6
-
Comme des rats morts
8/10 Quelle claque, ce bouquin !
Evidemment que ce n'est pas destiné aux âmes sensibles, mais ce portrait d'une certaine jeunesse est finalement moins "trash" qu'effrayant de justesse. Rien de gratuit, juste une description de l'intérieur, sans concession. Portée par une langue superbe, crue, souvent grossière, parfois poétique, mais toujours juste et ultra-réaliste.
Une immersion glaçante dans un groupe d'ados emblématique de la génération des années 2000-2010, biberonnée à l'ultra-libéralisme, au consumérisme, et à tout ce qui en découle : individualisme, égoïsme, culte de la performance, loi du plus fort, une génération livrée à elle-même à cause de parents et d'adultes démissionnaires - pour plusieurs raisons.
Un roman au final pas plus trash que ne l'est notre société.05/10/2019 à 07:38 7
-
Loser
8/10 Les personnages que met en scène Jason Starr sont fascinants, de même que la lente mais inexorable déchéance qui les attend. Et autant dire que Loser - au sens tragique du terme - est à la fois un titre idéal pour ce roman, et aussi un parfait qualificatif pour les antihéros qu'affectionne tant l'auteur.
Quinze ans que Tommy Russo cumule les petits jobs insignifiants en attendant qu'un producteur repère ses talents de comédien. Mais après quelques rôles de figuration, les auditions se sont faites de plus en plus rares. Alors en attendant, Tommy travaille comme videur à l'O'Reilly's Bar, dont le patron le considère presque comme son fils. C'est sans doute pour ça qu'il a déjà accepté plusieurs fois de lui verser des avances sur son salaire, mais le problème c'est que ce n'est jamais assez, Tommy flambe tout dans les paris sportifs.
Alors quand une vieille connaissance lui propose de s'associer avec quatre autres parieurs pour acheter un cheval de course, Tommy sent que la chance lui sourit enfin. Seul problème : la mise de départ est de 10000 dollars. Tommy ne peut pas laisser passer l'occasion et pense alors au coffre-fort du bar, dont il a mémorisé la combinaison grâce à son étonnante mémoire visuelle...
Lui qui n'a jamais été un délinquant va alors faire un pas de côté qui finira par l'emmener bien loin de la frontière.
Si Tommy a certainement une existence médiocre, elle n'est pourtant pas misérable. Et le plus frappant est qu'il n'a pas forcément la poisse, mais qu'il fera systématiquement les mauvais choix.
Dans sa chute lente mais vertigineuse, plusieurs perches lui seront tendues mais il les ignorera toutes, s'enfonçant chaque fois un peu plus, gâchant sans s'en rendre compte à la fois toutes les belles occasions qui se présentent mais gâchant aussi tout - relations humaines ou professionnelles - ce qu'il a pu construire jusque-là. S'enfonçant dans un déni total, aveuglé par ses rêves de gloire, il perd pied. Sa lucidité sur les conséquences de ses actions semble s'effacer, un peu comme s'il sombrait lentement mais sûrement dans une espèce de réalité parallèle proche de la folie, jusqu'à l'irrémédiable.
Comme dans Mauvais karma, La Ville piège, Frères de Brooklyn ou encore Petit Joueur, Starr décrit avec une redoutable efficacité cette bascule, cet évènement déclencheur, aussi anodin soit-il, qui va précipiter ses personnages dans une engrenage fatal et agir sur eux comme un révélateur de leurs névroses et tendances sociopathes.
C'est cet implacable mécanisme de la chute et de la déchéance qui fascine le lecteur jusqu'à le saisir à la gorge. Et qui fait de Jason Starr le chroniqueur affûté de nos folies contemporaines.19/09/2019 à 12:00 7
-
1974
8/10 Eddie Dunford, « correspondant pour les affaires criminelles dans le Nord » à l'Evening Post, se voit chargé par son rédac' chef d'assister Jack Whitehead, « reporter criminel de l'année », pour couvrir l'assassinat d'une fillette retrouvée violée et torturée. Mais lui, jeune et naïf, cherche la vérité, alors que « les gens n'ont que la vérité qu'ils méritent ». Et il ne tardera pas à s'en apercevoir, au fil d'une descente aux enfers qui lui arrachera des larmes de rage, d'impuissance et de chagrin devant l'impensable putain de corruption et de pourriture qui gangrène l'Angleterre des 70's jusqu'à l'os : police qui incendie des camps de gitans, torture et tabasse de pauvres hères pour pouvoir désigner des coupables à une presse servile dont les plus prestigieux éléments, au courant des secrets, continuent d'écrire les mensonges officiels. Pour les autres, les rares qui, comme Eddie, s'accrocheraient un peu trop à la vérité, c'est la mort - accidentelle, bien sûr - qui les attend si jamais les menaces, les coups, les passages à tabac ne suffisent pas. Une police qui fait ce qu'elle veut (« C'est le Nord. On fait ce qu'on veut ! »), tant qu'elle couvre les crimes et délires d'entrepreneurs et d'élus véreux qui n'ont qu'une motivation : « cet argent. Toujours ce putain d'argent. »
En suivant Eddie Dunford, hanté par les images de fillettes disparues, retrouvées violées, torturées et étranglées, auxquelles s'ajouteront bientôt tous les morts qui finiront par jalonner son chemin de croix, le lecteur s'enfonce dans une atmosphère de plus en plus sombre et poisseuse et découvre l'envers du décor, porté par l'écriture radicale et quasi hypnotique de Peace. Les USA ont Ellroy, la Grande-Bretagne a eu Ted Lewis, Robin Cook et David Peace. Qui écrit comme pour décaper l'histoire de son pays de toute cette crasse de mensonges et d'horreurs, de pourriture et de corruption. On en ressort sonné, lessivé, comme passé sous un rouleau compresseur.
Quant à la France, il n'y a aucune raison pour que le système ne soit pas le même. Et pourtant, on attend toujours. Mais un tel auteur serait-il ne serait-ce qu'édité, de nos jours ? Aurait-il au moins l'occasion de percer la chape de plomb du système politico-médiatique ? Poser la question, c'est certainement y répondre. Après tout, « les gens ont la vérité qu'ils méritent ».
En attendant, choisissez la pilule rouge, lisez Peace.14/09/2019 à 06:36 6
-
Je sens grandir ma peur
8/10 Wow ! Quel bouquin, quelle fin, quel retourne-cerveau !
Un roman éminemment noir, littéraire et psychologique, maîtrisé de bout en bout, servi par une écriture au scalpel, infiniment précise.
Ce n'est pas un "divertissement" comme peuvent l'être tant de polars ou de thrillers. Sa lecture n'est pas forcément "agréable", par contre elle est hypnotique, suscite le malaise autant que nos neurones et, au final, se révèle terriblement perturbante.
Une dissection de la psyché humaine qui vous glace les os, par son réalisme comme par sa lucidité et les questions existentielles qu'elle remue et dissèque.
Unique et dérangeant.15/11/2018 à 15:28 9
-
Ne reviens jamais
5/10 Après la lecture de Ne reviens jamais, troisième roman de David Bell publié en France, et même si le titre trouve son explication dans la seconde partie du roman, personnellement j'ai plutôt envie de le prendre comme un conseil inconscient de l'auteur adressé à ses lecteurs, un conseil que je vais en tout cas m'empresser de suivre désormais.
C'est parce que j'avais dévoré Fleur de cimetière, suspense psychologique addictif qui avait fait connaître en 2013 David Bell au lectorat français, récompensé d'ailleurs la même année par le Prix Polar international de Cognac, que son nouveau roman m'a attiré et que je n'ai pas tardé à l'ouvrir, dans une période où j'avais envie de me plonger dans un polar simple mais efficace. Ayant été agréablement surpris et captivé par Profil bas de l'irlandaise Liz Nugent, je pensais renouveler l'expérience avec ce nouveau David Bell, même s'il s'annonçait clairement moins original. J'ai assez vite déchanté.
[...]
Evidemment, le principal retournement de situation, qui a lieu dans la seconde partie du roman, nécessitait obligatoirement une solide mise en place de l'intrigue, des différents protagonistes et de leurs interactions.
Le problème, ou plutôt l'un des principaux problèmes, est que ce drame familial qui ouvre le roman n'est déjà pas en lui-même d'une folle originalité. À ceci, il faut ajouter que les personnages, s'ils ne sont pas non plus totalement inintéressants, restent malgré tout assez lisses, trop ternes pour susciter chez le lecteur une empathie ou un attachement suffisamment profond qui leur permettrait de faire oublier un début d'intrigue à l'encéphalogramme quasiment plat. Et ce n'est pas non plus l'écriture fonctionnelle mais sans relief ni saveur de David Bell qui peut sauver la mise. Dans ces conditions, pour un roman de 360 pages (grand format), la mise en place qui occupe un tiers du texte paraît donc très longue, même si les chapitres courts et quelques petits éléments disséminés ici et là, annonciateurs d'une suite probablement plus intéressante, permettent de franchir le cap sans tomber dans un ennui fatal.
Heureusement, dès le second tiers du roman, le rythme s'accélère enfin un peu et plusieurs petits évènements s'enchaînent et permettent de relancer l'intérêt du lecteur et, surtout, d'attiser sa curiosité. Rien d'extraordinaire pourtant, et jusqu'à la fin on restera bien loin de l'efficacité narrative et addictive de Fleur de cimetière du même auteur.
Pourtant, dès la moitié du roman à peu près, Ne reviens jamais se transformerait presque en page-turner : accélération de l'intrigue, elle-même ponctuée de quelques rebondissements bienvenus et plutôt intéressants, quelques fausses pistes alimentées par des comportements suspects.
Mais, s'il réussit malgré tout à le tenir un minimum en haleine jusqu'à la fin, David Bell ne parvient jamais à réellement surprendre son lecteur et reste dans l'ensemble bien trop sage et prévisible pour susciter l'enthousiasme.
Ceux qui ont lu et apprécié Fleur de cimetière seront évidemment terriblement déçus tant ils auront du mal à croire que les deux romans ont bien été écrits par le même auteur, quant aux autres, les moins exigeants trouveront là un récit sans grande surprise qui leur fera malgré tout passer quelques heures, avant d'être totalement oublié.
Sans être pour autant foncièrement mauvais ou inintéressant, Ne reviens jamais donne vraiment l'étonnante impression d'avoir été écrit par un David Bell en pleine cure de Lexomil...25/05/2017 à 19:34 8
-
Dernier Désir
8/10 Dernier désir est un roman fascinant qui mêle au suspense du thriller psychologique une passionnante étude de caractères. Olivier Bordaçarre est au plus près de ses personnages et dissèque leur vie, leurs envies et leur évolution au fil des évènements avec une justesse déconcertante. De la petite famille idéale, du couple qui s'est enfin retrouvé grâce à une vie plus sereine à la campagne au contact des choses simples mais essentielles qui font les petits bonheurs d'une vie, il va pointer les dissonances qui vont peu à peu éclore en eux face à la nouveauté, au désir, et finalement à la tentation.
Car le personnage énigmatique de Vlad porte en fait dans ce roman une double casquette : il incarne à la fois la tentation et la séduction dans tous les domaines et par conséquent fait figure de diable, tout comme il incarne aussi une espèce de vampire, autant par son mimétisme inquiétant et jusqu'au-boutiste - d'ailleurs, jusqu'où ira t-il ? - que par la place de plus en plus grande, de plus en plus envahissante qu'il occupe au sein de cette famille. Comme si c'était l'âme même de la famille, puis du couple, qu'il aspirait petit à petit pour opérer un transfert - le sien.
À partir de là, suivre les réactions des différents personnages face à cette apparition et cette intrusion, certes consentie et pourtant presque maléfique, voir ce père prendre peu à peu conscience du danger, tenter d'en convaincre sa femme en plein déni, c'est anticiper les dommages d'existences broyées par un engrenage subtilement pervers et pourtant dramatiquement simple. Et c'est déchirant.
Ce roman noir vénéneux d'une grande subtilité, aussi oppressant qu'addictif et porté par la très belle écriture de Bordaçarre, élégante et superbement fluide, prendra même des allures de conte à la limite du fantastique lorsqu'au bout du tragique et éprouvant crescendo qu'il orchestre, l'épilogue terrassera le lecteur d'un ultime uppercut. De quoi émerger avec la gueule de bois, et des questions plein la tête...
Inutile de dire que je me suis précipité sur "Accidents", le nouveau roman d'Olivier Bordaçarre paru chez Phébus.15/01/2017 à 13:32 8
-
Tout le monde te haïra
2/10 "Tout le monde te haïra" était le premier roman d'Alexis Aubenque que je lisais. Autant être franc : ce sera également le dernier.
Pendant les deux premiers tiers, Aubenque arrive pourtant à faire un minimum le job : rien d'extraordinaire, un thriller comme on en a déjà lu 1000, mais qui fonctionne plus ou moins malgré tout et nous fait tourner les pages - écriture fonctionnelle, chapitre courts qui se terminent par une espèce de rebondissement, personnages pas détestables mais assez interchangeables...
Bref, de quoi faire passer quelques heures quand on n'a rien d'autre à faire : vite lu et vite oublié dès la dernière page tournée, sauf que...
... Sauf que pour ce livre, le dernier tiers - qui constitue le "dénouement" et la fin - bascule dans une telle nullité, une telle invraisemblance, un tel WTF que, pour le coup, on s'en souvient !
D'ailleurs, le ou la coupable est obligé de se lancer dans un long monologue pour expliquer le pourquoi du comment, comme dans les pires séries Z : une "explication" qui est tellement à mille lieux de ce que l'enquête avait jusque-là dévoilé que, s'il n'y avait pas cette énorme ficelle de l'accusé qui déballe tout son charabia pendant des pages et des pages, le roman aurait du faire au minimum 200 pages de plus pour que les enquêteurs puissent enfin trouver la bonne piste et son explication...
Renseignement pris auprès de l'auteur, cette fin "bigger than life" (dixit Aubenque), est volontaire et celui-ci nous explique qu'il voulait en quelque sorte "parodier" justement ce type de séries Z dans lesquelles le coupable est obligé de s'expliquer longuement pour que le téléspectateur - ou le lecteur - puisse comprendre ses motivations.
Le problème, c'est qu'à la lecture, à aucun moment ne perce un quelconque second degré ni le moindre indice qui établirait ce genre de complicité entre l'auteur et son lecteur, lequel percevrait alors cette volonté de parodie.
Non, au contraire, "Tout le monde te haïra" reste désespérément sérieux - et donc hautement ridicule - jusqu'à sa toute dernière page.03/01/2017 à 05:58 5
-
Obia
8/10 Autant avouer tout de suite que j'ignorais tout de la Guyane, jusqu'à sa localisation, et que par conséquent la lecture de cet "Obia" s'apparentait pour moi à un voyage en terre inconnue. Par chance, Colin Niel s'est avéré être le guide parfait pour cette aventure littéraire : aussi éloigné de l'auteur opportuniste en quête d'exotisme bon marché susceptible de colorer une énième intrigue policière, que du pseudo-spécialiste se regardant écrire, plus soucieux d'étaler à la vue de tous l'étendue de ses connaissances et transformant ainsi son texte en thèse.
Tout au contraire, Colin Niel écrit, lui, sur ce coin d'Amazonie française comme un auteur barcelonais le ferait dans la capitale catalane ou un romancier des Appalaches dans son coin d'Amérique : en écrivant sur ce qu'il connait et en faisant de la Guyane un personnage à part entière, avec son histoire, son passé, ses difficultés, sa beauté et sa complexité.
Niel dévoile les différentes facettes de cet autre territoire français un peu comme il le fait avec les personnages de son roman, par touches successives, avec justesse et sincérité.
Et on retrouve la même maîtrise, la même habileté dans la construction de son intrigue, entremêlant passé et présent autour du fleuve Maroni.
Un fleuve qui symbolise la frontière invisible entre Suriname et Guyane, et que n'ont cessé de traverser depuis des décennies les habitants de l'un comme de l'autre.
Les Surinamiens par milliers dans les années 1980 pour fuir la guerre civile et ses massacres, tandis qu'aujourd'hui, les barons de la came qui bénéficient d'une planque idéale dans cet Etat faiblement peuplé refusant l'extradition, envoient leurs mules sur les rives françaises du Maroni, direction l'ouest et l'aéroport de Cayenne la capitale, avec pour objectif la métropole.
Entre meurtres inexpliqués, trafic de drogue, course-poursuite échevelée auxquels se mêlent d'étranges fantômes d'une guérilla pourtant achevée depuis des années, Colin Niel déploie plusieurs fils narratifs, d'autant plus captivants que l'on pressent qu'ils vont se rejoindre tôt ou tard, et réserve de belles surprises au lecteur. Si le milieu du récit accuse une baisse de rythme assez conséquente, l'auteur enchaîne heureusement sur un retournement de situation totalement bluffant, pour une dernière partie pleine de suspense menée pied au plancher.
Pas de doute, sous la plume de Colin Niel, la Guyane est définitivement une terre de polar à ne pas manquer !22/12/2016 à 12:13 12
-
Sauve-toi !
8/10 Amateurs exclusifs d'intrigues policières, passez votre chemin. Avec "Sauve-toi !", on est en présence d'un pur roman noir, psychologique, quasi sociologique même, mais quel roman !
Ce qui frappe dès les premières pages et rend ce texte si addictif, c'est la force incroyable de ses personnages, leur authenticité, leur ultra-réalisme, leur crédibilité à toute épreuve. Aucun artifice, aucun cliché, ici on colle au plus près de ces personnalités riches et complexes, pour lesquels on développe rapidement une empathie totale. Ils pourraient être nos voisins, nos collègues de travail, on pourrait les croiser dans la rue sans se retourner ou se questionner sur eux, ils ne sont ni super-héros ni incorrigibles losers. Loin d'être des freaks, ce sont des gens normaux, à ceci près que chacun traverse une (très) mauvaise passe.
Avec son écriture sobre mais racée, tout en nuances, Kelly Braffet nous introduit dans leur quotidien et révèle leur fragilité, leurs difficultés, leurs vies décomposées.
Mis en marge de la société par leur comportement ou par leur choix, leur destins vont se croiser et se recroiser, transformant leur vie en poudrière jusqu'à ce que, les frictions s'aggravant, celles-ci finissent par produire l'étincelle fatale.
Ne tenez pas compte du résumé de 4eme de couverture, brouillon et peu engageant, plongez sans hésiter dans ce roman noir et âpre d'une grande subtilité, qui révèle Kelly Braffet comme un des grands talents du genre et une auteure à suivre de près.28/11/2016 à 12:53 9
-
Trop de morts au pays des merveilles
5/10 Un premier roman plutôt prometteur, l'auteur faisant preuve d'un savoir-faire indéniable appuyé sur de bonnes idées, et une mise en situation habile et mystérieuse tout au long de la première partie. Dommage que la seconde partie soit gâchée par une véritable avalanche de rebondissements à la Harlan Coben - souvent assez peu vraisemblables d'ailleurs - qui perdent en plus de leur intérêt et de leur impact à cause de personnages pas assez fouillés. Un problème de surdosage qui, je l'espère, sera réglé pour les prochains romans de Morgan Audic.
12/11/2016 à 08:31 7
-
Le Matériel du tueur
4/10 Quelle déception, ce roman ! Pourtant, j'étais rentré dedans avec un "à priori" ultra-positif suite au résumé et au fait que ce soit un polar italien. Mais dès les premières pages, gros problème : impossible de se concentrer sur un personnage ou le début de l'intrigue, avec un auteur qui n'en finit plus d'aligner des digressions à propos de tout et n'importe quoi, que ce soit de la manière de faire des pâtes (pourtant j'adore ça et, dans le même esprit mais sans digressions à chaque paragraphe, Alessio Viola a même réussi à me donner quasiment faim lors de certains passages de son magnifique "Celui qui ne dormait pas"), de l'architecture d'un pont, bref : tout, absolument tout était sujet à longueurs et digressions jusqu'à ce que, enfin, à partir de la 70ème page, comme si on venait de lui administrer sa dose de neuroleptique, l'auteur se calme soudainement (et enfin !).
Une fois ces 70 premières pages passées, le récit gagne en rythme, en efficacité, et pourtant je suis complètement passé à côté. Je n'ai accroché ni aux personnages, ni à l'intrigue plus ou moins confuse, et j'ai terminé le bouquin avec cette désagréable impression d'être totalement passé à côté... Pourtant, outre le défaut majeur mentionné quant au verbiage au début du roman, le potentiel était là. Peut-être que je ne l'ai pas lu au bon moment, qui sait, toujours est-il que ce Matériel du tueur n'aura pas réussi à me convaincre.05/03/2016 à 13:58 7
-
La Fille du train
6/10 Bien que déçu par une fin plutôt convenue - j'espérais un ultime rebondissement plus "théâtral", peut-être - c'est dans l'ensemble un assez bon thriller psychologique. Même si le style et l'écriture sont basiques, l'auteur parvient à accrocher son lecteur grâce à un récit choral qui donne la parole à plusieurs personnages et autant de versions différentes ; grâce à ce qui est déjà devenu Outre-Atlantique un sous-genre en lui même, où le narrateur principal - ici la narratrice - n'est pas totalement "digne" de la confiance du lecteur, dans le sens où celui-ci est amené à douter de la véracité de son récit ; et enfin grâce à mon avis aux portraits de trois femmes qui, pour une fois, échappent aux stéréotypes principalement anglo-saxons de la "self-made woman" qui réussit tout dans sa vie professionnelle ou personnelle. Ici, au contraire, les personnages féminins ne sont pas exempts de failles, ne sont pas forcément exemplaires et, par conséquent, apparaissent comme beaucoup plus humaines.
Meilleur selon moi que "Les Apparences", mais loin d'être inoubliable pour autant, "La Fille du train" fait partie, avec "À la vie, à la mort" de Colette McBeth - publié en janvier dernier aux Escales et que j'ai toutefois largement préféré car bien plus efficace jusqu'à la fin -, des deux "domestic thrillers" globalement assez réussis de l'année.19/12/2015 à 18:06 11
-
Le Dernier Arbre
10/10 Ce roman est un véritable bijou, et une sacrée découverte ! Une très belle plume puissamment évocatrice porte ce texte magnifique, absolument captivant et totalement immersif tant il transporte le lecteur dès les premières pages dans un voyage au fin fond des bayous de Louisiane dans les années 1920. À la fois sombre avec ses flambées de violence, poisseux et poignant, baigné d'une atmosphère moite saisissante, Le Dernier Arbre véhicule une palette riche en sensations et en émotions diverses, à travers des personnages éblouissants qui, tous, touchent le lecteur en plein coeur, y compris lors de scènes plus lumineuses. La relation, pourtant compliquée au début, entre ces deux frères est fascinante.
Ce premier roman exceptionnel de Tim Gautreaux possède un grand souffle romanesque et révèle l'un des plus grands talents de la littérature américaine, qui n'a pas à rougir des comparaisons faites avec Faulkner ou, plus proche de notre époque, Ron Rash.
À découvrir sans faute pour tous les amateurs de grands romans noirs... et de belle littérature américaine !10/12/2015 à 11:07 8
-
L'Alignement des équinoxes
4/10 Un roman que j'ai beaucoup aimé et qui m'a passionné pendant au moins la moitié du livre, par contre j'ai été de plus en plus déçu par la suite de "l'évolution" de l'intrigue qui ne tient pas du tout ses promesses, qui commence à s'embourber pour finir par une fin très décevante.
L'aspect "alignement des équinoxes" et "phénomènes qui nous dépassent", si intéressant et passionnant au début finit par retomber totalement à plat, à tel point que je me suis dit : "tout ça pour ça ?!".
Du coup, non seulement à la fin on ne voit pas très bien la nécessité d'une suite, mais personnellement ce sera sans moi.
Au final, après avoir fondé de grands espoirs sur cette intrigue si originale, passionnante et "exaltante" dans la première moitié du roman, tout retombe petit à petit à plat ensuite pour se finir de manière expéditive et baclée, finalement de manière très classique et qui, surtout, ne répond à aucune des questions soulevées pendant tout le récit. En réalité une sorte de non-résolution, un retour à zéro déconcertant et très décevant, qui m'a donné l'impression d'un roman... totalement vain.
Dommage, car il y avait vraiment un potentiel assez impressionnant, à la base.23/11/2015 à 06:16 7
-
Né sous les coups
9/10 Un formidable roman noir d'une rare puissance. Le choc se produit dès les premières pages. Après un prologue fulgurant et violent, le premier chapitre de la première partie commence par deux pages de description d'un match de foot pendant lequel un joueur marque un but. La description est tout simplement à couper le souffle. Et le reste du récit est à l'avenant, prenant le lecteur aux tripes jusqu'à la fin.
Une écriture puissante et racée, des personnages forts qui prennent vie au fil des pages, une intrigue noire et sociale implacable, qui se met peu à peu en place et captive l'attention du lecteur pour mieux montrer les dégâts causés par la folle politique dictatoriale, criminelle et ultralibérale de Thatcher.
Vous pensez que le sujet en tant que tel ne vous intéresse pas, et donc que vous n'accrocherez pas ?
Détrompez vous : Martyn Waites est aux commandes, la construction de son récit est imparable, ses personnages plus vrais que nature, le drame terrible - d'autant plus qu'il est basé sur la réalité - et de plus en plus palpable. L'auteur nous offre un superbe roman noir et âpre qui témoigne de la déliquescence de la société anglaise sous les coups de boutoir de l'ultra-libéralisme, tout en lui insufflant une puissance romanesque, une intensité dramatique, un suspense et une tension crescendo dignes d'un grand thriller. Une lecture marquante, poignante et édifiante dont on ressort sonné. Martyn Waites est à coup sûr une révélation éblouissante, une voix originale avec laquelle il faudra désormais compter, et son premier roman, énorme coup de coeur, en est la preuve !
À découvrir d'urgence, à l'heure où paraît enfin en France son second roman, "La Chambre blanche".
09/09/2015 à 14:01 11
