Norbert

308 votes

  • Belém

    Edyr Augusto

    10/10 Belém, ville cannibale, roman électrochoc. Sombre, violent, brutal et addictif, un véritable diamant noir à l'intensité dévastatrice ! Belém, impossible d'en ressortir indemne...

    18/10/2013 à 13:33 4

  • Dans la rue j'entends les sirènes

    Adrian McKinty

    10/10 Après le déjà formidable "Une terre si froide", Adrian McKinty poursuit sa trilogie Sean Duffy digne de James Ellroy en signant à nouveau avec ce second volet l'un des meilleurs romans noirs de ces dernières années. Son écriture racée, parfaitement traduite par Eric Moreau, est puissamment évocatrice, teintée d'un humour noir et d'une ironie désenchantée qui font des merveilles. L'épaisseur des personnages, tous terriblement humains malgré leurs défauts et leur ambiguïté, est bluffante, le personnage de Sean Duffy, magnifique, gagne encore en profondeur et l'intrigue passionnante et menée de main de maître dévoile une fois de plus un pan de vérité trop méconnue sur cette période ô combien sensible de l'Irlande du Nord.
    [ MAJ de 2021 ] : Ne pas manquer la suite de cette série Sean Duffy avec l'excellent "Ne me cherche pas demain" (lauréat du Prix Polars Pourpres 2021), qui vient enfin - après des années d'attente - d'être publié chez Actes Sud.

    31/12/2013 à 17:33 10

  • Get Carter

    Ted Lewis

    10/10 Magnifique roman d' une noirceur totale et sans espoir, par le grand Ted Lewis, l' auteur de "Plender" et du formidable "Sévices". Un classique du genre, direct, brutal, sans concession, magnifié par l' écriture sèche, épurée et tranchante comme une lame de rasoir de l' auteur. Puissant!

    22/06/2007 à 14:35 3

  • Le Dahlia Noir

    James Ellroy

    10/10 Une puissance d'évocation rare, des personnages poignants qui crèvent le papier, un grand chef-d'oeuvre du roman noir.

    03/11/2007 à 15:00 5

  • Le démon dans ma peau

    Jim Thompson

    10/10 Un des plus grands Thompson, à ne surtout pas manquer! Les personnages sont d' un cynisme monumental et la prose de Thompson fait merveille. Un immense roman noir!

    21/07/2007 à 19:32 4

  • Le Dernier Arbre

    Tim Gautreaux

    10/10 Ce roman est un véritable bijou, et une sacrée découverte ! Une très belle plume puissamment évocatrice porte ce texte magnifique, absolument captivant et totalement immersif tant il transporte le lecteur dès les premières pages dans un voyage au fin fond des bayous de Louisiane dans les années 1920. À la fois sombre avec ses flambées de violence, poisseux et poignant, baigné d'une atmosphère moite saisissante, Le Dernier Arbre véhicule une palette riche en sensations et en émotions diverses, à travers des personnages éblouissants qui, tous, touchent le lecteur en plein coeur, y compris lors de scènes plus lumineuses. La relation, pourtant compliquée au début, entre ces deux frères est fascinante.
    Ce premier roman exceptionnel de Tim Gautreaux possède un grand souffle romanesque et révèle l'un des plus grands talents de la littérature américaine, qui n'a pas à rougir des comparaisons faites avec Faulkner ou, plus proche de notre époque, Ron Rash.
    À découvrir sans faute pour tous les amateurs de grands romans noirs... et de belle littérature américaine !

    10/12/2015 à 11:07 8

  • Les Ruines

    Scott Smith

    10/10 Du grand frisson! Impossible de reposer le livre après l' avoir commencé! "Un long cri d' horreur qui ne vous accorde aucun répit!", comme l' a parfaitement résumé Stephen King. C' est glauque, effoyable, terriblement éprouvant et tellement réaliste... Un très grand moment de terreur...Traumatisant!

    11/07/2007 à 22:58 4

  • Mauvais Karma

    Jason Starr

    10/10 Un prestigieux Barry Award bien mérité est venu récompenser lors de sa sortie ce véritable petit chef d'oeuvre du Noir.
    Un cadre commercial new-yorkais, la trentaine, marié à une très belle femme, croise un jour dans la rue en rentrant du boulot un homme qui réveille brusquement en lui un pénible souvenir d'enfance. Son inconscient a caché durant toutes ces années ce traumatisme, qui réapparaît brusquement, et va peu à peu l' obséder et l'entraîner dans une spirale infernale : son quotidien se dégrade peu à peu, alors que sa femme vient d'être promue, lui est menacé de licenciement en raison de son manque de résultats, il commence à faire des crises de jalousie à sa femme, leurs relations se détériorent, il commence à boire, etc, une véritable descente aux enfers dont il n'a pourtant pas conscience et qui va l' entraîner dans un gouffre...
    À la fois court, rapide, fluide mais intense, d'une fausse simplicité et d'une efficacité redoutable, Mauvais Karma est une réussite éblouissante qui nous fait penser à du Jim Thompson version années 2000 !
    Un formidable roman noir, saisissant et vertigineux, dont le suspense implacable scotche le lecteur de bout en bout et le plonge dans une hallucinante descente aux enfers d' un yuppie new-yorkais, pris dans une spirale infernale de paranoïa, de jalousie, de mensonges, de traumatisme et de vengeance. A couper le souffle, on en ressort groggy ! Un livre précieusement conservé dans ma bibliothèque que je ne me lasse pas de relire... Plus que jamais, Jason Starr est décidément un auteur à découvrir absolument !
    A signaler que l'on retrouve exactement le même "pitch" dans un autre roman de Jason Starr, lui aussi très réussi : La Ville Piège, avec un traitement du personnage principal différent mais tout aussi fascinant.

    04/07/2007 à 01:38 1

  • Plender

    Ted Lewis

    10/10 Un roman intense, fort, machiavélique, puissamment envoûtant, d' une noirceur fascinante et vénéneuse.

    Malheureusement trop méconnu, Ted Lewis compte parmi les plus grands écrivains de romans noirs. Considéré comme le précurseur du renouveau du roman noir en Grande Bretagne, notamment par l' anglais Robin Cook (à ne pas confondre avec son homonyme américain spécialisé dans le thriller médical formaté) qui signa la magnifique préface de la traduction française de son chef d' oeuvre, "Sévices", Lewis mourut d' alcoolisme à 42 ans en 1976, laissant derrière lui une oeuvre peu abondante de 8 romans, dont 5 traduits en français et publiés dans la même collection "Rivages/Noir".

    Son style dépouillé, direct, brutal, terriblement efficace confère à chacun d' entre eux une force inouïe, prend aux tripes et laisse à chaque fois sonné, groggy, profondément marqué. Son écriture extrêmement précise, millimétrée, incisive, ne s' embarasse pas d' un seul mot superflu et grave chaque lettre au fer rouge dans la chair du lecteur. Chaque phrase est un véritable coup de poing que l' on se reçoit en pleine gueule, et fait monter la tension d' un cran supérieur. A ce titre, "Plender" et sa construction narrative alternée envoûte dès les premières pages et ne cesse de faire monter la pression jusqu' à la dernière ligne.

    En refermant un livre de Ted Lewis, on ne peut que se dire que tout ce que l' on sera amené à lire par la suite ne pourra que nous paraître bien fade...

    23/03/2007 à 22:31 2

  • Sévices

    Ted Lewis

    10/10 Un immense chef d' oeuvre, envoûtant et hypnotique, dérangeant et fascinant, d' une noirceur vertigineuse! Une lecture-choc en forme de coup de poing dans la gueule dont on ne ressort pas indemne... Pour moi, à la fois le plus beau et le plus dur roman noir que j' ai jamais lu. INCONTOURNABLE!

    31/03/2007 à 23:31 4

  • Shutter Island

    Dennis Lehane

    10/10 Déjà un classique. Un bouquin qui vous prend aux tripes et vous bluffe jusqu'à la dernière page. Une ambiance de folie, qu'on n'est pas prêt d'oublier, jusqu'à une chute renversante. Unique !

    23/10/2007 à 17:06 4

  • Une terre si froide

    Adrian McKinty

    10/10 Adrian McKinty, le Ellroy irlandais !
    On pourrait nommer cette nouvelle trilogie d'Adrian McKinty "Underworld Ulster", tant, comme l'a fait Ellroy avec les Etats-Unis, McKinty nous plonge avec son personnage de Sean Duffy dans les arcanes d'une Irlande du Nord en plein chaos et en pleine guerre civile.
    Pourtant, loin d'assommer son lecteur de données politiques ou historiques, McKinty y déroule les bases d'une enquête à priori "classique", à la poursuite d'un tueur en série qui s'en prendrait aux homosexuels. Rapidement, le lecteur s'identifie au magnifique personnage de Sean Duffy qui va devoir affronter un mur du silence total mais qui, à force de volonté, va réussir à ouvrir des brèches qui vont le conduire de révélations en retournements de situation explosifs.
    Avec son écriture puissante, son humour à froid et son style racé, Adrian McKinty dresse une galerie de personnages fascinants, et signe un roman noir palpitant et sans concession, au contexte historique passionnant, qui prend le lecteur aux tripes.
    Si "Une terre si froide" peut bien évidemment se lire de manière indépendante, nul doute que les lecteurs qui liront cette pépite n'auront à la fin qu'une envie: se ruer sur la nouvelle aventure de Sean Duffy, "Dans la rue j'entends les sirènes", à paraître le 23 octobre chez le même éditeur !
    Du très grand roman noir, à ne pas manquer !

    19/10/2013 à 14:50 13

  • 1275 âmes

    Jim Thompson

    9/10 Un grand classique dont l' écho résonne encore longtemps après la lecture...Inimitable Thompson!

    01/07/2007 à 11:04 7

  • Amitiés mortelles

    Ben Elton

    9/10 Un thriller original et époustouflant à découvrir d' urgence! Je l' ai dévoré! C' est à la fois sombre, décapant, haletant, osé, sanglant, drôle et ironique, d' une grande fraîcheur, le suspense est terriblement captivant, les personnages irrésistibles, l' intrigue passionnante et les dialogues savoureux. Le style vif et cru de l' auteur fait des merveilles! Par contre, âmes sensibles...

    09/12/2007 à 23:25 5

  • Aux animaux la guerre

    Nicolas Mathieu

    9/10 Ce roman noir et âpre est excellent, captivant et décrit sans fards la triste réalité qui ronge notre société, la fermetures des usines, le chômage, la pauvreté, et les innombrables drames du quotidien que cela engendre.
    À l'aide d'une construction polyphonique impeccable où chaque chapitre est consacré à un personnage, porté par une superbe écriture, parfaitement maîtrisée et évocatrice, et des personnages forts et puissamment campés, d'autant plus crédibles qu'il s'agit de gens simples confrontés au chômage, à la misère, au désespoir, à la tentation de boire pour oublier ou de s'embarquer dans des coups risqués et des trafics illicites de plus en plus gros pour se sortir de la merde, Nicolas Mathieu signe avec Aux animaux la guerre un beau et très grand roman noir qui fera date, parce qu'il aura réussi à écrire et décrire, sans jugement aucun, la déliquescence actuelle de notre société.
    Incontestablement l'une de ces quelques très grandes révélations françaises de l'année à ne pas manquer.

    03/08/2014 à 18:02 8

  • Bois aux Renards

    Antoine Chainas

    9/10 Je l'ai fini et j'ai bien du mal à mettre des mots sur cette lecture. Si ce n'est qu'elle m'a captivé, enchanté et impressionné à la fois, et ce dès les premiers chapitres qui attrapent le lecteur au collet pour ne plus le lâcher avec une longue traque haletante que j'ai lue d'une traite pendant une bonne centaine de pages.
    Puis une partie du roman bascule progressivement, par séquences, dans l'étrange, le conte et les légendes, mais sans jamais perdre pied avec la réalité ni relâcher l'attention du lecteur.
    L'écriture de Chainas est d'une rare qualité, sa précision chirurgicale use parfois de mots inconnus mais dont on ne doute pas de la pertinence et qui n'entravent en rien la lecture. Que ce soit pour décrire la forêt, les corps, les fluides, les atmosphères, la langue de l'auteur semble produire sur le lecteur le même enchantement et déployer les mêmes sortilèges que cette mystérieuse forêt Bois-aux-Renards vis-à-vis des personnages du roman.
    On ressort de ces 500 pages ébouriffé, secoué, enchanté, sans trop savoir comment classer ce que l'on vient de lire tant les "codes" habituels du roman noir ont été explosés par Antoine Chainas, qui nous livre là un morceau de littérature hors du commun à la beauté sauvage et vénéneuse. Un roman noir magistral et ensorcelant.

    Je ne peux que me réjouir de l'existence de cette collection La Noire de Gallimard qui permet d'accueillir de tels textes, ça me donne à la fois l'envie de l'explorer plus largement, mais aussi de lire prochainement Empire des chimères, le précédent roman de Chainas que j'avais boudé à sa sortie.

    16/02/2023 à 19:42 15

  • Canicule

    Jane Harper

    9/10 Pour un coup d'essai, ce premier roman de l'Australienne Jane Harper est non seulement un coup de maître mais également un véritable coup de coeur.
    Dès les premières pages, après un prologue saisissant, elle plonge son lecteur dans l'ambiance étouffante et bien particulière d'une petite ville rurale perdue dans le bush du sud de l'Australie, victime d'une terrible sécheresse depuis 2 ans et écrasée par une chaleur accablante qui pousse à bout ses habitants, décime les troupeaux et brûle les cultures. Aaron Falk, agent de la police fédérale de Melbourne, est forcé de revenir dans sa ville de naissance pour assister aux funérailles de son ami d'enfance Luke Hadler. Lequel aurait été pris d'un coup de folie en abattant sa femme et son fils avant de retourner l'arme contre lui. Stupeur et incompréhension dans la petite communauté. Les parents de Luke Hadler demandent alors à Falk d'enquêter officieusement pour tenter de comprendre ce qui a pu pousser leur fils à commettre une telle folie. Plus inquiétant encore, ils lui confient savoir que lui et leur fils partageaient un secret et avaient menti 20 ans plus tôt sur leur alibi, quand une de leurs amies avaient été retrouvée noyée dans la rivière aujourd'hui desséchée qui irriguait la ville.

    On suit alors avec fascination le retour au pays de Falk, qui est aussi le retour d'un paria, qui avait du fuir la ville avec son père, pour des raisons qui ne nous seront révélées que progressivement et qu'on ne comprendra réellement qu'à la fin. Et si Falk va se lier d'amitié avec Greg Raco, le jeune policier local, l'ambiance déjà électrique qui régnait à son arrivée va peu à peu devenir explosive au fur et à mesure de son enquête. Certains ne lui pardonnent pas de chercher à déterrer les secrets et les rancoeurs et de gratter derrière les apparences et les faux-semblants. Heureusement, dans cette atmosphère étouffante, les souvenirs d'enfance et d'adolescence de Falk vont réémerger au fil de ses pensées, comme des bulles de tendresse teintées de douce nostalgie, par le biais de courts flashbacks habilement intégrés à la narration au sein des chapitres plutôt que par la traditionnelle alternance passé / présent, devenue un peu trop systématique dans les polars de ces dernières années.

    Jane Harper nous livre une évocation absolument saisissante de ces milieux ruraux australiens, de ces climats difficiles et de ses paysans surendettés, frappés de plein fouet par une crise agricole qui débouche sur le rachat des terres par les Chinois. Surtout, elle parvient à planter son décor de manière cinématographique, en seulement quelques lignes. De la même manière, elle donne vie à des personnages qui crèvent le papier, complexes et plein d'ambiguïtés, dont l'épaisseur est encore renforcée par le réalisme des dialogues et la description tout en finesse et d'une remarquable fluidité du langage corporel. Dans Canicule, les silences, les gestes et les regards furtifs de chacun sont tout aussi importants et significatifs que leurs paroles, et participent à renforcer encore cette atmosphère étouffante, saturée de doutes et de non-dits.

    Avec une intrigue à combustion lente mais d'une redoutable efficacité, à la dramaturgie très élaborée et plantée dans un décor grandiose et sauvage, Jane Harper signe un polar magistral d'une grande subtilité, doté d'une puissance romanesque rare. Un univers tellement immersif et captivant que, même une fois la double énigme résolue, j'ai refermé à contre-coeur ce formidable Canicule, regrettant qu'il ne fasse pas 400 pages de plus. Preuve d'un talent aussi rare que précieux et jouissif, et signe que Jane Harper venait d'atteindre mon "Graal littéraire"...

    PS : ne pas manquer les 2 autres opus de la trilogie Aaron Falk : Sauvage et Les Oubliés de Marralee - paru au printemps chez Calmann-Lévy. En bref, tous les autres romans de Jane Harper, définitivement une des plus grandes plumes du roman noir contemporain !

    15/07/2023 à 23:04 6

  • Citoyens clandestins

    DOA

    9/10 Pour moi ça a été une grosse claque, un gros coup de coeur pour ce formidable thriller d'espionnage, passionnant et haletant. L'écriture au scalpel de DOA fait des merveilles et le résultat est diablement efficace ! Pas une longueur, pas même un mot de trop, l'intrigue à tiroirs est superbement maîtrisée, les personnages sont vrais et complexes, bref, un sans-faute. Impressionnant.

    10/02/2008 à 23:43 4

  • Desert Home

    James Anderson

    9/10 On a beau avoir déjà lu des dizaines de romans américains, ce qui frappe dès les premières pages de Desert Home de James Anderson, c'est le sentiment de dépaysement total, l'impression d'être transporté non pas aux Etats-Unis mais à l'autre bout du monde, voire sur une autre planète. Le désert de l'Utah, avec ses roches, ses montagnes et sa poussière à perte de vue, son soleil implacable qui, selon les moments de la journée, peut embraser le décor d'une lumière rose, orange ou rouge et sa lune qui la nuit projette des ombres fantomatiques. Sur la route 117 qui le traverse, le semi-remorque de Ben Jones est certainement le seul lien entre les quelques habitants échoués ici et le reste de la civilisation : dans le désert, il n'y a ni réseau pour téléphone portable ni couverture satellite pour GPS.

    Au bord de la 117, le Well-Known Desert Diner pourrait faire figure de mirage à n'importe quel étranger. On pourrait croire qu'il va ouvrir d'une minute à l'autre, tellement Walt, son propriétaire octogénaire, le maintient dans le même état impeccable que sa collection de motos et de pièces détachées. Peut-être n'y a t-il plus que Ben pour se souvenir que, s'il a été le décor d'innombrables films de série B dans les années 60 et 70, le diner n'a plus ouvert ses portes depuis plus de 30 ans.

    Que ce soit avec le vieux Walt, avec John qui porte pour se repentir une croix aussi grande que lui le long de la 117 du printemps à l'automne, ou avec les frères Lacey qui ont emménagé dans une enfilade de wagons perdus au milieu du désert, Ben Jones n'échange que quelques mots lors de ses livraisons. Un simple regard, un mouvement de la tête ou une cigarette imaginaire qu'on partage entre anciens fumeurs, sont ce qui se rapproche le plus de la conversation chez ces gens-là, et pourtant un lien s'est tissé au fil des années.

    Peu importe que certains soient en fuite ou se cachent au milieu du désert, Ben ne juge personne. Il prend les gens tels qu'ils sont et la vie comme elle vient, même si elle est tout sauf facile dans ce coin de l'Utah. À presque 40 ans, lui qui a accumulé dettes et factures impayées au point de ne pas être sûr de pouvoir continuer son activité de livreur indépendant un mois de plus a appris à se contenter du peu qu'il a, et surtout du moment présent.

    Un jour pourtant, au détour d'un chemin, il découvre les restes d'un projet immobilier avorté : en plein désert, un agencement de rues recouvertes de poussière et une petite maison-témoin. À l'intérieur, une jeune femme qui joue d'un violoncelle sans cordes. Qui est-elle ? Que fait-elle ici, seule ?

    Desert Home aurait parfaitement pu être publié par Gallmeister. Le décor majestueux et omniprésent du désert de l'Utah, très peu exploité dans la littérature américaine, y infuse une atmosphère envoûtante, presque onirique par moments. Pourtant, pas de nature writing ici. James Anderson se concentre sur ses personnages, cabossés, exclus du rêve américain, tous singuliers mais terriblement touchants.

    La beauté dans la simplicité, ou la beauté de la simplicité. Tel semble être le credo de James Anderson. La magie d'une rencontre, la naissance d'un amour, la force de l'amitié, toutes ces pépites de l'existence brillent au sein de ce roman noir mais lumineux de bout en bout.

    Porté par une écriture claire et limpide comme de l'eau de roche mais gorgée de vrais moments de poésie, Desert Home est un roman tout en nuances, d'une grande subtilité, éblouissant d'empathie et d'humanité. À l'image de Ben, ce chauffeur-livreur aussi étonnant qu'attachant, qu'on a hâte de retrouver dans La Route 117, le deuxième roman de James Anderson.

    07/07/2020 à 19:19 9

  • Dette de sang

    William Lashner

    9/10 William Lashner est l' un de mes auteurs préférés en polar, son personnage de Victor Carl, avocat au criminel, est éblouissant et très attachant, plein d' humour et de cynisme. L' intrigue encore une fois est d' une grande subtilité, magistralement construite couches après couches, servie par la plume fine, élégante et racée de l' auteur qui signe encore un très grand roman noir. Un auteur et une série à découvrir absolument!

    27/10/2008 à 14:06 2