Ne reviens jamais

(Never Come Back)

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  • 5/10 Après la lecture de Ne reviens jamais, troisième roman de David Bell publié en France, et même si le titre trouve son explication dans la seconde partie du roman, personnellement j'ai plutôt envie de le prendre comme un conseil inconscient de l'auteur adressé à ses lecteurs, un conseil que je vais en tout cas m'empresser de suivre désormais.
    C'est parce que j'avais dévoré Fleur de cimetière, suspense psychologique addictif qui avait fait connaître en 2013 David Bell au lectorat français, récompensé d'ailleurs la même année par le Prix Polar international de Cognac, que son nouveau roman m'a attiré et que je n'ai pas tardé à l'ouvrir, dans une période où j'avais envie de me plonger dans un polar simple mais efficace. Ayant été agréablement surpris et captivé par Profil bas de l'irlandaise Liz Nugent, je pensais renouveler l'expérience avec ce nouveau David Bell, même s'il s'annonçait clairement moins original. J'ai assez vite déchanté.
    [...]
    Evidemment, le principal retournement de situation, qui a lieu dans la seconde partie du roman, nécessitait obligatoirement une solide mise en place de l'intrigue, des différents protagonistes et de leurs interactions.
    Le problème, ou plutôt l'un des principaux problèmes, est que ce drame familial qui ouvre le roman n'est déjà pas en lui-même d'une folle originalité. À ceci, il faut ajouter que les personnages, s'ils ne sont pas non plus totalement inintéressants, restent malgré tout assez lisses, trop ternes pour susciter chez le lecteur une empathie ou un attachement suffisamment profond qui leur permettrait de faire oublier un début d'intrigue à l'encéphalogramme quasiment plat. Et ce n'est pas non plus l'écriture fonctionnelle mais sans relief ni saveur de David Bell qui peut sauver la mise. Dans ces conditions, pour un roman de 360 pages (grand format), la mise en place qui occupe un tiers du texte paraît donc très longue, même si les chapitres courts et quelques petits éléments disséminés ici et là, annonciateurs d'une suite probablement plus intéressante, permettent de franchir le cap sans tomber dans un ennui fatal.

    Heureusement, dès le second tiers du roman, le rythme s'accélère enfin un peu et plusieurs petits évènements s'enchaînent et permettent de relancer l'intérêt du lecteur et, surtout, d'attiser sa curiosité. Rien d'extraordinaire pourtant, et jusqu'à la fin on restera bien loin de l'efficacité narrative et addictive de Fleur de cimetière du même auteur.
    Pourtant, dès la moitié du roman à peu près, Ne reviens jamais se transformerait presque en page-turner : accélération de l'intrigue, elle-même ponctuée de quelques rebondissements bienvenus et plutôt intéressants, quelques fausses pistes alimentées par des comportements suspects.
    Mais, s'il réussit malgré tout à le tenir un minimum en haleine jusqu'à la fin, David Bell ne parvient jamais à réellement surprendre son lecteur et reste dans l'ensemble bien trop sage et prévisible pour susciter l'enthousiasme.

    Ceux qui ont lu et apprécié Fleur de cimetière seront évidemment terriblement déçus tant ils auront du mal à croire que les deux romans ont bien été écrits par le même auteur, quant aux autres, les moins exigeants trouveront là un récit sans grande surprise qui leur fera malgré tout passer quelques heures, avant d'être totalement oublié.
    Sans être pour autant foncièrement mauvais ou inintéressant, Ne reviens jamais donne vraiment l'étonnante impression d'avoir été écrit par un David Bell en pleine cure de Lexomil...

    25/05/2017 à 19:34 Norbert (308 votes, 6.9/10 de moyenne) 8