Loser

(Fake I.D.)

4 votes

  • 8/10 un garçon de 32ans tony russo aimerait réussir sa carrière d acteur.en attendant le grand rôle de sa vie il est videur dans un bar de nuit.sympathique ,beau gosse et bien vu de son patron mais joueur invétéré aux courses il est à la recherche du gros coup.l occasion lui est fournie d acheter un cheval de courses en copropriété mais la mise de départ est trop forte pour lui:10000dollars!à partir de là on a un personnage fascinant qui prend toutes les mauvaises décisions possibles qui justifie le titre du livre très bien écrit par ailleurs sans fioritures et ne s embarassant pas de considérations psychologiques inutiles .tout est d une rare efficacité...

    17/05/2020 à 18:14 barberouge (362 votes, 7/10 de moyenne) 6

  • 8/10 Les personnages que met en scène Jason Starr sont fascinants, de même que la lente mais inexorable déchéance qui les attend. Et autant dire que Loser - au sens tragique du terme - est à la fois un titre idéal pour ce roman, et aussi un parfait qualificatif pour les antihéros qu'affectionne tant l'auteur.

    Quinze ans que Tommy Russo cumule les petits jobs insignifiants en attendant qu'un producteur repère ses talents de comédien. Mais après quelques rôles de figuration, les auditions se sont faites de plus en plus rares. Alors en attendant, Tommy travaille comme videur à l'O'Reilly's Bar, dont le patron le considère presque comme son fils. C'est sans doute pour ça qu'il a déjà accepté plusieurs fois de lui verser des avances sur son salaire, mais le problème c'est que ce n'est jamais assez, Tommy flambe tout dans les paris sportifs.
    Alors quand une vieille connaissance lui propose de s'associer avec quatre autres parieurs pour acheter un cheval de course, Tommy sent que la chance lui sourit enfin. Seul problème : la mise de départ est de 10000 dollars. Tommy ne peut pas laisser passer l'occasion et pense alors au coffre-fort du bar, dont il a mémorisé la combinaison grâce à son étonnante mémoire visuelle...
    Lui qui n'a jamais été un délinquant va alors faire un pas de côté qui finira par l'emmener bien loin de la frontière.

    Si Tommy a certainement une existence médiocre, elle n'est pourtant pas misérable. Et le plus frappant est qu'il n'a pas forcément la poisse, mais qu'il fera systématiquement les mauvais choix.
    Dans sa chute lente mais vertigineuse, plusieurs perches lui seront tendues mais il les ignorera toutes, s'enfonçant chaque fois un peu plus, gâchant sans s'en rendre compte à la fois toutes les belles occasions qui se présentent mais gâchant aussi tout - relations humaines ou professionnelles - ce qu'il a pu construire jusque-là. S'enfonçant dans un déni total, aveuglé par ses rêves de gloire, il perd pied. Sa lucidité sur les conséquences de ses actions semble s'effacer, un peu comme s'il sombrait lentement mais sûrement dans une espèce de réalité parallèle proche de la folie, jusqu'à l'irrémédiable.

    Comme dans Mauvais karma, La Ville piège, Frères de Brooklyn ou encore Petit Joueur, Starr décrit avec une redoutable efficacité cette bascule, cet évènement déclencheur, aussi anodin soit-il, qui va précipiter ses personnages dans une engrenage fatal et agir sur eux comme un révélateur de leurs névroses et tendances sociopathes.
    C'est cet implacable mécanisme de la chute et de la déchéance qui fascine le lecteur jusqu'à le saisir à la gorge. Et qui fait de Jason Starr le chroniqueur affûté de nos folies contemporaines.

    19/09/2019 à 12:00 Norbert (308 votes, 6.9/10 de moyenne) 7

  • 8/10 Mon entrée en matière dans l'univers de Starr et le moins que je puisse avouer est que l'auteur possède une faculté naturelle de construction sur une rythmique sans passage superfétatoire. Le fond du récit crédible nous porte, avec justesse, vers une issue sans surprise mais décrit, et je pense que c'est son but premier, l'état antonyme de la catharsis d'un homme à la dérive et rongé par des maux sociétaux contemporains.

    17/03/2015 à 22:32 chouchou (603 votes, 7.6/10 de moyenne) 5

  • 9/10 A trente-deux ans, Tommy Russo n'a pas plus de présent que d'avenir. Il se veut acteur mais sa carrière ne décolle pas. Il vivote grâce à son emploi de videur dans un bar, cumule les espoirs déçus, gaspille ses rares ressources dans des courses de chevaux sans jamais décrocher la cagnotte. Son ultime chance de s'en sortir : les dix mille dollars nécessaires à l'acquisition d'un cheval, en association avec d'autres joueurs. Cet argent, il pourrait l'obtenir grâce au contenu du coffre-fort du bar où il travaille, où sont entreposées les sommes des paris sur le Super Bowl. Tout paraît si simple...

    L'auteur de Mauvais Karma, La ville piège et Frères de Brooklyn signe ici un roman particulièrement prenant. En deux-cents-soixante pages, Jason Starr livre une intrigue d'une rare simplicité, et paradoxalement terriblement efficace. Le lecteur découvre un personnage de prime abord attachant, Tommy Russo, malheureux individu au parcours professionnel insignifiant mais croyant toujours en sa bonne étoile, sans que celle-ci ne daigne enfin illuminer le parcours du jeune homme. Dans une lente descente aux enfers, Tommy va basculer dans l'immoralité. C'est un individu pour lequel le lecteur nourrit de l'empathie, puis des sentiments et émotions complexes, au fil de ses actes et attitudes. La très grande force de ce roman de Jason Starr, c'est finalement son aspect si crédible : tous les protagonistes sont magnifiquement campés, perclus de faiblesses et contradictions, dont on se délecte à chaque page. Et la mécanique s'enclenche, inexorable, infernale, fatale. Les divers engrenages qui la composent se mettent lentement en action, et leur mouvement broiera sans la moindre faiblesse les êtres humains qui peuplent ce récit. La langue et le style de Jason Starr participent avec brio à ce mécanisme parfaitement huilé.

    Loser constitue donc un roman noir d'une incroyable efficacité. D'une simplicité presque élémentaire, à hauteur d'homme, à la fois plausible et machiavélique, sa construction fait office de jalon dans le genre. Une réussite éclatante et indéniable.

    22/05/2011 à 17:17 El Marco (3432 votes, 7.2/10 de moyenne) 5