Desert Home

(The Never-Open Desert Diner)

5 votes

  • 9/10 Difficile de passer après le commentaire de Norbert, celui-là même qui m'a donné envie de découvrir ce titre. Pour faire court, Desert Home est un roman sombre, peuplé de durs-à-cuire le long d'une route, la 117, au cœur du désert de l'Utah. Sombre mais lumineux et à l'intrigue plus tortueuse qu'il n'y paraît, où il sera question, entre autres, de viol, de violoncelle, d'un projet immobilier inachevé, d'une couverture précolombienne, d'amour (de beaucoup d'amour)...
    Un premier roman qui s'apparente à un coup de maître, j'ai été envoûté par l'écriture et l'histoire que nous conte James Anderson. Un très grand roman.

    21/12/2022 à 08:01 LeJugeW (1809 votes, 7.3/10 de moyenne) 6

  • 8/10 Ben Jones est un camionneur qui roule le long de la 117, une route en plein désert de l’Utah. Endetté, il sait que son camion ne va pas tarder à être saisi par ses créanciers. Mais son métier, lui orphelin à moitié juif et à moitié indien, il l’exerce comme une mission de service public pour ce territoire de ses ancêtres. Et de ses amis dont le vieux Walt, propriétaire d’un dinner, fermé, ne servant plus que de décor à un des films de série B.

    Alors que sa vie n’est que désespoir, il rencontre dans une propriété isolée près du dinner de Walt une belle et troublante femme, Claire. C’est le coup de foudre. Mais il fait l’objet d’une étrange surveillance. Est-ce lié à l’apparition de cette sirène ou d’une vieille affaire liée au viol de la femme de Walt ?

    Lire Desert home fut un réel moment de plaisir, à la découverte de Ben, de son histoire et de celles des autres protagonistes, des oubliés, des paumés ou de simples gens qui souhaitent vivre « normalement » dans ce désert où pour apprécier la lumière il faut savoir regarder à l’opposé, pour ne pas être ébloui et reconnaître la beauté des ombres. James Anderson sait transporter le lecteur dans un voyage dont il aimerait qu’il ne s’arrête jamais.

    06/03/2022 à 10:46 JohnSteed (624 votes, 7.7/10 de moyenne) 6

  • 7/10 Moins enthousiaste que les critiques précédentes. Je trouve que c'est très lent à démarrer. On ne sait pas trop où tout ça va nous emmener. Pas très loin en ce qui me concerne.
    C'est bien écrit, le décors dépaysant, mais il faut attendre le dernier quart pour que ça se décante. Une histoire sombre, qui ne m'a pas totalement convaincu.

    28/09/2020 à 18:13 charlice (380 votes, 7.7/10 de moyenne) 5

  • 9/10 J’ai un faible pour le roman noir Américain, pour ces endroits désertiques et ceux qui y vivent ; et si le choix est large c’est le vote de Norbert qui m’a convaincu d’ouvrir ce Désert Home plutôt qu’un autre. Bien m’en a pris, j’ai trouvé satisfaction en tout point : le décor, désert de l’Utah, infiniment hostile et cette route qui le traverse comme une cicatrice; les personnages qui le peuplent par ci, par là et qui sont forcément étonnants. J’ai beaucoup apprécié Ben, au comportement sincère, plein de candeur. L’écriture de J. Anderson est simple, belle, discrète et plutôt positive malgré la noirceur de l’histoire. Une belle découverte.

    01/09/2020 à 20:28 Emil (460 votes, 7.3/10 de moyenne) 7

  • 9/10 On a beau avoir déjà lu des dizaines de romans américains, ce qui frappe dès les premières pages de Desert Home de James Anderson, c'est le sentiment de dépaysement total, l'impression d'être transporté non pas aux Etats-Unis mais à l'autre bout du monde, voire sur une autre planète. Le désert de l'Utah, avec ses roches, ses montagnes et sa poussière à perte de vue, son soleil implacable qui, selon les moments de la journée, peut embraser le décor d'une lumière rose, orange ou rouge et sa lune qui la nuit projette des ombres fantomatiques. Sur la route 117 qui le traverse, le semi-remorque de Ben Jones est certainement le seul lien entre les quelques habitants échoués ici et le reste de la civilisation : dans le désert, il n'y a ni réseau pour téléphone portable ni couverture satellite pour GPS.

    Au bord de la 117, le Well-Known Desert Diner pourrait faire figure de mirage à n'importe quel étranger. On pourrait croire qu'il va ouvrir d'une minute à l'autre, tellement Walt, son propriétaire octogénaire, le maintient dans le même état impeccable que sa collection de motos et de pièces détachées. Peut-être n'y a t-il plus que Ben pour se souvenir que, s'il a été le décor d'innombrables films de série B dans les années 60 et 70, le diner n'a plus ouvert ses portes depuis plus de 30 ans.

    Que ce soit avec le vieux Walt, avec John qui porte pour se repentir une croix aussi grande que lui le long de la 117 du printemps à l'automne, ou avec les frères Lacey qui ont emménagé dans une enfilade de wagons perdus au milieu du désert, Ben Jones n'échange que quelques mots lors de ses livraisons. Un simple regard, un mouvement de la tête ou une cigarette imaginaire qu'on partage entre anciens fumeurs, sont ce qui se rapproche le plus de la conversation chez ces gens-là, et pourtant un lien s'est tissé au fil des années.

    Peu importe que certains soient en fuite ou se cachent au milieu du désert, Ben ne juge personne. Il prend les gens tels qu'ils sont et la vie comme elle vient, même si elle est tout sauf facile dans ce coin de l'Utah. À presque 40 ans, lui qui a accumulé dettes et factures impayées au point de ne pas être sûr de pouvoir continuer son activité de livreur indépendant un mois de plus a appris à se contenter du peu qu'il a, et surtout du moment présent.

    Un jour pourtant, au détour d'un chemin, il découvre les restes d'un projet immobilier avorté : en plein désert, un agencement de rues recouvertes de poussière et une petite maison-témoin. À l'intérieur, une jeune femme qui joue d'un violoncelle sans cordes. Qui est-elle ? Que fait-elle ici, seule ?

    Desert Home aurait parfaitement pu être publié par Gallmeister. Le décor majestueux et omniprésent du désert de l'Utah, très peu exploité dans la littérature américaine, y infuse une atmosphère envoûtante, presque onirique par moments. Pourtant, pas de nature writing ici. James Anderson se concentre sur ses personnages, cabossés, exclus du rêve américain, tous singuliers mais terriblement touchants.

    La beauté dans la simplicité, ou la beauté de la simplicité. Tel semble être le credo de James Anderson. La magie d'une rencontre, la naissance d'un amour, la force de l'amitié, toutes ces pépites de l'existence brillent au sein de ce roman noir mais lumineux de bout en bout.

    Porté par une écriture claire et limpide comme de l'eau de roche mais gorgée de vrais moments de poésie, Desert Home est un roman tout en nuances, d'une grande subtilité, éblouissant d'empathie et d'humanité. À l'image de Ben, ce chauffeur-livreur aussi étonnant qu'attachant, qu'on a hâte de retrouver dans La Route 117, le deuxième roman de James Anderson.

    07/07/2020 à 19:19 Norbert (308 votes, 6.9/10 de moyenne) 9