308 votes
-
Ne reviens jamais
5/10 Après la lecture de Ne reviens jamais, troisième roman de David Bell publié en France, et même si le titre trouve son explication dans la seconde partie du roman, personnellement j'ai plutôt envie de le prendre comme un conseil inconscient de l'auteur adressé à ses lecteurs, un conseil que je vais en tout cas m'empresser de suivre désormais.
C'est parce que j'avais dévoré Fleur de cimetière, suspense psychologique addictif qui avait fait connaître en 2013 David Bell au lectorat français, récompensé d'ailleurs la même année par le Prix Polar international de Cognac, que son nouveau roman m'a attiré et que je n'ai pas tardé à l'ouvrir, dans une période où j'avais envie de me plonger dans un polar simple mais efficace. Ayant été agréablement surpris et captivé par Profil bas de l'irlandaise Liz Nugent, je pensais renouveler l'expérience avec ce nouveau David Bell, même s'il s'annonçait clairement moins original. J'ai assez vite déchanté.
[...]
Evidemment, le principal retournement de situation, qui a lieu dans la seconde partie du roman, nécessitait obligatoirement une solide mise en place de l'intrigue, des différents protagonistes et de leurs interactions.
Le problème, ou plutôt l'un des principaux problèmes, est que ce drame familial qui ouvre le roman n'est déjà pas en lui-même d'une folle originalité. À ceci, il faut ajouter que les personnages, s'ils ne sont pas non plus totalement inintéressants, restent malgré tout assez lisses, trop ternes pour susciter chez le lecteur une empathie ou un attachement suffisamment profond qui leur permettrait de faire oublier un début d'intrigue à l'encéphalogramme quasiment plat. Et ce n'est pas non plus l'écriture fonctionnelle mais sans relief ni saveur de David Bell qui peut sauver la mise. Dans ces conditions, pour un roman de 360 pages (grand format), la mise en place qui occupe un tiers du texte paraît donc très longue, même si les chapitres courts et quelques petits éléments disséminés ici et là, annonciateurs d'une suite probablement plus intéressante, permettent de franchir le cap sans tomber dans un ennui fatal.
Heureusement, dès le second tiers du roman, le rythme s'accélère enfin un peu et plusieurs petits évènements s'enchaînent et permettent de relancer l'intérêt du lecteur et, surtout, d'attiser sa curiosité. Rien d'extraordinaire pourtant, et jusqu'à la fin on restera bien loin de l'efficacité narrative et addictive de Fleur de cimetière du même auteur.
Pourtant, dès la moitié du roman à peu près, Ne reviens jamais se transformerait presque en page-turner : accélération de l'intrigue, elle-même ponctuée de quelques rebondissements bienvenus et plutôt intéressants, quelques fausses pistes alimentées par des comportements suspects.
Mais, s'il réussit malgré tout à le tenir un minimum en haleine jusqu'à la fin, David Bell ne parvient jamais à réellement surprendre son lecteur et reste dans l'ensemble bien trop sage et prévisible pour susciter l'enthousiasme.
Ceux qui ont lu et apprécié Fleur de cimetière seront évidemment terriblement déçus tant ils auront du mal à croire que les deux romans ont bien été écrits par le même auteur, quant aux autres, les moins exigeants trouveront là un récit sans grande surprise qui leur fera malgré tout passer quelques heures, avant d'être totalement oublié.
Sans être pour autant foncièrement mauvais ou inintéressant, Ne reviens jamais donne vraiment l'étonnante impression d'avoir été écrit par un David Bell en pleine cure de Lexomil...25/05/2017 à 19:34 8
-
Dernier Désir
8/10 Dernier désir est un roman fascinant qui mêle au suspense du thriller psychologique une passionnante étude de caractères. Olivier Bordaçarre est au plus près de ses personnages et dissèque leur vie, leurs envies et leur évolution au fil des évènements avec une justesse déconcertante. De la petite famille idéale, du couple qui s'est enfin retrouvé grâce à une vie plus sereine à la campagne au contact des choses simples mais essentielles qui font les petits bonheurs d'une vie, il va pointer les dissonances qui vont peu à peu éclore en eux face à la nouveauté, au désir, et finalement à la tentation.
Car le personnage énigmatique de Vlad porte en fait dans ce roman une double casquette : il incarne à la fois la tentation et la séduction dans tous les domaines et par conséquent fait figure de diable, tout comme il incarne aussi une espèce de vampire, autant par son mimétisme inquiétant et jusqu'au-boutiste - d'ailleurs, jusqu'où ira t-il ? - que par la place de plus en plus grande, de plus en plus envahissante qu'il occupe au sein de cette famille. Comme si c'était l'âme même de la famille, puis du couple, qu'il aspirait petit à petit pour opérer un transfert - le sien.
À partir de là, suivre les réactions des différents personnages face à cette apparition et cette intrusion, certes consentie et pourtant presque maléfique, voir ce père prendre peu à peu conscience du danger, tenter d'en convaincre sa femme en plein déni, c'est anticiper les dommages d'existences broyées par un engrenage subtilement pervers et pourtant dramatiquement simple. Et c'est déchirant.
Ce roman noir vénéneux d'une grande subtilité, aussi oppressant qu'addictif et porté par la très belle écriture de Bordaçarre, élégante et superbement fluide, prendra même des allures de conte à la limite du fantastique lorsqu'au bout du tragique et éprouvant crescendo qu'il orchestre, l'épilogue terrassera le lecteur d'un ultime uppercut. De quoi émerger avec la gueule de bois, et des questions plein la tête...
Inutile de dire que je me suis précipité sur "Accidents", le nouveau roman d'Olivier Bordaçarre paru chez Phébus.15/01/2017 à 13:32 8
-
Tout le monde te haïra
2/10 "Tout le monde te haïra" était le premier roman d'Alexis Aubenque que je lisais. Autant être franc : ce sera également le dernier.
Pendant les deux premiers tiers, Aubenque arrive pourtant à faire un minimum le job : rien d'extraordinaire, un thriller comme on en a déjà lu 1000, mais qui fonctionne plus ou moins malgré tout et nous fait tourner les pages - écriture fonctionnelle, chapitre courts qui se terminent par une espèce de rebondissement, personnages pas détestables mais assez interchangeables...
Bref, de quoi faire passer quelques heures quand on n'a rien d'autre à faire : vite lu et vite oublié dès la dernière page tournée, sauf que...
... Sauf que pour ce livre, le dernier tiers - qui constitue le "dénouement" et la fin - bascule dans une telle nullité, une telle invraisemblance, un tel WTF que, pour le coup, on s'en souvient !
D'ailleurs, le ou la coupable est obligé de se lancer dans un long monologue pour expliquer le pourquoi du comment, comme dans les pires séries Z : une "explication" qui est tellement à mille lieux de ce que l'enquête avait jusque-là dévoilé que, s'il n'y avait pas cette énorme ficelle de l'accusé qui déballe tout son charabia pendant des pages et des pages, le roman aurait du faire au minimum 200 pages de plus pour que les enquêteurs puissent enfin trouver la bonne piste et son explication...
Renseignement pris auprès de l'auteur, cette fin "bigger than life" (dixit Aubenque), est volontaire et celui-ci nous explique qu'il voulait en quelque sorte "parodier" justement ce type de séries Z dans lesquelles le coupable est obligé de s'expliquer longuement pour que le téléspectateur - ou le lecteur - puisse comprendre ses motivations.
Le problème, c'est qu'à la lecture, à aucun moment ne perce un quelconque second degré ni le moindre indice qui établirait ce genre de complicité entre l'auteur et son lecteur, lequel percevrait alors cette volonté de parodie.
Non, au contraire, "Tout le monde te haïra" reste désespérément sérieux - et donc hautement ridicule - jusqu'à sa toute dernière page.03/01/2017 à 05:58 5
-
Obia
8/10 Autant avouer tout de suite que j'ignorais tout de la Guyane, jusqu'à sa localisation, et que par conséquent la lecture de cet "Obia" s'apparentait pour moi à un voyage en terre inconnue. Par chance, Colin Niel s'est avéré être le guide parfait pour cette aventure littéraire : aussi éloigné de l'auteur opportuniste en quête d'exotisme bon marché susceptible de colorer une énième intrigue policière, que du pseudo-spécialiste se regardant écrire, plus soucieux d'étaler à la vue de tous l'étendue de ses connaissances et transformant ainsi son texte en thèse.
Tout au contraire, Colin Niel écrit, lui, sur ce coin d'Amazonie française comme un auteur barcelonais le ferait dans la capitale catalane ou un romancier des Appalaches dans son coin d'Amérique : en écrivant sur ce qu'il connait et en faisant de la Guyane un personnage à part entière, avec son histoire, son passé, ses difficultés, sa beauté et sa complexité.
Niel dévoile les différentes facettes de cet autre territoire français un peu comme il le fait avec les personnages de son roman, par touches successives, avec justesse et sincérité.
Et on retrouve la même maîtrise, la même habileté dans la construction de son intrigue, entremêlant passé et présent autour du fleuve Maroni.
Un fleuve qui symbolise la frontière invisible entre Suriname et Guyane, et que n'ont cessé de traverser depuis des décennies les habitants de l'un comme de l'autre.
Les Surinamiens par milliers dans les années 1980 pour fuir la guerre civile et ses massacres, tandis qu'aujourd'hui, les barons de la came qui bénéficient d'une planque idéale dans cet Etat faiblement peuplé refusant l'extradition, envoient leurs mules sur les rives françaises du Maroni, direction l'ouest et l'aéroport de Cayenne la capitale, avec pour objectif la métropole.
Entre meurtres inexpliqués, trafic de drogue, course-poursuite échevelée auxquels se mêlent d'étranges fantômes d'une guérilla pourtant achevée depuis des années, Colin Niel déploie plusieurs fils narratifs, d'autant plus captivants que l'on pressent qu'ils vont se rejoindre tôt ou tard, et réserve de belles surprises au lecteur. Si le milieu du récit accuse une baisse de rythme assez conséquente, l'auteur enchaîne heureusement sur un retournement de situation totalement bluffant, pour une dernière partie pleine de suspense menée pied au plancher.
Pas de doute, sous la plume de Colin Niel, la Guyane est définitivement une terre de polar à ne pas manquer !22/12/2016 à 12:13 12
-
Sauve-toi !
8/10 Amateurs exclusifs d'intrigues policières, passez votre chemin. Avec "Sauve-toi !", on est en présence d'un pur roman noir, psychologique, quasi sociologique même, mais quel roman !
Ce qui frappe dès les premières pages et rend ce texte si addictif, c'est la force incroyable de ses personnages, leur authenticité, leur ultra-réalisme, leur crédibilité à toute épreuve. Aucun artifice, aucun cliché, ici on colle au plus près de ces personnalités riches et complexes, pour lesquels on développe rapidement une empathie totale. Ils pourraient être nos voisins, nos collègues de travail, on pourrait les croiser dans la rue sans se retourner ou se questionner sur eux, ils ne sont ni super-héros ni incorrigibles losers. Loin d'être des freaks, ce sont des gens normaux, à ceci près que chacun traverse une (très) mauvaise passe.
Avec son écriture sobre mais racée, tout en nuances, Kelly Braffet nous introduit dans leur quotidien et révèle leur fragilité, leurs difficultés, leurs vies décomposées.
Mis en marge de la société par leur comportement ou par leur choix, leur destins vont se croiser et se recroiser, transformant leur vie en poudrière jusqu'à ce que, les frictions s'aggravant, celles-ci finissent par produire l'étincelle fatale.
Ne tenez pas compte du résumé de 4eme de couverture, brouillon et peu engageant, plongez sans hésiter dans ce roman noir et âpre d'une grande subtilité, qui révèle Kelly Braffet comme un des grands talents du genre et une auteure à suivre de près.28/11/2016 à 12:53 9
-
Trop de morts au pays des merveilles
5/10 Un premier roman plutôt prometteur, l'auteur faisant preuve d'un savoir-faire indéniable appuyé sur de bonnes idées, et une mise en situation habile et mystérieuse tout au long de la première partie. Dommage que la seconde partie soit gâchée par une véritable avalanche de rebondissements à la Harlan Coben - souvent assez peu vraisemblables d'ailleurs - qui perdent en plus de leur intérêt et de leur impact à cause de personnages pas assez fouillés. Un problème de surdosage qui, je l'espère, sera réglé pour les prochains romans de Morgan Audic.
12/11/2016 à 08:31 7
-
Le Matériel du tueur
4/10 Quelle déception, ce roman ! Pourtant, j'étais rentré dedans avec un "à priori" ultra-positif suite au résumé et au fait que ce soit un polar italien. Mais dès les premières pages, gros problème : impossible de se concentrer sur un personnage ou le début de l'intrigue, avec un auteur qui n'en finit plus d'aligner des digressions à propos de tout et n'importe quoi, que ce soit de la manière de faire des pâtes (pourtant j'adore ça et, dans le même esprit mais sans digressions à chaque paragraphe, Alessio Viola a même réussi à me donner quasiment faim lors de certains passages de son bouquin), de l'architecture d'un pont, bref : tout, absolument tout était sujet à longueurs et digressions jusqu'à ce que, enfin, à partir de la 70ème page, comme si on venait de lui administrer sa dose de neuroleptique, l'auteur se calme soudainement (et enfin !).
Une fois ces 70 premières pages passées, le récit gagne en rythme, en efficacité, et pourtant je suis complètement passé à côté. Je n'ai accroché ni aux personnages, ni à l'intrigue plus ou moins confuse, et j'ai terminé le bouquin avec cette désagréable impression d'être totalement passé à côté... Pourtant, outre le défaut majeur mentionné quant au verbiage au début du roman, le potentiel était là. Peut-être que je ne l'ai pas lu au bon moment, qui sait, toujours est-il que ce Matériel du tueur n'aura pas réussi à me convaincre.05/03/2016 à 13:58 7
-
La Fille du train
6/10 Bien que déçu par une fin plutôt convenue - j'espérais un ultime rebondissement plus "théâtral", peut-être - c'est dans l'ensemble un assez bon thriller psychologique. Même si le style et l'écriture sont basiques, l'auteur parvient à accrocher son lecteur grâce à un récit choral qui donne la parole à plusieurs personnages et autant de versions différentes ; grâce à ce qui est déjà devenu Outre-Atlantique un sous-genre en lui même, où le narrateur principal - ici la narratrice - n'est pas totalement "digne" de la confiance du lecteur, dans le sens où celui-ci est amené à douter de la véracité de son récit ; et enfin grâce à mon avis aux portraits de trois femmes qui, pour une fois, échappent aux stéréotypes principalement anglo-saxons de la "self-made woman" qui réussit tout dans sa vie professionnelle ou personnelle. Ici, au contraire, les personnages féminins ne sont pas exempts de failles, ne sont pas forcément exemplaires et, par conséquent, apparaissent comme beaucoup plus humaines.
Meilleur selon moi que "Les Apparences", mais loin d'être inoubliable pour autant, "La Fille du train" fait partie, avec "À la vie, à la mort" de Colette McBeth - publié en janvier dernier aux Escales et que j'ai toutefois largement préféré car bien plus efficace jusqu'à la fin -, des deux "domestic thrillers" globalement assez réussis de l'année.19/12/2015 à 18:06 11
-
Le Dernier Arbre
10/10 Ce roman est un véritable bijou, et une sacrée découverte ! Une très belle plume puissamment évocatrice porte ce texte magnifique, absolument captivant et totalement immersif tant il transporte le lecteur dès les premières pages dans un voyage au fin fond des bayous de Louisiane dans les années 1920. À la fois sombre avec ses flambées de violence, poisseux et poignant, baigné d'une atmosphère moite saisissante, Le Dernier Arbre véhicule une palette riche en sensations et en émotions diverses, à travers des personnages éblouissants qui, tous, touchent le lecteur en plein coeur, y compris lors de scènes plus lumineuses. La relation, pourtant compliquée au début, entre ces deux frères est fascinante.
Ce premier roman exceptionnel de Tim Gautreaux possède un grand souffle romanesque et révèle l'un des plus grands talents de la littérature américaine, qui n'a pas à rougir des comparaisons faites avec Faulkner ou, plus proche de notre époque, Ron Rash.
À découvrir sans faute pour tous les amateurs de grands romans noirs... et de belle littérature américaine !10/12/2015 à 11:07 8
-
L'Alignement des équinoxes
4/10 Un roman que j'ai beaucoup aimé et qui m'a passionné pendant au moins la moitié du livre, par contre j'ai été de plus en plus déçu par la suite de "l'évolution" de l'intrigue qui ne tient pas du tout ses promesses, qui commence à s'embourber pour finir par une fin très décevante.
L'aspect "alignement des équinoxes" et "phénomènes qui nous dépassent", si intéressant et passionnant au début finit par retomber totalement à plat, à tel point que je me suis dit : "tout ça pour ça ?!".
Du coup, non seulement à la fin on ne voit pas très bien la nécessité d'une suite, mais personnellement ce sera sans moi.
Au final, après avoir fondé de grands espoirs sur cette intrigue si originale, passionnante et "exaltante" dans la première moitié du roman, tout retombe petit à petit à plat ensuite pour se finir de manière expéditive et baclée, finalement de manière très classique et qui, surtout, ne répond à aucune des questions soulevées pendant tout le récit. En réalité une sorte de non-résolution, un retour à zéro déconcertant et très décevant, qui m'a donné l'impression d'un roman... totalement vain.
Dommage, car il y avait vraiment un potentiel assez impressionnant, à la base.23/11/2015 à 06:16 7
-
Né sous les coups
9/10 Un formidable roman noir d'une rare puissance. Le choc se produit dès les premières pages. Après un prologue fulgurant et violent, le premier chapitre de la première partie commence par deux pages de description d'un match de foot pendant lequel un joueur marque un but. La description est tout simplement à couper le souffle. Et le reste du récit est à l'avenant, prenant le lecteur aux tripes jusqu'à la fin.
Une écriture puissante et racée, des personnages forts qui prennent vie au fil des pages, une intrigue noire et sociale implacable, qui se met peu à peu en place et captive l'attention du lecteur pour mieux montrer les dégâts causés par la folle politique dictatoriale, criminelle et ultralibérale de Thatcher.
Vous pensez que le sujet en tant que tel ne vous intéresse pas, et donc que vous n'accrocherez pas ?
Détrompez vous : Martyn Waites est aux commandes, la construction de son récit est imparable, ses personnages plus vrais que nature, le drame terrible - d'autant plus qu'il est basé sur la réalité - et de plus en plus palpable. L'auteur nous offre un superbe roman noir et âpre qui témoigne de la déliquescence de la société anglaise sous les coups de boutoir de l'ultra-libéralisme, tout en lui insufflant une puissance romanesque, une intensité dramatique, un suspense et une tension crescendo dignes d'un grand thriller. Une lecture marquante, poignante et édifiante dont on ressort sonné. Martyn Waites est à coup sûr une révélation éblouissante, une voix originale avec laquelle il faudra désormais compter, et son premier roman, énorme coup de coeur, en est la preuve !
À découvrir d'urgence, à l'heure où paraît enfin en France son second roman, "La Chambre blanche".
09/09/2015 à 14:01 11
-
Les Géants
6/10 J'ai apprécié ce roman sur la Côte Basque, qui met en scène deux familles qui essaient de joindre les deux bouts et surtout de faire bloc en préservant l'amitié et la solidarité.
L'une d'entre elles va devoir faire face à un secret de famille qui éclate avec la sortie de prison du grand-père. On s'attache vraiment aux personnages, notamment ces jeunes liés par l'amitié depuis l'enfance, et pour certains par l'amour depuis peu, sans oser le révéler au grand frère et meilleur ami.
Des gens ordinaires qui font bloc face aux coups durs de la vie, des jeunes qui se battent pour réaliser leurs rêves, jusqu'à un final digne d'un western moderne, avec course au trésor et flinguage tous azimuts.
Un roman assez captivant et inter-générationnel qui met en avant les valeurs d'amitié, de fidélité, de solidarité et de résistance, dans une ambiance de plage et de surf particulièrement dépaysante.
Une lecture qui fait du bien !02/08/2015 à 12:38 7
-
Le Village
8/10 Un thriller haut de gamme qui mêle traque, survie, aventures, évènements historiques, dans un récit d'une extraordinaire efficacité, riche en rebondissements et en surprises.
Les personnages sont parfaitement campés, parfois en proie à des dilemmes moraux, des drames ou des émotions que le lecteur, en totale empathie, ressent également, et d'ailleurs d'autant plus fortement que son imagination et son ressenti sont sollicités avec brio par l'absence de pathos et la retenue remarquable dont sait faire preuve l'auteur dans ses descriptions.
À l'aide de son écriture simple et directe, fluide et très visuelle, Dan Smith nous immerge dès les premières pages dans un récit aussi original qu'addictif, tendu et mouvementé, riche en surprises, en suspense mais aussi en moments d'humanité au sein d'une époque et d'un environnement hostiles qui en manquent cruellement.
Une réussite totale pour ce roman puissant, mené d'une main de maître jusqu'à la dernière ligne.27/05/2015 à 07:24 7
-
Fleur de cimetière
7/10 Un thriller psychologique qui possède une construction et un suspense d'une redoutable efficacité. On s'attache à ce père au fur et à mesure car il est hors de question pour lui de rester les bras ballants et d'accepter que sa fille soit oubliée et que tout ne continue pas à être fait pour trouver la vérité, explorer et vérifier toutes les pistes. Pour lui, elle ne peut pas être morte, par conséquent il ferait tout pour la retrouver.
Un polar très addictif.28/02/2015 à 12:12 2
-
Les Chiens de Belfast
6/10 Première enquête de Karl Kane, privé à Belfast, personnage attachant et bourru, spécialiste en réparties cinglantes, en butte avec les autorités - et particulièrement la police - dont il soupçonne la corruption, ce qui va d'ailleurs lui être démontré ici à un niveau encore jamais vu.
Un roman rythmé, qui alterne les points de vue à l'aide de courts chapitres, traversé d'éclairs de violence brutale mais aussi éclairé par l'humour noir et les dialogues savoureux de Sam Millar.
Du pur hard-boiled version irlandaise qui, malgré quelques petites imperfections au niveau de l'intrigue vers la fin, tient le lecteur en haleine et possède une saveur autrement plus authentique que tant de pâles copies formatées et fabriquées à la chaîne qui envahissent les librairies.10/02/2015 à 06:52 5
-
Chambre 507
J. C. Hutchins, Jordan Weisman
5/10 Un "petit" thriller divertissant, plutôt fun et bien troussé, avec des personnages intéressants et dont le principal intérêt vient de son flirt très léger avec le surnaturel. Dommage que le potentiel initial de l'intrigue ne soit pas plus exploitée. Si sa fin ouverte (les auteurs avaient peut-être prévu d'en faire une série ?) fera grincer des dents les lecteurs trop rationnels mais ne constitue pas en soi un problème ; ce qui est plus gênant et frustrant vient en revanche du fait qu'un grande partie des questions que l'intrigue avait soulevée sur le passé familial du héros ne trouve au final aucune réponse. Pas inoubliable (loin de là), pas indispensable, mais pas mauvais non plus et assez rafraîchissant.
06/01/2015 à 07:42 3
-
Les Mensonges
8/10 Une belle découverte. Roman intimiste, tout en subtilités et en émotions, avec une belle écriture fluide et des personnages attachants aux fêlures et tourments très finement dépeints.
Là où "Les Apparences" de Gillian Flynn m'avait laissé de glace avec sa mécanique trop carrée et bien huilée, le roman de Karen Perry aura su me toucher jusqu'à sa toute fin grâce à une véritable épaisseur romanesque et une dissection minutieuse des failles et imperfections du quotidien d'un couple qui vire lentement mais sûrement vers la tragédie. Une réussite.02/01/2015 à 20:25 2
-
Je suis Pilgrim
7/10 Un gros thriller d'espionnage globalement divertissant. Toutefois, on n'échappe pas à quelques longueurs souvent inévitables avec ce genre de gros pavés - celui-ci aurait incontestablement mérité un bon dégraissage - ni à quelques rebondissements et résolutions d'énigme frisant parfois le grotesque. Assez agaçant, tout comme l'est cette vision réductrice - et fausse - des Etats-Unis en tant que sauveurs du monde - alors qu'ils n'en sont que les gendarmes auto-proclamés et les impérialistes les plus agressifs - et qui s'accompagne ici d'un mépris à peine voilé pour à peu près tous les autres pays. Voilà pour les défauts. Cependant, Terry Hayes parvient à emporter le morceau grâce à son talent évident de conteur et son astucieux parti-pris d'épaissir son personnage principal à l'aide d'amples flashbacks sur son parcours atypique au sein du monde complexe et plutôt fascinant du renseignement américain. Au final, pour peu qu'on ait du temps devant soi et qu'on le prenne pour ce qu'il est - c'est-à-dire un pur divertissement - ce roman se démarque sans peine de la production industrielle et standardisée de thrillers US qui envahissent les tables des libraires et se lit avec un certain plaisir. Même si, une fois la dernière page tournée, on est quand même soulagé de l'avoir terminé.
05/12/2014 à 06:55 9
-
Les Apparences
6/10 Un roman long à démarrer, dont le premier rebondissement intéressant n'intervient qu'au bout de 200 pages. À partir de là, et encore plus une fois commencée la seconde partie, le récit devient enfin un page-turner qu'on dévore facilement pour une raison principale : savoir comment tout cela va se terminer. Cependant, j'avais déjà plus ou moins anticipé le principal retournement de situation de la seconde partie, et si le récit ne manque pas de machiavélisme et d'intérêt, je n'ai pas été au final totalement convaincu. La fin est sans éclat, là où on espérait un dernier rebondissement vraiment bluffant, et j'ai donc terminé ces Apparences en étant à vrai dire globalement un peu déçu, par rapport au thriller plein de rebondissements et à la tension insoutenable que je m'imaginais lire.
11/10/2014 à 15:31 3
-
La Maison des chagrins
8/10 La Maison des chagrins est vraiment un fabuleux et magnifique roman noir, porté par une écriture puissante, élégante et racée, ainsi que des personnages qui crèvent le papier, et dont l'auteur dissèque la psychologie complexe sous les yeux ébahis du lecteur.
L'intrigue, en apparence simple, se révèle être en réalité un véritable monument de construction virtuose, en ne dévoilant son ampleur, sa profondeur et ses multiples intrications que petit à petit, comme les pièces disparates d'un grand puzzle que le lecteur assemblerait naturellement en suivant le récit captivant de Del Arbol, mais qui, au fil des rebondissements et des retournements de situation, laisserait transparaître au final un tableau d'ensemble vertigineux et terrifiant, radicalement différent de l'image que l'on croyait recomposer initialement.
Magistral, éblouissant, passionnant, glaçant et souvent poignant, La Maison des chagrins est comme une gigantesque et diabolique boîte de Pandore que plusieurs personnes auraient ouverte au nom de la vengeance, croyant ainsi pouvoir apaiser la souffrance qui les ronge, celle du deuil impossible de leur enfant ou de l'être qu'ils aimaient, mais dont ils auront à supporter en retour l'incroyable cruauté de la vérité, laquelle les obligera en plus à regarder dans le miroir l'insoutenable reflet de leur véritable personnalité.
Victor Del Arbol s'impose comme l'un des très grands auteurs de romans noirs, à suivre de près.
Et sa Maison des chagrins fait partie de ces grands romans qui cloueront le bec, en les ridiculisant, de tous ceux qui oseront encore affirmer aujourd'hui que le polar n'est pas tout à fait de la littérature...19/09/2014 à 08:58 10