JohnSteed

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  • Pur Sang

    Franck Bouysse

    9/10 Dans la préface de la réédition publiée par Phébus en 2023, Franck Bouysse raconte comment une rencontre a déclenché d’autres perspectives d’écriture voire l’a affranchi de toute contrainte et pression. C’est donc libéré, délivré que l’auteur corrézien a écrit une belle pépite.

    Ce Pur sang est une belle histoire, simple mais émouvante. On y découvre cette vallée dans le Montana, Eden Creek. Elias Greenhill y vit avec ses parents adoptifs, Papa et Mama Tulssa, issus de la tribu indienne des Rêveurs. Avant de décéder, ils révèlent que ses parents ne l’ont pas abandonné mais ne sont pas revenus de leur pays d’origine : la France.

    Elias va dès lors retourner sur la terre de ses ancêtres, à la Croix du Loup, y percer tous les mystères qui entourent la vie de ses parents. Il y rencontrera un homme meurtri, et un ami en la personne de Gray.

    Franck Bouysse côtoie ici les meilleurs écrivains de la mouvance littéraire dite « nature writing ». Il atteint des sommets dans l’émotion, dans la définition de l’amitié et de la beauté. Un beau roman court : un condensé de bonheur.

    21/08/2023 à 09:56 3

  • Rouge karma

    Jean-Christophe Grangé

    7/10 Que cela fait plaisir de retrouver un bon livre de Grangé. Après l’immense déception avec Les Promises, j’ai retrouvé tout ce qui m’attire et me plaît chez l’auteur français : un peu d’exotisme (parcourir les rues de Paris et ses barricades et de Calcutta et ses rues aussi bondées que dangereuses, comme si on y était), des thèmes mystiques (l’hindouisme, et les autres religions ou croyances dérivées, voire sectaires de l’Inde) sur fond de révolte soixante-huitarde.

    Si le décor du roman m’a séduit, les personnages ne sont pas en reste. Hervé, le romantique pur et dur, qui va par la force des choses s’émanciper de ses livres ; Nicole, la bourgeoise révoltée qui découvrira les réalités de la vie ; et Jean-Louis, le flic ex-soldat de la guerre d’Algérie, aux valeurs et pensées de gauche et aux actions de droite. Ce trio va enquêter pour leur survie sur le meurtres terribles et horribles de deux étudiantes et amies d’Hervé et Nicole.

    Un livre sombre, très rythmé et très prenant. Des ficelles un peu grosses facilitant le déroulé de l’histoire et de l’intrigue. Somme toute un livre très séduisant.

    18/08/2023 à 13:16 3

  • Le Cercueil de Job

    Lance Weller

    7/10 Jeune esclave noire en fuite, Bell Hood a pour repère Le cercueil de Job, une constellation d’étoiles que son père lui faisait admirer. Symboles de liberté dans cette Amérique en pleine guerre entre le Nord et le Sud, entre les états abolitionnistes et les états sécessionnistes, ces étoiles doivent la guider la nuit vers des contrées plus hospitalières. Aussi, avec pour compagnon Dexter, elle tente d’éviter les rencontres d’hommes qui ne voudront que la livrer à ses maîtres.

    Jeremiah Hoke, soldat blessé, essaie de fuir les atrocités de cette guerre. Hanté par ses cauchemars, s’interrogeant sur les motivations humaines de cette guerre, Hoke cherchera la rédemption.

    Roman emprunt d’humanisme, Le cercueil de Job confirme la beauté de l’écriture de Lance Weller. Même s’il offre des pages remplies de poésies et de descriptions terribles de batailles, Le cercueil de Job m’a moins attiré et ému que Wilderness. Lance Weller reste malgré tout un auteur à lire (ou à découvrir).

    17/08/2023 à 09:26 2

  • Le Blues des phalènes

    Valentine Imhof

    6/10 L’autrice nous plonge avec ce Blues des phalènes dans le destin tragique de 4 personnages dans cette Amérique des années 30 : Arthur, ancien soldat aussi héroïque qu’étranger aux guerres où il a combattu ; Pekka, qui, un peu spectatrice de sa vie, multiplie les expériences aussi personnelles que professionnelles et les noms ; Milton, cette âme vagabonde d’artiste perdu échappant à sa destinée familiale ; Nathan qui voit son destin lié à venger toute la misère et les injustices qu’il rencontre.

    Si la cadre et les thèmes étaient très alléchants, Le Blues des phalènes est loin de la qualité et de l’attrait que j’ai pu vivre avec d’autres œuvres de cette époque (Les raisins de la colère, Le retour de Silas Jones, Des fauves et des hommes,…). Ce fut une lecture âpre. L’écriture était peut-être trop subtile et imagée à mon goût, l’histoire trop décousue, pour que j’apprécie avec délectation ce blues. Je n’ai pas été remué, ni sensible à l’histoire de ces personnages. La seule chose que j’ai apprécié, c’est la découverte de cette catastrophe aussi unique qu’impressionnante d’horreur : la destruction de la ville d’Halifax, la plus grande destruction de nature humaine d’une ville (avant celle d’Hiroshima par l’arme nucléaire).

    16/08/2023 à 11:29 3

  • Le Nouveau

    Keigo Higashino

    7/10 Je découvre Kaga Kyoichiro, ce nouveau à la Préfecture de police de Tokyo, qui dès son arrivée doit enquêter sur le meurtre d’une femme retrouvée étranglée dans son appartement.

    Si le sens de l’observation et de déduction peut être comparé à celui du mythique Sherlock Holmes, ce qui fait l’originalité de ce livre réside dans sa construction. Car ce sont à travers les témoins, les différentes personnes interrogées et leur vie professionnelle et/ou personnelle que l’enquête avance ; Kaga Kyoichiro n’apparaissant a priori que comme un personnage secondaire.

    Une enquête « classique » nous permettant de découvrir, outre cet inspecteur adjoint, la société japonaise et ses traditions.

    11/08/2023 à 11:33 6

  • L'Affaire Alaska Sanders

    Joël Dicker

    9/10 J’avais été déçu par La disparition de Stéphanie Mailer. Je m’étais ennuyé à la lecture de L'Enigme de la chambre 622. Et là, (est-ce la magie de Marcus Goldman ?), cette affaire m’a complétement charmé. J’ai retrouvé le talent de l’écrivain suisse qui m’avait séduit avec La vérité sur l’affaire Harry Québert et confirmé avec Le livre des Baltimore.

    Ce duo formé par l’écrivain devenu à succès, Marcus Goldman, en quête de lui-même et de son fidèle ami Harry Québert, et par le sergent Perry Gahalowood, personnage cynique mais charmant et attachant, va essayer d’élucider, 11 ans après, le meurtre de la (trop) belle Alaska Sanders.

    L’écriture, les personnages, l’histoire, les flashback, … Joël Dicker a tout peaufiné pour attirer le lecteur dans ce livre dont, à l’instar d’un piège, il ne pourra s’échapper qu’à l’issue de la dernière ligne. Dernière ligne qui ouvre la porte à une autre affaire et donc suite à ce duo ?? Je l’espère sincèrement et le souhaite de tout cœur.

    10/08/2023 à 10:26 7

  • Ce qui vient après

    JoAnne Tompkins

    9/10 Troublant, intense, bouleversant, et tout autant attachant et touchant. Ce premier roman, Ce qui vient après, de JoAnne Tompkins m’a profondément ému. Les thèmes traités ne sont pas uniques en leur genre. Mais l’autrice américaine a su transcrire toutes les émotions et autres sentiments à travers l’histoire de ce drame.

    A Port Furlong, Etat de Washington, petite bourgade, Isaac tente de surmonter la mort de son fils, Daniel tué par son meilleur ami, Jonah. Responsable de la communauté des quakers, sa foi en Dieu lui apporte le soutien dont il a besoin. Avec son fidèle compagnon canin, Rufus, Isaac laisse la vie l’emporter.
    Jusqu’à ce que Evangeline, cette jeune femme abandonnée par sa mère, débarque dans sa vie. Isaac y voit comme un signe, elle qui a connu Daniel et Jonah. D’ailleurs, la grossesse d’Evangeline correspondrait bien au moment de leur rencontre. Isaac, rempli de sa foi, de bienveillance, accueille dans sa maison la jeune fille. Evangeline, aussi effrontée qu’impétueuse, va se confronter au mutisme et à l’égo du patriarche : deux êtres qui vivent différemment leur malheur.

    Et la présence de Lorrie, amie, voisine et surtout mère de Jonah, ne facilite pas la situation. Pourtant la reconstruction de la vie de chacun semble à portée de main…

    Une magnifique histoire de rédemption, de pardon que JoAnne Tompkins nous offre avec délicatesse et profondeur. Un livre qui n’intéressera pas tout le monde mais qui, indéniablement, touchera ceux qui le liront.

    09/08/2023 à 13:39 5

  • Le Secret d'Edwin Strafford

    Robert Goddard

    8/10 Première incursion dans l’oeuvre de Robert Goddard. De facture assez classique, que n’aurait pas renié Agatha Christie, Le secret d’Edwin Strafford possède une écriture fluide et captivante. L’auteur anglais présente ses personnages, développe son cadre historique, forge son intrigue à coup de manipulations et de complots politiques. J’ai été particulièrement intéressé par ce côté historique des suffragettes, et ces hommes politiques inconnus ou célèbres du début XXème siècle. Mais le talent de l’auteur est d’avoir romancé tous ces ingrédients dans une enquête aussi romantique qu’intrigante.

    08/08/2023 à 10:54 2

  • Le Cercle des mensonges

    Céline Denjean

    8/10 Je craignais, en me plongeant dans cette suite de Le Cheptel, lu il y a déjà quelques années et n’en ayant que de vagues souvenirs, être perdu dans le déroulement de l’enquête, les personnages,… Que nenni. Céline Denjean rappelle, de manière subtile, et sans spoiler les lecteurs qui auraient envie de découvrir Le cheptel, les grandes lignes du volume précédent.

    Et puis, de toutes les façons, Le cercle des mensonges possède sa propre enquête, ou plutôt sa propre double enquête. L’autrice nous distille un savourant moment de lecture car j’ai été complétement pris par ces intrigues. Un moment de lecture très prenant où chaque page comporte son lot de suspense, de tension, et de manipulation. Céline Denjean, s’il était encore besoin, nous rappelle qu’elle fait partie des meilleures autrices françaises contemporaines de polars.

    07/08/2023 à 12:22 4

  • Le Mystère Sherlock

    J.M. Erre

    6/10 Après la lecture de Qui a tué l'homme-homard ?, semi-déception, je m’étais promis de poursuivre la découverte de l’œuvre de J.M. Erre afin de réellement rentrer dans l’univers comique teinté d’humour noir et de drôlerie linguistique et littéraire. C’est donc avec Le Mystère Sherlock que j’ai tenté de partager les bons commentaires des lecteurs quasi unanimes…

    Malheureusement, cette lecture a confirmé que je ne suis pas du tout amateur de l’humour de J.M. Erre, et voire carrément n’ai pas compris en quoi certains paragraphes, sensés l’être, étaient drôles. Du coup, cette lecture m’a paru longue (et pourtant Le Mystère Sherlock ne compte que 300 pages). Seules les 20 dernières m’ont sauvé d’un profond ennui voire lassitude.

    Si le sujet et les protagonistes avaient matière à me séduire, l’humour qui cimente et égrène cette histoire m’a laissé imperturbable, laissant un goût général de déception pour ce Mystère Sherlock.

    04/08/2023 à 11:48 1

  • Patria

    Fernando Aramburu

    8/10 N’étant pas hispanophile, je n’aurai pas, spontanément, lu ce livre si ce dernier n’était pas considéré comme un chef d’œuvre ayant « enflammé la société espagnole » et obtenu « les plus prestigieuses récompenses ». C’est donc cette curiosité qui m’a ouvert le chemin vers ce pan de l’histoire qui a enflammé le pays basque, ce terrorisme pour certains, cette guerre de libération pour d’autres.

    J’ai été séduit par ces 2 familles dont on suit les membres, de manière complétement et volontairement déconstruite, au fil des courts mais intenses chapitres. Ces 2 familles pour qui il y avait un avant l’assassinat de Txato, un des pères de familles. Tué par l’ETA et dont le fils de l’autre famille est membre et est incarcéré. Avant ces 2 familles étaient liées par une amitié forte. Mais voilà, le Txato, entrepreneur, a voulu négocier le paiement de « l’impôt révolutionnaire ». Menacé, harcelé et banni par les villageois, le Txato a finalement payé le prix fort.

    Désormais, l’ETA a rangé les armes et le temps de la paix et de la réconciliation est venu. Pas facile pour ces membres de la famille dont on découvre, au fil des pages, leur histoire, leur quotidien, leur espoir, leur colère, leur deuil…

    Je ne peux qu’inciter chacun et chacune à découvrir Patria et ces familles bouleversantes et attachantes.

    01/08/2023 à 14:54 5

  • Manhattan chaos

    Michaël Mention

    7/10 Michaël Mention nous propose un « very bad trip » littéraire. Il s’est mis dans la peau de Miles Davis, qui, lors du black out de New-York de 1977, fait une véritable crise de manque, avec hallucination, dépression… Le temps d’une nuit, on suit les élucubrations du trompettiste en pleine crise existentielle.

    Avec ce court roman, qui n’est pas des plus accessibles, Michaël Mention confirme, s’il était encore besoin, qu’il est des auteurs français contemporain de roman noir sinon le plus talentueux du moins le plus original

    01/08/2023 à 14:13 3

  • Séquences mortelles

    Michael Connelly

    8/10 Comme le soulignent les commentaires précédents, lire un Michael Connelly c’est la garantie de se plonger dans une enquête originale et passionnante. Lire un livre de l’auteur américain c’est une valeur sûre.

    Séquences mortelles, le 3ème livre mettant en scène Jack Mc Evoy ne déroge pas à cette règle. C’est avec une grande rigueur et une forte documentation que Michaël Connelly prend pour cadre de son polar les tests génétiques et l’exploitation des données personnelles. Ça fait froid dans le dos, aussi bien par l’actualité de ce sujet que par les dérives pouvant en être faites par des criminels.

    J’ai beaucoup apprécié ma lecture, ce retour du personnage de Jack Mc Evoy (lire ce livre sans connaître les aventures passées de celui-ci n’empêche pas d’apprécier ce livre) et la plume riche et passionnante, comme toujours, de Michael Connelly.

    31/07/2023 à 17:14 6

  • Pyongyang 1071

    Jacky Schwartzmann

    7/10 C’est lors d’une soirée créole que l’auteur a pris la décision d’aller courir le marathon de Pyongyang, la capitale de la Corée du Nord. Si ce pays est fermé au tourisme de masse, le Gouvernement autorise quelques agences reconnues par lui seul et sous étroite surveillance la venue des visiteurs étrangers.

    C’est dans ce contexte que Jacky Schwartzmann raconte sa préparation physique, son long périple en Corée du Nord, sa course et sa visite des lieux cultes et de cultes du régime nord-coréen. « A la fois attiré et rebuté par ce pays tellement bizarre, ce peuple perché et ses dirigeants incongrus », l’auteur bisontin use et abuse de son ton décalé aussi cynique que drôle pour distiller son journal de voyage.

    Ce n’est pas le plus attachant de ses livres, mais sa lecture est incontournable si vous êtes amateur de l’œuvre de l’auteur.

    31/07/2023 à 16:08 3

  • Puzzle

    Franck Thilliez

    6/10 Le pitch du livre avait l’air très attrayant. Sauf que la quatrième de couverture occulte une partie essentielle. Lucas Chardon, patient psychiatrique, a été inculpé mais reconnu irresponsable, des meurtres de 8 personnes dans un chalet en haute montagne. Il souhaite dévoiler l’identité du véritable meurtrier à Sandy Cléor, la psychiatre qui traite Lucas Chardon et souhaite dénouer toutes les ficelles de cette horreur.

    Toute cette vérité débute quelques mois plus tôt. Ilan Dedisset est contacté par son ancienne petite amie, un soir, qui vient frapper à sa porte. Chloé souhaite qu’ils reprennent ensemble le jeu « Paranoïa ». A la clef, c’est un gain de 300 000 € pour qui arrivera à percer tous les mystères et énigmes qui jonchent leur parcours. Les quelques candidats qui arrivent à l’épreuve ultime se retrouvent enfermés dans un hôpital psychiatrique désaffecté. Dans ce milieu austère et angoissant, les règles du jeu de cette chasse au trésor semblent fausser et les candidats ne peuvent se faire confiance. Mais chaque objectif que doivent atteindre chaque candidat dévoile de troublantes réalités : y compris la mort de certains d’entre eux. Que veut faire le maître du jeu, ce mystérieux Hadès ? Quel est l’objectif de « Paranoïa » ? Est-ce un jeu ou cache-t-il d’autres motivations ? Ilan comprend au fil des jours que cette chasse au trésor cache un secret personnel qui aurait un lien avec la mort de ses parents, d’imminents chercheurs. A l’image d’un puzzle, chaque étape du jeu dévoile une pièce de la vérité qui, pour les plus avertis, n’apportera aucune surprise stupéfiante.

    Cette lecture de Puzzle fut, quoique rapide, longue et fastidieuse. La fin attendue voire convenue a certainement gâché ma lecture.

    12/07/2023 à 10:00 5

  • La Colère

    S. A. Cosby

    9/10 S.A. Cosby fait partie des nouveaux auteurs mis en avant par toute la presse nationale et internationale qui ne tarit pas d’éloge sur « la nouvelle sensation des lettres américaines ». J’ai voulu me faire ma propre idée sur le chouchou de Michael Connelly et de Dennis Lehane, entre autres.

    Le colère (La rage ou la haine auraient été des titres plus adéquats) met en scène deux pères ayant perdu leurs fils, mariés l’un à l’autre, tués par balles. Ike Randolph, père d’Isiah et Buddy Lee Jenkins, père de Derek, se rencontrent et s’évitent, lors de leur enterrement. Eux qui n’ont pas accepté l’orientation sexuelle de leur fils, vont s’unir et mener l’enquête que la police délaisse. Il faut dire qu’en Virginie-Occidentale, être homosexuels et un couple mixte noir-blanc, leur meurtre ne constitue pas une priorité (et c’est un euphémisme !).

    Ike et Buddy Lee ont un point commun : ex-taulards faisant partie d’anciens gangs extrémistes. Leur vengeance sera donc à la hauteur de leur rage. Eux qui n’ont pas aimé leur fils comme ils étaient de leur vivant, souhaitent faire payer leur mort en tuant le ou les auteurs de ce crime minable. Et ils ne lésineront pas sur les moyens.

    La colère est un polar qui privilégie l’action (et du lourd) au contemplatif, le langage brut à la prose fleurie. Et pourtant, S.A. Cosby développe ses personnages avec beaucoup d’humanisme, de rédemption, de culpabilité et de fragilité. Avec tous ses ingrédients, La colère est un livre qui se dévore. Et les éloges cités plus haut ne sont pas usurpés. On tient là un auteur aussi recommandable qu’incontournable.

    10/07/2023 à 17:22 9

  • Shit !

    Jacky Schwartzmann

    8/10 C’est un réel et récurrent plaisir d’avoir un livre de Jacky Schwartzmann entre les mains. On sait que l’auteur bisontin propose des histoires et des personnages drôles, décalés, loufoques et d’un humour second degré très addictif.

    Thibault Morel, CPE dans un collège de Besançon, habite une HLM à Planoise, quartier sensible de la ville. Chaque matin et soir, il doit prouver aux dealers qu’il réside bien dans la tour, en se prenant quelques claques au passage.
    Thibault, un soir, écoute que les dealers s’entretuent, dans le four, le local où est entreposée toute la came. Il décide avec Ramla, sa voisine, de poursuivre à leur manière, la revente de la drogue.

    Comme d’habitude, on ne s’ennuie pas à lire cette histoire. Rebondissements aussi inattendus que drôles, répliques voire démonstrations existentielles décalées et cyniques qui font mouche. Bref, Jacky Schwartzmann continue de proposer des comédies littéraires très séduisantes. Ces livres devraient être imposés aux mélancoliques et autres fatigués et déprimés.

    06/07/2023 à 11:18 11

  • Petite Sale

    Louise Mey

    8/10 « Petite sale » est le sobriquet qu’affublent ses maîtres et les autres personnes travaillant au Domaine des Demest à Catherine, la bonne à tout faire. C’est que Catherine n’est ni laide, ni belle, ne manque pas d’hygiène mais elle ne fait pas propre. En plus, elle ne parle pas beaucoup, se fait très discrète dans le service pour éviter d’attirer le regard du maître. Sauf ce soir-là, où Catherine avait la surveillance de la petite Sylvie, et ne retrouve plus la petite fille de 4 ans. C’est une certitude, Sylvie a été enlevée. Confirmation quelques jours après, c’est la demande de rançon qui arrive.

    Qui en veut donc à cette très riche famille de propriétaire foncier, de terres agricoles acquises après la 2nde guerre mondiale ? Tout le monde et personne : oui, tout le monde, car ces achats de terres ont laissé des familles sans ressource et convoite l’envie, développe la jalousie. Et personne car Demest fait marcher toute l’économie locale, il est le premier pourvoyeur d’emplois dans cette Picardie des années soixante.

    Gabriel, policier parisien, et son chef Dassieux sont appelés pour épauler les gendarmes et interroger tout un petit monde, du personnel local aux immigrés italiens, des habitants aux membres de la famille…Cette famille Demest et notamment ce patriarche qui fait régner d’une main de fer tout son monde au Domaine. C’est encore l’Ancien Régime qui sévit dans cette contrée. Silence, non-dits, secrets de famille,…

    Louise Mey que j’avais découvert avec le La deuxième femme, son précédent et remarquable roman noir, s’inscrit dans le polar rural, et côtoie les autres maîtres du genre. Je pense notamment à Franck Bouysse, mais avec un côté Simenon moderne. Sans atteindre la qualité de son précédent roman, l’autrice signe une brillante intrigue et peinture de la société française des années 60.

    03/07/2023 à 15:29 3

  • Pourquoi tu pleures ?

    Amélie Antoine

    8/10 Amélie Antoine écrit en post-face que ce livre a été long à écrire. Depuis plusieurs années, elle revenait et abandonnait l’écriture de ce roman. Mais tout en gardant, de manière obsessionnelle, en tête Lilas Colombel, le personnage principal de Pourquoi tu pleures ?

    Cette jeune maman se réveille en pleine nuit et découvre que son mari et sa petite fille de 4 mois ne sont pas rentrés. Ses appels et ses SMS restant sans réponse, elle avertit la police. L’enquête commence et dévoile au fil des pages des rebondissements et des secrets effrayants.

    Le livre alterne le déroulement de l’affaire et des extraits du journal intime de Lilas où elle écrit à son père disparu, et raconte sa vie et son amour pour Maxime, l’homme de sa vie, celui qui allait devenir son mari et le père de son enfant, et disparaître de sa vie.

    Une lecture prenante, intense et profondément éprouvante psychologiquement. Un livre que l’autrice a fort heureusement eu raison d’achever. Une histoire bouleversante et terrifiante : un livre marquant.

    29/06/2023 à 08:47 5

  • Une saison pour les ombres

    R. J. Ellory

    7/10 Jack (ou plutôt Jacques) Deveraux est un enquêteur dans les assurances. Installé au Québec, il reçoit un appel de la police de Jasperville. Son frère, Calvis, qu’il a laissé il y a 26 ans dans ce coin reculé du Canada, où règnent le froid, la nuit et l’obscurité la majorité de l’année, a été incarcéré.

    Jack abandonne tout pour le rejoindre et comprendre ce qu’a fait Calvis pour se retrouver dans cette situation. Le retour dans ce village de 5 000 âmes le plonge dans l’histoire de sa famille, venue dans cette citée minière, où l’hiver dure quasiment 9 mois dans l’année, dans les années 70. Il repense aux drames survenus peu de temps après : les morts de ces jeunes filles, éventrées, lacérées, que l’on retrouvait sur plusieurs années. Pour certains, les plus rationnels, les responsables ne pouvaient être que les loups, voire des ours, en tous les cas des bêtes sauvages qui s’en prenaient à ces jeunes filles. Pour d’autres, comme le grand-père de Jack, ce ne pouvait être que le wendigo, le mauvais esprit issu des légendes et contes du peuple inuit.

    Si revenir sur ces terres est une terrible épreuve pour Jack, ce n’est pas seulement parce qu’il va retrouver le seul survivant de sa famille qu’il a lâchement quitté la veille de ses 11 ans, c’est surtout parce qu’il va se confronter à ce qu’il a abandonné : le malheur qui collait à la peau de sa famille.
    Pendant plus de 26 ans, l’enquête au gré des officiers de police qui se succédaient régulièrement tous les deux ans, n’aboutissait pas. Pas assez de personnel, pas assez de moyens et surtout pas envie de trouver la vérité. Mais comprendre la situation de Calvis, c’est nécessairement trouver la vérité pour Jack. Ça passera par l’obligation d’arrêter de fuir les autres et de se fuir.

    Atmosphère sombre et glaciale tout du long de Une saison pour les ombres. Je regrette toutefois que le livre peine à démarrer, car pendant la première moitié, RJ Ellory se cantonne à dépeindre l’ambiance des lieux (JespèreVille devenant DesespèreVille) et de la famille Deveraux alors que l’intérêt réside plus dans l’enquête sur ces meurtres atroces. Ce livre que les critiques rapprochent au chef d’œuvre Seul le silence est loin de bénéficier d’une telle reconnaissance pour ma part.

    27/06/2023 à 11:25 5