JohnSteed

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  • Mon vieux

    Thierry Jonquet

    9/10 A chaque fois, quand je commence un livre de Thierry Jonquet, je suis étonnement subjugué par la qualité du style de l’auteur et par l’originalité dans l’approche des thèmes choisis. Cela vient certainement de mon ignorance et du peu d’intérêt que je pouvais porter à cet auteur. Et dans la mesure où je suis assez influençable, la raison vient éventuellement du fait que Thierry Jonquet ne bénéficie pas de l’aura qu’il mérite, même après sa mort.

    Mon vieux m’a carrément bouleversé par sa noirceur et par ces personnages qui se trouvent dans une misère certes mais surtout dans un profond malheur. Jonquet sait choisir les mots justes pour raconter magnifiquement le tragique destin des protagonistes. Ils ne se connaissent pas et n’auraient qu’en commun les revers que la vie leur a faits. Sauf que la vie va faire qu’ils vont partager leur infortune. A cause d’une seule personne, un vieux.

    Ce vieux, c’est le père d’Alain Colmont. Ce dernier, ayant perdu tragiquement sa femme, scénariste pour des séries tv, consacre le reste de sa vie à financer les opérations de chirurgie esthétique pour sa fille, défigurée suite à un accident de scooter. Alors que son métier parvient tout juste à financer ces actes médicaux, l’hôpital, après plus d’un an de recherche, le contacte. Le patient de la chambre 39, victime d’Alzheimer, s’avérerait être son père qui l’a abandonné enfant. L’hôpital lui réclame le paiement des actes médicaux.
    Daniel Tessandier, RMIste, est chassé par sa propriétaire. Ne bénéficiant d’aucun contrat de location, il ne peut que chercher un toit même modeste, ne souhaitant pas se trouver à la rue comme la bande à Nanar qu’il croise tous les jours quand il va boire son petit blanc au café du coin.
    Mathurin Debion, aide-soignant, attend ses toutes prochaines vacances qu’il va pouvoir passer en Martinique, son île natale. Pour faire passer le temps, entre le nettoyage des chambres et la promenade du patient de la chambre 39, il savoure des bonnes rasades de rhum.

    Chaque personnage de Mon vieux constitue une pièce d’un puzzle représentant notre société individualiste et la misère des laisser pour compte magistralement peint par Jonquet à la noirceur du désespoir.

    08/01/2019 à 10:59 9

  • Ne me cherche pas demain

    Adrian McKinty

    9/10 Un roman noir efficace : une double intrigue, dont une « chambre close », très prenante et surtout ce personnage, Sean Duffy.
    On est à Carrickfergus, près de Belfast, en 1983, soit en plein conflit nord-irlandais. Sean Duffy, inspecteur de police, est démis de ses fonctions. Il est recruté par les services secrets anglais, le MI5, pour trouver un membre imminent de l’IRA, McCann, un ancien pote de Duffy. L’enjeu est la réintégration de Duffy dans la police de sa Majesté.

    Sean Duffy est un alter ego de Jack Taylor, personnage du talentueux Ken Bruen. Il manie le sarcasme, l’ironie et l’humour noir avec génie. Il distille ses références littéraires et écoute ses artistes avec passion. Et il emporte le lecteur dans son enquête avec intérêt : un livre que j’ai dévoré avec plaisir.

    26/12/2021 à 17:54 9

  • Sale temps pour le pays

    Michaël Mention

    8/10 1976. Dans le nord de l’Angleterre sévit un tueur de prostituées que la presse va nommer « l’Eventreur du Yorkshire ». La police s’organise pour mener à bien l’enquête qui va s’avérer longue et fastidieuse. Parmi ses membres George Knox, enquêteur aussi sombre qu’intègre et entièrement engagé dans la quête de ce monstre ; Mark Burstyn, enquêteur ambitieux…

    Le sujet a fait l’objet d’autres polars mais Michaël Mention rend cette enquête très addictive avec son rythme effréné et ses personnages attachants. Il dépeint l’évolution de cette Angleterre qui vit sa révolution culturelle, sociale et économique. J’ai beaucoup apprécié le ton de Michaël Mention (qui n’hésite pas à se mettre en scène comme journaliste du Monde), et ses références pop-culturelles. Un livre qu’on dévore et qui entame de manière magistrale sa Trilogie anglaise. A peine lu la dernière ligne du livre que j’entame le second volet.

    29/12/2023 à 11:26 9

  • Trois mille chevaux vapeur

    Antonin Varenne

    8/10 Dans Trois mille chevaux vapeur, Antonin Varenne raconte la vie d’Arthur Bowman. De cette guerre en Birmanie jusqu’à la guerre de Sécession. Oui, la vie de ce sergent de la Compagnie des Indes est remplie de guerres. Avec toutes ses blessures et ses cauchemars. Avec toutes ses batailles et ses combats. Y compris des combats plus personnels et intérieurs. Notamment celui qui pourrait laver son honneur. Et pas à coups de rasades de whisky. Il doit trouver un des anciens soldats de sa compagnie qui tue selon les seules et propres méthodes quand ils furent tous prisonniers.

    Arthur Bowman se lance dans une quête improbable de ce tueur en série qui lui fera découvrir la conquête de l’Ouest pour mieux affronter ses démons.

    Une épopée dans laquelle j’ai peiné à rentrer. Peut-être à cause de cette Guerre des Indes que je ne comprenais pas trop. Puis, plus le personnage de Bowman s’étoffait, plus l’histoire devenait limpide et mieux j’appréciais ce portrait d’hommes torturés dans cette histoire qu’Antonin Varenne nous distille en professeur d’Histoire. Le début d’une fresque que je vais continuer de découvrir avec envie.

    22/12/2022 à 15:30 9

  • Une terre si froide

    Adrian McKinty

    8/10 Après avoir lu et découvert Sean Duffy, avec le troisième tome de la série écrite par Adrian McKinty, je continue la découverte des enquêtes menées par ce policier avec ce premier livre de la série, Une terre si froide. Et cela ne m’a en rien gêné dans ma lecture.

    Etre policier catholique au début des années 80 dans une Irlande où le catholicisme est plutôt dans le camp des « révolutionnaires », c’est une situation délicate pour Sean Duffy. De plus, il vit dans un quartier protestant. Ainsi, chaque matin, il vérifie si sa voiture n’est pas piégée, avant de se rendre au commissariat.
    Sean Duffy se voit confier avec ses collègues l’enquête sur le meurtre d’homosexuels mutilés. Une investigation difficile car l’homosexualité était un délit, et mis de côté par les médias qui préfèrent se focaliser sur les grévistes de la faim de l’IRA. Mais elle lui permettra de rencontrer la belle et catholique médecin légiste et de croiser une autre affaire, celle d’un suicide d’une femme d’un ex-martyr de la cause indépendantiste.

    Si ce premier opus est captivant, où Adrian McKinty raconte avec brio la tension de l’époque entre Anglais et Irlandais, j’ai trouvé le sarcasme et l’humour de Sean Duffy moins développés que dans Ne me cherche pas demain. Je poursuivrai cependant et avec plaisir la lecture des enquêtes de ce policier somme toute attachant.

    18/01/2022 à 17:07 9

  • Chambres noires

    Karine Giebel

    8/10 L’exercice de la nouvelle est délicat et périlleux. Ecrire en quelques pages une intrigue est difficile, surtout si, comme on s’appelle Karine Giebel, on aime développer son histoire, proposer des rebondissements surprenants toutes les 20 pages, construire ses personnages à la psychologie complexe. Mais autant le dire de suite, l’autrice a su remporter haut la main sa composition.

    Chambres noires c’est 4 nouvelles inédites dont les titres font référence à des films qui ont marqué l’auteur (Le vieux fusil, L’armée des ombres, Un monde parfait, Au revoir les enfants). En bonus trois autres nouvelles écrits au profit des Restos du cœur et insérés dans les séries Treize à table, et une dernière parue dans Des Mots par la Fenêtre au profit de Fondation Hôpitaux de Paris. Soit au total, 8 nouvelles.

    Même si elles m’étaient totalement inconnues, ce sont les 4 nouvelles inédites qui m’ont le plus touché. Reprenant les mêmes thèmes chers de l’auteur, on se complait à se laisser embarquer dans ces histoires sombres, tortueuses, et malheureuses. Il faut avouer que même en peu de pages, Karine Giebel a su jouer du lecteur en lui tirant les larmes, en l’estomaquant mais chaque fois en le clouant de stupeur ou d’effroi. Nouvelles ou pas, l’autrice démontre son aisance quelque soit la longueur de ses histoires. Fallait-il encore une preuve de l’étendue et de la qualité de son talent ?

    19/12/2023 à 17:19 8

  • Dehors les chiens

    Michaël Mention

    8/10 Michaël Mention est un auteur talentueux. Il renouvèle constamment la trame de ses romans, les genres, les époques, les lieux,… mais toujours avec une maitrise, une passion qui transpirent dans son œuvre. Le lecteur, happé par l’urgence de l’écriture coup de poing, ne peut pas lire ses livres : il les dévore.

    Ce fut le cas pour moi avec Dehors les chiens. 1866, Californie, Crimson Dyke est un agent fédéral des Services secrets en charge de capturer les faux monnayeurs. Il a toute une liste de bandits sans scrupules qui réalisent des faux billets. Mission périlleuse dans ce coin des Etats (pas tout à fait très) Unis. Si les Indiens font encore régner la terreur, ce sont surtout les hommes blancs avides de pouvoir (hommes politiques, sheriff, juge,…) dont il faut se méfier le plus. Mais Crimson Dyke est surtout intrigué et attiré par cette maîtresse d’école qui assurent les remplacements dans tous les comtés avoisinants. Et quand des crimes horribles sont perpétués, il garde un œil sur la belle et charmante institutrice, pour veiller à ce que rien ne lui arrive. Et veiller à capturer le meurtrier. Surtout qu’ici, les hommes non blancs passent facilement pour les coupables.

    Les descriptions subtiles subliment le cadre du Far-West, les dialogues crus et percutants accentuent les personnages. L’intrigue est concise et alléchante. Il y a du sang, des indiens, de la violence crue et de la passion à la sauce cowboy (faut pas vous attendre à des scènes ultra passionnées, c’est pas Arlequin Michaël Mention non plus !!). Encore une fois, l’auteur français a fait mouche. Ce livre est une réussite et pourra séduire même les détracteurs des westerns.

    12/05/2023 à 09:53 8

  • En attendant le jour

    Michael Connelly

    9/10 Renée Ballard est le nouveau personnage de Michael Connelly, le prolifique et talentueux écrivain américain. En attendant le jour est le premier polar de cette inspectrice qui, suite à un contentieux avec sa hiérarchie, s’est retrouvée à assurer ses fonctions de nuit.

    C’est ainsi qu’elle va se trouver à enquêter sur plusieurs affaires : le vol de cartes bancaires, l’agression d’un trans-genre, et une tuerie dans un bar de nuit.
    Connelly, comme à son habitude, offre un déroulement des enquêtes très maitrisé (on sent bien qu’il s’attache des conseils de vrais inspecteurs de police) sans oublier une part de suspense et de rebondissement, pour faire de ce livre (comme la majorité de son œuvre) un page-turner.

    Si les intrigues sont vraiment alléchantes, l’intérêt de ce polar réside également dans la découverte de la personnalité de l’inspectrice René Ballard : une acharnée du travail, au passé familial difficile et aux principes et aux valeurs indéboulonnables.

    Si Connelly a changé de personnage (pour élargir ou renouveler son lectorat ?), cela n’a pas changé son talent d’écrivain. Grâce à cette jeune et talentueuse inspectrice qui est promue à un bel avenir professionnel, l’auteur américain va pouvoir continuer à nous gâter de ses savoureux polars.

    26/05/2019 à 11:24 8

  • L'Eau rouge

    Jurica Pavicic

    9/10 23 septembre 1989. A Misto, village en bord de Mer adriatique, ce jour de fête des pêcheurs voit la disparition de Silva, jeune fille de 17 ans. La police, en la personne de l’inspecteur Gorki, se saisit de l’enquête.

    Vesna, Jakov, les parents, Mate, le frère… ce sont les conséquences de ce mystère sur les protagonistes que le lecteur découvre page après page. L’intimité de chacun va être dévoilée, les moindres secrets sont découverts, les pensées les plus profondes refont surface.

    Car le doute, les soupçons pèsent lourdement dans cette petite communauté. L’absence et l’incertitude sur le sort de Silva rend impossible tout avenir.
    Malgré tout, la vie continue, jour après jour, mois après mois, année après année, le pays change et le destin de chacun évolue. La Yougoslavie voit son sol meurtri par la guerre, et ses régions éclatées. Le communisme laisse la place au capitalisme. Le courage de certains se transforme en résignation, la tristesse en malheur et la vie devient une fatalité.

    Avec ce roman psychologique d’une rare intelligence, Jurica Pavicic dresse avec détail et précision le destin tragique de ses personnages et de son pays. Une lecture dont on ressort autant bouleversé qu’admiratif.

    29/08/2022 à 16:21 8

  • L'Homme aux Murmures

    Steve Mosby

    7/10 Dans ce livre concocté par Steve Mosby sous le pseudonyme d’Alex North, tous les ingrédients du thriller sont réunis : enlèvements d’enfants, un psychopathe soupçonné mais en prison aux moments des faits, une maison hantée, un père en proie à ses démons intérieurs élevant seul son enfant, ce dernier parlant à des personnes n’existant pas…
    Oui, on se croirait dans un des meilleurs Stephen King… Le rythme est prenant, tout se distille de manière à rendre accro le lecteur… Mais si tout est en place, il manque pour ma part un soupçon d’originalité.

    28/02/2021 à 10:16 8

  • La cellule de Zarkane

    Patrick Sebastien

    9/10 Mon intérêt pour la lecture de ce livre fut confus, ou plutôt contradictoire : à la fois attiré par les avis très positifs des lecteurs et prudent, limite réticent à cause de cette mascarade médiatique (opération marketing ?) et tout ce mystère scénarisé par le véritable auteur de La cellule de Zarkane.

    J’avoue, une fois la lecture débutée, qu’à chacune des magnifiques voire poétiques phrases que je lisais, cette fourberie me taraudait. Et elles ne manquent pas ces pépites stylistiques. Moi amateur des jeux de mots, j’ai été satisfait.

    Et puis, finalement, le charme du livre a été plus fort que tout ce qui s’était opéré autour de sa sortie. Privilège du lecteur ayant plusieurs années écoulées depuis sa sortie ? Non, il faut être objectif et considérer que la cellule de Zarkane raconte une très belle histoire d’amour et de rédemption avec un style qui, s’il ne relève pas d’une plume très recherchée, montre beaucoup de sensibilité et d’humanité.

    J’ai douté Monsieur Patrick Sébastien que vous en étiez le véritable auteur. Mais, en fait, peu importe. La cellule de Zarkane est un roman touchant et saisissant par sa belle et émouvante histoire. Ce qui compte plus que tout, c’est le conte avant tout.

    25/10/2023 à 13:44 8

  • La Ligne Noire

    Jean-Christophe Grangé

    7/10 J’ai dévoré ce livre. Cette histoire m’a complétement happé. Comme d’habitude, je suis rentré dans ma lecture les yeux fermés, sans chercher à connaître d’avis, de résumé, de La ligne noire. Je savais d’emblée que Grangé allait me balader, me faire découvrir des lieux (l’Asie du sud-est), des sujets (le sang et ses transformations chimiques) qui sortent de l’ordinaire (des polars que l’on lit habituellement). Et cela a bien fonctionné. Bien évidemment, j’ai fermé les yeux sur les extravagances (qu’un journaliste puisse se voir ouvrir les portes de celles et ceux qui vont lui permettre d’accéder à la vérité sur les meurtres de Jacques Reverdi d’une facilité déconcertante : la Princesse du Cambodge, les résultats d’autopsie, les analyses des psychiatres, … ). J’ai fait fi de toutes ces facilités et aisances que Grangé accorde à Marc Dupeyrat. Parce que cela permet d’assurer un rythme effréné, de garder le lecteur sous tension et l’obliger à tourner les pages comme si sa vie en dépendait… Et cela a marché….

    Mais… Oui, vous vous doutez qu’un « mais » allait se glisser dans mon avis… Mais, je n’ai pas supporté (encore une fois) que le coupable débite aussi facilement et simplement son histoire, ses explications. Cette facilité d’écriture m’insupporte et quelque soit l’auteur. Alors, quand dans les 50 dernières pages, on apprend (quasiment) toute l’intrigue et la vie de Jacques Reverdi, de sa propre bouche, alors qu’il avait averti qu’il ne donnerait jamais d’explication, cela m’a déconcerté.

    13/04/2020 à 19:03 8

  • Le Bonsaï

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    5/10 Dès qu’il se présente devant la grille de ce centre unique au monde, spécialisé dans les douleurs fantômes, le commissaire André Clarieux sait que la tache qu’il lui incombe va s’avérer délicate : débusquer le corbeau qui envoie des menaces contre cet institut. D’autant que ces menaces sont suivies de meurtres. Alors qui en veut à Carrington, le dirigeant américain, inventeur de prothèses de luxe ? Son collègue qui croit plus en la psychologie pour guérir de façon efficace les patients ? Sa fille Maud, le cobaye de son père ?... Parce que Clarieux est persuadé que le coupable se trouve dans les murs de l’institut.
    On suit l’enquête qui s’avère difficile, tant les différents protagonistes ne sont pas prolixes.

    Heureusement court, Le bonsaï n’est pas, et de loin, à classer dans les livres incontournables du duo Boileau et Narcejac. Certes dans ce huis-clos, on s’ennuie devant si peu d’actions, mais la faute réside, à mon sens, dans l’absence d’une intrigue et d’un dénouement digne des auteurs français.

    06/09/2020 à 11:58 4

  • Le Bureau d'éclaircissement des destins

    Gaëlle Nohant

    9/10 Irène Martin travaille à l’ITS – International Tracing Service – bureau en charge de la recherche des disparus de la 2nde Guerre mondiale. En poste depuis 1990, Irène s’est installée à Arolsen où elle a construit sa ville de famille, éclatée depuis.

    En cette fin d’année 2016, Irène est chargée de la restitution d’objets aux familles des déportés de la Shoah, des « politiques », des « asociaux », des homosexuels, des travailleurs forcés. Des objets qui n’ont aucune valeur marchande, méprisés par les voleurs, délaissés par les assassins, mais qui peuvent avoir une valeur sans commune mesure pour les descendants de ces personnes.
    Irène ne sait pas encore que les enquêtes qu’elle va mener pour restituer un médaillon et une peluche pierrot à ses propriétaires ou descendants va bouleverser plus d’une vie.

    Ce livre a beau être étiqueté « roman », j’ai eu le sentiment de lire un documentaire avec autant de véracité, de faits historiques authentiques, de rapports établis ; seuls les personnages ont été « inventés » mais auraient pu exister.

    Si Le bureau d’éclaircissement des destins se veut être un livre poignant qui témoigne des terribles histoires/vies des déportés de la 2nde Guerre mondiale, il dépasse ce cadre historique. Sa force et son intérêt résident dans la mise en lumière de ce qui déclenchent la haine à l’encontre de certaines catégories d’êtres humains, quelque soient les époques, une haine malheureusement encore bien présente dans nos sociétés actuelles appelées démocraties.

    Un livre sur le Bureau d’éclaircissement des destins qui, je l’espère, permettra d’éclaircir nos consciences.

    08/11/2023 à 13:44 8

  • Le Chant de l'assassin

    R. J. Ellory

    9/10 C’est au fil de l’œuvre d’un auteur qu’on peut se rendre compte de son talent. Et RJ Ellory en a un inouï. J’avais dévoré Seul le silence. J’ai été ému par Papillon de nuit. Mais ce Chant de l’assassin prend les tripes. Aussi bouleversant qu’attachant. L’auteur américain a un don extraordinaire pour raconter ses histoires aussi sombres que belles. Ici, il s’est dépassé.

    23/09/2019 à 15:09 8

  • Le Grand Soir

    Gwenaël Bulteau

    8/10 Après avoir beaucoup aimé son précédent livre, La République des faibles, c’est avec un immense intérêt que je me suis plongé dans la lecture de Le grand soir. Gwenaël Bulteau continue dans le registre du roman noir historico-social ou socio-historique. Après le Lyon fin XIXème, Le grand soir s’ouvre sur le Paris de 1905. Après la lutte des classes, on découvre la lutte des sexes avec le combat des femmes pour une reconnaissance de leurs droits. Mais également avec le développement des mouvements extrêmes voire anarchistes qui rêvent de renverser l’ordre social établi par la bourgeoisie.

    C’est dans ce contexte que Lucie Desroselles parcourt les réunions clandestines des féministes. La jeune fille souhaite retrouver sa cousine, Jeanne, disparue du jour au lendemain, sans que la police porte un grand intérêt à son absence. Parallèlement, Mme Sorgue harangue les ouvriers à lutter farouchement contre les injustices dont ils sont sujets. Figure forte depuis la disparition de la défunte communarde Louise Michel, cette meneuse syndicaliste n’a foi que dans le prochain 1er Mai qui doit sonner le glas au grand capitalisme.

    Le grand soir n’a pas à rougir de son prédécesseur, tant l’aspect historique et la trame sombre de cette période sont bien retranscrits. Les personnages, réels et fictifs, sont bien campés dans cette intrigue. Il manquerait peut-être un crime sordide, réel ou non, comme point de départ pour faire de ce livre une vraie réussite. Je suis peut-être exigent, mais on peut sentir à travers ses livres que l’auteur possède un vrai potentiel dans cette trame historico-sociale qu’il maitrise allègrement bien.

    10/05/2023 à 13:34 8

  • Le Livre des Baltimore

    Joël Dicker

    9/10 Comme tout le monde, j’ai découvert Joël Dicker avec son premier livre et succès littéraire : La vérité sur l’affaire Harry Quebert. Comme tout le monde, j’ai adoré cette histoire que j’ai dévorée. Mais je ne suis pas allé plus loin dans l’œuvre du Suisse. Je ne pensais pas qu’il pouvait réitérer cette performance littéraire. Je craignais que La vérité fût un accident, la chance du débutant. Je voulais éviter d’être déçu dans ma lecture du « prochain » livre du nouveau « phénomène de la littérature ». Je suis également réticent aux phénomènes de mode, je redoute…

    C’est donc une fois l’effervescence passée, et profitant du #Restezchezvous que je me suis lancé dans Le livre des Baltimore. Et comme avec sa première œuvre, son style d’écriture à la fois épuré et percutant, à la fois simple mais addictif, a fait mouche. La magie de l’écriture de Joël Dicker a balayé toutes mes craintes et m’a emporté dans le tourbillon de cette tragédie aux multiples rebondissements, remplis de tendresse, d’amitié, d’amour, de trahison, d’espoir et de malheurs. C’est-à-dire tous les ingrédients nécessaires à un moment de lecture inoubliable.

    M. Dicker, pardonnez les propos suivants, mais j’espère qu’il vous arrivera un moment de faiblesse dans l’écriture de vos prochaines œuvres. Juste pour constater que vous êtes humain, tant votre manière de raconter les histoires atteint la perfection. Mais je souhaite malgré tout que ce souhait ne soit jamais exaucé.

    28/04/2020 à 12:06 8

  • Les Fantômes de Manhattan

    R. J. Ellory

    7/10 Loin des romans que RJ Ellory nous avait habitué à lire jusqu’à là, Les fantômes de Manhattan n’est pas un livre policier, ni d’espionnage, même pas noir. Pas de meurtre, pas d’enlèvement. Juste une libraire, Annie O’Neil, qui rencontre un mystérieux monsieur, M. Forrester, qui lui donne de manière hebdomadaire des lettres de son père, décédé alors qu’elle n’avait que 7 ans, qu’il n’a pu envoyer à son épouse. Ces missives sont données à Annie en même temps que des fragments d’une ébauche de livre réalisé dans le cadre du Club de lecture, que Forrester et le père d’Annie fréquentaient.

    Entre ses soirées passées avec son vieil ami, Jack Sullivan, ancien reporter journaliste ayant couvert la guerre du Vietnam, et David Quinn, l’Amour rencontré de façon incongrue dans sa librairie, la belle trentenaire new-yorkaise va ainsi lire les lettres de son regretté père et partager l’histoire saisissante et incroyable racontée dans ce livre.

    Les fantômes de Manhattan, bien qu’édité chez nous il y a peu, est le deuxième livre écrit par RJ Ellory. Si le suspense et la tension habituels sont certes peu présents, la plume de l’auteur sauve cet opus d’une lassitude, de faits un alambiqués et d’une intrigue cousue de fil blanc. En d’autres termes, on peut adorer ce livre si on n’y cherche pas forcément à passer des nuits blanches.

    24/04/2019 à 16:52 8

  • Les Miracles du Bazar Namiya

    Keigo Higashino

    9/10 Depuis longtemps, je me disais et me répétais qu’il fallait que je découvre rapidement cet auteur japonais aussi reconnu que plébiscité. Et je suis tombé sur Les miracles du bazar Namiya, alors qu’en bon amateur de polar, j’aurai dû arrêter mon choix sur les romans « policiers » du Japonais.
    Mais voilà, je suis tombé sur cette histoire de fiction, de science-fiction, de couloir temporel, … Et autant le dire de suite : j’ai adoré ce livre, rempli de bienveillance, un brin philosophique, et d’amour.

    Oui, j’ai été captivé par ces 3 garçons qui, réfugiés le temps d’une nuit dans une boutique désaffectée, vont remplir le rôle de l’ancien propriétaire qui délivraient par courriers ses conseils auprès de personnes vivant dans des époques passées. Envoûté par la plume d’Higashino qui, emprunte de sensibilité, raconte comment la vie des protagonistes, à des époques éloignées, est très liée voire dépendante.

    Voilà, je laisse découvrir cette belle histoire aux lecteurs et lectrices qui veulent rêver aux miracles, croire en la bienveillance, et constater que la vie peut être belle aussi.

    29/06/2022 à 15:46 8

  • Les Nocturnes

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    6/10 Dans sa chambre d’hôtel parisien, Lamireau observe via un trou percé dans un mur les occupants de la chambre voisine. Ces deux messieurs semblent le surveiller. Mais qui sont-ils ? Pour Lamireau, il ne peut pas s’agir de flics. Plutôt des agents russes venus pour le tuer. Aussi, souhaite-t-il coucher dans un cahier ce qui s’est réellement passé.
    Tout a commencé avec la rencontre de la belle et troublante Tamara sur une barricade dressée près de la Sorbonne pendant Mai 68. Par amour plus que par conviction politique, il quitte ses études de médecine et devient un agent de la cause communiste. Il doit changer de nom et devient le docteur Molyneux. Il gère une clinique à Vichy où viendront se reposer les personnes qui lui seront envoyés par le Parti. Il lui sera demandé de tuer Soukoutine, ce professeur qui, à la suite de la Chute du mur de Berlin, vante une nouvelle économie. La cause communiste doit en passer par là.
    Lamireau entre ainsi dans un monde de faux-semblants, de silhouettes et de trompe-l’œil, ces "nocturnes" qui habiteront ses nuits.

    Malgré quelques longueurs, ce court livre est assez intéressant pour le dénouement inattendu, la touche des maîtres du suspense par qui l’on doit le chef d’œuvre Celle qui n’était plus (Les Diaboliques en version cinéma).

    15/12/2018 à 13:20 4