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Le Diable en personne
8/10 La rencontre improbable entre deux êtres que rien ne prédestinait à se trouver dans cette vie offre un beau roman.
Il y a d’un côté Maya, cette jeune fille qui, sans famille, sans attache, enlevée par Mexico, est contrainte à se prostituer. Il y a de l’autre côté Leonard Moye, un ancien trafiquant d’alcool, isolé dans sa ferme loin de la civilisation et qui parle à un mannequin à qui il a donné le nom de son ancienne femme. Mais un homme que tout le monde craint, que l’on voit comme le diable en personne.
Maya, ayant échappé de justesse à son assassinat, est accueilli par le vieux Moye. Plus que tout, comme une volonté de rédemption, il va vouloir la sauver et la protéger de tous ceux qui veulent qu’elle taise à jamais ce qu’elle sait.
Entre fusillades, magouilles politiques, on trouve quelques moments d’amitiés fortes, profondes et sincères entre cette fille et ce vieux, entre ce qui pourrait être une fille et son père, entre deux êtres que la vie n’a pas épargné.
Ces moments sont touchants et offrent une lecture intemporelle de l’amitié, ce que la vie peut nous offrir de plus beau.
27/07/2020 à 15:04 6
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Le Secret
7/10 Alors qu’elle s’apprête à donner son dernier souffle, Mrs Treverton demande à sa femme de chambre, Sarah Leeson, de promettre qu’elle dévoilera leur terrible secret à son mari. A cette fin, elles couchent sur papier cette confession qu’elles signent et qui va sceller leur sort.
Sarah Leeson, terrifiée par les conséquences de leur acte et le dévoilement du secret, s’enfuit du manoir de Porthgenna Tower, la propriété des Treverton dans les Cornouailles, après avoir caché cette confession dans la demeure, évitant ainsi de casser le serment fait à sa maitresse défunte.
Quinze ans plus tard, la belle et séduisante Rosamond Treverton, la fille de la défunte Mrs Treverton, a épousé le nouveau propriétaire et s’apprête à revenir à Porthgenna Tower. Or une mystérieuse servante apparaît et vient semer le trouble chez les deux jeunes mariés…
Lire Wilkie Collins au XXIème siècle est une gageure, tant le style classique de l’auteur anglais du XIXème siècle est, sinon ampoulée, bien datée. Nous sommes dans la période où les écrivains comme Charles Dickens (ami très proche et un grand admirateur de Wilkie Collins) développent leur écriture descriptive voire contemplative. Peu de place aux dialogues, sinon très lourds voire longs. Il faut dire qu’à l’époque les écrivains gagnaient leur pécule au nombre de mots.
Alors certes, l’intrigue qui lie ces deux femmes tient en quelques mots et pourra facilement être découverte par celles et ceux qui savent lire entre les lignes.
L’intérêt de cette lecture tient dans le style de l’Anglais et surtout de découvrir celui qui est considéré comme le précurseur du roman policier. Mais pour ce dernier point, autant lire Sans nom, son chef d’œuvre !27/07/2020 à 14:37 3
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Un Paradis trompeur
9/10 « Un ange sale », voilà comment son père surnommait Hanna. Un ange sale mais un ange quand même. La famille Renström en cette fin d'année 1899 voit un hiver très rude s'installer au fin fond de leurs terres silencieuses du Norrland. La famine guette. La mère, pour pouvoir sauver sa famille, somme Hanna, du haut de ses 16 ans, de quitter la famille et de retrouver à Sundsvall de lointains parents où elle pourra travailler. Mais il n'existe plus aucun parent. Hanna est prise sous l'aile protectrice d’un vieil homme d'affaires, Forsman. Après quelques semaines passées à son service, elle embarque comme cuisinière à bord d'un navire qui fait route vers Perth. Elle se marie à bord avec le second. Mais au bout de quelques jours, il décède d'une maladie. Veuve, avec un petit pécule donné par la Marine, elle s'enfuit du bateau lors d'une escale en Afrique orientale. Elle se réfugie dans un hôtel de passe tenu par un homme qui deviendra son mari pour seulement quelques jours.
Devenue veuve pour la seconde fois, Hanna hérite d'un hôtel de prostituées, d'une belle demeure d'une fortune impressionnante dans ce comptoir portugais. En tant que tenancière, elle compatira au sort de ces hommes et femmes noirs à qui elle se retrouvera des similitudes…
Encore une fois, Mankell, qui a puisé son inspiration dans un fait réel, propose un livre bouleversant dans ce destin à la fois tragique et humaine de Hanna, qui, confrontée à ce pan de l'histoire des colonies, ces paradis trompeurs, où règnent l'hypocrisie les mensonges et les faux semblants, essaiera modestement d’apporter un peu d'humanité à ces hommes et femmes…20/07/2020 à 10:50 6
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Le soleil qui s'éteint
5/10 Un an après le décès de sa femme, morte dans un attentat à la bombe qui le visait, le narrateur reprend du service auprès de Truesafe, une société de garde du corps dans le Londres du début des années 80. Mais il n'a qu'une idée en tête : retrouver ceux qui ont tué Helen. On lui confie la protection de Bernard Stern, un milliardaire sans bras ni jambe qui fait l'objet d'une tentative d'assassinat.
Le soleil qui s'éteint n'est pas un livre majeur dans l'œuvre de Robin Cook. Une lecture peu passionnante qui fait la part belle aux dialogues entre acteurs qui se regardent en chiens de faïence. C'est un peu déconcertant et guère accrocheur
20/07/2020 à 10:14 1
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Kaïken
7/10 Ma lecture de ce polar de JC Grangé fut mitigé. Le rythme imposé par l'auteur grâce à des chapitres courts et remplis majoritairement de dialogues permet une lecture agréable. Grâce aussi à cette histoire de policier-samouraï qui tente de protéger sa famille en pleine rupture d'un dangereux psychopathe surnommé, à cause de son modus operandi, l'Accoucheur.
Si j'apprécie les livres de JC Grangé c'est que chaque lecture, en plus du suspens proposé, est l'occasion de « voyager ». L'auteur français nous fait explorer un environnement ou une culture « extraordinaire ». Dans Kaïken, JC Grangé nous permet de découvrir les traditions et valeurs du Pays du Soleil Levant. Difficile pour moi de savoir si cette immersion est remplie de stéréotypes et fait ainsi de ce livre un ridicule condensé du Japon …
Mais Kaïken possède quelques travers. On est face à un polar où la trame souffre d'une trop facile suffisance dans le déroulement précipité de l'histoire et de personnages pas assez exploités (et je ne parlerai pas du final trop usité et ridicule de l'affrontement en duel). C’est la toile de fond liée au Japon qui sauve, pour moi, ce livre17/07/2020 à 10:53 4
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La Disparition de Stéphanie Mailer
6/10 Dire que j'ai été déçu par ce livre est un euphémisme. Tout dans la construction de ce livre ressemble à la marque de fabrique, au style de l'auteur (alternance du passé/présent, rebondissements…) mais il manque de l'émotion, de personnages attachants,… Une écriture où la première personne aurait permis de nous identifier à un personnage. Et puis du début avec cette main et les doigts, on comprend les ficelles de l'histoire. C'est long, rempli de chapitres qui n'apportent rien à l'histoire. Si l'auteur voulait nous désorienter, nous perdre pour mieux nous éblouir par la chute de son intrigue, je n'ai pas marché une seule seconde. Les ficelles sont trop grosses. Les explications sont peu plausibles…
Ce livre me fait penser à une trame d'histoire écrite il y a très longtemps, qui serait restée dans un tiroir et que l’auteur, en mal d'inspiration, aurait ressorti suite à la pression de l'éditeur. C’est un livre de deuxième division, loin des magnifiques lectures que Joël Dicker nous a offert avec La vérité sur l'affaire Harry Quebert et Le livre des Baltimore.
14/07/2020 à 10:09 6
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Le Vol du faucon
6/10 Armino Fabbio est guide touristique pour la société Sunshine Tours dans cette Italie d’après-guerre. Alors qu’il accompagne des touristes anglais et américains, il est alerté par ces derniers par la présence d’une pauvre femme sur les marches d’une église romaine. La nuit suivante, alerté par un rêve troublant, où son passé ressurgissait, il se lève et va donner un billet de dix mille lires à la vieille dame, qu’il reconnaît comme être l’ancienne cuisinière de sa maison d’enfance, Marta. Or, cette dernière est retrouvée morte, assassinée, le lendemain.
Armino, ce fils dont le père est mort dans les camps alliés, dont la mère s’est enfuie avec lui dans les bras d’un Allemand, dont le frère, aviateur, est mort en héros de guerre, souhaite retourner dans sa ville de naissance, Ruffano, pour se remémorer son histoire bouleversée par la 2nde Guerre mondiale et essayer de comprendre le sort de cette pauvre femme. Alors qu’il se promène dans les rues, il rencontre celui qui ressemble fortement à son frère décédé, Aldo.
Si cette présentation peut s’avérer pleine de mystère, alléchante et aguicheuse, elle ne représente que le cinquième du livre. Et si on pouvait s’attendre à une suite empreinte de ces mêmes qualificatifs, il n’en est rien. On plonge dans les méandres de l’histoire, de la vie et de la société de Ruffano où plane la vie mystique de Claudio alias le Faucon, et des tensions entre les couches sociales de la ville. Il faut attendre les 30 dernières pages pour retrouver le charme des débuts du livre. On est malgré tout retenu par le style classique et incontournable de cette maîtresse du suspense, la « sœur-suspense » d’Agatha Christie.08/07/2020 à 20:02 1
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Le Contrat
Pierre Boileau, Thomas Narcejac
8/10 G., tueur à gages, a obtenu un nouveau contrat de M. Louis, son « patron » de longue date : éliminer M. Langlois, le PDG des Cimenteries d’Aquitaine, venu passer quelques jours à Châtelguyon et qui détient un dossier sur M. Louis. S’il mène à bien sa mission, il a malencontreusement blessé le berger allemand du PDG. Et G. n’aime pas faire de victimes collatérales. G. décide alors, contre l’ordre du Boss, de prendre le chien, de le soigner et d’en faire son animal de compagnie au risque de se faire vite retrouver par les enquêteurs.
Alors qu’il ressent les effets secondaires d’un attentat dont il a été témoin, G. se rend compte qu’il doit raccrocher. Pourtant, cet ancien tireur dans les cirques avait sa carrière toute tracée. Mais s’il veut en finir avec sa carrière de tueur à gages, il doit alors écarter de manière définitive M. Louis. Il se réfugie dans sa maison de compagne avec son fidèle compagnon, Romulus. Les deux comparses deviennent des amis inséparables. Jusqu’à ce que la mort les sépare. Ah oui ?
On s’éloigne un peu du domaine de prédilection des maîtres du suspense. Oups, pardon. Des MAÎTRES du suspense. Boileau-Narcejac nous offrent une belle lecture d’amitié entre l’homme et l’animal. Mais c’est tellement bien écrit et mené qu’on se régale encore une fois.
08/07/2020 à 19:30 3
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Six fourmis blanches
8/10 Mathias est un sacrificateur. On fait appel à lui pour éloigner le Mal, apporter le bonheur à un mariage, conjurer le mauvais sort sur une personne, … Pour cela, il choisit la chèvre du troupeau qui possède assez de magnétisme et la jette du haut des montagnes. On le craint plus que l’on ne le respecte. Pourtant, Artur Carche, le parrain local, veut sa peau, après avoir tué son fils à qui Mathias devait apprendre les principes du sacrificateur.
Lou fait parti d’un groupe de 6 personnes qui ont gagné un trek dans les montagnes d’Albanie. La seule condition était de parler italien. Car il s’agit de la seule langue, hors albanais que le guide, Vigan, maitrise. C’est accompagné de Lucas Marc, Elias, Etienne, Arielle qu’elle va suivre Vigan en haut des montagnes…
Mais cette escapade va virer au tragique…
Si j’avais été déçu par ma lecture du précédent (par ordre de parution) de l’auteure française, j’ai été conquis par la tension et le suspense que l’on ressent dans ces Six fourmis blanches. Pas de répit dans notre lecture. On sent la tension des randonneurs qui, à chaque pas posé, craignent pour leur vie. On compatit à la solitude de ce sacrificateur. Sandrine Collette est implacable avec nos nerfs du début à la fin. Et c’est comme ça qu’on l’aime.
29/06/2020 à 16:44 3
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L'Echo des Morts
8/10 Joakim, Katrine et leurs deux enfants, Livia et Gabriel, ont choisi de quitter Stockholm et de s’installer à Aludden, au nord-est de l’île d’Oland où se trouvent deux phares. Une presqu’île, chargée d’histoire et de drames humains.
Katrine, depuis quelques mois, effectuent différents travaux, organisant l’installation de la petite famille. Joakim se prépare à quitter définitivement son travail dans la capitale. Et alors qu’il achève le déménagement, il reçoit, sur la route, un appel de la nouvelle policière du secteur, Tilda Davidsson. Un accident dramatique : sa femme est morte, noyée.
Joakim, effondré, peine à surmonter la perte de sa femme, d’autant que sa fille a une attitude troublante : elle parle la nuit à sa mère. Le père de famille n’arrive pas à s’expliquer ce comportement, d’autant qu’il découvre d’étranges histoires sur cette île, et sur les légendes mystérieuses de fantômes. Alors que l’hiver approche, et la peur de l’arrivée de la grande tempête de neige, appelée la tourmente, Tilda doit faire face à une vague de cambriolages sur l’île. Parallèlement, elle souhaite faire appel à la mémoire du frère de son grand-père disparu, Gerloch, pour en apprendre plus sur la vie et l’histoire familiale. Ce reclus dans sa maison de retraite, avec son instinct et son expérience, apportera quelques éclaircissements à ces affaires.
Dans ce deuxième opus où l’île d’Oland reste le cadre de cette histoire, on se sent encore magistralement transporté dans les paysages et contrées les plus reculées de Suède. Johan Theorin joue subtilement avec le fantastique dans cette enquête policière sans tomber dans le ridicule et l’extraordinaire, ce qui aurait desservi son histoire. On dévore ce livre encore une fois, et on tombe sous le charme de la plume de ce recommandable auteur suédois.28/06/2020 à 09:52 6
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L'Hiver de Frankie Machine
6/10 La vie de Frank Machianno (alias Frankie Machine) est réglée comme du papier à musique : levée à 5h pour ouvrir sa boutique d’appâts, puis travail pour une entreprise de linge et de fourniture de poissons frais. Couché pas avant 22 ou 23h. Pas facile la vie pour un homme qui doit participer aux études de sa fille, payer une pension alimentaire et vivre un peu à côté.
Mais parce qu’il a été chauffeur d’un ponte de la mafia locale, et s’étant vu attribuer le sobriquet de Frankie Machine pour l’occasion, il veut bien rendre un petit « service ». Mais Frankie, de peu, échappe à une tentative de meurtre. La pègre veut lui régler son compte. Pourquoi ? Est-ce lié à l’opération « Cache-sexe » menée par le FBI visant à éliminant la corruption politique touchant les entreprises de strip-tease ?
Le temps d’une cavale à la recherche de ces réponses, Frankie Machine nous dévoile son passé dans la mafia. C’est mené à tambour battant, très rythmé, mais cette histoire ne m’a pas passionné.
24/06/2020 à 19:45 2
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Sauvage
7/10 En Alaska, Tracy vit avec son père, Bill Petrikoff, ancien musher réputé, et son frère, le jeune Scott. Après le décès accidentel de leur épouse et mère, ils essaient tant bien que mal de tenir à flot leur ferme et leur élevage de chiens de traîneaux.
La jeune adolescente possède un don, depuis la naissance : en avalant ne serait-ce qu’une goutte de sang d’un animal, sa vie de celui-ci s’immisce dans Tracy qui peut ainsi découvrir toute son histoire. « Goûter vous donne toujours accès au moins un instant. Mais quand vous buvez d’une bestiole qui lâche son dernier souffle, vous recevez toute une histoire. Tout ce qu’elle a fait, tout ce qu’elle a ressenti se livre à vous comme si ça se produisait au moment même où vous l’apprenez. Vous absorbez une vie entière, quand vous buvez et tuez en même temps ».
Or sa mère avait mis en garde Tracy : ne surtout pas faire couler le sang d’un humain. Or ce matin, dans la forêt où elle était venue relever ses pièges, pour se défendre, elle a dû poignarder au ventre un étranger, Hatch. S’il a pu être secouru par Bill, ce sang hante Tracy, d’autant qu’elle a peur qu’il vienne se venger et reprendre son argent que Tracy a pris pour pouvoir s’inscrire aux courses de chiens de traineaux.
Et l’arrivée du troublant et mystérieux Jesse va venir troubler les sens de la jeune adolescente. C’est alors qu’elle va goûter le sang humain. Et c’est toute sa vie qui va bousculer. Car il faut savoir bien maîtriser ce don si puissant et donc dangereux. Tracy l’apprendra à ses dépens.
Sauvage est un roman d’apprentissage de la vie et du genre humain. Loin du monde du polar, ce livre est empreint de sensibilité et de poésie ; l’écriture de la jeune auteure américaine est proche de celle Jim Harrison, de Joseph Boyden et de Louise Erdrich, ces écrivains où la nature constitue majestueusement le cadre d’une aventure humaine émouvante. Un livre qui séduit mais qui comprend quelques longueurs.20/06/2020 à 12:05 2
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Dernière nuit à Montréal
7/10 Dernière nuit à Montréal est la première œuvre de l’auteure canadienne qui écrira par la suite On ne joue pas avec la mort, Les variations Sebastian et Station Eleven. Dans ce premier livre, on trouve déjà le style de l’écrivaine qui distille avec parcimonie et subtilité littéraire les réponses à l’intrigue. Ici elle retrace la vie de Julia, de son enlèvement par son père à l’âge de 7 ans jusqu’au début d’adulte. Une vie de fugue, de fuite,… Et avec elle, elle entrainera toutes les personnes qui se sont attachées à elle : Eli, son amoureux ; Christopher, le détective privé qui passera une part de sa vie à la chercher ; Michaela, la fille de ce dernier, dont la vie sera affectée par le travail de son père.
Une histoire intrigante rythmée par des aller-retours passé présent qui sont assez perturbants. Mais une fois habitué, on peut savourer le dénouement et cette histoire nous montre qu’il existe plusieurs vérités.
14/06/2020 à 16:28 2
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Reflets changeants sur mare de sang
8/10 Comme Folies d’infâmes, Reflets changeants sur mare de sang est un recueil de nouvelles. Et on retrouve la plume cynique du talentueux écrivain. Mais si Folies d’infâmes proposait des situations cocasses voire empruntes d’un humour noir (bien évidemment, il ne peut pas en être autrement !!), avec Reflets changeants… , on est dans l’univers de l’arroseur arrosé, le comique en moins.
Mais c’est toujours un agréable moment de lecture. Toujours avec Pierre Siniac, tant il n’a pas son pareil pour raconter des histoires sorties de nulle part d’autre que de son imagination extraordinaire.
11/06/2020 à 17:00 1
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Chacun sa vérité
7/10 Bien que son auteure soit suédoise, il serait cavalier de faire un raccourci et de considérer Chacun sa vérité comme un « polar suédois ». D’une part parce que, même s’il a reçu différentes distinctions comme le Grand Prix de Littérature Policière (roman étranger) ou le Prix de l'Académie suédoise des auteurs de polars, Sara Lövestam ne classe pas son premier livre au rayon polar, mais le considère plus comme un roman de société. D’autre part, on est loin de l’ambiance ouatée, et de l’atmosphère éthérée, où les grands espaces donnent la réplique aux différentes contemplations des personnages. Sara Lövestam privilégie les dialogues aux descriptions des paysages. Elle concentre l’action du livre à l’enquête menée par son personnage d’origine iranienne, Kouplan, un sans papier qui pour survivre, se donne les qualités de « détective privé ». En situation illégale, il propose ses services aux personnes qui ne souhaitent pas que les autorités locales se mêlent de leur problème.
C’est le cas de Pernilla dont sa fille, Julia, âgée de 6 ans, a disparu alors qu’elles se promenaient dans un centre commercial. N’ayant pas déclaré sa fille pour éviter que les services sociaux ne lui enlèvent, Pernilla voit dans le tout jeune Kouplan son seul espoir de retrouver Julia. Le jeune détective privé va se trouver confronter aux problèmes psychologiques des personnages et à une affaire de prostitution d’enfants.
Un roman qui sincèrement plaît, tant on ressent la force de Sara Lövestam à dénoncer la politique menée à destination des immigrés. Mais la faiblesse du roman réside dans le manque de profondeur donné à son personnage principal, Kouplan. J’aurai aimé en effet en apprendre plus de la vie de ce jeune iranien qui est à peine évoquée ici, et que l’auteure suédoise développe plus certains aspects de l’intrigue. Un roman qui donne cependant envie de poursuivre la tétralogie de Sara Lövestam.09/06/2020 à 13:49 2
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La Sentinelle de Lisbonne
8/10 Je sors de la lecture de ce roman perturbé. La sentinelle de Lisbonne n’est pas un polar classique. Certes, il y a un meurtre, mais l’intérêt principal du livre réside dans son enquêteur, Henrique Monroe, inspecteur principal à la police de Lisbonne. Ce dernier a une histoire assez terrifiante : son frère et lui ont vécu leur enfance aux Etats-Unis et subi la violence de leur père. Pour survivre, Henrique s’est créé un double, qu’il a prénommé Gabriel, comme l’ange protecteur. Celui-ci prend le contrôle de l’identité quand du sang apparaît. G. vient en aide à Henrique. Quand il se « réveille », G. lui a laissé un message écrit sur sa main qui le guide pour l’aider et lui donner des pistes pour son enquête.
C’est peu dire qu’Henrique est un personnage hors norme. Au fil des pages, on découvre le lourd poids que laisse la mort de leur mère pendant la jeunesse d’Henrique et de son frère, les souvenirs encore profonds et douloureux des violences subies par les deux frères, l’attachement profond d’Henrique pour son frère cadet, la personnalité troublée de l’inspecteur. L’enquête sur la mort du riche homme d’affaires, Pedro Coutinho, dévoilera une société lisboète où corruption, crise économique et sociale sont la lie du Portugal. Même si elle peut être placée en second plan, l’affaire n’en est pas moins odieuse.
Ce roman est perturbant tant Richard Zimler dépeint d’une manière aussi humaniste que réaliste ce personnage à la double personnalité aussi effrayante qu’attachante, horrible que fascinante.
07/06/2020 à 16:46 1
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Sur le ciel effondré
8/10 A Maripasoula, au lendemain d’une soirée bien alcoolisée, la brigade de gendarmerie est alertée de la disparition d’un adolescent, un jeune Amérindien du nom de Tipoy le fils de Tapwili, une institution dans le Haut-Maroni , car peu de décision ne peuvent se prendre sans lui, gardien des traditions wayana, et fervent opposant aux sociétés minières. Si la majorité pense que le drame amérindien, le suicide, a encore frappé cette communauté, l’adjudante Blakaman, une « noire-marron » revenue dans ces terres d’origine, défigurée suite à un attentat en métropole, suit son intuition : Tipoy est encore vivant. Dans ce coin reculé où sévissent alcool, traditions séculaires, chamanisme, rivalités entre ethnies et évangélisme, l’adjudante va devoir dérouler toute son expérience.
A Cayenne, c’est une bande d’ « Anglais » qui sévit dans la capitale guyanaise, volant le matériel hi-tech après avoir ficelé, avec le fil du téléphone, les occupants. Or, un vol tourne mal. Le capitaine Anato est chargé d’enquêter sur le meurtre d’un infirmier. C’est un trafic mêlant pouvoir politique, entreprises aurifères, … qu’il va démanteler.
Dans le 4ème épisode de la série guyanaise, Colin Niel confirme toute la magnificence de cette saga qui permet aux lecteurs d’apprécier la richesse et les traditions des communautés de ce bout de France, dont on a tout à découvrir.
01/06/2020 à 17:22 4
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L'Offrande grecque
8/10 En cette année 1957, alors que la Communauté Economique Européen (CEE) nait doucement des ruines et des drames humains de la 2nde Guerre mondiale, Bernie Gunther, sous le nom de Christof Ganz, essaie de vivre loin de son passé, en tant que préposé à la morgue de l’hôpital de Munich. Un poste qui lui sied bien, étant ainsi en harmonie avec les cadavres qu’il côtoie. Mais pas facile de rester anonyme pour l’ex Komizar. C’est à la suite de chantages divers qu’il va exercer ses anciennes compétences en tant qu’enquêteur pour la compagnie d’assurance, Munich Re. « Herr Ganz » va être amené à aller en Grèce, pour vérifier qu’un bateau qui a coulé, au large des îles helléniques, l’était bel et bien de manière accidentelle. Mais un inspecteur grec fait pression sur Bernie pour qu’il traque un ancien criminel nazi.
Philip Kerr, dans cette nouvelle « aventure de Bernie Gunther », nous permet de découvrir un pan de l’histoire de la 2nde Guerre mondiale, en l’occurrence la spoliation de la forte communauté juive de Grèce par les nazis avant son extermination dans les camps de la mort.
Si cette leçon (pour ma part) d’histoire est (toujours) intéressante, c’est toujours avec un réel plaisir que de lire les mots acerbes de Gunther sous la plume toujours incomparable et belle du regretté Philip Kerr.
30/05/2020 à 19:49 9
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Une brume si légère
8/10 Dans cette nouvelle, Sandrine Collette nous conte en quelques pages concises mais brutales, le désespoir de ces démunis et leurs déboires dans cette Casse, cette zone de non-droit exploitée par des profiteurs. Mais si l’Amour entre une laissée pour compte et son gardien laisse planer une lueur d’espoir, elle ne sera qu’éphémère, comme une brume que le vent dissipera.
L’auteure développera ce cadre et ce thème dans Les Larmes noires sur la Terre. Si vous avez aimé cette nouvelle, vous allez adorer ce livre. Et réciproquement.
28/05/2020 à 14:07 1
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La Capture du tigre par les oreilles
5/10 Cette nouvelle parue dans le cadre de la série « Les petits polars » initiée par Le Monde et Sncf vaut plus par son exercice de style que pour l’histoire en elle-même. Jean-Bernard Pouy raconte l’histoire d’un médiateur qui négocie avec un patron qui, après avoir tué un syndicaliste, se renferme dans son bureau. Pour se faire, l’auteur s’est fixé une contrainte d’écriture : « chaque phrase débutant après un point (.) (…) ( ?) ( !) commence par une lettre de l’alphabet, dans l’ordre (a, b, c, d, etc.).
Cet exercice, s’il peut être salué, ne fait qu’alourdir l’histoire, qui est elle-même n’est pas plus originale que cela. Un « petit polar » qui s’avère du coup bien dispensable.
27/05/2020 à 09:50 1