Sauvage

(The wild inside)

3 votes

  • 9/10 J'ai adoré ce livre bien qu'il soit assez dur par moment. Une scène dont on ne peut trop en dire m'a même glacé d'effroi. Ça faisait longtemps que je n'avais pas été aussi horrifié par un rebondissement dans une fiction. Il faut dire que la version audio que j'ai eu la chance d'écouter est magnifiquement interprétée par Karl-Line Heller. Est-ce pour cette raison que je n'ai pas ressenti les longueurs décrites par Marco et JohnSteed ? Toujours est-il que j'ai été embarqué immédiatement dans l'univers de Tracy et de ses chiens. Le temps de quelques heures, comme elle, j'ai rêvé d'être musher et de parcourir les étendues glacées en traîneau. Comme elle, j'avais envie de chasser et de sentir le goût du sang. Une merveille de roman initiatique, entre L'appel de la forêt et Dans la forêt.

    25/11/2022 à 16:16 Hoel (1141 votes, 7.6/10 de moyenne) 3

  • 8/10 Tracy Sue Petrikoff n’a que dix-sept ans mais déjà un fort caractère. Vivant dans l’Etat de l’Alaska en compagnie de son frère, Scott, et de son père, elle ne vit que pour la nature farouche qui l’entoure. Musher, elle a en outre hérité de sa défunte mère un don incroyable : connaître le passé d’un animal ou d’un être humain en gouttant un peu de son sang. Lorsque Tracy est agressée par un inconnu qu’elle pense avoir sévèrement blessé en retour, qu'elle découvre un sac à dos recélant plusieurs milliers de dollars, puis fait la connaissance d’un inconnu souhaitant travailler à la ferme familiale, les événements risquent de déraper.

    Avec ce premier ouvrage, Jamey Bradbury bouscule plus qu’elle ne séduit, car il ne s’agit pas là d’un énième livre sur la nature. Tout y est âpre, complexe, déroutant. D’ailleurs, la forme narrative épouse parfaitement le côté déstructuré du roman. Un passé et un présent qui s’entremêlent, pas de tirets cadratins pour les dialogues ni même de guillemets : un choix clairement choisi par l’écrivaine, mais qui surprendra certainement. Par la suite, Sauvage mélange avec intelligence littératures blanche et noire, avec de magnifiques moments d’émotion, de partages et de non-dits familiaux, de communions avec la faune, de déférence pour cet environnement neigeux, végétal et animal. On se plaît d’ailleurs à lire et relire certains passages, tant ils sont joliment tournés. L’intrigue demeure présente, tel un fil rouge, et l’on ne comprendra le lien entre Tom Hatch, l’agresseur de Tracy, et Jesse Goodwin, cet étranger venu travailler chez les Petrikoff, que dans les ultimes pages. Mais c’est avant tout une œuvre puissante et mémorable sur la Nature, souveraine, indomptable, féroce, et sur l’apprentissage. Celui de l’altérité, où Tracy comprendra l’originalité de son « talent » grâce à sa mère et à un tamia. De l’affection aux côtés de Jesse. De l’accord avec ses chiens de traineau dans cette course baptisée l’Iditarod. De l’indépendance, dans ses choix les plus extrêmes, avec ces dernières pages, incroyables, où la jeune femme fera un choix de vie à la fois définitif et mémorable.

    Un premier roman coup de poing, qui enchevêtre le blanc et le noir littéraires dans ce qu’ils ont de plus pur et ombrageux, et qui, malgré quelques longueurs parfois inutiles, offrira un dépaysement total, à la fois géographique et psychologique, à ses lecteurs.

    03/11/2020 à 18:35 El Marco (3180 votes, 7.2/10 de moyenne) 5

  • 7/10 En Alaska, Tracy vit avec son père, Bill Petrikoff, ancien musher réputé, et son frère, le jeune Scott. Après le décès accidentel de leur épouse et mère, ils essaient tant bien que mal de tenir à flot leur ferme et leur élevage de chiens de traîneaux.

    La jeune adolescente possède un don, depuis la naissance : en avalant ne serait-ce qu’une goutte de sang d’un animal, sa vie de celui-ci s’immisce dans Tracy qui peut ainsi découvrir toute son histoire. « Goûter vous donne toujours accès au moins un instant. Mais quand vous buvez d’une bestiole qui lâche son dernier souffle, vous recevez toute une histoire. Tout ce qu’elle a fait, tout ce qu’elle a ressenti se livre à vous comme si ça se produisait au moment même où vous l’apprenez. Vous absorbez une vie entière, quand vous buvez et tuez en même temps ».

    Or sa mère avait mis en garde Tracy : ne surtout pas faire couler le sang d’un humain. Or ce matin, dans la forêt où elle était venue relever ses pièges, pour se défendre, elle a dû poignarder au ventre un étranger, Hatch. S’il a pu être secouru par Bill, ce sang hante Tracy, d’autant qu’elle a peur qu’il vienne se venger et reprendre son argent que Tracy a pris pour pouvoir s’inscrire aux courses de chiens de traineaux.
    Et l’arrivée du troublant et mystérieux Jesse va venir troubler les sens de la jeune adolescente. C’est alors qu’elle va goûter le sang humain. Et c’est toute sa vie qui va bousculer. Car il faut savoir bien maîtriser ce don si puissant et donc dangereux. Tracy l’apprendra à ses dépens.

    Sauvage est un roman d’apprentissage de la vie et du genre humain. Loin du monde du polar, ce livre est empreint de sensibilité et de poésie ; l’écriture de la jeune auteure américaine est proche de celle Jim Harrison, de Joseph Boyden et de Louise Erdrich, ces écrivains où la nature constitue majestueusement le cadre d’une aventure humaine émouvante. Un livre qui séduit mais qui comprend quelques longueurs.

    20/06/2020 à 12:05 JohnSteed (545 votes, 7.7/10 de moyenne) 2