JohnSteed

631 votes

  • Le Douzième Chapitre

    Jérôme Loubry

    7/10 Un roman palpitant qui alterne les aller-retours passé/présent via un roman dans le roman. Ce livre est un page-turner tant on a envie de connaître la vérité sur cette histoire de meurtres de jeunes filles, un été en Vendée, en 1986.

    Si de mon côté, j’avais vu longtemps à l’avance les ficelles de cette intrigue, j’ai quand même pu apprécier jusqu’au bout cette histoire car il faut l’avouer, Jérôme Loubry a une plume avec laquelle il distille habilement tous les ingrédients qui plongent le lecteur dans sa quête de la vérité : premiers amours d’adolescent face à la dureté de la vie d’adulte, innocence infantile face à la responsabilité des parents, les rêves face à la dure réalité de la vie, … Et on lit avidement le roman jusqu’aux douzièmes chapitres pour essayer de tirer les voiles de tous ces fantômes. Et un final qui ravira les adeptes d’happy end.

    En conclusion, un roman qui plaira à la majorité des lecteurs qui pourraient se trouver sur un plage de Vendée en vacances, ou au fond d’une couette un jour d’automne pluvieux, une infusion pas loin mais laissera sur sa fin les lecteurs les plus exigeants en matière de polar noir.

    25/10/2019 à 18:47 6

  • Écorces vives

    Alexandre Lenot

    5/10 Alexandre Lenot maîtrise admirablement bien et avec dextérité les mots de la langue française. Il sait construire ses phrases, parfois longues, et de manière chiadée, raconte la vie de ces cul-terreux de Cantaloux. A trop vouloir manipuler le verbe, et faire montre de ses qualités linguistiques, on peut en oublier l’essentiel, voire l’essence du roman noir : créer une atmosphère, une ambiance.
    Mais ici, je n’ai rien ressenti : je n’ai lu qu’une enfilade de mots. Dommage. Les personnages auraient mérité plus d’épaisseur. Aucune empathie ne ressort de cette lecture. Je n’ai pas réussi à comprendre où voulait en venir l’auteur.

    22/10/2019 à 20:50 4

  • Un cri sous la glace

    Camilla Grebe

    8/10 Qui dit « polar suédois » dit atmosphère froide où l’intrigue laisse la place aux personnages aussi attachants que torturés. Et ce ne sont pas les amateurs de Mankell qui me contrediront.
    Camilla Grebe fait sienne de cette recette et distille une histoire où les différents protagonistes, à tour de rôle, font avancer l’intrigue : Peter, un flic qui fuit ses responsabilités, peur de perdre ceux qu’il aime ; Hanne, intervenante privée pour la police, à qui l’on vient de découvrir les symptômes d’Alzheimer ; tous les deux se retrouvant dix ans après avoir fui une histoire d’amour ; et Emma qui cache une histoire d’amour avec son patron.

    Camilla Grebe sait nous manipuler avec un déroulement très prenant. Et on suit avec intérêt la vie de ces personnages, leurs relations compliquées, secrètes, leurs blessures, profondes et irrémédiables. Car l’auteure suédoise préfère développer la psychologie des personnages qu’une trame spectaculaire et sensationnelle. A chacun son style.

    20/10/2019 à 18:38 6

  • Le Deuxième homme

    Hervé Commère

    9/10 Dans une histoire d’amour, il n’y a jamais de place pour un deuxième homme. Et quand on en voit surgir un dans son couple, il y a un homme de trop. Par amour, il convient de prendre des mesures radicales.

    C’est le choix que Stéphane a fait par amour pour Norah au bout de 13 ans de vie commune. Lui, un homme sans véritable famille, « fils d’un fantôme et d’une bouteille de gin », raconte dans des lettres envoyées on ne sait à qui ni pourquoi son histoire. Il raconte son passé, son petit boulot de petit magouilleur en tant que vendeur de spiritueux et surtout sa rencontre fortuite avec Norah, une séduisante traductrice d’origine allemande. Et le coup de foudre a opéré. Leur amour est une évidence pour eux deux. S’ensuit une installation à Rennes où le couple vit un amour fusionnel. Jusqu’au jour où Stéphane, après avoir fait des recherches sur le passé de Norah constate que, contrairement à l’histoire qu’elle lui a dévoilée, son ancien fiancé, mort dans un accident de voiture, ressemble trait pour trait à Stéphane. Un choc pour lui qui s’interroge sur son véritable père qu’il n’a pas connu, sur le mobile de Norah et ses motivations dans leur vie de couple.

    Hervé Commère, que je découvre par ce livre, développe une atmosphère tendue et déploie un mystère lourd et pesant. On ne comprend pas ce que Stéphane a fait : a-t-il commis l’irréparable ? Pourquoi ces lettres ? On doute de tout, et on ne connaît que la vérité qu’à la toute fin du livre. Mais entre temps, on imagine toutes les hypothèses les plus noires que les autres. Et on enchaîne les pages pour pouvoir découvrir au plus vite la réalité. Un livre comme je les aime.

    19/10/2019 à 11:24 11

  • La Vie de ma mère !

    Thierry Jonquet

    8/10 Comme toujours avec Jonquet, il faut attendre les dernières lignes du livre pour bien appréhender l’histoire que le talentueux et maître du polar nous a concoctée.
    La vie de ma mère nous plonge dans la vie que Kevin, 12 ans, nous raconte avec ses mots en verlan et remplis d’expression de môme de cité de banlieue. Comment lui collégien en SES (section d’éducation spécialisée), il a zoné avec ses potes, rencontré Clarisse et a basculé dans la délinquance.

    Et la patte et le talent de Jonquet qui s’est approprié, de manière qui force le respect, ce langage de banlieue subliment encore une fois cette lecture. Mais pourquoi suis-je toujours épaté par cet immense écrivain ? Suis-je réellement objectif ? Je me soupçonne d’être devenu plus qu’un fan de Jonquet. Ne m’en veuillez pas, svp !

    17/10/2019 à 20:21 7

  • Salut à toi ô mon frère

    Marin Ledun

    8/10 Une lecture jubilatoire d’une histoire d’une famille complétement loufoque et barrée. Et Marin Ledun, comme nous à le lire, a pris énormément de plaisir à écrire ce livre : c’est drôle, aux expressions subtiles, rempli d’un humour aussi raffiné que cynique. Alors certes, l’intrigue n’est pas très recherchée mais on l’aura bien compris, elle n’est que prétexte pour se lâcher. Un peu d’humour dans ce monde de brutes et d’abrutis ne nuit pas à la santé. Allez, c’est ma tournée !!!

    16/10/2019 à 18:11 6

  • Les Lois du ciel

    Grégoire Courtois

    8/10 On a beau avoir été averti dès les premières lignes du livre que l’histoire va mal se terminer, que l’ensemble de ces enfants de CP partis en classe verte va périr, on n’y croit pas trop. Comment cette horrible destinée peut s’être abattue sur ces enfants innocents ?
    Alors on suit avec intérêt l’histoire que Grégoire Courtois nous dévoile, avec un style fluide où les événements s’enchaînent avec une horreur déconcertante et inextricable pour les personnages. Peu importe le mobile, peu importe les comportements irraisonnés. Nous lecteurs, comme les enfants, on est impuissants face à cette descente aux enfers, face à la mort certaine à laquelle sont confrontés tous les personnages. Ça fait froid dans le dos. C’est effrayant. Et on n’a qu’une seule envie face à ce terrible cauchemar : que tout s’arrête, tellement cette histoire est vraisemblable.

    15/10/2019 à 09:01 4

  • Le Corps noir

    Dominique Manotti

    8/10 Historienne romancière, Dominique Manotti écrit sur une page sombre et trouble de la 2nde Guerre mondiale : les gestapistes français et les policiers collabo. Ce qui fait l’attrait de ce livre c’est que l’auteure française déroule la trame de ce livre entre le débarquement en Normandie et la Libération de Paris, sous le trait de protagonistes qui ne cherchent qu’à se blanchir ou fuir.

    Roman où Dominique Manotti rend avec justesse compte de la tension de l’époque et du profit recherché de certains personnages sans moral ni complexe. Un roman puissant et intéressant, une page d’histoire merveilleusement illustrée.

    13/10/2019 à 10:04 6

  • Interception

    Marin Ledun

    6/10 Souhaitant poursuivre ma découverte de cet auteur talentueux, je continue à me plonger dans l'œuvre de Marin Ledun, les yeux fermés, sans lire les 4èmes de couverture, ni les avis. Interception est donc devenu ma lecture de ces derniers jours.
    J’ai ainsi découvert l’univers de ces adolescents épileptiques, qui grâce à un Professeur, vont exploiter cette maladie et pouvoir découvrir des mondes parallèles peuplés de spectres qui veulent imposer leur vie.
    Décidément, la littérature fantastique, encore plus quand elle est spécialement destinée aux adolescents, n’est pas faite pour moi.
    Je vais m’attacher à me consacrer aux livres un peu plus polardeux de Marin Ledun.

    10/10/2019 à 09:28 3

  • La Mort selon Turner

    Tim Willocks

    7/10 L’intrigue tient en une seule ligne. Dans cette Afrique du Sud, encore minée par son passé d’apartheid, un flic noir souhaite résoudre la mort d’une jeune Black, une laissée pour compte, tuée par un fils blanc de famille fortunée. Une histoire déjà usée, qui n’a rien d’original, à part des scènes d’une extrême violence où l’écriture puissante de Willocks fait mouche (la survie de Turner dans le désert).
    Cependant, il m’en fallait un peu plus pour exalter ma lecture.

    06/10/2019 à 19:28 7

  • Ils ont voulu nous civiliser

    Marin Ledun

    8/10 A l’image de cette tempête qui sévit tout du long de ce roman, l’histoire se déroule à 200 à l’heure. Avec des hommes meurtris et meurtriers, comme Alezan, cet ancien soldat de la Guerre d’Algérie, reclus dans cette forêt des Landes, vivant de ses seuls souvenirs de cette Bahia, son Amour perdu à jamais. Mais des hommes toujours en quête de rédemption ou de vie.

    Un roman poignant, touchant qui vaut plus pour ses personnages que pour son intrigue noire menée tambour battant. Marin Ledun signe un livre sensible et profondément humain.

    28/09/2019 à 11:04 7

  • Le Chant de l'assassin

    R. J. Ellory

    9/10 C’est au fil de l’œuvre d’un auteur qu’on peut se rendre compte de son talent. Et RJ Ellory en a un inouï. J’avais dévoré Seul le silence. J’ai été ému par Papillon de nuit. Mais ce Chant de l’assassin prend les tripes. Aussi bouleversant qu’attachant. L’auteur américain a un don extraordinaire pour raconter ses histoires aussi sombres que belles. Ici, il s’est dépassé.

    23/09/2019 à 15:09 8

  • Les Sept Morts d'Evelyn Hardcastle

    Stuart Turton

    6/10 L’avis dithyrambique de jackbauer sur ce livre avait plus qu’aiguisé ma curiosité. Surtout que les prix ou les éloges récompensant Les sept morts d’Evelyn Hardcastle avaient de quoi me mettre l’eau à la bouche : citer Agatha Christie (excusez du peu !) sur fond de labyrinthe spatio-temporel… Oui, c’est peut-être dans ce labyrinthe où je suis resté. Certes, la construction de l’énigme est originale : des individus se trouvent mis dans des corps d’hôte, pendant 24h et doivent chercher l’assassin d’Evelyn Hardcastle. Faute de quoi, ils devront changer de corps d’hôte, revivre la journée du meurtre et continuer ainsi tant que le meurtrier n’a pas été découvert. Le gagnant se verra devenir libre.

    La lecture est cependant fastidieuse. C’est long. Le pire c’est que j’avais l’amer sentiment que l’auteur inventait les règles de son histoire au fil des pages. Une intrigue fantastique (fantasque ?) qui ne fut pas ma tasse de thé.

    22/09/2019 à 17:04 8

  • La mort de Don Juan. suivi de L'affaire Carroll

    Ellery Queen

    7/10 Avec Le char de Phaéton et La course au trésor, La mort de Don Juan constitue le 3ème tome des livres publiés par Librio, qui reprennent partiellement le recueil de nouvelles parues en 1940 sous le titre The New Adventures Of Ellery Queen.

    On retrouve ici l’atmosphère calfeutrée et l’ambiance huis-clos qui font la marque de fabrique des deux cousins qui se cachent derrière ce pseudo.
    Dans La mort de Dom Juan, Ellery Queen va résoudre le meurtre d’un acteur venu au pied levé interprété avec une troupe d’amateurs la célèbre pièce de théâtre. Poignardé avant l’acte II, M. Benedict a juste le temps de dénoncer, dans un dernier souffle, l’héroïne. Mais est-ce bien la belle et séduisante Joan qui a assassiné Don Juan ? Grâce à une originale empreinte, Ellery Queen va pouvoir éclaircir cette intrigante énigme aux saveurs d’un cluedo.

    Dans la seconde nouvelle du livre, M. Carroll, avocat dans un cabinet new-yorkais, est sommé par son associé de rendre les 20.000 $ qu’il a détourné. Mais ce dernier est assassiné et tout accuse M. Carroll. Le seul alibi est la femme d’associé avec qui il passait la nuit. Mais pour éviter le déshonneur, M. Carroll ne souhaite dévoiler son alibi qu’en cas extrême. D’ailleurs, il a fait coucher ces aveux dans une lettre enfermée dans son coffre. Or, alors que le procès commence, la lettre a disparu. Et la femme est retrouvée morte. Ellery Queen va faire preuve de toute sa perspicacité pour faire la lumière sur cette affaire.

    16/09/2019 à 16:30 3

  • Le Manuscrit inachevé

    Franck Thilliez

    8/10 Après avoir mis de côté les livres de cet auteur suite à quelques lectures insipides (La forêt des ombres, notamment), j’ai redonné ma chance à Franck Thilliez. L’attrait du titre mystérieux et accrocheur de ce Manuscrit inachevé fut finalement une bonne initiative. Oui, j’ai dévoré ce livre malgré des situations un peu excessives dans lesquelles nous plonge Franck Thilliez.

    Dévoré, oui. J’ai tourné les pages, et j’ai pris plaisir à découvrir cette histoire où se mêlent amnésie, dark web, sérial killer, corps mutilés, jeunes filles enlevées, traite des prostituées, … Bref, tous les ingrédients les plus ténébreux des polars actuels. Mais cette accumulation poussée à l’extrême fut vite dépassée par le plaisir ressenti de l’auteur à écrire ce livre et par la volonté du lecteur à trouver la clé de l’énigme qui, comme l’enchevêtrement des livres dans ce livre, apparaît comme une vraie originalité dans l’univers du polar actuel.

    Un roman noir plus qu’agréable à lire avec la découverte de la réponse qui donne paradoxalement le sourire face à une fin des plus tragiques et désespérantes…. Ou pas.

    16/09/2019 à 16:06 10

  • La Chambre blanche

    Martyn Waites

    9/10 Contrairement à ce que peut laisser penser le titre du livre, La chambre blanche est noir. Très noir. Martyn Waites confirme tout le bien que je pensais de lui après la lecture de son premier livre Né sous les coups. A l’instar de Dennis Lehane avec Boston, l’écrivain anglais raconte sa ville, Newcastle. Après la Deuxième Guerre Mondiale, Jack Smeaton, un soldat revenu hanté par les images des camps de la mort, rencontre son idéal politique à travers Daniel Smith, leader du Parti travailliste ; embauché par Ralph Bell, le plus gros entrepreneur du bâtiment de la ville, il construira le nouveau Newcastle ; Brian Mooney, après s’être enfui à Londres recherché par la police pour avoir sauvagement agressé un des fils Bell, revient sous une autre identité bien décider à prendre sa part dans cette nouvelle cité, où les tours s’élèvent aussi vite que les ambitions ; son ancienne fiancée, Monica, violée et prostituée dès son plus jeune âge, fait subir à sa fille, Mae, toutes ces horreurs de son enfance.

    Oui, c’est noir. On ne rigole pas à la lecture de La chambre blanche. Mais Martyn Waites, à l’image d’un phare dans cette mer agitée et cruelle, illumine d’espoir le lecteur. Car après la souffrance, il y a l’espoir. Pour l’avenir.
    Un auteur qui rentre dans la liste de mes préférés. Irrémédiablement.

    13/09/2019 à 10:26 6

  • Jesse le héros

    Lawrence Millman

    7/10 Ce livre m’a dérangé. Le dernier en date qui m’a fait cet effet fut My absolute darling de Gabriel Tallent.
    Jesse, cet adolescent perturbé, idolâtre son frère parti faire la guerre au Vietnam. En attendant son retour, il regarde les informations télévisées en espérant voir dans les images diffusées son frère aîné.

    Il vit seul avec son père, ayant été délaissé par sa mère. Ce dernier gère comme il peut, avec l’aide de la communauté locale, les actes délictueux de Jesse. Car s’il est obsédé par le Vietnam, il l’est également par ses parties intimes. Au point qu’il aime bien "s’amuser" avec sur qui s’approche de lui, et peu importe son consentement. Si ce ne sont pas des agressions sexuelles, c’est carrément des meurtres qu’il commet, et en toute innocence et détachement, n’ayant aucune conscience de ses actes. Alors, avec le conseil de son fils aîné, le père décide de le placer en institution. Mais quand Jesse comprend qu’il va devoir partir du domicile, il décide de s’enfuir et d’aller se réfugier là où il rêve d’aller : au Vietnam. S’ensuit une escapade des plus horribles et insupportables.

    Loin du chef d’œuvre oublié, Jesse le héro fut pour moi une lecture pesante d’une histoire noire et humainement éprouvante. Âme sensible s’abstenir.

    09/09/2019 à 15:50 5

  • L'Eté circulaire

    Marion Brunet

    7/10 Dans ce roman social noir, je ne peux que comparer Marion Brunet à une Zola du XXIème siècle. L’aspect de l’héritage social et la mise en scène des « petites gens », ces messieurs et mesdames tout le monde, correspondent aux trames des meilleurs romans de l’auteur du XIXème siècle. Si la comparaison s’arrête là, c’est que Marion Brunet est une auteure de son temps, aussi bien dans le style parlé qui rend la lecture facile et dans une histoire sociétale propre à notre société contemporaine.

    Une histoire sombre et malheureuse qui peut prendre par les sentiments les lecteurs un peu fleur bleue. Ce qui ne fut pas le cas pour moi. J’ai peiné à me laisser embarquer dans toute cette tristesse des gens ordinaires.

    04/09/2019 à 09:41 6

  • Le Pays des oubliés

    Michael Farris Smith

    9/10 Le pays des oubliés est un roman noir, très noir. Cette noirceur et ce désespoir sous la plume de Michael Farris Smith sont paradoxalement beaux. L’auteur américain, avec son écriture puissante et âpre, décrit une Amérique des oubliés, de ceux qui n’ont pas de chance, les exclus, ceux qui se trouvent à la marge, les laisser pour compte. Jake Boucher fait partie de ceux-là. Il a multiplié les orphelinats jusqu’à ce qu’il ait été accueilli par Maryann, une exclue elle aussi du fait de son orientation sexuelle. Il a dû se battre dans la cour de récréation. C’est logiquement qu’il s’est entiché des combats illégaux à mains nues. Il a même acquis une certaine renommée dans ce coin du Mississipi. Mais aujourd’hui à plus de 40 ans, son cerveau et sa mémoire en subissent les conséquences. Il est obligé de tout noter dans un carnet. Et ses maux de tête ne passent qu’à coup de petits cachets rouges et bleus avalés à grandes rasades de whisky.

    Entêté et orgueilleux lors de combats truqués, il doit une dette de jeu assez conséquente à Big Momma Sweet, la bootlegger locale. Alors qu’il a la somme sur lui, une sortie de route les lui fait perdre dans le fossé. Maryann vit ses derniers jours dans la maison de retraite locale. Sa maison va être vendue aux enchères. Et par reconnaissance pour celle qui malgré tout toujours a été à ses côté, il souhaite réunir cet argent.
    Il va faire la rencontre de Annette, une jeune gogo danseuse au corps tatoué. Adepte de l’Eglise de la coïncidence, lui permettant de se remettre au hasard dans ses choix de vie, elle pourrait offrir à Jake une nouvelle destinée. Mais est-ce ainsi que cela marche au Pays des oubliés ?

    26/08/2019 à 14:25 6

  • L'Homme qui a vu l'homme

    Marin Ledun

    8/10 C’est l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’homme… qui a vu l’ours. C’est ce qu’on dit quand on ne se sait rien et qu’on ne veut surtout pas être mêlé à quelque histoire trouble. C’est bien la formule qui s’applique au Pays basque en cette période 2009 où ETA milite et s’active à défendre son indépendance face aux Etats français et espagnols. Mais les militants disparaissent. Certains refont surface après avoir été torturés. D’autres non. C’est le cas de Joskin Sasco, qui n’a pas donné signe de vie depuis le 3 janvier soit plus de 10 jours après. Sa famille souhaite mettre sur la place publique cette disparition inquiétante. C’est dans ce contexte que le journaliste Iban Urtiz va prendre à cœur cette affaire. Malgré les menaces qu’il subit, il va plonger corps et âme dans la recherche de Joskin Sasco. Qui est derrière tout ça ? A qui profite le crime ?

    Plus qu’un roman sombre ou thriller, c’est un véritable cri de colère que Marin Ledun propose en écrivant sur cette guerre sans nom, une guerre qui ne dit pas son nom, une guerre sale où ne sont pas identifiés clairement les « méchants » et les « gentils ». A cent à l’heure, on lit les pages à la recherche, faute de vérité, d’une lumière qui éclaircisse cette période trouble et sombre. Et Marin Ledun nous y mène d’une main de maître.

    25/08/2019 à 11:41 7