L'Accident de l'A35

(The Accident on the A35)

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  • 9/10 Comme dans son précédent livre, La disparition d’Adèle Bedeau, Graeme Macrae Burnet nous explique en avant-propos que L’accident de l’A35 a été écrit par Raymond Brunet. Il est l’un des deux manuscrits découverts par hasard après sa mort. Et qu’il a décidé de le rééditer sous son nom afin de remettre en lumière cette œuvre à (re)découvrir. Bien évidemment, rien de tout cela est vrai, ni vrai ni faux, comme l’indique la citation de Sartre qui ouvre le livre. Mais qu’importe. Ce qui compte pour un écrivain, c’est que l’histoire soit vraisemblable.

    Cette histoire, c’est celle d’une enquête menée quasiment de manière non officielle par Georges Gorski, l’inspecteur de la police de Saint Louis, petite ville frontalière avec la suisse, sur un accident de route ayant entraîné la mort de Bertrand Barthelme. Ce notaire laisse une femme et un fils. Et des questions laissées sans réponse. Que faisait-il ce jour-là sur cette route, alors qu’il devait être à son club, comme tous les mardis ? Qu’est-ce qui a conduit la sortie de route de la Mercedes ? Pour les beaux yeux de la veuve, Gorski va mener son enquête. Pendant ce temps-là, Raymond, le fils du défunt, ayant trouvé une adresse dans le bureau de son père, va guetter dans la rue Saint-Fiacre à Mulhouse ce que son père pouvait bien faire.

    Autant j’avais bien apprécié La disparition d’Adèle Bedeau, autant j’ai plus aimé ce livre. Peut-être parce qu’on en apprend plus de la vie personnelle de Georges Gorski. Peut-être qu’on voit son personnage plus développé, en proie et ses problèmes de couples. Peut-être que l’intrigue est plus intéressante, également. Peut-être pour toutes ces raisons. En tous les cas, j’ai hâte de découvrir la suite avec « le deuxième manuscrit posthume de Raymond Brunet ».

    26/06/2021 à 10:36 JohnSteed (624 votes, 7.7/10 de moyenne) 5

  • 9/10 Une sortie de route : c’est ce qui a causé la mort de Bertrand Barthelme, notaire dans la ville de Saint-Louis. Mais lorsque l’inspecteur Georges Gorski vient apprendre la terrible nouvelle à son épouse, Lucette, et à son fils, Raymond, l’ambiance n’est pas aussi sinistre qu’attendue : elle est indifférente voire dans la retenue de l’allégresse. Autre élément qui vient titiller le policier : la veuve lui apprend que feu son mari n’avait normalement rien à faire à cet endroit ni à cette heure. Y aurait-il anguille sous roche ? L’accident en est-il vraiment un ? Le défunt avait-il quelques secrets à dissimuler ?

    Après La Disparition d’Adèle Bedeau, voici le deuxième opus de la série consacrée à Georges Gorski. Un peu plus de trois cents pages d’une bien belle tenue, forte et prenante, qui emporte le lecteur de la première à la dernière page. Graeme Macrae Burnet nous entraîne dans un ouvrage à l’ambiance poisseuse, où le flegme apparent des mots et des ambiances n’en est que plus trompeur. A la manière d’un Georges Simenon que l’écrivain semble avoir pris comme tuteur littéraire (la référence, notamment, à Saint-Fiacre, une rue où se rend le fils de la victime, n’est sans doute pas choisie au hasard), il se commue en portraitiste acide, usant du vitriol avec maestria, et nous livre des tableaux acerbes, notamment dans les rapports de couple. L’histoire se découpe nettement en deux parties, avec l’enquête de Gorski d’un côté, et celle de Raymond de l’autre, un adolescent mal dans sa peau, à la sexualité perturbée, qui va tenter de mieux connaître son paternel une fois mort que vivant. Il sera ainsi amené à côtoyer la belle Yvette, allant au-devant d’une terrible vérité. Dans le même temps, notre inspecteur résoudra une autre affaire, dont la chute, à la fin du vingt-deuxième chapitre, va tomber en quelques mots, habiles et judicieusement choisis, comme le couperet d’une guillotine. Tentant de renouer avec sa femme, Céline, dont il est séparé, et cherchant à récupérer sa fille, il se débat encore avec ses légers problèmes d’alcool, tout en entretenant sa mère qui perd la tête.

    Un roman qui, paradoxalement, érige son intrigue avec une immense économie de moyens tout en déployant une réelle puissance de percussion. Graeme Macrae Burnet nous régale de bout en bout, avec des atmosphères adroitement tissées, des personnages d’une rare densité humaine, et une histoire d’une crédibilité sans la moindre faille. Pour les fans de Geroges Simenon et les amateurs d’une littérature qui privilégie la peinture des âmes et des cœurs aux effets pyrotechniques, voilà un pur bijou.

    30/11/2020 à 07:00 El Marco (3432 votes, 7.2/10 de moyenne) 8