JohnSteed

556 votes

  • L'Horizon d'une nuit

    Camilla Grebe

    9/10 Connaît-on vraiment les gens qu’on aime ? Ne dit-on pas que l’amour rend aveugle ? Vastes questions que Camilla Grebe développe dans L’horizon d’une nuit.
    Roman chorale, ce livre apporte les versions des membres de cette famille recomposée suédoise suite à la disparition de la fille, Yasmin puis du meurtre du père, Samir.

    Dans cette famille, il y a la mère, Maria qui élève son fils, Vincent, atteint du syndrome de Down (Trisomie 21). Elle vit le parfait amour, notamment depuis qu’elle a fait la rencontre de Samir, ce médecin d’origine marocaine venu de France avec sa fille Yasmin, pour se reconstruire et fuir l’accident qui a tué sa femme et sa fille cadette.

    Une nuit, Maria reçoit un appel de Samir. Les bottes de Yasmin ont été retrouvées près d’une falaise, avec une lettre d’adieu. Yasmin est introuvable, et la police mène ses recherches. Les inspecteurs trouvent beaucoup d’éléments qui accusent Samir d’avoir tué sa fille….

    Encore une fois, j’ai été très séduit par cette auteure. Un livre que j’ai dévoré, tant la trame est parfaitement construite, une écriture simple, fluide et une histoire attachante et bluffante. Ce fut un réel plaisir de me plonger dans cette horizon le temps de plusieurs nuits. A vous de savoir désormais si l’on connaît vraiment les gens qu’on aime !

    30/06/2022 à 17:30 5

  • Dernier tour lancé

    Antonin Varenne

    9/10 Ce livre transpire la rage : la rage de vaincre, la rage contre le système, contre la société et l’hypocrisie. Antonin Varenne s’est lâché, son écriture est incisive, taillée dans l’arme la plus difficile à manier mais la plus percutante. Le mot est recherché, le verbe est assassin. Pourtant entre les lignes, le lecteur ressent de l’amour… Un roman puissant, hypnotique, et attachant.

    Pas utile d’être un fan voire un amateur de course de moto GP pour rentrer dans l’histoire. Ici on pénètre dans la folie des protagonistes, de celles et ceux qui se cherchent, qui vont au bout d’eux-mêmes, quand bien même personne ne sait véritablement où se trouve cette limite…
    Julien Perrault, le plus grand espoir des pilotes GP français. Sa dernière course l’a cloué dans un hôpital psy, le corps meurtri, rafistolé mais la tête ailleurs : restée sur le circuit du Mans, où est mort ou resté paraplégique deux pilotes dans un accident. Non tenu responsable, Julien n’a qu’une obsession : remonter sur selle. Aidé par sa psy et son pote un peu cinglé, mais surtout par son père, qui ne sait ni lire ni écrire, mais qui est… simplement son père qui l’a élevé en graine de champion.

    Antonin Varenne va nous faire vivre (au sens premier du terme) les coulisses des écuries, des sponsors, des médias,.. qu’il n’épargne pas. Il dénonce et démontre les ravages du système et de la course aveugle que tous les protagonistes suivent comme des moutons…

    Un puissant livre dont on tourne les pages aussi vite que la moto n°5 de Julien sur le circuit du Mans.

    30/06/2022 à 13:23 4

  • Les Miracles du Bazar Namiya

    Keigo Higashino

    9/10 Depuis longtemps, je me disais et me répétais qu’il fallait que je découvre rapidement cet auteur japonais aussi reconnu que plébiscité. Et je suis tombé sur Les miracles du bazar Namiya, alors qu’en bon amateur de polar, j’aurai dû arrêter mon choix sur les romans « policiers » du Japonais.
    Mais voilà, je suis tombé sur cette histoire de fiction, de science-fiction, de couloir temporel, … Et autant le dire de suite : j’ai adoré ce livre, rempli de bienveillance, un brin philosophique, et d’amour.

    Oui, j’ai été captivé par ces 3 garçons qui, réfugiés le temps d’une nuit dans une boutique désaffectée, vont remplir le rôle de l’ancien propriétaire qui délivraient par courriers ses conseils auprès de personnes vivant dans des époques passées. Envoûté par la plume d’Higashino qui, emprunte de sensibilité, raconte comment la vie des protagonistes, à des époques éloignées, est très liée voire dépendante.

    Voilà, je laisse découvrir cette belle histoire aux lecteurs et lectrices qui veulent rêver aux miracles, croire en la bienveillance, et constater que la vie peut être belle aussi.

    29/06/2022 à 15:46 8

  • Le Monde à l'endroit

    Ron Rash

    8/10 Même si ce roman est loin du monde du polar, il n’en est pas dénué de noirceur, notamment par la présentation de la vie de Travis Shelton.

    Ecarté de la vie scolaire, il occupe un petit boulot dans un supermarché. En froid avec son père, cet adolescent aime pêcher et à compliquer sa vie. C’est ainsi qu’il a volé des pieds de cannabis de la famille Tommey. Celle-ci va se venger en lui coupant un tendon d’Achille.
    Hébergé par un ancien professeur devenu dealer, Leonard, Travis va se reconstruire, apprendre le monde brutal des adultes, et essayer d’entrer dans le monde à l’endroit.

    Ron Rash offre un beau roman sur l’apprentissage, la rédemption, l’humanité, les racines et l’amour paternel sublimé par des paysages flamboyants et majestueux de la Caroline du Nord.

    29/06/2022 à 15:23 6

  • La Mort viendra, petite

    Jim Thompson

    8/10 Dire que Jim Thompson est un génie du petit polar serait enfoncer une porte ouverte, une banalité pour les amateurs du genre. Il a acquis ce titre en offrant des livres où il dépeint différents protagonistes aussi banals qu’originaux. Banals, car Thompson pioche ses héros dans la société américaine profonde, des Monsieur et Madame « tout le monde ». Originaux, car ils sont caustiques et à part. Surtout que Thompson sait les mettre dans des situations assez particulières.
    Ici, une histoire de combine pour mettre en place un enlèvement d’un gosse de riches. Mais avec un ancien boxeur aussi dérangé que gentil, alias Kid Collins, surmonté d’une alcoolique extrême, à la fois allumeuse et sainte nitouche, Fay, et d’un manipulateur, Oncle Bud, rien ne sera banal.

    Sorte de huis clos, raconté par le Kid, La mort viendra, petite est un très bon polar où le talent de Thompson est présent à chaque page.

    22/06/2022 à 19:20 5

  • Une putain d'histoire

    Bernard Minier

    7/10 J’ai découvert cet auteur très récemment avec son premier livre, Glacé. Un livre que j’ai trouvé plaisant sans pour autant être tombé sur une histoire détonante. C’est donc avec une curiosité certaine et une attirance pour ce titre racoleur que j’ai lu cette « Putain d’histoire ».

    Si Bernard Minier intègre tous les ingrédients d’un page-turner efficace, les ficelles de l’intrigue sont trop grosses voire trop faciles pour avoir succombé aux charmes du livre. Car malgré tout, il n’en manque pas. Cette bande de jeunes, style Club des Cinq, ayant prêté serment de découvrir ensemble la vérité, cette bourgade de l’Etat de Washington avec ses îles, ses phares, ses orques… Oui, l’atmosphère, l’ambiance, et le meurtre sordide d’une jeune fille et l’accusation du jeune héros… Tout était bien en place pour tourner les pages le plus vite et connaître le dénouement.

    Mais voilà, je n’ai pas trouvé cette putain d’histoire crédible à cause de facilités dans l’explication et de incohérences dans l’intrigue (relisez le début après avoir lu la dernière ligne). Encore une fois, je tombe sur une histoire plaisante sans tomber sur une intrigue qui aurait mis en émoi tous mes sens littéraires.

    15/06/2022 à 16:12 4

  • Les Ombres de la nuit

    Thomas H. Cook

    8/10 Port-Alma est une petite bourgade en bordure de mer, comme son nom le laisse supposer, dans le Maine. Dans ces années 30, la vie locale est rythmée par la tranquillité et la paisibilité des lieux.

    A l’image de leurs parents, Cal et Billy, deux frangins, ont des caractères très différents, opposés voire complémentaires. Après ses études de droit, le rationnel et cartésien Cal travaille pour le procureur, tandis que le romantique et sentimental Billy a repris la succession de son père au sein du journal local.
    Après l’assassinat de Billy, Cal décide de retrouver coûte que coûte la belle et charmante Dora March, la dernière personne à avoir vu son frère vivant. Tandis qu’il essaie de suivre la trace de cette fugitive, Cal se rappelle comment Billy est tombé amoureux de Dora, et lui séduit par cet être rempli de mystères.

    Les ombres de la nuit est un livre passionnant dont l’intrigue est magnifiquement construite par Thomas H. Cook. L’auteur offre avec ce livre une lecture vraiment addictive.

    14/06/2022 à 17:42 5

  • Les Promises

    Jean-Christophe Grangé

    6/10 Exercice périlleux de proposer un polar historique avec pour toile de fond la 2nde Guerre mondiale et pour protagonistes les SS. Notamment à cause d’auteurs qui excellent en la matière : Philip Kerr, Luke McCallin, Birkefeld et Hachmeister, Cay Rademacher ou Harald Gilbers,…

    Alors quand l’auteur des Rivières pourpres, de Miserere et du Serment des limbes, pour ne citer que ces titres, décide de prendre pour cadre le Berlin des années 30 et d’y dérouler une enquête sur des meurtres de femmes belles et riches, j’ai été ravi et j’en salivais d’avance.

    Mais je ressors mitigé de ces Promises. Rien de bien mirobolant ni de transcendant. Un polar de bonne facture avec un trio de personnages intéressants (le début d’une série ?), mais pas d’intrigue ni les habituels rebondissements scotchants. Seules les 100 dernières pages (la dernière partie) avec une présentation intéressante des gens du voyage et leurs traditions dans l’Allemagne nazie ont relevées mon intérêt pour ce livre.

    08/06/2022 à 14:57 8

  • Glen Affric

    Karine Giebel

    8/10 J’ai dévoré ce livre. Littéralement absorbé par l’histoire de cette famille Mathieu que la vie n’a pas épargnée. Une vie de misère où les quelques rayons de soleil finissent toujours par être remplacés par de gros nuages noirs.

    A commencer par Jorge, le frère aîné, qui sort de prison sous liberté conditionnelle après 16 ans d’incarcération pour un double homicide pour lequel il clame l’erreur judiciaire. Et Léonard, adopté après avoir été trouvé dans un fossé, qui est harcelé, traité de débile, de bâtard, dans son collège à cause de sa différence physique et intellectuelle. Sans parler de Mona, la mère, qui remplie d’amour pour ses fils, fait tout pour que cette « vie » leur soit la plus douce possible…
    Mais leur vie est parsemée de nuages noirs que Karine Giebel distille au fil des pages.

    Oui, j’ai lu en 24 heures ce livre. Même si Karine Giebel a proposé des histoires plus sordides et alambiquées et dont les fins semblent moins convenues que celle-ci, Glen Affric est un roman sombre et triste, qui ressemble fortement à Jusqu’à ce que la mort nous unisse. Pas son meilleur livre mais un des plus attachants.

    07/06/2022 à 14:14 7

  • Inflammation

    Eric Maneval

    8/10 Un soir d’orage, Jean apprend que sa femme, Liz, a disparu. Partie en voiture, le gué sur lequel elle roulait s’est écroulé. Les secours n’ont retrouvé que son sac…

    L’espoir de la retrouver vivante s’amenuise au fil des heures. L’inquiétude va aussi vite laisser place aux questions. Seuls avec ses deux enfants, Jean cherche à comprendre ce départ précipité de sa femme. Il va aussi, au regard des questions de la gendarmerie, comprendre qu’il ne la connaissait pas. Elle gérait tout dans le couple, lui s’occupait de ses chantiers de réhabilitations des maisons anciennes dans le village, et elle des locations et des locataires… Et le mystère s’épaissit au fil des pages…

    Totalement happé par ce roman subtile et original, j’ai été aussi bien en colère contre l’incrédulité de Jean (comment aimer une personne qu’il ne connaissait pas ? – oui, l’amour rend aveugle, certes…), dérouté par l’extravagance des situations, et séduit par l’intrigue.

    Au final, un court roman noir plaisant qui laissera d’agréables souvenirs de lecture.

    30/05/2022 à 16:58 3

  • Seul le silence

    Fabrice Colin, Richard Guérineau

    8/10 Exercice périlleux mais réussi que d’adapter en BD le livre de RJ Ellory.
    Seul le silence développe une atmosphère pesante et une intrigue délétère, où chaque page est remplie de soupçon et renforce la paranoïa.
    Cette BD retranscrit avec justesse et fidélité le roman grace aux couleurs sobres et aux traits simples des personnages.

    Un complément indispensable au chef d’œuvre de RJ Ellory.

    30/05/2022 à 16:22 2

  • Surtensions

    Olivier Norek

    9/10 Surtensions clôt admirablement ce triptyque consacré à Victor Coste et son équipe qu’on a découvert et aimé tout au long des enquêtes. Surtensions dépasse ses 2 prédécesseurs en laissant une part bienvenue à une intrigue très alambiquée et aux multiples rebondissements. Avocats corrompus, milieu carcéral infernal, ….

    Olivier Norek dévoile son talent dans en multipliant, sans se perdre, les intrigues et en développant les personnalités des protagonistes (y compris les « malfrats »). Cela fait de Surtensions un polar addictif et une vraie réussite du genre.

    Finalement, cette trilogie n’en est pas une, puisque l’auteur a décidé de nous offrir une suite aux aventures de Coste et de son équipe qui se déroule dans Les brumes des Capelans. A suivre…

    27/05/2022 à 18:36 4

  • Territoires

    Olivier Norek

    8/10 L’équipe de Victor Coste est sur les crans suite aux meurtres de caïds de la cité de Malceny. En jeu, la possession du marché de la drogue dans le 93. Olivier Norek développe son intrigue, comme à son habitude et n’épargne personne. Magouilles, corruption, émeutes… tous les ingrédients d’un polar made in 93 (enfin, comme on peut le voir dans l’actualité).

    Une intrigue plus étoffée, tout en gardant un rythme effréné. Efficace et passionnant.

    27/05/2022 à 18:35 5

  • Code 93

    Olivier Norek

    7/10 Après avoir apprécié les lectures de Surface et Entre deux mondes, j’ai décidé de m’intéresser aux premières œuvres d’Olivier Norek. Place donc à ce Code 93, premier volet de la série que l’auteur français consacre au capitaine de police Victor Coste dans ce Département de la Seine-Saint-Denis.

    Une entrée des plus fracassantes et spectaculaires : pas de temps morts, des chapitres courts et rythmés. Une lecture addictive sans pour autant avoir affaire au polar du siècle. Des protagonistes stéréotypés mais attachants.

    On sent que Code 93 est une première œuvre, d’un auteur ancien flic, qui maitrise son sujet mais dont l’intrigue pourrait être plus approfondie.

    27/05/2022 à 18:35 4

  • Nos vies en flammes

    David Joy

    8/10 Le titre du 4ème roman de David Joy est « Nos vies en flamme ». Pas « Vos » ni « Leurs ». « Nos », car l’auteur s’intègre dans ce roman d’une puissance étourdissante et d’une vérité effrayante. Et s’il s’intègre dans ce titre c’est qu’il maîtrise bien le thème pour avoir été lui-même confronté à l’enfer de la drogue.

    Ray Mathis, retraité des services forestiers, vit seul dans sa ferme isolée des Appalaches. Sa femme est décédée d’un cancer et il ne souhaite plus revoir son fils, Ricky, qui a sombré dans la drogue. Or un soir, un terrible appel téléphonique de sa part le supplie d’apporter 10.000 $ pour payer ses dettes, et éviter ainsi de mourir. Ray pioche dans ses dernières économies et part sauver son fils. Un sauvetage vain car Ricky va décéder d’une overdose quelques jours après.
    En colère Ray va décider de le venger et de s’en prendre aux caïds locaux.

    Dans cette contrée en proie aux incendies de forêt, le lecteur découvre le désastre dû à l’industrie pharmaceutique qui a inondé d’opiacés les populations, et développé une accoutumance aux drogues des rues.

    L’Amérique sombre dans une lente mort avec un aveuglement inquiétant des autorités. David Joy y a trouvé une source d’un roman aussi noir que terrifiant. Un roman dont la lecture s’impose tant pour la beauté de l’œuvre que pour son terrible sujet.

    20/05/2022 à 17:34 6

  • Je suis l'abysse

    Donato Carrisi

    8/10 « L’homme qui nettoie », parce que son métier consiste à ramasser les ordures ménagères, dans lesquelles il apprend tout de la vie des gens. Notamment des femmes d’âge mûr et seules. Notamment les blondes. Puis Micky se chargera d’elles… Pour se venger de sa mère qui l’a maltraité durant son enfance…

    « Mèche violette », « Fuck », qu’il a sauvé de sa tentative de suicide, dans le lac de Côme. Avec qui se sont créés des liens indéfectibles et inexplicables. Alors qu’il aurait dû l’éliminer…

    « La chasseuse de mouches » qui combat les violences faites aux femmes. Un dévouement sans faille dont on apprendra les motivations aux fils des pages….
    Car ce livre, outre sa puissance psychologique et l’addiction qu’il procure au lecteur, est un entonnoir, où la fin boucle les destins de ces êtres aux destins tragiques.

    Donato Carrisi, que je découvre par ce livre, sait manipuler et rendre ainsi addicte son lectorat malgré des facilités dans l’explication et le déroulement de l’histoire.

    14/05/2022 à 08:56 4

  • Une Patiente

    Graeme Macrae Burnet

    6/10 Cela fait un an, à peine, que j’ai découvert l’écrivain écossais et que je me régale de ses œuvres et de son style si unique. Car Graeme Macrae Burnet sait harponner son lecteur par ses histoires uniques, son humour so scottish, et surtout, ce qui le différencie des autres auteurs contemporains, l’origine de ses livres : des œuvres exhumées de caisses par des héritiers, des affaires de familles… Bref, Graeme Macrae Burnet se prône comme un passeur, un collecteur de documents, un intermédiaire des livres qu’il rédige sous sa plume. Derrière ce détachement, se cache un vrai talent….

    Une patiente n’échappe pas à cette règle. En 2019, l’Ecossais nous informe d’un mail reçu d’un amateur lui apportant matière à un livre : les cahiers rédigés par sa cousine sur l’enquête concernant le suicide de sa sœur qui suivait une thérapie auprès du troublant psychothérapeute oublié des années 1960. Et l’Ecossais nous offre la lecture de la vie de Collins Braithwaite, des cahiers de Rebecca Smyth.

    Si ce livre est attachant et la lecture est prenante, j’ai trouvé que Graeme Macrae Burnet était en petite forme. Le cadre du Londres des sixties aurait pu être plus exploité, et les attentes aux interrogations du lecteur se font encore attendre…. Un roman secondaire dans l’œuvre de l’Ecossais qui était jusqu’ici irréprochable.

    08/05/2022 à 18:58 6

  • Incident à Twenty-Mile

    Trevanian

    8/10 Twenty-Mile est une bourgade, située quelque part sur le flanc nord de la chaine des Medecine Bow Mountains, d’une poignée d’habitants dont la vie est rythmée par les ouvriers de la mine située à quelques miles d’ici, assoiffés d’alcool et de sexe. Le samedi soir est donc exceptionnelle : le bar et ses prostituées, le Grand Magasin, se préparent pour que tout le monde en ait pour son argent.

    Un jour au tournant du XIXème siècle, Matthew, un jeune orphelin, débarque de nulle part, avec un seul énorme fusil comme bagage, le seul bien hérité de son père. Avec comme seule ambition, décrocher des petits boulots pour gagner 2-3 pièces. Et séduire la belle Ruth Lillian. Et comme moyen pour y arriver : un bagout d’enfer, avec un soupçon de mensonges et de manipulations…
    Quand la petite bande de Lieder, échappée de prison, débarque pour faire main basse sur l’argent de la mine, Matthew se sent l’âme du Ringo Kid, le héro de ses livres de chevet,….

    Si l’œuvre de Trevanian est pauvre en actions dans ce huis-clos, elle offre une panel de personnages cocasses avec un style limpide et fluide que l’on se délecte de découvrir. Un western classique mais attachant.

    08/05/2022 à 18:18 7

  • Les Animaux

    Christian Kiefer

    8/10 Bill Reed tient un refuge pour animaux sauvages blessés, accidentés, qui ne pourraient retourner dans leur milieu naturel et sauvage, avec une quelconque espérance de survie. Hérité de son oncle, ce refuge constitue un endroit isolé, loin de la vie humaine et des souffrances du passé. Celui-ci va revenir en pleine face de Bill, en la personne de Rick. Libéré de prison, il réclame des comptes…

    Roman alternant passé-présent, Les animaux dévoile les tourments d’une amitié perdue, la quête désespérée d’une rédemption qui pourrait passer par l’amour, la communion (voire la symbiose) avec la nature et les animaux…

    Si les éléments réunis ici ne sont pas originaux (car ici ou là, les polars ruraux fleurissent à tout bout de champ), Christian Kiefer apporte une sensibilité vibrante et touchante. Son écriture pointilleuse et poétique nous porte vers des sentiments vrais, sincères et profonds. Un auteur contemporain qui possède un talent rare qui aurait pu mieux s’exprimer. C’est dire avec quel envie et espoir j’attends de pouvoir lire ses prochains romans.

    04/05/2022 à 13:20 3

  • L'hexamètre de Quintilien

    Élisa Vix

    7/10 Elisa, journaliste free-lance, habite dans un petit immeuble parisien. Un matin d’hiver, lors du ramassage des ordures ménagères, le corps sans vie d’un bébé est découvert. Elisa, qui n’a pas entendu de la nuit les pleurs du petit Yanis, comprend qu’il s’agit bien du bébé de 6 mois de Leila, qui vit seule avec sa fille, dans l’immeuble.

    L’enquête est confiée à Beethoven, inspectrice judiciaire, qui interroge les résidents de l’immeuble.
    Pierre, médecin urgentiste, qui travaille de nuit, pour s’occuper de son fils, depuis le décès de sa femme. Kévin, le fils en question, en pleine crise d’adolescence. Marco, commercial playboy dans un Apple store.
    Elisa, en quête d’article qui pourrait lui ouvrir la porte d’un emploi stable, adopte la méthode de l’hexamètre de Quintilien et se pose les fameuses questions relatives au meurtre de Yanis : qui ? quoi ? comment ? pourquoi ? combien ? quand ? où ? …

    Ce roman polyphonique, thème cher à l’auteure, est plus un roman qui développe les relations et l’intimité entre voisins qu’une enquête de police. Il permet de comprendre la vision de chacun face au drame, et de savoir au final ce qui s’est réellement passé. Une lecture courte mais plaisante et captivante de ce livre d’Elisa Vix qui nous avait cependant offert des romans noirs plus convaincants.

    29/04/2022 à 13:19 3