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7/10 1965, à Londres. Veronica a tout pour elle : jeune, belle et intelligente, elle n’en décide pas moins de se jeter du haut d’un pont avant d’être happée par un train. La thèse du suicide est indéniable, mais sa sœur ne comprend pas un tel geste. Elle découvre par hasard que le cas de Veronica correspond à s’y méprendre à celui d’une dénommée « Dorothy » qui a été traitée par le sulfureux psychothérapeute Arthur Collins Braithwaite. Espérant découvrir si l’une des séances n’a pas dérapé au point de conduire sa sœur à l’autodestruction, elle décide d’entamer une thérapie avec Braithwaite sous une fausse identité.
Graeme Macrae Burnet nous a déjà régalé avec des ouvrages comme La Disparition d'Adèle Bedeau ou L'Accident de l'A35, et c’est avec un plaisir constant que l’on entame l’un de ses textes. On y retrouve aussitôt la langue de l’auteur, agréable, travaillée, surannée juste ce qu’il faut. Ici, l’histoire a de quoi dérouter, et les amateurs de littérature policière pure risquent même d’être déçus : pas de meurtre au sens premier du terme, pas d’indice ni de réelle investigation. L’héroïne, dont on ne connaîtra jamais le véritable prénom, se lance dans un duel à fleurets mouchetés avec le thérapeute pour essayer de découvrir si ce dernier ne serait pas au moins en partie responsable du suicide de sa sœur. Le roman fait la part belle aux analyses psychologiques, aux rencontres, aux dialogues et à la genèse de ce personnage complexe qu’est Arthur Collins Braithwaite. Rudoyé dans son enfance par ses frères, détonant, le verbe haut, adepte d’une antithérapie – le titre de l’un de ses livres – où il faut déconstruire les thérapies telles qu’elles sont actuellement pratiquées, lettré, équivoque, son portrait est en soi une petite pépite. Néanmoins, le lecteur devra en passer par beaucoup de longueurs et autres circonvolutions sans pour autant que le final ne soit véritablement à la hauteur de ce qui pouvait avoir été espéré. Il faut dès lors considérer cet opus comme un habile jeu de cache-cache mental, une intéressante reconstitution du Londres de l’époque ou un subtil dédale moral, mais en aucun cas un authentique roman à suspense. De nombreux points viendront néanmoins surprendre et interpeler, comme cette étonnante et graduelle dissociation entre la protagoniste et le personnage qu’elle s’est fabriqué, ou encore le final, inattendu.
Un récit surprenant, hautement intellectuel voire intellectualisé, qui passionnera les amateurs du genre.avant hier à 06:58 El Marco (3430 votes, 7.2/10 de moyenne) 2
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7/10 Dans ce livre, j'ai eu l'impression que l'auteur a cherché à déstabiliser le lecteur et à s'amuser avec lui. C'est plutôt réussi, la construction de l'histoire est très curieuse. Les personnages principaux ont un grain de folie qui rend certaines scènes très drôles. Il y a cependant des hauts et des bas, j'ai beaucoup aimé certains passages, et d'autres m'ont paru longs et sans intérêt. Au final, un sentiment un peu mitigé mais qui penche vers le positif.
10/12/2022 à 13:06 gamille67 (2418 votes, 7.3/10 de moyenne) 3
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6/10 Cela fait un an, à peine, que j’ai découvert l’écrivain écossais et que je me régale de ses œuvres et de son style si unique. Car Graeme Macrae Burnet sait harponner son lecteur par ses histoires uniques, son humour so scottish, et surtout, ce qui le différencie des autres auteurs contemporains, l’origine de ses livres : des œuvres exhumées de caisses par des héritiers, des affaires de familles… Bref, Graeme Macrae Burnet se prône comme un passeur, un collecteur de documents, un intermédiaire des livres qu’il rédige sous sa plume. Derrière ce détachement, se cache un vrai talent….
Une patiente n’échappe pas à cette règle. En 2019, l’Ecossais nous informe d’un mail reçu d’un amateur lui apportant matière à un livre : les cahiers rédigés par sa cousine sur l’enquête concernant le suicide de sa sœur qui suivait une thérapie auprès du troublant psychothérapeute oublié des années 1960. Et l’Ecossais nous offre la lecture de la vie de Collins Braithwaite, des cahiers de Rebecca Smyth.
Si ce livre est attachant et la lecture est prenante, j’ai trouvé que Graeme Macrae Burnet était en petite forme. Le cadre du Londres des sixties aurait pu être plus exploité, et les attentes aux interrogations du lecteur se font encore attendre…. Un roman secondaire dans l’œuvre de l’Ecossais qui était jusqu’ici irréprochable.08/05/2022 à 18:58 JohnSteed (624 votes, 7.7/10 de moyenne) 6