schamak

104 votes

  • Station Eleven

    Emily St. John Mandel

    7/10 Un Post-A plutôt « light » où l’auteur s’attarde surtout sur les personnages, leur histoire, leur vie (avant et après cette fin du monde). Dans ce roman, paradoxalement, c’est davantage la poésie et la mélancolie qui prédominent (le souvenir d’un quotidien banal : un interrupteur qui diffuse de la lumière, un avion dans le ciel…) il y a très peu de scènes de violence même si la mort est partout comme une invitée familière.
    L’Art apparait comme un des remèdes pour le retour à la civilisation, mais finalement, il y a assez peu de scènes théâtrales. La construction du roman est le point fort (on ne se perd pas), mais je pense que pas mal de choses ont du m’échapper, et puis l’émotion est assez absente. Cela reste de la SF accessible, un livre qui fourmille de détails et de descriptions, mais auquel il m’a manqué UNE SCENE marquante pour que mon adhésion soit totale.

    17/01/2021 à 16:41 5

  • Sur la dalle

    Fred Vargas

    2/10 Quand sort la recluse était déjà médiocre.
    Celui ci est pire.
    Dans un mélange de tristesse et de colère, j'ai cessé la lecture. Pas pu aller au-delà de la page 160 (sur 509).
    Ce livre est une véritable purge. Il ressemble à un scénario fait d'interminables et d’assommants dialogues en enfilade.
    Oubliez l'atmosphère évanescente des premiers romans, ici, tout est sur-expliqué ad nauseam.
    L'enquête ? On s'en contrefiche.
    Mais le plus consternant, ce sont les personnages fadasses ou absents (Danglard) et notamment le plus important d'entre-eux.
    Adamsberg, totalement méconnaissable, a perdu son âme. Bavard aux confins de la niaiserie, on se demande comment il peut susciter l'admiration de ses pairs.
    Rupture consommée entre Vargas et moi.

    02/07/2023 à 22:54 5

  • Tape-cul

    Joe R. Lansdale

    4/10 Si on m'avait dit que je noterais mal un Lansdale !
    Ce n'est pas l'intrigue hyper mince (on ne lit pas cet auteur pour ça) qui fâche, ce sont les dialogues (d'habitude atout majeur) franchement lourdingues dans le genre grossier (surtout branché cul) surtout pas drôle. Hommes, femmes, gentils, méchants, tous causent pareils, même humour potache et traits d'esprits, on les confonderait presque. Les répliques et autres vannes tombent presque toutes à plat, c'en est même très pénible car ça donne aussi cette désagréable impression de remplissage. Tout est forcé pour provoquer la drôlerie au détriment même des personnages (et de leur crédibilité) qui en deviennent insupportables (y compris le célèbre duo). Au final, zéro tension, on frise la comédie burlesque un peu à la manière de l'Arme Fatale 4 (ici le nain qui jacte à tout va fait office de Joe Pesci).

    Alors ça fait "cool", un peu trop peut-être. Limite parodique.

    Un opus décevant au final.

    20/06/2018 à 00:11 5

  • Un café maison

    Keigo Higashino

    6/10 J'aime bien ce que fait Higashino.J'aime ses romans policiers, old school, la courtoisie et l'éducation de ses personnages, l'inventivité et la lente progression de ses intrigues, son suspense progressivement distillé. On a beau connaitre le meurtrier, cela ne nuit en rien à notre intérêt à suivre l'histoire. On ne cherche pas qui a tué, mais comment, et il faut être sacrément habile pour captiver son lecteur sans faire beaucoup de mystère sur l'identité de l'assassin.
    On retrouve tout ça dans ce "Columbo littéraire", mais en moins réussi, je trouve. La sauce a moins pris sans que je sache vraiment pourquoi. Peut-être l'histoire, plus faible, je ne sais pas trop. Et aussi, quelques concours de circonstances trop tirés par les cheveux.
    Culture oblige, les personnages sont effacés limite ternes, heureusement que le physicien apporte un peu de fantaisie et la jeune collègue policière son énergie. Les sentiments, amoureux notamment, sont pudiquement dissimulés, mais là encore, c'est propre à ce pays.
    On pourra aussi reprocher la manie qu'a l'auteur (un peu comme son homologue norvégien Indridason dont j'ai trouvé certaines similitudes dans le manière d'enquêter de son commissaire, n'attendez pas d'action, tout va se résoudre par le biais de déductions) de s'assurer que le lecteur a tout bien compris, ce qui donne parfois un sentiment de surexplication.
    Mais, je l'ai lu très vite, sans m'ennuyer, et je lirai les deux autres que j'ai déjà acheté.

    13/10/2019 à 11:39 5

  • Ville noire, ville blanche

    Richard Price

    8/10 Même si je me suis parfois égaré avec tous ces personnages secondaires et certaines scènes que j'ai mal visualisé, c'est un roman fort sans manichéisme avec des personnages profonds et subtils, des scènes extrêmement bien rendues grâce à une grande et puissante écriture (belle traduction). Une ambiance et des situations crédibles et d'un grand réalisme. Cela progresse lentement (ce qui renforce le sentiment de malaise en dépit de quelques longueurs), mais ça reste passionnant.
    Noir et brillant !

    20/12/2016 à 23:27 5

  • A la place de l'autre

    Guy Rechenmann

    8/10 À tous les amateurs d’action, les aficionados de rythme endiablé, les assoiffés d’hémoglobine, ce livre…n’est clairement pas pour vous !

    Pas de frissons.
    Pas de carambolages.
    Pas de coups de feu.
    Pas de poursuite.
    Pas de twist final.

    Non.

    A LA PLACE DE L’AUTRE n’est pas spectaculaire pour deux ronds.
    C’est MIEUX que ça.

    Ce roman policier se lit de préférence dans un rocking-chair, les doigts de pieds dans des pantoufles avec un feu de cheminée pas loin.

    J’ai passé un très bon moment.
    Non, plus que ça : un délicieux moment.

    Ce roman est une précieuse gourmandise.
    On ne se bâfre pas avec.
    On savoure.
    On déguste.

    Nous connaissions Simenon et son Maigret à la pipe, Vargas et son « pelleteur de nuages » Adamsberg, voici Rechenmann et son « brasseur de vagues » Viloc.

    20-30 pages, c’est ce qui m’a fallu pour me laisser apprivoiser (bercer pour rester dans le ton maritime) par cette exquise indolence, cette lenteur (ne pas confondre avec longueur, la lenteur - dans l’Art - est une qualité pour moi) ouatée, cet humour souvent subtil ou débonnaire (de Anselme ou de son boss Plaziat jamais le dernier pour chambrer son flic), ces personnages lunaires et extravagants (Lucy, cette gamine incroyable).
    Et je préfère ça à des thrillers qui démarrent tambour battant avant de s’essouffler rapidement pour finir asthmatiques dans un dénouement (souvent guère crédible). ci, on prend son temps. Et on profite de la vue, du paysage, des senteurs, des mélodies. C’est un roman contemplatif pour jouisseur, pour oisif.

    Un roman pour les "lecteurs tortues".
    Et dans cette littérature actuelle de roman noir et autre thriller où ça fulgure à tout va, ça fait rudement du bien.

    Ici, les indices et les révélations se font presque de manière statique : on observe, on taille la bavette avec la voisinage, on épluche des archives, on spécule des théories fumeuses, on phosphore (l’auteur a du lire du Vargas, je pense), on fait des croquis. On y croise des chats (l'auteur les affectionne si j'en crois un de ses romans"le choix de Victor") , les pieds dans la vase, un médium, on évoque les esprits, les Egyptiens, ….
    Et c’est ainsi, de cette façon bancale, à tâtons, (à l’aveugle pour faire référence à la comparaison canine du comparse dessinateur), mais progressive et sans avoir l’air d’y toucher, de manière farfelue, ubuesque même, poétique souvent que l’énigme se détricote, fil après fil.
    Même les cadavres (et y’en a !) font partie de ce décorum tranquille. Ils tombent certes, mais sans tambour ni trompette. Le lecteur découvre ça au calme, sans surenchère, presque de façon surréaliste.
    Et j’aime ça.

    Certains diront que c’est un peu trop facile, peu crédible et même paresseux. Je ne sais pas. Surtout, je m’en fous. Je me suis laissé porter par cette paresse, cette léthargie jubilatoire, mais aussi cette humanité, ces anti-héros attachants, à leurs idées saugrenues, leurs bons mots, leur causticité, leurs sous-entendus…Moi qui ai beaucoup lu Ken Bruen (ou son personnage fétiche Jack Taylor résous souvent ses enquêtes accidentellement et en traînant la patte) j’applaudis. Car j’aime cette nonchalance, ce sentiment (faussement) passif qui habite les enquêteurs qui « aspirent » et inspirent la vie, toujours prompts à humer l’air marin, à écouter de la musique. Ainsi, même si l'intrigue reste l’attrait principal, tout ce qui gravite autour ajoute à cette atmosphère cotonneuse, musicale, poétique, qui pousse à la rêverie. Dans l’humour (avec moins d’acidité et de noirceur néanmoins, mais avec cette espèce de léger désenchantement), j’ai pensé à mon auteur contemporain préféré, le toulousain Jean Paul Dubois. J’ai aimé également les clins d’oeil ou les insertions de personnages de romans précédents (le dessinateur Léonard). J’ai aimé la tendresse délicate du héros vis à vis de sa nièce ou de sa femme (deux lignes où cette dernière l’attend sans un mot, un soir, ce amènera après coup la jolie confidence : « j’ai reconquis ma femme »).

    Des bémols ? Si peu. Bon je regrette quand même qu’on en sache si peu sur Sofia (peut-être qu’elle est plus présente dans les précédents opus), idem pour Solange dont les ébats avec Jeremy servent surtout de ressort comique. C'est bavard. Oui. Très. Mais c'est pas vraiment un reproche, ça fait partie des personnages et ce verbiage est un ingrédient essentiel au charme qui est distillé tout au long du récit.

    L’intrigue est très bien construite, captivante sous son air pépère, et historiquement intéressante (on y parle de la seconde guerre mondiale, de la collaboration, de la résistance, du mur de l’Atlantique…), on apprend des choses sans avoir le sentiment qu’on nous les assène. C’est fait modestement, par petites touches. La relative légèreté des 200 premières pages va prendre une tournure grave et presque maudite lors des flash-back et de l'histoire de la petite Marie, de cette vie, ces existences marquées du sceau du malheur et de la fatalité.

    Encore un mot pour le style (une écriture parfois argotique, un peu à la Frédéric Dard, mais en plus léger et moins imagé, ça se boit comme du petit lait) : je trouve que c’est pas mal d’insérer les réactions des personnages à la suite d’une ligne de dialogue (dialogues nombreux, souvent succulents). Oui, Il m’a fallu là aussi quelques pages d’adaptation, mais ensuite, j’ai trouvé que ça ajoutait à la fluidité ; une bonne idée en définitive que d’éviter cette « cassure » d’aller systématiquement à la ligne. Bien vu.

    Je ne vais pas tourner autour du pot : j’ai déjà commandé FLIC DE PAPIER et FAUSSE NOTE (et prochainement sort le dernier opus)

    11/02/2018 à 22:06 4

  • Des noeuds d'acier

    Sandrine Collette

    5/10 Pas franchement convaincu par ce "Captivity thriller" (vendu et primé en tant que roman policier, je me demande encore pourquoi), une espèce de "Misery" chez les ploucs (en nettement moins effrayant). Pas franchement en empathie avec le personnage non plus ; personnage auquel je n'ai d'ailleurs pas trop cru. L'auteure n'est pas parvenue à me faire frémir avec ces deux vieux géoliers. La thématique, pourtant intéressante, (l'esclavagisme et la domestication de l'humain et son ensauvagement) n'est pas tellement poussé au final. Pourtant, il aurait été intéressant d'illustrer la perte progressive de repères de raison et une mutation bestiale mais en définitive, la victime n'évolue pas tellement durant ces 18 mois d'enfermement et de maltraitance. Cela tourne un peu en rond et j'ai tourné les pages sans véritablement me défaire de cet ennui poli. La plume, elle, n'est pas désagréable, mais assez anecdotique, rien qui ne marque l'esprit ou la rétine. Après, c'est le premier roman et il date un peu.
    En bref, mon premier Collette, pas le dernier, mais une déception.

    21/01/2023 à 15:01 4

  • Joyland

    Stephen King

    7/10 15 ans voire plus que je n'avais plus relu du King. Le Roi reste un conteur hors pair et signe un joli roman aux thèmes multiples (thriller, apprentissage de la vie, l'adolescence, la seconde chance, superstition, l'amitié...) doublé d'un hommage émouvant aux "vendeurs de bonheur" que sont les forains. Entre "La Ligne Verte" et "Stand by me". Le suspense est savamment dosé. Les personnages bien croqués et attachants. Seul le dénouement de l'intrigue est un chouïa décevant.

    Mais une lecture qui glisse tout seul.

    17/08/2016 à 16:38 4

  • L'Heure des fous

    Nicolas Lebel

    7/10 Points positifs :

    - Les personnages. Humains, des anti-héros notamment le Merlicht et sa tête de batracien (on est très loin du beau gosse ténébreux comme on en voit souvent). J'ai pas mal pensé à Vargas (la poésie en moins), mais Merlicht est davantage un Danglard (pour la culture et le côté renfrogné) qu'un Adamsberg. Les femmes n'ont pas des rôles de faire-valoir. Bien aimé comment l'auteur nous pousse à revoir notre appréciation sur certains autres personnages, je pense notamment à Dossantos qui au début m'a semblé être le dragueur lourdingue de base, sportif bas de plafond pour finalement être un brave gars, carré et loyal (c'est d'ailleurs bien vu que ce grand colosse sportif soit sauvé par sa collègue femme).
    - L'intrigue. Bien pensée. Les méchants, répudiées de la société, ont un but certes criminel, mais ce sont aussi des victimes d'un système. J'ai apprécié le caractère non manichéen.
    - Le passage dans les égouts est réussie, l'auteur a pris son temps et ça fonctionne en terme d'immersion.
    - Côté écriture, c'est très fluide et documenté (sans trop faire étalage).
    - Bon dosage entre la narration et les dialogues.
    - Certains trouveront que ça manque d'action, mais personnellement, j'ai aimé cette langueur (qu'on retrouve chez Vargas). On phosphore, on cogite plus qu'on castagne. J'aime, ça change où ça défouraille à tout va..
    - Le livre n'est ni trop court ni trop long. Bon équilibre.
    - Y a un parfois un côté old school (par le biais de l'argot) qui dégage un charme certain. Côté ciné, on pense forcément à du Lautner. C'est tranquille, pépère (dans le bon sens du terme).
    - J'ai aimé le petit message d'alerte en filigrane (en tout cas je l'ai pris ainsi) comme quoi on peut avoir des bonnes raisons d'être un "Insurgé" (j'ai dit "Insoumis" ?) mais que ça n'autorise nullement à user d'une extrême violence pour se faire entendre.

    Points négatifs :

    - J'ai eu du mal à démarrer et à m'attacher à Merlicht notamment, mais c'est peut-être moi. Les 50 premières pages m'ont paru poussives et Merlicht avec ses "putains" m'a agacé (avant que je comprenne le caractère systématique - c'est limite un toc de langage). D'un autre côté, je pense que l'auteur n'a pas cherché à nous rendre ce personnage d'emblée sympathique. Du reste, il ne l'est pas plus à la fin (même si on sent que c'est un type d'honneur avec un vrai sens de l'amitié - voir sa relation avec Jacques)
    - Les dialogues. Pas si mal (et c'est pas un exercice simple), mais peut mieux faire. Niveau humour, l'intention d'être résolument moderne (beaucoup d'influences télévisuelles avec une demi douzaine de séries citées) donne parfois un côté artificiel (bref ça manque de naturel).
    - Le running gag de la sonnerie de portable. Un peu trop redondant, à mon goût, le mieux est souvent l'ennemi du bien (mais j'avoue que je pinaille un peu).
    - Quelques rebondissements un peu trop forcés (même si j'ai compris l'intention), je pense notamment à l'intervention de Dossantos chez Latour.
    - Pas de grande révélation ou de twist final qui laisse sur le cul. Mais à la réflexion je ne suis pas certain que ce soit un vrai point négatif. Je préfère de loin une intrigue solide et linaire qu'un truc bancal ou pas crédible qui ne tient que sur la base d'un rebondissement venu de nulle part (beaucoup d'auteur de thrillers le font hélas).

    En conclusion : un bon petit roman policier (plus qu'un polar, y manque peut-être un supplément de noirceur), bien construit et bien écrit qui donne suffisamment envie de suivre cette troupe pour le second opus ("le jour des morts"que j'achète cette semaine en poche).

    21/10/2019 à 19:57 4

  • Le Secret d'Edwin Strafford

    Robert Goddard

    6/10 Le livre se lit très vite (750 pages quand même). J'ai trouvé le roman très bon pendant 500 pages et paradoxalement, le reste m'a semblé moins passionnant, abusivement bavard. Tous les protagonistes ou presque ne sont guère sympathiques. L'intrigue est pas mal, même si parfois on ne comprend plus trop les motifs ou on se demande si c'est pas un peu exagéré, inutilement compliqué voire tiré par les cheveux. Cela reste très plaisant (en dépit de longueurs, l'auteur se perd trop souvent dans les descriptions pas follement passionnantes), mais j'ai été déçu malgré tout car j'ai préféré "Par un matin d'automne" et "Heather Mallender a disparu".

    21/08/2016 à 01:57 4

  • Les Feuilles mortes

    Thomas H. Cook

    7/10 J'ai pensé à "JAKE" l'excellent roman de Bryan Reardon.
    C'est un vrai roman à suspense (pour le coup, il se lit très vite et ne contient aucun temps mort), mais également fin dans ses observations avec ses personnages complexes et son dénouement est très cruel.
    Moins profond et intrigant que "Sur les hauteurs du 'Mont Crève-Coeur', mais pas déçu non plus.
    Je relirai cet auteur à la plume précise et mélancolique tout en restant captivante.

    25/07/2021 à 02:12 4

  • Les Sept Divinités du bonheur

    Keigo Higashino

    7/10 Le précédent (Le Nouveau) m'avait un peu déçu.
    Celui-ci m'a bien plu.
    Quand on lit Higashino, on sait ce qu'on va y trouver. Ni plus ni moins.
    Une écriture ronronnante, mais agréable.
    Une intrigue bien fichue qui se déflore petit à petit.
    Pas d'action, rien de spectaculaire.
    Enfin, et surtout, derrière le suspense, la même et délicate petite musique mélancolique à l'image de ses personnages pudiques, mais touchants.

    25/07/2023 à 08:01 4

  • On se souvient du nom des assassins

    Dominique Maisons

    7/10 J'ai aimé. Déjà le style, crédible et raffiné, on est clairement plongé dans cette ambiance du vieux Paris. La retranscription est tout à fait convaincante, que ce soit le décorum ou le langage (avec toute la préciosité qui va bien). L'intrigue ensuite. Bon, le sujet bien que pas novateur est solide et le suspense est présent, et constant. Pas de grande révélation au final, mais je ne m'en plains pas car je préfère toujours une intrigue linéaire et solide à une enquête à multiple rebondissements avec un twist final (la grande mode) au détriment parfois de la cohérence. C'est plutôt bien construit. Le dosage action et réflexion est plutôt bien équilibrée et le dénouement - un poil bavard et longuet - j'avoue, m'a surtout plu pour ce qu'il met en lumière, la médiocrité de l'âme humaine.

    01/03/2017 à 00:44 4

  • Père et fils

    Larry Brown

    8/10 Chaque geste.
    Chaque regard.
    Chaque bruit.
    Chaque odeur.
    Tout est scalpelisé sous la plume de Brown pour créer l’immersion et sonder au plus profond l’âme de ses personnages.
    Dans ses instants lumineux et dans ses ténèbres.
    Quand les regrets se disputent aux remords.
    Quand la haine se prolonge à l’amour.
    C’est l’humanité.
    Toute l’humanité.
    Rien que l’humanité.
    Grand livre.

    20/08/2023 à 14:13 4

  • Sans pitié, ni remords

    Nicolas Lebel

    7/10 Retour sur le vif.
    « Sans pitié ni remords », troisième volet du capitaine Mehrlicht est à la hauteur des deux précédents.
    L’intrigue, comme toujours, est fouillée et rappelle combien l’auteur aime aussi cultiver son lectorat. Le travail de documentation est costaud et renforce le réalisme et la crédibilité de l’ensemble.
    En parallèle, l’auteur n’oublie pas de faire évoluer ses lieutenants dans leur vie privée (d’où la nécessité de lire les romans dans l’ordre selon moi) notamment en faisant la part belle aux femmes (Sophie Latour). L’attachement de Nicolas Lebel à ses personnages est manifeste et de plus en plus prégnant mais sans rien omettre de leur part sombre ou moins reluisante (Dossantos le bourrin cache une vraie sensibilité, Mehrlicht, comparé à Paul Presbois ou encore un batracien, est l’anti Coste - le flic de son pote Olivier Norek - par excellence). Ce même Mehrlicht qui sous ses airs désinvoltes et son mode de vie épicurien semble se suicider à petits feux. C’est un personnage très complexe et torturé par la culpabilité de par le cortège de malheur qu’il semble drainer avec lui.
    Sur d’autres personnages plus secondaires (genre Cuvier)le trait m’a paru forcé. En parlant de Cuvier, j’ai senti qu’au bout d’un moment l’auteur ne savait plus comment s’en dépêtrer.
    Un petit mot sur les bad guy.
    Ici, les méchants ne font pas de quartiers mais là encore, malgré l’atrocité de leurs actes, Nicolas Lebel leur tisse une histoire et nous fait aussi découvrir une part intimiste de leur personnalité à l’image de Vlad, ce assassin rongé par les scrupules en quête de rachat et d’apaisement.
    Nicolas Lebel atténue aussi la noirceur de son roman (même si l’auteur évite soigneusement tout racolage de scènes sanglantes) par un humour argotique et des running gags (sonnerie téléphonique) plus ou moins réussis. C’est plutôt amusant et ça dépeint bien le côté bonhommie franchouillarde qui colle bien au capitaine Mehrlicht.
    Bref, à défaut d’une construction super originale et spectaculaire (qui bien souvent masque une pauvreté littéraire) c’est un roman et un travail sérieux et solide, qui confirme que Nicolas Lebel, de par la densité de sa narration, son souci de combiner enquête et Histoire et de prendre le temps de bâtir des héros pétris d’humanité compte pour moi comme un des rares très bons auteurs de romans policiers français de ces 10 dernières années.
    Je possède les deux derniers de la saga.
    Alors comme dirait Jacques Morel sur sa pierre tombale, à bientôt Nicolas Lebel.

    20/08/2023 à 14:10 4

  • Surface

    Olivier Norek

    6/10 Pendant 200 pages, SURFACE répond aux attentes, ou plutôt aux miennes qui, à l’instar de ses précédents opus, n’ont jamais été immenses sans être pour autant petites. Le gars est un bon faiseur, et mine de rien, chez les Frenchies, ils ne sont pas légions.
    Bref, je lisais, peinard, en me disant : « OK, ça roule tout seul, efficace, descriptif mais pas trop, nerveux, rythmée. Bref du Norek dans le texte ». C’est ce que je cherchais. All good.
    Ensuite, c’est pas que ça se gâte, c’est que ça ronronne, et sans trop savoir pourquoi, j’ai commencé à m’ennuyer (juste un peu) sans vraiment m’emmerder (vous saisissez la différence ?).
    Je ne peux pas dire que l’intrigue soit mauvaise, non, mais ça ne m’a pas non plus captivé.
    Le final avec ses longues et pompeuses révélations grossièrement soulignées au marqueur (règle d’or : pas oublier d’assister le lecteur paresseux ou inattentif) ? Bof. Le dernier twist ? OK, ça passe crème.
    Je ne peux pas dire non plus que le personnage principal (une femme) soit lisse et sans aspérités, l’auteur parvient malgré tout à lui donner une certaine densité même si le côté badass-au-coeur-grenadine, c’est du recuit.
    Pas de scène marquante à se mettre sous la rétine (la seule qui me soit restée - No en califourchon sur son ex - est, malheureusement, aussi inutile qu’involontairement comique et ridicule).
    Malgré ça, j’ai avalé ce livre sans rechigner, mais sans passion.
    Au milieu du récit, Zorro (enfin Hugo) est arrivé. Sans se presser. Perso, je m’en serais allègrement passé.
    Mais voilà, Norek est un indécrottable sentimental.
    On peut être policier et être une midinette. Si un flingue est accrochée dans la main gauche du flic-auteur, dans l’autre cogne, il y a un bouquet de fleurs.
    Est-ce pour satisfaire ses lectrices (75% de son lectorat si j’en crois la file d’attente dans les salons genre celui de Saint Maur par exemple), il n’a pas pu s’empêcher de coller à son enquête une love-story un poil guimauve et franchement dispensable.
    Après, qu’on se le dise, chez Norek, ses héros masculins sont toujours des gars virils, ténébreux, courageux, avec un job risqué (le flic Coste dans la trilogie du 93, ici Hugo un plongeur) forcément irrésistible même pour les héroïnes féministes et fortiches comme Noémie qui derrière ses jurons de mec va fondre (très vite d’ailleurs) - cambrure de reins, et tout le barda de la gamine émoustillée - devant le beau mâle.
    L’autre souci chez l’auteur, c’est qu’il se fait un peu trop plaisir avec les dialogues. Faut reconnaitre qu’il est doué dans ce registre (je précise : surtout dans le dialogue court, dans les grandes tirades, c’est plus poussif et même assez boursouflé), ça claque, mais voilà TOUS les personnages (les collègues, le psy, le boyfriend, certains villageois, ….) ont le goût de la punchline, de la bonne répartie et donc on a le sentiment qu’ils jactent tous pareil. Pêché de gourmandise, sans doute, pour lequel j’ai plutôt de l’indulgence.
    Au final, SURFACE se lit vite, et globalement bien (j’ai même parcouru tous les remerciements qui confirment le fait que Norek, l’homme, m’a sincèrement l’air d’un chouette gars).
    Pas un grand roman, pas naze non plus. Norek a d’évidentes facilités, et une vraie sensibilité, mais ne s’est pas trop cassé la plume sur celui-là. « IMPACT », son dernier roman, vient de sortir. Comme tous les autres, je le prendrais et le lirais. Mais en poche.
    Voilà. Si je me précipite autant pour écrire sur le feu cette chronique (un poil bâclée, j’en conviens), c’est que demain, de ce livre, il ne m’en restera pas grand chose.

    31/10/2020 à 16:22 4

  • Surtensions

    Olivier Norek

    6/10 Un dernier (?) opus plus ambitieux que les précédents, qui se lit très bien, mais Olivier Norek a peut-être surjoué en chargeant la mule dans la construction de l'intrigue. D'où ce sentiment de trop plein. Enfin, gros bravo pour l'intensité des 100 premières pages. Qu'on ne retrouvera plus par la suite hélas (sans pour autant s'ennuyer).

    "Territoires" reste le meilleur de la trilogie.

    28/12/2017 à 18:53 4

  • Un long moment de silence

    Paul Colize

    6/10 Bien construit et fluide, le roman se lit sans encombre, mais aussi sans émotion particulière ce qui est assez fâcheux compte tenu du sujet.
    Le personnage principal est détestable, ça m'a par moment agacé.
    Je l'ai fini y'a pas si longtemps, mais je ne me souviens déjà plus trop de la fin qui m'a semblé un poil alambiquée.
    Pas mal donc, mais pas aussi bon qu'on me l'avait dit.

    24/05/2016 à 08:19 4

  • Atmore Alabama

    Alexandre Civico

    9/10 Tu te procures ce livre direct.
    Tu regretteras pas. Promis, juré, craché.
    Non, tu n'en sauras pas plus.

    Va falloir me faire aveuglément confiance.

    25/03/2024 à 14:17 3

  • Billy Summers

    Stephen King

    5/10 250 premières pages qui se laissent lire.
    250 dernières pages poussives.
    Au final, un roman moyen qui pourrait plaire aux novices du genre, mais décevra les plus rodés.
    Ambitieux, longuet et parfois mièvre, Billy Summers passerait plutôt pour un polar lambda s'il n'était pas signé King.

    25/10/2023 à 07:44 3