schamak

104 votes

  • Chiens de la nuit

    Kent Anderson

    5/10 J'ai un peu honte de le dire, mais je n'ai pas terminé ce livre (lu 300 pages environ sur les 600). Je lui mets la moyenne car le style ne m'a pas rebuté et le personnage principal est intéressant. C'est juste que le rythme est assez mou et que les réminiscences du héros sur la guerre du Vietnam a fini par me lasser. L'absence d'intrigue a proprement parler a peut-être été préjudiciable également. Bref, je sais que pour beaucoup ce livre est un must, mais voilà, j'ai tellement d'autres bouquins à lire que je voulais pas me forcer à poursuivre un bouquin qui ne m'emballait pas plus que ça. Mon droit de lecteur non ?

    12/07/2016 à 07:33 1

  • L'Opossum rose

    Federico Axat

    5/10 Pendant les 3/4 du livre, l'intrigue est prometteuse et même (assez) prenante à bien des égards (au point que j'ai passé outre les dialogues moyens et la bluette sentimentale sans grand intérêt). Mais dès qu'on bascule dans les flash-back et la période étudiante du héros, on sent que l'auteur, s'essouffle et fait du remplissage. Hélas son manque d'inspiration (les chapitres deviennent de plus en plus courts et expédiés) va se poursuivre jusqu'au dénouement franchement poussif et bâclé.
    Ouvrir les portes du ou des mystères, c'est audacieux. Savoir les refermer avec autant de brio, c'est une autre affaire. Il est toujours préférable pour moi d'avoir moins d'ambition, mais plus de rigueur. Ou alors laisser le lecteur trouver ses propres réponses plutôt que de lui en servir des médiocres.

    Axat est un auteur imaginatif, joueur, mais trop gourmand.
    Son livre n'a pas tenu la distance (500 pages).

    Derrière un titre faussement intrigant, L'OPOSSUM ROSE est un thriller qui se lit vite (écriture fluide), mais déçoit amèrement dans ses 50 dernières pages (souvent celles qui - injustement - restent dans l'esprit d'un lecteur quand il s'agit d'un thriller avec révélation).

    08/02/2018 à 18:00 6

  • Hôtel du Grand Cerf

    Franz Bartelt

    7/10 Un roman policier "à la papa" avec un inspecteur à quelques jours de la retraite, un flic atypique du genre Maigret, mais en mode obèse et grossier qui, sous sa corpulence et ses propos gras, cache une subtilité et une intelligence fines (et une blessure).
    La mise en route fut un peu longuette, les personnages secondaires nombreux (faut rester concentré) et le final un poil décevant, mais je ne regrette pas cette lecture.
    J'affectionne ce genre de roman où tout ne repose pas sur l'intrigue (qu'on suit avec pas mal d'intérêt malgré tout) mais sur l'écriture (précise), les dialogues (cocasses), l'humour (noir), le personnage principal (une espèce d'ogre grandiloquent et amoral), et une certaine philosophie de la vie.

    02/05/2020 à 23:34 3

  • Le rêve des chevaux brisés

    William Bayer

    7/10 Pas du tout d'accord avec Latimer.
    Si la seconde moitié est moins réussie, ce roman reste très au-dessus du panier de la plupart des polars grâce à une écriture de très haute tenue et une construction efficace et bien documentée (les comptes rendus psychiatriques sont très réalistes). A lire quoiqu'il en soit.

    26/07/2016 à 23:00 2

  • Artifices

    Claire Berest

    6/10 Pendant 300 pages, j’ai été très intéressé, et même captivé par l’intrigue originale et mystérieuse à souhait.
    L’auteure construit progressivement, méthodiquement, habilement son puzzle d’autant que l’écriture, hybride, moderne, mais enlevée m’a séduit. Bref, je passais un très bon moment à lire ce roman (qui se lit comme un roman policier, mais plus ambitieux).
    Et puis, sur les 100 dernières pages, tout se précipite, ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise chose, sauf que dans ce présent cas, je n’ai pas pu me départir de cette impression que l’auteur, impatiente, voulait se débarrasser de son histoire.
    La psychologie des personnages - deux femmes, Mila et Camille et un homme Abel - est assez fouillée, mais dans ce triangle amoureux, Camille est clairement le maillon faible tant j’ai eu du mal à croire à sa souffrance.
    Une fois le livre reposé et le soufflé retombé, je reste mitigé. Si je ne regrette en rien ma lecture qui m’a vraiment happé (le fond comme la forme) pendant les 3/4 du livre (même lorsque j’ai compris les tenants et aboutissants), mais je n’ai pas pu m’empêcher de penser qu’en dépit de la thématique intelligemment abordée (l’Art comme moyen de guérison après un traumatisme), il était difficile de comprendre et finalement de croire à cette histoire et aux motivations de ses protagonistes. Derrière le côté un peu baroque qui se dégage de ce roman audacieux dans son approche, il demeure au final et malgré tout quelque chose de factice, quelque chose qui sonne - volontairement ? - faux.
    En ce sens, avec ses interprétations multiples et cette impression d’esbroufe, le titre “Artifices” est très bien choisi.

    04/02/2023 à 21:54 2

  • Grossir le ciel

    Franck Bouysse

    8/10 Ce qui impressionne déjà, c'est l'écriture. A l"image des personnages, sèche, rugueuse, mais aussi pleine de poésie. C'est rare et appréciable une plume pareille.
    Le roman est court, mais le suspense est bien distillé et on accroche bien à l'intrigue en dépit de la linéarité du récit (vous attendez pas à un twist final). L'auteur semble bien connaître ce milieu rural (le réalisme des descriptions et du quotidien de ces hommes en témoigne), en tout les cas, le lecteur est rapidement en immersion et suit avec intérêt l'évolution lente et progressive du drame qui se joue. On pourrait reprocher en effet que pour des bouseux pareils, ils sont dotés d'une sacré répartie (même si les dialogues sont franchement bons), mais personnellement cela ne m'a pas gêné durant ma lecture. Je vais me procurer "Plateau" du même auteur.

    24/05/2016 à 08:47 10

  • Père et fils

    Larry Brown

    8/10 Chaque geste.
    Chaque regard.
    Chaque bruit.
    Chaque odeur.
    Tout est scalpelisé sous la plume de Brown pour créer l’immersion et sonder au plus profond l’âme de ses personnages.
    Dans ses instants lumineux et dans ses ténèbres.
    Quand les regrets se disputent aux remords.
    Quand la haine se prolonge à l’amour.
    C’est l’humanité.
    Toute l’humanité.
    Rien que l’humanité.
    Grand livre.

    20/08/2023 à 14:13 4

  • Sale Boulot

    Larry Brown

    7/10 Mon premier Larry Brown (oui, oui, je suis irrécupérable).

    Drôle par moment, mais surtout lucide, poétique et tragique, ce huit clos nocturne et court roman (200 pages), parle de la bêtise qu'est la guerre, où l'auteur témoigne - sans pathos ni misérabilisme - sa compassion pour ces gens simples aux rêves ordinaires, bousillés par la fatalité.

    A lire, naturellement.

    16/09/2018 à 09:05 2

  • Dans les angles morts

    Elizabeth Brundage

    8/10 Sous de faux airs de roman policier, et même de roman noir psychologique, ELIZABETH BRUNDAGE signe un livre dense et ample, à l’écriture précise et minutieuse, où plusieurs thématiques sont abordés et notamment des phénomènes de société (crise agricole, le féminisme, la vie de couple, les croyances, le poids de l'enfance), mais aussi l’art (la peinture), la philosophie…C’est un roman multiple, d’une terrible humanité. Ou plutôt d’une humanité terrible. Les apparences, la religion, la peur, la prédestination, tellement de choses sont abordés - habilement, sans forcer - que ça en donne le tournis.
    L’auteure n'oublie pas de distiller progressivement et brillamment la noirceur d’une ambiance où les destins comme les nombreux personnages (tous sont suffisamment développés et fouillés dans toute leur ambiguïté) s’assombrissent, et nous rappellent combien les démons - nos démons - dorment en nous-mêmes. Subtilement, par la biais de cette maison (un personnage à part entière) qui semble « choisir ses propriétaires », il est même question de surnaturel, mais c’est très finement suggéré.
    600 pages qui nous enveloppent et pour mieux nous happer, nous piéger, et même nous frustrer. Ne cherchez pas de moralité, la vie est souvent cruelle et injuste. D'une certaine façon, ce roman l'est et c'est pour ça qu'il sonne juste.
    Précédé d’une excellente réputation, celle-ci est fondée : DANS LES ANGLES MORTS (super titre, meilleur que l’original) est en effet un grand roman américain.

    23/08/2020 à 16:55 3

  • L'Eté circulaire

    Marion Brunet

    8/10 Ce qui impressionne surtout, c'est la justesse tendre, mais lucide du regard de l'auteure sur ces deux gamines, mais aussi sur ces hommes, ces femmes, tous ces gens qui sont comme "des bateaux troués, jamais très loin du naufrage". Cette acuité psychologique, servie par une plume affutée qui frappe, caresse, percute, effleure, griffe, mord, murmure, gueule fait la force et toute l'émotion de cet excellent roman noir où filtre encore dans une petite lucarne, le halo des rognures de l'enfance qui s'en va.

    Merci Marion Brunet.

    07/11/2018 à 01:00 10

  • Un avion sans elle

    Michel Bussi

    4/10 Bon, bah, j'ai tenu 300 pages. C'est déjà bien. Les personnages, sans nuance, taillés à la serpe, l'intrigue (inutilement ?) alambiquée. Pas franchement désagréable en soi, mais ça s'étire artificiellement comme si pour faire les 400 pages minimum requises il fallait forcément en rajouter au détriment du rythme (et en plus sans pour autant rajouter de la profondeur psychologique). Bref, j'ai lâché sans avoir le fin de mot de l'histoire (ce qui est très rare chez moi) et ça ne m'a pas gêné. A choisir, je préfère de loin GLACE de Bernard Minier qui a aussi l'avantage d'être sérieusement documenté (et puis çuilà au moins je l'ai terminé). Je cherche toujours l'auteur de roman policier ou polar français (pour les romans noirs, c'est déjà mieux) qui me procure autant de plaisir qu'un auteur américain comme Bruen, Lansdale ou irlandais comme Bruen (ou scandinave). Je désespère pas.

    30/05/2016 à 16:12 1

  • L'Empereur blanc

    Armelle Carbonel

    4/10 Le roman contient deux parties.
    La première est la plus fiable et c’est assez préjudiciable car elle fait 200 pages (50% de l’ouvrage).
    Cette partie souffre d’une écriture trop empesée (avalanches d’adjectifs et d’adverbes) qui rallongent lourdement et surtout inutilement le phrasé. L’auteure a l’appétit des mots mais en fait beaucoup trop (notamment dans les comparaisons ce qui est dommage car certaines fonctionnent bien). Je comprends cette gourmandise mais bien souvent «more is less ».
    De façon générale, Armelle Carbonel gagnerait à faire plus simple, plus sec, elle en a les moyens techniques (et je sais, la volonté désormais). Ici, le soin méticuleux, l’envie de bien faire et la rigueur employée confinent trop souvent à une préciosité grandiloquente qui va à l’encontre de l’effet recherché. C’est frustrant.
    Armelle doit davantage (se) faire confiance.
    Les personnages, nombreux, sont trop figés, ils manquent de chair et de densité, peu aidés, il est vrai, par des dialogues excessivement verbeux et pardon de le dire assez puérils (parfois l’impression d’entendre des ados).
    Là encore, il aurait fallu asséner de sérieux coups de serpe pour rendre tout ceci plus âpre, plus vif et plus percutant. Le lecteur n’a nul besoin d’être autant téléguidé, il faut lui laisser du champ quitte à ce qu’il s’égare.
    Armelle est plus convaincante et sans doute plus à l’aise dans le non verbal. Son truc à elle, c’est plus l’extérieur que l’intérieur, les lieux, leur histoire, leur légende ; son plaisir littéraire s’exprime davantage dans le fait d’habiller les lieux que les protagonistes.
    Bref cette première partie (un clin d’œil aux slashers qu’on connaît tous avec un petit côté Agatha Christien des 10 petits n*****.) ne m’a pas convaincu.
    J’ai pensé qu’il aurait pu être intéressant pour pimenter cette première partie d’y mettre un peu de second degré ; le cadre, les héros et leur métier (auteurs de romans d’horreur) s’y prêtaient bien. Je reste persuadé qu’on peut mettre de l’humour sans pour autant ôter le caractère anxiogène d’une atmosphère ou d’une scène (le cinéma asiatique y parvient magnifiquement).
    Ceci dit j’ai poursuivi car, le suspens, mine de rien est maintenu.
    Armelle prend un virage assez inattendu dans la seconde partie et stylistiquement parlant la forme m’a semblé moins lourde. Les nouveaux personnages (Dudley) un peu mieux incarnés, mais ça manque encore de profondeur et d’originalité dans le traitement. Et moi quand les personnages ne sont pas creusés, je me fous un peu de ce qui peut leur arriver. J’avoue en outre que Marcy la femme du flic est un ajout saugrenu et un peu parachuté.
    Si cette seconde moitié rehausse formellement l’ensemble, elle souffre de sa prévisibilité même si quelques surprises demeurent à la fin.
    Sans rien dévoiler de l’intrigue, on pense au cinéma de shyamalan (un de ses derniers films) mais je trouve que c’est insuffisamment exploité.
    Pour finir sur une note plus encourageante, l’autre thématique ( le racisme) n’est jamais inutile a rappeler (les passages de 1965 sont pour moi les plus réussis) les petits coups de scalpels sur le monde littéraire sont appréciables et le travail de relecture est sérieux (très peu de répétitions dans les formulations, sur 400 pages c’est tout sauf simple)
    Armelle a les armes, l’imagination, la sensibilité pour faire beaucoup mieux.
    Et je ne pense pas forcément au thriller.
    Même si mon retour semble sévère, je suis confiant pour la suite.

    20/08/2023 à 14:12 3

  • La Colère d'Izanagi

    Cyril Carrère

    4/10 Que Cyril Carrère Perso se rassure (si tant est qu’il soit inquiet), LA COLERE D’IZANAGI a des qualités. Déjà, il bénéficie d’une couverture très élégante, on peut y être sensible. Mais ce n’est pas tout.
    Venons en au contenu et à ce qui est essentiel à mes yeux (contrairement - mille fois hélas - aux amateurs du genre qui n’étalonne leur plaisir et n’évalue la qualité d’un thriller qu’à l’histoire, l’action, le twist final, bref, c’est ainsi) : la forme.
    L’écriture donc - la base, le B-A BA - de ce que, pour moi, doit être la Littérature. Ici, la forme est plutôt soignée (à l’image du prologue réussi), mais beaucoup trop lisse, j’ai trouvé qu’elle manquait de caractère. De tempérament. De grinta. A défaut d’avoir une “trempe”, j’ai tout de même apprécié ce soin même si j’avoue avoir grimacé sur certaines formulations que je ne pensais plus relire dans un livre. Mais passons.
    Là, où en revanche, je suis plus chafouin, ce sont les dialogues. Je n’aime pas lorsqu’il sont trop écrits, mais là, ils sont vraiment trop convenus et rendent les réactions parfois peu plausibles (celles de Suzuka quand elle découvre l’activité de Kenta). D’autres échanges m’ont carrément laissé perplexe (cf. la discussion entre Kenta et Minami à la fin, lunaire).
    En bref, cela nuit pas mal à la crédibilité, aux interactions entre les personnages qui en outre manquent de mordant, et amoindrissent aussi les scènes dites “fortes” (j’y reviendrais). Que Cyril ne se formalise pas : je trouve que 95% des auteurs français de thrillers se plante à cet exercice certes difficile, le dialogue étant presque un genre à lui tout seul.
    Je précise que ce caractère “propret” de l’écriture n’est pas forcément antinomique avec les caractéristiques d’un thriller même si, il est vrai, qu’en général, on s’attend à un style plus âpre, plus pêchu, plus musclé. J’en veux pour preuve les romans (qui peuvent sembler académiques dans la forme) de Keigo Kigashino (je précise qu’il ne s’agit pas de comparaison, mais juste de dire que le traitement formelle d’un genre peut revêtir plusieurs aspects) où le phrasé est tout en suggestion (art consommé voire épuré du dialogue) qui, finisse par tisser une ambiance et créer une espèce d’envoutement. J’ignore si Cyril, consciemment ou non, voulait reproduire (et ce n’est pas une mauvaise chose, on peut même y voir une forme d’hommage) une atmosphère à la Higashino, mais je me suis quand même posé la question.
    En revanche, j’ai davantage trouvé de finesse dans les descriptions liées au pays, aux habitations, aux us et coutumes, sans oublier à l’Art culinaire (la nourriture est quasiment une religion au Japon). D’ailleurs tout le volet culturel disséminé ça et là fut intéressant pour un néophyte comme moi, cela ne tombe jamais dans le guide touristique façon Wikipedia ou l’étalage prétentieux. Cyril est attaché au Japon où il vit, cette affection sincère est la partie réussie du livre.
    Donc, comme l’écriture m’est apparu très “sage”, forcément, je ne suis pas parvenu à ressentir un climax ; pour un thriller, bah, ça la fiche mal. J’ai lu ça et là que certains avaient trouvé le récit haletant ou oppressant. Ce n’est pas mon cas. OK, ça s’accélère vers la fin, sans être méga trépidant non plus. Si je devais citer un exemple, je prendrais la scène de la prise d’otage qui, en dépit de ce qui se joue, manque singulièrement d’intensité. Je l’ai lu sans ennui, mais sans éprouver cette urgence, ce danger, guère aidé là encore par des dialogues franchement bof (lors de la négociation).
    Mon autre problème porte sur l’autre socle fondamental d’un roman. Les personnages. Et comme pour l’atmosphère, il n’y a que l’écriture (et non l’acte - fusse t-il studieux et assidu - de rédiger et d’aligner des phrases) et seule l’écriture qui peut les rendre vivants, uniques, palpables. Presque humains.
    J’ai trouvé que nos deux principaux protagonistes manquaient de densité, que leur intériorité aurait pu être plus approfondie (sans pour autant en faire des tonnes). Je ne connais pas le Japon, mais dans mon esprit et de ce que je lis et vois, en matière de démonstrations affectives, il est beaucoup question de pudeur, de non-dits, etc.… Pour quelqu’un qui vit au Japon, j’ai naïvement pensé (et espéré) que Cyril, en matière de relation et de sentiments, jouerait davantage sur quelque chose de plus raffiné ; j’ai déploré ces dialogues verbeux qui sur-expliquent à défaut d’instiller. Par moment, c’est vrai, on perçoit un peu la douleur intériorisée de Hayato (scène dans le cimetière, au début). Hayato, je le dis en passant, dont je n’ai jamais vraiment compris ce qui le rendait si génial. Alors, oui, on nous répète qu’il est brillant, il faut donc le croire sur parole. La sensibilité de Noémie est, elle, un peu plus tangible. D’ailleurs, en parlant de Noémie, elle nous est dépeinte comme une mère célibataire débordée. Une fois encore, c’est écrit noir sur blanc, mais rien, ou si peu qui nous permette de le (re)sentir. Finalement de sa vie, on ne sait ce qu’on nous en dit. Je ne sais pas, peut-être qu’une scène d’intimité avec sa fille m’aurait aidé à être plus en empathie.
    Bon, comme c’est un thriller, je vais tout de même toucher quelques mots sur l’intrigue et ses thématiques. L’histoire n’est pas mauvaise en soi, mais je ne suis pas pleinement convaincu des motivations des “méchants”. Certes, le désespoir peut faire perdre la raison, mais j’avoue ne pas avoir bien perçu leur “logique”. J’ai aussi trouvé des facilités même si je suis assez indulgent pour ce genre de choses (je pense à la perspicacité incroyable des deux étudiantes). Quant à la thématique du Darknet, j’y connais que dalle, mais j’ai trouvé qu’on y entrait les doigts dans le nez (c’est peut-être le cas dans l’IRL) sans être vraiment emmerdé par les autorités.
    Enfin, pour finir sur une bonne note, parlons de la carte majeure de ce roman, car oui, Cyril a gardé un atout très astucieux dans sa manche. (non, je ne parle pas de la scène - expédiée - de l’aveu - interminablement bavard - du complice), mais bel et bien du petit tour de passe-passe orchestré par l’auteur. Ce n’est pas tout à fait un retournement de situation, plutôt un décalage. Le procédé est malin et bien fichu et je mentirais si je disais que je l’ai vu venir.
    Alors, cette petite acrobatie relève-t-elle la sauce de ce roman ? Clairement oui. Cela change t-il pour autant la donne sur mon appréciation générale du bouquin ? Je crains que non.
    J'en suis désolé.

    30/04/2024 à 07:38

  • La Fille dans le brouillard

    Donato Carrisi

    6/10 L'intérêt ne réside pas dans le style car l'écriture est absolument quelconque, mais dans le message sur les médias et sur notre influence, la célébrité à tout prix et notre voyeurisme. Certes, il n'y a rien de nouveau, mais l'auteur traite cet aspect assez efficacement. L'intrigue, elle, classique est tout de même bien menée, captivante par moment et forcément le lecteur attend une révélation qui soit à la hauteur. Hélas, le dénouement pour ma part n'est pas une énorme surprise (la faute à un indice un peu trop voyant et évitable). En revanche je m'interroge sur la nécessité du second et dernier twist final dans les toutes dernières pages. Celui-là est surprenant, mais je me demande si c'était si indispensable que ça. Au final, un thriller d'honnête facture (l'auteur sait raconter une histoire et la mener avec suffisamment de savoir-faire). Pas moins, mais pas plus.

    22/11/2016 à 12:11 2

  • Le Chuchoteur

    Donato Carrisi

    6/10 Points positifs :

    Une chose est sûre : on ne s'ennuie pas durant ces + 500 pages. Et l'ennui, c'est la pire des choses (et pas que en Littérature !).
    Certains personnages sont plutôt creusés (ce qui ne veut pas dire qu'ils soient attachants ou impeccablement réussis. Mais bon, au moins, ils ont un peu d'épaisseur). D'autres sont un poil caricaturaux, mais rien de très embêtant.
    Certaines réflexions sont intéressantes.
    La documentation est convaincante (inspiré d'une histoire vrai, ça se sent).
    Le suspense est maintenu tout du long.
    Je me suis fait surprendre une fois ! (sensation plaisante, ça faisait longtemps)

    Points négatifs (?) :

    Un seul véritablement, mais qui pèse beaucoup dans un genre comme celui du thriller et qui contrebalance l'appréciation générale.
    En effet, le déluge d'informations, de rebondissements, de twists finaux est assez trompeur. Dans un premier temps, ils ont un effet assez enthousiasmant sur le lecteur (enfin moi, quoi) à la fin du récit. Ensuite, quand on prend le temps de cogiter à froid, on s'interroge si c'est pas "too much" dans la surenchère (et les grosses ficelles) et surtout inutilement (comprendre artificiellement) alambiqué tout ça. Pour un thriller dont l'intrigue (et sa crédibilité) est un élément clé, c'est un peu gênant.

    Au final, je n'ai pas d'avis tranché sur le roman qui s'en sort avec un peu plus que la moyenne de par ses réelles qualités narratives (et parce que je suis aussi de bonne humeur).

    12/06/2018 à 00:59 6

  • La Daronne

    Hannelore Cayre

    8/10 Après Marion Brunet et son « été circulaire », je découvre une nouvelle plume féminine, acérée, percutante et plein de poésie (le paragraphe sur les couleurs est superbe).
    En 20 pages, ami(e) lecteur (rice), t’as déjà compris que t’as pas une manchote en face de toi.
    Franchement, c’est épatant tout ce talent.
    Bien documenté (l’auteure est avocate penaliste), ce court récit (175 pages) de la vie d’une petite fille incomprise, mal aimée , fascinée par les feux d’artifices devenue une femme révoltée qui bascule dans l’illégalité, est traité avec crédibilité et émotion (sans pathos aucun) doublé d’une vision acide et sans concession de notre système ( judiciaire mais pas que) , son hypocrisie, surtout notre place dans ce monde, notre quête du bonheur et la trace qu’on laissera.
    C’est carré, efficace, couillu comme son héroïne sans jamais perdre de sa grâce.
    Par pitié, laissez tomber les romans formatés au style impersonnel et personnages fadasses et allez user vos mirettes sur ces bouquins qui, c’est certain, n’iront pas faire les marioles sur les têtes de gondoles.

    16/02/2019 à 23:27 7

  • Jeannette et le crocodile

    Séverine Chevalier

    7/10 D’une écriture brodée, l’auteure raconte ces petites vies cabossées avec infiniment de soin et d’humanité. Tous les personnages sont travaillés et l’auteure ne les juge pas.
    Ce n’est jamais misérabiliste, mais c’est triste, très touchant. La critique sur le capitalisme est présente sans être agressive.
    C’est un court roman très réussi qui vous laisse une petite trace.
    À bientôt Séverine Chevalier.

    19/03/2024 à 18:01 3

  • Atmore Alabama

    Alexandre Civico

    9/10 Tu te procures ce livre direct.
    Tu regretteras pas. Promis, juré, craché.
    Non, tu n'en sauras pas plus.

    Va falloir me faire aveuglément confiance.

    25/03/2024 à 14:17 3

  • Dolorès ou le ventre des chiens

    Alexandre Civico

    6/10 En dépit de l’écriture toujours aiguisée et poétique de son auteur, c’est bien la déception qui prime à la lecture du (bien trop court) roman d’Alexandre Civico.
    Trop court en tout cas pour laisser infuser, croire et ressentir l’intensité de cet affrontement façon “Silence des Agneaux” inversé (en nettement moins sordide) entre ces deux marginaux, ces deux inadaptés de la vie. Dolores, tueuse en série, et révolutionnaire à son corps défendant (j’avoue que je n’ai pas toujours compris ses motivations réelles, si ce n’est le dégoût d’un monde, d’un système capitaliste) et Antoine, son psy cocaïnomane, dont le mal-être n’est guère plus explicite hormis cet absence de sens dans son existence (mais la mélancolie a t-elle besoin d’explication ?).
    A ce titre, leur joutes verbales sous forme de confidences, m’ont paru aussi précipitées qu’un peu trop écrites. Là encore, cette dualité méritait une évolution plus lente, plus progressive pour que je puisse adhérer à ce duel.
    De façon générale, même si les dialogues claquent bien, j’ai trouvé que tous les personnages, principaux comme secondaires, avaient un sacré éloquence et un fichu sens de la répartie. J’y vois là un petit artifice, une gourmandise d’auteur (pour laquelle j’ai pas mal d’indulgence). Je passerais sur le final que je trouve assez expédié.
    En tout cas, c’est bel et bien ce style racé, son phrasé court et imagé, dont la beauté et la force viennent, de temps en temps, vous percuter la rétine qui est son véritable et plus grand atout et qui ont fait qu’en dépit d’une absence totale d’empathie pour tous les protagonistes (hormis peut-être Chloé, bonne pâte mais dont se demande si son seul objectif n’est pas de tromper l’ennui de sa vie bourgeoise en s’entichant du mec torturé), j’ai lu ce livre sans déplaisir, mais sans émotion non plus, tout l'inverse de son précédent ATMORE ALABAMA dont la noirceur lumineuse m’avait piétiné le coeur.
    J’espère qu’Alexandre Civico, brillant styliste, ne m’en voudra pas trop, mais comme toujours, et fidèle à mes principes et au respect que je dois à tout auteur professionnel comme amateur, je me devais d’être le plus sincère possible.

    25/03/2024 à 14:14 2

  • Un long moment de silence

    Paul Colize

    6/10 Bien construit et fluide, le roman se lit sans encombre, mais aussi sans émotion particulière ce qui est assez fâcheux compte tenu du sujet.
    Le personnage principal est détestable, ça m'a par moment agacé.
    Je l'ai fini y'a pas si longtemps, mais je ne me souviens déjà plus trop de la fin qui m'a semblé un poil alambiquée.
    Pas mal donc, mais pas aussi bon qu'on me l'avait dit.

    24/05/2016 à 08:19 4