schamak

117 votes

  • Sur ta tombe

    Ken Bruen

    7/10 9ème (et dernière ? Les romans de Bruen ne sont plus traduits, misère !) enquête de Jack Taylor.
    Plus que jamais, notre ex-flic alcoolique de son état et amateur de Littérature, va déguster sévère, mais ne perdra pas son sens de la répartie ni son humour caustique.
    Bon, pour la rédemption et l'Amour, faudra repasser.
    J'ai encore pris beaucoup de plaisir assorti cette fois à un pincement au coeur : Ken Bruen n'écrira plus jamais de romans.

    06/04/2025 à 13:36 3

  • Le Cygne et la chauve-souris

    Keigo Higashino

    4/10 Enquête guère passionnante, passages redondants, rythme poussif, réactions des personnages peu crédibles (même si je ne suis pas expert en culture japonaise) ; bref je me suis emmerdé tout au long de ces 400 pages (dont 100 de trop).
    Ce Higashino fait flop.

    27/02/2025 à 20:50 2

  • Un coin de ciel brûlait

    Laurent Guillaume

    7/10 La qualité majeure de ce roman est son sérieux, sa rigueur. Fiction ou non, ça sent bon le réalisme, on y croit.
    Sa construction de facture classique - “classique” n’est jamais un gros mot - malgré des temporalités différentes, demeure solide, charpentée (comme son auteur Laurent Guillaume). Et mine de rien, le livre n’est pas exempt de surprises, et réserve son lot de révélations en terme d’identité. Il faut être attentif car les personnages sont nombreux, mais tout s’imbrique bien, c’est carré, très professionnel, ça suinte le métier, le savoir faire, tout ça renforcé avec l’expérience de l’auteur dont les connaissances du terrain ne laissent aucun doute. Du bon boulot.

    La violence retranscrite est sèche, aride à l’image du paysage, de la nature. Ne pas sublimer stylistiquement cette violence est sans doute un parti pris (si l’auteur me lit, il me confirma ou pas).
    Le romancier ne dévie jamais de son histoire et de son objectif premier, à savoir construire, maitriser son récit, son intrigue, en refusant de tomber dans l’esthétisme bling bling qui pourrait altérer l’implacable dureté des évènements ; faire du littéraire pour du littéraire ne semble pas l’intéresser. L’écriture est soignée, mais c’est vrai que j’aurais aimé quelques “fulgurances artistiques” ; un amoureux de l’Afrique comme l'auteur était capable je pense de glisser quelques trouvailles esthétiques et poétiques en guise d'hommages (à moins que ceux-ci m'aient échappés).
    J’ai lu sans jamais m’ennuyer et malgré les imbrications, les différents camps, les enjeux politiques, on ne se perd pas trop. Contrairement à ce que pense Neal lorsqu’il dit devant un diamant “tout ce sang versé pour ça”, ce n’est pas qu’une affaire de gros sous, ou plus exactement de gros cailloux. Sans rien dévoiler, les conséquences sont autrement plus terribles qu’une effroyable guérilla entre des rebelles et l’armée de la Sierra Leone. Mais, c’est aussi l’histoire d’une vengeance, la vengeance de l’enfance sacrifiée.
 Et d'une amitié qui survit aux années, aux douleurs, aux pertes. Parce que l'homme aux gros biceps et au gros cigare (oui, j'aime prendre des risques en parlant des auteurs, ex-flic de surcroit) semble être aussi un homme au gros coeur. Un sentimental.
    Des bémols ? Oui, légers, mais rien qui ne parasite la lecture.
    Ses portraits féminins sont peut-être assez convenus, (j’ai préféré la froideur calculatrice de Amanda à Tanya, embarquée dans cette historie et rattrapée par les souvenirs et la culpabilité, mais qui dont l’intériorité finalement n’est pas assez creusée même je sais gré à Laurent Guillaume de m’avoir épargné une love story cul cul entre la journaliste et son ami et collègue (oublié son nom). Enfin, les dialogues un peu trop verbeux, explicatifs et uniformes (tout le monde cause un peu pareil), j’ai senti que l’auteur y semblait moins à son aise que dans le registre narratif. Je n’imagine pas des tueurs sanguinaires (Cobra, Colonel Mosquito, Charles…) aussi bavards. Ressenti personnel, encore une fois.
    Le portrait de Neal, lui, est réussi car en dépit de ses actes, il a conservé des sentiments assez “purs” (il tombe amoureux, capable de pitié comme abattre quelqu’un pour l’empêcher qu’il ne soit torturé, il n’est ni fier ni honteux de ce qu’il a fait) et des principes qui n’en font pas une crapule absolue (il ne tue ni les gosses, ni les femmes) ; oui, sous son coeur cuirassé de guerrier et d’assassin, demeure un vestige d’enfance mutilée, des blessures, et une culpabilité qu’il ne pourra jamais oublier. Son rapport quasi filial qu’il entretient avec certains de ses mentors rebelles (notamment le vieux sergent) renvoie toujours l’image de cet enfant en quête de socle, de figures paternels, c’est assez touchant. En tout cas, cette ambivalence est bien rendue.
    En résumé, UN COIN DE CIEL BRULAIT est un solide roman mi aventure mi-thriller, mais aussi un drame humain sans concession sur l’horreur des guerres avec en filigrane l’histoire de ces enfants sans enfance embrigadés et broyés par les hommes ; un roman qui m’a diverti avec efficacité et intelligence - et là encore, le combo n’est ni aisé ni fréquent - il mérite d’être lu. 



    09/02/2025 à 10:43 2

  • Profil perdu

    Hugues Pagan

    8/10 La plume est toujours aussi classieuse, ce mélange de crudité et d'élégance qui vient habiller une histoire classique, mais solide tout en radiographiant avec acuité la vie souvent sordide des flics, ces humains confrontés à l'inhumanité du monde.
    La noirceur du récit est toujours présente, mais cette fois, dans le monde désertique, hanté et désabusé de l'inspecteur principal Schneider, il y a un mirage qui produit un miracle : le flic est amoureux. Ou plutôt foudroyé d'amour. Cet homme rongé par la guerre (d'Algérie) et ses souvenirs va croiser la trajectoire d'une balle perdue, et cette balle, c'est Cheroquee, LA fille. Ils ont beau se vouvoyer, ces deux-là se dévorent des yeux, du corps, comme possédés et seuls au monde.
    Je peux comprendre que le culte autour du personnage de Schneider (taiseux, ténébreux, et forcément une bête de plumard) auquel nul ne résiste, peut agacer. Mais il dégage un charisme certain et ils sont pas nombreux dans la littérature policière contemporaine à avoir cet aura (dans un autre registre, il y avait Adamsberg.... avant que Vargas ne le saborde dans son dernier roman, je décolère toujours pas).
    Ceci dit, PROFIL PERDU est un très bon Pagan, largement au-dessus de tout ce qui se fait en matière de polar/roman noir français.

    09/02/2025 à 10:29 4

  • 19, River Street

    Laure Rollier

    2/10 Comme la plupart des thrillers français qui se respecte, je me doutais bien qu’il n’y avait rien de particulier à attendre au niveau de l’écriture ou de la densité psychologique des personnages ou encore des dialogues d’une mièvrerie sans nom comme écrits par un adolescent prépubère.
    Mais je m’attendais au moins à ce que l’intrigue (classique mais pourquoi pas) tienne la route et que le suspense soit de bonne tenue. Si le suspense se maintient plutôt bien que dire de l’explication finale ? Une arnaque.
    Il est assez aisé de se faire passer pour un auteur ingénieux et de surprendre son lecteur lorsqu’un élément majeur nous est caché dès le début du roman et qu’il n’existe aucun moyen de le savoir !
    C’est pourtant ce que fait allègrement Laure Rollier en nous agitant sans vergogne et sous le nez la carte « je vous prend pour un con » lors du dénouement comme pour nous dire : « ah, au fait, je vous avais pas dit que machine etc… » ?
    Voilà.
    « 19 River Street » n’est pas seulement un roman à la forme impersonnelle et aux personnages caricaturaux, c’est surtout un livre malhonnête.
    Bref, mon année livresque 2025 commence par un foutage de gueule en bonne et due forme.

    03/01/2025 à 21:52 4

  • La Colère

    S. A. Cosby

    5/10 LA COLERE est un roman bourré de testostérone comme en raffole les américains, un roman noir assez violent désamorcé par des répliques, qui font mouche de temps en temps, mais assez improbables.
    Le roman a tout de même des choses à dire ou plutôt à rappeler. Il n’est donc jamais inutile de promouvoir des messages comme la tolérance, toussa toussa, mais n’avez pas y chercher une once de finesse ou d’originalité sur le fond comme sur la forme. Le couple antagoniste (un Blanc et un Noir) qui ne peuvent pas s’encadrer, mais finit par s’apprécier, c’est du recuit.
    Cousu de film blanc, et doté d’une prévisibilité à toute épreuve (le lecteur sait à l’avance comment ça va se finir), je ne serais pas étonné de le voir adapté sur grand écran, un série B genre Buddy movie comme on en voit treize à la douzaine.
    Tout ceci n’est pas désagréable au demeurant d’autant qu’il se lit très vite, mais pas de quoi me précipiter sur le prochain SA Cosby.

    03/11/2024 à 09:30 2

  • Place aux immortels

    Patrice Quélard

    8/10 Ce n’est pas tant un roman sur la guerre, qu’un roman sur les hommes en période de guerre et sur leur humanité, leur sens du devoir et leur héroïsme. Une humanité belle dans sa banalité (apparente), une belle humanité ordinaire, et un héroïsme sans sirène ostentatoire, sans effet voyant, sans fioritures. Bref, l’humanité et l’héroïsme dans leur simplicité, leur sobriété. Et ce refus de tomber dans le piège sensationnaliste (alors que nous sommes dans les tranchées de la guerre de 14-18 et que l’explosion des émotions et des actes de bravoure s’y prêteraient) n’enlève rien, au contraire, à la justesse du récit. À la guerre, qu'on se le dise, il y a surtout beaucoup d’attente et beaucoup d’ennui aussi. De multiples et infimes choses qui régentent ces vies effrayées, cette belle solidarité des hommes, leur courage, mais également leurs grandes peurs, et leurs petites lâchetés. A ce titre, j’ai aussi apprécié cette autre dimension, cette espèce de lutte de classes, ces autres guerres, intestines et qui sévissaient à l’intérieur de la Grande.
    Alors oui, PLACE AUX IMMORTELS met un certain temps pour se mettre en place (150 pages), mais cela s’avère nécessaire et favorise cette immersion de par la précision des informations qui donne ce réalisme. Peu de scènes d’action en définitive, comme un refus de trop « spectaculariser » ou de surenchère (peu d’effusion de sang, les morts eux-mêmes sont annoncés avec une certaine fatalité) pour davantage insister sur le quotidien parfois routinier et la vie à l’intérieur d’un groupe. J’ai aimé cette forme d’intimité, cette proximité qui donne au lecteur ce sentiment de faire partie de cette famille de combattants. D’être à leurs côtés. Cela chagrinera peut-être des lecteurs en quête de scènes fortes en adrénaline. Moi, j’ai trouvé ça encore plus proche de la réalité (que je m’imagine). À ce titre, j’invite quiconque à regarder un film de Sam Mendes, Jarhead : La Fin de l’innocence.
    Alors, certes, lorsque l’enquête du prévôt Cognard démarre, le rythme s’accélère, mais qu’on se le dise, la découverte du ou des coupables n’est clairement pas le coeur du roman qui là encore se fixe sur les relations entre les hommes, la guerre comme l’enquête ne servent qu’à mettre en lumière leur dualité intime, intérieure et extérieure.
    Forcément, le roman doit beaucoup à son personnage principal, héros anticonformiste à souhait parce que justement idéaliste, ce Don Quichotte (son cheval Rossinante, mais les chats sont aussi à l’honneur !), féru de justice et de vérité. Au milieu de cette guerre, des humiliations, de l’autoritarisme imbécile des plus hauts gradés, Léon Cognard dénote et détonne par son optimisme, son « management » faussement permissif, ses talents oratoires, son respect pour chacun de ses subalternes, son humilité, son érudition (un amoureux des lettres), sans oublier sa délicieuse impertinence.
    L’auteur soigne aussi ses personnages secondaires (Bellec fidèle compagnon plein de panache !), et même les moins sympathiques sont traités sans caricature, avec toute leur complexité mais aussi leur vérité ce qui fait qu’on ne les déteste pas vraiment (comme Tanguy ou Testard).
    Et c’est bien là la grande force du roman : son rejet de toute forme de manichéisme.
    Je remercie l’auteur, Patrice Quélard.
    Grâce à lui, j’ai passé un bien agréable moment et pour un lecteur comme moi, c’est suffisant. Il m’a, non pas rappelé, mais conforté ce que je m’efforce à défendre depuis toujours à savoir que le classicisme et la linéarité d’un récit est mille fois préférables à celui qui va empiler les rebondissements ad nauseam mal fagotés et aux twists finaux à répétition pour (bien mal) dissimuler une écriture souvent médiocre et des personnages taillés à la serpe.
    Si je devais faire un seul véritable reproche, il ne serait pas à mettre au crédit de l’auteur, mais du choix « mercantile » de l’estampiller thriller.
    Ce serait presque offensant de le définir ainsi quand on sait combien la pauvreté formelle parsème la majeure partie des thrillers français où l’intrigue semble n’être la seule préoccupation au détriment de tout ce que doit être un roman.
    PLACE AUX IMMORTELS est donc un roman historique vaguement policier mais surtout une jolie déclaration d'amour à une corporation ; un roman d’une qualité et d'une exigence comme on n’en voit pas si fréquemment, justement récompensé « Prix du roman de la Gendarmerie Nationale ».
    Parce que, de temps en temps, il y a une justice.

    23/09/2024 à 19:15 3

  • Nécropolis

    Herbert Lieberman

    8/10 NECROPOLIS est d’une noirceur absolue, c’est presque un hymne au désespoir à faire passer Mylène Farmer pour la reine de la déconne.
    Son héros ? Un veuf du nom de Paul Konig, une espèce de mort-vivant, dont, allez savoir comment, le coeur bat encore, et l’esprit flirte souvent avec la ligne rouge de la démence.
    Médecin légiste, même un super cador dans son domaine, sa morgue est paradoxalement son havre de paix, les cadavres ses amis. Son job macabre qu’il pratique avec une précision et une obsession effrayantes entretient encore ce simulacre d’existence qui est la sienne et l’espoir de retrouver sa fille kidnappée. Un personnage peu sympathique, mais finalement attachant, un type bouffé par son job, rongé par des regrets tardifs, en quête de rachat, d’une rédemption que nous savons impossible.
    Avec ses camés, ses putes, ses rats, ce New York là n’est pas sans rappeler celui de Martin Scorsese dans un de ses films les moins connus mais les plus sombres et qui colle parfaitement à ce roman (A tombeaux ouverts).
    L’auteur s’est emparé de son sujet qu’il a sacrément bossé, la documentation est d’une précision aussi diabolique que sordide (la description répétitive des rapports médicaux, parfois fastidieuse, pourra rebuter certains).
    Que dire de plus ? 

    Les dernières pages sont d’une tristesse infinie.

    09/09/2024 à 07:51 5

  • Intérieur nuit

    Marisha Pessl

    6/10 C’est un sacré challenge de captiver son lecteur sur 800 pages.
    Sur la durée, je ne peux pas dire que Marisha Pessl, avec son “Intérieur nuit” y soit parvenue.
    Pour être honnête, ce thriller d’investigation m’a intrigué pendant les 300 premières pages, puis l’interêt a décliné progressivement durant les 300 autres pages avant d’être relancé dans les 200 dernières.
    Au final, le défi est partiellement relevé car l’intensité demeure inégale.
    Reconnaissons tout de même qu’il y a beaucoup de travail, une vraie implication, un certain rythme (on s’agace des facilités, mais on ne s’ennuie pas vraiment), l’auteure utilisant tous les artifices et subterfuges à la mode (articles de presse ou web, interview, rapports, photos….) pour donner un cachet d’authenticité et maximiser l’immersion dans ce récit mystérieux avec un résultat pas toujours convaincant.
    On pense à plusieurs romans comme “L’ombre du vent” (pour le côté mystique, magie, sorcellerie…) ou parait-il Donna Tartt (“le Maitre des Illusions” que je n’ai pas lu). Un peu à Paul Auster en nettement moins magnétique (Pessl a plutôt tendance à vouloir nous manipuler au forceps avec des rebondissements à la chaine à la crédibilité assez douteuse).
    Le truc le plus intéressant concerne tout ce qui à trait au monde ultra fascinant et fantasmé du cinéma, l’art du mensonge, la folie créatrice d’un réalisateur, la frontière tenue entre rêves et réalité. On pense forcément aux films de Stanley Kubrick, de Dario Argento ou David Lynch où la fiction et le réel se fondent et se confondent.
    Les personnages du roman ne sont pas hyper attachants, l’écriture, elle, est appliquée, riche, (trop) abondante, aussi un tantinet énervante (avec tous ces mots en italique on se demande parfois pourquoi) mais malgré tout, on cherche à savoir ce qu’il en retourne de cette intrigue - en lisant parfois en biais tant cela s’’étire inutilement parfois - en espérant que le dénouement soit à la hauteur.
    Et globalement, ce dénouement ne m’a pas trop déçu sans pourtant m’enthousiasmer ni m'émouvoir.
    Bref, j’ai lu “Intérieur nuit”.
    Est ce que je regrette la lecture ?
    Non.
    Est-ce que cela valait le coup de se taper 800 pages ?
    Rien n’est moins sûr.

    27/08/2024 à 21:51 4

  • Revolver

    Duane Swierczynski

    7/10 Une construction passé-présent efficace qui donne du relief aux personnages (une même famille de flics sur 3 générations : 1965, 1995, 2015) et à leurs relations.
    Une écriture nerveuse (les phrases de fin de chapitre - avec leurs lots de révélations - vous accrochent direct).
    De l'humour (dialogues nickel), de l'action, un suspense savamment entretenu ; le tout avec Philadelphie en toile de fond avec son histoire, ses trafics, son atmosphère électrique, ses tensions raciales.
    Bref, du roman noir comme j'aime, du solide ouvrage.

    22/07/2024 à 19:25 5

  • La Vie en chantier

    Pete Fromm

    8/10 Derrière la symbolique de la rénovation d’une maison, Peter Fromm évoque la reconstruction, lente et progressive, d’un homme, d’un jeune père, qui a vu les fondations de son bonheur s’écrouler brutalement et qui doit s’occuper de son enfant. Sans pathos aucun, écrit au plus près de personnages terriblement attachants (Rudy, le mur porteur de l’amitié, Laureen, la grand-mère, tout en douleur intériorisée, qui fait ce qu’elle peut et, bien sûr, Elmo, la fenêtre sur une possible éclaircie), c’est un roman simple et beau comme on devrait en lire plus souvent doublé d’un rappel que les pères courage, ça existe aussi.

    02/06/2024 à 21:18 3

  • Neuf vies

    Peter Swanson

    4/10 Avec "Neuf vies", Peter Swanson voulait rendre un hommage à Agatha Christie, la reine des énigmes à tiroirs. Louable intention, mais son roman n'a ni la malice, ni l'humour, ni la noirceur des Whodunit des intrigues d'Agatha Christie.
    Alors, on tourne les pages sans effort et sans jubilation où, au détour de l'une d'entre elles, on assistera à l'élimination des personnages qui tomberont, sans bruit, les uns derrière les autres. Cela donne aussi un aspect confortable presque "ouaté" - ce qui n'est pas toujours désagréable - au rythme.
    Le dénouement, n'est hélas, clairement pas à la hauteur du mystère ; ce qui éloigne définitivement toute comparaison avec la virtuosité des révélations Agathachristiennes.
    Gentillet et largement dispensable

    26/05/2024 à 21:28 3

  • Histoires de la nuit

    Laurent Mauvignier

    8/10 HISTOIRES DE LA NUIT n'est pas qu'un thriller social de plus.
    C'est un cauchemar éveillé où les phrases, serpentines, s'étirent à l'infini comme si l'auteur avait appuyé sur la touche ralenti de sa plume-télécommande pour nous faire entrer dans les méandres psychologiques de ses personnages et maintenir un climat de danger maximal où chaque scène, chaque pensée, chaque geste est décortiqué à l'extrême.
    Une prouesse formelle que certains trouveront excessivement alambiquée voire lassante.
    Pour ma part, maintenir une telle tension sur 600 pages relève du tour de force.
    Par moment, j'ai pensé à un "Funny Games" (Michael Haneke) version paysanne.
    Franchement balèze.

    26/05/2024 à 21:27 2

  • La Colère d'Izanagi

    Cyril Carrère

    4/10 Que Cyril Carrère Perso se rassure (si tant est qu’il soit inquiet), LA COLERE D’IZANAGI a des qualités. Déjà, il bénéficie d’une couverture très élégante, on peut y être sensible. Mais ce n’est pas tout.
    Venons en au contenu et à ce qui est essentiel à mes yeux (contrairement - mille fois hélas - aux amateurs du genre qui n’étalonne leur plaisir et n’évalue la qualité d’un thriller qu’à l’histoire, l’action, le twist final, bref, c’est ainsi) : la forme.
    L’écriture donc - la base, le B-A BA - de ce que, pour moi, doit être la Littérature. Ici, la forme est plutôt soignée (à l’image du prologue réussi), mais beaucoup trop lisse, j’ai trouvé qu’elle manquait de caractère. De tempérament. De grinta. A défaut d’avoir une “trempe”, j’ai tout de même apprécié ce soin même si j’avoue avoir grimacé sur certaines formulations que je ne pensais plus relire dans un livre. Mais passons.
    Là, où en revanche, je suis plus chafouin, ce sont les dialogues. Je n’aime pas lorsqu’il sont trop écrits, mais là, ils sont vraiment trop convenus et rendent les réactions parfois peu plausibles (celles de Suzuka quand elle découvre l’activité de Kenta). D’autres échanges m’ont carrément laissé perplexe (cf. la discussion entre Kenta et Minami à la fin, lunaire).
    En bref, cela nuit pas mal à la crédibilité, aux interactions entre les personnages qui en outre manquent de mordant, et amoindrissent aussi les scènes dites “fortes” (j’y reviendrais). Que Cyril ne se formalise pas : je trouve que 95% des auteurs français de thrillers se plante à cet exercice certes difficile, le dialogue étant presque un genre à lui tout seul.
    Je précise que ce caractère “propret” de l’écriture n’est pas forcément antinomique avec les caractéristiques d’un thriller même si, il est vrai, qu’en général, on s’attend à un style plus âpre, plus pêchu, plus musclé. J’en veux pour preuve les romans (qui peuvent sembler académiques dans la forme) de Keigo Kigashino (je précise qu’il ne s’agit pas de comparaison, mais juste de dire que le traitement formelle d’un genre peut revêtir plusieurs aspects) où le phrasé est tout en suggestion (art consommé voire épuré du dialogue) qui, finisse par tisser une ambiance et créer une espèce d’envoutement. J’ignore si Cyril, consciemment ou non, voulait reproduire (et ce n’est pas une mauvaise chose, on peut même y voir une forme d’hommage) une atmosphère à la Higashino, mais je me suis quand même posé la question.
    En revanche, j’ai davantage trouvé de finesse dans les descriptions liées au pays, aux habitations, aux us et coutumes, sans oublier à l’Art culinaire (la nourriture est quasiment une religion au Japon). D’ailleurs tout le volet culturel disséminé ça et là fut intéressant pour un néophyte comme moi, cela ne tombe jamais dans le guide touristique façon Wikipedia ou l’étalage prétentieux. Cyril est attaché au Japon où il vit, cette affection sincère est la partie réussie du livre.
    Donc, comme l’écriture m’est apparu très “sage”, forcément, je ne suis pas parvenu à ressentir un climax ; pour un thriller, bah, ça la fiche mal. J’ai lu ça et là que certains avaient trouvé le récit haletant ou oppressant. Ce n’est pas mon cas. OK, ça s’accélère vers la fin, sans être méga trépidant non plus. Si je devais citer un exemple, je prendrais la scène de la prise d’otage qui, en dépit de ce qui se joue, manque singulièrement d’intensité. Je l’ai lu sans ennui, mais sans éprouver cette urgence, ce danger, guère aidé là encore par des dialogues franchement bof (lors de la négociation).
    Mon autre problème porte sur l’autre socle fondamental d’un roman. Les personnages. Et comme pour l’atmosphère, il n’y a que l’écriture (et non l’acte - fusse t-il studieux et assidu - de rédiger et d’aligner des phrases) et seule l’écriture qui peut les rendre vivants, uniques, palpables. Presque humains.
    J’ai trouvé que nos deux principaux protagonistes manquaient de densité, que leur intériorité aurait pu être plus approfondie (sans pour autant en faire des tonnes). Je ne connais pas le Japon, mais dans mon esprit et de ce que je lis et vois, en matière de démonstrations affectives, il est beaucoup question de pudeur, de non-dits, etc.… Pour quelqu’un qui vit au Japon, j’ai naïvement pensé (et espéré) que Cyril, en matière de relation et de sentiments, jouerait davantage sur quelque chose de plus raffiné ; j’ai déploré ces dialogues verbeux qui sur-expliquent à défaut d’instiller. Par moment, c’est vrai, on perçoit un peu la douleur intériorisée de Hayato (scène dans le cimetière, au début). Hayato, je le dis en passant, dont je n’ai jamais vraiment compris ce qui le rendait si génial. Alors, oui, on nous répète qu’il est brillant, il faut donc le croire sur parole. La sensibilité de Noémie est, elle, un peu plus tangible. D’ailleurs, en parlant de Noémie, elle nous est dépeinte comme une mère célibataire débordée. Une fois encore, c’est écrit noir sur blanc, mais rien, ou si peu qui nous permette de le (re)sentir. Finalement de sa vie, on ne sait ce qu’on nous en dit. Je ne sais pas, peut-être qu’une scène d’intimité avec sa fille m’aurait aidé à être plus en empathie.
    Bon, comme c’est un thriller, je vais tout de même toucher quelques mots sur l’intrigue et ses thématiques. L’histoire n’est pas mauvaise en soi, mais je ne suis pas pleinement convaincu des motivations des “méchants”. Certes, le désespoir peut faire perdre la raison, mais j’avoue ne pas avoir bien perçu leur “logique”. J’ai aussi trouvé des facilités même si je suis assez indulgent pour ce genre de choses (je pense à la perspicacité incroyable des deux étudiantes). Quant à la thématique du Darknet, j’y connais que dalle, mais j’ai trouvé qu’on y entrait les doigts dans le nez (c’est peut-être le cas dans l’IRL) sans être vraiment emmerdé par les autorités.
    Enfin, pour finir sur une bonne note, parlons de la carte majeure de ce roman, car oui, Cyril a gardé un atout très astucieux dans sa manche. (non, je ne parle pas de la scène - expédiée - de l’aveu - interminablement bavard - du complice), mais bel et bien du petit tour de passe-passe orchestré par l’auteur. Ce n’est pas tout à fait un retournement de situation, plutôt un décalage. Le procédé est malin et bien fichu et je mentirais si je disais que je l’ai vu venir.
    Alors, cette petite acrobatie relève-t-elle la sauce de ce roman ? Clairement oui. Cela change t-il pour autant la donne sur mon appréciation générale du bouquin ? Je crains que non.
    J'en suis désolé.

    30/04/2024 à 07:38 3

  • Atmore Alabama

    Alexandre Civico

    9/10 Tu te procures ce livre direct.
    Tu regretteras pas. Promis, juré, craché.
    Non, tu n'en sauras pas plus.

    Va falloir me faire aveuglément confiance.

    25/03/2024 à 14:17 3

  • Dolorès ou le ventre des chiens

    Alexandre Civico

    6/10 En dépit de l’écriture toujours aiguisée et poétique de son auteur, c’est bien la déception qui prime à la lecture du (bien trop court) roman d’Alexandre Civico.
    Trop court en tout cas pour laisser infuser, croire et ressentir l’intensité de cet affrontement façon “Silence des Agneaux” inversé (en nettement moins sordide) entre ces deux marginaux, ces deux inadaptés de la vie. Dolores, tueuse en série, et révolutionnaire à son corps défendant (j’avoue que je n’ai pas toujours compris ses motivations réelles, si ce n’est le dégoût d’un monde, d’un système capitaliste) et Antoine, son psy cocaïnomane, dont le mal-être n’est guère plus explicite hormis cet absence de sens dans son existence (mais la mélancolie a t-elle besoin d’explication ?).
    A ce titre, leur joutes verbales sous forme de confidences, m’ont paru aussi précipitées qu’un peu trop écrites. Là encore, cette dualité méritait une évolution plus lente, plus progressive pour que je puisse adhérer à ce duel.
    De façon générale, même si les dialogues claquent bien, j’ai trouvé que tous les personnages, principaux comme secondaires, avaient un sacré éloquence et un fichu sens de la répartie. J’y vois là un petit artifice, une gourmandise d’auteur (pour laquelle j’ai pas mal d’indulgence). Je passerais sur le final que je trouve assez expédié.
    En tout cas, c’est bel et bien ce style racé, son phrasé court et imagé, dont la beauté et la force viennent, de temps en temps, vous percuter la rétine qui est son véritable et plus grand atout et qui ont fait qu’en dépit d’une absence totale d’empathie pour tous les protagonistes (hormis peut-être Chloé, bonne pâte mais dont se demande si son seul objectif n’est pas de tromper l’ennui de sa vie bourgeoise en s’entichant du mec torturé), j’ai lu ce livre sans déplaisir, mais sans émotion non plus, tout l'inverse de son précédent ATMORE ALABAMA dont la noirceur lumineuse m’avait piétiné le coeur.
    J’espère qu’Alexandre Civico, brillant styliste, ne m’en voudra pas trop, mais comme toujours, et fidèle à mes principes et au respect que je dois à tout auteur professionnel comme amateur, je me devais d’être le plus sincère possible.

    25/03/2024 à 14:14 2

  • Jeannette et le crocodile

    Séverine Chevalier

    7/10 D’une écriture brodée, l’auteure raconte ces petites vies cabossées avec infiniment de soin et d’humanité. Tous les personnages sont travaillés et l’auteure ne les juge pas.
    Ce n’est jamais misérabiliste, mais c’est triste, très touchant. La critique sur le capitalisme est présente sans être agressive.
    C’est un court roman très réussi qui vous laisse une petite trace.
    À bientôt Séverine Chevalier.

    19/03/2024 à 18:01 3

  • Ils savent tout de vous

    Iain Levison

    6/10
    Un début en fanfare, une idée originale (que l'auteur n'exploitera pas totalement), un personnage féminin avec de la personnalité, et si le rythme demeure enlevé et nous évite l'ennui, ça manque un peu de chair (j'ai connu Levison plus incisif), il persiste un sentiment de bâclé dans les 50 dernières pages, à l'image de cette fin expédiée.

    Clairement pas le meilleur de son auteur.


    25/02/2024 à 19:55 2

  • Le Silence

    Dennis Lehane

    7/10 Il a fallu attendre quelques années pour voir apparaitre le dernier Dennis Lehane.
    Son titre : le silence (small mercies, titre original, bien meilleur, je trouve).
    Le résultat est convaincant, même bon,… à défaut d’être très bon. C’est solidement écrit, percutant (faut-il le rappeler Lehane est un très bon dialoguiste et sait terminer un chapitre avec des phrases qui claquent). Une bonne histoire bien racontée (les 100 premières pages prennent le temps) avec à la clé un joli portrait de femme et de mère (un sacré bout de femme, la Mary Pat, en mode Charles Bronson) derrière la thématique du racisme, mais aussi celle du rôle et des responsabilités de parent, de ce qu’on lègue - parfois à notre insu - à nos gosses, et de notre trouille, en dépit de notre amour, quant à notre incapacité à les protéger contre tout.
    En d’autres termes, du travail pro(pre), maîtrisé sur le fond comme sur la forme, rien ne dégouline ou ne fait tâche. Le monsieur a du talent et du métier et son bouquin se hisse dans le haut du panier du genre.
    Aucun reproche véritable donc, mais il m’a manqué le petit supplément émotionnel qui vous entaille le palpitant et vous picote les rétines alors que tout s’y prêtait.

    07/01/2024 à 23:28 6

  • Billy Summers

    Stephen King

    5/10 250 premières pages qui se laissent lire.
    250 dernières pages poussives.
    Au final, un roman moyen qui pourrait plaire aux novices du genre, mais décevra les plus rodés.
    Ambitieux, longuet et parfois mièvre, Billy Summers passerait plutôt pour un polar lambda s'il n'était pas signé King.

    25/10/2023 à 07:44 3