LeJugeW

1867 votes

  • Satan était un ange

    Karine Giebel

    7/10 Un homme en fin de vie, un jeune homme en cavale. Deux personnalités que tout oppose. Deux destins qui vont se croiser et être liés à jamais.
    Un livre moins dur, moins trash que les autres Giebel ? A voir. J'ai trouvé ce roman au départ effectivement assez éloigné de la production habituelle de l'auteure mais au bout de quelques heures d'écoute (livre audio), on replonge dans la cruauté humaine, la douleur, les choix atroces, bref tout ce qui habite l’œuvre de K. Giebel et dont je me lasse un peu. Car quand on ouvre un Giebel, on sait à l'avance que l'on pénètre dans un territoire suffocant, oppressant et finalement déprimant. Et Satan était un ange ne déroge pas à la règle. Fuir est au cœur du roman : fuir la mort liée à une maladie incurable pour l'un, sans aucun espoir, fuir la mort aux trousses pour l'autre avec un tout petit espoir. C'est à cet espoir que l'on se raccroche mais on doit pour cela assister à des passages très durs, pas tant dans la description de scènes sanguinolentes mais plutôt par la tension psychologique que subissent les deux personnages et le lecteur.
    En fait, en lisant les commentaires précédents je pensais que ce roman-ci serait moins dur que les autres. Mais non. Et c'est ce que je reproche de plus en plus à l'auteure, j'ai parfois l'impression qu'elle se complaît dans l'horreur. Je sais que l'on va me rétorquer que "la réalité dépasse largement la fiction". Mais je crois que, peut-être, je n'ai plus envie de lire des romans aussi déprimants, tant l'actualité l'est déjà suffisamment.

    21/02/2019 à 12:13 6

  • La Pipe de Maigret

    Georges Simenon

    8/10 Maigret n'avait nullement l'envie de s'occuper de cette affaire. Une vieille femme, accompagnée de son fils, venue se plaindre de visites dans son appartement. Des objets volés ? Non, absolument pas. Juste des visites. Des preuves ? Quelques objets déplacés, un placard fermé à clé qui ne devrait pas l'être, des gouttes d'eau au sol.
    Bref, rien qui n'intéresse le commissaire. Et quand bien même le fils semble anxieux. Allez, pour rassurer la dame, on envoie un policier se poster près du domicile.
    Oui mais... mais il y a la pipe de Maigret. Disparue. Volatilisée. Maigret remonte le fil de ses souvenirs de la journée... et n'en doute pas : c'est le jeune homme qui l'a volé.
    Et quand ce dernier vient à disparaître, alors l'affaire prend une toute autre tournure...
    Encore une enquête plaisante à suivre, même dans ce format nouvelle (une centaine de pages en poche) où toutes les pièces du puzzle disséminés ça et là se rassemblent dans un final que je n'oublierai pas.
    Idéal pour découvrir un "Maigret".

    18/02/2019 à 13:47 2

  • Sigmaringen

    Pierre Assouline

    8/10 Lu il y a près de 4 ans, j'en garde le souvenir d'une lecture plaisante, à suivre les turpitudes de ce panier de crabes fascistes que furent les "réfugiés" de Sigmaringen, chacun défendant sa chapelle fasciste , certains rêvant même d'une reconquête alors même que les défaites sur les deux fronts s'accumulent. Pétain est relativement absent du livre, à l'écart, se considérant "prisonnier". On croise des personnages peu recommandables, de Déat à Doriot en passant par Darnand, ou encore l'immonde Laval. On croise même l'écrivain Céline.
    La plume d'Assouline est agréable, c'est documenté, on est immergé au milieu de tous ces personnages qui ont sinistrement marqué l'histoire, bref un roman que je relirai assurément avec plaisir.

    11/02/2019 à 19:54 6

  • Le Fauteuil hanté

    Gaston Leroux

    8/10 Voilà un petit bijou fort agréable à écouter (livre audio). Tout y est : une énigme (qui tue et comment ?), une enquête, du suspense, un brin de fantastique (avec le secret de Toth), et beaucoup d'humour. On imagine le plaisir jubilatoire qu'a pris Gaston Leroux à écrire ce roman (rien que le nom des personnages, comme "Eliphas de Saint-Elme de Taillebourg de la Nox", tout un programme !). J'ai aussi beaucoup apprécié la lecture de Nadine Eckert-Boulet.
    Seul petit bémol, et comme pgrosjean le dit plus bas, la fin est un peu décevante, trop évasive à mon goût.
    Mais cela reste un moment très plaisant de lecture par l'auteur du chef-d'oeuvre Le Mystère de la chambre jaune.

    07/02/2019 à 17:57 4

  • Dans l'enfer du bagne

    Fabien Bedouel, Pat Perna

    9/10 Basée sur les histoires vraies d'Eugène Dieudonné, anarchiste envoyé au bagne en Guyane en 1913 et celle du voyage d'Albert Londres sur cette même terre dix ans plus tard (pour un reportage retentissant paru après dans Le Petit Parisien en août 1923), cette BD est à la fois instructive et fort réussie.
    Certes le thème du bagne de Guyane est maintenant connu mais la brutalité de certaines scènes choquantes (et toutes tirées de faits réels), parfois contenue dans une seule case, ajoutée aux dessins anguleux très réussis de Fabien Bedouel, appuyés enfin par une palette de couleurs restreinte (du sombre, de l'ocre... seul le rouge nous explose à la figure lors de scènes sanglantes), tout cela nous plonge dans une réalité historique plus que dérangeante et marque, indéniablement.
    Oui, ce fut aussi cela la France, de Napoléon III jusqu'au début des années 1950, un Etat qui envoyait le criminel endurci comme le simple "voleur de pommes" récidiviste ou l'opposant politique...
    Le texte en fin d'ouvrage, très éclairant, de Frank Sénateur, sur ce que furent plus précisément le bagne et le parcours d'Eugène Dieudonné, parfait une BD décidément très réussie et qui est à mon sens une forme d'hommage aux plus de 50 000 hommes qui tentèrent de survivre dans ce que l'on appelait "la guillotine sèche"...

    07/02/2019 à 15:26 2

  • Dégradation

    Benjamin Myers

    7/10 Tout d'abord merci à Polars Pourpres et aux éditions du Seuil qui m'ont permis, grâce à un passe-livre organisé dans le cadre du prix Polars Pourpres découverte 2018, de découvrir ce roman.
    J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce roman. D'abord cette particularité niveau ponctuation dessert à mes yeux le contenu. Quel intérêt ?
    Je serai vraiment curieux d'en connaître la raison, d'avoir une explication de la part de l'auteur.
    J'ai par ailleurs ressenti une impression de déjà-vu, une vallée, une communauté, ses secrets peu avouables bien gardés... j'ai pensé aux séries Broadchurch en Angleterre ou encore Trapped en Islande.
    Heureusement, après 100 pages, l'intrigue décolle enfin.
    Le décor (les Yorkshire Dales) est joliment décrit, je retiendrai la rudesse du climat et la beauté des paysages, beauté qui contraste avec la noirceur des âmes de certains de ses habitants. Quand des hommes font tout pour cacher d'immondes secrets, cela donne... Dégradation.
    Parlons un peu des personnages : outre Steven Rutter (dont j'ai trouvé que l'auteur en faisait trop sur son enfance malheureuse), je garderai en tête bien évidemment l'enquêteur Brindle qui, par ses tocs, n'est pas sans rappeler un certain Monk. Son acolyte (et plus que ça ?) Roddy Mace n'est pas assez creusé je trouve, on en sait que trop peu sur son passé londonien.
    Les révélations finales ne réservent pas de grosses surprises je trouve mais je note l'habileté de l'auteur à immiscer dans son récit une part d'histoire récente de l'Angleterre en la personne d'un sinistre animateur télévisé.
    Bref, un thriller plus qu'honnête mais qui ne "révolutionne pas le genre", distrayant sans être vraiment marquant.

    31/01/2019 à 21:39 6

  • Zone 10

    Christos N. Gage, Chris Samnee

    7/10 Lors d'une intervention, l'inspecteur Adam Kamen est violemment poignardé avec un tournevis par un forcené qui se défenestre ensuite d'un building à New York.
    Atteint en plein front, Kamen s'en sort miraculeusement. Mais désormais il est doté d'une sorte de pouvoir : il est capable d'anticiper de quelques secondes les évènements à venir.
    S'ensuit une intrigue sanglante sur les traces d'un coupeur de tête surnommé Henry VIII, qui sème cadavres sans tête sur son sillage.
    Et si l'agression de Kamen avait un lien avec le serial killer ?
    Dessins en noir et blanc, tout en ombres et en lumières, cette BD est incontestablement une réussite mais il m'a manqué un petit quelque chose pour la trouver incontournable.

    31/01/2019 à 21:12 2

  • Little Rock

    John Brandon

    4/10 Tout d'abord merci aux éditions Livre de Poche et à Polars Pourpres de m'avoir permis de découvrir ce roman, dans le cadre des enchères de Noël de 2015.
    Bon, la note est assez éloquente, donc autant le dire tout de suite : je n'ai pas apprécié cette lecture.
    Foutraque, décousu, bourré d'ironie et de digressions à n'en plus finir... malgré un potentiel indéniable dans le style de l'auteur. Seulement voilà, son exploitation m'a très souvent ennuyé, ennui à peine évacué lors des 40 dernières pages un peu plus haletantes... sur 375.
    Etrange sensation en refermant le livre, comme un goût de "il y avait tellement mieux à faire avec une histoire pareille".
    Bon, ce n'est que mon avis, je serai curieux de découvrir ce qu'en pensent d'autres lecteurs ici.

    20/01/2019 à 23:56 8

  • On achève bien les chevaux

    Horace McCoy

    9/10 Publié au milieu des années 30, en plein marasme économique post-crise de 29, Horace McCoy (auteur classé parmi les pessimistes voire nihilistes par Jean-Bernard Pouy dans sa Brève histoire du roman noir, et à juste titre) nous entraîne dans un court roman désespéré en s'appuyant sur les stupéfiants "marathons de danse" ou comment cette société du spectacle permanent (l'histoire se passe à Hollywood) exploite la misère humaine. D'ailleurs ce ne sont pas des individus qui participent mais des numéros (couple n°1, couple n°2 etc...). A la clé, quelques milliers de dollars (au mieux) pour le couple vainqueur.
    Tout est bon pour s'amuser, point d'ennui possible parmi les nombreux spectateurs : on organise des derby durant lesquels les couples doivent danser le plus vite possible et à l'issue desquels certains sont éliminés ; on va même jusqu'à célébrer un mariage (plus ou moins bidon) pendant la compétition... Et jamais la machine ne doit s'arrêter, les temps de pause sont d'à peine 10 minutes pour faire ses besoins, manger, se laver, se reposer... délirant mais réel. L'analogie avec les chevaux n'est évidemment pas fortuite et quel trait de génie de conclure le roman par cette phrase qui lui donne son titre !
    Et puis si cette ignominie ne suffisait pas, Horace McCoy a choisi une blonde suicidaire (Gloria) pour former le couple que l'on va suivre tout au long du récit. A mesure que la compétition avance, Gloria veut de plus en plus en finir avec la vie... ambiance...
    Bref,
    Un texte bien noir et, si la plume de McCoy n'a rien d'exceptionnel, qui reste un incontournable dans l'histoire du polar.

    17/01/2019 à 12:31 9

  • Le Lac

    Yana Vagner

    7/10 Attention SPOILER dans cet avis si vous n'avez pas lu Vongozero.

    Anna, Sergueï et les autres ont réussi à atteindre le lac Vongozero. Mais sur place, une communauté est déjà installée, obligeant le petit groupe à vivre sur une toute petite île, dans une promiscuité rapidement insupportable. Tensions, accidents, drames, survie... la vie des survivants de Vongozero, loin d'être la libération attendue, va vite se révéler être un enfer glacé...
    J'ai trouvé cette suite à Vongozero beaucoup plus sombre, beaucoup plus désespérée. Et paradoxalement, alors que le roman est plus court (100 pages de moins en version poche), j'ai eu le sentiment qu'il y avait bien plus de longueurs et j'étais parfois pressé de le terminer. C'est vraiment cette absence d'espoir, le moral en berne de chacune et chacun qui pèsent sur le lecteur. On ne se demande presque plus s'ils vont s'en sortir mais plutôt comment vont-ils mourir ?
    Bref, une suite peut-être logique et objectivement un bon roman mais que j'aurais aimé moins désespéré.

    16/01/2019 à 10:48 4

  • Vongozero

    Yana Vagner

    8/10 Dans un futur proche, une mystérieuse pandémie ravage la Russie. L'armée, l'Etat, plus rien ne tient debout et le chaos s'installe.
    Anna et Sergueï, un jeune couple vivant en banlieue de Moscou avec le fils d'Anna décident de quitter leur confortable maison pour atteindre un lac en Laponie, appelé Vongozero.
    Voilà pour le pitch.
    J'ai beaucoup aimé ce roman qui se fait dans un climat post-apocalyptique réussi même si le fait de ne pas en savoir beaucoup plus sur l'origine de la pandémie est un petit peu frustrant. Mais rien de bien grave au final car tout l'intérêt réside dans l'attitude des différents personnages, principaux comme secondaires, leurs réactions, leurs choix etc... Road-trip dans l'Ouest de la Russie avec une héroïne attachante et dont on se sent proche, notamment grâce à l'utilisation de la première personne du singulier pour mener le récit. Frémissements à chaque rencontre (sont-ils contaminés ? Sont-ils bons ? Méchants ?...).
    La description de la Russie glacée ajoute à ce sentiment oppressant et envoûtant à la fois. Le suspense ne relâche jamais son étreinte jusqu'au bout des 540 pages (version poche) et l'on a juste envie d'enchaîner avec sa suite, Le Lac, ce que j'ai d'ailleurs rapidement fait.

    16/01/2019 à 10:39 7

  • Un si joli jardin

    Marguerite Abouet, Donatien Mary

    8/10 Le Commissaire Kouamé a été nommé "Commissaire du pays" (la Côte d'Ivoire) pour faire baisser la criminalité. A peine nommé, il doit enquêter sur la mort d'un haut magistrat et ami personnel, retrouvé criblé de balles dans un hôtel miteux. Secondé par son adjoint blanc Arsène et son Austin Mini de 1959, il part sur les traces de l'assassin... avec des méthodes disons... plus que discutables !
    Beaucoup d'humour, parfois noir (le coup des radiateurs, l'interrogatoire musclé du gérant de l'hôtel...) dans cette bonne BD, plaisante à lire, dépaysante et franchement drôle. Et sous un aspect un peu bouffon, se cache une intrigue bien plus profonde qu'elle n'y paraît.
    Une bien bonne découverte !

    13/01/2019 à 19:39 3

  • La Mort à la traîne

    Dean Koontz

    7/10 Doyle et Courtney, jeunes mariés, ont décidé de déménager de Philadelphie à San Francisco. Une nouvelle vie les attend à Frisco. Courtney a déjà fait le voyage en avion et prépare la maison avant l’arrivée de Doyle qui doit la rejoindre avec la voiture du couple.
    Dans cette voiture, Doyle n’est pas seul. Colin, le jeune frère de Courtney, l’accompagne. Un garçon de onze ans mais qui réfléchit et parle comme un adulte. Une étonnante maturité doublée d’un bon sens de l’observation qui vont servir au duo lors de ce long voyage de 4800 km.
    Car très vite, Colin se rend compte qu’ils sont suivis. Par une camionnette de déménagement. Doyle n’y prête pas attention. Mais force est de constater que la camionnette les suit à la trace, sur la route comme dans les motels où ils dorment. Les jours passant, le conducteur de la camionnette se montre de plus en plus menaçant. Doyle comprend alors qu’il en veut à leurs vies…

    Voilà un road-trip très plaisant à lire avec tous les bons ingrédients pour un texte réussi : de la tension, du suspense qui va crescendo, des scènes marquantes (course poursuite en voitures, bagarre nocturne…), un duo attachant (notamment le jeune Colin) et, mine de rien, un aperçu sur les préjugés des Américains que peuvent alors subir des gens comme Doyle, artiste au look un peu hippie et ancien objecteur de conscience (le texte est publié lors de la guerre du Viêt Nam). J’ai également apprécié les (certes trop rares et trop courtes) descriptions des paysages traversés, de Philly aux Rocheuses, en passant par les Grandes Plaines.
    Je m’attendais à un roman plus flippant mais je pense qu’il devait l’être davantage au moment de sa sortie, tant on a fait plus tordu, plus trash et plus angoissant depuis.
    Au final, un roman à suspense attrayant que j’ai pris plaisir à lire et qui me console un peu de mon expérience décevante avec un autre titre de l’auteur, Chasse à mort.

    06/01/2019 à 21:07 7

  • L'Attaque des spectres

    R. L. Stine

    6/10 Stanislas et sa classe se rendent dans le cimetière de leur ville (Hautetombe la bien nommée), situé tout en haut d’une colline.
    Sur place, il a le malheur de renverser la stèle d’Oswald Manse, mort en 1785 à l’âge de 15 ans. Quelques temps plus tard, le défunt se venge d’une façon effrayante. La vie de Stanislas ne sera alors jamais plus la même.
    Des ingrédients classiques mais un suspense qui fonctionne bien. Le thème du cimetière et des spectres est traité de façon assez superficielle mais les frissons chez les jeunes lecteurs seront très probablement au rendez-vous à mesure que la vie de Stanislas déraille sévèrement après la vengeance du spectre. Le subterfuge trouvé par l’auteur pour en terminer est léger, pas forcément à la hauteur du reste.
    Au final, un assez bon Chair de Poule.

    06/01/2019 à 21:07 2

  • Le Quatrième Mur

    Sorj Chalandon

    10/10 Sorj Chalandon, ancien grand reporter à Libération, s'est trouvé dans les camps de Sabra et Chatila au lendemain des massacres, en septembre 1982.
    Comme nombre de ses confrères, il fut profondément et durablement choqué.
    Et il mit de longues années avant de reparler de ce tragique et douloureux évènement, plus de trente ans après les faits, et sous la forme d'un roman.
    Pas d'autobiographie mais un personnage central, Georges (qui sonne un peu comme Sorj) qui ressemble beaucoup à l'auteur.
    Le contexte du départ pour le Liban est très original : Georges s'engage à poursuivre l'idée folle de son ami grec mourant Samuel de jouer l'Antigone d'Anouilh à Beyrouth, en pleine guerre et en faisant jouer toutes les communautés dans la pièce (Druzes, Sunnites, Chiites, Chaldéens, Maronites, Catholique arménien). Une véritable utopie, magnifique mais qui semble totalement impossible.
    Georges quitte Paris, sa femme et sa fille pour accomplir sa promesse.
    Sur place il découvre l'horreur de la guerre, dès l'aéroport de Beyrouth. Partout, la guerre civile est partout. Les communautés s'entredéchirent, dans le sang, les balles, les bombardements, les massacres.
    L'émotion, la tension sont partout dans ce texte. On vibre avec Georges, on partage ses espoirs, ses doutes, sa détresse. On veut que la pièce se joue, on croise les doigts, on épie les réactions des différentes communautés, on espère...
    Jusqu'à ces jours de septembre 1982, où l'horreur de cette guerre éclate à la face de l'Occident, avec ces images retransmises dans les journaux télévisés des massacres de Sabra et Chatila, deux camps de réfugiés palestiniens en banlieue de Beyrouth.
    Et l'on pleure avec Georges.
    Un roman bouleversant (vraiment), un texte qu'on ne peut oublier et qui reste longtemps en mémoire.
    Un roman qui nous informe, qui nous apprend, qui nous explique aussi, de la dictature des colonels en Grèce via le personnage de Samuel à la guerre civile libanaise.
    Et on remercie Sorj Chalandon d'avoir su trouver les mots pour traduire à la fois son émotion et ce que fut cette guerre civile libanaise, trop méconnue ou oubliée de nos jours.
    Un très grand livre.

    03/01/2019 à 20:54 7

  • Le Rendez-vous de sept heures trente

    Francis Durbridge

    8/10 Tim Frazer est un agent dans un "service secret semi-officiel, à cheval entre le M.I.5 et le C.I.D." (p. 1). A Londres, il reçoit l'ordre de se rendre à Amsterdam pour suivre une femme, Barbara Day, qui a tué "accidentellement" un agent deux mois auparavant dans la ville néerlandaise.
    Il va alors faire la rencontre de la charmante jeune femme, mais aussi d'un touriste américain envahissant puis, de retour à Londres, d'un fiancé jaloux, d'une associée louche, d'une mystérieuse organisation etc... dans une intrigue où un métronome, un catalogue floral et des diamants auront aussi leur place.
    Dit comme ça, ça fait fouillis, mais c'est sans compter l'habileté de l'auteur à nous entraîner dans le sillage de Frazer, avec un savant dosage d'action, de suspense, de mystère pour un dénouement plein de surprises, et toujours une touche d'humour british.
    Vraiment une lecture très appréciable, un roman d'espionnage "sage" (pas de vulgarité, pas de sexe, comme avec des SAS par exemple) mais franchement plaisant à lire.

    01/01/2019 à 21:45 4

  • La Plume empoisonnée

    Agatha Christie

    8/10 En 1942, Agatha Christie publiait The Moving Finger et un an après Henri-Georges Clouzot sortait au cinéma Le Corbeau, adaptation cinématographique de la sombre Affaire du Corbeau de Tulle (1917-1922). 1942, 1943, années sombres où des centaines de corbeaux firent des dégâts considérables et meurtriers en temps de guerre, d'Occupation et de Shoah.
    Mais ici, rien d'ancrée dans une réalité historique, une "simple" fiction se tenant dans un village anglais où Miss Marple va devoir faire preuve d'observation et de perspicacité pour découvrir qui est l'auteur de lettres anonymes fort désagréables menant jusqu'au suicide de l'épouse du notaire.
    Un huis clos où, comme d'habitude, on soupçonne tour à tour personnages principaux comme secondaires jusqu'au dénouement que j'ai tout juste anticipé.
    La version audio que j'ai écoutée, adaptation radiophonique pour France Culture par François Rivière (2014) est très réussie et plaisante à suivre.

    01/01/2019 à 13:04 4

  • Juste après la vague

    Sandrine Collette

    7/10 Sandrine Collette n'a plus besoin de prouver qu'elle a plusieurs cordes à son arc. Le huis-clos, le monde des vignes, le désert, une casse dans le futur et ici un raz-de-marée qui entraîne pour une famille nombreuse des choix douloureux, impossibles mais nécessaires pour ne pas tous sombrer. Les décors changent, les intrigues aussi mais reste intact "l'amour" que l'auteure porte à ses personnages.
    Si la survie semble le cœur de l'intrigue de Juste après la vague, d'autres thèmes d'actualité sont traités de façon sous-jacente, à commencer par les migrations climatiques (comme l'a souligné l'auteur de l'avis précédent), qui seront demain la préoccupation majeure de l'humanité. L'amour, la famille en sont d'autres.
    Et cette écriture, comme des coups de boutoirs qui parfois nous plongent dans un flot d'émotions (avec Lotte, par exemple...)...
    Alors pourquoi pas 9 ou 10 ? Parce qu'il manque un je-ne-sais-quoi, le truc en plus qui fait un grand roman... touché, mais pas coulé.
    N'en reste pas moins une lecture immersive, une belle écriture, un roman qui marque assurément, un conte qui nous parle d'aujourd'hui et de demain. A découvrir.

    30/12/2018 à 18:55 11

  • Le miroir se brisa

    Agatha Christie

    8/10 Habituellement plus fan de Poirot que de Miss Marple, je dois reconnaître que l'intrigue de ce roman-ci est bien pensée et déployée habilement.
    Un empoisonnement, une victime qui n'est peut-être pas la bonne et voilà Miss Marple sur les traces de l'assassin. Une succession de fausses pistes, des meurtres qui s'enchaînent jusqu'au dénouement (que j'ai vu venir !). La version audio, adaptation de Xavier Mauméjean pour France Culture, est particulièrement réussie même s'il est vrai que la voix de la vieille dame, jouée par une jeune actrice, peut gêner au début mais l'on s'y fait assez vite.
    Bref, un très bon Miss Marple !

    28/12/2018 à 23:21 6

  • Marche ou chante

    Anthony Nuttall

    6/10 Rusty Barlow est pianiste dans un bar assez chic de Londres, le Meecham. Un soir, il remarque Morgan Jackson dans l'assistance. Celui-ci lui rappelle un bien mauvais souvenir, à Manchester, deux ans auparavant... Et c'est justement ce mauvais souvenir que Jackson prend comme prétexte pour enrôler de force Barlow dans une combine pas très nette. Quelle combine ? Barlow ne le sait pas encore. Mais les choses se compliquent lorsque Jackson puis des personnes semblant participer à la combine viennent à être assassinées. Barlow ne sait plus à quel saint se vouer... est-il le prochain sur la liste ? Le patron du Meecham est-il lié à tout cela ? La police va t-elle faire le lien entre lui et la sombre histoire de Manchester ?...
    Une histoire ni plaisante, ni déplaisante, c'est pas mal mais ça manque de punch. Un roman qui prend les habits du hard-boiled mais en version soft, un peu trop gentillet. Pas dit que j'en garde un grand souvenir...

    27/12/2018 à 19:04 2