LeJugeW

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  • La Mort à la traîne

    Dean Koontz

    7/10 Doyle et Courtney, jeunes mariés, ont décidé de déménager de Philadelphie à San Francisco. Une nouvelle vie les attend à Frisco. Courtney a déjà fait le voyage en avion et prépare la maison avant l’arrivée de Doyle qui doit la rejoindre avec la voiture du couple.
    Dans cette voiture, Doyle n’est pas seul. Colin, le jeune frère de Courtney, l’accompagne. Un garçon de onze ans mais qui réfléchit et parle comme un adulte. Une étonnante maturité doublée d’un bon sens de l’observation qui vont servir au duo lors de ce long voyage de 4800 km.
    Car très vite, Colin se rend compte qu’ils sont suivis. Par une camionnette de déménagement. Doyle n’y prête pas attention. Mais force est de constater que la camionnette les suit à la trace, sur la route comme dans les motels où ils dorment. Les jours passant, le conducteur de la camionnette se montre de plus en plus menaçant. Doyle comprend alors qu’il en veut à leurs vies…

    Voilà un road-trip très plaisant à lire avec tous les bons ingrédients pour un texte réussi : de la tension, du suspense qui va crescendo, des scènes marquantes (course poursuite en voitures, bagarre nocturne…), un duo attachant (notamment le jeune Colin) et, mine de rien, un aperçu sur les préjugés des Américains que peuvent alors subir des gens comme Doyle, artiste au look un peu hippie et ancien objecteur de conscience (le texte est publié lors de la guerre du Viêt Nam). J’ai également apprécié les (certes trop rares et trop courtes) descriptions des paysages traversés, de Philly aux Rocheuses, en passant par les Grandes Plaines.
    Je m’attendais à un roman plus flippant mais je pense qu’il devait l’être davantage au moment de sa sortie, tant on a fait plus tordu, plus trash et plus angoissant depuis.
    Au final, un roman à suspense attrayant que j’ai pris plaisir à lire et qui me console un peu de mon expérience décevante avec un autre titre de l’auteur, Chasse à mort.

    06/01/2019 à 21:07 7

  • L'Attaque des spectres

    R. L. Stine

    6/10 Stanislas et sa classe se rendent dans le cimetière de leur ville (Hautetombe la bien nommée), situé tout en haut d’une colline.
    Sur place, il a le malheur de renverser la stèle d’Oswald Manse, mort en 1785 à l’âge de 15 ans. Quelques temps plus tard, le défunt se venge d’une façon effrayante. La vie de Stanislas ne sera alors jamais plus la même.
    Des ingrédients classiques mais un suspense qui fonctionne bien. Le thème du cimetière et des spectres est traité de façon assez superficielle mais les frissons chez les jeunes lecteurs seront très probablement au rendez-vous à mesure que la vie de Stanislas déraille sévèrement après la vengeance du spectre. Le subterfuge trouvé par l’auteur pour en terminer est léger, pas forcément à la hauteur du reste.
    Au final, un assez bon Chair de Poule.

    06/01/2019 à 21:07 2

  • Le Quatrième Mur

    Sorj Chalandon

    10/10 Sorj Chalandon, ancien grand reporter à Libération, s'est trouvé dans les camps de Sabra et Chatila au lendemain des massacres, en septembre 1982.
    Comme nombre de ses confrères, il fut profondément et durablement choqué.
    Et il mit de longues années avant de reparler de ce tragique et douloureux évènement, plus de trente ans après les faits, et sous la forme d'un roman.
    Pas d'autobiographie mais un personnage central, Georges (qui sonne un peu comme Sorj) qui ressemble beaucoup à l'auteur.
    Le contexte du départ pour le Liban est très original : Georges s'engage à poursuivre l'idée folle de son ami grec mourant Samuel de jouer l'Antigone d'Anouilh à Beyrouth, en pleine guerre et en faisant jouer toutes les communautés dans la pièce (Druzes, Sunnites, Chiites, Chaldéens, Maronites, Catholique arménien). Une véritable utopie, magnifique mais qui semble totalement impossible.
    Georges quitte Paris, sa femme et sa fille pour accomplir sa promesse.
    Sur place il découvre l'horreur de la guerre, dès l'aéroport de Beyrouth. Partout, la guerre civile est partout. Les communautés s'entredéchirent, dans le sang, les balles, les bombardements, les massacres.
    L'émotion, la tension sont partout dans ce texte. On vibre avec Georges, on partage ses espoirs, ses doutes, sa détresse. On veut que la pièce se joue, on croise les doigts, on épie les réactions des différentes communautés, on espère...
    Jusqu'à ces jours de septembre 1982, où l'horreur de cette guerre éclate à la face de l'Occident, avec ces images retransmises dans les journaux télévisés des massacres de Sabra et Chatila, deux camps de réfugiés palestiniens en banlieue de Beyrouth.
    Et l'on pleure avec Georges.
    Un roman bouleversant (vraiment), un texte qu'on ne peut oublier et qui reste longtemps en mémoire.
    Un roman qui nous informe, qui nous apprend, qui nous explique aussi, de la dictature des colonels en Grèce via le personnage de Samuel à la guerre civile libanaise.
    Et on remercie Sorj Chalandon d'avoir su trouver les mots pour traduire à la fois son émotion et ce que fut cette guerre civile libanaise, trop méconnue ou oubliée de nos jours.
    Un très grand livre.

    03/01/2019 à 20:54 7

  • Le Rendez-vous de sept heures trente

    Francis Durbridge

    8/10 Tim Frazer est un agent dans un "service secret semi-officiel, à cheval entre le M.I.5 et le C.I.D." (p. 1). A Londres, il reçoit l'ordre de se rendre à Amsterdam pour suivre une femme, Barbara Day, qui a tué "accidentellement" un agent deux mois auparavant dans la ville néerlandaise.
    Il va alors faire la rencontre de la charmante jeune femme, mais aussi d'un touriste américain envahissant puis, de retour à Londres, d'un fiancé jaloux, d'une associée louche, d'une mystérieuse organisation etc... dans une intrigue où un métronome, un catalogue floral et des diamants auront aussi leur place.
    Dit comme ça, ça fait fouillis, mais c'est sans compter l'habileté de l'auteur à nous entraîner dans le sillage de Frazer, avec un savant dosage d'action, de suspense, de mystère pour un dénouement plein de surprises, et toujours une touche d'humour british.
    Vraiment une lecture très appréciable, un roman d'espionnage "sage" (pas de vulgarité, pas de sexe, comme avec des SAS par exemple) mais franchement plaisant à lire.

    01/01/2019 à 21:45 4

  • La Plume empoisonnée

    Agatha Christie

    8/10 En 1942, Agatha Christie publiait The Moving Finger et un an après Henri-Georges Clouzot sortait au cinéma Le Corbeau, adaptation cinématographique de la sombre Affaire du Corbeau de Tulle (1917-1922). 1942, 1943, années sombres où des centaines de corbeaux firent des dégâts considérables et meurtriers en temps de guerre, d'Occupation et de Shoah.
    Mais ici, rien d'ancrée dans une réalité historique, une "simple" fiction se tenant dans un village anglais où Miss Marple va devoir faire preuve d'observation et de perspicacité pour découvrir qui est l'auteur de lettres anonymes fort désagréables menant jusqu'au suicide de l'épouse du notaire.
    Un huis clos où, comme d'habitude, on soupçonne tour à tour personnages principaux comme secondaires jusqu'au dénouement que j'ai tout juste anticipé.
    La version audio que j'ai écoutée, adaptation radiophonique pour France Culture par François Rivière (2014) est très réussie et plaisante à suivre.

    01/01/2019 à 13:04 4

  • Juste après la vague

    Sandrine Collette

    7/10 Sandrine Collette n'a plus besoin de prouver qu'elle a plusieurs cordes à son arc. Le huis-clos, le monde des vignes, le désert, une casse dans le futur et ici un raz-de-marée qui entraîne pour une famille nombreuse des choix douloureux, impossibles mais nécessaires pour ne pas tous sombrer. Les décors changent, les intrigues aussi mais reste intact "l'amour" que l'auteure porte à ses personnages.
    Si la survie semble le cœur de l'intrigue de Juste après la vague, d'autres thèmes d'actualité sont traités de façon sous-jacente, à commencer par les migrations climatiques (comme l'a souligné l'auteur de l'avis précédent), qui seront demain la préoccupation majeure de l'humanité. L'amour, la famille en sont d'autres.
    Et cette écriture, comme des coups de boutoirs qui parfois nous plongent dans un flot d'émotions (avec Lotte, par exemple...)...
    Alors pourquoi pas 9 ou 10 ? Parce qu'il manque un je-ne-sais-quoi, le truc en plus qui fait un grand roman... touché, mais pas coulé.
    N'en reste pas moins une lecture immersive, une belle écriture, un roman qui marque assurément, un conte qui nous parle d'aujourd'hui et de demain. A découvrir.

    30/12/2018 à 18:55 11

  • Le miroir se brisa

    Agatha Christie

    8/10 Habituellement plus fan de Poirot que de Miss Marple, je dois reconnaître que l'intrigue de ce roman-ci est bien pensée et déployée habilement.
    Un empoisonnement, une victime qui n'est peut-être pas la bonne et voilà Miss Marple sur les traces de l'assassin. Une succession de fausses pistes, des meurtres qui s'enchaînent jusqu'au dénouement (que j'ai vu venir !). La version audio, adaptation de Xavier Mauméjean pour France Culture, est particulièrement réussie même s'il est vrai que la voix de la vieille dame, jouée par une jeune actrice, peut gêner au début mais l'on s'y fait assez vite.
    Bref, un très bon Miss Marple !

    28/12/2018 à 23:21 6

  • Marche ou chante

    Anthony Nuttall

    6/10 Rusty Barlow est pianiste dans un bar assez chic de Londres, le Meecham. Un soir, il remarque Morgan Jackson dans l'assistance. Celui-ci lui rappelle un bien mauvais souvenir, à Manchester, deux ans auparavant... Et c'est justement ce mauvais souvenir que Jackson prend comme prétexte pour enrôler de force Barlow dans une combine pas très nette. Quelle combine ? Barlow ne le sait pas encore. Mais les choses se compliquent lorsque Jackson puis des personnes semblant participer à la combine viennent à être assassinées. Barlow ne sait plus à quel saint se vouer... est-il le prochain sur la liste ? Le patron du Meecham est-il lié à tout cela ? La police va t-elle faire le lien entre lui et la sombre histoire de Manchester ?...
    Une histoire ni plaisante, ni déplaisante, c'est pas mal mais ça manque de punch. Un roman qui prend les habits du hard-boiled mais en version soft, un peu trop gentillet. Pas dit que j'en garde un grand souvenir...

    27/12/2018 à 19:04 2

  • Le Noël d'Hercule Poirot

    Agatha Christie

    8/10 Des ingrédients classiques : un patriarche (Simon Laurence) honni mais dont le magot fait rêver une famille où tous semblent se détester, se jalouser puis un meurtre en chambre close (particulièrement sanglant, ce qui est assez rare chez A. Christie) et enfin un Hercule Poirot convié "à la fête", qui va questionner chacun des protagonistes puis faire travailler ses "petites cellules grises" avant de nous donner le nom du coupable.
    Du classique donc mais ça fonctionne toujours aussi bien.
    Surtout, la version audio que j'ai écoutée, adaptation "par" le studio 105 de la Maison de la Radio sur France Culture est une belle réussite : la victime est jouée par Jean-Marie Winling, une voix particulièrement reconnaissable et qui colle bien au personnage de Simon Laurence, des effets sonores bien sentis (le passage sur le meurtre est limite flippant !) et des acteurs qui jouent tous bien. Très plaisant.

    20/12/2018 à 22:52 4

  • Que le diable soit avec nous

    Ania Ahlborn

    5/10 Tout d'abord merci aux éditions Denoël et à Polars Pourpres pour avoir organisé un passe-livre qui m'a permis de découvrir ce roman.
    Je rejoins l'avis de Jackbauer, point de frissons non plus pour ma part, juste un sentiment de "tout ça pour ça" et c'est dommage car oui les ingrédients étaient les bons mais le suspense est poussif et les scènes redondantes. Idem quant aux questions restées sans réponses...
    Restera juste l'image de ce pauvre Steve, inutilement malmené je trouve, sans que cela apporte grand chose à l'intrigue.
    Une galerie de personnages têtes à claques, caricaturaux parfois, qu'on a envie de secouer pour leur faire ouvrir les yeux sur ce que subit ce pauvre Steve.
    Bref, plutôt emballé par le début, mais une déception au final.

    20/12/2018 à 18:55 6

  • Scène de crime

    Ed Brubaker, Michael Lark, Sean Phillips

    6/10 Deux enquêtes dans cette BD, l'une concernant une fille disparue à San Francisco, retrouvée finalement dans un motel après être passée par une secte... avant d'être froidement abattue. Le personnage principal Jack Herriman, détective privé, va tenter de comprendre cet assassinat.
    La deuxième enquête, bien plus courte, se déroule à Chicago et ne fait que quelques planches. C'est cette fois sur les traces d'un fugitif que Jack Herriman va se lancer.
    Si ce dernier est plutôt attachant, j'ai trouvé les intrigues plutôt classiques et je n'ai pas apprécié le trait des dessinateurs. Bref, une petite déception.

    09/12/2018 à 22:26 2

  • Polar, le grand panorama de la littérature noire

    Mikael Demets, Clémentine Thiebault

    8/10 Voilà un ouvrage qui allie « beau livre » et « documentaire » à la fois.
    Ce « grand panorama » brasse large, avec pas moins de 17 chapitres, des « racines du mal » au « polar en bande dessinée », en passant par l’histoire de certaines collections mythiques (Le Masque, La Série Noire, Rivages/Noir etc…), par des entrées thématiques (le fantastique, les faits divers, la justice, la prison, le polar historique, l’espionnage, la guerre, les femmes, le sexe, le racisme, le capitalisme, la ville/la nature…).
    Chaque chapitre est construit de façon identique ou presque : un article introductif au thème, un focus, un portrait d’un auteur, une interview, un « cliché », le tout joliment illustré, texte aéré, belle présentation.
    Bien sûr on trouvera toujours à redire sur l’absence de tel ou tel auteur mais comme indiqué dans le titre, il s’agit d’un panorama, non d’un dictionnaire exhaustif.
    Bref, une lecture plaisante, de nombreuses références qui donnent envie de lire ou relire tel ou tel auteur, un bel ouvrage pour les amoureux du polar comme pour celles et ceux qui veulent découvrir le genre.

    08/12/2018 à 11:35 4

  • Une brève histoire du roman noir

    Jean-Bernard Pouy

    8/10 Histoire (forcément) subjective, résumée en 8 chapitres + une nouvelle, des origines (l’Oedipe de Sophocle) à l'installation durable du roman noir dans le paysage littéraire en passant par différentes catégories d'auteurs (les "aiguilleurs" comme Cain, les "forcenés" comme Simenon, les "pessimistes" comme Goodis, J. Thompson, Horace McCoy...), cette brève histoire, par son ton, par son (finalement) assez vaste panorama en si peu de pages (130) vaut le détour.
    L'auteur a eu la bonne idée de glisser en fin d'ouvrage une bibliographie de tous les ouvrages abordés, permettant ainsi de prolonger notre lecture.
    Bref, une lecture plaisante et qui donne envie de lire les romans et les auteurs évoqués par JB Pouy.

    06/12/2018 à 11:09 5

  • Goodis, la vie en noir et blanc

    Philippe Garnier

    8/10 En 1982, Philippe Garnier se lance, un peu à reculons, sur les traces de David Goodis, obscur auteur américain, semi-inconnu au pays de l’oncle Sam (nul n’est prophète…) mais plébiscité en France où il fut notamment publié dans la mythique Série Noire (époque Marcel Duhamel) et adapté au cinéma par de grands réalisateurs comme François Truffaud avec Tirez sur le pianiste (1960), avec Charles Aznavour dans le rôle principal.
    Loin d’être une hagiographie (Garnier semblant avoir peu d’admiration pour Goodis, évoquant un « tâcheron » p. 218), Goodis, la vie en noir et blanc n’est pas non plus une biographie mais davantage une enquête.
    Une enquête qui ne respecte pas la chronologie de la vie de Goodis mais se construit au gré des rencontres de Ph. Garnier lors de son voyage aux Etats-Unis sur les traces de Goodis.
    Garnier n’hésite pas à donner régulièrement son avis sur l’œuvre de l’américain et ses (nombreuses) adaptations au cinéma, ce qui donne une certaine dynamique au récit.

    Et ce qui ressort de cette enquête, c’est d’abord la grande difficulté à cerner David Goodis, à savoir qui il était. Loin de la « légende » qui a traversé l’Atlantique, D. Goodis semble, sous la plume (très appréciable au passage) de Garnier, très banal, effacé.
    Mais surtout insaisissable.
    Ainsi très peu de personnes se souviennent de lui à Hollywood (où il a pourtant travaillé de 1946 à 1948). Difficulté à le cerner non seulement parce que l’homme est finalement quelconque (même si son ami Paul Wendhos évoque un homme « excentrique et caméléon ») mais aussi parce que les témoins vivants de cette époque sont peu nombreux.
    Par exemple, Ruth Wendhos (épouse du réalisateur Paul Wendhos) « connaissait Goodis mieux que personne » (p. 55). Hélas celle-ci est morte d’un cancer quelques années avant les recherches de Ph. Garnier.
    On a le sentiment, au fil de la lecture, que Garnier (et je pense qu’il a eu ce sentiment également) arrivait toujours trop tard et que son enquête aurait été plus aboutie, fructueuse s’il l’avait réalisé 10 ans auparavant.

    On apprend, tout de même, plusieurs choses intéressantes sur David Goodis.

    Sur sa famille : Goodis est né dans une famille juive américaine à Philadelphie et il a un frère qui souffre de schizophrénie (élément qui prendra notamment de l’importance après la mort de ses parents).
    Sur l’écriture : il a écrit beaucoup pour des pulp à ses débuts (surtout des histoires de pilotes de chasse) avant de connaître le succès très jeune grâce à ses premiers romans, puisque Goodis, à 30 ans à peine, voit ses romans adaptés à Hollywood.
    On apprend aussi que dans une société américaine encore frappée en de nombreux endroits par la ségrégation raciale, Goodis affirme sa détestation du racisme et des racistes, mais cache paradoxalement sa fascination pour les « femmes noires bien en chair » qu’il fréquente tard la nuit dans certains quartiers chauds de « Philly ».
    Cette valeur-là (l’antiracisme) est sincère mais on peut se demander, à certains moments, si Goodis n’est pas en fait un « imposteur » (p. 167), un homme sensible (les passages sur la mort de ses parents le confirment) qui se cache derrière un masque fade face au plus grand nombre mais qui peut se montrer, avec ses (rares) proches amis, volontiers mythomane, s’inventant mille vie, homme à l’imagination débordante et habitué des rodomontades.
    Fade, effacé pour les uns, excentrique, mythomane, blagueur pour les autres… Oui, décidément, David Goodis est insaisissable.

    Au-delà de ces (trop maigres) informations sur l’auteur, reste de l’enquête un tableau peu reluisant du cinéma hollywoodien des années 40 à 60.
    En bref, Goodis, la vie en noir et blanc est une enquête (plus qu’une biographie) très plaisante à suivre sur David Goodis, auteur américain des années 1940 à 1960, publié à la Série Noire. En résulte un portrait un peu flou d’un auteur attaché à sa ville Philadelphie (loin des strass et paillettes de la côte ouest) dont on ne sait, finalement et malgré 250 pages d’enquête, que peu de choses nous amenant à ressentir, comme l’auteur, une frustration de ne pas en avoir appris autant qu’espéré.

    24/11/2018 à 14:35 5

  • Un Traître à notre goût

    John Le Carré

    3/10 Totalement d'accord avec l'avis de Gamille67. Ce roman fut d'un ennui... j'ajoute à la liste des défauts évoqués ci-dessous, celui, majeur, d'une construction alambiquée et malhabile.
    La bonne interprétation de Didier Weill (j'ai beaucoup aimé son Dima) n'y changea rien, ce fut un soulagement de pouvoir passer à autre chose.
    Le message de l'auteur est vraiment trop dilué dans des digressions et des détails sans fin, qui ralentissent le rythme tandis que la construction perd d'emblée le lecteur et il m'a fallu un bon tiers pour comprendre où Le Carré voulait en venir.
    Bref, premier contact décevant avec l'auteur.

    23/11/2018 à 17:33 5

  • Fête Fatale

    William Katz

    7/10 Avant toute chose, ne lisez pas le résumé du livre, car il dévoile les trois quarts de l'intrigue !!! Quel dommage car, effectivement, trop peu de surprises dans ce roman, hélas éventées en quelques lignes sur la 4e de couv'...
    Un résumé sans trop de spoiler aurait pu ressembler à cela : "Samantha Shaw s'est marié il y a quelques mois avec Marty, un homme d'affaires aux nombreuses qualités. Pour son 40e anniversaire, elle souhaite une fête grandiose, à la hauteur de l'amour qu'ils se portent l'un pour l'autre. Mais lorsqu'elle se penche sur le passé de son homme pour agrémenter l'anniversaire de souvenirs heureux, ce qu'elle découvre la plonge dans une incompréhension croissante. Marty est-il réellement l'homme qu'il prétend être ?". Bon, c'est court certes, ça casse pas trois pattes à un canard mais au moins on ne dévoile pas 150 pages sur 200 !
    Malgré ce gros point noir, j'ai apprécié le récit de William Katz. Car il y a quand même du suspense, notamment au moment de la fameuse fête, et l'on partage la peine de cette pauvre Samantha. La construction est habile et il m'est arrivé de douter malgré tout à deux reprises... L'ultime pirouette de l'auteur est cependant prévisible, celui-ci ayant laissé un indice de taille au cœur du récit.
    Bref, un texte plutôt agréable à lire qui n'a pas trop vieilli je trouve. Mais la réédition de 2012 aurait dû s'accompagner d'une 4e de couv' moins bavarde !!!

    04/11/2018 à 21:48 4

  • Mississipi blues

    Gus Weill

    9/10 Nous sommes en 1974 à Black Bayou, Mississippi. 2200 âmes. Particularité : être la seule ville entièrement noire des Etats-Unis et ce volontairement.
    On se tient à l'écart des Blancs parce qu'ils sont synonymes de maux (en mots, cela donne : Ku Klux Klan, racisme, ségrégation).
    La ville est tenue par Lionel Jackson, le maire, dont la famille a créé Black Blayou. La vie y est tranquille à l'écart des "dragons" (comprendre les Blancs).
    Mais voilà, la violence se déchaîne sur la ville. Elle a pris les traits du "père Bonnet", l'équivalent du père Fouettard. Sauf qu'elle ne joue pas qu'avec la peur des enfants. Le père Bonnet (The Bonnet Man, titre original) est sanguinaire, cruel, il s'acharne à coups de haches. Les victimes ? Des personnes isolées, sans défense.
    Et un seul témoin, un gamin traumatisé par l'assassinat sauvage de son oncle auquel il a assisté.
    Alors Black Bayou accepte l'impensable : faire appel à un Blanc pour arrêter le massacre.
    Et c'est ainsi que débarque Brendan Cassidy, flic à New York mais surtout ami du maire depuis un passage commun à l'armée.

    Dire que j'ai aimé ce roman noir est un euphémisme. On emprunte les pas de Brendan Cassidy et on découvre, avec ses yeux, la vie à Black Bayou. L'homme n'est pas un ange, il a lui aussi ses préjugés racistes mais son amitié avec le maire lui permet d'aller jusqu'au bout de sa mission. Son arrivée ne coïncide pas avec la fin des meurtres et l'on s'interroge, au fil des pages, sur l'identité du père Bonnet ; on soupçonne un tel, puis un tel, sans jamais arriver à deviner avec certitude. La fin est d'ailleurs particulièrement prenante, mais je n'en dis pas plus. Toute cette galerie de personnage (Brendan, le maire, la famille du maire, les conseillers municipaux, les flics etc...) est très réussie, tout comme l'atmosphère qui se dégage de ce "bout du monde" pour reprendre une expression d'un des personnages.

    Bref, un très bon et très beau roman que ce Mississipi Blues, que je garderai assurément en tête pendant longtemps.

    04/11/2018 à 16:12 5

  • Le retour d’Ataï

    Didier Daeninckx

    8/10 Didier Daeninckx reprend le personnage de Gocéné, découvert dans Cannibale, pour, 70 ans plus tard, partir sur les traces d'un crâne kanak, celui du chef révolté Ataï, vendu aux enchères à Paris. Gocéné n'a pas remis les pieds en métropole depuis l'Exposition coloniale de 1931. Son voyage fait remonter ses souvenirs à la surface (je conseille de lire Cannibale avant Le Retour d'Ataï d'ailleurs) et l'on suit l'histoire de ce crâne dans les méandres de l'histoire coloniale française.
    Encore une page peu glorieuse de notre histoire que l'auteur engagé à su sortir de l'ombre car si Le Retour d'Ataï est un roman, il s'appuie sur une histoire vraie.
    C'est d'ailleurs l'abnégation de l'écrivain qui a permis, en 2011 (soit 9 ans après le roman et 23 ans après la promesse de la France de rendre le crâne à la Nouvelle-Calédonie), de remettre la main sur le fameux crâne, présent dans les réserves du Musée de l'homme. C'est chose faite en 2014 avec le retour officiel du crâne d'Ataï sur son île natale.

    31/10/2018 à 12:11 5

  • Le Lys rouge

    Karen Rose

    8/10 Une belle surprise ! Alors que je m'attendais à un truc guimauve parsemé de scènes érotiques, j'ai lu un très bon thriller, avec une intrigue habile, des rebondissements qui relancent sans cesse l'intérêt du lecteur et des personnages intéressants, bien que manichéens. Cela reste un "Harlequin", donc il y a bien les fameuses scènes mais elles ne sont pas trop nombreuses, elles arrivent après 200 pages et elles ne ralentissent pas trop le rythme du roman (20 pages environ sur plus de 500).
    L'écriture n'est pas sensationnelle, ni la traduction (quelques tournures de phrases un peu étranges), mais l'histoire contée par Karen Rose est palpitante.
    Ou comment Tess Ciccotelli, brillante psychiatre à Chicago, voit plusieurs de ses patients se suicider. Pire, tout semble la désigner comme étant responsable de ces morts. Au fur et à mesure qu'on avance, on mesure l'immense piège tendue à la jeune femme et les morts s'accumulent autour d'elle... La manipulation orchestrée dans l'ombre est machiavélique !
    Bref, une bonne surprise pour mon premier Harlequin, à voir si je réitère l'expérience, peut-être avec un(e) autre auteur(e).

    30/10/2018 à 10:59 4

  • La Blonde au coin de la rue

    David Goodis

    7/10 Philadelphie, 1936. Ralph, trente ans, vit chez ses parents. Sous le toit familial, on trouve aussi deux soeurs qui s'échinent au travail, comme le père.
    Ralph, lui, est chômeur. Comme tant d'autres jeunes hommes dans la ville, dans le pays, dans le monde.
    Alors il traîne, avec ses amis, Georges, Ken qui compose des mélodies et rêve de Floride où il espère percer dans la musique. Il y a aussi Dingo, dont on peut douter de la santé mentale... Et puis il y a Lenore, mariée à Clarence, le frère de Dingo. Une femme insatisfaite, dont la sœur malade sert de prétexte à une infidélité quasi maladive. Elle est "la blonde au coin de la rue".
    Ralph, bel homme fan de boxe et qui manie les poings avec dextérité (la scène du métro ou celle de l'usine !), semble alors une proie de choix pour la femme fatale...
    La Blonde au coin de la rue c'est effectivement "un constat désespéré sur la jeunesse de l'époque" comme écrit sur la 4e de couverture. Mais c'est aussi une ambiance, des scènes en apparence banale mais qui restent bizarrement en mémoire... Pas étonnant alors de voir Goodis autant adapté au cinéma, tant le style est cinématographique (l'auteur a d'ailleurs travaillé pour Hollywood, une expérience plus que mitigée).

    23/10/2018 à 19:54 5