LeJugeW

1774 votes

  • Etrange étranger

    Ouvrage collectif

    8/10 Voilà une belle initiative de la part de la Cimade, du Festival International du Roman Noir de Frontignan et de la Manufacture des livres : rassembler 14 nouvelles noires pour soutenir l'action de la Cimade en faveur des réfugiés, notamment. Cette association d'inspiration protestante, née en septembre 1939 pour permettre l'accueil des habitants de l'Alsace-Lorraine après l'entrée en guerre contre l'Allemagne. Depuis, elle a poursuivi cette action et est particulièrement sollicitée ces dernières années avec, entre autres, la guerre en Syrie, et nous rappelle, par son slogan, que "l'humanité passe par l'autre".
    14 nouvelles noires, sous le titre emprunté à Jacques Prévert, Étrange étranger (1951), écrites par des auteurs souvent engagés (comme Sophie Loubière, par exemple), parfois en lien avec le sujet des migrants mais pas toujours.
    La gamme du noir est plutôt étendue, du noir pur (grosse claque avec la très courte mais choquante nouvelle de Sophie Loubière) à du plus léger (Serguei Dounovetz, Bernard Pouy).
    "Il n'y a pas d'étrangers sur cette terre, seulement des êtres humains" : cette phrase qui occupe la 4e de couverture amène à la réflexion, entamée ou prolongée par la lecture du recueil. A découvrir.

    09/01/2016 à 11:05 4

  • Lettre à ce prof qui a changé ma vie

    Ouvrage collectif

    9/10 Ecrit en hommage à Samuel Paty, sous-titré "enseigner la liberté. 40 personnalités s'engagent", ce recueil s'ouvre un texte lumineux d'Abd-al-Malik, et cette citation tirée du Premier Homme d'Albert Camus "Un homme, ça s'empêche". Certains auteurs reprennent la forme stricto sensu de la lettre, comme Aline Afanoukoé, écrivant à sa professeur de français. D'autres content des souvenirs personnels de leur passage à l'école, souvenirs parfois très précis d'un enseignant ou d'un moment-clé, comme un tournant dans leur vie.
    Souvent teintés d'une certaine nostalgie, sans jamais tomber dans le "c'était mieux avant", ces récits sont des hommages aux femmes et hommes qui transmettent savoirs et savoir-être, connaissances et compétences, chaque jour, à des millions d'enfants et adolescents.
    Un livre indispensable pour ne jamais oublier que l'éducation est un trésor, qu'il faut à la fois défendre et partager.
    A noter que les bénéfices du livre (au prix de 5€) sont reversés à Bibliothèques Sans Frontières.

    15/10/2021 à 19:24 6

  • 13 à table ! 2016

    Ouvrage collectif

    8/10 Je pourrais faire un copier/coller du précédent avis, tant il reflète ce que je pense de ce recueil de nouvelles.
    Alors je n'ajouterai que ceci : achetez-le, offrez-le, lisez-le.

    22/03/2016 à 21:35 6

  • Hammett Détective

    Ouvrage collectif

    8/10 Voilà un recueil de nouvelles de grande qualité. Dans les traces d'un Dashiell Hammett à ses débuts au sein de la Pinkerton en 1915, les auteurs conviés à cet hommage réussissent tous à être fidèles à l'univers du grand auteur américain, précurseur du roman noir hard-boiled outre-Atlantique. Je n'ai pas eu de préférence concernant les nouvelles, que j'ai toutes lues à la suite avec un plaisir égal. La postface de Nathalie Beunat (co-autrice de l'excellent Le Polar pour les nuls et d'une courte biographie d'Hammett) est à la fois éclairante et prolonge avec pertinence la lecture des nouvelles du recueil.
    Assurément une réussite.

    07/01/2023 à 10:26 2

  • Les Larmes noires sur la Terre

    Sandrine Collette

    9/10 Sandrine Collette affectionne le mot "raucité", par ailleurs peu usité dans la littérature et encore moins dans la vie courante. C'est peut-être parce que c'est le terme qui sied le mieux à ses romans, car oui ils sont particulièrement âpres, rudes !
    Si Moe est l'archétype de la "pauvre fille" à qui rien ne réussit, qui échoue dans tout ce qu'elle entreprend, à tel point que ça en devient caricatural, j'ai trouvé que la galerie de personnages qui entourent Moe est excellente, très réussie. Je me suis attaché à ces femmes aux parcours cabossés, à l'image des bagnoles de la Casse, usées par la vie mais encore capables d'accueillir de la chaleur humaine.
    J'ai aimé suivre le destin d'Ada, Poule, Jaja et Marie-Thé (quant à Nini-Peau-de-chien... hum !), avec des flashbacks qui donnent une vraie épaisseur à ces personnages, j'ai trouvé le décor de la Casse crédible (combien de millions de personnes vivent dans des conditions proches dans le monde, sans que cela émeuve les gouvernements concernés ?), décor que j'avais déjà trouvé fort bien décrit dans Une brume si légère, publié dans la série Les petits polars du Monde, préquel aux Larmes noires...
    J'avoue avoir dû reposer le livre à maintes reprises pour reprendre mon souffle, car tout est noir ou presque dans ce roman et l'espoir ne tient qu'à un fil tendu à l'extrême et qui semble pouvoir casser à n'importe quel moment au gré des agressions, violences, vols, viols et toutes les horreurs que vivent les milliers d'habitants de la Casse.
    Quant à la fin... une ENORME claque comme je les affectionne, qui transforme un très bon roman en coup de coeur !

    21/12/2017 à 18:57 18

  • Noir-Express

    Ouvrage collectif

    8/10 Bon recueil de nouvelles ayant pour point commun le train. Chaque nouvelle est illustrée d'une photographie en noir et blanc, très souvent pertinente.
    Parmi les 9 nouvelles j'ai plus particulièrement apprécié celle de Michel Baglin, "Un personnage entre deux tunnels" pour son atmosphère mystérieuse, "Sugar" de Franck Bouysse, belle et triste mêlant train, campagne et boxe et enfin celle de Marie Wilhelm, la plus longue et qui clôt bien le recueil.
    Belle initiative de la part de la SNCF Limousin et du salon Vins Noirs de Limoges, à l'origine de la publication de ce recueil.

    28/10/2016 à 19:03 2

  • L'Empreinte sanglante

    Ouvrage collectif

    6/10 Voir autant de noms "prestigieux" sur la couverture d'un recueil de nouvelles fait saliver tout amateur de thrillers. Hélas le contenu n'a pas été à la hauteur de mes espérances. Si les angles choisis sont originaux pour la plupart, le contenu est en revanche un peu décevant. Dans le détail, je n'ai pas aimé les nouvelles de R. Cardetti et L. Scalese. Celle de M. Chattam, que je savais "sanglante" après avoir lu les commentaires précédents, ne m'a pas vraiment marqué, l'auteur sait faire bien mieux. Celle d'Olivier Descosse avait le potentiel pour en faire un très bon roman, au final la nouvelle est vite lue et assez vite oubliée, c'est vraiment dommage.
    Enfin celles de K. Giebel et F. Thilliez relèvent le niveau et j'ai eu un faible pour celle d'E. Giacometti et J. Ravenne, que j'ai trouvé à la fois facile à lire et terriblement d'actualité (plus suspense que thriller, ce qui n'est pas pour me déplaire). Je l'ai préféré aux six autres car l'angle choisi est vraiment original et elle vaut le détour à mon sens.
    Bref, j'attendais beaucoup de ce recueil avec tous ces noms qui "parlent" aux oreilles d'amateurs de polars, mais c'est la déception qui a primé.

    12/06/2015 à 21:47 2

  • Marseille Noir

    Ouvrage collectif

    7/10 Un recueil de qualité, divisé en quatre parties (Mythologies - Errances - Sale et rebelle - Toujours en partance), qui nous montre la ville sous différents angles, selon le style de l'auteur et le "genre" de la nouvelle (noir, thriller, suspense), mais aussi selon le quartier choisi.
    La ballade est rarement charmante, la ville dépeinte souvent avec mélancolie et regrets, mais toujours avec amour. Ca défouraille pas mal, ça deale, ça tue... mais pas que. A la lecture de ces nouvelles, j'ai ressenti de la part de la plupart des auteurs la tristesse de voir le potentiel de Marseille éternellement gâché. Mais toujours avec l'espoir que rien n'est inéluctable. Parce que... parce que c'est Marseille.
    J'ai particulièrement aimé les nouvelles de Marie Neuser (toujours cette plume magnifique), de François Beaune (un style qui décoiffe) et de Phillipe Carrese.

    04/09/2014 à 20:28 2

  • Seules les bêtes

    Colin Niel

    9/10 Tout est admirable dans ce livre : l'écriture d'abord, fluide mais qui ne veut pas dire simple. Chaque mot a/à sa place.
    Les personnages ensuite, très réussis. Chacun prend la parole, donne sa version et on avance, ainsi, vers la vérité. Souvent touchants, âmes esseulées en quête d'amour...
    Le suspense, savamment dosé, et une intrigue ciselée, géniale, qui prend des chemins insoupçonnés, rendant le roman véritablement renversant ! Que d'excellents ingrédients au service d'une histoire épatante !

    Un jour de juin 2016, j'avais eu un bref échange avec Colin Niel, lors de Vins Noirs, à Limoges. Je ne l'avais jamais lu mais ses "romans guyanais" semblaient contenir une originalité propre à satisfaire ma curiosité. Je lui disais que les récompenses de son dernier roman de l'époque (Obia) allaient sûrement lui permettre d'être plus connu et de vendre plus de livres. J'avais été surpris par sa réponse : pour lui, il lui fallait écrire "un grand livre" (son expression exacte), et ce n'était pas encore le cas à ses yeux. Il était sûrement en train de plancher sur Seuls les bêtes et avait déjà dans l'idée qu'il tenait là, peut-être, "son grand livre".

    Le doute n'est plus permis : avec Seuls les bêtes, Colin Niel est entré dans la cour de nos grands auteurs de polars contemporains. Les multiples prix qu'il recueille, mais aussi et surtout les avis unanimement très positifs des lecteurs en sont la preuve éclatante.

    Bravo et merci pour cette pépite, M. Colin Niel.

    22/03/2018 à 19:22 16

  • De bonnes raisons de mourir

    Morgan Audic

    9/10 En lice pour le prix découverte Polars Pourpres 2020, ce titre ne m'avait à l'époque pas fait tellement envie, par peur d'être déçu car le thème (la catastrophe nucléaire de Tchernobyl), lui, m'intéresse beaucoup.
    Mais comme on dit "mieux vaut tard que jamais" et grâce à l'amitié d'Ironheart (mille mercis encore !) j'ai même pu découvrir l'excellente version audio de Jean-Christophe Lepert, remarquable lecteur de ce tout aussi remarquable roman.
    Car oui, "De bonnes raisons de mourir" est un excellent thriller. Pripiat, Tchernobyl... des noms qui résonnent tristement dans la conscience humaine mais que l'auteur n'a pas utilisé comme simple prétexte mais bien pour bâtir une intrigue solide, ingénieuse, bien foutue qui s'adosse à une documentation conséquente et qui permet une immersion réussie tant dans l'Ukraine contemporaine (avec des références pertinentes à la guerre du Donbass et même utiles à certains moments de l'intrigue...) que dans la RSS d'Ukraine en 1986. Tout est décidément bon dans ce roman, personnages compris bien sûr, du flic métis Rybalko, surnommé avec ironie (et racisme) "Pouchkine", au duo Melnik-Novak, en passant par la fille de Sokolov, lui l'archétype du potentat détestable.
    Bref, rien à jeter dans ce thriller haut de gamme, c'est excellent de bout en bout : Morgan Audic signe là avec ce (seulement !) deuxième roman, un titre remarquable qui n'a pas volé son prix découverte Polars Pourpres !

    14/03/2021 à 10:59 15

  • L'Affaire Léon Sadorski

    Romain Slocombe

    8/10 J'ai rarement lu un roman aussi bien documenté : Romain Slocombe nous plonge dans les heures noires de la Collaboration avec un souci du détail qui force l'admiration. De Paris à Berlin, chaque page est truffée de détails précis qui permettent une immersion rarement atteinte pour un polar historique. C'est juste remarquable et on n'ose imaginer le travail que cela a dû demander à l'auteur. Une bibliographie de quelques pages en fin d'ouvrage et des notes de bas de page ajoutent au sérieux du travail du romancier et donnent envie de prolonger sa lecture par des ouvrages historiques.
    Parlons maintenant de l'histoire et du personnage éponyme : voilà un "beau" salaud, dont les ambiguïtés et les péripéties qui l'affligent (le bombardement pendant l'Exode, son "voyage" à Berlin) ne peuvent masquer l'ignominie à mesure que l'on avance dans le roman. Ce type nous dégoûte mais on se surprend à vouloir quand même continuer à le suivre, non qu'il provoque en nous une quelconque empathie mais parce que l'on a envie de connaître ses limites morales et aussi (même si j'ai trouvé que c'était finalement plus secondaire) l'identité du ou des tueurs.
    Systématiquement adossé à des faits authentiques (j'ai passé beaucoup de temps à vérifier personnages, dates, évènements...), Romain Slocombe a su bâtir un roman prenant et d'une vraisemblance rarement atteinte pour un polar historique. Chapeau M. Slocombe. Hâte de découvrir la suite, à paraître en août prochain !

    05/07/2017 à 10:46 15

  • 13 à table ! 2014

    Ouvrage collectif

    8/10 Voilà une belle idée que ce recueil de nouvelles dont l'achat permet de financer 3 repas aux Restos du Coeur.
    13 auteurs ont accepté de jouer le jeu et il y en a logiquement pour tous les goûts : des nouvelles tristes, heureuses, touchantes, violentes, dramatiques, émouvantes, drôles etc... de bons moments de lecture en perspective, j'ai pour ma part apprécié l'initiative et le résultat, globalement très réussi.

    30/12/2014 à 13:41 2

  • 13 à table ! 2019

    Ouvrage collectif

    7/10 Voilà quelques années maintenant qu'un recueil de nouvelles, écrites par les écrivains les plus célèbres du moment, permet par son achat de financer des centaines de milliers (des millions ?) de repas offerts par les Restos du Coeur.
    Alors, qu'en est-il de ce millésime 2019 ? Et bien, comme souvent, on s'en doute, c'est très hétérogène. Le très bon côtoie le médiocre. Laissons de côté les nouvelles qui ne font que remplir des pages et gardons celles qui nous semblent les meilleures (c'est subjectif, évidemment) :
    - "Dans les bras des étoiles" de Karine Giebel, une nouvelle émouvante et poétique avec comme personnages centraux un SDF et son chien.
    - "Une vie, des fêtes" de Philippe Jaenada, dont je découvre l'écriture, riche de digressions (sa marque de fabrique m'a-t-on dit), avec pour sujet le personnage aussi réel que romanesque que fut Marguerite Steinheil. Nouvelle truculente, jubilatoire, qui m'a donné envie de découvrir l’œuvre de son auteur.
    - "Les Cochons de Karl Lagerfeld" de Romain Puértolas, très drôle et originale.
    - "La Fête des voisins" de Leïla Slimani, à la plume toujours aussi sombre et affûtée.

    30/04/2020 à 20:57 2

  • City of Windows

    Robert Pobi

    8/10 Je ne connaissais Robert Pobi que de nom, je ne l'avais jamais lu. C'est désormais chose faite grâce à la sélection de City of Windows au prix Polars Pourpres 2020 et ce fut une très bonne surprise.
    New York sous la neige, un sniper qui fait mouche à tous les coups malgré des conditions climatiques dantesques et une intelligence largement au-dessus de la moyenne pour résoudre l'impossible. Cette intelligence c'est celle de Lucas Page, autiste Asperger "high level" capable de calculer à une vitesse fulgurante la trajectoire d'une balle, en prenant en compte de nombreux paramètres, comme le sens et la force du vent, la force de pénétration de la balle, l'angle etc... C'est bluffant, parfois presque trop facile, mais le personnage est attachant malgré son côté pince-sans-rire. Robert Pobi a su bâtir autour de ce personnage ô combien original une famille qui l'est tout autant, avec l'épouse pédopsychiatre de Lucas Page, Erin, et leurs enfants, tous adoptés. Si cela ne suffisait pas, on y ajoute une agent, Whitaker, capable d'anticiper la moindre question et d'y répondre avant même qu'elle ait été posée !
    Pas de répit, pas de temps mort, c'est un thriller calibré pour être un efficace page-turner et ça l'est, on ne s'ennuie pas une minute et on a envie d'aller au bout de la traque au côté de Page et Whitaker.

    28/04/2021 à 21:58 14

  • Grossir le ciel

    Franck Bouysse

    9/10 Grossir le ciel fait partie des livres dont on parle beaucoup depuis sa sortie. Lauréat de plusieurs prix (Prix Calibre 47, Prix Michel Lebrun 2015), ce roman est précédé d'une solide réputation. Connaissant l'écriture de Franck Bouysse (il s'agissait ici de son 3e roman lu pour ma part), je m'attendais donc à "du lourd".
    Grossir le ciel est un roman qui vous prend la main, qui vous dit "viens, viens voir là haut dans la montagne", qui vous fait asseoir à la lisière du bois, dans un paysage blanc près d'une ferme. Et vous regardez. Vous voyez alors au fil des pages un roman en noir et blanc mais avec une infinité de nuances de gris.
    Et lorsque tout est fini, il ne vous reste plus qu'à lever la tête et grossir le ciel...

    11/11/2015 à 18:58 14

  • Le Cheptel

    Céline Denjean

    9/10 Une 4e de couv' intrigante, un titre qui inspire effroi et dégoût... mais que se cache t-il derrière ce beau pavé (650 pages en grand format) ?
    L'envie de savoir est trop grande, je profite du salon Lire à Limoges pour me le prendre, dédicace et échange sympa avec l'auteure en sus.
    Et bien mes amis, bien m'en a pris ! Car quel thriller ! Ma-chia-vé-lique !
    Alors il est difficile pour moi de parler de l'intrigue sans en dire trop. Disons pour faire simple, qu'il s'agit d'un cas de manipulation mentale à une échelle juste vertigineuse mais tellement crédible dans le même temps. Le tout sur fond de Seconde Guerre mondiale (aïe, en ai-je déjà trop dit ?), mais c'est vraiment un truc de dingue que nous a pondu là Céline Denjean !
    Et quand, en plus, l'auteure a le souci de trouver le mot juste, de travailler son écriture en plus de son intrigue à la construction pertinente, je dis "chapeau" Mme Denjean !
    Je ne suis plus fan des thrillers, mais des comme ça, j'en redemande !
    Pour moi, le meilleur thriller lu en 2018, un possible candidat au prix PP.

    02/09/2018 à 20:51 14

  • Bull Mountain

    Brian Panowich

    8/10 Anticipant les résultats de la présélection du prix Polars Pourpres 2016 catégorie Découverte, j'ai ouvert ce roman qui ne m'emballait pas de prime abord, malgré les bonnes critiques.
    Critiques quasi-unanimes et que je rejoins après avoir refermé le livre : oui, Bull Mountain est un sacré bon premier roman !
    Sans rien dévoiler de l'intrigue, disons que Brian Panowich réussit avec brio à dresser le portrait d'une famille rurale américaine dont le ver est dans le fruit depuis 1949 (glaçant premier chapitre !). On alterne les points de vue et les époques (un peu à la façon d'un Victor del Arbol) avec aisance, on s'attache aux personnages (pas tous, loin de là !), on suit à travers les décennies le chemin du poison instillé dans les cœurs et les âmes des Burroughs à l'exception notable du "petit" dernier (quoique...) le shérif Clayton Burroughs.
    Entre histoire de famille, trafics en tout genre et vengeance froide, Brian Panowich parvient à captiver le lecteur de bout en bout. Bravo !

    12/11/2016 à 21:51 13

  • Fatherland

    Robert Harris

    8/10 Pari risqué, casse-gueule mais pari réussi. Robert Harris imagine un monde où le IIIe Reich a survécu à la Seconde Guerre mondiale, qu'il a en partie gagné (subsiste la puissance américaine). On suit Xavier March, un membre de la Kripo (dont le caractère n'est pas sans rappeler un certain Bernie Gunther) qui enquête sur des morts suspectes de dignitaires nazis. Cette enquête l'emmène dans les années sombres de la guerre et un secret apparemment bien gardé.
    J'ai aimé l'ambiance lourde (comme dans les romans de Philip Kerr) et, même si c'est anecdotique, le portrait que fait l'auteur de Joseph Patrick Kennedy (le père de JFK) m'a poussé à en savoir plus sur ce personnage de l'Histoire qui est, dans le livre, président des Etats-Unis.
    Bref, même si je m'attendais à un contenu encore plus sombre, je n'ai pas été déçu par cette uchronie et vais me pencher sur le reste de la bibliographie de l'auteur.

    22/05/2016 à 18:51 13

  • L'Île des âmes

    Piergiorgio Pulixi

    9/10 J'ai été enchanté par ce roman. Envoûté par la plume de Piergiorgio Pulixi, par cette intrigue mêlant présent et passé, un passé qui prend racine dans la culture nuragique.
    Loin des plages et de la carte postale, c'est la Sardaigne de l'intérieur que nous raconte Pulixi, une Sardaigne sauvage à l'image de la famille Ladu et son patriarche Bastianu qui porte sur ses solides épaules le poids des traditions qui apparaissent pourtant archaïques et cruelles. C'est aussi Cagliari où se démène une équipe d'enquêteurs, mise en place par Farci le chef de la section homicide pour contenter un vieil enquêteur atteint d'un cancer incurable, Morena Barrali. Ce dernier est hanté par le souvenir de deux cold case, deux femmes non identifiées retrouvées nues égorgées dans la montagne sarde, comme offertes à une divinité aux relents nuragiques. Pour bâtir cette équipe, Farci a fait appel à deux enquêtrices placardisées : la locale Mara Rais et la milanaise Eva Croce, d'origine irlandaise. Elles vont devoir surmonter leurs différences (et leurs préjugés) pour tenter de résoudre ces affaires non résolues que Barrali relit avec la disparition récente d'une jeune femme, Dolores.
    Des chapitres courts, un rythme haletant qui court sur plus de 500 pages, alternant l'enquête cagliaritaine et la vie des Ladu dans la montagne sarde. Des personnages charismatiques, attachants pour beaucoup, tous réussis et crédibles. L'auteur n'oublie pas de nous en apprendre plus sur le passé des uns et des autres (celui d'Eva Croce est particulièrement douloureux), sans jamais nous lasser. Il amène aussi une critique sous-jacente des élites politico-judiciaires sardes qui sont un peu égratignées dans ce roman. Enfin, j'ai trouvé que la conclusion du roman est à la hauteur du reste du récit et ne m'a finalement pas si étonné que cela (je n'irais pas jusqu'à dire que j'avais tout deviné avant) car elle est finalement assez cohérente et tous les morceaux du puzzle s'emboîtent sans incongruité.
    Piergiogio Pulixi signe là un roman très addictif mais pas en mode « page turner, aussitôt lu aussitôt oublié », non, il nous offre une œuvre enracinée dans le passé sarde qui résonne durablement dans la mémoire du lecteur, empreinte d'émotions diverses et qui appelle, je le souhaite, d'autres enquêtes de ce duo de femmes attachantes. 9,5/10.

    10/01/2022 à 18:50 13

  • Atlantis Code

    Charles Brokaw

    3/10 Recette pour Atlantis Code : prenez d'abord une brochette de personnages caricaturaux, à savoir un éminent linguiste aventurier dans l'âme et qui a le don (en plus de parler des dizaines de langues, de décrypter des langues inconnues et d'être un tombeur) d'échapper aux balles (je ne compte même plus le nombre de fusillades dans le livre), une flic russe indestructible, sorte de mix entre Lara Croft et Terminator, une journaliste obsédée par le scoop (et par le linguiste), jalouse comme un pou et accompagnée d'un caméraman geek mais super sympa. Ca c'est pour les gentils. Côté méchant, un bande de malfrats italiens qui traquent notre joyeuse équipe avec comme commanditaire un vilain cardinal qui veut dominer le monde. Ajoutez-y une intrigue mêlant Bible, Vatican, Eglise catholique, Atlantide, fouilles archéologiques, Déluge et j'en passe. Faites voyager le tout dans plusieurs pays (Egypte, Russie, Allemagne, Vatican, Royaume-Uni, Etats-Unis, Sénégal, Nigéria, Espagne...) pour l'exotisme. N'oubliez pas une pincée de culture générale (mais faut pas être trop regardant sur la chronologie et la géographie au risque de se rendre compte d'erreurs plutôt drôles). Mettez un gros bol d'action, d'adrénaline et de combats sanglants parsemés de nombreux cadavres. Enfin pour parfaire votre recette, introduisez quelques scènes de sexe torrides mais pas trop.
    Et voilà ! Vous obtenez un thriller insipide, inintéressant, grotesque par moments et qui se termine de façon grand-guignolesque.
    Je regrette vraiment d'avoir perdu mon temps avec ce livre.

    05/08/2016 à 10:29 12