JohnSteed

558 votes

  • Les Promises

    Jean-Christophe Grangé

    6/10 Exercice périlleux de proposer un polar historique avec pour toile de fond la 2nde Guerre mondiale et pour protagonistes les SS. Notamment à cause d’auteurs qui excellent en la matière : Philip Kerr, Luke McCallin, Birkefeld et Hachmeister, Cay Rademacher ou Harald Gilbers,…

    Alors quand l’auteur des Rivières pourpres, de Miserere et du Serment des limbes, pour ne citer que ces titres, décide de prendre pour cadre le Berlin des années 30 et d’y dérouler une enquête sur des meurtres de femmes belles et riches, j’ai été ravi et j’en salivais d’avance.

    Mais je ressors mitigé de ces Promises. Rien de bien mirobolant ni de transcendant. Un polar de bonne facture avec un trio de personnages intéressants (le début d’une série ?), mais pas d’intrigue ni les habituels rebondissements scotchants. Seules les 100 dernières pages (la dernière partie) avec une présentation intéressante des gens du voyage et leurs traditions dans l’Allemagne nazie ont relevées mon intérêt pour ce livre.

    08/06/2022 à 14:57 8

  • Les Roubignoles du destin

    Jean-Bernard Pouy

    8/10 Le titre Les roubignoles du destin, nom de la première des douze nouvelles composant ce recueil, résume assez bien ces histoires : la vie peut être drôle, poétique, revancharde, cynique, romantique, belle, noire, mystique, vache, tragique, …

    Jean-Bernard Pouy possède une magnifique plume. Il écrit la vie dans son style inimitable : acéré, brute mais toujours bien maîtrisé et relevé. On aime ou pas ses livres mais on ne peut ignorer cet auteur unique dans l’univers du polar français.

    02/11/2018 à 11:39 8

  • Les Sept Morts d'Evelyn Hardcastle

    Stuart Turton

    6/10 L’avis dithyrambique de jackbauer sur ce livre avait plus qu’aiguisé ma curiosité. Surtout que les prix ou les éloges récompensant Les sept morts d’Evelyn Hardcastle avaient de quoi me mettre l’eau à la bouche : citer Agatha Christie (excusez du peu !) sur fond de labyrinthe spatio-temporel… Oui, c’est peut-être dans ce labyrinthe où je suis resté. Certes, la construction de l’énigme est originale : des individus se trouvent mis dans des corps d’hôte, pendant 24h et doivent chercher l’assassin d’Evelyn Hardcastle. Faute de quoi, ils devront changer de corps d’hôte, revivre la journée du meurtre et continuer ainsi tant que le meurtrier n’a pas été découvert. Le gagnant se verra devenir libre.

    La lecture est cependant fastidieuse. C’est long. Le pire c’est que j’avais l’amer sentiment que l’auteur inventait les règles de son histoire au fil des pages. Une intrigue fantastique (fantasque ?) qui ne fut pas ma tasse de thé.

    22/09/2019 à 17:04 8

  • Mamie

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    7/10 (7,5) C’est l’histoire d’un kidnapping de bébé qui foire. Les ravisseurs se sont trompés d’enfant. Ils ont enlevé le bébé de la nourrice au lieu de celui-ci des riches propriétaires. Mais ces derniers préfèrent taire cette erreur pour éviter que leur enfant soit vraiment enlevé. Ils vont donc négocier avec les ravisseurs.

    C’est l’histoire d’un kidnapping de bébé qui foire, mais pas que. Car raconté comme ça, on peut penser à un polar drôle, à la Westlake. Mais non. Car si cet enlèvement occupe la première moitié du livre, on constate que tout vire au drame. Et la seconde moitié du roman qui est axé sur la mère est vraiment douloureuse, tragique, d’une profonde tristesse.

    16/11/2019 à 15:05 4

  • Matrices

    Céline Denjean

    8/10 Je reviens toujours vers les livres de Céline Denjean, comme vers ceux de Michael Connelly, car je suis toujours assuré de lire un polar de bonne facture. Ce n’est pas innocent que j’associe les deux auteurs car je trouve des similitudes dans leur façon très chirurgicale de traiter les enquêtes : on suit pas à pas l’investigation, avec moults précisions et décortications, et la vie des personnages principaux est un élément à part entière dans les livres. Bref, on rentre dans l’intimité de l’enquête comme des personnages.

    Avec Matrices, l’autrice bigourdane nous offre un roman sombre avec pour trame l’exploitation des femmes d’Afrique, et l’organisation d’une filière clandestine mettant en place la GPA. Un trafic bien huilé sauf qu’un jour, une des filles enceintes s’enfuit, se fait percuter par une fourgonnette et meurt quasiment sur le coup. L’enquête est confiée à Louise Caumont et son équipe de gendarmes qui piétinent. Même si rien n’est laissé au hasard, la morte est inconnue et les langues se délient peu dans ce trafic aussi fermé que bien organisé. La vie personnelle et torturée de Louise, les incidences de cet accident sur la « livraison » dans une famille très conservatrice et sur les aspirations politiques du patriarche ajoutent du piment à cette lecture très prenante. Vivement le prochain livre de Céline Denjean !!!

    18/12/2023 à 11:40 8

  • Meurtres sur la Madison

    Keith McCafferty

    8/10 N’étant en rien amateur de pêche, encore moins à la mouche, lire les parties de pêche de Sean Stranahan racontée par ce passionné et passionnant Keith McCafferty fut un vrai régal. Pêcheur lui-même, ce véritable amoureux et poète du Montana nous décrit avec finesse et justesse les sensations qu’éprouve le pêcheur quand il voir sa mouche être ferrée par une truite arc en ciel. Mais la rivière Madison est plus qu’un cadre où se déroule cette enquête d’un meurtre d’un pêcheur. On découvre plus qu’une contrée au paysage resplendissant. On côtoie cette shérif courageuse et au caractère bien trempé, Martha Ettinger, et ce peintre détective séducteur, Sean Stranahan. Deux personnages qui se trouvent sans se chercher. Des âmes en peine que les rivières du Montana tenteront de guérir.

    Un premier épisode réussi d’une nouvelle série alliant grand espace nord-américain. Une de plus, certes, mais certainement une des plus belles.

    22/08/2019 à 14:35 8

  • Né sous les coups

    Martyn Waites

    8/10 Le livre terminé, je le ferme et le repose délicatement. Comme les premiers rayons de soleil après un long hiver, je laisse les effets de cette lecture imprégner mon corps, me réchauffer le cœur. Ce livre procure cette puissance contradictoire : il s’agit d’un roman social noir qui dépeint une misère si cruelle qu’il pourrait faire déprimer le plus optimiste. Mais Martyn Waites prouve par son écriture forte et subtile que le noir peut être magnifique. Lire Né sous les coups c’est assister à un match de boxe entre deux grands champions qui se livrent corps et âmes : les coups pleuvent, font mal, mais ce sont les ingrédients d’un match magnifique.

    1984, Coldwell, bourgade (fictive) proche de Newcastle. Stephen Larkin, jeune journaliste prometteur, souhaite couvrir la révolte des mineurs qui combattent la politique de Margaret Thatcher, première ministre anglaise, qui cette année, décide de fermer les mines de charbon du pays. Il va croiser la route de Tony, jeune footballeur professionnel, de Louise, jeune adolescente en quête d’amour, de Tommy, qui fera sa place dans la mafia locale, et de Mick le mineur syndicaliste.

    20 ans plus tard, après une carrière londonienne, Stephen Larkin revient à Coldwell pour faire le bilan des années de révolte. Que reste-t-il de cette lutte sociale ? Que sont devenus celles et ceux qui voulaient refaire le monde ?
    Mais pourquoi les gens ne bougent-ils pas, ne changent-ils pas cette bourgade de misère ?
    La réponse de Martyn Waites est sans appel : « Oh, je suis sûr qu’ils voudraient bien. Mais peut-être ne savent-ils pas comment. Ou qu’ils n’en ont pas les moyens. Ou qu’ils ne sont pas physiquement capables de le faire. Et ceux qui devraient, qui ont de l’argent et le savoir-faire, ne le font pas. Ils pensent que c’est aux gens qui vivent ici de prendre leurs responsabilités. Et ils ne feront rien tant qu’eux ne feront rien. »

    29/07/2018 à 08:41 8

  • November Road

    Lou Berney

    7/10 Bienvenue dans le milieu de la Mafia en cette période de novembre 1963 aux Etats-Unis. Le contexte de ce polar est intéressant. L’auteur prend pour cadre l’exécution de JFK par la Mafia. Les parrains de la Nouvelle-Orléans, pour éviter que l’on remonte vers eux, décident d’éliminer toutes traces et toutes personnes qui sont liées de près ou de loin à cet assassinat.
    Frank Guidry, à qui l’on a confié de faire disparaître le véhicule ayant servi au transport de l’arme et du tueur, est sur la liste. Il décide d’aller à Vegas pour tracter sa protection et sa survie avec le bonnet local et ennemi du parrain de la Louisiane. S’en suit un road trip pendant lequel il va rencontrer Charlotte accompagnée de ses filles, qui quitte son mari et part rejoindre sa tante à Los Angeles. Et l’amour va jouer les trouble-fêtes dans cette escapade.

    Loin d’être un chef d’œuvre, ce polar propose une lecture agréable d’une course poursuite entre membres de la pègre avec au milieu la belle blonde qui souhaite refaire sa vie avec ses enfants, fuyant un mari alcoolique et cherchant son indépendance et sa liberté. C’est du coup, un peu stéréotypé, et ça manque d’originalité.

    04/12/2019 à 10:51 8

  • Nuits Appalaches

    Chris Offutt

    8/10 Le jeune Tucker revient sur ses terres natales du Kentucky, après avoir passé 11 mois, avant la fin de la Guerre de Corée, où personne ne l’attend. Il prend ainsi son temps, à faire de l’auto-stop, admirant les collines, les forêts, les paysages d’où il peut revoir l’immensité et la pureté du ciel nocturne et les étoiles étincelantes : ce qu’il appelle ses nuits Appalaches.

    Sur la route du retour, il fait la rencontre de Rhonda qu’il sauve d’une agression. Elle deviendra sa femme et la mère de ses enfants, dont la plupart sont atteints de troubles psychologiques. Les services sociaux de l’Etat souhaitent d’ailleurs les placer en institut.

    C’est sans compter sur l’abnégation de Tucker. Devenu bootleger, il sait que sa vie de « contrebandier » comporte des risques mais peut permettre à sa famille de fuir une vie misérable. Et avant tout, de rester uni, de construire, lui qui n’en a pas eu, une véritable famille, un foyer aimant.

    Magnifique portrait à l’écriture sensible et intense, Nuits Appalaches est un roman puissant et poétique. Chris Offutt, que je continue de découvrir et d’apprécier l’œuvre, est doué pour offrir des personnages aussi attachants que miséreux, au code d’honneur inébranlable et remplis de principes parfois contradictoires. Car chez Chris Offutt, rien n’est tout blanc ni tout noir.

    29/04/2024 à 13:36 8

  • On achève bien les chevaux

    Horace McCoy

    10/10 Le juge vient de demander à Robert Syberten de se lever pour que lui soit prononcé le verdict pour le meurtre de Gloria Bettie. Pendant que le juge lui rappelle les chefs d’inculpation et lui signifie la sentence, Robert se remémore sa rencontre avec Gloria. En revenant des studios Paramount, cet apprenti réalisateur prend en stop cette jeune figurante. Tous les deux, dans l’attente qu’Hollywood leur sourit enfin, se portent candidats pour se lancer dans le marathon de danse afin de remporter le concours doté d’une coquette somme de 1 000 $. Même s’ils ne le gagnent pas, au moins seront-ils à l’abri et nourris. De plus, ils y voient un moyen de se faire repérer par un tas de producteurs et de metteurs en scène qui fréquentent ces marathons.

    Mais le marathon apparaît vite comme un spectacle business s’étirant sur plusieurs semaines au rythme d’éliminations des candidats. Tout est organisé comme une mise en scène pour divertir le public qui y assiste en masse. Il s’avère être une vraie épreuve âpre, dur et sans pitié pour les participants.
    Très vite, Gloria se sent épuisée et n’en peut plus de cette danse qui n’en finit plus. Elle révèle sa vraie personnalité, elle qui regrette « que les gens accordent tant d’attention à la vie et si peu à la mort. Voulez-vous me dire pourquoi tous ces savants à grosse tête n’arrêtent pas de se décarcasser pour essayer de prolonger la vie au lieu de chercher des moyens agréables pour la finir ? Il doit bien y avoir dans le monde une tripotée de gens comme moi, qui ont envie de mourir, mais qui n’en ont pas le courage. »

    N’étant absolument pas amateur de danse et exécrant au possible l’industrie du spectacle (et autres émissions télé-réalités actuelles), j’appréhendais la lecture de ce livre. Mais ces thèmes ne sont que secondaires. L’écriture fluide, composée principalement de dialogues et de réflexions du personnage principal, offre une lecture facile et critique de la société actuelle (n’oublions pas qu’il a été écrit en 1936) et du business spectacle en général. Un classique et chef d’œuvre du roman noir.

    03/11/2018 à 10:43 8

  • Par un matin d'automne

    Robert Goddard

    9/10 Un plaid, une tasse de thé fumante, assis confortablement dans un fauteuil club : telles seraient les conditions idéales pour plonger dans la lecture de Par un matin d’automne. Ambiance so british que nous propose Robert Goddard avec cette Angleterre de la Première Guerre mondiale, et ses secrets de famille mâtinés de romantisme et de drames familiaux.

    Tout d’abord, j’ai été captivé par cette ambiance qui se dégage de ce livre, entre Un long dimanche de fiançailles pour la trame de l’histoire et Rebecca de Daphné du Maurier pour l’atmosphère sombre planant sur Moongate, cette demeure bourgeoise où le malheur s’abat sur la famille Hallows.

    Les personnages sont captivants (y compris la terrifiante Olivia, remplie de haine pour sa belle-fille) et la quête de l’histoire familiale de Penelope est envoûtante.
    Robert Goddard se pose comme un digne héritier des belles lettres anglaise qui par la voix de plusieurs protagonistes nous raconte les vies d’un lieutenant anglais disparu en guerre, d’une jeune fille abandonnée à la naissance et persécutée par sa diablesse de belle-mère et l’assassinat d’un méprisable courtisan américain. Présenté comme cela, ce livre pourrait apparaître fade et dénué d’intérêt ou d’attrait.

    Or l’auteur anglais possède le don de nous faire dévorer ses livres denses, à la manière de Wilkie Collins dont il se pose comme un digne héritier.

    16/01/2024 à 13:57 8

  • Solitudes

    Niko Tackian

    7/10 Le Massif du Vercors, son froid, son climat implacable, sert de cadre à ces Solitudes. Une femme retrouvée pendue, assassinée avec un message en grec ancien est la trame du polar de Niko Tackian. Mais ses personnages truculents et hors-normes constituent pour ma part l’intérêt du livre : la troublante et mystérieuse Nina Mellinsky, lieutenant de police ; Élie Martins, garde nature dans le massif, atteint d’amnésie, et d’une balle figée dans son cerveau ; et cet algérien-sioux, Chef Reda, au pouvoir chamanique extraordinaire.

    Car l’enquête est malheureusement insipide, sans grand intérêt. Avec ce cadre et ces personnages hors-normes, j’aurais attendu une intrigue du même calibre. J’ai fermé le livre un peu déçu.

    12/12/2021 à 17:32 8

  • Tous les membres de ma famille ont déjà tué quelqu'un

    Benjamin Stevenson

    5/10 Quand tous les membres d’une même famille souhaitent « fêter » la libération du fils aîné, emprisonné depuis 3 ans pour meurtre, ils décident de se réunir dans une station de ski. L’idée alliant l’utile à l’agréable est sympathique. Sauf qu’il n’y aura pas vraiment de moments plaisants, sauf si on considère charmant et attrayant le fait de découvrir un cadavre dans la neige, sa bouche remplie de cendre.

    Pour la famille Cunningham, dont chacun des membres a des cadavres dans le tiroir, cette découverte n’augure rien de bon. Aussi, Ernest (dit Ernie ou Ern), le cadet, décide de mener l’enquête. Il rapporte ici son histoire sous forme d’une enquête policière digne d’Agatha Christie, en suivant les 10 règles d’or. Ern s’y connaît sur la manière d’écrire des romans policiers, car il écrit des livres sur la manière d’écrire les histoires policières.

    Présenté comme cela, le pitch du livre a l’air très alléchant. Mais c’est peu dire que je me suis ennuyé. Benjamin Stevenson respecte les codes des romans policiers classiques, mais je n’ai ni accroché à son style, ni aux personnages ni à l’histoire. Trop de divagation, trop de digression dans les propos du narrateur qui aime « parler » à son lecteur. Il manquait de profondeur ou d’un ton plus décalé, peut-être, pour me captiver.

    Ma lecture achevée (avec soulagement), je tombe sur les propos de l’auteur qui, à destination de quelques personnes de son entourage, les « remercie de l’avoir supporté ». Moi aussi, j’ai supporté l’auteur, mais pas dans le sens qu’il l’entend.

    30/01/2024 à 13:44 8

  • Toutes blessent, la dernière tue

    Karine Giebel

    9/10 Karine Giebel est une maitresse dans l’art de jouer avec les nerfs et les sentiments de ses lecteurs. Elle sait toucher ses points sensibles, là où ils ne sortiront pas indemnes. Dans ce roman, elle décrit la violence la plus crue, l’exploitation d’êtres humains de la manière la plus cruelle. Et avec une touche de naturelle et d’évidence. Et servi le long de plus de 700 pages. Et bien évidemment, ses pages défilent, tant on veut connaître le sort de ces deux malheureuses.

    Il y a Tama. Encore jeune enfant, elle est vendue par sa famille algérienne, pour pouvoir subvenir à la vie des autres membres de la famille. Elle arrive en France et est placée chez les Charandon. Elle y vit dans une buanderie, pour faire la cuisine et le ménage. Elle se nourrit des restes de repas, et est privée de toute sortie et de toute scolarité. En plus des brimades, toute faute se paye cash par des privations de nourriture et autres violences physiques. Sa force la sauvera d’une mort évidente et son envie et son espoir lui feront apprendre, seule, la lecture, comme une évasion, et l’amour lui apportera l’espoir d’une vie normale.
    Il y a également cette fille amnésique que Gabriel, un reclus dans une ferme isolée dans la campagne profonde, a retrouvée inconsciente dans sa voiture accidentée. Gabriel qui tue des personnes et qui se fait une obligation de devoir tuer cette fille. Il a même creusé sa tombe dans les bois. Mais une voix, celle de sa défunte fille, lui conseille de la considérer comme un ange venu du ciel.

    Toutes blessent la dernière tue pourrait être perçue comme une version moderne des Misérables. Mais ce roman noir est un condensé de terreurs physiques et psychologiques. Les coups pleuvent sur Tama que le lecteur se prend en pleine face. Les espoirs sont comme des éclaircies temporaires : le ciel s’assombrit et cache tout soleil porteur d’espérance. L’amour y côtoie la haine, la foi, le désespoir total. Ce livre est violent, percutant et fait mal. C’est ce qui fait qu’il hantera le lecteur longtemps après l’avoir fermé.

    23/07/2021 à 18:50 8

  • Trop de morts au pays des merveilles

    Morgan Audic

    7/10 Pas évident de faire la comparaison entre De bonnes raisons de mourir avec lequel j’ai découvert Morgan Audic, et ce livre, le premier de l’auteur. Je n’aurais certainement pas lu Trop de morts au pays des merveilles si je n’avais pas beaucoup apprécié le lauréat du Prix Découverte 2019 de Polars Pourpres. Alors pourquoi comparer, vous pouvez me rétorquer ? Parce que la nature humaine (du moins la mienne) est ainsi faite, pourrais-je vous répondre !

    Si De bonnes raisons de mourir offre un cadre et des personnages assez extraordinaires (au sens littéral du terme), ici Morgan Audic offre un polar « classique ». Paris, un avocat, Christian Andersen cherche désespérément sa femme disparue. Ses recherches le font tomber sur des femmes assez proches physiquement sans être sa femme. Et ces personnes vont être tuées. Tout accuse l’avocat. D’autant qu’un procureur veut sa peau. La police enquête sur des cadavres retrouvés en forêt pour lesquels elle soupçonne un tueur en série déjà emprisonné, le « marionnettiste ». Une ancienne flic, Diane, qui suivait l’affaire et qui a été écartée, est sollicitée par l’équipe de flics pour collaborer à l’enquête.

    L’histoire est rondement bien menée. On trouve les prémices du talent de l’auteur. Mention spéciale au trip psychédélique de Christian Andersen… Mais la fin ne rend pas hommage aux attentes du lecteur : la fin « western » où ça tire ça flingue à tout va, et l’aveu du père qui explique toute l’histoire… Pas pour moi.

    10/10/2020 à 19:47 8

  • Adieu demain

    Michaël Mention

    9/10 20 ans après l’Affaire de l’éventreur du Yorkshire, la police de Leeds est confrontée à un autre tueur en série de prostituées qui s’inspire de Witcliffe. Une sorte de copy cat mais avec une arbalète.

    Mark Burstyne et son coéquipier Clarence Cooper concentrent leurs efforts sur un seul suspect : Peter. Ce sympathisant de Wittcliffe l’a côtoyé en hôpital psychiatrique et a fait une thèse sur lui. Le suspect idéal, donc. Mais pour avoir des preuves accablantes, Clarence est sommé de s’infiltrer sous une fausse identité dans le groupe de patients suivi par un troublant docteur. Et que dire des autres membres du groupe qui deviennent les uns après les autres d’idéaux suspects également ?

    Si Michaël Mention continue de disséquer la société anglaise pour se concentrer désormais aux années 90, Adieu demain se pose comme un cran au-dessus de son prédécesseur. Moins de personnages et leur approche psychologique est beaucoup plus approfondie. Avec une mention spéciale pour les passages sur le développement de l’arachnophobie de Clarence. En résumé, j’ai vraiment beaucoup aimé ce 2ème volet de la Trilogie anglaise. Un roman qui méritait amplement son Prix Polars Pourpres 2014.

    17/01/2024 à 16:53 7

  • Attends-moi au ciel

    Carlos Salem

    8/10 Piedad de la Viuda, à la veille de ses 50 ans, vient de perdre son mari, riche homme d’affaire madrilène. Mais si les circonstances sont encore douteuses, ce qui l’est moins, c’est qu’il allait partir vivre au Brésil avec une très jeune ukrainienne.

    Piedad, aussi férue de religion que de vielles citations apprises de son père, doit toutefois assurer la direction de l’entreprise dont elle ne connaît rien de son activité. D’autant que de mystérieux personnages mafieux souhaitent faire main basse sur la société. Alors quand une petite voix aussi rebelle qu’effrontée essaie de prendre le contrôle de Piedad, celle-ci décide de se fier à elle, quitte à remettre en cause toute son éducation bien-pensante. Voilà, elle décide de libérer les chaînes et montrer qui elle est vraiment.

    Carlos Salem m’a énormément fait sourire avec son 6ème roman et surtout avec cette charmante et irrésistible Piedad (à moins que ce soit cette femme qui a pris possession du corps de Piedad ???).

    Si la trame de cette histoire est loin d’être originale, le ton décalé, caustique et drôle m’a procuré un agréable moment de lecture. Je redemanderai bien une autre histoire avec le même ton et ce même personnage.

    25/04/2023 à 17:04 7

  • Avant les années terribles

    Víctor Del Árbol

    9/10 Victor Del Arbol délaisse l’histoire de l’Espagne pour se consacrer à la guerre civile en Ouganda.

    Isaïe a débarqué dans la péninsule ibérique il y a quelques années. Il est devenu réparateur de vélo et va devenir papa dans quelques semaines, amoureux fou de la maman, la sublime Lucia. Sa nouvelle vie semble radieuse, sans aucun nuage à l’horizon. Mais un ancien camarade vient frapper à sa porte et lui demande de venir témoigner de sa vie passée lors d’un séminaire international à Kampala. Il en va de l’avenir de son pays natal, l’Ouganda. Mais revenir en Afrique va réveiller les démons et faire ressurgir l’horreur d’une histoire qui ne pourra que difficilement s’oublier.

    Victor Del Arbol va, en alternant passé – présent, raconter l’horrible et terrifiante vie d’Isaïe, cet enfant soldat, qui, comme tant d’autres, ne comprendra qu’en grandissant la monstruosité des événements. L’auteur espagnol fait défiler ses mots, d’une poésie et d’une fluidité déconcertante. Sans jugement, il nous relate l’histoire de ce pays et de la folie des hommes et des enfants qui prenaient les armes pour combattre ce qu’ils ne comprenaient pas. Victor Del Arbol est au meilleur de son talent, comme s’il était proportionnel à l’effrayant thème du livre.

    30/01/2022 à 11:40 7

  • Blackwood

    Michael Farris Smith

    7/10 Michael Farris Smith plante d’emblée le décor : sombre et angoissant. Colburn revient à Red Bluff, Mississippi, la ville où enfant, il a participé au suicide de son père. Red Bluff, envahie par une mystérieuse plante, le kudzu et où l’activité économique a disparu.

    Le mystère envahit le roman. Les personnages sont multiples, et leurs relations ambigües. A l’image de « l’enfant » qui traîne son caddie, tombé dans cette ville avec « l’homme » et « la femme », aux passés étranges, mystérieux et sombres. Une ambiance style Twillight Zone, version noir et blanc.
    Un livre qui ne plaira pas aux amateurs de page-turner, de livres où les derniers chapitres apportent la lumière sur les événements. Non, ici le sombre et les ténèbres priment avant tout.

    Un livre où l’écriture personnelle de Michael Farris Smith sublime l’histoire. Un auteur qui ne laisse pas indifférent le lecteur, une preuve d’un certain talent et d’un talent certain.

    30/10/2021 à 13:30 7

  • Cadres Noirs

    Pierre Lemaitre

    8/10 Cette histoire d’homme, un chômeur de longue durée, Alain Delambre, qui tombe dans une spirale infernale et qui va l’entrainer dans un piège machiavélique, m’a vraiment plu. On prend fait et cause pour cet homme qui veut indéniablement se sortir de sa misère et de sa condition de petit employé de bas niveau, aidé et soutenu par sa femme, pleine de compassion et remplie d’amour. Et quand il déploie toute une stratégie pour réussir cet entretien inimaginable et inespéré pour un emploi qui lui correspond, on le soutient et l’encourage, nous lecteurs remplis d’empathie et de bienveillance.

    Mais, comme je l’ai dit, Alain va tomber sur plus calculateurs voire stratèges que lui. Mais Alain ne dira pas son dernier mot sans que l’on comprenne à qui on a affaire…

    Cadres noirs nous fait traverser toutes les émotions au fil de l’histoire : commisération, compassion, colère et horreur, notamment. Mais toujours avec le sentiment d’espoir : espoir d’une fin heureuse, d’un dénouement bienveillant. Mais toujours avec une certitude : Pierre Lemaitre nous a concocté un bon polar, même si je regrette un milieu de livre, un changement de protagonistes, certes nécessaires à l’histoire, mais qui casse l’intrigue et le rythme du roman.

    13/02/2024 à 16:57 7