JohnSteed

563 votes

  • Séquences mortelles

    Michael Connelly

    8/10 Comme le soulignent les commentaires précédents, lire un Michael Connelly c’est la garantie de se plonger dans une enquête originale et passionnante. Lire un livre de l’auteur américain c’est une valeur sûre.

    Séquences mortelles, le 3ème livre mettant en scène Jack Mc Evoy ne déroge pas à cette règle. C’est avec une grande rigueur et une forte documentation que Michaël Connelly prend pour cadre de son polar les tests génétiques et l’exploitation des données personnelles. Ça fait froid dans le dos, aussi bien par l’actualité de ce sujet que par les dérives pouvant en être faites par des criminels.

    J’ai beaucoup apprécié ma lecture, ce retour du personnage de Jack Mc Evoy (lire ce livre sans connaître les aventures passées de celui-ci n’empêche pas d’apprécier ce livre) et la plume riche et passionnante, comme toujours, de Michael Connelly.

    31/07/2023 à 17:14 6

  • Pyongyang 1071

    Jacky Schwartzmann

    7/10 C’est lors d’une soirée créole que l’auteur a pris la décision d’aller courir le marathon de Pyongyang, la capitale de la Corée du Nord. Si ce pays est fermé au tourisme de masse, le Gouvernement autorise quelques agences reconnues par lui seul et sous étroite surveillance la venue des visiteurs étrangers.

    C’est dans ce contexte que Jacky Schwartzmann raconte sa préparation physique, son long périple en Corée du Nord, sa course et sa visite des lieux cultes et de cultes du régime nord-coréen. « A la fois attiré et rebuté par ce pays tellement bizarre, ce peuple perché et ses dirigeants incongrus », l’auteur bisontin use et abuse de son ton décalé aussi cynique que drôle pour distiller son journal de voyage.

    Ce n’est pas le plus attachant de ses livres, mais sa lecture est incontournable si vous êtes amateur de l’œuvre de l’auteur.

    31/07/2023 à 16:08 3

  • Puzzle

    Franck Thilliez

    6/10 Le pitch du livre avait l’air très attrayant. Sauf que la quatrième de couverture occulte une partie essentielle. Lucas Chardon, patient psychiatrique, a été inculpé mais reconnu irresponsable, des meurtres de 8 personnes dans un chalet en haute montagne. Il souhaite dévoiler l’identité du véritable meurtrier à Sandy Cléor, la psychiatre qui traite Lucas Chardon et souhaite dénouer toutes les ficelles de cette horreur.

    Toute cette vérité débute quelques mois plus tôt. Ilan Dedisset est contacté par son ancienne petite amie, un soir, qui vient frapper à sa porte. Chloé souhaite qu’ils reprennent ensemble le jeu « Paranoïa ». A la clef, c’est un gain de 300 000 € pour qui arrivera à percer tous les mystères et énigmes qui jonchent leur parcours. Les quelques candidats qui arrivent à l’épreuve ultime se retrouvent enfermés dans un hôpital psychiatrique désaffecté. Dans ce milieu austère et angoissant, les règles du jeu de cette chasse au trésor semblent fausser et les candidats ne peuvent se faire confiance. Mais chaque objectif que doivent atteindre chaque candidat dévoile de troublantes réalités : y compris la mort de certains d’entre eux. Que veut faire le maître du jeu, ce mystérieux Hadès ? Quel est l’objectif de « Paranoïa » ? Est-ce un jeu ou cache-t-il d’autres motivations ? Ilan comprend au fil des jours que cette chasse au trésor cache un secret personnel qui aurait un lien avec la mort de ses parents, d’imminents chercheurs. A l’image d’un puzzle, chaque étape du jeu dévoile une pièce de la vérité qui, pour les plus avertis, n’apportera aucune surprise stupéfiante.

    Cette lecture de Puzzle fut, quoique rapide, longue et fastidieuse. La fin attendue voire convenue a certainement gâché ma lecture.

    12/07/2023 à 10:00 5

  • La Colère

    S. A. Cosby

    9/10 S.A. Cosby fait partie des nouveaux auteurs mis en avant par toute la presse nationale et internationale qui ne tarit pas d’éloge sur « la nouvelle sensation des lettres américaines ». J’ai voulu me faire ma propre idée sur le chouchou de Michael Connelly et de Dennis Lehane, entre autres.

    Le colère (La rage ou la haine auraient été des titres plus adéquats) met en scène deux pères ayant perdu leurs fils, mariés l’un à l’autre, tués par balles. Ike Randolph, père d’Isiah et Buddy Lee Jenkins, père de Derek, se rencontrent et s’évitent, lors de leur enterrement. Eux qui n’ont pas accepté l’orientation sexuelle de leur fils, vont s’unir et mener l’enquête que la police délaisse. Il faut dire qu’en Virginie-Occidentale, être homosexuels et un couple mixte noir-blanc, leur meurtre ne constitue pas une priorité (et c’est un euphémisme !).

    Ike et Buddy Lee ont un point commun : ex-taulards faisant partie d’anciens gangs extrémistes. Leur vengeance sera donc à la hauteur de leur rage. Eux qui n’ont pas aimé leur fils comme ils étaient de leur vivant, souhaitent faire payer leur mort en tuant le ou les auteurs de ce crime minable. Et ils ne lésineront pas sur les moyens.

    La colère est un polar qui privilégie l’action (et du lourd) au contemplatif, le langage brut à la prose fleurie. Et pourtant, S.A. Cosby développe ses personnages avec beaucoup d’humanisme, de rédemption, de culpabilité et de fragilité. Avec tous ses ingrédients, La colère est un livre qui se dévore. Et les éloges cités plus haut ne sont pas usurpés. On tient là un auteur aussi recommandable qu’incontournable.

    10/07/2023 à 17:22 9

  • Shit !

    Jacky Schwartzmann

    8/10 C’est un réel et récurrent plaisir d’avoir un livre de Jacky Schwartzmann entre les mains. On sait que l’auteur bisontin propose des histoires et des personnages drôles, décalés, loufoques et d’un humour second degré très addictif.

    Thibault Morel, CPE dans un collège de Besançon, habite une HLM à Planoise, quartier sensible de la ville. Chaque matin et soir, il doit prouver aux dealers qu’il réside bien dans la tour, en se prenant quelques claques au passage.
    Thibault, un soir, écoute que les dealers s’entretuent, dans le four, le local où est entreposée toute la came. Il décide avec Ramla, sa voisine, de poursuivre à leur manière, la revente de la drogue.

    Comme d’habitude, on ne s’ennuie pas à lire cette histoire. Rebondissements aussi inattendus que drôles, répliques voire démonstrations existentielles décalées et cyniques qui font mouche. Bref, Jacky Schwartzmann continue de proposer des comédies littéraires très séduisantes. Ces livres devraient être imposés aux mélancoliques et autres fatigués et déprimés.

    06/07/2023 à 11:18 11

  • Petite Sale

    Louise Mey

    8/10 « Petite sale » est le sobriquet qu’affublent ses maîtres et les autres personnes travaillant au Domaine des Demest à Catherine, la bonne à tout faire. C’est que Catherine n’est ni laide, ni belle, ne manque pas d’hygiène mais elle ne fait pas propre. En plus, elle ne parle pas beaucoup, se fait très discrète dans le service pour éviter d’attirer le regard du maître. Sauf ce soir-là, où Catherine avait la surveillance de la petite Sylvie, et ne retrouve plus la petite fille de 4 ans. C’est une certitude, Sylvie a été enlevée. Confirmation quelques jours après, c’est la demande de rançon qui arrive.

    Qui en veut donc à cette très riche famille de propriétaire foncier, de terres agricoles acquises après la 2nde guerre mondiale ? Tout le monde et personne : oui, tout le monde, car ces achats de terres ont laissé des familles sans ressource et convoite l’envie, développe la jalousie. Et personne car Demest fait marcher toute l’économie locale, il est le premier pourvoyeur d’emplois dans cette Picardie des années soixante.

    Gabriel, policier parisien, et son chef Dassieux sont appelés pour épauler les gendarmes et interroger tout un petit monde, du personnel local aux immigrés italiens, des habitants aux membres de la famille…Cette famille Demest et notamment ce patriarche qui fait régner d’une main de fer tout son monde au Domaine. C’est encore l’Ancien Régime qui sévit dans cette contrée. Silence, non-dits, secrets de famille,…

    Louise Mey que j’avais découvert avec le La deuxième femme, son précédent et remarquable roman noir, s’inscrit dans le polar rural, et côtoie les autres maîtres du genre. Je pense notamment à Franck Bouysse, mais avec un côté Simenon moderne. Sans atteindre la qualité de son précédent roman, l’autrice signe une brillante intrigue et peinture de la société française des années 60.

    03/07/2023 à 15:29 3

  • Pourquoi tu pleures ?

    Amélie Antoine

    8/10 Amélie Antoine écrit en post-face que ce livre a été long à écrire. Depuis plusieurs années, elle revenait et abandonnait l’écriture de ce roman. Mais tout en gardant, de manière obsessionnelle, en tête Lilas Colombel, le personnage principal de Pourquoi tu pleures ?

    Cette jeune maman se réveille en pleine nuit et découvre que son mari et sa petite fille de 4 mois ne sont pas rentrés. Ses appels et ses SMS restant sans réponse, elle avertit la police. L’enquête commence et dévoile au fil des pages des rebondissements et des secrets effrayants.

    Le livre alterne le déroulement de l’affaire et des extraits du journal intime de Lilas où elle écrit à son père disparu, et raconte sa vie et son amour pour Maxime, l’homme de sa vie, celui qui allait devenir son mari et le père de son enfant, et disparaître de sa vie.

    Une lecture prenante, intense et profondément éprouvante psychologiquement. Un livre que l’autrice a fort heureusement eu raison d’achever. Une histoire bouleversante et terrifiante : un livre marquant.

    29/06/2023 à 08:47 5

  • Une saison pour les ombres

    R. J. Ellory

    7/10 Jack (ou plutôt Jacques) Deveraux est un enquêteur dans les assurances. Installé au Québec, il reçoit un appel de la police de Jasperville. Son frère, Calvis, qu’il a laissé il y a 26 ans dans ce coin reculé du Canada, où règnent le froid, la nuit et l’obscurité la majorité de l’année, a été incarcéré.

    Jack abandonne tout pour le rejoindre et comprendre ce qu’a fait Calvis pour se retrouver dans cette situation. Le retour dans ce village de 5 000 âmes le plonge dans l’histoire de sa famille, venue dans cette citée minière, où l’hiver dure quasiment 9 mois dans l’année, dans les années 70. Il repense aux drames survenus peu de temps après : les morts de ces jeunes filles, éventrées, lacérées, que l’on retrouvait sur plusieurs années. Pour certains, les plus rationnels, les responsables ne pouvaient être que les loups, voire des ours, en tous les cas des bêtes sauvages qui s’en prenaient à ces jeunes filles. Pour d’autres, comme le grand-père de Jack, ce ne pouvait être que le wendigo, le mauvais esprit issu des légendes et contes du peuple inuit.

    Si revenir sur ces terres est une terrible épreuve pour Jack, ce n’est pas seulement parce qu’il va retrouver le seul survivant de sa famille qu’il a lâchement quitté la veille de ses 11 ans, c’est surtout parce qu’il va se confronter à ce qu’il a abandonné : le malheur qui collait à la peau de sa famille.
    Pendant plus de 26 ans, l’enquête au gré des officiers de police qui se succédaient régulièrement tous les deux ans, n’aboutissait pas. Pas assez de personnel, pas assez de moyens et surtout pas envie de trouver la vérité. Mais comprendre la situation de Calvis, c’est nécessairement trouver la vérité pour Jack. Ça passera par l’obligation d’arrêter de fuir les autres et de se fuir.

    Atmosphère sombre et glaciale tout du long de Une saison pour les ombres. Je regrette toutefois que le livre peine à démarrer, car pendant la première moitié, RJ Ellory se cantonne à dépeindre l’ambiance des lieux (JespèreVille devenant DesespèreVille) et de la famille Deveraux alors que l’intérêt réside plus dans l’enquête sur ces meurtres atroces. Ce livre que les critiques rapprochent au chef d’œuvre Seul le silence est loin de bénéficier d’une telle reconnaissance pour ma part.

    27/06/2023 à 11:25 5

  • Papillon de nuit

    R. J. Ellory

    9/10 Je viens de lire, ou plutôt de dévorer, ce livre en 4 jours (en mars 2017).
    Cette histoire d'amitié entre Daniel, un blanc, et Nathan, un black, à travers l'histoire des USA des années 50 aux 80's emmène le lecteur dans une bouleversante description de l'amitié.
    Daniel, dans le couloir de la mort, raconte son histoire d'amitié qui l'a emmené en prison. C'est une peinture forte du sentiment de culpabilité. De l'attachement. De l'amour. De conviction en période difficile. Et d'un homme confronté à la peine capitale: la mort.

    Je suis encore tout retourné par certains passages, et par certains personnages: la voisine "sorcière", le tyran gardien de prison,...
    L'atmosphère est pesante, lourde. Ce livre vous marque à vie. Comme une cicatrice qui se forme au fil des pages. Ne jamais oublier ce que l'Homme est capable de faire. Ne jamais oublier non plus que plus forte que la méchanceté, l'Amour est toujours là. C'est au final un livre empreint d'optimisme.

    Merci pour cette lecture, M Ellory. Sachez que je regarderai différemment les papillons de nuit, désormais.

    22/06/2023 à 17:16 4

  • Un Jumeau singulier

    Donald Westlake

    6/10 Daté de 1975, Un jumeau singulier possède un scénario attirant, voire alléchant. On retrouve la touche de Westlake qui met ses personnages dans des situations rocambolesques. Ici, un homme séducteur joue son jumeau afin de séduire de vraies jumelles richissimes. Un peu vaudeville, tant les rebondissements et les retournements sont nombreux. Tellement que l’intrigue semble tirée par les cheveux. Certes, cette lecture est divertissante quoiqu’avec quelques longueurs. Ce n’est toutefois pas le meilleur de Westlake, loin s’en faut.

    22/06/2023 à 11:43 2

  • Ce soir je vais tuer l'assassin de mon fils

    Jacques Expert

    8/10 Les livres de Jacques Expert sont addictifs. Même quand ils ont un dénouement qui, à mon goût, laisse le lecteur, au mieux, sur sa faim, au pire, dans une brutale déception. Addictifs car l’auteur sait malignement exploiter les pires cauchemars de l’être humain (la perte tragique de la chair de notre chair, nos chères « petites têtes blondes », nos enfants ; les innocents accusés à tort,… bref, ces terrifiantes injustices).

    Ce soir je vais tuer l’assassin de mon fils est, comme son le laisse supposer, une histoire de vengeance. Jacques Expert nous l’a fait vivre au travers des 4 principaux protagonistes : les couples des coupables et des victimes. Une vengeance du père dont le fils a été renversé par un chauffard qui s’est lâchement enfui en le laissant mourir dans un fossé. Une promesse faite à sa femme : tuer celui qui a osé laisser mourir leur enfant. Un roman court mais intense en émotion et en tension psychologique dont la fin, à mon grand plaisir, n’a pas été bâclée par l’auteur.

    19/06/2023 à 10:01 4

  • Qui a tué l'homme-homard ?

    J.M. Erre

    7/10 Ce livre est un concentré d’humour décalé, de remarques drôles, de personnages hors-normes et décapants. A commencer par le personnage principal, Julie, une jeune femme, tétraplégique, qui nous rapporte cette enquête en communiquant avec les protagonistes via son seul et unique doigt mobile. Julie est bourrée d’auto-dérision et de cynisme envers tous les suspects dans cette affaire, soit tous les habitants de Margoujols.

    La victime, c’est Joseph Zimm, retrouvé découpé en plusieurs morceaux, appelé l’homme-homard dû à sa morphologie et son aspect extérieur. Cet homme est un ancien freak show d’un cirque qui est venu s’échoué en 1945 avec tous les autres membres aussi difformes. La gendarmerie mène une enquête assez difficile, car non seulement tout le monde est susceptible d’en vouloir à la victime (il tenait un carnet avec tous les secrets de Margoujols) mais surtout parce que chacun s’accuse de ce crime.

    Un livre déjanté dans lequel chaque ligne est une drôlerie avec une remarque caustique ou une réplique plus jouissive que la précédente. Mais, à force, j’ai trouvé que ça faisait beaucoup, drôle mais épuisant. Bien que plus adepte d’un humour subtil distillé avec brio et parcimonie (comme chez Jacky Schwartzmann), je continuerai à découvrir cet auteur et d’autres de ses livres.

    15/06/2023 à 15:36 5

  • Le Présage

    Peter Farris

    9/10 Ce livre souffre de deux lacunes qui peuvent éloigner le lecteur : le titre (on ne peut pas faire plus énigmatique et surtout neutre) et surtout, à mon avis, la couverture. Tout est une affaire de goût, allez-vous me rétorquer. Certes. Je la trouve hideuse, voilà tout. Encore plus une fois refermé ce livre, car elle ne met pas en valeur ce chef d’œuvre.

    Car, passé ces deux obstacles, il convient de parler du fond. Peter Farris, auteur américain reconnu depuis la parution outre-Atlantique de ses 3 précédents livres, signe avec Le présage un roman aussi attachant que profond. Pour notre plus grand plaisir, Peter Farris s’est donné le champ libre pour exprimer tout son talent. Et il le fait admirablement tout du long de ces 500 pages. Et rassurez-vous, on ne s’ennuie pas une seule page. On ne se rend même pas compte du volume de l’ouvrage, l’histoire étant aussi prenante que fluide.

    Cynthia Bivins rend visite à son père Toxey placé dans une maison spécialisée, qui prend en charge les personnes atteintes de troubles cognitifs. Si la maladie d’Alzheimer n’est pas encore prononcée, les propos de Toxey laissent sa fille dubitative quant à leur véracité. Mais Toxey tient plus que tout à lui raconter un pan de sa vie.

    Début des années 70, Toxey travaille dans la quincaillerie locale, une bourgade du comté de Mercy Oaks en Géorgie. Originaire des Quarters, le quartier pauvre de la ville, Toxey se découvre une passion : la photographie. Son talent lui permet de rencontrer Fiona, une scientifique, qui souhaite écrire un livre sur le Lakutta, cette terre ancestrale qui rengorge autant de richesses faunistiques que culturelles et historiques. Et c’est aussi dans le Lakutta qu’a été découvert le corps sans vie et mutilé à hauteur du bassin d’une jeune femme afro-américaine.
    D’ailleurs Toxey se rend compte qu’il a croisé cette femme et qu’il l’a même photographié. Et ces clichés, Elder Reese, fils de la plus richissime des familles locales, les veut plus que tout. Il veut s’en servir pour couler son adversaire politique. Reese veut remporter coûte que coûte les prochaines élections qui lui ouvriront, il n’en doute pas, la porte vers le siège de la Maison Blanche…

    Peter Farris raconte dans Le Présage une histoire américaine qui, sous bien des traits, n’est pas si éloignée de la réalité contemporaine et de quelques hommes politiques. Un roman noir qui questionne sur nos sociétés, ses dérives politiques, ses violences, ses choix sur l’avenir et ses traits tirés sur le passé… A ce jour, Le présage est le meilleur livre de Peter Farris qui se pose là comme un auteur américain incontournable.

    13/06/2023 à 16:31 11

  • Le Chant du silence

    Jérôme Loubry

    8/10 Si depuis le début de son écriture, Jérôme Loubry a su renouveler ses sujets et ses thèmes, je trouve que Le chant du silence peut se rapprocher de Le douzième chapitre. Il ne s’agit pas d’une critique ou d’une observation malveillante de ma part. Certainement pas, car j’ai beaucoup apprécié ce livre qui est bien réussi. Mais j’ai retrouvé ici les ingrédients de son deuxième livre (incidences du passé dans le présent, des jeunes protagonistes qui se retrouvent adultes, les secrets et les amours de jeunesse, l’innocence et l’immaturité de l’adolescence,…). Jérôme Loubry a, toutefois au fil de ses parutions, peaufiné son style, mûri sa plume.

    Outre une très belle histoire d’Amour, on plonge dans ce mystère que Damien tente de découvrir : des secrets qui ont été emportés dans la tombe de son père. Celui qui a été incarcéré pour meurtre a perdu, outre sa liberté, un fils. Damien n’a plus jamais voulu voir ni entendre parler de celui qui a trahi. Mais Franck, un ancien collègue du père, devenu gendarme, lui met le trouble sur les conditions de sa mort. Et tout un pan de la vérité va se découvrir et être rétablie.

    On savait que Jérôme Loubry était un auteur talentueux. Le chant du silence, véritable page-turner, consacre Jérôme Loubry dans la cour des auteurs maîtres dans les romans/polars où les secrets de famille, la rédemption constituent la trame de leur oeuvre : Thomas H. Cook et John Hart, principalement.

    12/06/2023 à 16:50 5

  • Le Carré des indigents

    Hugues Pagan

    8/10 Le carré des indigents s’inscrit dans une série consacrée à Schneider, un inspecteur de la criminelle dans la France des années 70. N’ayant pas lu les 3 précédents livres, je pense ne pas avoir été dérangé pour me plonger dans cet opus.

    Un livre bouleversant par tant de misère, de malheur. Si l’histoire écrite par Hugues Pagan est sombre, noire, désespérée, l’auteur enfonce encore plus le lecteur par son style et les mots qui obscurcissent toute lumière et éteignent toute forme d’espérance. Si le lecteur est en pleine déprime, ce livre risque de l’achever.
    En novembre 73, Claude Schneider revient dans sa ville natale pour prendre la tête de la criminelle dans le commissariat. A peine débarqué, il va devoir enquêter sur le meurtre de la jeune Betty, fille unique d’une famille qui avait déjà connu son lot de malheur. Schneider va prendre à cœur cette enquête qui l’emportera au plus dramatique de ce qu’une personne peut vivre.

    Si Hugues Pagan ne fait pas dans le style « feel-good » (vous l’aurez bien compris), le page-turner lui est également étranger. Il campe les personnages, l’intrigue (quitte à en ajouter 2-3 au fil du livre) et l’atmosphère (lugubre) au fur et à mesure des pages. Si le style de l’auteur est certes particulier, on pourra dire personnel aussi, c’est certainement pour écrémer son lectorat. Car, pour lire Le carré des indigents, le lecteur devra s’armer autant de courage que de persévérance. Le gage d’une qualité incomparable.

    06/06/2023 à 13:56 6

  • De mort lente

    Michaël Mention

    9/10 Michaël Mention est un auteur intransigeant, partisan, un perturbateur littéraire, qui secoue les lecteurs, qui sait mettre le doigt là où ça fait mal, où ça gêne : un réveilleur de conscience.

    Avec De mort lente, l’auteur français s’attaque à l’industrie chimique, à ces groupes de multinationales qui n’hésitent pas, pour faire du profit, à dissimuler certaines données sensibles à la santé publique, à développer le lobbying auprès des instances du pouvoir, à acheter certains membres dirigeants, à faire pression sur les chercheurs scientifiques qui n’iraient pas dans leur sens…

    De mort lente est un roman, certes, mais au regard des références et sources présentées tout du long des pages et des exposés, le lecteur se rend compte que le thème est aussi réel que sérieux et contemporain. Loin d’une fiction quelconque inventée pour alimenter une polémique stérile. Seuls les protagonistes ont été créés ainsi que le scénario, qui paraissent ainsi plus que probables.

    Toutefois on n’est pas dans un reportage ou un documentaire, ce roman est très rythmé alternant l’histoire de ce couple, Nabil et Marie dont le fils, Léonard est atteint de troubles autistiques, et les chercheurs scientifiques chargés par la Commission européenne d’instaurer une réglementation sur les perturbateurs endocriniens.

    Cette famille soupçonne l’usine ChimTek installée près de chez eux d’être à l’origine des problèmes thyroïdiens de la mère. Ils se tourneront vers les médias et notamment le journal Le Monde, dont Frank, jeune journalistique, va se charger de faire toute la lumière sur le sujet et aider cette famille dans son combat.
    Philippe Fournier, imminent scientifique, est appelé à devenir membre d’une commission créée spécifiquement à Bruxelles devant rendre un rapport sur les perturbateurs endocriniens.

    Mais le combat est rude et sans pitié, tout aussi inégal. Un livre passionnant que Michaël Mention a écrit et qui se dévore, tant l’auteur a su y mettre tout son talent.

    05/06/2023 à 11:02 5

  • Stop work

    Morgan Navarro, Jacky Schwartzmann

    7/10 Fabrice Couturier est un cadre commercial à l’ancienne chez Rondelles SA. A « l’ancienne », parce que Fabrice fait sa pause déj’ au resto, apéro et digeo compris, quitte à l’offrir aux jeunes stagiaires. A « l’ancienne », Fabrice attend patiemment que l’on nomme directeur des ventes, poste vacant, et qu’il convoite avec moults fayotages auprès du PDG.

    Mais voilà, tout ne va pas se passer comme prévu. Et la direction EHS (Environnement, Hygiène et Sécurité) qui pond des règles de sécurité aussi absurdes que risibles (si ce n’est qu’elles sont malheureusement bien réelles) va en faire les frais.

    Une BD très sympathique qui met en avant les absurdités du monde de l’entreprise, et notamment ses normes d’hygiène et de sécurité. Une lecture obligatoire pour les amateurs de (peut-être) l’auteur le plus désopilant de l’hexagone.

    31/05/2023 à 13:37 2

  • Le Coffre

    Jacky Schwartzmann

    6/10 Alors qu’il va bientôt faire valoir ses droits à la retraite, Gendron, gendarme à la Section de recherche à Lyon, se voit confier l’enquête sur la mort d’une femme retrouvée dans un coffre de toit.
    Les différentes avancées sur cette morte vont axer ses recherches vers la Roumanie. Aussi une collaboration avec la police roumaine, menée de manière très diplomatique (comprendre « chacun reste dans son pays »), va déboucher sur une résolution d’une intrigue gérée de manière très particulière, voire originale.

    L’écriture à quatre mains est née lors d’une rencontre des deux auteurs lors d’un salon du livre en France. Chacun a écrit un chapitre, construisant ainsi, sur une petite 150aine de pages, Le coffre.

    J’avoue que je n’ai pas réussi à retrouver l’inspiration et la verve de Jacky Scharztmann, qui animaient ses autres livres. Si quelques mots, références font sourire, cette sensation a été vite étouffée par les chapitres écrits par son comparse, lourds, longs et sans intérêt. Et je ne parle pas de l’histoire que je n’ai trouvée très passionnante.

    31/05/2023 à 12:28 4

  • Les Malvenus

    Audrey Brière

    7/10 Le cadre historique (fin de la Première guerre mondiale) et la situation géographique (village isolé de Bourgogne) constituent une trame oppressante . C’est dans ce contexte qu’est retrouvé dans la cave de la vieille Mélanie le cadavre de TS (Thomas Sorel). Il a été égorgé et, personnage très antipathique, tout le monde aurait pu vouloir le tuer.

    L'inspecteur Matthias Lavau est dépêché pour aller sur place, revenant ainsi sur ces terres où les sœurs des Ursulines ont accueillis et élevé cet orphelin, comme beaucoup d’autres, constituant la majorité des villageois de Haut-de-Cœur. Il va mener cette enquête, secondé par la troublante Esther.

    Loin des univers de Lemaître ou de Vargas vendus par l’étiquette alléchante de la couverture, Les Malvenus peut malgré tout séduire par une intrigue plaisante. Je déplore toutefois que les personnages principaux, Matthias et Esther, n’aient pas été plus développés. On leur découvre des traits mystérieux qui auraient mérité d’être plus fouillés et en faire des personnages plus attachants. Peut-être l’auteure se laisse matière à écrire d’autres livres avec ces mêmes personnages ?

    25/05/2023 à 10:13 5

  • Bois aux Renards

    Antoine Chainas

    8/10 J’avais pris quelques dispositions pour pouvoir enchaîner les 530 pages du nouveau roman d’Antoine Chainas. Au regard des critiques élogieuses des premiers lecteurs de ce Bois aux renards, je voulais être entièrement disponible pour ce moment de lecture que j’espérais être un véritable moment de bonheur, voire de plaisir. Mes quelques derniers jours de vacances avaient donc pour objectif, entre autres, de lire la dernière œuvre de l’auteur français.

    Et j’ai beaucoup aimé cette histoire, comment elle commence, à la manière des meilleurs Boileau-Narcejac ou de Robert Bloch, ces auteurs qui ont donné matière aux films d’Hitchcock : on rentre dans le livre avec des protagonistes, Bernadette et Yves, des tueurs en série très particuliers, un couple très amoureux, que l’on suit pendant le long du livre mais qui ne sont pas réellement les personnages principaux de Bois aux renards. Non, l’histoire ce n’est pas non plus cette fille séquestrée qui arrive à s’enfuir de la torture de ce couple. Ce n’est pas non plus les habitants de ce petit village juché dans la montagne, ces personnes qui vivent recluses en communauté, voire de manière sectaire. Je pourrais continuer ainsi à dérouler l’histoire et les personnages. Ce Bois aux renards est une somme de tous ses personnages, de ses histoires qui se recoupent, de son ambiance, de son atmosphère et de ses légendes. C’est un tout indissociable. En tant que tel, ce Bois aux renards est fascinant.

    Mais je n’ai pas vraiment apprécié le style (voulu ?) ampoulé, grandiloquent, excessif dans les choix des tournures ou du vocabulaire qui sied mal, je trouve, c’est complément subjectif, à l’histoire.

    Mes notes donc : 9 pour l’histoire et 7 pour la narration = 8

    23/05/2023 à 16:08 9