JohnSteed

552 votes

  • Shit !

    Jacky Schwartzmann

    8/10 C’est un réel et récurrent plaisir d’avoir un livre de Jacky Schwartzmann entre les mains. On sait que l’auteur bisontin propose des histoires et des personnages drôles, décalés, loufoques et d’un humour second degré très addictif.

    Thibault Morel, CPE dans un collège de Besançon, habite une HLM à Planoise, quartier sensible de la ville. Chaque matin et soir, il doit prouver aux dealers qu’il réside bien dans la tour, en se prenant quelques claques au passage.
    Thibault, un soir, écoute que les dealers s’entretuent, dans le four, le local où est entreposée toute la came. Il décide avec Ramla, sa voisine, de poursuivre à leur manière, la revente de la drogue.

    Comme d’habitude, on ne s’ennuie pas à lire cette histoire. Rebondissements aussi inattendus que drôles, répliques voire démonstrations existentielles décalées et cyniques qui font mouche. Bref, Jacky Schwartzmann continue de proposer des comédies littéraires très séduisantes. Ces livres devraient être imposés aux mélancoliques et autres fatigués et déprimés.

    06/07/2023 à 11:18 10

  • Thérapie

    Sebastian Fitzek

    8/10 Viktor Larenz, célèbre et médiatique psychiatre en schizophrénie, accompagne sa fille, Josy, à son rendez-vous chez l’allergologue. La jeune adolescente souffre depuis plusieurs mois d’une maladie qu’aucun médecin n’arrive à diagnostiquer. Après avoir été aux toilettes, Viktor constate que Josy a disparu. Et pire : personne ne l’avait vue dans la salle d’attente. Et pire encore : Josy n’avait pas de rendez-vous.

    4 ans plus tard, Viktor Larenz est attaché à un lit d’un hôpital psychiatrique. Il vient de sortir d’un état de choc. Il raconte à son collègue les résultats de ses recherches de sa fille et surtout sa mystérieuse rencontre avec Anna Spiegel, une auteure de livre pour enfant. Cette dernière écrit un livre qui relate étrangement l’histoire et la disparition de sa fille…

    J’avoue que j’ai dévoré cette intrigue, voulant rapidement trouver réponses à toutes les interrogations que soulevaient cette disparition. Atmosphère étouffante, angoissante, avec des fantômes ou des personnages que l’on croit exister ou inventer. J’ai douté de tout. Mais à la page suivante, j’ai certain d’avoir tout compris. Le chapitre d’après, mes certitudes s’écroulaient. Seules les dernières pages m’ont apporté la lumière sur cette affaire. Et la vérité s’est avérée être très éloignée de mes convictions. Sebastian Fiztek m’a promené tout le long de ces 300 pages. Sans aucune rancune. Plein de reconnaissance de ce moment de lecture accrochant.

    29/08/2021 à 17:40 10

  • Billy Summers

    Stephen King

    9/10 Je ne suis pas un féru de Stephen King et notamment des thèmes qu’il exploite dans ses romans, à savoir l’horreur, le fantastique, la science-fiction, soit la majorité de ses livres. Dès lors, je lis la 4ème de couverture de ses sorties pour voir si je peux me laisser tenter. Car je reconnais le talent de l’écrivain et à chaque fois que j’ai ouvert un de ses livres, j’ai toujours été happé et dévoré ses histoires. Par exemple, j’ai vraiment adoré La ligne verte ainsi que 22/11/63.

    En parcourant le résumé de ce Billy Summers, j’ai pensé que cette histoire pouvait m’intéresser. Mais je me suis trompé. Pas intéressé mais carrément adoré. Stephen King a réussi ce tour de force, et c’est aussi une preuve de son talent, de nous faire adorer ce tueur à gage, qui a pour mission de tuer quand il arrivera au tribunal un homme détenu afin qu’il ne dénonce pas les gros bonnets.

    Alors qu’il attend patiemment dans un bureau loué pour plusieurs mois le jour J, devenu David Lockridge, sa couverture, un auteur qui doit présenter son premier livre à son prétendu éditeur, Billy se fond dans son personnage, s’intègre avec ses collègues des bureaux, sympathise avec les voisins de sa résidence et commence à écrire sa biographie. Lui, ce vétéran de la guerre du Golfe, a des choses à raconter. Et décidé que cette mission soit la dernière de sa carrière de tueur à gage, même s’il a pour principe de ne tuer que les « méchants »…

    Comme son titre l’indique, ce livre propose l’histoire de Billy Summers, sa mission en tant que tueur à gage avec en filigrane sa vie, et son combat en Irak. On croisera dans cette histoire Alice, une jeune femme sauvagement agressée… Un duo très attachant et très émouvant. Un livre que je placerai dans le top 5 de l’auteur (du moins de ceux que j’ai lus).

    23/02/2023 à 12:08 9

  • Bois aux Renards

    Antoine Chainas

    8/10 J’avais pris quelques dispositions pour pouvoir enchaîner les 530 pages du nouveau roman d’Antoine Chainas. Au regard des critiques élogieuses des premiers lecteurs de ce Bois aux renards, je voulais être entièrement disponible pour ce moment de lecture que j’espérais être un véritable moment de bonheur, voire de plaisir. Mes quelques derniers jours de vacances avaient donc pour objectif, entre autres, de lire la dernière œuvre de l’auteur français.

    Et j’ai beaucoup aimé cette histoire, comment elle commence, à la manière des meilleurs Boileau-Narcejac ou de Robert Bloch, ces auteurs qui ont donné matière aux films d’Hitchcock : on rentre dans le livre avec des protagonistes, Bernadette et Yves, des tueurs en série très particuliers, un couple très amoureux, que l’on suit pendant le long du livre mais qui ne sont pas réellement les personnages principaux de Bois aux renards. Non, l’histoire ce n’est pas non plus cette fille séquestrée qui arrive à s’enfuir de la torture de ce couple. Ce n’est pas non plus les habitants de ce petit village juché dans la montagne, ces personnes qui vivent recluses en communauté, voire de manière sectaire. Je pourrais continuer ainsi à dérouler l’histoire et les personnages. Ce Bois aux renards est une somme de tous ses personnages, de ses histoires qui se recoupent, de son ambiance, de son atmosphère et de ses légendes. C’est un tout indissociable. En tant que tel, ce Bois aux renards est fascinant.

    Mais je n’ai pas vraiment apprécié le style (voulu ?) ampoulé, grandiloquent, excessif dans les choix des tournures ou du vocabulaire qui sied mal, je trouve, c’est complément subjectif, à l’histoire.

    Mes notes donc : 9 pour l’histoire et 7 pour la narration = 8

    23/05/2023 à 16:08 9

  • Darwyne

    Colin Niel

    8/10 Darwyne Massily vit avec sa mère, Yolanda, dans un bidon ville de Guyane à Bois Sec, un quartier rempli de taudis, près de la forêt amazonienne. Né avec une malformation, Darwyne n’aspire qu’à recevoir l’amour maternel avant qu’un énième amant vienne squatter chez eux, dans leur étroit carbet. Il faut dire que Yolanda est une très belle femme et que les hommes se suivent et repartent sans même dire au-revoir.

    Alors qu’une plainte vient d’être déposée pour maltraitance sur enfant, Mathurine, assistante sociale, doit établir un rapport sur les Massilly. Femme célibataire qui multiplie les FIV pour avoir un enfant, elle rencontre Yolanda et Darwyne et découvre une famille solidaire, unie et forte dans ce quartier pauvre où la misère pousse aussi vite que les arbres. Mais, toutefois, Mathurine veut faire fi des apparences et va tenter de mettre en confiance Darwyne pour qu’il se confie et lui dévoile la vérité.

    Avec Darwyne, on retrouve Colin Niel et l’univers guyanais. Pas vraiment polar, mais un roman sombre malgré tout, avec ce personnage, Darwyne qui m’est apparu comme un petit gamin, qui a du se construire seul dans son monde, la forêt amazonienne, en manque d’amour, mais sensible et rempli de mystères. Et Mathurine, cette assistante sociale, au grand cœur, rempli de bienveillance et d’humanité. Un très beau moment de lecture pour ma part.

    13/03/2023 à 12:20 9

  • Double assassinat dans la rue Morgue

    Edgar Allan Poe

    9/10 La rue Morgue, un de ces misérables passages qui relient la rue Richelieu à la rue Saint Roch à Paris, fut le théâtre d'un crime des plus affreux et étrange en cet été 18.. . Affreux car Mademoiselle l'Espanaye et sa mère furent assassinées dans d'atroces circonstances : le corps sans vie de la fille fut fourré, la tête en bas, dans la cheminée ; la vieille dame fut décapitée, le corps gisant dans la cour du bâtiment. Étrange car la maison était fermée de l'intérieur et rien ne fut volé. Des témoins ont entendu une voix grave et masculine d'un français et celle d'un étranger dont la langue est inconnue. La préfecture de police a arrêté le commis du banquier qui avait apporté 4000 frcs en pièces d'or.
    Auguste Dupin, d'une famille illustre mais ruinée, possède une aptitude analytique exceptionnelle. Il résoudra, accompagné de son ami et narrateur, par ses talents de déductions ce mystérieux double assassinat.

    Écrit en 1841, cette histoire a jeté les bases du nouveau roman policier et les prémices de l'enquêteur moderne développant l'esprit de logique et de déduction dont s'inspireront d'autres futurs grands auteurs du genre. Qui a dit « élémentaire » ?

    Une lecture incontournable fortement conseillée aussi bien au jeune public qu'aux amateurs de polars contemporains.

    30/05/2018 à 19:03 9

  • Elle le gibier

    Élisa Vix

    8/10 Inspirée par sa « désastreuse carrière professionnelle », Elisa Vix nous raconte la terrible problématique des sur-diplômés dans leur recherche d’emploi et du milieu de l’entreprise sans foi ni loi.

    Cendrine, Karim, ses collègues, et d’autres protagonistes parlent à un enquêteur de Chrystal. On sait dès lors que quelque chose de dramatique s’est produit.
    Diplômée en neuroscience, ayant terminé sa thèse, Chrystal attend que s’ouvre une poste dans la recherche. Mais voilà, le milieu universitaire est clos. Alors, en attendant, Chrystal a besoin d’un travail « alimentaire ». Elle est recrutée chez Medecines, une multinationale de l’information médicale. Et l’on découvre une entreprise et un système où la pression, la manipulation, et la concurrence entre collègues sont les maîtres mots des Ressources humaines.

    Un roman choral qui fait froid dans le dos, d’un milieu professionnel sans pitié. Un roman court mais puissant et glaçant où la réalité dépasse, malheureusement, la fiction.

    21/02/2022 à 08:38 9

  • Entre deux mondes

    Olivier Norek

    9/10 Polar à la fois sensible, touchant et dérangeant, Entre deux mondes explore la « jungle » de Calais et le malheureux et horrible sort des immigrés clandestins qui tentent la traversée vers leur Eden, le Royaume-Uni.

    Olivier Norek maîtrise le sujet et le traite avec un humanisme déconcertant à travers ses personnages qui n’apparaissent pas si fictifs.
    J’ai été très impressionné par le soucis des détails dans le périple des migrants, dans la présentation de leur vie, leur trajet,… mais aussi des policiers dans leur impuissance, et du microcosme du camps.

    Entre deux mondes nous propose une merveilleuse histoire d’une réalité effrayante.

    15/12/2021 à 09:22 9

  • Idaho

    Emily Ruskovich

    7/10 Idaho, cet Etat américain qui, sur la base d’un mensonge, signifie « Reviens me voir », sonne comme un lieu empreint de mémoire. Foch disait qu’ « un homme sans mémoire est un homme sans vie ».
    Emily Ruskovich, jeune et talentueuse écrivaine américaine, fait de ce thème un sujet de souffrance. La mémoire peut être aussi douloureuse par la perte de nos souvenirs que par la réminiscence de nos actes les plus cruels.
    Le style de l’Américaine s’apparente à une musique douce et mélodieuse mais d’une noirceur implacable, à l’instar de cette chanson qui s’égrène le long de ce livre : « Décroche ta photo du mur/Pour que je n’aie pas à voir tes yeux/Et bientôt peut-être je ne me souviendrai plus/Des choses douloureuses qui jadis étaient douces ».

    Pour apprécier ce livre, il faut aimer se laisser porter voire bercer par le style poétique et par l’histoire sombre de cette famille qui s’éclate suite au meurtre d’une des filles par la mère et à la disparition de la seconde. Il faut également aimer le genre de livres où la fin n’apporte pas, comme la vie sait bien nous le prouver, réponse à toutes les questions. Il faut apprécier ces atmosphères angoissantes et étouffantes qui dégagent un sentiment de malaise et de mal-être : le signe d’une écriture maîtrisée.
    Idaho est un livre prenant mais a surtout l’intérêt de nous faire découvrir Emily Ruskovich qui a tout le talent pour nous écrire une œuvre encore plus puissante.

    29/12/2018 à 18:36 9

  • Kasso

    Jacky Schwartzmann

    8/10 Jacky Toudic doit quitter sa ville d’adoption, Marseille, pour retrouver sa ville natale, Besançon, où sa mère, atteinte d’Alzheimer, doit intégrer un EPHAD spécialisé. C’est l’occasion de retrouver la maison familiale, où toutes les pièces débordent de livres, résultats de parents anciens prof de philo, et les quelques rares potes longtemps perdus de vue, pour raconter les sempiternels souvenirs d’ados et rapporter les nouvelles des uns et des autres (#copainsdavant). Histoire de conjuguer l’utile à l’agréable, via Tinder, aussi pécho une rencontre d’un soir. Pas difficile pour Jacky, étant son sosie parfait, qui se fait passer pour Mathieu Kassovitz. D’ailleurs, Jacky en a toujours joué, en a même fait son « métier ». Car on peut le qualifier d’arnaqueur professionnel. Et ce soir, c’est Zoé qu’il rencontre. Et qui part tout de suite après avoir « juste » pris un verre, partie sans « au revoir-merci ». De quoi vexer le mâle et la recontacter. Et ça matche entre les deux. Zoé, avocate fiscaliste, va pouvoir aider Jacky à monter ses arnaques. Et même réaliser un gros coup : arnaquer des millions pour la réalisation du film La haine 2…

    Je continue à découvrir l’œuvre de Jacky Schwartzmann et je savoure une fois de plus sa prose satirique remplie de réflexions et de propos mélangeant humour noir et ton décalé. Parsemé ici et là de références musicales, littéraires ou cinématographies que je partage, histoire de génération, je pense. C’est irrésistible et rafraichissant. L’histoire est moins rythmée que celle de ma précédente lecture, Demain c’est loin, mais toujours aussi prenante. Les sourires et les rires sont toujours au rendez-vous et on referme le livre en essayant d’avoir en stock un autre Jacky Schwartzmann pas très loin, car le manque se fera ressentir très rapidement.

    17/05/2023 à 10:32 9

  • L'Année du lion

    Deon Meyer

    9/10 Dans ce livre qualifié post apocalyptique, le plus intéressant est la mise en place d’une nouvelle communauté, Amanzi, et avec elle les différents courants politiques avides de pouvoir. Deon Meyer fait sienne des différentes pensées politiques, sociologiques voire philosophiques sur les fondements de la société. On pense bien évidemment à Hobbes, ou à Rousseau avec son Contrat social.

    C’est un roman passionnant mais qui, comme d’autres avis le pointent, souffre d’une explication sur l’origine du virus et des membres du complot tirée par les cheveux. Dommage.

    26/02/2019 à 15:29 9

  • L'Homme peuplé

    Franck Bouysse

    8/10 C’est avec une joie non dissimulée que j’ai accouru prendre le dernier livre de Franck Bouysse que j’avais réservé à la médiathèque. L’auteur corrézien a toujours su m’émerveiller avec ses belles écritures et m’emporter dans ses histoires remplies de noirceurs et de personnages marquants. J’ai ainsi pu dévorer la dernière œuvre de l’écrivain le temps d’un court week-end.

    Dans L’homme peuplé, on suit l’histoire de Caleb. Vivant avec sa mère qui le tient d’une main de fer, le jeune homme est seul reclus dans cette ferme isolée du village. Malgré sa belle gueule, il a toujours reçu des brimades de ses copains, victime des actes de guérison de sa « sorcière » de mère. La disparition de celle-ci ne va que l’isoler encore plus.

    On suit également cet auteur, Harry, venu s’installer, ou plutôt se couper du monde, dans la ferme d’à côté. Auteur d’un livre à succès, il recherche autant l’inspiration qu’un sens à sa vie, une mission quasi mystique qui le raccroche à son existence d’auteur. Confronté à des bruits étranges et à des disparitions inquiétantes, la belle épicière et le maire apportent des silences à ses interrogations.

    Avec toute la beauté poétique qu’offre son écriture, Franck Bouysse déroule cette histoire. L’atmosphère lourde, sombre et mystérieuse, les personnages taiseux et troublants, propres à l’auteur, sont bien présents. Mais loin de créer la magie de ses précédents romans. Seules les dernières pages m’ont sauvé d’une lassitude en apportant une belle et gracieuse lumière sur cette histoire.

    17/10/2022 à 12:11 9

  • L'Offrande grecque

    Philip Kerr

    8/10 En cette année 1957, alors que la Communauté Economique Européen (CEE) nait doucement des ruines et des drames humains de la 2nde Guerre mondiale, Bernie Gunther, sous le nom de Christof Ganz, essaie de vivre loin de son passé, en tant que préposé à la morgue de l’hôpital de Munich. Un poste qui lui sied bien, étant ainsi en harmonie avec les cadavres qu’il côtoie. Mais pas facile de rester anonyme pour l’ex Komizar. C’est à la suite de chantages divers qu’il va exercer ses anciennes compétences en tant qu’enquêteur pour la compagnie d’assurance, Munich Re. « Herr Ganz » va être amené à aller en Grèce, pour vérifier qu’un bateau qui a coulé, au large des îles helléniques, l’était bel et bien de manière accidentelle. Mais un inspecteur grec fait pression sur Bernie pour qu’il traque un ancien criminel nazi.

    Philip Kerr, dans cette nouvelle « aventure de Bernie Gunther », nous permet de découvrir un pan de l’histoire de la 2nde Guerre mondiale, en l’occurrence la spoliation de la forte communauté juive de Grèce par les nazis avant son extermination dans les camps de la mort.

    Si cette leçon (pour ma part) d’histoire est (toujours) intéressante, c’est toujours avec un réel plaisir que de lire les mots acerbes de Gunther sous la plume toujours incomparable et belle du regretté Philip Kerr.

    30/05/2020 à 19:49 9

  • La Colère

    S. A. Cosby

    9/10 S.A. Cosby fait partie des nouveaux auteurs mis en avant par toute la presse nationale et internationale qui ne tarit pas d’éloge sur « la nouvelle sensation des lettres américaines ». J’ai voulu me faire ma propre idée sur le chouchou de Michael Connelly et de Dennis Lehane, entre autres.

    Le colère (La rage ou la haine auraient été des titres plus adéquats) met en scène deux pères ayant perdu leurs fils, mariés l’un à l’autre, tués par balles. Ike Randolph, père d’Isiah et Buddy Lee Jenkins, père de Derek, se rencontrent et s’évitent, lors de leur enterrement. Eux qui n’ont pas accepté l’orientation sexuelle de leur fils, vont s’unir et mener l’enquête que la police délaisse. Il faut dire qu’en Virginie-Occidentale, être homosexuels et un couple mixte noir-blanc, leur meurtre ne constitue pas une priorité (et c’est un euphémisme !).

    Ike et Buddy Lee ont un point commun : ex-taulards faisant partie d’anciens gangs extrémistes. Leur vengeance sera donc à la hauteur de leur rage. Eux qui n’ont pas aimé leur fils comme ils étaient de leur vivant, souhaitent faire payer leur mort en tuant le ou les auteurs de ce crime minable. Et ils ne lésineront pas sur les moyens.

    La colère est un polar qui privilégie l’action (et du lourd) au contemplatif, le langage brut à la prose fleurie. Et pourtant, S.A. Cosby développe ses personnages avec beaucoup d’humanisme, de rédemption, de culpabilité et de fragilité. Avec tous ses ingrédients, La colère est un livre qui se dévore. Et les éloges cités plus haut ne sont pas usurpés. On tient là un auteur aussi recommandable qu’incontournable.

    10/07/2023 à 17:22 9

  • La Nuit de l'accident

    Élisa Vix

    8/10 Pierre, fermier cantalien, traverse un moment délicat. Il est sommé par les contrôleurs environnementaux de mettre aux normes l’exploitation familiale. Et son couple en pâtit. Sa femme, la belle Nat, (trop belle pour lui ?) attend peut-être trop de lui. Le jeune Momo, venu en camp de vacances de sa banlieue parisienne, est vu comme un peu d’oxygène. Pour lui qui prend en exemple, son oncle, ancien résistant de la 2nde Guerre mondiale, un héros mort au combat, la lutte devrait être un leitmotiv. Mais il préfère se taire et subir. Un lâche ?

    Nat, vétérinaire, est harcelée sexuellement par son patron. Et délaissée par Pierre. L’arrivée d’un séduisant campeur va troubler les sens de Nat. Et au milieu de tout ça, un mystérieux accident survenu dernièrement va bouleverser cet équilibre précaire.

    Elisa Vix livre un roman attachant. Racontée à deux voix (Pierre et Nat expriment de manière alternative leur point de vue sur les événements, retracent leur vie, leur amour…), l’histoire est captivante, tant on veut en connaître plus sur cette nuit de l’accident. Petit à petit, on découvre la personnalité des deux protagonistes et on en apprend plus sur ce mystère. Mais surtout, ce qui fait de ce livre un polar à part, on se prend en pleine face un final aussi inattendu que terrifiant.

    23/10/2020 à 10:50 9

  • Là où chantent les écrevisses

    Delia Owens

    10/10 Chère Kya,

    « La vie est belle et cruelle à la fois, elle nous ressemble parfois ». Ce sont ces paroles d’une chanson qui me traversent l’esprit quand je repense à votre vie.
    Cruelle, votre vie le fût : abandonnée dès votre plus jeune âge par votre famille, vous vous êtes construite et, au milieu des marais, avez appris tout ce que votre environnement pouvait vous apporter. De là où chantent les écrevisses vous vous êtes forgée ce caractère inébranlable, cette envie et cette force de vivre aussi puissantes qu’essentielles dans ce milieu hostile.

    Cruelle toujours quand certaines personnes ont abusé de votre innocence. Se sont amusés avec les sentiments, ont joué avec le plus fort, le plus noble : l’amour.
    Mais certains épisodes et quelques rencontres furent belles et décisives : Jumping et sa famille, qui, sur leur ponton, vous ont apporté de quoi survivre mais plus que tout, une amitié infaillible. Et le jeune Tate, l’ami de votre frère, qui vous a appris à lire et à écrire. Car, pour vous, il était hors de question d’aller à l’école. Isolée dans les marais, vous avez su trouver le but de votre vie. Faire découvrir et aimer cette faune et flore si riche, si belle et tellement vitale.

    Kya, je vous suis éternellement reconnaissant de m’avoir apporté à travers votre histoire tant de beauté, et de belles leçons sur la vie.

    26/09/2021 à 08:57 9

  • Là où les lumières se perdent

    David Joy

    8/10 Là où les lumières se perdent ? c'est dans les ténèbres, dans le noir profond, dans les âmes où l'amour n'a pas sa place. C'est aussi dans cette famille McNeely, dont le patriarche gère le commerce de la meth et arrose la police locale. Ce fils, Jacob, n'est pas fait pour cette vie pourrie par la terreur et la mort. Lui qui retrouve son amour d'enfance souhaite s'affranchir de cette vie.
    David Joy nous plonge tout au long des quelques 300 pages dans un roman noir que l'on ne découvre que très (trop) rarement. Quelques lignes plus haut, chouchou nous présentait cet écrivain comme un auteur "vrai, entier, humain". Ce livre est à cette image: vrai, entier, humain et nous emmène découvrir cet endroit effrayant : là où les lumières se perdent.

    02/03/2018 à 08:52 9

  • Le Cheptel

    Céline Denjean

    8/10 Avec Le cheptel, Céline Denjean propose une lecture chirurgicale d’une histoire des plus effrayantes de trafic d’êtres humains. L’auteure hexagonale, avec une utilisation pertinente de la description en utilisant à bon escient multiples qualificatifs, a un tel souci du détail que j’ai eu le sentiment que ce polar prenait sa source dans un fait réel. Que ce soit dans l’enquête ou dans l’approche sociologique du « réseau » (je ne vais pas trop détailler pour éviter de spoiler), tout est minutieusement présenté, décrit pour coller au plus près de la réalité. Dès lors, Le cheptel est d’un réalisme atterrant. Mais les personnages comme Bruno, Eloïse, Louis, Atrimen et Elicen dont les destins sont particulièrement intéressants, apportent une touche humaine à ce livre foncièrement déstabilisant, tant l’intrigue n’est pas si éloignée de ce que l’être humain malheureusement est capable de faire.

    08/08/2020 à 11:11 9

  • Les Orpailleurs

    Thierry Jonquet

    8/10 La découverte du corps sans vie d’une jeune fille au 3ème étage d’un immeuble vétuste du Xème arrondissement de Paris met en branle-bas de combat l’équipe de permanence de la Brigade criminelle de Paris.
    Ruisselant d’insectes depuis plusieurs jours, le corps amputé de la main droite est difficilement identifiable. L’équipe composée des inspecteurs Dimeglio, Rovère, du novice Choukroun, pilotée par la juge d’instruction Nadia Lintz, vont enquêter sur ce meurtre atroce. Un meurtre qui sera suivi par d’autres qui vont rendre encore plus opaque la vérité sur cette affaire.

    Thierry Jonquet, véritable maître du polar de l’hexagone, met en scène une intrigue des plus sombres. Dans un style maîtrisé, l’auteur écrit la vie ordinaire des protagonistes (on a même droit à 2 ou 3 chapitres sur le meurtrier) qui rend cette histoire si juste et profonde tout en égrainant les éléments qui permettront (Il faudra quand même attendre les dernières pages) de comprendre le mobile de cette ténébreuse et étouffante affaire criminelle.

    17/11/2018 à 11:28 9

  • Marseille 73

    Dominique Manotti

    9/10 A la suite de ma lecture de Le corps noir, ma première rencontre littéraire avec l’auteure française, j’écrivais pour souligner la note que je lui attribuais que « Dominique Manotti rendait avec justesse compte de la tension de l’époque ».

    Je partage encore cette vision suite à la lecture de Marseille 73. J’ai eu le sentiment de lire un documentaire. Mais pas au sens péjoratif, lourd et pénible que je peux avoir de ce style littéraire.

    Non, la lecture de ce roman social noir est très addictive tant la peinture de l’époque est bien détaillée, les personnages bien précis. Et encore une fois, Dominique Manotti nous plonge dans l’ambiance tendue, lourde et chargée de racisme, d'assassinats, de corruption et de trafics en tout genre. Mais pas facile de ne pas tomber dans les clichés, les stéréotypes, quand on s’attèle à ces sujets ultra-exploités. Dominique Manotti arrive à nous séduire. Marseille 73 est indéniablement un polar ambitieux et réussi.

    18/09/2020 à 15:22 9