JohnSteed

563 votes

  • Par un matin d'automne

    Robert Goddard

    9/10 Un plaid, une tasse de thé fumante, assis confortablement dans un fauteuil club : telles seraient les conditions idéales pour plonger dans la lecture de Par un matin d’automne. Ambiance so british que nous propose Robert Goddard avec cette Angleterre de la Première Guerre mondiale, et ses secrets de famille mâtinés de romantisme et de drames familiaux.

    Tout d’abord, j’ai été captivé par cette ambiance qui se dégage de ce livre, entre Un long dimanche de fiançailles pour la trame de l’histoire et Rebecca de Daphné du Maurier pour l’atmosphère sombre planant sur Moongate, cette demeure bourgeoise où le malheur s’abat sur la famille Hallows.

    Les personnages sont captivants (y compris la terrifiante Olivia, remplie de haine pour sa belle-fille) et la quête de l’histoire familiale de Penelope est envoûtante.
    Robert Goddard se pose comme un digne héritier des belles lettres anglaise qui par la voix de plusieurs protagonistes nous raconte les vies d’un lieutenant anglais disparu en guerre, d’une jeune fille abandonnée à la naissance et persécutée par sa diablesse de belle-mère et l’assassinat d’un méprisable courtisan américain. Présenté comme cela, ce livre pourrait apparaître fade et dénué d’intérêt ou d’attrait.

    Or l’auteur anglais possède le don de nous faire dévorer ses livres denses, à la manière de Wilkie Collins dont il se pose comme un digne héritier.

    16/01/2024 à 13:57 8

  • Les Gentils

    Michaël Mention

    7/10 Michaël Mention nous propose un road-trip où la vengeance d’un père en est le leitmotiv. Franck disquaire à Paris, a perdu sa fille de 6 ans, tuée lors d’un braquage d’une boulangerie. Et son couple n’a pu survivre à ce drame. Tous les jours, Franck appelle le commissariat pour connaître l’avancée de l’enquête. Mais face à l’impuissance des policiers, il décide de mener lui-même les investigations. Avec le peu d’éléments qu’il arrive à glaner, il découvre que le tueur de sa fille, un toxico avec un tatouage Anarchie sur une épaule, se prénomme Yannick.

    Le lecteur accompagne ainsi Franck dans sa quête obsessionnelle de tuer ce Yannick. On le suit à bord de sa R5 dans cette France giscardienne, où les crises économiques succèdent aux affaires politiques.

    J’ai retrouvé avec plaisir la plume hallucinée et rock’n rollienne de Michaël Mention (et sa bande son musicale aussi variée que mythique) qui ne ménage pas son héros. Toutefois, j’ai moindrement accroché au dernier tiers du livre qui, d’un coup, change de thème en même temps que de territoire géographique. Du coup, ce fut un plaisir mitigé.

    15/01/2024 à 13:33 4

  • Sale temps pour le pays

    Michaël Mention

    8/10 1976. Dans le nord de l’Angleterre sévit un tueur de prostituées que la presse va nommer « l’Eventreur du Yorkshire ». La police s’organise pour mener à bien l’enquête qui va s’avérer longue et fastidieuse. Parmi ses membres George Knox, enquêteur aussi sombre qu’intègre et entièrement engagé dans la quête de ce monstre ; Mark Burstyn, enquêteur ambitieux…

    Le sujet a fait l’objet d’autres polars mais Michaël Mention rend cette enquête très addictive avec son rythme effréné et ses personnages attachants. Il dépeint l’évolution de cette Angleterre qui vit sa révolution culturelle, sociale et économique. J’ai beaucoup apprécié le ton de Michaël Mention (qui n’hésite pas à se mettre en scène comme journaliste du Monde), et ses références pop-culturelles. Un livre qu’on dévore et qui entame de manière magistrale sa Trilogie anglaise. A peine lu la dernière ligne du livre que j’entame le second volet.

    29/12/2023 à 11:26 9

  • Crépuscule

    Philippe Claudel

    8/10 Attiré par un nouveau roman de l’illustre Philippe Claudel, alléché par sa couverture sombre, mystérieuse et énigmatique, charmé par son titre aussi mélancolique que décadent, j’ai plongé dans cette histoire et découvert ces personnages durant quelques nuits d’hiver noires et tristes seyantes à l’atmosphère ambiante.

    Roman ou plutôt conte que nous offre l’auteur qui aurait pu commencer son histoire par « Il était une fois, dans un pays fort lointain et à une époque non moins reculée et inconnue… ». Philippe Claudel transporte son lecteur dans un univers et une contrée énigmatiques.

    Dans un village à la frontière d’un Empire, le curé est découvert dans la rue, mort, assassiné, la tête fracassée par une pierre. Le Policier, Nourio, et son Adjoint, Baraj, vont mener l’enquête ou, devrais-je dire, un semblant d’enquête. Car ce qui obsède Nourio, ce n’est pas la recherche de la vérité, la quête de la lumière sur cette affaire. Non, ce qui l’obsède, guidé par les pulsions qui le démangent en dessous de la ceinture, c’est la témoin de l’affaire, la très jeune Lémia. Et oui, vous l’avez bien compris, de la vérité Nourio s’en branle carrément, et dans tous les sens du terme. Car outre ses excès incontrôlés de libido, Nourio s’accommode de toute explication que les autorités locales voient comme vraie et véritable. Car dans cette contrée, la tension entre musulmans et chrétiens est palpable. Car qui d’autres que des non-chrétiens peuvent s’en prendre à l’autorité cléricale ? Et la fuite du médecin musulman ne fait que confirmer cette théorie. Et d’ailleurs, toute tension n’est que prémices à la violence.

    Un roman que j’ai réellement aimé même avec ses longueurs, ses personnages aux comportements déviants, immoraux, opportunistes,… avec sa fin bien amenée. Crépuscule c’est un avant-goût de la fin d’une période de lumière, de vie : dans ce livre règne une atmosphère de fin de civilisation, où plus rien n’est conforme aux attentes du monde, où le monde n’attend plus rien que le retour impossible du jour et de la vie. Une allégorie de notre temps.

    27/12/2023 à 13:35 3

  • Chambres noires

    Karine Giebel

    8/10 L’exercice de la nouvelle est délicat et périlleux. Ecrire en quelques pages une intrigue est difficile, surtout si, comme on s’appelle Karine Giebel, on aime développer son histoire, proposer des rebondissements surprenants toutes les 20 pages, construire ses personnages à la psychologie complexe. Mais autant le dire de suite, l’autrice a su remporter haut la main sa composition.

    Chambres noires c’est 4 nouvelles inédites dont les titres font référence à des films qui ont marqué l’auteur (Le vieux fusil, L’armée des ombres, Un monde parfait, Au revoir les enfants). En bonus trois autres nouvelles écrits au profit des Restos du cœur et insérés dans les séries Treize à table, et une dernière parue dans Des Mots par la Fenêtre au profit de Fondation Hôpitaux de Paris. Soit au total, 8 nouvelles.

    Même si elles m’étaient totalement inconnues, ce sont les 4 nouvelles inédites qui m’ont le plus touché. Reprenant les mêmes thèmes chers de l’auteur, on se complait à se laisser embarquer dans ces histoires sombres, tortueuses, et malheureuses. Il faut avouer que même en peu de pages, Karine Giebel a su jouer du lecteur en lui tirant les larmes, en l’estomaquant mais chaque fois en le clouant de stupeur ou d’effroi. Nouvelles ou pas, l’autrice démontre son aisance quelque soit la longueur de ses histoires. Fallait-il encore une preuve de l’étendue et de la qualité de son talent ?

    19/12/2023 à 17:19 8

  • Matrices

    Céline Denjean

    8/10 Je reviens toujours vers les livres de Céline Denjean, comme vers ceux de Michael Connelly, car je suis toujours assuré de lire un polar de bonne facture. Ce n’est pas innocent que j’associe les deux auteurs car je trouve des similitudes dans leur façon très chirurgicale de traiter les enquêtes : on suit pas à pas l’investigation, avec moults précisions et décortications, et la vie des personnages principaux est un élément à part entière dans les livres. Bref, on rentre dans l’intimité de l’enquête comme des personnages.

    Avec Matrices, l’autrice bigourdane nous offre un roman sombre avec pour trame l’exploitation des femmes d’Afrique, et l’organisation d’une filière clandestine mettant en place la GPA. Un trafic bien huilé sauf qu’un jour, une des filles enceintes s’enfuit, se fait percuter par une fourgonnette et meurt quasiment sur le coup. L’enquête est confiée à Louise Caumont et son équipe de gendarmes qui piétinent. Même si rien n’est laissé au hasard, la morte est inconnue et les langues se délient peu dans ce trafic aussi fermé que bien organisé. La vie personnelle et torturée de Louise, les incidences de cet accident sur la « livraison » dans une famille très conservatrice et sur les aspirations politiques du patriarche ajoutent du piment à cette lecture très prenante. Vivement le prochain livre de Céline Denjean !!!

    18/12/2023 à 11:40 8

  • Devant Dieu et les hommes

    Paul Colize

    7/10 Toute jeune journaliste, Katazyrna voit son rêve professionnel se réaliser. Son rédacteur en chef lui demande de couvrir le procès pour meurtre de Donato Renzini et Francescco Ercoli. Ces deux immigrés italiens sont venus travailler dans cette Belgique d’après-guerre comme mineurs de fond à la mine au Bois du Cazier.

    Mais en ce 6 août 1956, un incendie embrase la mine et fait plus de 250 morts. Parmi eux, Gustave Fonck, un contremaître, dont le décès par suffocation est suspect. La victime aurait passé ses derniers instants avec Renzini et Ercoli, survivants à la catastrophe, et qui en voulaient à mort à ce contremaître qui volaient le salaire des ouvriers et leur pourrissait la vie au fond de cette mine inhospitalière.

    Dans cette époque où les Italiens sont traités pires que des chiens, de fainéants, de voleurs,… la justice peut être expéditive. Katazyrna est face à un double défi majeur : imposer sa vision personnelle du journalisme dans ce milieu machiste et suivre son instinct féminin pour faire la lumière sur ce drame.

    Le féminisme et le sort des immigrés mis en lumière dans cette Belgique des années 1950 par l’auteur belge via un fait divers marquant trouve encore et malheureusement écho à notre époque. Devant Dieu et les hommes est un livre attachant et plaisant mais souffre cependant de sa lente élaboration et de ses multiples évolutions. En effet, Paul Colize confie en postface que cette histoire a été d’abord conçue comme une pièce de théâtre jouée à Quai du Polar en 2021 avant de devenir livre en incorporant la jeune journaliste. Ainsi, j’ai trouvé un manque de profondeur dans l’histoire et les personnages qui ne sont qu’esquissés par l’auteur.

    11/12/2023 à 14:21 5

  • Je suis le fils de ma peine

    Thomas Sands

    9/10 Jeune écrivain français, peu connu et médiatisé, Thomas Sands possède une écriture directe et brute. Dans Je suis le fils de ma peine, l’auteur distille à chaque phrase des uppercuts qui font mal. Ce livre, son troisième, est très sombre et noir. Un livre qui transpire la douleur.

    Car Vincent Chamaleilles, capitaine de police à Paris, est aussi désabusé que meurtri. Désabusé par ses enquêtes qui n’aboutissent pas, investigations sur des meurtres qu’il trouve de plus en plus sordides. Meurtri par la perte de son père. Non pas touché par son décès, mais blessé par tant de souffrances qui ressurgissent. Ce père n’était pas qu’absent, il était violent envers Vincent. C’est la raison pour laquelle Vincent utilise le nom de famille de sa mère, comme un reniement voire un rejet du paternel.

    Mais l’histoire du père va lui revenir en pleine face lorsqu’il découvre une photo d’Algérie. L’histoire des origines de son père et de son implication dans cette guerre qui ne porte pas son nom vont bouleverser Vincent et le plonger dans un combat intérieur des plus violents.

    Je suis le fils de ma peine est un livre qui ne laisse pas insensible et qui remuera indubitablement le.a lecteur.rice. Vous voilà prévenu.e.

    04/12/2023 à 14:58 2

  • L'Anomalie

    Hervé Le Tellier

    8/10 C’est toujours une expérience particulière de lire un Goncourt, un livre qui a obtenu des « Sages de la littérature française » le Sacro-saint Prix, le Graal des distinctions françaises pour les écrivains. Car pour le lecteur que je suis, cela s’apparente à un exercice pervers (et j’assume) à vouloir descendre ce jugement, en sortant les armes (en l’espèce une plume acérée), en démontant ce prix, en dénonçant cette « anomalie ».

    Ne connaissant pas depuis lors l’auteur, je dois reconnaître que Le Tellier possède une écriture subtile posée et délicate, et une magnifique prose. Le livre est remplie de belles phrases, douces, sonnantes et scintillantes. Par moments, j’ai eu le sentiment d’avoir entre les mains un poème de 300 pages à moins qu’il s’agisse d’une œuvre philosophique.

    Il faut dire que l’historie de L’Anomalie s’y prête. Des passagers d’un vol Paris-New-York voient leur vie basculer dans l’extraordinaire et l’incompréhensible. Le Tellier n’oriente pas trop son histoire vers une explication rationnelle et scientifique mais plonge le lecteur dans les incidences psychologiques, ses répercutions identitaires, familiales et sociétales.

    Ce roman aurait pu contenir 2 voire 3 fois plus de pages et développer plus longuement ces thèmes et personnages sans que le lecteur ait eu à se plaindre d’une quelconque longueur. Mais savourons ce plaisir, car même si L’Anomalie ne développe pas un thème exceptionnel, le style éblouissant voire hypnotique de l’auteur procure un très beau moment de lecture.

    04/12/2023 à 14:33 5

  • Il pleut bergère...

    Georges Simenon

    7/10 Jérôme se rappelle d’un souvenir d’enfance assez marquant : la venue de Tante Valérie. Hébergée chez ses parents le temps de régler des questions de succession, cette vieille tante a su développer tout son sale caractère. D’ailleurs, Jérôme l’a détestée plus que tout. Certes ses parents lui ont demandé de taire tout ce qu’ils ont pû dire de désagréable sur elle, histoire d’être bien couchés dans le testament, bien évidemment. Mais Jérôme ne peut vraiment pas supporter celle qui a écrasé ses animaux en bois et à cause de qui il partage la chambre de ses parents.
    Mais Jérôme se rappelle aussi que la venue de Tante Valérie coïncidait avec un étonnant fait divers : le père de son voisin d’en face, son « ami » Albert, qu’il ne côtoyait que par fenêtres interposées, était recherché pour attentat.

    Un Simenon de « seconde division » mais attachant grâce à cette peinture d’une petite ville normande, la vie de ces commerçants et la description de cette vindicte populaire.

    15/11/2023 à 13:47 1

  • L'Outlaw

    Georges Simenon

    8/10 Stan et Noutchi arpentent les rues de Paris à la recherche d’un toit pour dormir. Sans le sou, ils fuient surtout les ennuis. Alors Stan a une idée pour se faire facilement de l’argent : proposer à l’inspecteur Mizeri un marché. Contre 5 000 francs, Stan lui fournit les noms de la Bande des Polonais. Ces truands qui attaquent les fermes du Nord. Stan les connaît pour les avoir côtoyés aux Etats-Unis, et notamment la cheffe, Frida, quand il était adolescent à Wilno, en Lituanie, son pays d’origine.
    Mais l’inspecteur Mizeri ignore Stan, qui désespère d’avoir les poches et l’estomac vides. Et les Polonais n’ont qu’une envie : faire la peau à ce traître.

    Dans L’outlaw, Simenon nous fait partager l’angoisse montante de Stan, un truand à la petite semaine qui craint les représailles des Polonais. Roman noir sous tension avec un final inattendu et bien mené. Un bon roman noir de Simenon.

    15/11/2023 à 12:27 3

  • Les Terres animales

    Laurent Petitmangin

    7/10 Fred, Sarah, Marc, Lorna et Alessandro ont décidé de rester dans leur contrée. Bien que ravagée par l’accident nucléaire, cette terre constitue leurs racines, leur raison d’être depuis que la fille de Fred et Sarah, Vic, y est enterrée. Et les autres ont également leur raison de rester. Alors peu importe qu’il faille vivre sous des masques de protection, s’alimenter des boîtes de conserves abandonnées et périmées.

    La vie s’organise et est presque rôdée. Chacun vit de ses précieuses habitudes, de petits plaisirs et de rares nouvelles découvertes dans cette vie sociale restreinte et cloîtrée dans une région dangereuse. Mais la grossesse de Sarah va bouleverser cet équilibre précaire. A cause du père de l’enfant, en l’occurrence Marc ? Non, plus parce que ce prochain bébé synonyme de vie et d’espoir doit être sauvé et fuir cette terre. Mais, les avis divergent toutefois…

    Un court roman post-apocalyptique qui interrogent l’humain sur les raisons de vivre. Un roman plaisant mais qui ne dépasse pas la qualité de Ce qu’il faut de nuit de l’auteur.

    14/11/2023 à 12:08 1

  • Les Soeurs de Montmorts

    Jérôme Loubry

    7/10 Camille, jeune journaliste, avide de son premier scoop qui pourrait lancer sa carrière, est emmenée en voiture par Elise, une mystérieuse jeune fille, qui souhaite lui faire toute la lumière sur des terribles événements et lui montrer de visu les lieux où ils se sont déroulés : le village de Montmorts.

    Il y a deux ans passés, ont lieu de nombreux cas de morts inexpliqués. Complots, phénomènes scientifiques inconnus, voire sorcellerie ?

    Tout a commencé quand Julien Perrault, nouveau chef de la police, a pris ses fonctions à Montmorts. Montmorts, rien que le nom fait froid dans le dos. Un mystérieux village dont l’histoire est remplie de sorcières tuées du haut de cette colline, donnant ce nom. Un village qu’Albert de Thionville, riche homme d’affaire, a privatisé et où il a construit un hôpital et un hôtel de police, bénéficiant de tous les équipements de dernière génération. Maire du village, il a souhaité que, contrairement à sa chère et très aimée fille cadette souffrant d’une grave maladie et morte du haut de Montmorts, tous les habitants y vivent en sécurité et en très bonne santé.

    Mais en ce mois de novembre, la neige commence à tomber. Et lorsque la neige commence à tomber à Montmorts, même si « ceci n’est qu’un flocon de neige », le malheur frappe à toutes les portes. Les maudites sorcières qui hantent les lieux commencent-elles à exécuter leur malédiction ?

    Dans cet opus, l’ombre du chef d’œuvre de Jérôme Loubry, Les refuges, plane à toutes les pages. Mais si le déroulé de l’intrigue est prenant, avec son lot de mystères, de sorcelleries et de scènes macabres, si les personnages sont aussi attachants qu’inquiétants, j’ai trouvé le dénouement aussi surprenant que décevant.

    08/11/2023 à 14:35 3

  • Le Bureau d'éclaircissement des destins

    Gaëlle Nohant

    9/10 Irène Martin travaille à l’ITS – International Tracing Service – bureau en charge de la recherche des disparus de la 2nde Guerre mondiale. En poste depuis 1990, Irène s’est installée à Arolsen où elle a construit sa ville de famille, éclatée depuis.

    En cette fin d’année 2016, Irène est chargée de la restitution d’objets aux familles des déportés de la Shoah, des « politiques », des « asociaux », des homosexuels, des travailleurs forcés. Des objets qui n’ont aucune valeur marchande, méprisés par les voleurs, délaissés par les assassins, mais qui peuvent avoir une valeur sans commune mesure pour les descendants de ces personnes.
    Irène ne sait pas encore que les enquêtes qu’elle va mener pour restituer un médaillon et une peluche pierrot à ses propriétaires ou descendants va bouleverser plus d’une vie.

    Ce livre a beau être étiqueté « roman », j’ai eu le sentiment de lire un documentaire avec autant de véracité, de faits historiques authentiques, de rapports établis ; seuls les personnages ont été « inventés » mais auraient pu exister.

    Si Le bureau d’éclaircissement des destins se veut être un livre poignant qui témoigne des terribles histoires/vies des déportés de la 2nde Guerre mondiale, il dépasse ce cadre historique. Sa force et son intérêt résident dans la mise en lumière de ce qui déclenchent la haine à l’encontre de certaines catégories d’êtres humains, quelque soient les époques, une haine malheureusement encore bien présente dans nos sociétés actuelles appelées démocraties.

    Un livre sur le Bureau d’éclaircissement des destins qui, je l’espère, permettra d’éclaircir nos consciences.

    08/11/2023 à 13:44 8

  • Pays de sang : Une histoire de la violence par arme à feu aux États-Unis

    Paul Auster, Spencer Ostrander

    8/10 L’actualité montre malheureusement encore une fois que la culture américaine pour les armes à feu est aussi fascinante que glaçante. Paul Auster, immense et talentueux auteur, essaie de manière totalement personnelle et subjective d’expliquer les causes.

    Auteur engagé mais surtout victime indirecte, Paul Auster ne propose pas un livre scientifique ou sociologique sur ce fléau. Il propose sa modeste réflexion par des statistiques et son histoire personnelle en alertant sur les conséquences sociétales de ces drames. Il développe une approche historique via les colons fondateurs du pays, l’esclavage, l’extermination des peuples indiens, des Black Panthers aux élus du néolibéralisme. Il compare ce drame aux accidents de la circulation pour lesquels les pouvoirs politiques ont su apporter des mesures coercitives, contrairement aux drames liés aux armes à feu.

    Ce petit texte est agrémenté de photos froides de quelques lieux de fusillades, dont le grain en noir et blanc et l’absence de présence humaine soulignent de manière encore plus dramatiques les discours de l’auteur.

    Une fois n’est pas coutume, en guise de conclusion, je copie un paragraphe qui met en lumière les propos de Paul Auster : « Ce pays, né dans la violence, est aussi né avec un passé, cent quatre-vingts ans de préhistoire vécue dans un état de guerre perpétuelle avec les habitants des terres que nous nous sommes appropriées et de perpétuels actes d’oppression envers notre minorité asservie – les deux péchés qui nous ont suivis à travers la Révolution, sans que nous ne nous soyons rachetés depuis. Que cela nous plaise ou non, et indépendamment de tout le bien qu’a pu accomplir l’Amérique au cours de son existence, nous restons accablés par la honte attachée à ces péchés, ces crimes contre les principes en lesquels nous affichons notre foi. Les Allemands ont reconnu la barbarie et l’inhumanité du régime nazi, mais les Américains continuent de hisser les drapeaux confédérés partout dans le Sud et ailleurs, et commémorent la Cause Perdue par des centaines de statues à la gloire des généraux et hommes politiques traîtres qui ont mis l’Union en pièces et changé les Etats-Unis en deux pays. L’argument avancé pour ne pas démanteler ces monuments est qu’ils font partie de notre histoire. Imaginez un paysage allemand encombré de drapeaux nazis et de statues d’Adolf Hitler. « Regardez cette croix gammée, dit fièrement le citoyen allemand au touriste américain effaré. Elle fait partie de notre histoire ! » Il y a à Berlin un musée consacré aux victimes de l’Holocauste. A Washington, point de musée consacré aux victimes de l’esclavage. Pour éviter d’être soupçonné d’exagération en faisant ce parallèle, je me permets de souligner que la politique raciale menée par Hitler était directement inspirée des lois américaines sur la ségrégation et du mouvement eugéniste américain. Il suffit de les mélanger pour obtenir les lois de Nuremberg et un archipel de camps de la mort s’étendant de l’Allemagne jusqu’à la Pologne et qui conduisirent à l’extermination de millions de personnes. »

    27/10/2023 à 10:47 2

  • La cellule de Zarkane

    Patrick Sebastien

    9/10 Mon intérêt pour la lecture de ce livre fut confus, ou plutôt contradictoire : à la fois attiré par les avis très positifs des lecteurs et prudent, limite réticent à cause de cette mascarade médiatique (opération marketing ?) et tout ce mystère scénarisé par le véritable auteur de La cellule de Zarkane.

    J’avoue, une fois la lecture débutée, qu’à chacune des magnifiques voire poétiques phrases que je lisais, cette fourberie me taraudait. Et elles ne manquent pas ces pépites stylistiques. Moi amateur des jeux de mots, j’ai été satisfait.

    Et puis, finalement, le charme du livre a été plus fort que tout ce qui s’était opéré autour de sa sortie. Privilège du lecteur ayant plusieurs années écoulées depuis sa sortie ? Non, il faut être objectif et considérer que la cellule de Zarkane raconte une très belle histoire d’amour et de rédemption avec un style qui, s’il ne relève pas d’une plume très recherchée, montre beaucoup de sensibilité et d’humanité.

    J’ai douté Monsieur Patrick Sébastien que vous en étiez le véritable auteur. Mais, en fait, peu importe. La cellule de Zarkane est un roman touchant et saisissant par sa belle et émouvante histoire. Ce qui compte plus que tout, c’est le conte avant tout.

    25/10/2023 à 13:44 8

  • La Femme au portrait

    Greg Iles

    7/10 Première immersion dans l’œuvre de Greg Iles dont la reconnaissance critique et publique croît au fil de ses publications. La femme au portrait possède une intrigue très attrayante. En tant que fan d’Hitchcock, j’ai trouvé quelques similitudes avec Vertigo (Sueurs froides) : est-ce ce portrait de femme en peinture ? En tous les cas, j’ai été séduit par le développement psychologique des personnages et le déroulé de l’enquête. Si le FBI mène les investigations, ce n’est pas à la manière des cowboys ou autres cavaleries. Ici, tout est réfléchi, chaque hypothèse bien étudiée…

    Toutefois, ce livre souffre d’un rythme lancinant qui est compensé par ces 2 personnages principaux attachants : Jordan Glass, la photographe ayant perdu sa sœur jumelle et associée à l’enquête fédérale, et John Kaiser, ce talentueux et séduisant, agent du FBI.

    Une lecture mitigée à cause surtout d’une explication que j’ai trouvé alambiquée. Mais malgré tout, j’ai envie de poursuivre la découverte de l’œuvre de Greg Iles.

    24/10/2023 à 09:32 4

  • Mon territoire

    Tess Sharpe

    9/10 Harley McKenna hérite du « business » de son père. Cachant la maladie de ce dernier, élevée dans la violence et la guerre contre la famille Springfield, l’autre clan du territoire concurrent dans les trafics gérés par le « Duke », Harley veut plus que tout venger la mort de sa mère. Elle se servira de l’empire mafieux constitué par son père et la peur qu’il génère pour élaborer son châtiment. Un roman aussi attachant que glaçant, aussi noir (par son histoire) que lumineux (par la qualité dont fait montre sa jeune autrice).

    J’ai été subjugué par la sagesse, l’intelligence et la bienveillance de l’héroïne, Harley McKenna, dont on découvre son histoire tragique forgeant ainsi sa forte personnalité. Car ce qui met en avant ce livre, c’est avant tout cette jeune fille, cette héritière d’un cartel de drogue dont elle va essayer d’assurer la succession comme elle l’entend… Une lecture poignante, émouvante et marquante.

    16/10/2023 à 11:15 5

  • Aztèques dansants

    Donald Westlake

    6/10 Écrivain très prolifique sous son propre patronyme ou sous pseudonyme, Donald Westlake était une figure incontournable du polar humoristique américain des années 70 et 80. Aztèques dansants, considéré comme un roman majeur dans l’œuvre de l’Américain, m’a toutefois déçu.

    Pourtant tous les ingrédients, marques de fabrique de l’auteur, étaient réunis : situations cocasses, personnages décalés voire limités intellectuellement… Ce polar dévoile une entreprise d’escroquerie en vue de voler une antique statuette en or massif, aux yeux d’émeraudes, valant un million de dollars, représentant un Aztèque dansant, par Jerry Manelli. Ce malfrat professionnel doit faire preuve de finesse et de rapidité. Car sur le « marché », de fausses copies circulent. Et l’entourloupe est connue par d’autres « courtisans ». Donc, c’est une véritable course poursuite et une quête effrénée à la véritable statuette.

    Roman trop long (près de 500 pages) et aux trop nombreux personnages, le lecteur est noyé par trop de longueur. Ceci, à mon avis, dessert la qualité de l’histoire et le style comique de l’auteur. Dommage.

    04/10/2023 à 11:16 2

  • Dernière saison dans les Rocheuses

    Shannon Burke

    9/10 Lire ce livre fut une vraie plongée dans les meilleurs westerns, dans les plus belles histoires de la conquête de l’Ouest, dans cette Amérique sauvage où les frontières ne sont pas encore bien fixées, et varient en fonction des guerres entre Espagnols, Anglais et Américains, et des Traités de paix. Où les peuples premiers, ces Amérindiens, sont exterminés à coup de marchandages disproportionnés et d’alcool qui contribuera à l’extermination de toutes les ethnies.

    Et parmi les trappeurs qui chassent toutes les fourrures qui se présentent, et notamment la plus luxueuse, celle des bisons, le jeune William Wyeth est très attiré par l’aventure. Il y voit aussi l’occasion de faire fortune et conquérir la veuve Alene.

    Ce roman sent la poussière des plaines, les feux de camps, la poudre des fusils, le sang des animaux tués. Il transpire la malhonnêteté des hommes, le courage intrépide des trappeurs et la perfidie des ambitieux…

    Ce roman est un roman d’Aventure avec un grand A, de ceux qui constituent les trames de nos rêves de gosses (et qui fonctionnent encore plus à l’âge adulte), dont l’écriture si délicate nous apporte les images précises des scènes, à qui il ne manquerait que le son pour en faire un vrai film. Un très beau roman que je range à côté du magnifique Butcher's Crossing de John E. Williams.

    03/10/2023 à 17:01 6