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Redemption Road
9/10 Le 5ème polar de John Hart distille la noirceur au fil de ses 500 pages et de ses personnages, aussi blessées au fond de leur chair que de leur âme. La haine et le désespoir sont l’essence de cette histoire. Elisabeth, la jeune flic, au passé torturé, est la seule qui croit en l’innocence de son collègue, Adrian. Ce dernier, après purgé une peine de 13 ans, sort. Mais le chemin de la liberté est semé d’embûches. Tous les deux vivront des choix difficiles. C’est la voie de la repentance pour espérer la rédemption.
Un roman puissamment dur, éprouvant mais qu’on ne lâche pas avant la dernière page.
25/12/2019 à 17:20 7
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Ceux que nous avons abandonnés
8/10 Ciaran Devine vient d’être libéré de prison pour mineur suite à sa condamnation pour le meurtre de M. Rolston, le père de la famille qui l’a accueilli avec son plus grand frère Thomas. Ciaran a hâte de le retrouver, lui qui fut condamné pour complicité à une moindre peine. Les deux frères nouent des relations assez particulières, depuis la mort de leur mère.
Stuart Neville raconte cette relation ambiguë et ambivalente des deux frères, pour qui la violence semble aussi banale que naturelle. C’est dans ce contexte que l’inspectrice Serena Flanagan qui avait enquêté sur l’assassinat de M. Rolston, et Paula Cunnigham, assurant le suivi psychologique du détenu libéré, vont subir les affres des deux frères tout en essayant, pour l’une de rechercher la vérité et pour l’autre d’insérer Ciaran dans la vie.
Ce roman fait froid dans le dos par ce détachement à la violence et par les manipulations psychologiques sans moral des deux frères.
18/12/2019 à 18:19 4
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Des fauves et des hommes
8/10 Fresque romanesque à travers le sud des Etats-Unis pendant la Grande Dépression. C’est sublimement raconté avec des personnages très attachants. On cite Steinbeck, voire Faulkner, moi j’ai constamment eu des images d’un film que les frères Coen auraient pu en tirer. Car tous les ingrédients sont réunis pour mettre à l’écran cette magnifique histoire : l’amour, la mafia, des politiciens, des journalistes et des flics corrompus, des fusillades à tout-va et une fin quasi mystique sous fond de misère et de désespoir.
Tous ces thèmes m’ont fait vraiment apprécier ce livre, même s’ils ont déjà fait couler beaucoup d’encre. Mais j’aime cette période et la dénonciation de la misère humaine est un thème qui sied bien au roman noir. Et Patrick Graham l’écrit bien.
13/12/2019 à 14:46 11
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Munitions
7/10 On a la certitude quand on lit un polar signé Ken Bruen qu’on va s’en prendre plein les yeux : réflexions bourrées de cynisme et d’humour noir, règlement de compte à Ok Corral, personnages aussi truculents que bourrés de vices,…
Bref, pas le temps de s’ennuyer. Ça tire dans tous les coins. Les coups pleuvent de partout.
Ici, on retrouve les inspecteurs Roberts & Brant (alias R&B), les deux célèbres flics londoniens. On a tiré sur Brant dans un bar. S’il s’en sort indemne, au grand damne de ses collègues, c’est pour mieux chercher qui lui en voulait. Dur quand tout le monde a de près ou de loin un mobile. Pendant ce temps-là, le commissaire souhaite mettre fin au happy slapping, ce vidéolynchage devenu une mode sur les réseaux sociaux. Fall s’y mettra corps et âmes, quitte à arrêter un innocent.
Un agréable moment de lecture qui montre encore une fois le talent de l’écrivain irlandais sans pour autant dépasser ses coups de maîtres que sont les premières œuvres mettant en scène l’indétrônable Jack Taylor.
10/12/2019 à 17:11 4
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Meurtres pour rédemption
9/10 Impressionnant, terrifiant, angoissant, addictif, oppressant, bouleversant, … Je pourrais enchaîner les qualificatifs pour dire tous les sentiments qui m’habitent à la fin de ce livre que j’ai dévoré. Des sentiments contradictoires puisque Karine Giebel arrive à nous faire aimer Marianne malgré tout ce qu’elle a commis de plus horribles comme meurtres. On a plus que de la compassion. L’auteure a su magnifiquement me faire tourner les pages (et n’oublions pas qu’il y en a près de 800). Mais il n’y a pas de temps mort dans l’histoire. Tout semble aller à une vitesse vertigineuse. Et les personnages ne sont ni tout blanc ni tout noir. Karine Giebel montre toutes les facettes de l’Homme, du plus terrifiant au plus touchant. L’Amour y croise la Mort, en quelques lignes. La bonté côtoie la méchanceté ; la sincérité, le mensonge ; la cruauté, la tendresse… Avec des personnages hauts en couleur, c’est ce développement des sentiments qui fait de ce roman une expérience de lecture unique.
09/12/2019 à 15:25 7
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November Road
7/10 Bienvenue dans le milieu de la Mafia en cette période de novembre 1963 aux Etats-Unis. Le contexte de ce polar est intéressant. L’auteur prend pour cadre l’exécution de JFK par la Mafia. Les parrains de la Nouvelle-Orléans, pour éviter que l’on remonte vers eux, décident d’éliminer toutes traces et toutes personnes qui sont liées de près ou de loin à cet assassinat.
Frank Guidry, à qui l’on a confié de faire disparaître le véhicule ayant servi au transport de l’arme et du tueur, est sur la liste. Il décide d’aller à Vegas pour tracter sa protection et sa survie avec le bonnet local et ennemi du parrain de la Louisiane. S’en suit un road trip pendant lequel il va rencontrer Charlotte accompagnée de ses filles, qui quitte son mari et part rejoindre sa tante à Los Angeles. Et l’amour va jouer les trouble-fêtes dans cette escapade.
Loin d’être un chef d’œuvre, ce polar propose une lecture agréable d’une course poursuite entre membres de la pègre avec au milieu la belle blonde qui souhaite refaire sa vie avec ses enfants, fuyant un mari alcoolique et cherchant son indépendance et sa liberté. C’est du coup, un peu stéréotypé, et ça manque d’originalité.
04/12/2019 à 10:51 8
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L'Ombre de la baleine
8/10 Dans ce troisième opus de l’auteure suédoise, j’ai retrouvé ce qui m’avait séduit à la lecture de Un cri sous la glace : des narrateurs attachants sous fond d’une intrigue, sans être grandiloquente, qui s’avère aussi réaliste que terrible. Ici, on découvre des personnages blessés par la vie et qui cherchent plus que tout à prendre le contrôle de leur destin.
L’inspecteur Manfred dont la petite fille est tombée de 3 étages reclus dans les sentiments de culpabilité et dont le couple risque de ne pas se relever de ce drame.
Samuel, cet adolescent qui tombe dans la délinquance et devient un sous fifre dans le trafic de drogue local. Pour se sauver il devra se cacher et trouvera une planque en travaillant comme aide médical d’une femme dont le fils est alité, dans un coma profond.
Pernilla, la mère de Samuel, qui tentera de trouver sa liberté en quittant son passé et cette congrégation religieuse au pasteur à la personnalité trouble, tout en essayant de trouver et sauver son fils.
Comme tous les polars estampillés suédois, l’important se trouve, non dans l’action ou les scènes spectaculaires, mais dans une ambiance sombre qui se met progressivement en place. Et comme tout bon polar suédois qui se respecte, on trouve, en guise de conclusion, la bonne leçon sur notre société contemporaine (ici la société narcissique issue du développement des réseaux sociaux). On est adepte ou pas, moi, j’ai vraiment bien aimé.
01/12/2019 à 18:45 6
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De bonnes raisons de mourir
8/10 Je ne suis absolument pas un grand connaisseur de la Russie et de ses pays limitrophes, que ce soit en termes de géopolitique, de mentalité et de composantes des populations locales, ou des systèmes politiques et sociales. Je m’intéresse cependant à l’actualité politique, aux tensions voire conflits actuels entre la Russie et l’Ukraine. Et en plus, comme toutes les personnes de ma génération, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, la chute de l’URSS, … ont marqué mon adolescence. J’ai donc comme tout le monde des images, des stéréotypes sur ces pays.
C’est donc avec un œil (ou deux, c’est mieux pour lire si on les possède encore) innocent que je me suis plongé dans ce polar où j’y ai trouvé tous les clichés que j’ai de ces pays de l’Est : mafia, corruption, tension entre les populations, pauvreté, guerre larvée pour des territoires déchirés à cause d’un lourd passé, développement d’un tourisme de masse sur les ruines de Tchernobyl,… Morgan Audic développe tous ces éléments sans lourdeur et avec passion le temps d’une enquête sur des meurtres commis de manière très sophistiquée. Et on lit les recherches effectuées parallèlement par le capitaine Joseph Melnik et sa jeune coéquipière Galina Novak, qui n’aspirent qu’à une résolution rapide de ce crime qui leur permettrait d’être mutés en dehors de la zone de Tchernobyl ; et par Rybalko, policier à Moscou, à qui l’on a annoncé une mort prochaine, rongé par le cancer, engagé par Vektor Sokolov, richissime russe et père de la victime, voyant ainsi avec la conséquente prime la possibilité de faire opérer sa fille et de se racheter en tant que père.
Outre une intrigue très originale, et des personnages aussi différents qu’attachants, on découvre un pays confronté à son passé et à son malheur. Morgan Audic a trouvé un cadre idéal pour y développer un polar aussi ambitieux que réussi. De bonnes raisons pour …. lire ce livre !
26/11/2019 à 12:05 15
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Sauf
8/10 Deuxième escapade, pour ma part, dans l’œuvre de Hervé Commère que j’ai découvert avec ce qui fut pour moi un véritable coup de cœur : Le Deuxième Homme.
Sauf reprend les mêmes règles d’écriture : un roman raconté à la première personne, ce qui nous permet de nous identifier au personnage et ainsi de vivre par lui ses déboires existentiels ; des retours passés présents dans la composition des chapitres ; et surtout (je ne sais pas si c’est un thème de prédilection de l’auteur), une trame qui porte sur la recherche d’identité du protagoniste principal.
Et, il faut le souligner, un style d’écriture qui rend la lecture prenante et développe une intrigue des plus efficaces. Cependant, j’ai eu un peu de mal à accepter qu’un homme, somme tout ordinaire, puisse aussi aisément découvrir la vérité cachée depuis des années sur sa famille. « La police ne me l’a jamais demandé, mais à vous, je vais tout dire » ou bien « Il est temps que j’avoue tout ».
Malgré tout, j’ai vraiment passé un agréable moment de lecture et je continuerai à lire les livres de cet écrivain que je place au-dessus de la liste des auteurs de polars hexagonaux contemporains.
25/11/2019 à 12:36 10
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Terminus Elicius
6/10 Première plongée dans l’univers de ce « maître ès thriller psychologique », et j’ai fait un plat. Une histoire qui se déroule à cent à l’heure, grâce à une écriture qui fait la part belle aux dialogues courts et directs et aux monologues de Jeanne. C’est bien rythmé et on tourne les pages pour comprendre l’intrigue. Mais difficile de conjuguer rythme avec atmosphère profonde et angoissante. Et cette (voire ces) histoire d’amour est trop fleur bleue pour moi et pourtant, je suis assez amateur d’un romantisme sincère et peux être assez bon public, quand c’est bien mené. C’est peut-être la raison principale pour laquelle que je n’ai pas accroché à cette histoire : ça manque de sincérité et de cohérence pour rendre plausible une telle histoire.
20/11/2019 à 18:04 6
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Les Mangeurs d'argile
7/10 Richie Pelham adore son fils, Jesse, et sa propriété familiale remplie de forêts de cours d’eau, de prairies où il aime pêcher et chasser. Pour le prochain anniversaire de Jesse, il lui prépare en secret un mirador où ils pourront, ensemble, tuer le gibier qui prospère dans cet environnement préservé. Mais lors de travaux, en grimpant sur l’échelle, il fait une chute mortelle. Jesse, en cherchant où son père s’est tué, découvre un vagabond, Billy, qui campe sur leur propriété. Effrayé au premier abord, Jesse va trouver plus qu’un compagnon, mais un véritable ami. Billy va lui avouer les raisons de son errance dans les fins fonds de la Géorgie : il est pourchassé par le FBI suite à un attentat qu’il a commis contre un immeuble public, ayant fait plusieurs morts et blessés. Il va également avouer à Jesse qu’il a vu un homme scier les barreaux de l’échelle qui a provoqué la mort de son père.
Alors qu’il doit vivre avec sa belle-mère, Grace, qui entretient une relation particulière avec son frère, l’ambitieux prédicateur, Caroll Crine, qui a pactisé avec la mafia pour construire un immense temple, Jesse va aider Billy. De cette entraide va découler une vérité qui va mettre en lumière les ambitions les plus abjectes de l’âme humaine.
Les mangeurs d’argile est un roman à l’intrigue secondaire et maintes fois utilisée dans le registre argent/environnement. L’écriture de Peter Farris séduit en nous offrant quelques beaux paysages emprunts de couleurs, de silence et de quiétude. Et l’amitié entre un adolescent blessé et un homme en quête de rédemption remplit quelques belles pages du livre. Cependant, j’ai eu le sentiment que ces personnages et leur relation n’étaient pas assez approfondis et auraient mérité plus de pages.19/11/2019 à 12:07 4
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Mamie
Pierre Boileau, Thomas Narcejac
7/10 (7,5) C’est l’histoire d’un kidnapping de bébé qui foire. Les ravisseurs se sont trompés d’enfant. Ils ont enlevé le bébé de la nourrice au lieu de celui-ci des riches propriétaires. Mais ces derniers préfèrent taire cette erreur pour éviter que leur enfant soit vraiment enlevé. Ils vont donc négocier avec les ravisseurs.
C’est l’histoire d’un kidnapping de bébé qui foire, mais pas que. Car raconté comme ça, on peut penser à un polar drôle, à la Westlake. Mais non. Car si cet enlèvement occupe la première moitié du livre, on constate que tout vire au drame. Et la seconde moitié du roman qui est axé sur la mère est vraiment douloureuse, tragique, d’une profonde tristesse.
16/11/2019 à 15:05 4
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La Lèpre
Pierre Boileau, Thomas Narcejac
8/10 (8,5) Éminent résistant devenu homme politique reconnu et à l’avenir prometteur dans les prochains gouvernements, Marc Pradier écrit cette longue lettre à son fils adoptif, Christophe, parti combattre en Algérie. Dans cette missive, il souhaite rétablir la vérité à son fils, sur les circonstances de son héroïsme durant la 2nde Guerre Mondiale qui lui a permis de suivre une carrière politique heureuse. Car son fils, parti dans cette « guerre coloniale » pour que son père soit fier de lui et montrer qu’il peut être lui aussi un héro à son image, doit tout savoir.
Tout a commencé en cette Saint-Sylvestre 1943, quand il a sauvé, par un hasard, en passant simplement dans la rue, le Docteur Pléaux, d’une tentative d’assassinat. Cet homme, important collabo à Clermont-Ferrand, va lui être reconnaissant et se lier d’amitié avec lui, ce petit professeur sans ambition particulière. Ce dernier donne des cours à Christophe alité chez Mme de Chatelus. Celle-ci s’avère être une résistante de la première heure et l’ex-femme de Pléaux. Elle souhaite éliminer son ex-mari avec le concours de Pradier. Tous les événements vont s’enchaîner, sans que Pradier ne lève le petit doigt. Ils vont lui coller à la peau comme la lèpre, cette maladie dont on ne peut se débarrasser et qui entraîne indubitablement à une perte.
La lecture de cette lettre-confession est très prenante. On découvre avec intérêt l’histoire de Pradier, cet homme dont la vie s’est écrite à ses dépends et dont il va devenir un pion. L’écriture de ce duo, qui a donné de véritables chefs d’œuvre de la littérature noire de l’hexagone, est encore une fois magnifique et rend palpable la détresse et la tension nerveuse de Pradier dans son besoin de dire la vérité. Et la fin est assez tragique, à l’image du livre.
14/11/2019 à 09:21 5
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Je te protégerai
7/10 En séjour à Paris pour assister au salon Première Vision afin de promouvoir leur tissu écossais incomparable et de qualité, Niamh et son mari Ruairidh Macfarlane connaissent une vie sentimentale qui s’effrite. Cette impression est d’autant plus perceptible que quelques jours avant ce voyage parisien, Niamh a reçu un mystérieux mail d’« unamisincere » l’avertissant que son mari entretenait une relation avec une créatrice de mode d’origine russe. Alors que son mari est monté dans une voiture avec la Russe, Niamh s’empresse de sortir en courant de son hôtel, pour sauver ce qu’elle peut de son couple, et voit, au carrefour, une explosion qui emporte la voiture et avec, son mari et sa vie.
Soupçonnée dans un premier temps du meurtre, Niamh ramène ce qu’il reste du corps de son mari dans son île écossaise isolée des Hybrides en vue d’organiser ses funérailles. Alors que l’inspectrice française, Braque, mène l’enquête, Niamh nous raconte sa vie, et comment ils se sont aimés avec Ruairidh depuis leur adolescence et ont su créer le succès de leur entreprise.
On lit avec intérêt l’histoire de cette idylle, remplie de tourments, de tristesse, mais surtout de bonheur. Le tout sur fond de paysages écossais que l’on imagine, grâce l’écriture incomparable de Peter May, aussi magnifiques que tourmentés par son climat aride. Et c’est d’ailleurs ce qui sauve ce livre dont l’intrigue est cousue de fil blanc.
11/11/2019 à 13:17 4
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Les Refuges
9/10 Une fois la dernière ligne lue, on ne peut qu’émettre un « waouh ». Alors que l’on s’est précipité pour découvrir le fin mot de cette histoire, on la termine complément ahuri. Cette histoire est déstabilisante. Et ce dénouement nous amène à nous interroger sur notre bonne compréhension du livre voire à nous donner envie de reprendre tout depuis le début. Les refuges est un livre obsédant. A l’image des personnages, Sandrine et Damien, on est hanté, manipulé, trahie par tant de mensonges, et de faux semblants.
Jérôme Loubry signe là un roman psychologique qui restera gravé dans ma mémoire.07/11/2019 à 19:53 11
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Arrive un vagabond
10/10 Pour faire d’un livre, un ouvrage mémorable, il doit remplir deux conditions : une très belle histoire servie par une très belle écriture. Arrive un vagabond réunit, pour moi, ces deux exigences.
Pourtant, les histoires d’amour impossible sont pléthores dans la littérature. C’est même un sujet qui a traversé les siècles, qui a été usé jusqu’à la pointe de la plume des meilleurs et moins bons écrivains.
Mais Robert Goolrick par son style à la fois classique et gracieux, voire poétique, sublime cette histoire. Cet auteur américain contemporain est un digne héritier des Steinbeck Hemigway voire Faulkner. Il nous conte, plus qu’il ne raconte, ce terrible et tragique drame amoureux qu’a connu cette petite ville de Brownsburg en Virginie en 1948. Ce village reculé et profond des Etats-Unis, bourrés de concepts religieux distillés dans les églises les dimanches, voit arriver un homme venu de nulle part : Charlie Beale. Il saura conquérir tous les cœurs, des hommes comme des femmes du village et de cet enfant, Sam, qui sera un ami complice. Lui qui n’avait que la volonté de se créer un endroit où vivre, va trouver l’Amour. En la personne de Mrs Sylvan Glass. Oui une Dame, mariée à l’odieux Boaty Glass. Personnage tellement antipathique, qu’il a été obligé d’acheter sa femme. Sylvan prisonnière de ce couple, se réfugie dans le cinéma et les magnifiques robes des actrices que lui confectionne Claudie, la talentueuse couturière noire du village.
Ce qui devait arriver arriva, avec l’acceptation tacite des habitants de Brownsburg : Charlie s’éprend de Sylvan. Tant que tout reste secret, ça ne choque personne. Mais la vie, comme dans les films que chérit tant Sylvan, comprend son lot de rebondissements et l’Amour beau n’est peut-être que celui qui est impossible. Surtout cet été 1948 à Brownsburg.
Coup de cœur pour ce coup de maître.
04/11/2019 à 18:53 5
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Reflex
8/10 Iris Baudry photographie les scènes de crime à l'Identité Judiciaire. Elle s’acharne avec son appareil photo à saisir tout ce qui peut permettre à résoudre l’affaire autant par conscience professionnelle que pour oublier le meurtre de son fils il y a plus de 10 ans.
Revenant à sa ville natale, elle apprend l’internement de sa mère, qu’elle hait au plus haut point, pour démence. Et tout son passé lui revient en pleine figure. Cette écorchée vive va revivre tout son passé : la mort de son père vaincu par le crabe, cette mère qui terrifiait ses proches,… mais apprendre également ce qui
Ce roman noir est oppressant de la première à la dernière ligne. Maud Mayeras offre une lecture qui alterne la vie torturée d’Iris Baudry, cette bègue attachante, racontée à la première personne, et la vie d’un autre personnage, dont on ne découvre l’identité qu’à la fin du livre. C’est rondement bien amené et le style profondément saisissant fait de ce livre un roman noir passionnant.
02/11/2019 à 17:23 8
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Le Serment des limbes
9/10 Je ressors de la lecture de ce livre comme lessivé, vide, comme si j’avais moi-même combattu le Mal, pourchasser le Diable, tout en ayant conscience que le mystère n’était entouré que d’un voile purement tissé d’une matière terrestre et rationnel. Il faut reconnaître que Grangé a su dans ce livre attirer le lecteur dans ces filets et le balader au gré des superstitions les plus effroyables et des croyances les plus diaboliques. Les scènes sont remplies d’un réalisme à couper le souffle. Et on a droit à toute une leçon sur l’histoire du Christianisme, des auteurs ayant défendu la parole de Dieu, agrémentée de toutes les prières les plus puissantes. Loin d’alourdir la lecture, ces citations rendent encore plus forte l’histoire, car si tout n’est pas mystique dans ces meurtres, la religion et les quêtes mystiques des protagonistes donnent vie et corps aux folies humaines.
Et j’ai souffert, encouragé et soutenu dans sa quête de la vérité et du combat contre le Vilain, l’attachant Mathieu.
J’ai suivi toutes les pistes, parcouru les différents pays, plongé dans les enquêtes des différents morts, douté sur les miracles, évité les poursuivant et prié pour que Mathieu découvre le sens de la Mort et donc de la Vie.
Alors, oui, une fois refermé ce livre, je me suis senti lessivé, vide, ….comme si j’avais moi-même vécu une NDE… Grangé m’a offert, plus qu’un époustouflant moment de lecture, une réflexion mystique sur l’origine du Mal.
01/11/2019 à 09:15 7
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Modus operandi
8/10 Grenoble, « cette ville qui pue la mort », début 2006, voit la disparition à deux jours d’intervalle de 3 collégiens. L’inspecteur Eric Darrieux, qui n’arrive à vivre et à réfléchir que grâce à la divine bouteille, ne partage pas la thèse officielle de la fugue et ne veut suivre que son instinct.
Car pour lui, cette affaire de disparitions possède des origines beaucoup plus profondes qu’il n’y paraît au début de l’enquête. Eric Darrieux doit apprendre à jouer sur tous les tableaux et à se méfier de tout le monde. Y compris de lui-même.
Marin Ledun peut traiter tous les domaines et les sujets du polar (ici, une enquête de disparition d’enfants). Il le fait toujours avec maîtrise et talent. C’en est impressionnant ! Chapeau bas !!!
28/10/2019 à 18:31 7
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Le journal de ma disparition
7/10 On retrouve dans cet opus la même recette que dans Un cri sous la glace, à savoir un polar à plusieurs voix. On retrouve également le même commissariat de police reculé de la campagne suédoise. Sous les yeux de Malin, une jeune policière qui revient dans son village natal, on suit l’enquête sur la disparition de Peter et son amie Hanne, la profileuse amnésique, missionner pour faire la lumière sur un ancien meurtre d’une jeune fille, il y a 9 ans de cela.
Dans ce livre, on trouve la patte des auteurs suédois qui aiment apporter une fibre de politique sociale au polar. Ici avec les migrants syriens. Si on gagne dans cette lecture une intrigue plus classique, on perd ce qui faisait pour moi le charme d’Un cri sous la glace, à savoir une approche très psychologique des protagonistes. La tension y est moins pesante à mon goût également.
27/10/2019 à 17:26 5