722 votes
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Sud
Olivier Berlion, Olivier Thomas, Antonin Varenne
7/10 Natacha et Henri poursuivent la traque des mafiosos. Avec un seul objectif : gagner leur liberté.
Dernier volet de Dos à la mer qui apporte de la tension à l’intrigue. Un deuxième tome qui redonne du noir à cette BD-polar qui mérite d’être découverte.
14/08/2021 à 17:27 1
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Ouest
Olivier Berlion, Olivier Thomas, Antonin Varenne
6/10 Henri est soudeur aux chantiers navals de Saint-Nazaire. Suite à un accident de travail causé par une de ses soudures, il est mis à pied, le temps de l’enquête. Un midi, au restaurant où il cantine, il récupère un portable tombé lors d’une rixe avec un mystérieux couple. Sa rencontre avec Natacha débute, cette jeune femme prisonnière de trafiquants.
Un scénario mainte fois exploité mais une lecture plaisante de cette BD.
14/08/2021 à 17:26 1
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Lëd
8/10 Norilsk. Cité la plus extrême de Sibérie. Extrême géographiquement et météorologiquement parlant. Les températures peuvent atteindre les – 60° C. Mais cette ville est avant tout une prison à ciel ouvert : par le passé, Staline en avait fait un camp de prisonniers politiques, et aujourd’hui, ironie du sort, les habitants sont quasi otages du seul gros employeur assurant leur survie grâce à sa mine de nickel. Et peu importe si l’usine pollue aussi bien l’air que l’eau. Dans cette cité sans espoir, autant mourir le plus vite possible.
Un soir de tempête, un toit d’immeuble est emporté découvrant le cadavre d’un Nenets, population autochtone d’éleveurs venant du cercle polaire. L’enquête est assurée par Boris. Gleb est un mineur qui cache son secret dans un univers slave empreint de machisme, de brutalité et d’arrogance. Valentina blogueuse écologiste qui pourrait être un témoin important dans l’affaire. Shakir, ouzbek, ancien vétéran d’Afghanistan, devenu chauffeur de taxi à Norilsk. Dasha qui souhaite découvrir un mystère sur sa grand-mère décédée…..
Et un autre personnage : le passé soviétique qui continue d’influencer la vie des Russes.
Caryl Férey nous dresse une peinture sombre des années Poutine, à travers ce polar. Une lecture marquante et instructive d’un univers glaçant.
14/08/2021 à 12:15 4
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Rêver
8/10 Dans ce polar, Thilliez exploite des sujets certes peu originaux et maintes fois exploités mais avec une telle maitrise qu’il offre un magnifique polar. Trouble du sommeil, disparitions d’enfants, une belle et jeune psychologue qui peut résoudre ces affaires par des visions intervenant lors de ses phases de narcolepsies.
Roman captivant (on dévore ce polar) et déstabilisant (on peste car on ne sait plus si ce qu’on lit est vrai ou un rêve), Rêver propose une lecture et une intrigue vraiment intéressantes.
01/08/2021 à 16:51 3
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Profession du père
9/10 Ce livre est rempli d’émotions. Profession du père ne fait que me confirmer le plaisir que j’avais eu à découvrir l’œuvre de Sorj Chalandon. Le lecteur, encore une fois, est soumis à tous les sentiments : du sourire aux larmes, dans cet ordre-là.
Emile Chouans est un collégien médiocre. Mais il est surtout le fils d’André, créateur des Compagnons de la chanson, conseiller intime de de Gaulle, (c’est lui qui a conseillé à de Gaulle de dévaluer le franc) et dont son ami américain, Ted, parrain d’Emile, est membre de la CIA, garde du corps de JFK américain.
Mais André est remonté contre de Gaulle qui souhaite « abandonner l’Algérie ». Le père décide alors de passer à l’offensive. Il souhaite tuer le Président français et pour cela, Emile sera son bras armé. Discipline militaire, conseils paternels en matière d’espionnage… tout se met en place pour atteindre l’objectif… Les délires du père vont avoir des conséquences malheureuses pour Emile. Si du haut de ses 13 ans, Emile courbe le dos et obéit à son père, il prend conscience, en grandissant de la folie de son père et du malheur vécu par sa mère.
Au fil des pages, le burlesque laisse donc place à la pitié et à la tristesse. La prise de conscience de la folie du père ne laisse pas insensible le lecteur. On partage la solitude d’Emile et son malheur. Un livre très émouvant.01/08/2021 à 16:20 2
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HHhH
7/10 HHhH est un roman relatant l’attentat contre Heydrich, à Prague, en mai 1942. Mais le terme « roman » ne convient pas à ce livre. Ce n’est pas non plus un ouvrage historique. Il serait plus un mélange des deux : un livre qui raconte l’écriture de cette page d’Histoire, l’opération « Anthropoïde », l’assassinat du chef de la Gestapo par deux résistants tchèque et slovaque.
Un style littéraire original qui alterne la genèse, les motivations, la recherche et l’écriture du livre, avec la présentation des faits historiques. Un style documentaire-fictionnel qui, je l’avoue, a été âpre pour ma part. Même si certains passages frôlent la perfection (j’entends par là que Laurent Binet offre une intensité et une émotion poignante dans son récit), certains chapitres-réflexions sur l’avancée de son livre, dignes d’une introduction ou d’une postface, cassent la dynamique de l’histoire dans l’Histoire.
Une ambition stylistique qui a séduit (ce livre a été récompensé du Prix Goncourt du premier roman), mais qui peut, comme je l’ai été, déconcerter.31/07/2021 à 19:26 2
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Ce que tu as fait de moi
9/10 Dans les locaux de la Direction départementale de la sécurité publique de L., le commissaire divisionnaire Jaubert et le commandant Delaporte, des bœufs-carottes, écoutent, chacun dans des pièces à part, le commandant Richard Ménainville, patron des Stups, et le lieutenant Laëtitia Gramisnky, toute jeune recrue dans le service.
Ils sont là pour raconter ce qui s’est passé cette nuit. Mais pour comprendre les faits, ils souhaitent relater toute l’histoire, depuis l’arrivée de la stagiaire Graminsky, celle qui a troublé le charmant quarantenaire, celle qui n’est pas insensible à la forte personnalité du commandant.
Dans ce huis-clos, et avec ces interrogatoires, on découvre par les voix de Richard et de Laëtitia, comment s’est construit leur relation, cette passion destructrice. Des sentiments ambiguës, contradictoires, forts et dévorants. On souhaite comprendre jusqu’où est allée cette folie amoureuse, cette drogue que peut parfois devenir l’amour. Karine Giebel retranscrit avec justesse, finesse et suspense cette histoire que l’on dévore jusqu’à la dernière ligne. Une habitude que nous donne l’auteure française.29/07/2021 à 13:24 7
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Les Abattus
8/10 « Je suis né au village un soir de novembre. Mon père était au bistrot. Ma mère m’a mis au monde, seule. Je n’ai pas crié. Une voisine est venue. Elle m’a enveloppé dans un linge. Quand mon père est rentré ma mère a dit, c’est un garçon. Mon père s’est couché. On m’a déposé dans le berceau dans lequel mes deux frères ont dormi avant moi. » Je savais, juste après avoir lu ce paragraphe qui ouvre le livre de Noëlle Renaude qu’il allait me plaire. Le ton simple, le style direct, l’usage de la première personne, rendant cette histoire plus percutante, avaient tout pour me séduire.
C’est ce « je », ce jeune benjamin, dont on ne saura jamais ni le nom, ni le prénom, qui nous relate sa vie. Une vie remplie de malheurs : le souffre-douleur de ses frères, un père qui part, la mère qui se jette sous un train, un frangin qui devait le petit caïd du coin, les voisins qui sont assassinés, leur gorge tranché… Et il nous relate ces événements, mais aussi ses amourettes, celles de ses amis,…avec sa vision à lui, avec détachement et simplicité voire l’innocence de sa jeunesse. Mais une pigiste va s’intéresser à ces meurtres et faire des liens entre différents événements.
Les abattus est un livre qu’il faut lire. Il propose une histoire intrigante, avec une structure en 3 parties qui permet d’avoir des réponses à toutes nos interrogations. Mais surtout on découvre une auteure, qui rentre avec ce livre dans l’univers du noir, sur qui il faudra compter désormais.
27/07/2021 à 09:23 4
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Toutes blessent, la dernière tue
9/10 Karine Giebel est une maitresse dans l’art de jouer avec les nerfs et les sentiments de ses lecteurs. Elle sait toucher ses points sensibles, là où ils ne sortiront pas indemnes. Dans ce roman, elle décrit la violence la plus crue, l’exploitation d’êtres humains de la manière la plus cruelle. Et avec une touche de naturelle et d’évidence. Et servi le long de plus de 700 pages. Et bien évidemment, ses pages défilent, tant on veut connaître le sort de ces deux malheureuses.
Il y a Tama. Encore jeune enfant, elle est vendue par sa famille algérienne, pour pouvoir subvenir à la vie des autres membres de la famille. Elle arrive en France et est placée chez les Charandon. Elle y vit dans une buanderie, pour faire la cuisine et le ménage. Elle se nourrit des restes de repas, et est privée de toute sortie et de toute scolarité. En plus des brimades, toute faute se paye cash par des privations de nourriture et autres violences physiques. Sa force la sauvera d’une mort évidente et son envie et son espoir lui feront apprendre, seule, la lecture, comme une évasion, et l’amour lui apportera l’espoir d’une vie normale.
Il y a également cette fille amnésique que Gabriel, un reclus dans une ferme isolée dans la campagne profonde, a retrouvée inconsciente dans sa voiture accidentée. Gabriel qui tue des personnes et qui se fait une obligation de devoir tuer cette fille. Il a même creusé sa tombe dans les bois. Mais une voix, celle de sa défunte fille, lui conseille de la considérer comme un ange venu du ciel.
Toutes blessent la dernière tue pourrait être perçue comme une version moderne des Misérables. Mais ce roman noir est un condensé de terreurs physiques et psychologiques. Les coups pleuvent sur Tama que le lecteur se prend en pleine face. Les espoirs sont comme des éclaircies temporaires : le ciel s’assombrit et cache tout soleil porteur d’espérance. L’amour y côtoie la haine, la foi, le désespoir total. Ce livre est violent, percutant et fait mal. C’est ce qui fait qu’il hantera le lecteur longtemps après l’avoir fermé.
23/07/2021 à 18:50 9
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Le Mur, le Kabyle et le Marin
8/10 Avril 2008. George Crozat, boxeur en fin de carrière, mène ce qui doit être son dernier combat. Face à André Gabin, jeune Black aux poings fermes et solides, Le Mur (qui tient ce surnom du fait qu’il encaisse bien les coups) gagne par KO, avec la gueule toute défoncée. Il va fêter sa victoire, comme à son habitude, dans les bras d’une pute avant de reprendre son travail. Flic. Mais ça ne rapporte pas grand-chose, lui qui apprécie la compagnie de Mireille. Or quitter le circuit, c’est perdre ses soirées à se payer des filles. On lui propose de casser la gueule à quelques types, des amants qu’il faut remettre à leur place, il paraît. George n’est pas regardant, tant que les biftons tombent. Et ça rapporte mieux que la boxe officielle.
Mai 1957. L’Algérie est à feu et à sang depuis trois ans. Tortures, exécutions sommaires, la guerre, qui n’en est pas une, est sale. Le service national est prolongé à 30 mois. Pascal Vérini doit délaisser ses études de dessin industriel et l’usine d’Aluvac. Pire que ça, il abandonnera ses lectures et ses rêves de voyage. Destination le Détachement Opérationnel de Protection (DOP) du secteur Rabelais, une ferme où certains « révolutionnaires » algériens sont détenus et interrogés. Mais Vérini est un pacifiste dans l’âme, un réfractaire aux interrogatoires musclés. Il sera mis au trou, ce qui prolongera sa présence à la Ferme.
Deux époques, différents protagonistes, et deux temps dans ce roman. Antonin Varenne a écrit ce livre en hommage à son père, soldat en Algérie, dont les confidences et le témoignage devaient être portés aux futures générations. Un livre sombre, tendu, mais poignant sur ces « événements » qui ont laissé des traces indélébiles dans les deux camps.23/07/2021 à 17:53 4
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Venge-Moi
9/10 Si j’ai eu du mal à rentrer dans le livre, c’est pour mieux rester scotché à la dernière page du livre. Car cette histoire est d’une tristesse addictive. Car la promesse faite par Simon à sa mère sur son lit de mort est tellement humaine que l’on est partagé entre compassion et horreur. Cette rescapée des camps de la mort a fait jurer à son fils de retrouver et de tuer la femme qui l’a dénoncée, celle par qui le malheur est arrivé, celle qui a détruit sa famille, sa vie… C’est grâce à une vieille photo que Simon va retrouver celle qui fut une amie de la famille…
Mais l’histoire ne s’arrête pas là, ce n’est pas une « simple histoire » de vengeance. C’est un drame qui se profile. Mais c’est plus qu’un drame. C’est un véritable malheur que le lecteur découvre au fil des lignes, agrémenté de différents rebondissements. Que de surprises et de stupéfaction au fil de la lecture de Venge-moi. On en sort véritablement et profondément secoué.
17/07/2021 à 15:07 5
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Froid mortel
8/10 C’est après avoir lu (et adoré) la tétralogie « Gerlof Davidsson » se déroulant sur l'île d'Orland que je me suis intéressé à ce polar. Changement radical de registre pour Johan Theorin, qui délaisse les grands espaces, les pensées philosophiques de Gerlof et l’approche socio-historique de la Suède.
Si avec son personnage de Gerlof Davidsson, Johan Theorin prenait le temps d’installer le cadre de son roman, Froid Mortel est un roman qui ne laisse aucun répit au lecteur. On rentre à cent à l’heure dans l’histoire de Jan Hauger, assistant maternel qui se fait recruter dans une école maternelle hors du commun : elle est dédiée aux enfants de parents internés dans l’hôpital psychiatrique voisin. Et les enfants y accèdent par un tunnel souterrain interdit au personnel. Mais Jan souhaite coûte que coûte braver l’interdit et accéder aux étages du centre psychiatrique.
Mais quelles sont les motivations de Jan, alors que l’on découvre au fil des pages son passé torturé ? Les interrogations sur les collègues de Jan, sur cette maternelle et sur ce centre psychiatrique prolifèrent et Johan Theorin a l’art et la manière de semer le doute chez le lecteur en multipliant les retours passé-présent et en proposant des personnages aussi mystérieux qu’inquiétants.
Froid Mortel ne saurait souffrir d’une comparaison inutile voire stérile avec le cycle « Gerlof Davidsson », tant les objectifs de l’auteur sont tellement éloignés. Mais je peux vous affirmer une chose : Johan Theorin sait toujours autant captiver le lectorat de polars. Il vous sera difficile de lâcher ce livre tant que vous n’aurez pas lu le fin mot de l’histoire. Qui s’avère déroutant et glaçant.12/07/2021 à 18:48 5
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En ce lieu enchanté
7/10 Le pire endroit de la prison : le couloir de la mort. Pourtant, pour Arden, le prisonnier que tout le reste des détenus craint autant qu’il fascine, c’est un endroit enchanté. Lui, il y voit des oiseaux de nuit duveteux choir du firmament et des chevaux d’or courir dans les profondeurs de la terre. Pour lui, il s’y passe toutes sortes de choses merveilleuses. Qu’il souhaite nous raconter…
Dans cet univers radieux, le lecteur va rencontrer la « dame », une avocate chargée de la révision des dossiers des condamnés à mort, dont York, qui va être exécuté, et qui ne souhaite pas de changement de sa condamnation ; le « prêtre déchu » de la geôle, qui rêve d’une autre vie, revivre l’Amour ; le garçon aux cheveux blancs, une proie facile pour les chefs de gang ; et le directeur de la prison…
Tous ces êtres ont été ravagés, bien avant d’atterrir dans cette prison, privés de toute liberté ou non. Rene Denfeld utilise une belle plume pour raconter l’histoire de ces pauvres hères. Une histoire émouvante et éprouvante. Un roman dont j’ai apprécié la lecture sans être subjugué comme certaines personnes ont pû l’être.04/07/2021 à 17:23 2
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L'Accident de l'A35
9/10 Comme dans son précédent livre, La disparition d’Adèle Bedeau, Graeme Macrae Burnet nous explique en avant-propos que L’accident de l’A35 a été écrit par Raymond Brunet. Il est l’un des deux manuscrits découverts par hasard après sa mort. Et qu’il a décidé de le rééditer sous son nom afin de remettre en lumière cette œuvre à (re)découvrir. Bien évidemment, rien de tout cela est vrai, ni vrai ni faux, comme l’indique la citation de Sartre qui ouvre le livre. Mais qu’importe. Ce qui compte pour un écrivain, c’est que l’histoire soit vraisemblable.
Cette histoire, c’est celle d’une enquête menée quasiment de manière non officielle par Georges Gorski, l’inspecteur de la police de Saint Louis, petite ville frontalière avec la suisse, sur un accident de route ayant entraîné la mort de Bertrand Barthelme. Ce notaire laisse une femme et un fils. Et des questions laissées sans réponse. Que faisait-il ce jour-là sur cette route, alors qu’il devait être à son club, comme tous les mardis ? Qu’est-ce qui a conduit la sortie de route de la Mercedes ? Pour les beaux yeux de la veuve, Gorski va mener son enquête. Pendant ce temps-là, Raymond, le fils du défunt, ayant trouvé une adresse dans le bureau de son père, va guetter dans la rue Saint-Fiacre à Mulhouse ce que son père pouvait bien faire.
Autant j’avais bien apprécié La disparition d’Adèle Bedeau, autant j’ai plus aimé ce livre. Peut-être parce qu’on en apprend plus de la vie personnelle de Georges Gorski. Peut-être qu’on voit son personnage plus développé, en proie et ses problèmes de couples. Peut-être que l’intrigue est plus intéressante, également. Peut-être pour toutes ces raisons. En tous les cas, j’ai hâte de découvrir la suite avec « le deuxième manuscrit posthume de Raymond Brunet ».
26/06/2021 à 10:36 5
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La Proie
7/10 Une nuit d’août à Bordeaux. Daniel Darret fait fuir les agresseurs qui s’en prenait à une femme qui se promenait seule. Cet apprenti ébéniste d’origine sud-africaine d’une cinquantaine d’années fait profil bas et retourne chez lui, ni vu ni connu. Quelques jours plus tard, il recroise de manière impromptue cette femme, une artiste veuve qui lui propose de réaliser son portait. Daniel Darret est réticent à se mettre en lumière, et souhaite cacher son passé de combattant pour la libération de son pays.
A Le Cap, au même moment, Benny Griessel et son collègue Vaughn Cupido, de la brigade des Hawks, ont pour mission de percer le mystère de la mort d’un consultant en protection rapprochée, dont le corps a été balancé d’un train de luxe pour touristes.
Ces deux histoires que tout oppose vont au fil des pages se rencontrer et permettre, dans ce 6ème livre de la série Benny Griesel, à Deon Meyer de continuer à faire la lumière sur l’actualité post-apartheid de l’Afrique du Sud en dénonçant la corruption des hommes politiques, le racisme indéracinable, et la violence irréfutable… Et le lecteur poursuit la découverte de l’histoire de Benny Griessel dans sa lutte contre l’alcoolisme, lui qui est, plus que jamais, amoureux. Un livre empreint d’humanisme. Un livre à l’action moins soutenue et donc peut être moins addictif que les précédents de la série mais qui se savoure tout autant.
24/06/2021 à 18:01 6
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Traverser la nuit
9/10 Dans son nouveau livre, Hervé Le Corre nous trimballe dans Bordeaux à travers 3 personnages des plus torturés et sombres.
Il y a Louise, aide-ménagère, victime de violences conjugales. Elle tente de se dépêtrer de ces brutalités de son ex-conjoint, avec le soutien de son amie Naïma, et surtout celui de son fils Sam. Paumée, borderline, elle essuiera les refus de la police de lui porter secours.
Du côté de la police, le commandant Jourdan traque un sadique pervers meurtrier de femmes. Las de son travail, fatigué de sa vie maritale qu’il voit dissoudre à petit feu, Jourdan n’a plus aucune motivation ni aucune croyance ni foi en la vie.
Ce tueur, c’est Christian, transporteur de matériaux pour une boîte locale. Il a ces pulsions depuis très longtemps. Il peut compter sur le soutien de sa mère, avec qui il entretient des relations ambigües.
Ces 3 êtres que rien ne prédestinait à se croiser, vont traverser ensemble la nuit, s’enfoncer dans la noirceur, emprunt de désespoir et de malheurs.
Dans son nouveau livre, Hervé Le Corre nous trimballe dans le désespoir profond, à travers 3 personnages détruits par la vie. Un livre déroutant et perturbant. Un livre terriblement puissant.19/06/2021 à 09:43 11
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La Disparition d'Adèle Bedeau
8/10 Manfred Baumann, responsable de banque à Saint-Louis, bourgade alsacienne proche de la frontière suisse, a sa vie réglée comme du papier à musique. Cet homme solitaire prend ses repas au restaurant La Cloche, où la jeune et attirante serveuse, Adèle Bedeau, effectue son service midi et soir. Alors quand Adèle disparaît, le regard suspicieux se tourne vers Manfred Baumann. L’inspecteur George Gorski, en charge de l’enquête, va apprendre que Baumann est la dernière personne à avoir vu vivante Adèle. Il ne lui en faut pas plus, lui dont l’ascension professionnelle s’est faite grâce à une résolution d’une ancienne affaire dont il n’est pas très fier, pour s’intéresser de plus près au Suisse, comme on le surnomme.
Mais Manfred Baumann est aussi timide que secret, aussi suspicieux que taiseux. Puisqu’il n’a rien à voir avec la disparition d’Adèle, pourquoi il irait dire la vérité. Il n’aspire qu’à une chose : la sérénité. Mais cette quête de tranquillité va être source d’un conflit intérieur pour Baumann, un bouleversement dans ses habitudes. Un séisme psychologique qui va faire ressurgir de profonds et ténébreux secrets.
Dans l’avant-propos du livre, Graeme Macrae Burnet explique que La disparition d’Adèle Bedeau est un livre écrit initialement par Raymond Brunet en 1982, qui a connu un maigre succès éditorial avant son adaptation cinématographique par Claude Chabrol. Pour rendre hommage à ce livre mésestimé, Graeme Macrae Burnet a décidé d’en sortir une nouvelle édition.
On comprendra que l’écrivain écossais manie très bien l’humour au second secret, et après avoir refermé le livre, qu’il peut devenir un auteur incontournable dans l’univers du polar psychologique.19/06/2021 à 09:39 3
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Metropolis
8/10 Bernie Gunther vient d’avoir une promotion. Il intègre la Kripo, Police criminelle, dans ce Berlin de la fin des années 20 (1928). Les rues de cette ville sont peuplées de soldats handicapés qui mendient de quoi survivre, de prostitués hommes et femmes qui vendent leur corps pour les mêmes raisons.
Le jeune inspecteur doit enquêter sur une série de meurtres de prostituées, scalpées. D’ailleurs, le meurtrier se voit affublé du surnom de Winnetou, nom de l’Apache créé par le populaire romancier allemand Karl May.
Mais cette affaire est vite remplacée par une autre série de meurtres, celle de soldats handicapés, exécutés d’une balle au front, comme un coup de grâce. Le tueur, Dr Gnadenshuss, envoie des courriers aux journaux où il explique ses motivations : débarrasser de Berlin ces êtres inutiles et déchets de la société, et l’image de la défaite allemande.
On suit Bernie dans ce Berlin, la Babylone occidentale, où sexe, dépravation, misère, banditisme, alcool, drogue… rythment la vie quotidienne. Sans parler de la montée de l’antisémitisme, et son corollaire, celle du nazisme qui n’en est qu’à ses balbutiements. Et ce cynisme, cet humour décalé, toujours grinçant, toujours amère mais qui fait mouche…
C’est donc avec beaucoup de plaisir que j’ai lu cette première histoire de la série de Gunther, qui est également et paradoxalement la dernière et l’ultime écrite par Philip Kerr. L’auteur britannique qui nous manque déjà, n’a pas perdu de son talent pour nous décrire avec justesse, précision historique, émotion et talent cette sombre histoire du nazisme durant le XXème siècle. Merci MONSIEUR Kerr d’avoir créé Bernie Gunther, qui a croisé mon chemin, et que je n’oublierai jamais, pour toutes les émotions qu’il a su m’apporter.
09/05/2021 à 17:33 10
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Une terre d'ombre
9/10 Laurel et Hank Shelton vivent dans une terre d’ombre : un vallon maudit. Un lieu où les arbres périssent, où il faut travailler encore plus dur la terre pour (sur)vivre. Un lieu qui, depuis plusieurs années, n’a pas épargné la famille Shelton : les parents sont décédés laissant aux deux jeunes frère et sœur ce maudit héritage. Hank revenant des tranchées d’Europe avec une main en moins ; et Laurel considérée comme une sorcière, à cause de sa tache de naissance. Dans cette contrée où les préjugés vont bon train, on est près à tuer pour moins que ça. Ces deux êtres se fondent dans cette terre au funeste destin.
En cette fin d’été 1918, Laurel sauve d’une mort certaine un joueur de flûte muet. C’est comme si un arc en ciel se présentait à elle. Walter doit retourner à New-York, quelques billets lui permettant de prendre ce précieux billet de train.
Ces trois êtres déchirés que le destin et surtout cette sombre destinée a réunis vont savoir apporter de l’espoir dans cette contrée aride. Mais personne ne peut échapper au sort que la vie leur a réservé…
Comment pourrais-je ne pas tarir d’éloges Ron Rash? Surtout si l’auteur/poète continue à nous offrir ces lectures de la qualité de Une terre d’ombre. Car même si ce livre présente une histoire des plus tristes et malheureuses, comme sait nous fournir la vie, il est écrit comme seul un maître de la poésie peut le faire. Car Ron Rash nous offre ici un roman noir où la lumière n’a pu, le temps de quelques pages, éblouir le lecteur d’un éphémère optimisme, mais où la beauté et le sublime transpirent chaque ligne d’une lecture mémorable…25/04/2021 à 20:56 3
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Oxymort
6/10 Louis, professeur de SVT, se réveille enfermé dans une pièce dans le noir. Pourquoi ? Par qui ? Alors qu’il cherche à comprendre sa séquestration et tente de survivre, il se remémore ses derniers jours.
Un roman intriguant même si le sujet a déjà été traitée, au style court voire télégraphique. Un roman déroutant par cet auteur dont le thème noir rural lui sied mieux.18/04/2021 à 10:36 2