QuoiLire

345 votes

  • Hunter

    Ian Manook

    8/10 Voici un thriller qui m'a réveillé. Après quelques romans policier un peu plan-plan, ce livre est de la dynamite en barre qui fait qu'il est impossible de le lâcher avant la fin.


    Pour le prix d'un livre, vous n'aurez pas un, ni deux mais plusieurs serial killers qui sévissent dans cette petite ville américaine nichée dans la montagne, la police, le FBI, les forces d'intervention.... bref le grand jeu.


    Roy Braverman, alias Ian Manook de son vrai nom Patrick Manoukian, endosse le rôle d'auteur de thrillers noirs américains dans la lignée d'un Thomas Harris ou d'un Quentin Tarrentino tant sa prose est très cinématographique.


    Et ce n'est que le début d'une trilogie.

    03/03/2021 à 20:18 3

  • Il

    Derek Van Arman

    4/10 Il est une très grosse déception.

    Si le début de ce roman est intéressant en abordant la psychologie des tueurs en série, d'aborder un aspect théorique et professionnel tel qu'abordé par le FBI. De plus,  l'histoire débute bien avec un meurtrier qui connaît ses victimes sur le bout des doigts et sait passer ses forfaits inaperçus.

    Mais une fois dépassé les cent premières pages, on s'embête à lire ce livre (et j'emploie une formule polie). S'ensuivent de nombreuses, très nombreuses répétitions, des descriptions des éléments de la vie courante sans aucun intérêt, et une flopée de personnages dans laquelle on se noie. Qui plus est, un des gros défauts de Derek Van Arman est de ne pas explicitement indiqué de quel personnage il parle , le lecteur flotte alors pendant quelques instants dans l'incertitude à chercher de qui il s'agit.

    L'histoire s'enlise dans une enquête dans une enquête poussive sans grande originalité.... et arrivé à mi-livre, je cède en le refermant définitivement.

    Au final, si le travail des enquêteurs du FBI est plus fidèle à la réalité dans ce livre, on préfère les romans qui prennent des libertés sur cette véracité.

    12/04/2020 à 20:34 1

  • Il ne faut pas parler dans l'ascenseur

    Martin Michaud

    8/10 La collègue, qui m’a fait découvrir cet auteur et qui m’a conseillé de prendre la série des Victor Lessard dans l’ordre chronologique, avait grande difficulté à m’en parler…. pour les mêmes raisons que je vais avoir pour vous en parler. Car comment vous faire partager le goût de le lire sans en divulguer le moindre indice de l’énigme sous-jacente.

    Disons que tout comme l’héroïne au début du livre, nous sommes un peu perdus : lisons-nous une description de rêves, de la réalité, de fantasmes, serions-nous dans un livre à la David Lynch, ou bien l’héroïne est-elle victime d’altération ou a subi une modification de la mémoire; serions-nous dans un récit de Chris Carter des X-Files. Bref nous sommes dans le flou….

    Et que vient faire ce tueur que recherche Victor Lessard ?

    Bien que Martin Michaud sache donner au compte-gouttes les indices, son histoire progresse de façon régulière avec de fréquents rebondissements. On apprend à connaître cet enquêteur et son équipe, les relations qui les unissent et leur passé.

    La lecture de Il ne faut pas parler dans l’ascenseur est très agréable, fluide, et parfois comique : point de traduction ou de francisation du livre, le lecteur aura la joie de découvrir certaines expressions québécoises pur-jus.

    Donc un roman très intéressant et un auteur dont nous prendrons plaisir à lire les autres tomes de la série des Victor Lessard.

    29/03/2016 à 20:36 2

  • Il y aura des morts

    Patrick Senécal

    5/10 L'idée de départ du roman est tout simplement génial : un jour une inconnue vientvous dire que vous allez mourir avant de partir sans plus d'explication, et le lendemain vous êtes attaqué à la machette. Puis c'est le début de l'horreur, d'une chasse à l'homme dont vous êtes la cible. Le roman commence avec un rythme effréné, nous fait immanquablement pensé au film The Game de David Fincher, sans pour autant le parodier. Il va d'ailleurs rapidement s'en éloigner avec les premiers morts. Car oui, le livre porte bien son nom Il y a des morts dans Il y aura des morts.

    La bonne surprise du roman est le cross-over de l'histoire avec un autre roman de Patrick Sénécal. Cela est fait intelligemment et rappelle de bons souvenirs pour les fans de cet auteur.

    Malheureusement de nombreux défauts apparaissent dans ce roman.

    L'auteur insère en plein milieu d'une phrase une immense parenthèse afin de partager les pensées de son héros principal. Le problème est que la plupart du temps on perd le sens de la phrase principal, nous obligeant à la relire une seconde fois, et de se relancer dans l'histoire.

    Mais le plus pénible est la cumul des détails, des noms de routes, rues, espaces, parcourus par le héros. On est étourdi par cette déferlante de mots. La répétition des courses-poursuites lassent au fur et à mesure. Est-ce volontaire de l'auteur pour que le lecteur partage cet élément avec le personnage ? Si tel est le cas, ce n'est pas agréable et pas vraiment utile au récit.

    Enfin, la fin est non seulement décevante mais également idiote. Qui avec cette richesse passerait par cette méthode alambiquée au lieu d'acquérir ce qu'elle soit (oui ce n'est pas très clair dans cette critique, mais je voulais pas dévoiler la fin du livre).

    23/09/2018 à 19:58 3

  • Ils étaient cinq

    Sandrine Destombes

    5/10 Au premier abord, ce livre se présentait sous les meilleurs hospices : un départ original puisque ce ne sont pas les hommes de loi (policiers ou gendarmes) qui sont appelés pour se rendre sur un lieu de crime, mais carrément les criminels qui contactent un profiler pour le prendre à témoin de leurs exactions. En plus d'une vidéo montrant les supplices infligés à des personnes, un message mystérieux semble expliquer leur méfait.

    Les qualités rédactionnelles de Sandrine Destombes sont indéniables : la plume est fluide, avec du suspense, un rythme constant, des relances au bons moments pour conserver l'attention du lecteur. Le personnage principal, le Capitaine Antoine Brémont, est fort bien construit, l'auteur pense à nous faire partager ses sentiments et ses ressentis de l'enquête.

    Si cela est vrai pour le personnage récurrent des romans de Sandrine Destombes, malheureusement, cela n'est pas aussi vrai pour les personnages secondaires, que ce soient les autres enquêteurs composant l'équipe du Capitaine Antoine Brémont, ou bien les personnages centraux de l'enquête.

    L'autre faiblesse du roman vient de l'intrigue pour dont je trouve la solution un peu trop évidente. L'auteure pense à ses lecteurs et laisse tout au long de son roman de nombreux indices menant à la clé de l'énigme, et dès le titre du livre, un peu comme le Petit Poucet afin de ne pas perdre son lecteur.

    Mais ces défauts restent minimes, et sauf être un gros lecteur de romans policier et thrillers en tout genre, vous ne devriez pas découvrir trop vite le pot-aux-roses et passerez un agréable moment le temps de la lecture de ce livre.

    16/06/2019 à 21:12

  • Inexorable

    Claire Favan

    9/10 Je ne comprends pas pourquoi la presse ne parle pas de ce roman?

    A l'image du héros de son roman Claire Favan est mise à l'écart, à l'écart de la presse qui ne voit pas dans son dernier roman l'émergence d'une nouvelle grande romancière. Car avec Inexorable, Claire Favan passe un cap.

    En s'affranchissant du genre policier, tout du moins dans la première partie du livre, elle montre ses qualités de romancière.

    On sent que l'auteure a mis dans ce roman beaucoup du sien, il y a beaucoup plus de sensibilité. Inexorable est beaucoup plus intimiste que les précédents romans de Claire Favan, la sensibilité des personnages est communiquée au lecteur, la psychologie de ses personnages est affinée, tout en subtilité, complexité et évolutivité.

    Son fils ayant subi une forme d'exclusion, on la sent particulièrement concernée par le sujet et donc investie dans ce roman. Claire Favan ne se contente pas de nous contenter une histoire mais également fait passer un message.

    De plus, l'écriture est d'une parfaite fluidité. Happé par le roman, le lecteur aura du mal à le lâcher, comme moi où après 2 petits jours la dernière page était tournée.

    11/11/2018 à 21:19 4

  • Instinct

    Jérôme Camut, Nathalie Hug

    8/10 Le plus difficile lorsque des écrivains se lancent dans une série aussi volumineuse que celle des Voies de l'ombre est de savoir garder son auditoire en trouvant dans chaque tome un nouvel axe au récit, de ne pas sombrer dans la répétition du premier tome.

    Cet Instinct, troisième tome de la tétralogie, est l'exemple même du livre qui déjoue tous les pièges de la série.

    Tout d 'abord les personnages principaux sont changés, sauf bien entendu le psychopathe, véritable soleil noir autour duquel gravitent tous les autres personnages. Jérôme Camut et; Nathalie Hug ont eu la bonne idée de reprendre un personnage secondaire, de le faire montée en puissance. Personnage fort, à la psychologie différente des précédents héros, qui va revoir son jugement sur Kurtz.

    Kurtz, justement, Phénix du mal, qui va revenir et montrer tous ses talents d'emprise psychologique, de son intelligence, qui ferait passer Hannibal Lecter pour un amateur.

    Hasard de l'actualité de décembre 2018, mais le final du roman semble avoir été inspiré par les mouvements de contestation dans la capitale française.

    Je ne m'étendrais pas sur les qualités de la rédaction à 4 mains de ce roman : les deux auteurs apportent chacun leurs facilités respectives qui font passer ce roman des presque 600 pages à une vitesse grand V.

    Allez, je ne perds pas le rythme, je me lance dans la lecture du dernier tome.

    22/12/2018 à 21:59 3

  • Intuito

    Laurent Gounelle

    5/10 Si le début du roman est original avec l'introduction de l'intuition comme moyen d'enquête, une fois passée cette découverte, le thriller reste assez standard et prévisible.

    On passe un bon moment mais on est loin de se dire que Laurent Gounelle a écrit un roman mémorable.

    29/05/2021 à 21:03

  • Islanova

    Jérôme Camut, Nathalie Hug

    7/10 Je dois avouer que c'est une critique de livre qui m'a posé beaucoup de problèmes. Après avoir lu Islanova, je ne savais qu'en penser. Est-ce un bon ou un très bon roman ?

    Les éléments qui ont fait le succès du quatre-mains, Jérôme Camut et Nathalie Hug, sont toujours présents : des chapitres mêlant alternativement actions et progression de l'histoire ou définition de la psychologie des personnages, un écriture fluide qui rend ce thriller politique très agréable et pousse à la réflexion sur notre société de consommation. Avec un petit plaisir supplémentaire personnel :l'action du livre se déroule vers Royan et sur l'Ile d'Oléron, lieux de mes vacances. Je peux vous dire qu'à quelques détails

    Alors pourquoi est-ce que j'hésite entre bon livre et très bon livre ?

    J'ai découvert ces deux auteurs au travers de la trilogie W3 qui avait à la fois de grandes qualités narratives, policières, une intrigue parallèle poussée, des personnages travaillés et attachants. Dans Islanova, il y a certes de nombreux personnages mais je les trouve un peu moins fouillés, plus "standard", moins originaux; le fil de l'intrigue quoi que bonne, dynamique et avec de nombreux rebondissements qui tiennent le lecteur en haleine, reste cependant linéaire. Sans doute le fait de dérouler l'ensemble de l'histoire sur un seul volume, même de 800 pages, contrairement aux trois de W3, n'a pas permis aux auteurs de déployer la mécanique du succès de leur précédente trilogie.

    Si ces quelques défauts restent mineurs par rapport à la qualité globale du livre, le plus gros défaut de ce livre qui en fait un bon livre et et non pas un très bon livre est le recours à une mise en scène très cinématographique, presque hollywoodienne dans le tiers final du livre : explosions, arrivée de la cavalerie au bon moment, révolte nationale. S'il devait y avoir une adaptation sur grand écran, certainement que Michael Bay se proposerait.

    Alors, un bon roman, militant, captivant, même si les auteurs en font un peu trop par moment.
    (quoilire.wordpress.com/2017/08/28/jerome-camut-nathalie-hug-islanova/)

    28/08/2017 à 21:24 5

  • J'étais le collabo Sadorski

    Romain Slocombe

    7/10 Romain Slocombe nous invite dans les dernières aventures de son horrible inspecteur facho, collabo, Sardoski. Après ses malversations, ses embrouilles, pendant l'occupation et les premiers signes de la libération, le voici en plein revirement avec l'arrivée des américains dans Paris et son arrestation. Quand sa bonne étoile le lâche, il va devoir faire preuve d'inventivité, d'opportunisme et de stratégie pour se sortir de ce mauvais pas.

    Ce roman est d'autant plus intéressant que; dans les précédents tomes, l'on voyait tous les méfaits,  les tortures psychologiques et physiques, toutes les prises d'influence des collaborateurs; l'on voit que les libérateurs tombent et appliquent les mêmes travers. Cette libération n'est pas aussi jolie qu'elle ne fût espérée.

    On peut seulement regretter quelques longueurs et répétitions dans le récit, sinon l'auteur nous emporte avec la même force dans ce sixième roman noir historique comme dans les cinq précédents, avec la même précision historique sans sombrer dans un cours magistral sur cette époque.

    27/03/2023 à 19:31 3

  • J'irai tuer pour vous

    Henri Loevenbruck

    9/10 Toutes les qualités d'un très bon thriller sont réunies dans ce roman.
    Tout d'abord l'originalité du sujet : l'histoire, véridique semble-t-il d'après l'auteur, d'une personne au patriotisme exacerbé qui va être "embauchée" comme agent externe (et donc non-officiellement reconnue) par la DGSE pour exécuter des "tâches" les plus sensibles.
    Ensuite, un contexte dans lequel cette histoire s'inscrit : l'époque sombre des attentats parisiens sous l'ère Mitterrand et des journalistes pris en otage pendant de longs mois.
    Le tout permet à l'auteur de construire un roman à la fois dynamique avec de l'action (les frasques du héro avant son recrutement puis ses missions), plein du suspense, et qui dénonce les luttes intestines ou les dérives des politiques; que la vie tout comme la vérité est plus compliquée qu'il n'y paraît.
    Les personnages sont forts, très bien construits avec une psychologie complexe, loin d'être caricaturaux; les seconds rôles puissants. L'écriture est à la fois ciselée et d'une grande fluidité. A la lecture de ce livre, ce ne sont pas des pages qui défilent sous nos yeux, mais un film en panavision.
    En conclusion, ce roman est tout simplement addictif, il est mortel. Nous pourrions donc dire que le titre de ce roman est un publicité à lui tout seul, et pour une fois, contrairement à certains bandeaux apposés en bas des livres, cette publicité n'est nullement mensongère.

    17/03/2019 à 21:37 10

  • Je suis l'abysse

    Donato Carrisi

    4/10 Je me souviendrais toujours du premier livre de Donato Carrisi (L'écorchée) que j'ai lu, j'avais été séduit son rythme, son originalité, la force de ses personnages et des rebondissements dans l'intrigue.

    S'il y a toujours le rythme dans ce livre a contrario je suis quelque peu déçu des personnages un peu trop caricaturaux, du manque d'originalité avec une tendance actuelle de tous les auteurs de romans policier à recourir à la maltraitance infantile. Mais c'est surtout dans le peu, pour ne pas dire l'absence, de surprises que recèle ce livre qui m'a fortement déçu. L'histoire, bien que plaisante à lire, est assez linéaire et ne surprend pas le lecteur.

    30/03/2022 à 21:08 3

  • Je suis Pilgrim

    Terry Hayes

    9/10 Lorsque l'on parle de roman d'espionnage, nous avons en tête Tom Clancy et son Jack Ryan ou un Jeff Abbott et son Sam Cappra, on s'attend surtout donc un héro affrontant énormément d'actions.

    Je suis Pilgrim de Terry Hayes se situe à un autre niveau : certes l'action est au programme, mais elle n'est pas la composante principale du livre. Elle en est un moyen ou une conséquence, mais pas l'essence. Terry Hayes donne la part belle à la mécanique de l'espionnage, explique les différentes rouages qui viennent s'imbriquer pour faire l'histoire.... sans que cela soit lassant, un véritable tour de force.

    Là où l'on voit que Terry Hayes est un scénariste averti (il a collaboré par exemple à la scénarisation des Mad Max) c'est dans le façonnage de l'intrigue : cette fiction embarque des éléments réels comme les attentats des tours jumelles de New York. Nous n'avons plus l'impression de lire une fiction, mais un livre documentaire, une enquête d'investigation.

    De plus, Terry Hayes n'oublie pas de forger ses personnages avec de solides bases, tant dans leur histoire personnelle, leur vécu, leur psychologie. Il distille tout au long de l'histoire des éléments sur ceux-ci qui expliquent leurs décisions ou leur motivation.

    Et pour parfaire le tout, le style (et donc la traduction de Sophie Bastide-Foltz) est excellent : plus soutenu que ce à quoi nous sommes habitués, le style est très fluide et fait passer ce pavé pour un roman traditionnel.

    Si vous n'avez pas lu de roman d'espionnage depuis longtemps, alors n'hésitez pas longtemps, jetez vous à cœur perdu dans Je suis Pilgrim.

    09/04/2017 à 21:31 10

  • Je t'aime

    Barbara Abel

    9/10 Des 22 livres que j'ai lus cet été, c'est le thriller de Barbara Abel Je t'aime que j'ai préféré.

    Sans dévoiler plus d'informations que ne donne la quatrième couverture, le contenu du livre tourne autour de l'amour et de la vengeance, sentiments contradictoires mais qui vont être complémentaires dans ce livre. On peut alors penser que ce roman va être un thriller psychologique lourd, long, ennuyeux. Les premières pages pourraient faire penser à un roman niaiseux comme diraient nos amis québecois, mais petit à petit Barbara Abel développe la psychologie de ses personnages, ils prennent de l'ampleur, de la complexité et l'on se rend compte que le roman va être tout en nuances.

    La grande force de ce livre est de projeter le lecteur dans le roman. Il va alternativement vivre les aventures des différentes familles. J'avais l'impression d'être à côté des personnages, de partager leurs joies, leurs pleurs, de suivre les hauts et les bas de moral, leurs réflexions. J'étais un nouveau membre de famille, à chaque retournement de situation, pour la moindre progression dans l'enquête, l'histoire me prenait aux tripes.

    Mais attention, si Je t'aime est un thriller psychologique, ce n'est pas uniquement un roman psychologique. La seconde partie du roman va plonger le lecteur dans une sorte de course contre la montre, ses nerfs seront mis à dure épreuve comme pour les personnages du roman. Cette seconde partie est d'autant plus prenante qu'elle est crédible : pas de grands moyens comme dans un roman d'espionnage, pas de poursuite comme dans un roman noir des bas-fonds de la société. Ici ce sont des familles lambda dont la vie est altérée, mise en jeu, conditionnée par celles des autres.

    L'écriture est d'une efficacité redoutable : fluide, incisive, addictive car l'histoire est perpétuellement relancée.

    La seule petite critique que j'aurais à formuler est que, malgré une fin terrible, je trouve l'auteure un peu trop gentille avec ses héros. Elle aurait pu être plus diabolique, plus noire, plus méchante, rendre ses personnages plus pernicieux.

    Bref Barbara Abel maîtrise à la perfection le thriller psychologique qui séduire même ceux qui ne sont pas amateurs du genre. J'aime je t'aime.

    09/09/2018 à 20:32 5

  • Juste après la vague

    Sandrine Collette

    6/10 Fidèle à elle-même, Sandrine Collette amène le suspense dans des endroits où on s'y attend le moins. Après les vignes (Des nœuds d'acier) et la montagne (Six fourmis blanches), elle nous pose sur la mer.

    Tout commence avec un choix cornélien que doit faire un père : délaisser une partie de ses enfants pour embarquer sur une barque afin de sauver une partie de sa famille de la montée de la mer et la submersion inévitable de l'île qu'ils habitaient, en espérant pouvoir revenir chercher ceux qu'il laisse derrière lui.

    Derrière ce roman, Sandrine Collette rend hommage, ou reprend les codes, de classiques comme Sa majesté des mouches de Willima Golding concernant la survie des enfants laissés sur l'île, ou le roman de Raioaoa Tavae Si loin du monde, racontant la dérive d'un polynésien pendant 118 jours. Pour les uns comme pour les autres, c'est une nouvelle vie qui s'ouvre à eux : aller vers de nouvelles terres, ou bien prendre des responsabilités, des décisions.

    Et puis, sous couvert d'un roman à suspense, Sandrine Collette passe un message écologique fort. Le réchauffement climatique impacte des populations entières, les forçant à migrer, fuir leurs terres, parfois en urgence.

    Alors si ce roman n'est pas à proprement parlé un thriller avec beaucoup d'actions ou de courses poursuite, il n'en est pas moins intéressant par son originalité, sa sensibilité et les questions qu'il soulève.

    Enfin, j'ai découvert ce livre au travers de sa version audio : une diction parfaite, une personnalisation de la voix pour chaque personnage, même pour les plus jeunes. On regrettera simplement un léger manque de vitalité.

    29/12/2018 à 22:02 5

  • Juste une ombre

    Karine Giebel

    8/10 Karine Giebel nous offre un très grand thriller psychologique. Alors que je ne suis pas adepte de ce genre de romans, je suis littéralement tombé sous le charme de la narration, de l'intrigue, de toute l'ingéniosité du harceleur pour faire tomber sa proie.

    Pour ce qui est de l'intrigue, les amateurs d'énigmes policières trouveront l'identité du harceleur assez facilement. Cependant je les rassure car l'intérêt du livre et son suspense du livre ne tournent pas autour de ce point mais bien plus sur la montée du plan machiavélique. Nous sommes les témoins d'un jeu du chat et de la souris particulièrement pernicieux où nous suivons la dégradation mentale de la victime, ses interrogations, sa lutte désespérée.

    Et contrairement au Purgatoire des Innocents point de descriptions gores, de sévices minutieusement détaillés, l'auteure sait faire vibrer son lecteur d'une autre façon beaucoup plus intelligente.

    Je ne m'éterniserai pas sur les qualités d'écriture de Karine Giebel qui sont toujours aussi impeccables pour ce genre de romans : précis, direct, où les actions et petits rebondissements arrivent régulièrement pour tenir le lecteur en haleine.

    Un roman qui vous teindra aux tripes !

    10/10/2016 à 21:48 4

  • L'affaire Clara Miller

    Olivier Bal

    8/10 Lors de ma présentation des précédents romans d'Olivier Bal, Limbes et du Maître des limbes, j'avais comparé l'auteur à Stephen King pour son imaginaire et son pouvoir à embarquer le lecteur dans cette histoire fantastique. Je confirme cette comparaison car tout comme le maître du fantastique, il sait prendre des risques, de changer de style littéraire en passant au thriller policier, mais toujours avec autant de talent et de réussite.

    L'auteur n'abandonne pas totalement les mondes fantastique et onirique, puisqu'en privé, un des héros principaux, star de rock planétaire,  s'adonne à la drogue. Il est alors question de vampires, drôles, mondes virtuels fantasmé, de rêves et cauchemars.

    Une fois encore il nous amène une histoire bien ficelée, bien construite, aux nombreux rebondissement. S'il est un point négatif à ce roman sont les clichés du star système, du rocker cocaïnomane, et des paparazzis pourchassant la star. Mais ce défaut est compensé par l'humour et les clins d’œil de l'auteur aux affaires réelles comme un certain Harvey Weinstein, et par la complexité des personnes. On découvre au fur et à mesure des pages la multitude des facettes de leur personnalité et de leur passé.

    Cependant ne vous attendez pas à un roman policier où vous mènerez en parallèle l'enquête à la recherche du meurtrier, ici vous oscillez entre le passé et le présent, la période du rocker et des paparazzis, et celui des ses enfants, sans bien comprendre comment on est passé d'une situation à l'autre. Telle est votre fil rouge dont vous devrez trouver le point de jonction.

    Un beau roman qui vous accompagnera aussi bien pendant les derniers moments de confinement qu'au bord de la mer.

    01/06/2020 à 20:56 6

  • L'Affaire Léon Sadorski

    Romain Slocombe

    8/10 Lire L’affaire Léon Sardorski n’est pas à proprement parler lire un thriller. Romain Slocombe dresse plutôt une analyse du rôle de la police parisienne pendant l’occupation allemande. Mais, alors qu’il pourrait tomber dans la facilité de présenter un flic acquis à la cause allemande, l’auteur nous relate la biographie d’un policier qui, bien que participant à l’effort de la traque juive, se retrouve malgré lui de l’autre coté. On aurait presque pitié pour lui si l’on ne connaissait pas déjà ses résultats au service des RG.

    La force de ce livre est de nous présenter cette authentique biographie, étayée, renseignée, de rappeler les années noires de la France sous couvert d’un roman noir. L’écriture est bien ciselée, le rythme agréable, ni trop rapide, ni trop lent. L’auteur saupoudre son roman de quelques périodes d’action pour donner du nerf à son récit. Le style de l’auteur et les sujets contés par celui-ci ont évolué depuis sa tétralogie La Crucifixion en jaune et ont atteint une certaine maturité fort agréable.

    Un roman à lire qui mérite amplement le Goncourt 2016.

    25/10/2016 à 21:07 7

  • L'Affaire Paola

    Donna Leon

    7/10 Donna Leon est un peu ma madeleine de Proust. Avant d'ouvrir un de ses livres on se dit que l'on va avoir une histoire policière particulièrement classique, mais à chaque fois on a une belle intrigue policière avec de nombreux revirements.

    Mais un des plaisirs à retrouver une aventure du Commissaire Brunetti est avant tout de se retrouver projeter dans la cité lacustre, celle ville unique qui empêche nombre clichés des romans de ce genre comme les courses poursuites en voiture. Le dépaysement vient également de la fausse nonchalance et de la relative décontraction des policiers, ou encore de l'organisation particulière de la police et de sa gestion entre les différentes localités.

    Cependant la grande originalité de ce livre provient de l'origine de l'enquête mettant en porte à faux le Commissaire Guido Brunetti : la femme du Commissaire commet une infraction et récidive. Alors que d'habitude nous suivons une vie du couple Brunetti paisible, drôle, intellectuelle et complice, ici, la tension s'installe, les idées se confrontent, s'opposent où chacun campe sur ses positions. Heureusement, le roman ne tourne pas uniquement autour de ce sujet et de la raison motivant l'infraction de Paola Brunetti; le roman passe à la vitesse supérieure, l'enquête entre dans une autre dimension, et l'humour de Brunetti revient.

    Un roman classique à savourer paisiblement.

    27/06/2020 à 21:05 1

  • L'Aigle de Sang

    Marc Voltenauer

    8/10 Cet Aigle de sang est sans conteste le meilleur des trois romans de Marc Voltenauer.
    Tout d'abord, l'auteur a eu la bonne idée de rompre avec le modèle de ces deux premiers romans. D'une part il n'a pas laissé son héros affronter une nouvelle énigme dans Gryon au risque de faire passer le petit village comme le village le plus malfamé de la Suisse; et d'autre part, son héros Andreas Auer va devoir enquêter, non pas sur un meurtre, mais sur lui et ses origines. Sur ce second point, j'ai trouvé quelques analogies avec Rouge armé de Maxime Gillio.
    Mais je rassure tout de suite les amateurs de romans policier, la vie de la petite île Gotland va être bouleversée et des meurtres vont jalonner la recherche d'identité du héros. Bien que n'étant pas dans son pays d'office, l'inspecteur suisse sera autorisé à assister à celle-ci en Suède. Je ne vais pas plus loin dans le résumé du livre au risque de vous dévoiler celui-ci, mais passées les cent premières pages, le rythme va s'accélérer crescendo au point que vous aurez du mal à lâcher le livre pour le sprint final des cent dernières pages.
    Un autre élément important dans ce livre est la Suède et son histoire. On sent que l'auteur apprécie connaît bien ce pays, ses coutumes et sa cuisine, car il parsème l'histoire de détails sur ce pays; par rapport au pays du Muveran, c'est à la fois dépaysant, rafraîchissant et instructif.
    On pourrait alors penser que c'est le roman policier parfait, mais il y a bien quelques imperfections (qui je suis sûr seront gommés dans le quatrième roman). Ainsi de nombreuses répétitions tant sur la recherche de parentalité d'Andreas que sur les différents rites du clan auraient pu être évitées. Mais ce qui m'a le plus gêné, ayant du mal à mémoriser les patronymes (et encore plus les patronymes suédois), c'est la multitude des personnages que brasse ce roman. Et histoire de me rendre la tâche encore plus dure, certains de ces personnages vont avoir des noms d'emprunt. Donc si vous êtes comme moi, n'hésitez pas à vous munir d'un petit papier et d'un crayon pour dresser un organigramme.
    Et puis il y a quelques figures de style qui m'ont surpris dans ce troisième livre de Marc Voltenauer que je n'avais pas notée lors de ses précédents romans. Afin de coller au mieux au pays dans lequel se déroule l'histoire, l'auteur a volontairement employé le tutoiement tout au long des discussions, même pour des personnages officiels venant interroger des témoins ou des suspects alors qu'ils ne se connaissent pas. Mais dans ce cas, cette adaptation stylistique est rompue lors de l'emploi de la numération helvético-belge (septante, nonante).
    Je dois avouer que je pinaille sur de menus détails car la lecture de L'aigle de sang est d'une grande fluidité, très agréable; et chose que je souligne rarement, la couverture est particulièrement réussi et attractive.
    Au final, c'est certainement le meilleur roman de Marc Voltenauer qui nous fait découvrir un peu plus son héros et la Suède.

    20/03/2019 à 21:21 1