QuoiLire

342 votes

  • Le Manuscrit inachevé

    Franck Thilliez

    7/10 Que dire de Franck Thilliez que nous n'ayons pas dit : que c'est un écrivain de thrillers formidables, qui maîtrise parfaitement le style de cette littérature, qui sait habilement donner tous les indices pour résoudre un énigme tout en jalonnant son récit de fausses pistes, qui dresse des personnages consistants, réfléchis, vivants, sensibles et abîmés mais plein d'humanité, qui dresse deux histoires en parallèle sans rapport logique en apparence mais qui forcent le lecteur à tourner les pages.

    Mais cette fois-ci, Franck Thilliez est plus retors : mêlant fiction et réalité, tout en rendant hommage aux plus grands du roman policier, par exemple, en donnant comme noms de code à ses personnages les patronymes des personnages des fictions de Sherlock Holmes, Franck Thilliez joue avec le lecteur. car au final qu'est-ce que lecteur désire plus que tout en lisant un thriller, trouver la solution à l'énigme. or il se trouve que pour narguer son lecteur, non seulement Franck Thilliez annonce la couleur dès le début du roman, mais en plus, rappelle tout au long du livre les indices en les soulignant.... peut être un peu trop à mon goût.

    Malheureusement, bien que tous les ingrédients soient présents pour faire un excellent roman, il y a un je-ne-sais-quoi qui fait que la mayonnaise prend moins bien que pour les autres romans. Est-ce l'absence de Sharko et Henebelle ? Est-ce cette idée de manuscrit inachevé qui n'apporte rien au récit, mais perturbe plus le lecteur qu'autre chose, l'empêchan de se projeter dans l'histoire ? Aucune idée mais je n'ai pas retrouvé dans ce roman la petite étincelle qui rend d'habitude les romans de Franck Thilliez magiques.

    Mais encore une fois, c'est un très bon roman qui vaut bon nombre de thrillers présents sur les bacs des libraires.

    Serait-ce le succès d'Entre deux mondes d'Olivier Norel, mais tous les derniers romans que j'ai lu se déroulent à un moment ou à un autre entre la baie de Somme et Calais : La nuit de l'ogre de Patrick Bauwen, 7/13 de Patrick Saussey, et Le manuscrit inachevé de Franck Thilliez. Ces auteurs se rencontrant souvent dans des salons, je suis venu à me demander s'ils ne s'étaient pas lancé un petit défit : que le roman se déroule dans la Côte d'Opale et ses envions proches. Et comme cela est plutôt la région favorite de Franc Thilliez, je penserais qu'il est l'instigateur.

    21/05/2018 à 22:14 6

  • Le Vide

    Patrick Senécal

    9/10 Je crois que je n’ai pas dévoré un roman comme Le vide depuis Le chuchoteur de Donato Carrisi et L’affaire Harry Quebert de Joël Dicker. Patrick Sénécal allie avec forces qualités romancières une intrigue policière bien charpentée, aux multiples facettes, aux nombreux rebondissements. Les personnages ont une vraie personnalité, des défauts, un passé que l’on découvre au fur et à mesure, sans pour autant être une des traditionnelles caricatures de policiers.

    Bien que ce roman soit paru au Québec en 2007 en pleine période d’explosion de la télé-réalité, contexte principal du roman, il n’en reste pas moins d’actualité en le transposant avec les mouvances religieuses extrémistes qui exploitent de la même manière la détresse des personnes en quête de sens dans leur vie.

    Bien que ce roman soit noir et ait que quelques scènes difficiles, celles-ci ne le sont pas autant que celles amplement décrites dans Hell.com qui demande à ses lecteurs d’avoir le cœur bien accroché; le lecteur n’aura ici que quelques frissons

    Le seul reproche que l’on peut formuler à son encontre est un final légèrement décevant, non pas qu’il soit bâclé mais tout simplement trop évidente.

    La rédaction est impeccable, tout en fluidité : l’auteur a repris son roman spécialement pour sa publication en France afin que ses lecteurs ne bloquent par sur certains idiomes québecois. On pourrait penser que 736 pages, denses, constituent un roman marathon, que cela nécessite un certain entraînement, voire une endurance à la lecture. Que nenni, la structure et l’écriture ne vous laissent pas vous reposer, vous soutiennent même tout au long de ce roman en alternant actions, réflexions, histoires parallèles, vie des personnages.

    Enfin, un dernier élément qui montre la qualité du roman est sa couverture. Si au début on a du mal à comprendre ce que c’est, elle illustre parfaitement le sujet du livre : un tourbillon qui entraîne les gens vers le fond, comme une vidange de la société. Chose rare qui témoigne de sa justesse, cette couverture a été conservée lors de son passage en version poche.

    Un grand roman qui confirme Patrick Sénécal comme étant un des meilleurs auteur de polars noirs du moment

    04/09/2017 à 21:37 6

  • Les Jumeaux de Piolenc

    Sandrine Destombes

    8/10 Si Sandrine Destombes n'est pas à son coup d'essai, son sixième livre Les jumeaux de Piolenc est une révélation pour le grand public amateur de romans policier grâce à l'obtention du prix VSD RTL 2018 du Meilleur Thriller Français, tout comme cela le fût pour moi.

    Mais je dois dire que malgré une certaine réticence à me laisser séduire par les prix littéraires, celui-ci est amplement mérité. Tous les éléments pour un succès littéraire, mais également pour le plaisir du lecteur averti de romans policier, sont présents.

    Tout d'abord, est-ce du à la récente résurgence de l'affaire Grégory, mais le lecteur se trouve rapidement projeté dans ces affaires de disparition d'enfants. L'analogie avec la réalité, mais également réalité géographique, facilitent cette projection. En effet, si vous êtes curieux, vous découvrirez que Piolenc existe réellement dans le sud de la France, près d'Orange.

    Mais bien sûr cela ne suffit pas pour en faire un livre de qualité. C'est avant tout la composition des personnages qui prévaut dans ce roman. Du fait de l'étalement de l'affaire sur plusieurs décennies, l'originalité est de pouvoir confronter deux polices, l'ancienne ayant intervenu sur la première affaire, la nouvelle et ses techniques plus modernes, aux antipodes de la précédente, sur le nouveau cas de disparitions. On peut ainsi voir le désœuvrement, l'impuissance voire la résignation dans l'ancien chef de police (à présent en retraite); alors qu'en même temps, le nouvel inspecteur se jette corps et âme dans l'enquête en y voyant un moyen de progresser professionnellement mais aussi de rompre avec le passé.

    Le père est également un personnage fort, psychologiquement affecté par la disparition de ses enfants 30 ans auparavant, puis de sa femme suite à cette affaire, qui voit le cauchemar recommencé, les interrogatoires revenir.

    Mais paradoxalement, ce sont les enfants bien que disparus qui sont les plus présents dans cette histoire.

    Heureusement, pour les amateurs de romans policier, la qualité de ce roman ne se limite pas aux personnages. Vous pouvez donc y trouver une bonne 'intrigue dont il est possible de trouver la solution, de suivre l'enquête et ses multiples rebondissements qui relancent régulièrement l'histoire et accrochent en permanence le lecteur.

    Et puis l'écriture est proche de la perfection : fluide, claire, plaisante; elle nous fait passer un agréable moment.

    02/09/2018 à 21:38 6

  • Les Poupées

    Alexis Laipsker

    5/10 J'avais entendu parler de cet auteur et avais profité de sa venue à un salon pour acquérir son dernier roman dont on voyait pas mal de publicité sur les réseaux. Généralement ce dernier point n'est pas bon signe pour la qualité du roman, et une fois encore ce constat confirme la précédente règle.

    Même si l'on passe un bon moment à sa lecture, que l'histoire est plaisante, elle n'est guère originale et se limite au final à des considérations psychiatriques. Un roman donc sans grand suspense, usurpant de nombreux clichés, qui se traine au fil des pages.

    Le vrai défaut de ce roman est l'écriture qui rend difficile la projection du lecteur dans l'histoire ou qui comporte quelques formulations malheureuses indignes d'un auteur dont ce n'est pas le premier roman.

    28/12/2022 à 17:53 6

  • Luca

    Franck Thilliez

    8/10 Alors que Bernard Minier a publié dans la même période un thriller exploitant également l'IA, Franck Thilliez dépasse cet autre auteur en évitant les écueils de son confrère. Ainsi, Franck Thilliez a su vulgariser l'IA et les autres "nouvelles techniques" introduites dans ce livre, sans tomber dans une présentation à la Wikipédia que seuls les initiés sauraient comprendre (mais sans y trouver d'intérêt). Sans doute son passé d’ingénieur en informatique lui a permis d'avoir du recul sur le sujet et de se concentrer ainsi sa vocation première : conteur d'intrigue policière.

    Dire qu'une nouvelle fois Franck Thilliez nous livre un grand roman policier serait trop facile, mais il faut bien le reconnaître que c'est le cas. Une intrigue bien ficelée, avec de nombreux rebondissements, des personnages originaux (dans tous les sens du terme) même si on adore retrouver le requin Sharko. J'avoue avoir particulièrement apprécié découvrir le nouveau 36 depuis le déménagement de la criminelle aux Batignoles, c'est le premier auteur à le faire.

    Ce roman est également l'occasion de découvrir les dernières méthodes d'investigation,leurs limites face à l'imagination des criminelles ou de ces nouvelles technologies. Mais c'est avant la réflexion que suscite l'auteur dans ce livre sur le devenir de l'homme et du flou juridique aux regards de ces nouveautés technologiques, comportementales et sociétales.

    Pour les sceptiques qui penseraient que Luca est un roman d'anticipation, le jour même où j'écris ces mots, le Japon vient d'autoriser la création d'embryons humains-animaux. La réalité dépasse la fiction, ou la folie de notre monde ne permet pus à la fiction d'être d'anticipation ou d"calée bien longtemps.

    01/08/2019 à 18:40 6

  • Paradox Hotel

    Rob Hart

    7/10 Vous hésitiez entre prendre un thriller et un roman de science-fiction, ne vous prenez plus la tête et optez pour le second livre de Rob Hart Paradox Hotel.


    L'auteur nous emporte dans un hôtel, étape avant d'aller dans l'aéroport temporel qui fait voyager les riches dans le temps. Mais entre la réunion au sommet pour le rachat de l'hôtel et des incidents à répétition, la cheffe de la sécurité ne sait plus où donner de la tête et surtout de ne pas perdre la raison.


    Il est dommage que l'originalité de ce roman soit gâché au début par un style un peu lourd, une histoire qui a du mal à se mettre en place. Mais il faut persévérer dans sa lecture car ensuite on décolle (sans faire de mauvais jeu de mot, vous comprendrez à la lecture du livre) dans cet univers lynchien l'auteur qui imbrique le réel, les souvenirs, l'imaginaire et les influences temporelles.


    Sur ce de nombreux points, ce roman m'a fait penser à Ubik de Philip K. Dick, sans partir dans une confusion et un délire de manipulations quantiques. 


    Et puis en parallèle on a l'enquête policière en huis clos pour savoir qui cherche à faire capoter les négociations du rachat de l'hôtel ou dans quelle autre optique. Mais attention, le multi-univers n'autorisera pas de mener une enquête habituelle ou de collecter les indices nécessaires pour démasquer le meurtrier.


    Un roman original habile mix de thriller, policier et science-fiction.

    27/03/2023 à 18:57 6

  • Sharko

    Franck Thilliez

    9/10 Je me rappelle de la note de l’auteur sur Facebook demandant à ses fans ce qui pourrait arriver de pire à Sharko et Hennebelle. J’avais alors presque deviner le ptich de ce roman en répondant que Sharko et Hennebelle devaient enquêter pour se disculper d’un meurtre qui leur avait été injustement mais diaboliquement attribué.Ici, Sharko et Hennebelle vont devoir enquêter sur leur crime et tout faire pour ne pas être découverts.

    Une nouvelle fois Franck Thilliez n’épargnent pas ses héros, ne leur laissent pas le temps de souffler entre deux romans, et encore moins au sein d’une nouvelle aventure. Mais ce qui me surprend toujours et me plaît le plus chez Franck Thilliez est la perpétuelle recherche d’univers dans lesquels plongés ses héros, tout en restant scientifiquement exact. Comme vous pourrez le lire en épilogue, les éléments médicaux et anthropologiques mentionnés dans le livre sont véridiques.

    Autant vous dire que l’histoire est fouillée, torturée, pleine de rebondissements, aux multiples ramifications qui tiendront en haleine le lecteur avec une écriture toujours aussi efficace, fluide et captivante. Sans faire de mauvais jeu de mots, sachez qu’il y a quelques passages crus mais on est loin d’un roman gore.

    Mais, je tire un carton jaune à Franck Thilliez. En grands amateurs de romans policiers, les fans de Franck Thilliez auront remarqué un certain relâchement de l’auteur sur l’aspect enquête. En effet, le bornage du téléphone est totalement oubliée alors que c’est la base même d’une enquête, et on a failli passer à côté de l’analyse d’empreinte sur un élément touché par « le grand méchant ».

    En dehors de ces deux petites défauts, Sharko est un très bon cru, un roman policier presque parfait et qui nous fait dire qu’il faut attendre encore un an avant de connaître la suite des aventures de Lucie et Sharko…… ça va être dur.

    21/05/2017 à 22:03 6

  • Sleeping Beauties

    Owen King, Stephen King

    3/10 Il y a des bons Stephen King, et il y a les autres. Je classerais Sleeping Beauties dans cette seconde catégorie.

    Un simple indicateur pour cela : 3 semaines le lire. Autant dire que pour un aficionado du maître de l’horreur, c’est long, très long. A titre de comparaison, juste après, j’ai lu Coupable de Jacques-Olivier Bosco (400 pages) en moins de 48 heures. Je vous laisse comparer les ratios et en tirer.

    Alors pourquoi autant de temps ?

    Il faut bien le reconnaître le lire est imposant en soit avec ses 832 pages densément remplies avec une petite police sans usage du double interlignage comme on peut le voir chez certaines auteurs pour faire du volume avec une histoire épaisse comme une feuille à cigarette (e;g. Amélie Nothomb). Mais ce n’est pas la seule explication à ce marathon de lecture.

    Stephen King nous a habitué à de grandes sagas avec moultes personnages (Le fléau, Le dôme), mais dans le cas de Sleeping Beauties on a du mal à sympathiser avec les personnages, de se projeter dans l’histoire, leurs affaires, leurs problèmes; ils ne sont pas assez approfondis voire caricaturaux. De ce fait le roman a du mal à décoller et on s’oriente en première partie sur une vitesse de croisière plan-plan. Même quand les femmes s’endorment et se couvrent d’un cocon, la magie n’opère pas. Confronté à cet événement défiant toute logique scientifique, le monde devrait être complètement chamboulé, devenir fou (comme dans Cellular), ici à part quelques mouvements éparses, le monde semble l’accepter de fait. Il faudra attendre les deux tiers du livre pour que les personnages décident de passer à l’action et par la même à donner un second souffle au roman.

    Certains verront dans ce livre un élément rare à Stephen King, un roman engagé où l’auteur prenne la défense du droit des femmes, affirme clairement son opposition à Donald Trump, le consumérisme exacerbé et l’individualisme de la société généralisée.

    Enfin, pour un quatre mains, il n’est pas évident de voir les parties écrites par Stephen et celles par Owen. Il semblerait qu’il se soit échangé les parties du roman, repris et complété chacun les parties de l’autre. Il y a bien quelques passages où ne retrouvant pas le style imagé de Stephen King, on devine qu’elle a été écrite par son fils.

    S’il y a bien un point positif à ce roman est sa couverture que je trouve particulièrement réussie.

    05/04/2018 à 19:49 3

  • Boréal

    Sonja Delzongle

    9/10 Pour les habitués de mon blog, si vous jetez un coup d’œil rapide à la notation, vous verrez que ce roman obtient une excellente note, et il le mérite amplement.Boréal est un excellent roman avec lequel vous passerez un très bon moment, et ce pour plusieurs raisons.Tout d'abord se déroulant essentiellement vers le cercle polaire, dans une région du Groenland particulièrement hostile, le roman est dépaysant. Ce dépaysement intervient au niveau du mode de vie des personnages, du peuple autochtone, de leurs coutumes, de leur évolution dans leur environnement soit très clos, la base offrant peu d'intimité, ou à l'opposé dans un désert extrêmement vaste. Les repères sont chamboulés tant pour les personnages que pour le lecteur qui doit oublier ses habitudes d'enquêteur ou d'homme d'action : comment dater la mort avec un cadavre trouvé congelé sur la banquise, fuir en plein blizzard, avoir des moyens de communication limités, ou encore espérer l'intervention de la police au mieux dans les jours à venir.A mon avis, en plus de nous offrir un thriller captivant, Sonja Delzongle profite de ce roman pour passer deux messages. Le premier est de rendre hommage à la mère des romans policiers, Agatha Christie, en reprenant le principe des 10 petits nègres, ou après les personnages de la mission scientifique disparaissent les uns après les autres. Ensuite, de passer un message écologique fort en dénonçant certaines actions humaines impactant la planète, ou en projetant ses personnages au milieu d'événements météorologiques et géologiques importants témoins du dérèglement climatique.La structuration du roman est particulièrement bien faite, en juxtaposant les actions entre les différents membres de l'équipe scientifique, mais également entre les deux enquêtes "continentale". Une fois passée l'introduction, la présentation des différents personnages et lieux, le rythme du livre monte et ne retombe pas avant la fin du roman.Enfin un petit conseil, si cette chronique vous a plu et que vous décidiez d'acheter ce livre, attendez quelques jours vous pourrez l'avoir au format poche pour un tarif inférieur au prix du livre numérique.

    03/04/2019 à 21:00 5

  • Cinq cartes brûlées

    Sophie Loubière

    8/10 Un thriller psychologique glaçant, déroutant, captivant, révoltant, surprenant. Sophie Loubière sait nous tromper brillamment en jouant avec notre sensibilité et notre révolte face aux harcèlements psychologiques et sexuels subits par l'héroïne pour que nous puissions pas trouver la solution à l’énigme de cette intrigue.

    20/12/2020 à 19:10 5

  • Des clous dans le coeur

    Danielle Thiéry

    8/10 Une petite découverte d'une auteure que je connaissais que de nom et accessoirement rencontré à l'Iris Noir, qui m'a fait l'honneur de me dédicacer ce livre, son œuvre qu'elle me conseilla pour la découvrir.

    Car avant d'être romancière, Danielle Thiéry fût commissaire de police, aussi est-on en droit d'attendre de sa part de ne pas sombrer dans les sempiternels clichés du roman policier et d'apporter une dose de vérité dans les procédures et le mode de fonctionnement des policiers.

    On lui excusera donc un héros fatigué et usé par des années d'enquête, passionné par son métier et la quête de vérité, sans doute pour prendre revanche sur le sort de la vie qui l'a vu priver de sa femme du jour au lendemain. Excuse d'autant facile à donner que l'histoire est très bien construite, très addictive et difficile à lâcher, avec de nombreux personnages.



    Les personnages sont d'ailleurs la force de ce roman, et aussi bien évidemment la solution. Non seulement il y a l'équipe gravitant autour de son commandant, mais une myriade de personnages secondaires viennent étoffer l'histoire; comme dans la vie. Cela  donne plus de crédibilité à l'histoire, mais permet aussi au lecteur de s'attacher à eux.

    L'écriture est parfaite, très fluide, très agréable à lire, bien rythmée.

    Bref un joli livre et une belle découverte d'auteure.

    11/04/2023 à 20:52 5

  • Dompteur d'anges

    Claire Favan

    10/10 Nous connaissions Claire Favan pour des premiers romans très réussis comme Le tueur intime ou Serre-moi fort qui lui a valu la reconnaissance des professionnelles, de salons et de voir son nom connu des amateurs du genre. Mais ici, cher lecteur, que vous alliez chez votre libraire ou sur les réseaux sociaux, vous risquez de voir un commentaire unanime sur ce livre : c’est le thriller de l’année.

    Je dirais même mieux, ce livre est une véritable bombe qui ravira les plus exigeants des amateurs de littérature policière.

    Ce livre est une bombe à fragmentation car ce n’est pas une histoire que nous conte Claire Favan, mais plusieurs qui à elles seules auraient suffit à faire un livre. L’auteur installe son auteur dans une histoire, mais juste au moment où celui-ci se demande comment elle va faire pour tenir son lecteur en haleine le restant des pages, paf, l’histoire prend une nouvelle tournure et repart de plus belle.

    Certains habitués à ce genre de livres à rebondissements pourraient s’attendre à des bifurcations un peu faciles ou à un manque de la structure psychologique des personnages. Dans le cas présent, ce n’est pas le cas, et c’est la raison pour laquelle ce livre sorti en février est certainement le thriller de l’année. Sans vous dévoiler le livre, de part son sujet, la construction de la psychologie des personnages est nécessaire. Elle est bien faite, sans tomber dans un excès de théorie freudienne ou jungienne.

    L’écriture de Claire Favan s’est également améliorée et gagne en qualité : encore plus fluide, mes yeux glissent sur les pages comme des patins sur la glace, les pages défilent. Avec une belle surprise on voit l’auteur employer l’humour, qui plus est à propos d’amis également écrivains (je vous laisse découvrir ces petites pépites).

    Donc une très belle réussite, qui malgré ses 432 pages, ne dure pas assez longtemps tant on est captivé par l’histoire.

    Je ne peux que vous le conseiller, de vous inciter à l’offrir à vos amis, même ceux férus de cette littérature car le seul risque que vous courriez dans ce cas, est que votre ami ne l’ait déjà.

    27/02/2017 à 19:13 5

  • Je t'aime

    Barbara Abel

    9/10 Des 22 livres que j'ai lus cet été, c'est le thriller de Barbara Abel Je t'aime que j'ai préféré.

    Sans dévoiler plus d'informations que ne donne la quatrième couverture, le contenu du livre tourne autour de l'amour et de la vengeance, sentiments contradictoires mais qui vont être complémentaires dans ce livre. On peut alors penser que ce roman va être un thriller psychologique lourd, long, ennuyeux. Les premières pages pourraient faire penser à un roman niaiseux comme diraient nos amis québecois, mais petit à petit Barbara Abel développe la psychologie de ses personnages, ils prennent de l'ampleur, de la complexité et l'on se rend compte que le roman va être tout en nuances.

    La grande force de ce livre est de projeter le lecteur dans le roman. Il va alternativement vivre les aventures des différentes familles. J'avais l'impression d'être à côté des personnages, de partager leurs joies, leurs pleurs, de suivre les hauts et les bas de moral, leurs réflexions. J'étais un nouveau membre de famille, à chaque retournement de situation, pour la moindre progression dans l'enquête, l'histoire me prenait aux tripes.

    Mais attention, si Je t'aime est un thriller psychologique, ce n'est pas uniquement un roman psychologique. La seconde partie du roman va plonger le lecteur dans une sorte de course contre la montre, ses nerfs seront mis à dure épreuve comme pour les personnages du roman. Cette seconde partie est d'autant plus prenante qu'elle est crédible : pas de grands moyens comme dans un roman d'espionnage, pas de poursuite comme dans un roman noir des bas-fonds de la société. Ici ce sont des familles lambda dont la vie est altérée, mise en jeu, conditionnée par celles des autres.

    L'écriture est d'une efficacité redoutable : fluide, incisive, addictive car l'histoire est perpétuellement relancée.

    La seule petite critique que j'aurais à formuler est que, malgré une fin terrible, je trouve l'auteure un peu trop gentille avec ses héros. Elle aurait pu être plus diabolique, plus noire, plus méchante, rendre ses personnages plus pernicieux.

    Bref Barbara Abel maîtrise à la perfection le thriller psychologique qui séduire même ceux qui ne sont pas amateurs du genre. J'aime je t'aime.

    09/09/2018 à 20:32 5

  • Juste après la vague

    Sandrine Collette

    6/10 Fidèle à elle-même, Sandrine Collette amène le suspense dans des endroits où on s'y attend le moins. Après les vignes (Des nœuds d'acier) et la montagne (Six fourmis blanches), elle nous pose sur la mer.

    Tout commence avec un choix cornélien que doit faire un père : délaisser une partie de ses enfants pour embarquer sur une barque afin de sauver une partie de sa famille de la montée de la mer et la submersion inévitable de l'île qu'ils habitaient, en espérant pouvoir revenir chercher ceux qu'il laisse derrière lui.

    Derrière ce roman, Sandrine Collette rend hommage, ou reprend les codes, de classiques comme Sa majesté des mouches de Willima Golding concernant la survie des enfants laissés sur l'île, ou le roman de Raioaoa Tavae Si loin du monde, racontant la dérive d'un polynésien pendant 118 jours. Pour les uns comme pour les autres, c'est une nouvelle vie qui s'ouvre à eux : aller vers de nouvelles terres, ou bien prendre des responsabilités, des décisions.

    Et puis, sous couvert d'un roman à suspense, Sandrine Collette passe un message écologique fort. Le réchauffement climatique impacte des populations entières, les forçant à migrer, fuir leurs terres, parfois en urgence.

    Alors si ce roman n'est pas à proprement parlé un thriller avec beaucoup d'actions ou de courses poursuite, il n'en est pas moins intéressant par son originalité, sa sensibilité et les questions qu'il soulève.

    Enfin, j'ai découvert ce livre au travers de sa version audio : une diction parfaite, une personnalisation de la voix pour chaque personnage, même pour les plus jeunes. On regrettera simplement un léger manque de vitalité.

    29/12/2018 à 22:02 5

  • L'Île du diable

    Nicolas Beuglet

    5/10 Une nouvelle fois Nicolas Beuglet nous entraîne dans une histoire inspirée de faits réels avec un pan de l'histoire stalinienne. Cet aspect inconnu sur lequel très peu de personnes ont publié, est à la fois effrayant et très intéressant de connaître un élément (de plus) des travers et dérives de cette dictature.

    L'histoire est trépidante et se déroulante à 200 à l'heure sous amphétamine, de la première à l'avant dernière page. D'ailleurs il est fortement recommandé d'avoir lu les deux premiers tomes, pour pouvoir embarquer dans cette aventure, car le rappel succinct en prologue du roman ne suffira pas à prendre le train en marche lancé à vive allure.

    Malheureusement, je n'ai pas retrouver les autres qualités des deux premiers romans (Le cri, Complot) de Nicolas Beuglet. L'enquête est (trop) rapidement conduite, les éléments s'enchaînant presque naturellement sans écueil, les caractères des principaux personnages n'évoluent pas, la conclusion de l'enquête et de l'histoire trop rapide, trop convenue et sans grande originalité. Mais ce sont les raccourcis de récit employés par l'auteur qui m'ont le plus dérangés comme les analyses ADN faites sur le lieu du crime en un rien de temps, alors que l'on sait que cela met plusieurs heures voire plusieurs jours.

    Un roman palpitant mais sans grande originalité en dehors des faits réels dont il s'inspire.

    29/09/2019 à 18:25 5

  • L'Inspecteur Sadorski libère Paris

    Romain Slocombe

    8/10 Que dire sur Romain Slocombe que je n'aurais déjà dit avec ces quatre précédents roman de la saga Léon Sadorski ?

    Une fois encore ce roman noir est d'une précision absolue, parfaitement aiguisée. L'auteur nous embarque cette fois-ci dans la libération de Paris et l'on se demande comment cet inspecteur ayant travaillé pour les occupants va s'en sortir.

    Alors certes ce roman est un peu plus dur que les précédents, qu'il reflète une part sombre de l'histoire en dénonçant les résistants de dernière minutes, mais nous sommes totalement happés par ses qualités narratives et nous voilà nous aussi tout excités à l'idée que les américains vont enfin entrer dans Paris.

    06/12/2021 à 20:59 5

  • L'Outsider

    Stephen King

    8/10 Le prix de Meilleur Thriller & Mystère aux GoodReads Choice Awards est amplement mérité par L'outsider.Pour une fois Stephen King nous livre un vrai roman policier, dans lequel l'enquête semble rapidement bouclé, le meurtrier arrêté et les preuves accablantes. Mais le génie de l'auteur est de faire basculer cette certitude dans l'incertitude complète en amenant les preuves de l'innocence complète du suspect. Comment cela est-il possible ? Qui est le vrai meurtrier ? Telles sont les questions  auxquelles les quelques 500 pages suivantes vont tenter de répondre et qui vont rendre fou le lecteur."Chassez le naturel, il revient au galop", aussi avec un auteur qui a pour renommée d'être le maître de l'horreur, que le fantastique va rapidement reprendre les rênes du récit, mais de manière légère, sans grand tralala. Il faudra donc trouver la réponse aux deux questions précédentes de ce côté.Mais, tout comme dans la série de Bill Hodges, la force du livre réside dans la description acerbe de la société américaine, de la morale religieuse, des violences familiales, de l'intolérance, du racisme, du culte de la consommation, de la puissance des média. Dans L'outsider, cet aspect prend une nouvelle dimension : cette critique est à la fois plus poussée, mais avant tout plus subtile, dosée comme pour la composante fantastique.L'outsider est en quelque sorte le roman de la renaissance de Stephen King que nous attendions depuis son accident de moto, où le maître de l'horreur renaît de ses cendres et se transforme en écrivain policier-fantastique averti.

    11/03/2019 à 22:23 5

  • La Part du démon

    Mathieu Lecerf

    8/10 Pour un premier roman (et sans doute le premier d'une trilogie si l'on en croit les rumeurs qui circulent sur le net), c'est un excellent roman.

    Mathieu Lecerf maîtrise déjà parfaitement le rythme d'un roman policier, sans doute ses racines cinématographiques n'y sont pas pour rien. Et sincèrement son roman est préférable au dernier Minier bien plus connu et reconnu dans ce domaine littéraire.


    Ici on découvre des personnages auxquels on s'attache et s'identifie facilement, des personnages qui se s'opposent et se complètent. On est rapidement plongé dans l'intrigue, on cherche ... on trouve ou pas mais le plaisir de la lecture y est présent.

    Un auteur à suivre pour voir s'il saura transformé l'essai.

    02/08/2021 à 21:46 5

  • Le Cramé

    Jacques-Olivier Bosco

    8/10 Décidément, je me dis de plus en plus, que j'ai eu de la chance de découvrir (puis de recommander) cet auteur l'an passé au travers de son dernier roman Brutale (depuis est paru Coupable). Car si je suis tombé sous le charme de son 7ème roman, on pourrait être en droit d'être déçu de son second roman Le cramé.

    Que nenni !

    Car déjà Le cramé a tous les ingrédients qui m'ont séduit chez son petit frère : actions, violence, intrigue, humour, véracité. Sur ce dernier point, l'auteur prend un malin plaisir à situer son action en région parisienne, sa région natale. Autant vous dire que les lieux sont tels qu'ils sont racontés.

    Certes la cocasserie de l'histoire (le flic obligé d'infiltrer la police pour découvrir la personne qui l'a balancé) n'est pas originale mais elle prend toute sa saveur de la part d'un brigan intègre qui tient promesse et qui ne devra pas prendre son rôle à la légère pour la tenir.

    On sent chez l’auteur cette culture issue du cinéma américain et hongkongais : Gosta et les flics tombés inopinément sous ses ordres se récitent des répliques du Parrain, culture commune aux flics et aux truands.

    Même si le style est un peu moins efficace que dans ses derniers romans, Jacques-Olivier Bosco nous offre un roman fluide, bien structuré : les pages se tournent aussi rapidement que les voitures des truands filent sur les autoroutes.

    Enfin, on ne peut s'empêcher de voir dans le rôle d'Angelie, la fliquette survitaminée, une ébauche de Lise la policière aux méthodes expéditives de Brutale.

    11/03/2018 à 21:03 5

  • Le Tricycle Rouge

    Vincent Hauuy

    8/10 Comment parler de ce roman sans en divulguer l'intrigue ?Je crois que c'est tout simplement impossible, aussi ne vais-je pas présenter l'histoire plus que ce que le fait la quatrième de couverture. Cependant, je peux ajouter qu'en lecteur averti on devine quelque peu la fin, mais que la qualité d'écriture de Vincent Hauuy permet de garder le suspense jusqu'au bout de l'histoire, et de ne donner les explications que tout à la fin.L'histoire est soutenue par des personnages forts, mystérieux, qui se dévoilent et se découvrent au fur et à mesure de l'investigation. Du fait de leur passé et de leur aventure respectifs, leur psychologie est différente, complexe, interrogative; sans pour autant rendre ce thriller psychologique.Tant les actions que les rebondissements jalonnent ce roman; et avec la fluidité d'écriture, les pages défilent sans jamais lasser le lecteur.Un point qui m'a quelque peu perturbé : l'auteur, à propos de Noah, fait de nombreuses allusions à des enquêtes passées. Or je ne savais pas si ce roman faisait partie d'une série (infirmation de ce point après quelques recherches) ou si cela faisait partie intégrante du roman pour renforcer le personnage.Seul point négatif, mais qui est très personnel, est l'accumulation des personnages dont certains avec des noms d'emprunt. Aussi, soit vous lisez Le tricycle rouge en très peu de temps et d'interruptions et vous pourrez vous souvenirs de qui est qui, soit vous avez un très bonne mémoire des noms, soit vous vous munissez d'un petit papier pour combler la déficience de vos neurones.

    05/05/2019 à 20:51 5