QuoiLire

376 votes

  • Travail soigné

    Pierre Lemaitre

    8/10 Quelle belle histoire, quel bel hommage à la littérature policière que Travail soigné !

    Sous couvert d'une intrigue policière, Pierre Lemaitre, pour son premier roman policier, veut rendre hommage à cette littérature, considérée moins noble mais qui rencontre un succès grandissant en France; et aux auteurs qui l'ont séduit et laissé des souvenirs de bons moments de lecture. L'histoire est originale, même si l'enquête est des plus classiques; où les personnages ont du corps et de la personnalité.

    La prose de Lemaitre amène une grande fluidité au récit, le lecteur s'installe très rapidement et confortablement dans l'histoire. Les pages défilent, les minutes s'écoulent, les morts s'accumulent. Bref, on passe un très bon moment dnas les mains de Camille Verhoeven, ce flic à la sensibilité d'artiste (serait-ce une projection de l'auteur ?).

    Concernant l'aspect audio de l’œuvre, c'est une pure merveille : Jacques Franz (la voix française de De Niro) est parfait pour cette tâche. Dès les premières secondes, l'intonation grave de sa voix pose le roman et annonce de suite que l'histoire qui va nous être conté n'est pas drôle, qu'il va y avoir du lourd. En bon acteur, il joue parfaitement avec sa voix pour nous vivre les moments forts de l'histoire, les sentiments des personnages. De plus sa diction est parfaitement ce qui m'a permis d'écouter complètement et parfaitement l'histoire en voiture.

    Petit plus pour ceux qui découvriront ce livre dans sa version audio, une interview de Pierre Lemaitre sur Travail soigné et plus globalement sur son travail est proposée en bonus.

    15/11/2016 à 21:11 7

  • Le Loup peint

    Jacques Saussey

    9/10 Je ne connaissais pas cet auteur et c'est une très belle découverte. Le loup peint est son dernier roman et on remarque tout de suite une certaine maîtrise de la trame romanesque, du maintien du suspense, des revirements et des coups de théâtre. Si la structure est maîtrisée, la fluidité de l'écriture l'est également. La lecture de ce livre coule sans peine et se transforme rapidement en un très bon moment de détente.

    Ensuite l'histoire est également excellente. Elle s'inscrit dans la lignée de Catch 22, ce roman horrible où le héros, quoi qu'il fasse pour résoudre un problème, fait face à de plus en plus de soucis de gravité grandissante. Une histoire improbable, mais tellement improbable qu'elle pourrait être vraie. Les personnages sont tellement bien dépeints que l'on prend pitié du héros, on aimerait l'aider, le conseiller, hurler pour ne pas aller quelque part. Bref, le lecteur voit défiler non seulement les pages mais l'action devant ses yeux un peu comme au cinéma.

    Enfin, comme vous l'aurez remarqué dans l'extrait ci-dessus, l'auteur ne manque pas d'humour et n'oublie pas de faire des clins d’œil à ses pères.

    Un très bon roman qui nous fait dire que nous croiserons une prochaine fois cet auteur dans nos lectures.

    13/11/2016 à 20:56 2

  • Le Lagon noir

    Arnaldur Indridason

    2/10 Comment dire ?

    Arnaldur Indridasonest l’Agatha Christie du XXIème siècle.

    Si à la première lecture, l’auteur pourrait prendre cela pour un compliment, il n’en est rien. Ce roman est d’une lenteur effrayante, une sorte de Columbo sous Valium. Est-ce le mode de vie des islandais qui veut cela ? Je ne sais pas, mais mon expérience de lecteur m’a poussé à parcourir le texte en diagonales afin que j’y trouve un certain confort de lecture et sauter les multiples répétitions dans le récit.

    On ne peut pas parler d’intrigue, tout juste d’une trame qui permet à l’auteur de présenter l’Islande. Car au final, le véritable personnage de ce livre est le pays. A de nombreuses reprises, l’auteur nous parle des habitudes de son pays, comme le fait d’employer le prénom et non pas le nom d’un habitant, de l’histoire de ce pays du nord de l’Europe, mais aussi de sa géographie.

    Bref, je ne conseillerais pas ce livre aux amateurs de romans policiers, encore moins à ceux de thrillers, mais plutôt aux futurs touristes en Islande qui désire avoir un autre regard sur ce pays.

    13/11/2016 à 20:30

  • Une Offrande à la tempête

    Dolores Redondo

    8/10 Fidèle à elle-même, Dolores Redondo reprend la formule et les ingrédients qui ont fait le succès de son premier opus L'homme invisible. Derrière l'intrigue policière la mythologie et les traditions basques espagnoles motivent assassins et bercent la vie des habitants. Mais comme dans chacun de ses romans, elle fait appel à un nouveau mythe mais toujours en adéquation avec l'enquête qu'elle mène.

    Seuls les lecteurs de la première heure ayant profité des joies de la lecture de L'homme invisible et de De chair et d'os pourront comprendre et suivre l'histoire et les conflits familiaux de l'inspectrice Amaia Salazar,

    Cette fois-ci, les rebondissements et les scènes d'action s'enchaînent à un rythme plus soutenu et le lecteur aura peu de temps pour réfléchir et mener sa propre enquête. Cette enquête sera d'autant plus compliquée pour le lecteur qu'il devra assimiler les nombreux protagonistes dans cette nouvelle affaire, même si la solution est un peu trop évidente à mon goût. C'est d'ailleurs le seul point négatif de ce roman.

    Un livre qui ravira les lecteurs fidèles à Dolores Rodondo et qui devrait inciter les autres à se mettre à la lecture de la saga de l'inspectrice Amaia Salazar,

    05/11/2016 à 22:11 5

  • Le Cri

    Nicolas Beuglet

    9/10 A peine le livre terminé et refermé, la première impression que laisse ce livre est la densité. Densité du sujet, densité des actions.

    Car si le livre démarre sur un banal décès, l’héroïne va rapidement entraîner le lecteur dans une course folle contre la montre. Course folle qui ne lui laissera guère le temps de se reposer et au lecteur d’occasion de refermer temporairement le livre. Donc vous êtes prévenu, vous savez quand vous aller ouvrir le livre mais pas quand vous allez le refermer… à moins de ne l’avoir terminé d’une traite.

    Densité du sujet, car si le thème du livre peut paraître quelque peu fantasque, l’auteur nous révèle en fin de livre que son histoire est basée sur des faits réels et que seule son imagination n’a fait que les extrapoler pour en dresser le contexte ultime du roman. Cependant l’auteur sait expliquer simplement les différents sujets scientifiques (psychologiques et physiques) abordés pour que tout chaque lecteur puisse comprendre le concept et l’étendu de leur signification.

    Malheureusement, comme tout premier livre (en fait c’est le second livre de Nicolas Beuglet), celui-ci a quelques défauts de jeunesse.

    On remarque ainsi quelques erreurs temporelles comme le passage à la banque. Il est indiqué que celle-ci ferme à 19h, que les héros font un rapide point à leur sortie de cette banque et qu’ils quittent les lieux vers minuit.

    Et puis il y a le syndrome Jack Bauer, le héros de 24h chrono : omniprésence du téléphone mobile qui fonctionne tout le temps, sans jamais être rechargé, qui capte dans tous les pays, dans les zones les plus reculées et inhospitalières, sur terre comme sous terre, même dans des zones militaires ultra-sécurisés. Franchement il faudrait qu’un jour on me donne les références du modèle du téléphone mobile et de l’abonnement, car personnellement dès que je vais un peu à la campagne, je n’ai plus que les appels d’urgence disponibles.

    Cependant le roman est bien construit, la psychologie et le passé des personnages sont dévoilés au compte-goutte tout au long de l’histoire. On aurait aimé avoir un certain équilibre dans les défauts entre personnages, Christopher apparaissant un peu trop parfait.

    Un très bon roman écrit par un auteur à la plume efficace dont il faudra suivre les prochaines publications.

    01/11/2016 à 20:06 2

  • L'Affaire Léon Sadorski

    Romain Slocombe

    8/10 Lire L’affaire Léon Sardorski n’est pas à proprement parler lire un thriller. Romain Slocombe dresse plutôt une analyse du rôle de la police parisienne pendant l’occupation allemande. Mais, alors qu’il pourrait tomber dans la facilité de présenter un flic acquis à la cause allemande, l’auteur nous relate la biographie d’un policier qui, bien que participant à l’effort de la traque juive, se retrouve malgré lui de l’autre coté. On aurait presque pitié pour lui si l’on ne connaissait pas déjà ses résultats au service des RG.

    La force de ce livre est de nous présenter cette authentique biographie, étayée, renseignée, de rappeler les années noires de la France sous couvert d’un roman noir. L’écriture est bien ciselée, le rythme agréable, ni trop rapide, ni trop lent. L’auteur saupoudre son roman de quelques périodes d’action pour donner du nerf à son récit. Le style de l’auteur et les sujets contés par celui-ci ont évolué depuis sa tétralogie La Crucifixion en jaune et ont atteint une certaine maturité fort agréable.

    Un roman à lire qui mérite amplement le Goncourt 2016.

    25/10/2016 à 21:07 7

  • Juste une ombre

    Karine Giebel

    8/10 Karine Giebel nous offre un très grand thriller psychologique. Alors que je ne suis pas adepte de ce genre de romans, je suis littéralement tombé sous le charme de la narration, de l'intrigue, de toute l'ingéniosité du harceleur pour faire tomber sa proie.

    Pour ce qui est de l'intrigue, les amateurs d'énigmes policières trouveront l'identité du harceleur assez facilement. Cependant je les rassure car l'intérêt du livre et son suspense du livre ne tournent pas autour de ce point mais bien plus sur la montée du plan machiavélique. Nous sommes les témoins d'un jeu du chat et de la souris particulièrement pernicieux où nous suivons la dégradation mentale de la victime, ses interrogations, sa lutte désespérée.

    Et contrairement au Purgatoire des Innocents point de descriptions gores, de sévices minutieusement détaillés, l'auteure sait faire vibrer son lecteur d'une autre façon beaucoup plus intelligente.

    Je ne m'éterniserai pas sur les qualités d'écriture de Karine Giebel qui sont toujours aussi impeccables pour ce genre de romans : précis, direct, où les actions et petits rebondissements arrivent régulièrement pour tenir le lecteur en haleine.

    Un roman qui vous teindra aux tripes !

    10/10/2016 à 21:48 4

  • Le Requiem des abysses

    Maxime Chattam

    8/10 Dans ce livre, le héros abandonne temporairement la folie de la vie parisienne, pour la campagne. Je laisse le lecteur découvrir le lieu de cette campagne, et pour les non-parisiens, je ne peux que vous conseiller de vous armer d’une carte de (l’ile de) France pour positionner cette ville ce village dans lequel reprend l’histoire. Encore emprunts de superstition, tradition et religion, les paysans doivent faire face à des événements monstrueux que même des contemporains ne sont pas préparés à rencontrer.

    Bien sûr, rebondissements, indices et amours alternent l’histoire qui n’est jamais lassante et ne tourne jamais au ralenti malgré ces quintuple centaines de page.

    Enfin, vous pourrez mener l’enquête, deviner qui se cache derrière tous ces meurtres. Donc aux amateurs de lecture à énigmes, l’auteur vous donne tous les éléments. Je vais vous faire une confidence : en lisant le premier tome, j’étais arrivé à découvrir l’auteur des méfaits du second livre. Car vous vous en doutez bien, le tome 2 étant la poursuite du tome 1, il y avait de fortes chances pour que le vrai meurtrier ne fut pas arrêté alors. Cela m’a rassuré de voir que mes déductions étaient les bonnes et que je ne m’étais pas fourvoyé dans une mauvaise piste.

    Bien sûr, tout comme le premier tome, et comme pour tous les livres de Maxim Chattam, l’écriture est impeccable, fluide. C’est un véritable plaisir pour le lecteur qui se projettera très rapidement dans cet univers particulier du début du siècle dernier.

    01/10/2016 à 21:40 4

  • Léviatemps

    Maxime Chattam

    8/10 Cela faisait un moment que j'avais envie de lire ce livre. Depuis que j'avais vu la version poche en édition limitée, regroupant les deux tomes du diptyque séparés par des photographies du Paris du début du XXème siècle, je m'étais dit qu'il fallait que je l'inscrive dans mes lectures estivales.

    Chose dite, chose faite cet été.

    Je ne peux que conseiller aux futurs lecteurs de prévoir du temps pour se consacrer à ces romans, car ils font leur poids sur la balance: et une fois lancé dans leur lecture, vous ne pourrez pas les lâcher. Maxime Chattam a eu la bonne idée de reprendre les méthodes des thrillers en les confrontant aux contraintes de l'époque : la médecine légale et la police scientifique balbutiantes, les modes oubliées (les maisons de joie), la vitesse du monde (le métro vient d'être inauguré).

    Et une fois n'est pas coutume, un personnage original s'impose dans cette histoire : Paris; la ville lumière du début du siècle; celui que plus personne ne connaît : la mégalopole n'existe pas encore, les quartiers de Bellevile sont des bidonvilles malfamés où la lie de la société sévit.

    L'auteur prend également un malin plaisir à reprendre les caractéristiques du roman policier du temps de Sir Arthur Conan Doyle mais dans un rythme de page turn : enquêteur faisant travailler ses petites cellules grises affublé de plusieurs assistants aux personnalités variées mais complémentaires, enquête de voisinage, documentation, mais avec des meurtres habilement disposées qui donnent régulièrement un petit coup de fouet à l'histoire.
    Un bon moment de lecture qui dépaysera même les parisiens endurcis.

    30/09/2016 à 21:00 2

  • Serre-moi fort

    Claire Favan

    9/10 Je ne me lancerais pas dans le résumé du livre car ce serait vous dévoiler les multiples rebondissements que Claire Favan a mis dans ce livre.

    Alors que le livre commence tranquillement, semble-t-il dans un thriller de disparition, la première claque arrive au premier tiers du livre. Comme ses personnages dans l’histoire qu’elle nous conte, Claire Favan se joue de son lecteur, elle le mène par le bout du nez. Elle le laisse s’installer confortablement dans l’histoire, lui fait croire que bien que soutenue, l’histoire est toute tracée. Mais ce n’est pas le cas, la route prend un méchant virage à 90 degrés. Le lecteur doit alors faire face à une nouvelle histoire.

    Chapeau Madame.

    Souvent ce genre de revirement n’arrive qu’en fin de livre en guise de conclusion, d’effet final. Ici, l’auteure montre toutes ses qualités de conteuses en le faisant plusieurs fois, à des degrés divers. Le lecteur est surpris, malmené… mais il aime cela.

    Son style est impeccable avec un parfait dosage entre histoire, présentation des personnages, de leur psychologie, du monde dans lequel ils évoluent.

    Un seul défaut, c’est trop court pour nous :: 384 sur un été à plus de 5000 pages lues, tout juste une histoire de transition entre deux pavés.

    19/09/2016 à 21:45 3

  • Le Calice jusqu'à la lie

    Jérôme Camut, Nathalie Hug

    6/10 Même si la lutte contre une organisation du commerce sexe est toujours la trame du fond, les personnages doivent aussi lutter et investiguer sur eux-mêmes ou sur leurs comparses.La psychologie des personnages est donc un élément majeur de ce tome. Et le moins que l’on puisse dire est que les auteurs se sont amusés à propulser chaque personnage dans une situation particulière pour voir son évolution psychologique propre.

    Si l’action, l’humour et la profondeur des personnages sont toujours les ingrédients de ce thriller mené tambour battant, certains lecteurs peuvent être rebutés par la multitude des personnages. Chaque nouvelle histoire amène son lot de personnages et le lecteur devra soit avoir une très bonne mémoire pour suivre les différentes histoires soit se constituer un petit mémo pour savoir qui fait quoi et où. Mais si cela pourrait constitué un inconvénient dans un roman « standard », ce n’est pas le cas dans ce roman est ces 750 pages.

    Alors pourquoi faire une critique commune avec le tome 3 ?

    Tout simplement parce que, tout comme vous avec eu du mal à ne pas vous jeter sur le deuxième tome après avoir lu le premier, vous aurez toutes les difficultés à résister à vous lancer dans la lecture du troisième à peine le deuxième tome refermé.

    Malheureusement j’ai envie de dire, le troisième tome n’est pas au même niveau que ses deux prédécesseurs.

    Certes il y a toujours de l’action, mais là où nous apprécions le côté thriller mêlé d’actions et d’enquêtes dans les deux premiers volumes, cet opus s’oriente plus vers un roman d’espionnage teinté de romantisme. Une sorte de James Bond moderne qui ne laissera pas toutefois les lecteurs indifférents. Ils seront rapidement emportés dans de nouvelles aventures, dans de nouveaux pays, avec de nouveaux personnages.

    Dans les deux cas, l’écriture est toujours aussi fluide et agréable à lire; mais on ne peut s’empêcher de remarquer deux styles légèrement différents dès l’instant où l’histoire porte sur de l’action ou sur des instants de réflexion et de vie des personnages.

    11/09/2016 à 21:21 3

  • Le Mal par le mal

    Jérôme Camut, Nathalie Hug

    8/10 Même si la lutte contre une organisation du commerce sexe est toujours la trame du fond, les personnages doivent aussi lutter et investiguer sur eux-mêmes ou sur leurs comparses.La psychologie des personnages est donc un élément majeur de ce tome. Et le moins que l’on puisse dire est que les auteurs se sont amusés à propulser chaque personnage dans une situation particulière pour voir son évolution psychologique propre.

    Si l’action, l’humour et la profondeur des personnages sont toujours les ingrédients de ce thriller mené tambour battant, certains lecteurs peuvent être rebutés par la multitude des personnages. Chaque nouvelle histoire amène son lot de personnages et le lecteur devra soit avoir une très bonne mémoire pour suivre les différentes histoires soit se constituer un petit mémo pour savoir qui fait quoi et où. Mais si cela pourrait constitué un inconvénient dans un roman « standard », ce n’est pas le cas dans ce roman est ces 750 pages.

    Alors pourquoi faire une critique commune avec le tome 3 ?

    Tout simplement parce que, tout comme vous avec eu du mal à ne pas vous jeter sur le deuxième tome après avoir lu le premier, vous aurez toutes les difficultés à résister à vous lancer dans la lecture du troisième à peine le deuxième tome refermé.

    Malheureusement j’ai envie de dire, le troisième tome n’est pas au même niveau que ses deux prédécesseurs.

    Certes il y a toujours de l’action, mais là où nous apprécions le côté thriller mêlé d’actions et d’enquêtes dans les deux premiers volumes, cet opus s’oriente plus vers un roman d’espionnage teinté de romantisme. Une sorte de James Bond moderne qui ne laissera pas toutefois les lecteurs indifférents. Ils seront rapidement emportés dans de nouvelles aventures, dans de nouveaux pays, avec de nouveaux personnages.

    Dans les deux cas, l’écriture est toujours aussi fluide et agréable à lire; mais on ne peut s’empêcher de remarquer deux styles légèrement différents dès l’instant où l’histoire porte sur de l’action ou sur des instants de réflexion et de vie des personnages.

    11/09/2016 à 21:11 2

  • La Dernière Nuit à Tremore Beach

    Mikel Santiago

    5/10 De nombreuses critiques présentent Mikel Santiago comme le Stephen King espagnol. Si cet auteur n'a pas la maestria du roi de l'horreur, on trouve néanmoins quelque éléments qui permettent de justifier ce surnom.

    Tout d'abord, le récit laisse la part belle à la mise en situation : la vie de la localité, le passé du personnage principal, son état d'âme et sa psychologie, sont installés progressivement avant d'amener l'événement qui va rompre le cours de la vie. L'auteur y va par touches successives, un peu de psychologie, puis un peu de passé, une pointe de vie locale. L'auteur est avec nous, comme avec une grenouille dans une casserole. Il monte progressivement la température pour nous amener le doute dans l'esprit du héros, et parallèlement dans celle du lecteur.

    Car le doute est bien le sujet principal du livre : est-ce que l'événement naturel dont est victime le héros l'a rendu fou, ou est-il victime de précognition, ou est-ce que ses voisins complotent d'une manière ou une autre contre sa vie et à quelle fin ? Et en bon lecteur amateur d'enquêtes nous pouvons pousser les hypothèses un peu plus loin : ne serait-ce pas éventuellement une trouble d'origine extra-terrestre ?

    Bref si l'auteur est souvent comparé à Stephen King, nous dirions qu'il est plutôt dans le veine de David Lynch qui adore le mélange entre le réel, le vécu, le rêvé, le fantasmé. On aurait peut-être aimé plus de folie, plus d'événements extraordinaires qui viennent altérer la vie du héros.

    Si le livre n'est pas un modèle de vivacité dans sa trame, le style littéraire de Mikel Santiago est facile à lire, d'une grande fluidité, sans détails alambiqués et donc très agréable.

    07/09/2016 à 21:03 2

  • Captifs

    Kevin Brooks

    5/10 Déjà je trouve que la couverture de ce livre qui résume à mon sens assez bien la quatrième de couverture : une souris enfermée dans un labyrinthe dont on se demande si elle va trouver la sortie. Cela ne peut nous mener qu’à deux hypothèses : soit le livre va se livrer à une lutte pour trouver la sortie, soit cette énigme est le fruit d’une expérience….. à moins que ce ne soit les deux en même temps.

    Si sur le principe cela nous fait penser à certains autres livres à succès du genre comme Battle Royal ou Hunger Games, ou des films d’horreur comme Saw, auquel l’auteur fait lui même référence au travers de l’analyse de la situation par l’un de ses personnages, ce livre fait la part belle à la psychologie des personnages, de l’évolution de leur (dés)espoir, plus qu’à l’action, le stress, ou aux épreuves que le maître du jeu fait subir à ses prisonniers.

    Le lecteur se projettera rapidement dans la situation d’autant plus vite que le roman est écrit à la manière d’un journal intime, et fera en quelque sorte équipe avec ce personnage. Avec lui, nous partageons ses craintes et interrogations sur les raisons de cet emprisonnement, sur les moyens et stratagèmes pour s’en sortir.

    L’écriture est simple et efficace, très fluide à lire, ce qui en fait un bon petit livre qui constitue un très bon intermédiaire entre deux livres au suspense plus marqué.

    13/06/2016 à 22:03 2

  • Niceville

    Carsten Stroud

    5/10 Niceville se place résolument dans la tradition d’un genre littéraire dont nous sommes guère familier à savoir le southern gothic. La clé du genre est un (le) mal qui s’insinue dans le quotidien des citoyens et qui pourrit les bases de cette communauté dont l’histoire est entachée de violence et de drame. L’originalité de Carsten Stroud est de mêler l’aspect roman noir de ce genre littéraire avec le fantastique : en plus de la méchanceté humaine, les esprits d’outre-monde vont également venir frapper et se venger sur la population.

    Mais je dois avouer qu’une fois cette originalité, le roman m’a paru quelque peu basique, voire fade. Certes il y a de la violence, des complots, mais comme dans bon nombre de romans. Qui plus est l’auteur ne cache pas l’identité des « méchants » alors que cela aurait pu constituer une petite surprise. La multiplicité des personnages rend complexe le suivi des histoires et en place d’une carte de la ville qui n’est guère utile, j’aurais préféré un arbre généalogique ou une liste rappelant la qualité des personnages.

    Et puis il faut bien le reconnaître, si la dualité southern gothic-fantastique est originale, le roman n’est ni un vrai roman noir ni un vrai roman fantastique. On reste un peu sur notre fin d’actions et de violences pour le premier, et le fantastique du second est vraiment minimum voire limite caricatural. L’écriture de Carsten Stourd est d’ailleurs très différente en fonction de la nature du chapitre : si elle est brute et hachée pour le southen gothic, elle est beaucoup plus élaborée et fluide dans le cas du fantastique, au point que l’on serait à même à se demander si Carsten Stroud n’est pas un nom d’emprunt pour un quatre-mais.

    Donc au final, je suis à moitié conquis par ce roman. J’aimerais bien connaître le devenir de tous ces personnages, mais dans un livre plus rythmé l’exploitation des deux genres littéraires serait beaucoup aboutie. Dans le même genre, j’ai largement préféré la série du Bourbon Kid, plus enjoué, plus rythmé où l’on voit les personnages évoluer; avec un humour noir supplémentaire bien agréable.

    12/06/2016 à 21:03

  • Soleil de nuit

    Jo Nesbo

    5/10 Comme si l’auteur voulait marquer fermement son éloignement avec son personnage mythique, Harry Hole, Joe Nesbo positionne son récit en plein Nord, au-delà du cercle arctique, là où la vie se fait rare mais où le soleil est permanent en été. La vie est autrement rythmée, beaucoup plus calmement, marquée par la nature. Et le roman suit ce rythme.Cela nous permet de découvrir les habitants de ces régions, leurs coutumes, l’empreinte de la religion et des différentes confréries.

    Aussi cher lecteur, si vous êtes habitués aux romans vifs et relevés de Jo Nesob dans les bas fonds d’Oslo, vous serez dépaysés ou déçus. En effet, le Soleil de nuit n’est pas un Jo Nesbo comme les autres. Beaucoup plus calme, beaucoup plus tourné vers les relations humaines, l’auteur prend le temps de développer la psychologie des personnages et les relations affectives de ses personnages. Par moment, le récit prend des allures de roman Harlequin.

    Au final, Jo Nesbo nous livre un roman noir à l’eau de rose. Original de la part de Jo Nesbo, mais avouons-le, on préfère tout de même les Harry Hole

    07/06/2016 à 21:45 2

  • Carnets noirs

    Stephen King

    5/10 Si les Carnets noirs sont la suite de Mr Mercedes, sachez que si vous n’avez pas lu le premier tome, rien ne vous empêche de lire le second. Les deux aventures sont indépendantes, cependant sachez que la lecture de ce second tome vous dévoilera les principaux éléments du premier tome. On retrouve donc les principaux personnages (l’ex-inspecteur, Jerome l’étudiant geek, …) mais uniquement dans la seconde partie du livre. Stephen King laisse le temps d’installer l’histoire de ce second tome avant de le relier à des éléments du premier.

    Concernant l’histoire, on ne peut pas dire que cela soit un grand thriller, et que cela est même décevant de la part de Stephen King. Non, l’intérêt de ce livre tient plus à un thème qui nous est cher : le rapport du lecteur aux livres, à son auteur favori et plus particulièrement à son livre fétiche. En cela les Carnets noirs ont de commun avec Misery la passion, la folie, d’un lecteur avec son auteur favori, ce qui constitue l’amorce du livre. Et, sans aucune certitude, je pense que l’auteur se confie à nous et nous fait partager l’origine de sa vocation littéraire en listant les grands romans ou héros de littérature.

    Enfin, pour les amateurs de livres numériques, méfiez-vous de la version numérique du livre. Je ne sais pas si c’est ma version d’epub, mais toujours est-il que j’ai le problème sur mes deux liseuses (une Nook Simple Touch et une Kobo H20): ironie du nom du livre, mais le texte apparaît en gris la plupart du temps, pour passer au noir dans quelques paragraphes. La lecture n’est donc pas des plus agréables même avec une liseuse rétro-éclairée.

    31/05/2016 à 21:24 3

  • Le Sourire des pendus

    Jérôme Camut, Nathalie Hug

    9/10 Ce Sourire des pendus est mon premier livre de Jérôme Camut et Nathalie Hug; et je dois avouer que c'est une véritable et bonne découverte. En témoigne l’achat de

    Pourquoi une si bonne impression ?

    Pour plusieurs raisons, mais avant pour la fluidité de l'écriture et le rythme du livre qui font passer ce gros pavé comme une lettre à la poste (même si l'expression est quelque peu galvaudée de nos jours). Le lecteur est rapidement plongé dans l'ambiance, se prend de sympathie pour les différents protagonistes dont il aime découvrir leur passé et leur psychologie au fil des pages.

    Mais c'est également une histoire, bien structurée, avec de multiples rebondissements, qui aborde il semblerait le sujet à la mode : le marché de l'esclavage sexuel que nous avons déjà rencontré dans Hell.com de Patrick Sénécal.Bien que quelques passages puissent être durs pour les lecteurs les plus sensibles, les sévices ne sont pas aussi détaillés ni nombreux que chez Sénécal,

    On pourrait seulement reprocher aux auteurs de multiplier les personnages et les histoires parallèles, qui apportent chacune leurs pierres à l’édifice, mais qui perdront les lecteurs qui se consacrent épisodiquement au livre.

    Enfin, même si l'on note une similitude frappante dans le concept entre W3 et Millenium comme media d'alerte, et la composition de l'équipe rédactionnel (le journaliste, le geek), la comparaison s'arrête à ce niveau et le lecteur n'a à aucun moment l'impression d'avoir un déjà-lu devan lui.

    C'est avec une réelle impatience que j'attends de connaître la suite des aventures de

    30/05/2016 à 21:30 7

  • Hell.com

    Patrick Senécal

    9/10 Souvent Patrick Sénécal est comparé à Stephen King, et je dois dire que pour une fois la comparaison n’est pas usurpée ou purement commerciale. On y retrouve les mêmes ingrédients : une écriture fluide qui plonge instantanément le lecteur dans l’histoire, le retour à nos peurs primales, basiques mais partagées de tous et de toutes. C’est le point fort de l’auteur car il cuisine son lecteur un peu comme la grenouille dans la casserole d’eau bouillante : horreur, tortures et autres sévices deviennent de plus en plus dures, profondes voire insoutenables à lire. Même si cela reste par moment difficile à lire, certains passages sont tout juste soutenables, la progression au sein du livre fait qu’elle ne heurte pas le lecteur d’entrée. Cependant, certains lecteurs seront tentés d’abandonner la lecture de Hell.com dégoûter par les mises en scène effroyables. Aussi pour ne pas perdre une bonne histoire, je ne peux que leur conseiller de sauter quelques pages, la dernière moitié du livre est beaucoup plus accessible.

    Si l’écriture est fluide, il n’en reste pas moins que l’auteur ne reprend pas le schéma commun des page-turns actuels. Point d’histoire(s) en parallèle, nous suivons intégralement l’histoire de Daniel Saul, un peu comme si nous voyions notre propre histoire (un cauchemar) relatée dans ce livre. Car finalement c’est un peu ce que désire l’auteur, c’est que nous prenions conscience, qu’à une toute autre échelle, nous avons tous un peu de Daniel Saul en nous, et que ce qui lui arrive, pourrait très bien nous arriver.

    Si Patrick Sénécal et son Hell.com nous fait penser à Stephen King et Dr. Sleep, Chuck Palahiniuk et son Fight Club, ou Breat Eaton Ellis et son American Psycho, il n’en reste pas moins original avec son style propre.

    21/05/2016 à 15:00 3

  • X

    J. J. Connolly

    5/10 Certes certains media ont encensé ce livre en le présentant comme un témoignage des us et coutumes des gros bonnets du deal de stupéfiants. Alors oui, on partage la vie, ou plutôt les mésaventures de certains d’entre eux, mais on ne peut pas dire que l’on apprenne grand chose dans leurs trucs et astuces pour véhiculer, cacher ou refourguer de la came. Car en fin de compte à quoi se résume la vie d’un caïd de la drogue : faire son travail en étant connu des gens de son milieu mais pas des policiers, et étendre son empire pour gagner plus.

    On trouvera cependant un certain plaisir à lire ce X ne serait-ce que par son humour bien anglais qui nous fait penser à The snap ou The full monty. On se contentera donc des quiproquos, rebondissements, mésaventures et autres péripéties que l’auteur a le plaisir à faire subir à ses personnages.

    Donc si je ne vous ai pas convaincu de lire X peut-être vous laisserez vous tenter par le visionnage du film inspiré du livre : Layer Cake avec Daniel Craig/ Soit dit en passant le film est sorti en 2004, soit près de 11 ans avant le livre en français.

    20/05/2016 à 22:01 2