QuoiLire

342 votes

  • Dompteur d'anges

    Claire Favan

    10/10 Nous connaissions Claire Favan pour des premiers romans très réussis comme Le tueur intime ou Serre-moi fort qui lui a valu la reconnaissance des professionnelles, de salons et de voir son nom connu des amateurs du genre. Mais ici, cher lecteur, que vous alliez chez votre libraire ou sur les réseaux sociaux, vous risquez de voir un commentaire unanime sur ce livre : c’est le thriller de l’année.

    Je dirais même mieux, ce livre est une véritable bombe qui ravira les plus exigeants des amateurs de littérature policière.

    Ce livre est une bombe à fragmentation car ce n’est pas une histoire que nous conte Claire Favan, mais plusieurs qui à elles seules auraient suffit à faire un livre. L’auteur installe son auteur dans une histoire, mais juste au moment où celui-ci se demande comment elle va faire pour tenir son lecteur en haleine le restant des pages, paf, l’histoire prend une nouvelle tournure et repart de plus belle.

    Certains habitués à ce genre de livres à rebondissements pourraient s’attendre à des bifurcations un peu faciles ou à un manque de la structure psychologique des personnages. Dans le cas présent, ce n’est pas le cas, et c’est la raison pour laquelle ce livre sorti en février est certainement le thriller de l’année. Sans vous dévoiler le livre, de part son sujet, la construction de la psychologie des personnages est nécessaire. Elle est bien faite, sans tomber dans un excès de théorie freudienne ou jungienne.

    L’écriture de Claire Favan s’est également améliorée et gagne en qualité : encore plus fluide, mes yeux glissent sur les pages comme des patins sur la glace, les pages défilent. Avec une belle surprise on voit l’auteur employer l’humour, qui plus est à propos d’amis également écrivains (je vous laisse découvrir ces petites pépites).

    Donc une très belle réussite, qui malgré ses 432 pages, ne dure pas assez longtemps tant on est captivé par l’histoire.

    Je ne peux que vous le conseiller, de vous inciter à l’offrir à vos amis, même ceux férus de cette littérature car le seul risque que vous courriez dans ce cas, est que votre ami ne l’ait déjà.

    27/02/2017 à 19:13 5

  • Le Cheptel

    Céline Denjean

    10/10 Le corps d'une jeune femme est retrouvé en Lozère. Au regard des éléments qu'ils détiennent, les enquêteurs de la SR de Nîmes se forgent rapidement un avis : elle a fait l'objet d'une chasse à l'homme...  Pour le capitaine Merlot, d'Interpol, les conclusions médico-légales placent cette victime dans une longue série. Les gendarmes nîmois vont alors apprendre à leur grande stupéfaction, qu'Interpol tente depuis vingt-cinq ans de démanteler un réseau de trafic d'êtres humains.

    Louis Barthes, notaire à la retraite, est à la recherche de sa sœur jumelle dont il ignorait l'existence. Ses démarches vont a peu à peu le faire remonter jusqu'à une poignée d'orphelins juifs dont la fuite vers l'Espagne s'est arrêtée dans les Pyrénées...

    Jeune adolescent de 13 ans, surdoué, Bruno passe des vacances dans les Pyrénées quand il tombe dans un dangereux torrent et est emporté par les flots. Il parvient miraculeusement à s'extirper des eaux tumultueuses, et cherchant de l'aide, découvre une communauté vivant hors temps et hors réalité dirigée par une grande prêtresse qui se fait appeler Virinaë.

    Trois fils que Céline Denjean tisse ensemble dans un suspens et une tension exceptionnels, et surtout avec sa remarquable maîtrise du récit révélée dans ses précédents romans.

    16/11/2019 à 11:51 10

  • Le Festin du serpent

    Ghislain Gilberti

    10/10 J'ai découvert Ghislain Gilberti par sa trilogie des Ombres (Sa Majesté des Ombres, Les Anges de Babylone, Le Sacre des Impies) que je vous recommande, aussi ai-je décidé d'aller voir ses premiers écrits.
    J'ai eu exactement la même claque qu'avec la trilogie des Ombres en trouvant un roman puissant, ultra rythmé que l'on croirait lire sous amphétamines.
    L'histoire est portée par des personnes forts, atypiques mais l'auteur connaît les limites du genre et ne fait pas sombrer ses personnages dans des clichés les rendant absurdes ou irréels.

    Et cette histoire ! Que dis-je, cette histoire, ces histoires. Car ce sont bien deux romans en un que Ghislain Gilberti nous offre et les font s'entrecroiser. L'un enquêtant sur une série de meurtres très "particuliers" , l'autre sur une série d'attentats. Chaque histoire pourrait se suffire, mais l'auteur a le génie de pouvoir les mener en parallèle sans que l'une fasse de l'ombre à l'autre.

    En quand on sait que c'est son premier roman, ceux qui ont eu la chance de le découvrir à sa sortie n'ont pu que dire "Va falloir suivre sérieusement ce petit gars".

    Alors, si je n'avais qu'une chose pour conclure ce billet : arrêter de le livre et rendez-vous direct chez votre libraire favori pour aller acheter ce livre. 

    23/03/2024 à 09:19 4

  • 1991

    Franck Thilliez

    9/10 Je suis époustouflé par la production de Franck Thilliez : un roman par an, et des romans qui sont meilleurs à chaque année. Tous les écrivains ne peuvent pas en dire autant.

    Que dire de 1991 si ce n'est un excellent roman, qui plaira aux novices et qui enchantera les aficionados de Sharko en le découvrant dans sa première enquête.

    La grande surprise ne vient pas de retrouver le personnage mythique de l'auteur mais surtout d'être (re)plonger dans les années 80-90 pas si lointaines (c'est ce que je me dis pour penser que je n'ai pas vieilli) mais qui semblent d'une autre époque tant les méthodes d'investigation étaient différentes puisqu'alors on commençait à parler d'ADN mais sans aucune application concrète en médecine légale; pas de téléphone portable, pas d'Internet. Bref du travail de limier.

    A lire absolument.

    04/08/2021 à 19:07 12

  • Alex

    Pierre Lemaitre

    9/10 Je ne sais pas si j'ai re-lu involontairement ce livre ou si j'ai vu son adaptation cinématographique (son adaptation avait été annoncée en 2014, mais je trouve aucune trace de la concrétisation de ce projet), mais toujours est-il que j'avais une sensation de déjà lu. Mais une sensation pas désagréable car une nouvelle fois je me suis laissé emporter par cette histoire et ses nombreux rebondissements et réorientations. Je ne peux malheureusement pas en dire plus de peur de vous dévoiler le livre et vous privez de la joie des surprises composées par Pierre Lemaitre.

    En fait, ce n'est pas un roman que l'on a, mais trois. Trois parties bien différentes, trois personnages partageant la même histoire qui gravent tous autour d'Alex mais qui vont tour à tour prendre part à son aventure. L'auteur peut ainsi exprimer tout son talent pour relancer l'histoire mais surtout développer les personnages, leur psychologie, et leur implication dans l'histoire.

    Je vous conseille tout particulièrement la lecture de ce livre dans son format audio. En effet, sa lecture voix haute est très réussie, Pierre Lemaître le souligne d'ailleurs dans lde dernier chapitre du livre audio consacré à son interview sur Alex. Attention cependant à ne pas écouter cette interview car elle divulgue les différents retournements de l'histoire et en analyse les raisons, les techniques; donc intéressante pour les amateurs du genre.

    13/02/2019 à 21:55 7

  • Boréal

    Sonja Delzongle

    9/10 Pour les habitués de mon blog, si vous jetez un coup d’œil rapide à la notation, vous verrez que ce roman obtient une excellente note, et il le mérite amplement.Boréal est un excellent roman avec lequel vous passerez un très bon moment, et ce pour plusieurs raisons.Tout d'abord se déroulant essentiellement vers le cercle polaire, dans une région du Groenland particulièrement hostile, le roman est dépaysant. Ce dépaysement intervient au niveau du mode de vie des personnages, du peuple autochtone, de leurs coutumes, de leur évolution dans leur environnement soit très clos, la base offrant peu d'intimité, ou à l'opposé dans un désert extrêmement vaste. Les repères sont chamboulés tant pour les personnages que pour le lecteur qui doit oublier ses habitudes d'enquêteur ou d'homme d'action : comment dater la mort avec un cadavre trouvé congelé sur la banquise, fuir en plein blizzard, avoir des moyens de communication limités, ou encore espérer l'intervention de la police au mieux dans les jours à venir.A mon avis, en plus de nous offrir un thriller captivant, Sonja Delzongle profite de ce roman pour passer deux messages. Le premier est de rendre hommage à la mère des romans policiers, Agatha Christie, en reprenant le principe des 10 petits nègres, ou après les personnages de la mission scientifique disparaissent les uns après les autres. Ensuite, de passer un message écologique fort en dénonçant certaines actions humaines impactant la planète, ou en projetant ses personnages au milieu d'événements météorologiques et géologiques importants témoins du dérèglement climatique.La structuration du roman est particulièrement bien faite, en juxtaposant les actions entre les différents membres de l'équipe scientifique, mais également entre les deux enquêtes "continentale". Une fois passée l'introduction, la présentation des différents personnages et lieux, le rythme du livre monte et ne retombe pas avant la fin du roman.Enfin un petit conseil, si cette chronique vous a plu et que vous décidiez d'acheter ce livre, attendez quelques jours vous pourrez l'avoir au format poche pour un tarif inférieur au prix du livre numérique.

    03/04/2019 à 21:00 5

  • Complot

    Nicolas Beuglet

    9/10 Je ne vais as tourner autour du pot : ce roman est tout simplement excellent. Nicolas Beuglet réussit le tour de force de proposer un second roman encore meilleur que le premier.

    Ce roman a toutes les qualités d'un roman policier pour l'enquête, du thriller pour le suspense est le rythme. Sur ce dernier point, au premier tiers du livre, une fois la scène de crime découverte et l'enquête débutée, j'ai eu un petite peur que le roman ne s'installe dans un rythme régulier sans surprise. A peine m'étais-je fait cette remarque que l'auteur enclenche la 6ème vitesse à son roman, et attention, le régime ne baisse pas. Il vous faudra des nerfs solides et un grand moment de disponibilité, car vous ne pourrez pas lâcher ce livre avan d'avoir tourner la dernière page.

    Le réel point fort de Nicolas Beuglet, dans ses deux romans d'ailleurs, est de bâtir son intrigue policière sur de solides fondations; mais attention, pas de petits pilotis, là ce sont des piliers en béton. Après avoir traité de la vie et de la mort dans Le cri, l'auteur aborde ici un sujet (que je ne vous révélerai pas pour ne pas spoiler le livre) qui, de son propre aveux donne une dimension supplémentaire à son roman du fait de la coïncidence avec son prédominance dans l'actualité de ces derniers mois. Il y a bien sûr une exposition théorique sur le sujet, mais contrairement à d'autres romans où cela s'éternise au risque de perdre son lecteur, comme Signe de vie de José Rodrigues dos Santos, ici nous en avons la substantifique moelle nécessaire au roman. Et d'ailleurs, à défaut d'aller vérifier l'exactitude des points exposés, cela a le mérite de nous faire réfléchir.

    Les lecteurs qui avaient lu Le cri auront la joie de retrouver les héros du premier roman, de voir leurs changements professionnels et psychologiques, mais plus particulièrement l'évolution de la relation entre Sarah et Christopher. Pour les autres qui désireraient découvrir cet auteur, il est préférable de lire les romans dans l'ordre car dans Complot quelques rappels du Cri viendraient vous dévoiler la fin de celui-ci.

    Donc, une bonne enquête, une bonne histoire de fond, un rythme d'enfer et des personnages attachants : je vous recommande ce roman pour une lecture de vacances estivales.

    07/06/2018 à 21:15 7

  • Coupable

    Jacques-Olivier Bosco

    9/10 Troisième livre de Jacques-Olivier Bosco que je lis, le second de la série des Anne-Elisabeth Lartéguy, et une nouvelle fois une grande claque. Un aller-retour pour un amateur de roman policier un peu noir.

    Comme à chaque fois, le rythme est effréné où l’auteur laisse à peine respirer son lecteur avec des flash-back expliquant la jeunesse et les origines de la violence de l’héroïne. De rapides trêves qui s’intercalent entre courses poursuite, meurtres, bastons et enquêtes suivies par les plus hautes sphères policières et politiques.

    Si l’intrigue n’est pas l’élément le plus travaillé, l’introduction progressive des indices permettant de découvrir l’identité du meurtrier assez facilement, cela ne constitue pas un handicap à la lecture. Au contraire cela laisse un peu plus d’oxygène pour nos neurones respirer.

    Bref, tout comme la moto de l’héroïne dévore la route en faisant brûler la gomme des pneus, j’ai tracé tout le long des 400 pages en à peine 2 jours.

    Enfin, un point supplémentaire pour la superbe couverture qui résume à elle seule tout le livre : une femme fatale à la fois élégante mais dangereuse, armée, qui n’hésite pas à se mouiller… ou tout du moins à marcher dans le sang qu’elle a répandu.

    A propos de femme fatale, est-ce que « fatale » ne pourrait pas être le titre du troisième tome ? A suivre.

    03/04/2018 à 20:55 4

  • Enfermé.e

    Jacques Saussey

    9/10 Ce roman est une vraie claque.

    Jacques Saussey a décidé de laisser tomber un moment les thrillers pour nous offrir un roman noir sur le phénomène transgenre. Mais heureusement pour nous, il n'est pas tombé dans le sensationnalisme et le côté racoleur du sujet. Bien au contraire, au travers de son personnage, il nous dévoile les différentes étapes de la vie d'une personne confrontée à ce "problème" qu'est de vivre dans un corps ayant un sexe qui ne correspond pas à celui de votre mental.

    Et ces étapes ne sont pas de tout repos car cela passe bien sûr par la découverte de sa sexualité différente de celles des autres, de pouvoir en parler avec ses ami(e)s, ses parents et son entourage, de se trouver confronter à leurs réactions, leur acceptation, leur rejet voire leur isolement ou leur phobie.

    Mais bien sûr, l'auteur ne se contente pas d'une histoire basique, puisqu'il va projeter son personnage en prison, où il va vivre un véritable enfer; où cette différence va être l'excuse d'en faire un esclave sexuel. Sur ce point, nous pouvons noter quelques similitudes avec l'admirable roman noir de Karine Giebel, Meurtres pour rédemption. On comprend alors qu'en plus d'être enfermée en prison, enfermée dans une catégorie d'identification sexuelle, elle est avant tout enfermée dans son corps qui n'est pas vraiment le sien.

    Là où l'on voit que Jacques Saussey est un admirable conteur, c'est d'apporter un twist final à son roman. En effet, les différentes époques (enfance, adolescence, prison, après-prison) de la vie de Virginie, le personnage principal nous sont présentées alternativement, mais on se demande les raisons de l'attitude de Virginie dans sa dernière phase. On la devine, on a bien des options possibles, mais ce n'est que dans les dernières pages que tout se dévoile.

    Nul besoin de dire que les personnages sont fouillés, que la composante psychologique de Virginie est travaillée, approfondie, dévoilée par petites touches; que les autres personnages sont restreintes à leurs exactions au point de ne pas avoir de patronyme.

    Un roman difficile, aussi utile à lire qu'un roman sur la Shoah. Un roman qui a injustement reçu trop peu de récompenses.

    28/01/2019 à 20:26 9

  • Ghetto X

    Martin Michaud

    9/10 Voilà ce que cela fait de ne pas suivre une série en lisant les livres les uns après les autres dans leur ordre chronologique. Je m'étais arrêté au tome3, et j'ai entamé cette cinquième aventure de Victor Lessard en le retrouvant simple civil après avoir démissionné des crimes majeurs.
    Mais Martin Michaud n'est pas prêt de lâcher son personnage favori... et loin de là puisqu'il va lui sortir le grand jeu : confrontation avec son passé, meurtres, espionnage, groupuscule fanatique, attentat, cyberattaque, kidnapping, trahison.... Bref, l'artillerie lourde qui ne laisse guère le temps au lecteur de se reposer.
    Si les premières aventures pouvaient montrer quelques longueurs, dans ce cinquième volet, l'auteur québécois a corrigé ses défauts, ce qui permet au lecteur de profiter pleinement de ses qualités narratives et de ses talents de conteurs aux intrigues alambiquées et solides.
    Un vrai thriller addictif, sans doute le meilleur qui m'ait été donné de lire depuis le début de l'année.

    06/04/2021 à 19:54 2

  • Hell.com

    Patrick Senécal

    9/10 Souvent Patrick Sénécal est comparé à Stephen King, et je dois dire que pour une fois la comparaison n’est pas usurpée ou purement commerciale. On y retrouve les mêmes ingrédients : une écriture fluide qui plonge instantanément le lecteur dans l’histoire, le retour à nos peurs primales, basiques mais partagées de tous et de toutes. C’est le point fort de l’auteur car il cuisine son lecteur un peu comme la grenouille dans la casserole d’eau bouillante : horreur, tortures et autres sévices deviennent de plus en plus dures, profondes voire insoutenables à lire. Même si cela reste par moment difficile à lire, certains passages sont tout juste soutenables, la progression au sein du livre fait qu’elle ne heurte pas le lecteur d’entrée. Cependant, certains lecteurs seront tentés d’abandonner la lecture de Hell.com dégoûter par les mises en scène effroyables. Aussi pour ne pas perdre une bonne histoire, je ne peux que leur conseiller de sauter quelques pages, la dernière moitié du livre est beaucoup plus accessible.

    Si l’écriture est fluide, il n’en reste pas moins que l’auteur ne reprend pas le schéma commun des page-turns actuels. Point d’histoire(s) en parallèle, nous suivons intégralement l’histoire de Daniel Saul, un peu comme si nous voyions notre propre histoire (un cauchemar) relatée dans ce livre. Car finalement c’est un peu ce que désire l’auteur, c’est que nous prenions conscience, qu’à une toute autre échelle, nous avons tous un peu de Daniel Saul en nous, et que ce qui lui arrive, pourrait très bien nous arriver.

    Si Patrick Sénécal et son Hell.com nous fait penser à Stephen King et Dr. Sleep, Chuck Palahiniuk et son Fight Club, ou Breat Eaton Ellis et son American Psycho, il n’en reste pas moins original avec son style propre.

    21/05/2016 à 15:00 3

  • Horrora borealis

    Nicolas Feuz

    9/10 Ce roman est un peu perturbant au départ. On croit que les pages ont été mal collées tant l'histoire semble décousue ou sans rapport au cours des premiers chapitres, mais heureusement, on comprend rapidement que l'une des histoires est un flashback dans lequel l'auteur va donner petit à petit les éléments sur les origines et la solution à la situation présente.

    Tout comme avec ses personnages, Nicolas Feuz déstabilise ses lecteurs en posant la grosse partie de l'histoire en Laponie, univers de neige, de glace et de nuit. Si cette ambiance serait propice au calme et aux ambiances cocooning familiales, c'est également source de difficultés particulières tant dans la vie quotidienne que dans les techniques d'investigation de la police locale.

    Une fois découvert l'origine du trouble de la sœur, le roman ne révèle plus guère de surprise par la suite. Si la fin est de ce fait un peu convenue, il n'empêche que l'auteur arrive à garder l'attention de son lecteur jusqu'au bout.

    Malgré un roman relativement court, l'auteur prend cependant la peine de poser des personnages aux personnalités fort bien construites, et à adopter une rythmique de lecteur soutenue.

    Ce roman est la révélation d'un nouvel auteur de roman policier à suspense que l'on ne manquera pas de suivre les prochaines publications.

    27/12/2019 à 20:45 4

  • Inexorable

    Claire Favan

    9/10 Je ne comprends pas pourquoi la presse ne parle pas de ce roman?

    A l'image du héros de son roman Claire Favan est mise à l'écart, à l'écart de la presse qui ne voit pas dans son dernier roman l'émergence d'une nouvelle grande romancière. Car avec Inexorable, Claire Favan passe un cap.

    En s'affranchissant du genre policier, tout du moins dans la première partie du livre, elle montre ses qualités de romancière.

    On sent que l'auteure a mis dans ce roman beaucoup du sien, il y a beaucoup plus de sensibilité. Inexorable est beaucoup plus intimiste que les précédents romans de Claire Favan, la sensibilité des personnages est communiquée au lecteur, la psychologie de ses personnages est affinée, tout en subtilité, complexité et évolutivité.

    Son fils ayant subi une forme d'exclusion, on la sent particulièrement concernée par le sujet et donc investie dans ce roman. Claire Favan ne se contente pas de nous contenter une histoire mais également fait passer un message.

    De plus, l'écriture est d'une parfaite fluidité. Happé par le roman, le lecteur aura du mal à le lâcher, comme moi où après 2 petits jours la dernière page était tournée.

    11/11/2018 à 21:19 4

  • J'irai tuer pour vous

    Henri Loevenbruck

    9/10 Toutes les qualités d'un très bon thriller sont réunies dans ce roman.
    Tout d'abord l'originalité du sujet : l'histoire, véridique semble-t-il d'après l'auteur, d'une personne au patriotisme exacerbé qui va être "embauchée" comme agent externe (et donc non-officiellement reconnue) par la DGSE pour exécuter des "tâches" les plus sensibles.
    Ensuite, un contexte dans lequel cette histoire s'inscrit : l'époque sombre des attentats parisiens sous l'ère Mitterrand et des journalistes pris en otage pendant de longs mois.
    Le tout permet à l'auteur de construire un roman à la fois dynamique avec de l'action (les frasques du héro avant son recrutement puis ses missions), plein du suspense, et qui dénonce les luttes intestines ou les dérives des politiques; que la vie tout comme la vérité est plus compliquée qu'il n'y paraît.
    Les personnages sont forts, très bien construits avec une psychologie complexe, loin d'être caricaturaux; les seconds rôles puissants. L'écriture est à la fois ciselée et d'une grande fluidité. A la lecture de ce livre, ce ne sont pas des pages qui défilent sous nos yeux, mais un film en panavision.
    En conclusion, ce roman est tout simplement addictif, il est mortel. Nous pourrions donc dire que le titre de ce roman est un publicité à lui tout seul, et pour une fois, contrairement à certains bandeaux apposés en bas des livres, cette publicité n'est nullement mensongère.

    17/03/2019 à 21:37 10

  • Je suis Pilgrim

    Terry Hayes

    9/10 Lorsque l'on parle de roman d'espionnage, nous avons en tête Tom Clancy et son Jack Ryan ou un Jeff Abbott et son Sam Cappra, on s'attend surtout donc un héro affrontant énormément d'actions.

    Je suis Pilgrim de Terry Hayes se situe à un autre niveau : certes l'action est au programme, mais elle n'est pas la composante principale du livre. Elle en est un moyen ou une conséquence, mais pas l'essence. Terry Hayes donne la part belle à la mécanique de l'espionnage, explique les différentes rouages qui viennent s'imbriquer pour faire l'histoire.... sans que cela soit lassant, un véritable tour de force.

    Là où l'on voit que Terry Hayes est un scénariste averti (il a collaboré par exemple à la scénarisation des Mad Max) c'est dans le façonnage de l'intrigue : cette fiction embarque des éléments réels comme les attentats des tours jumelles de New York. Nous n'avons plus l'impression de lire une fiction, mais un livre documentaire, une enquête d'investigation.

    De plus, Terry Hayes n'oublie pas de forger ses personnages avec de solides bases, tant dans leur histoire personnelle, leur vécu, leur psychologie. Il distille tout au long de l'histoire des éléments sur ceux-ci qui expliquent leurs décisions ou leur motivation.

    Et pour parfaire le tout, le style (et donc la traduction de Sophie Bastide-Foltz) est excellent : plus soutenu que ce à quoi nous sommes habitués, le style est très fluide et fait passer ce pavé pour un roman traditionnel.

    Si vous n'avez pas lu de roman d'espionnage depuis longtemps, alors n'hésitez pas longtemps, jetez vous à cœur perdu dans Je suis Pilgrim.

    09/04/2017 à 21:31 10

  • Je t'aime

    Barbara Abel

    9/10 Des 22 livres que j'ai lus cet été, c'est le thriller de Barbara Abel Je t'aime que j'ai préféré.

    Sans dévoiler plus d'informations que ne donne la quatrième couverture, le contenu du livre tourne autour de l'amour et de la vengeance, sentiments contradictoires mais qui vont être complémentaires dans ce livre. On peut alors penser que ce roman va être un thriller psychologique lourd, long, ennuyeux. Les premières pages pourraient faire penser à un roman niaiseux comme diraient nos amis québecois, mais petit à petit Barbara Abel développe la psychologie de ses personnages, ils prennent de l'ampleur, de la complexité et l'on se rend compte que le roman va être tout en nuances.

    La grande force de ce livre est de projeter le lecteur dans le roman. Il va alternativement vivre les aventures des différentes familles. J'avais l'impression d'être à côté des personnages, de partager leurs joies, leurs pleurs, de suivre les hauts et les bas de moral, leurs réflexions. J'étais un nouveau membre de famille, à chaque retournement de situation, pour la moindre progression dans l'enquête, l'histoire me prenait aux tripes.

    Mais attention, si Je t'aime est un thriller psychologique, ce n'est pas uniquement un roman psychologique. La seconde partie du roman va plonger le lecteur dans une sorte de course contre la montre, ses nerfs seront mis à dure épreuve comme pour les personnages du roman. Cette seconde partie est d'autant plus prenante qu'elle est crédible : pas de grands moyens comme dans un roman d'espionnage, pas de poursuite comme dans un roman noir des bas-fonds de la société. Ici ce sont des familles lambda dont la vie est altérée, mise en jeu, conditionnée par celles des autres.

    L'écriture est d'une efficacité redoutable : fluide, incisive, addictive car l'histoire est perpétuellement relancée.

    La seule petite critique que j'aurais à formuler est que, malgré une fin terrible, je trouve l'auteure un peu trop gentille avec ses héros. Elle aurait pu être plus diabolique, plus noire, plus méchante, rendre ses personnages plus pernicieux.

    Bref Barbara Abel maîtrise à la perfection le thriller psychologique qui séduire même ceux qui ne sont pas amateurs du genre. J'aime je t'aime.

    09/09/2018 à 20:32 5

  • L'Ami imaginaire

    Stephen Chbosky

    9/10 Nombreux auteurs se sont aventurés dans l'aventure de l'hommage à Stephen King ou d'autres auteurs emblématiques du fantastique. Si quelques uns ont effleuré du doigt le génie du maître du fantastique, comme Maxime Chattam et son Signal, d'autres ont réussi à atteindre un niveau proche en apportant une histoire originale comme Olivier Bal avec Les limbes, mais nul n'est arrivé là où nous emmène Stephen Chbosky avec son Ami imaginaire.

    Les amateurs du genre et plus particulièrement les fans de Stephen King noteront les nombreuses allusions aux œuvres du maître : Ca bien sûr avec le gentil-monsieur, Le fléau avec l’épidémie de grippe, Dolores Clairborne avec la mère du héros, 22/11/63 pour les changements d'univers, Shining pour la poursuite finale, Carrie pour les super pouvoirs, et bien d'autres.

    Mais loin d'une pâle copie, de reprise des thèmes déjà vus et lus, l'auteur a su capter l'essence même de Stephen King en adoptant une qualité rédactionnelle proche du maître. Dès les premières pages, la simplicité et la tranquillité de la mise en place de l'histoire nous capte. L'auteur dépeint l'environnement et les personnages par petites touches, en rappelant de petits détails qui rappellent en nous de grandes histoires telle la madeleine de Proust.

    J'ai été littéralement captivé par ce livre au point de ne lever le nez de celui-ci qu'après plus de 200 pages lues et l'impression d'avoir eu entre les mains un roman de Stephen King de la fin des années 70 début des années 80. Autant vous dire que je n'avais pas connu cela depuis un moment. L'imaginaire n'est pas que dans l'ami du héros, il est aussi dans la créativité de l'auteur, du monde imaginaire et de ses créatures.

    Toutefois le livre de Stephen Chbosky a quelques petits défauts. Difficile est de tenir un tel niveau sur plus de 700 pages (d'ailleurs je vous conseille la version numérique, car le bébé fait son poids). Le final est un peu lourd, redondant et tire en longueur.

    06/08/2020 à 20:49 8

  • L'Armée d'Edward

    Christophe Agnus

    9/10 Merci à Bruno de la librairie Lu&Cie de Suresnes qui m’a conseillé cet excellent livre.

    De nombreux auteurs se sont essayés de faire des thrillers écologiques, mais nul comme Christophe Agnus n’ont atteint ce degré de vérité avec un fond technologique aussi prononcé. Alors certes l’auteur prend certaines libertés pour certaines d’entre elles, mais nous les mettrons sur le coup des besoins romanesques.

    Pourquoi ce livre est différent des autres ?

    Parce qu’il n’aborde pas l’écologie de face mais uniquement au travers de la cause d’un mouvement qui va kidnapper une vingtaine des personnes VIP++, et de façon spectaculaire, afin de faire passer son message. Parce qu’au lieu de lister nombreuses théories rébarbatives, les personnages, comme les lecteurs, se confronter aux conséquences du dérèglement climatique.

    Ensuite parce que ce n’est pas qu’un roman écologique, c’est avant tout un merveilleux thriller aux allures de roman d’espionnage, de hard-fiction. Et là encore, avec maestria l’auteur ne sombre pas dans les choses maintes fois rabattues ni dans le détail scientifique soporifique. Ce page-turner nous embarque dans une mise en scène ingénieuse profitant des dernières technologies compréhensibles des néophytes.

    L’écriture est remarquable pour un premier roman, une plume fluide et addictive où seules quelques répétitions viennent ternir ce paysage presque parfait.

    Alors accrochez-vous, plongez dans cette lecture écologique pour une fois pas rébarbative.

    14/10/2023 à 20:45 6

  • L'enfant aux yeux d'émeraude

    Jacques Saussey

    9/10 Comment résumer l'efficacité de ce livre : 410 pages et à peine 2 jours pour le lire.

    Car ce roman est une véritable bombe : vous l'ouvrez, vous patientez 20 pages et l'histoire vous explose à la figure. Non seulement, cela démarre sur les chapeaux de roues, mais le rythme et la tension ne se relâchent pas. Les cadavres s’amoncellent tout le long du passage de David Courty. On sent bien que ce gars a pété un plomb, que quelque chose l'a fait sortir de ses gonds, mais on ne sait pas laquelle, ni comment ce carnage va s'arrêter.

    Si le sujet fait penser au film Chute livre avec Michael Douglas, c'est également une enquête policière, difficile, qui montre que tout n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît et démontre les limites des techniques policières dans ce genre d'affaire.

    L'auteur a tout mis dans ce livre pour qu'on le dévore (le livre, pas l'auteur, vous me suivez) : des personnages complexes, un rythme survitaminé, une intrigue labyrinthique, des rebondissements, des retournements de situation. Le plus surprenant est de lire dans les remerciements que l'auteur a eu un flash lui donnant la trame de ce roman au cours d'un déjeuner qu'il a du interrompre le temps de la consigner oralement dans son téléphone.

    Bref, arrêtez de lire ce billet et foncez lire ce livre.

    12/06/2019 à 20:40 2

  • La Chambre des Morts

    Franck Thilliez

    9/10 Lire la Chambre des morts est une étrange aventure.

    Non pas que le récit soit gore, pleine de tortures, sévices et autres scènes insoutenables (quoique?), non, pour moi, dès les premières pages, je me suis aperçu d'avoir déjà lu ce livre. C'est la seconde fois que cela m'arrive, l'autre fois fut pour Salem de Stephen King. Mais cette fois-ci, l'histoire ne m'est pas revenue en tête d'un seul coup mais au fur et à mesure de la lecture du livre.... sans pour autant me rappeler du final. Et si je suis allé au bout de ce livre alors que je l'avais déjà lu, c'est que j'avais plaisir à le redécouvrir.

    Car si ce fut sans doute un des premiers romans de Franck Thilliez que j'avais lu, c'est également pour l'auteur un de ses premiers livres (le troisième exactement). Les habitués de ce romancier constateront à sa lecture l'évolution de la plume de l'auteur depuis. Dans celui-ci, les phrases sont plus complexes et donc un peu moins fluides à lire. Mais il est une qualité qui est déjà maîtrisée, le suspense et la relance régulière de l'histoire.

    Enfin, ce que j'ai tout particulièrement apprécié est la fausse simplicité de l'intrigue : d'un événement banal, la situation se complexifie et ne cesse de s'aggraver. Et comme le début pourrait arriver à chacun d'entre nous, la projection identitaire sur les 2 personnages

    Donc, un très bon livre fondée sur une très bonne intrigue, qui a reçu plusieurs prix (les seuls qu'a reçus Franck Thilliez au demeurant)... qui nous fait découvrir Lucie Henebelle.

    A lire ... plusieurs fois même.

    01/08/2017 à 20:52 4