Enfermé.e

14 votes

  • 8/10 Abordé le sujet de la transidentité (avoir une identité différente du genre assigné à la naissance) dans la littérature est un exercice difficile, délicat, sensible. Alors dans le roman noir, cela peut se révéler être très périlleux.

    Mais Jacques Saussey a réussi haut la main ce pari. Enfermé.e par son histoire, son intrigue est un livre tellement touchant. De plus, les chapitres alternant passé-présent rendent la lecture encore plus captivante de la vie tourmentée, cruelle et torturée de Virginie. Dans le post-face, on apprend les raisons personnelles qui ont permis et encouragé l’auteur français à écrire Enfermé.e. Cela rend encore plus fort la lecture, je trouve.

    Mais Enfermé.e, outre ce sujet, n’en reste pas moins un roman noir. Si la vie de Virginie tient une place prépondérante dans le livre, elle est aussi une histoire de vengeance remplie de violence… et, paradoxalement, d’amour.

    08/12/2021 à 15:35 JohnSteed (622 votes, 7.7/10 de moyenne) 10

  • 9/10 Un thème original, magnifiquement traité par Jacques Saussey et surtout, superbement écrit (la version audio est remarquable).
    Mais que c'est noir. Un vrai chemin de croix dont on ne voit jamais la fin. Et quand la lumière commencera à percer, c'est pour nous entrainer vers un dénouement encore plus sombre.
    Magnifique.

    06/03/2021 à 10:47 charlice (379 votes, 7.7/10 de moyenne) 7

  • 7/10 Une histoire et un personnage principal très originaux et intéressant. Seul point négatif du livre, mais de taille, l'intrigue qui s'avèrera bonne met une éternité à pointer le bout de son nez et il est tentant d'abandonner la lecture en cours de route.

    01/10/2020 à 16:50 Grolandrouge (1578 votes, 6.6/10 de moyenne) 7

  • 9/10 Je me demande s'il existe une couleur plus noire que noire , et même si c'est le cas ce sera sans doute encore loin du niveau de ce livre .
    Tout est noir dans cette histoire ,rien pour se raccrocher tout le long du récit tellement l'univers est glauque ,
    Au milieu de tout ce noir on devine une petite , une minuscule lumière représentant Virginie ,l’héroïne de cette histoire
    Jacques Saussey nous emmène dans l'univers chaotique de la vie de Virginie qui n'as qu'un seul défaut ,de vouloir vivre sa vie de femme avec un corps qu'il ne lui appartient pas ..
    C'est brutal , violent , cruel mais narré avec humanité et sensibilité .....
    Le sujet est parfaitement maîtrisé par l auteur ....impressionnant...
    Ce type de bouquin est très loin de ce que je préfère dans le thriller mais il aurait été malheureux que je passe à coté de ce bijou .

    03/05/2020 à 18:36 patoche77 (327 votes, 7.6/10 de moyenne) 10

  • 9/10 Virginie naît garçon. Un trauma pour cet être qui ne parvient pas à s’assumer avec son pénis et ce que sa famille attend de lui. Alors elle va tout faire pour faire refluer cette identité sexuelle qu’elle n’a jamais désirée, quitte à devenir le jouet de monstres qui ne peuvent supporter un individu si différent d’eux.

    Voilà un roman monstrueux, boulet de canon littéraire qui ne ressemble à aucun autre et qui broie les tripes. Le postulat de départ est, en soi, déconcertant : ou comment un jeune garçon, ébranlé par un sexe défini arbitrairement par la Nature, en vient à choisir, selon son libre arbitre, de s’orienter vers une enveloppe charnelle féminine. Sur trois époques, ce livre sidère d’un bout à l’autre. L’enfance du môme, déjà brutalisée par les jugements péremptoires d’un père peu compréhensif, et surtout démuni face à la spécificité de son fils, et surtout par ses camarades de classe, véritable meute sauvage. Puis vient la prison suite à un cambriolage qui tourne mal, et les horreurs que va subir Virginie dans sa geôle : les moqueries, les viols, individuels ou collectifs, les actes de violences, les humiliations, à la limite de l’indicible. Et enfin ce poste au sein du Centre, auprès de personnes âgées, plus un mouroir où, là encore, son corps fera autant fantasmer que provoquer le dégoût. Des scènes puissantes, enragées, où le glacial alterne avec le magmatique, à ne pas mettre entre toutes les mains. Jacques Saussey ne verse pas dans la férocité gratuite, ni dans le voyeurisme de mauvais aloi : il lâche juste sa protagoniste, inspirée de l’histoire véridique de sa nièce Aurore comme il l’explique dans sa postface, dans la jungle humaine. Celle qui observe, juge et punit, dès lors que la proie, le bouc-émissaire, l’être atypique ou discordant, au sein d’une soi-disant communauté homogène des âmes, en vient à dérouter les défenseurs zélés d’une morale douteuse. Des mots forts, acides, épinglant des maux insondables, puisque Virginie se trouve verrouillée dans un corps et une identité sexuelle qu’elle n’a jamais désirés. Et il y a ces ultimes chapitres, ardents, bestiaux, où la victime devient prédatrice pour venger le calvaire et la mort d’une amie, elle aussi victime des souillures humaines.

    Un roman farouche, indéniablement original, et clivant, tout autant en raison du sujet choisi que de son traitement, sidérant de cruauté. Et si des lecteurs, légitimement, n’adhéreront pas à son contenu, nul ne pourra contester à Jacques Saussey son engagement humain, sa plume explosive et sa radicalité littéraire. Certains peineront à achever cet opus brûlant, d’autres le fermeront à regret : inutile de vous dire que nous faisons incontestablement partie de ces derniers.

    26/04/2020 à 08:26 El Marco (3427 votes, 7.2/10 de moyenne) 8

  • 9/10 Noir et brutal, cet excellent roman de Jacques Saussey retrace superbement le cruel destin d'un personnage hors du commun. Magniquement écrit et maîtrisé, Enfermé.e est à mes yeux un roman marquant.

    29/10/2019 à 19:52 ericdesh (975 votes, 7.4/10 de moyenne) 10

  • 9/10 Que de noirceur et de violence dans ce livre ! Mais on est malgré cela happé par l'histoire et par le parcours de Virginie.
    Un thème peu abordé dans la littérature. La seule autre fois où je l'ai rencontré c'est dans les romans de Virginie Brac avec l'héroine Véra Cabral.

    21/03/2019 à 16:30 calimero13 (1064 votes, 7.4/10 de moyenne) 10

  • 4/10 J'ai acheté ce livre car je suis de près Jacques Saussey mais le livre n'e m'a pas bouleversé comme décrit dans les différents votes. Déçu...

    16/03/2019 à 16:21 jasonkite (258 votes, 6.9/10 de moyenne)

  • 9/10 Superbe écriture sur un sujet delicat. J. Saussey m a réellement fait ressentir Virginie. Noir, désespérant, cruel, magnifique....

    10/02/2019 à 22:39 lady (131 votes, 7.7/10 de moyenne) 11

  • 9/10 Ce roman est une vraie claque.

    Jacques Saussey a décidé de laisser tomber un moment les thrillers pour nous offrir un roman noir sur le phénomène transgenre. Mais heureusement pour nous, il n'est pas tombé dans le sensationnalisme et le côté racoleur du sujet. Bien au contraire, au travers de son personnage, il nous dévoile les différentes étapes de la vie d'une personne confrontée à ce "problème" qu'est de vivre dans un corps ayant un sexe qui ne correspond pas à celui de votre mental.

    Et ces étapes ne sont pas de tout repos car cela passe bien sûr par la découverte de sa sexualité différente de celles des autres, de pouvoir en parler avec ses ami(e)s, ses parents et son entourage, de se trouver confronter à leurs réactions, leur acceptation, leur rejet voire leur isolement ou leur phobie.

    Mais bien sûr, l'auteur ne se contente pas d'une histoire basique, puisqu'il va projeter son personnage en prison, où il va vivre un véritable enfer; où cette différence va être l'excuse d'en faire un esclave sexuel. Sur ce point, nous pouvons noter quelques similitudes avec l'admirable roman noir de Karine Giebel, Meurtres pour rédemption. On comprend alors qu'en plus d'être enfermée en prison, enfermée dans une catégorie d'identification sexuelle, elle est avant tout enfermée dans son corps qui n'est pas vraiment le sien.

    Là où l'on voit que Jacques Saussey est un admirable conteur, c'est d'apporter un twist final à son roman. En effet, les différentes époques (enfance, adolescence, prison, après-prison) de la vie de Virginie, le personnage principal nous sont présentées alternativement, mais on se demande les raisons de l'attitude de Virginie dans sa dernière phase. On la devine, on a bien des options possibles, mais ce n'est que dans les dernières pages que tout se dévoile.

    Nul besoin de dire que les personnages sont fouillés, que la composante psychologique de Virginie est travaillée, approfondie, dévoilée par petites touches; que les autres personnages sont restreintes à leurs exactions au point de ne pas avoir de patronyme.

    Un roman difficile, aussi utile à lire qu'un roman sur la Shoah. Un roman qui a injustement reçu trop peu de récompenses.

    28/01/2019 à 20:26 QuoiLire (361 votes, 6.7/10 de moyenne) 9

  • 9/10 Presque un coup de cœur.
    Une plume magnifique.
    Un sujet difficile à traiter.
    Une héroïne tiraillée rêvant d'acceptation, celle des autres et puis la sienne.
    Elle purge une peine, à perpétuité, "enfermée" dans un corps que Dame Nature lui a donné avec équivoque.
    Un roman noir comme le goudron qui vous collera aux méninges un bout de temps et qui vous ouvrira les yeux. Vous ne les regarderez plus de la même façon et votre jugement, s'il y a, s'en verra fortement altéré.

    27/01/2019 à 09:17 LeoLabs (338 votes, 7.3/10 de moyenne) 10

  • 7/10 Un roman d'une rare dureté. Jacques Saussey ne nous épargne rien et ne lésine pas sur les scènes de violence et de sexe très cru.
    C'est un peu trop et le premier tiers du livre m'a laissée perplexe et perdue, avec un vague sentiment de dégoût. J'ai failli stopper ma lecture mais j'ai fini par être embarquée par l'histoire et touchée par Virginie qui malgré des horreurs indicibles conserve son humanité et sa bonté. Seul personnage à porter un prénom, elle est une héroïne ambiguë, profonde et puissante qui rappelle un peu, comme l'a écrit Dany33, Marianne dans Meurtres pour Rédemption.
    Un livre qui secoue mais qui a le mérite de nous en apprendre énormément sur les combats et les souffrances de celles et ceux qui sont enfermés dans un corps qui ne leur correspond pas.

    01/01/2019 à 17:48 Ironheart (848 votes, 7.4/10 de moyenne) 11

  • 10/10 On sait quand on suit Jacques Saussey, qu’il n’est jamais aussi déroutant que dans ses one-shots … Après Le loup peint et le pied de nez à notre conscience écologique, c’est notre plus profonde intimité qu’il ébranle avec Enfermé(e).
    Deux temporalités se mettent au service de la démonstration. La première au passé nous fait revivre l’histoire de Virginie, prisonnière d’un corps qui ne convient pas à ses émotions, son parcours et son coming out….. la seconde au présent se consacre à l’intrigue de nos jours …
    Mais ça ne s’arrête pas là … trop simple pour Jacques Saussey. C’est plus généralement de la domination des faibles par les pervers, les toxiques, ceux qui ne peuvent accepter la différence mais aussi de la fin de vie et du traitement réservé à ceux qui ont eu un passé et qui sont en train de perdre leur identité « au bénéfice » de l’âge qu’il parle ici. Mais ne sommes-nous pas tous complices de détourner le regard de ce que nous ne voulons pas voir …
    On a déjà beaucoup écrit sur ce thriller et c’est tout à fait légitime pour ce roman noir bien foncé, ces 373 pages d’une densité rare et hyper documentées. C’est pour moi un véritable coup de cœur 2018 !
    Des « artifices » de rédaction rendent ce récit encore plus dérangeant : pas de noms propres pour ceux qui sont en perte d’humanité, seuls les personnages ayant abouti dans leur parcours trouvent un nom.
    Plus déglinguant que Meurtre pour rédemption de Karine Giébel auquel on pense immanquablement lors de la description du parcours carcéral, c’est une vision optimiste néanmoins pour ceux et celles qui viennent à bout de tous les obstacles posés par notre société bien (trop) pensante.

    26/10/2018 à 10:14 Dany33 (535 votes, 8/10 de moyenne) 9

  • 10/10 Récit délicat de la confusion d'un genre, Jacques Saussey touche au cœur par son authenticité et sa gravité réaliste...
    Pas de voyeurisme, ni d'exagération scabreuse, pas de jugement, ni d'apitoiement, on assiste, au fil des pages, à la constitution d'un être à l'identité contrariée, ...
    Un prénom choisi comme on se rachète une virginité, ou comme un camouflage que l'on retire, pour faire face à ses contemporains, que l'auteur réduit à de simples épithètes, renversant les rôles et blâmant leurs petitesses...
    Une histoire de contention et de contentieux, avec ses proches, avec soi-même, avec la Nature, un drame humain d'une dureté parfois dérangeante, mais jamais innocente, sertie d'une pudeur et d'un ton approprié et poignant...
    Une émotion sincère pour une fiction nécessaire...

    25/10/2018 à 10:49 jackbauer (724 votes, 7.2/10 de moyenne) 12