Un coin de ciel brûlait

4 votes

  • 7/10 La qualité majeure de ce roman est son sérieux, sa rigueur. Fiction ou non, ça sent bon le réalisme, on y croit.
    Sa construction de facture classique - “classique” n’est jamais un gros mot - malgré des temporalités différentes, demeure solide, charpentée (comme son auteur Laurent Guillaume). Et mine de rien, le livre n’est pas exempt de surprises, et réserve son lot de révélations en terme d’identité. Il faut être attentif car les personnages sont nombreux, mais tout s’imbrique bien, c’est carré, très professionnel, ça suinte le métier, le savoir faire, tout ça renforcé avec l’expérience de l’auteur dont les connaissances du terrain ne laissent aucun doute. Du bon boulot.

    La violence retranscrite est sèche, aride à l’image du paysage, de la nature. Ne pas sublimer stylistiquement cette violence est sans doute un parti pris (si l’auteur me lit, il me confirma ou pas).
    Le romancier ne dévie jamais de son histoire et de son objectif premier, à savoir construire, maitriser son récit, son intrigue, en refusant de tomber dans l’esthétisme bling bling qui pourrait altérer l’implacable dureté des évènements ; faire du littéraire pour du littéraire ne semble pas l’intéresser. L’écriture est soignée, mais c’est vrai que j’aurais aimé quelques “fulgurances artistiques” ; un amoureux de l’Afrique comme l'auteur était capable je pense de glisser quelques trouvailles esthétiques et poétiques en guise d'hommages (à moins que ceux-ci m'aient échappés).
    J’ai lu sans jamais m’ennuyer et malgré les imbrications, les différents camps, les enjeux politiques, on ne se perd pas trop. Contrairement à ce que pense Neal lorsqu’il dit devant un diamant “tout ce sang versé pour ça”, ce n’est pas qu’une affaire de gros sous, ou plus exactement de gros cailloux. Sans rien dévoiler, les conséquences sont autrement plus terribles qu’une effroyable guérilla entre des rebelles et l’armée de la Sierra Leone. Mais, c’est aussi l’histoire d’une vengeance, la vengeance de l’enfance sacrifiée.
 Et d'une amitié qui survit aux années, aux douleurs, aux pertes. Parce que l'homme aux gros biceps et au gros cigare (oui, j'aime prendre des risques en parlant des auteurs, ex-flic de surcroit) semble être aussi un homme au gros coeur. Un sentimental.
    Des bémols ? Oui, légers, mais rien qui ne parasite la lecture.
    Ses portraits féminins sont peut-être assez convenus, (j’ai préféré la froideur calculatrice de Amanda à Tanya, embarquée dans cette historie et rattrapée par les souvenirs et la culpabilité, mais qui dont l’intériorité finalement n’est pas assez creusée même je sais gré à Laurent Guillaume de m’avoir épargné une love story cul cul entre la journaliste et son ami et collègue (oublié son nom). Enfin, les dialogues un peu trop verbeux, explicatifs et uniformes (tout le monde cause un peu pareil), j’ai senti que l’auteur y semblait moins à son aise que dans le registre narratif. Je n’imagine pas des tueurs sanguinaires (Cobra, Colonel Mosquito, Charles…) aussi bavards. Ressenti personnel, encore une fois.
    Le portrait de Neal, lui, est réussi car en dépit de ses actes, il a conservé des sentiments assez “purs” (il tombe amoureux, capable de pitié comme abattre quelqu’un pour l’empêcher qu’il ne soit torturé, il n’est ni fier ni honteux de ce qu’il a fait) et des principes qui n’en font pas une crapule absolue (il ne tue ni les gosses, ni les femmes) ; oui, sous son coeur cuirassé de guerrier et d’assassin, demeure un vestige d’enfance mutilée, des blessures, et une culpabilité qu’il ne pourra jamais oublier. Son rapport quasi filial qu’il entretient avec certains de ses mentors rebelles (notamment le vieux sergent) renvoie toujours l’image de cet enfant en quête de socle, de figures paternels, c’est assez touchant. En tout cas, cette ambivalence est bien rendue.
    En résumé, UN COIN DE CIEL BRULAIT est un solide roman mi aventure mi-thriller, mais aussi un drame humain sans concession sur l’horreur des guerres avec en filigrane l’histoire de ces enfants sans enfance embrigadés et broyés par les hommes ; un roman qui m’a diverti avec efficacité et intelligence - et là encore, le combo n’est ni aisé ni fréquent - il mérite d’être lu. 



    09/02/2025 à 10:43 schamak (115 votes, 6.2/10 de moyenne) 2

  • 8/10 Un bon 8 pour cette histoire de vengeance qui nous emmène en Sierra Léone. Il est question des diamants et de leur prix du sang, d'enfants soldats et d'hommes avides de pouvoir et d'argent.
    Cet auteur a le don de se renouveler et c'est très agréable.

    20/02/2022 à 18:58 calimero13 (1089 votes, 7.4/10 de moyenne) 5

  • 9/10 J'ai acheté ce livre lors du festival Polars du Sud à Toulouse suite à une brillante conférence sur le Polar et la guerre ou participait l'auteur Laurent Guillaume.
    C'est avec un grand plaisir que j'ai dévoré le bouquin...je dois avoir un petit problème vu le thème: la guerre civile en Sierra Leone et le parcours d'un enfant soldat sur trois décennies.
    Rien ne lui sera ni ne nous sera épargné, âmes sensibles s'abstenir, certains sont passages sont très durs...mais j'ai aimé ça.
    Je vous le conseille à sang pour sang.

    23/10/2021 à 14:44 TaiGooBe (188 votes, 7.6/10 de moyenne) 6

  • 8/10 Un livre formidable par l'histoire que les protagonistes traversent, même si la fin est un peu facile je n'ai pas regretté cette lecture.

    15/07/2021 à 17:14 tduvi (405 votes, 7.5/10 de moyenne) 2