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8/10 Un récit qui m'a bouleversé et retourné comme une crêpe. Longtemps j'ai été agacé par cette histoire de jeunes femmes révoltées, qui se laissent un peu entraîner vers des destinées fatales. Mais, porté par une écriture merveilleuse, j'ai été emmené vers une évocation poignante de femmes résilientes.
avant hier à 14:11 Polarbear (910 votes, 7.7/10 de moyenne) 2
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7/10 J’avoue, au tout début, avoir redouté quelque chose sans nuance, un espèce de pamphlet fielleux, mais non. Nul doute que l’auteure ne raffole pas de ceux qui représentent l’autorité, mais ça ne tombe jamais dans un manichéisme hargneux qui aurait pu me décevoir voire m’agacer par sa radicalité.
Dans celui-ci, et peut-être encore plus dans celui-ci, j’ai retrouvé le bon dosage de rudesse et de fragilité (chez les personnages - une affection chez le grand-père qui est la petite lucarne lumineuse d’un roman engagé et résolument sombre), de rage contestataire et de ce constat d’impuissance qui ne fait que rappeler la vacuité de la violence.
Mais au-delà de l’évident savoir faire formel (l’écriture est sans fioriture, sèche, brute et la construction avec différentes temporalités qui donne un côté puzzle), ça transpire de sincérité.
Pas d’opportunisme chez Marion Brunet.
Qu’on soit d’accord ou non avec sa façon de voir les choses, son rapport au monde, (nous aurions sans doute des points de désaccords), elle reste droite dans ses bottes.
Elle n’est pas là pour plaire ni pour déplaire, d’ailleurs.
Elle est ce qu’elle écrit et écrit ce qu’elle est.
Je laisse qui veut estampiller ce roman de féministe.
Personnellement, je me fous de ce genre de qualificatif.
Bien plus qu’une histoire d’amour, distanciée mais intense, entre Mano et Axelle, par-delà les années et les barreaux, pour moi, c’est l’histoire d’un tragique gâchis. Sans rien excuser du geste d’Axelle, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à ça, à ce terrible ratage, aux jeunesses gaspillées de ces deux gosses ; l’une taularde, et l’autre, à l‘air libre, mais tout aussi prisonnière d’une vie à l’étouffée, sans horizon avec l’exil comme échappatoire. Malo et Axelle. Deux enfermées qui ne communiquent que par les pensées et les mots qu’aucune prison ne peut retenir ou empêcher.
Deux jeunes combattantes idéalistes qui, un quart de siècle plus tard, en reviendront vieillies, esseulées, abîmées, désillusionnées à l’image d’Alex, le personnage féminin de Ann Scott dans son beau roman “Les insolents” (Prix Renaudot 2023) auquel j’ai pensé.
Même si la partie en Inde ne m’a pas trop emballé, que j’ai senti senti un essoufflement dans les 50 dernières pages et que je pardonne à l'auteure cette ultime couche un peu plombante dans le dénouement, “NOS ARMES”, roman où la noirceur se mêle au désenchantement, ne fait que confirmer le talent et l’inaltérable intégrité de Marion Brunet.18/04/2025 à 13:37 schamak (121 votes, 6.1/10 de moyenne) 2