3492 votes
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Le dragon rouge
7/10 Kate et son équipe du CSU enquêtent après la mort d’un officier en pleine rue de Vancouver et la découverte d’autres cadavres, ce qui les mènent rapidement sur les traces d’une terrible triade. Comme ce que j’avais lu dans « Mort blanche », une écriture très sèche, sans le moindre mot en trop, ni description géographique ou des lieux, pour mieux se concentrer sur les peintures psychologiques, les ambiances et les tensions dramatiques. Caroline Terrée sait narrer une histoire, indéniablement. Ici, l’intrigue se révèle plus riche et retorse que ce qui apparaît de prime abord, avec pas mal d’ingrédients au-dessus desquels plane l’ombre de la pègre chinoise. Peut-être rien d’exceptionnel ou de mémorable, mais un roman à suspense intelligemment charpenté et mené.
05/11/2017 à 17:53 3
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L'Assassin des ruines
9/10 Hambourg, 1947. L’Allemagne tente de panser ses plaies. Le froid martyrise la population, tandis que tout manque : nourriture, vêtements, bois, etc. On découvre un cadavre anonyme dans les ruines. Frank Stave, Polizei-Oberinspektor, doit mener l’enquête aux côtés de Lothar Maschke, un collègue des mœurs, et MacDonald, représentant la tutelle britannique. Et quand d’autres morts sont retrouvés, les policiers savent que quelque chose de particulièrement grave est en train de se tramer.
Nouveau venu dans le cercle des auteurs de polars, Cay Rademacher fait très fort avec ce roman. D’entrée de jeu, le lecteur est plongé dans la tragédie hambourgeoise, simple miroir grossissant de la situation allemande. Un mois de janvier particulièrement hiémal. Des rationnements insupportables, conduisant la population à l’impensable. Le marché noir, pieuvre monstrueuse et imparable. Et une reconstruction qui tarde à s’amorcer, tandis que les vainqueurs se partagent encore le territoire national. A cet égard, l’auteur réussit de main de maître l’exercice de l’immersion, sans jamais que cela ne devienne pesant : les descriptions faites de la cité sont à la fois saisissantes de réalisme et inoubliables. Dans le même temps, le personnage de Frank Stave est très réussi : il a perdu sa femme dans un bombardement et est toujours sans nouvelle de son fils unique Karl, embrigadé dans les derniers jours de la guerre sur le front de l’est. Pugnace, assez fin, il est d’ailleurs un protagoniste que l’on retrouvera sous peu dans d’autres enquêtes, puisque c’est avec cet opus que s’inaugure une série centrée sur lui. D’autres individus sont également à l’honneur : Maschke, fumeur invétéré ; MacDonald, ayant une liaison avec la secrétaire de Frank, ou encore Ehrlich, procureur combattif bien décidé à purger sa patrie du démon nazi. L’intrigue est riche et réussie, tout en se montrant crédible : s’inspirant d’un fait divers non résolu, Cay Rademacher signe une histoire très prenante, sans effet de mauvais aloi et pétarade hollywoodienne, où les enquêteurs sont des limiers embarqués sur le long terme – le récit s’étale du 20 janvier au 18 mars, à la recherche d’indices, interrogeant les éventuels témoins, fouissant dans les dossiers, et c’est un entrelacement d’indices qui va permettre à Frank de comprendre les raisons de ces crimes. Une origine qui prendra une proportion toute particulière pour les lecteurs français.
Une entrée remarquable dans le cénacle policier, avec cette intrigue dense et prenante, et s’articulant sur une période et un lieu décrits avec une réelle maestria. Les amateurs de polars comme d’histoire – avec une majuscule, pour l’un comme pour l’autre – se doivent de ne pas rater ce rendez-vous.16/10/2017 à 18:46 10
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Captifs
7/10 Linus a seize ans quand il se retrouve dans un bunker souterrain. Il se souvient être tombé dans un piège. Un soi-disant aveugle, un chiffon plaqué sur son visage, et le trou noir. Pas de contact avec son ravisseur, pas de règles établies. Qui est son geôlier et que veut-il en échange d’une éventuelle libération ? Le mystère demeure tandis que l’abri voit arriver d’autres détenus : une gamine, un physicien-philosophe, une jeune bobo, un mastard assez virulent et un vaniteux. Quel lien existe entre ces six êtres ? Et que leur réserve leur cerbère ?
Dès la première page, dès les premières lignes, on est happé par ce roman. Le style de Kevin Brooks saisit. Il est vif, sec, presque décharné. Pas de temps mort, d’atermoiement en formules ampoulées, en vaines descriptions. Les personnages sont alertes, et l’on est traversé de sentiments – parfois contradictoires – quant aux protagonistes : de l’empathie pour ces individus harponnés dans leur quotidien et plongés sans coup de semonce dans cet univers concentrationnaire miniature. Mais aussi de l’agacement face à certaines attitudes, voire du dégoût ou de la rage. Il faut dire que cette énigmatique sentinelle – que Linus et ses camarades de fortune vont se contenter d’appeler Il leur réserve de sales tours : des caméras, des gaz, des mets empoisonnés, et même un doberman. Face à cette solitude, cette claustration imposée, le sextuor va devoir réfléchir, analyser, agir de concert, tenter de comprendre les motivations de leur bourreau et mettre en œuvre des stratégies de survie. A cet égard, Kevin Brooks réussit son pari : avec une immense économie de moyens, il met en scène cette détention et fait frémir son lectorat. Mais il y a la suite et la fin. Si les deux premiers tiers du récit sont intéressants, prenants et efficaces, on finit par nourrir de grands espoirs pour les événements à venir. Des rebondissements ? Un retournement final ? Non. L’épilogue – ou plus exactement les épilogues – sont à l’image du roman : glauque, sinistre, sans espoir. Mais également exempt d’explications ou de twists. On se plaisait à imaginer une intrigue, peut-être, à la Dix petits nègres d’Agatha Christie. Ce côté émacié, presque famélique, de l’histoire, et son absence de soubresauts décevra probablement certaines personnes. En revanche, le désespoir terminal, achevant cet opus sur ce sombre tocsin, réjouira probablement une autre frange du lectorat. Indéniablement, un ouvrage qui marque et divise, à défaut d’être consensuel et immédiatement séduisant.16/10/2017 à 18:42 5
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Na Zdrowie
6/10 Un braquage qui tourne mal à Paris. Huit policiers abattus lors de la fusillade. L’administration demande à Luc Mandoline, embaumeur, de l’aide pour préparer les corps des victimes. Mais à l’IML, il aperçoit sur les munitions létales l’inscription « Smierti ». « Mort », en russe. Une légende que Luc ne connaît que trop bien, puisqu’il a déjà côtoyé par le passé, sur des terrains de guerre, l’homme qui signait ainsi les balles de ses mercenaires : le général Valeri Demedov. Entre les deux hommes, commence alors un impitoyable jeu du chat et de la souris.
Cet épisode issu de la série consacrée à Luc Mandoline et préfacé par Laurent Guillaume met immédiatement dans le bain (de sang). Le braquage semble tout droit sorti du film Heat. Entrent ensuite rapidement en scène Luc Mandoline, l’ancien légionnaire, et son ami Sullivan Mermet, qui ne comptent pas laisser Demedov s’en tirer à si bon compte en ayant laissé tant de policiers à la morgue, et également parce que le butin du barbare hold-up est juteux. Astucieusement, Didier Fossey a inclus à son récit l’enquête parallèle de deux policiers, Valérie et Didier, qui vont également remonter, de leur côté, vers Demedov. Le ton du récit est cadencé, presque martial, saturé de testostérone : ça flingue, ça cogne, ça saigne, le tout au gré d’un vocabulaire simple mais efficace. Cependant, par la suite, le récit a tendance à accumuler les clichés et manquer de tonus. Les professionnels, de part et d’autre, commettent des erreurs tactiques étonnantes, faisant que le lecteur finit par douter de leur expérience et de leur aura meurtrière. Luc et Sullivan emmène avec eux trois soldats pour récupérer Elisa, enlevée par le général, mais ce trio est constitué de personnages assez fades. De même, l’attaque de la datcha, qui pouvait être le point d’orgue du roman, n’est qu’un monotone moment d’action sans grande saveur ni le punch attendu. Et que dire de la longue exfiltration, qui se déploie sur un trop grand nombre de pages sans pour autant apporter dans les mêmes proportions du suspense ou du nerf…
Au final, un opus qui démarre avec efficacité mais qui manque cruellement d’un second souffle, au moins dans son dernier tiers. Dommage, d’autant que nombre d’autres épisodes de cette série présentent un intérêt bien supérieur.16/10/2017 à 18:40 3
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La Jumelle en cavale
6/10 Une histoire très simple et carrée, où l’on retrouve le détective privé Danny Boyd. Typique des personnages hard-boiled, astucieux, prompt à distribuer des gnons ou user de son arme, et toujours en compagnie de jolies femmes peu farouches, quand elles ne sont pas tout simplement à la limite haute de la nymphomanie. Ici, il est engagé par Kelly Jackson pour retrouver sa sœur jumelle Tina ainsi que Danny Lablanche, un gangster toujours épaulé par un solide garde du corps. Comme on peut s’en douter, l’histoire est plus complexe que de prime abord, et le simple contrat passé avec sa cliente est en soi un leurre. Carter Brown, en rythmicien du genre, maîtrise sur le bout des doigts les codes et ses gammes, et il nous en fait profiter au gré de ce court roman. Pas mal d’humour dans les réparties, et des saynètes croustillantes, comme celle où notre privé se fait violer à la chaîne par trois naïades. Objectivement, rien de bien nouveau, et franchement pas de quoi contrarier la cambrure des bananes, mais ça passe bien ; après tout, quand l’auteur jette sur la table tous les clichés du genre sous la forme de petites perles, il en aurait presque été frustrant qu’il ne les enfile pas.
15/10/2017 à 18:39 4
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Le Chien jaune
8/10 A mes yeux comme à ceux des autres lecteurs de Polars Pourpres, un très bon roman de Georges Simenon, comme tant d’autres. D’entrée de jeu, j’ai été happé par le style si sec et, en même temps, si raffiné. Quelques mots habilement choisis, emboîtés dans une syntaxe simple mais prenante. Aucune emphase pathétique, aucune recherche du bon mot juste pour le mérite d’exister : une véritable poésie en prose. A cet égard, le premier chapitre décrivant Concarneau esseulée, est presque un modèle du genre, au même titre que la manière dont l’auteur décrit la manière, insidieuse, dont la peur gagne peu à peu la ville. Une intrigue très intéressante, riche, avec ce petit jeu de massacres, avec armes à feu et empoisonnement, parmi les figures locales, la présence angoissante de ce chien jaune, toujours là quand se produit un drame, et où l’on remonte, lentement mais sûrement, vers l’hypocentre d’une vengeance fort crédible. Toute la personnalité de Maigret transparait ici, à la fois intuitif, parfois bougon lorsque cela ne va comme il le souhaite, patient et, finalement, d’une immense humanité – avec une double preuve de cette philanthropie dans les ultimes pages. Un petit bijou d’intelligence et de justesse, avec une retenue qui ne bâillonne absolument pas une indéniable maestria des mots.
15/10/2017 à 18:35 9
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Piégés entre les murs de la nuit
8/10 « Villa Eden ». Le lieu où, en toute innocence et en tout romantisme, Enzo et Aïcha, deux adolescents, vont enfin se donner l’un à l’autre. Une immense maison, esseulée depuis le départ de ses propriétaires, où ils vont s’aimer pour la première fois. Mais rien ne va se passer comme prévu.
Après Piégés dans le train de l’enfer, voici le deuxième tome de la série Piégés signée par Hubert Ben Kemoun. On y retrouve l’aisance de l’écrivain à tisser les ambiances, les sentiments. Certaines scènes, comme l’acte d’amour entre Enzo et Aïcha, sont des modèles de pudeur et d’humanité, avec à la fois beaucoup de tact et de bienveillance. C’est aussi pour l’auteur l’occasion de réitérer le tour de force établi dans le précédent tome : prendre une situation de prime abord inoffensive, la passer au shaker et livrer les protagonistes à la mâchoire du chaos. Car les deux amoureux ne seront pas seuls dans cette demeure. Il y aura Fréha et Nour, deux sœurs clandestines, l’une veillant sur l’autre, blessée. Elliot, Romain et Billy, trois petites frappes, qui vont cambrioler la maison. Et le hasard mettra également en scène Loretta, une malheureuse femme battue, épouse d’un être autrefois tendre et avenant, aujourd’hui alcoolique, cassant et violent. Ces divers individus vont se rencontrer, se croiser, se heurter. Il y aura du suspense, des larmes et du sang. Hubert Ben Kemoun a ménagé de nombreux rebondissements dans son récit, notamment quant aux motivations réelles de ce cambriolages perpétré par le trio de malfrats, avec l’arrivée inattendue d’un personnage qui va en partie rebattre les cartes. Et même si l’épilogue de cette affaire sera heureux, les personnages resteront longtemps marqués par cette histoire forcément noire puisque nocturne.
Un très bon roman destiné à la jeunesse, avec son lot de tensions et de sentiments magnifiquement dépeints, que les adultes croqueront certainement avec le même appétit.11/10/2017 à 10:54 1
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Charlie Martz et autres histoires
8/10 D’Elmore Leonard, on croyait tout connaître : son style lapidaire si typique, sa richesse, avec sa bibliographie si riche et variée. Et c’est donc avec un plaisir de gamin alléché que l’on apprend l’édition de nouvelles demeurées jusqu’à présent inédites. Tel un délicieux patchwork, chacun pourra y trouver son bonheur littéraire. Des scènes de western (« Charlie Martz », ou la vengeance de Billy Bushway face à un shérif vieillissant, ou « Confession », avec un prêtre atypique aux prises avec de sinistres individus bien décidés à récupérer le butin d’un vol), une peinture au vitriol du cinéma sur un plateau de tournage (« Un bon fantassin syrien est un fantassin mort »), une saynète de vie conjugale (« La coupe italienne »), une vendetta qui se clôt sur une bien étrange solution à des mots croisés (« Un, horizontal »), etc. Elmore Leonard maîtrise son art, alors que ces récits datent pour la plupart du milieu des années 1950, soit juste avant qu’il ne se lance dans les romans qui ont fait son succès critique et public. Des dialogues au cordeau, un sens de la mise en scène bien dépouillée, des descriptions réduites à leur plus simple expression sans jamais qu’un mot ne manque, et autant de démonstrations de ce que doivent être des nouvelles à chute. A cet égard, « Arma virumque cano » en est le plus bel exemple : seize pages décrivant un échange bien banal entre un conducteur et une autostoppeuse avant le final, excellent et mémorable. Tout le génie de l’écrivain est définitivement là : le vernis d’un moment banal, et l’épilogue qui surprend et fauche le lecteur puisque ce dernier était trop euthanasié pour voir venir le twist. Et même si la surprise ou l’originalité n’est pas toujours au rendez-vous (« Juste pour faire quelque chose »), ce recueil séduit indéniablement. Il fait un peu penser à une assiette d’antipasti dans laquelle on peut piocher, en fonction de ses goûts propres, avant de passer au plat de résistance, à savoir les autres ouvrages d’Elmore Leonard.
02/10/2017 à 19:56 5
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Hell.com
9/10 Daniel Saul a tout pour être heureux. Héritier d’une entreprise immobilière, riche à foison, il multiplie les coups d’éclat financiers, comme cette dernière vague d’achats, des églises désaffectées, qu’il est certain de revendre sous forme de luxueux appartements avec une belle plus-value. Avec sa collaboratrice, Marie Dubois, il enchaîne les expériences sexuelles dans les clubs échangistes. Il peut tout se permettre dans la mesure où son argent le lui permet. Il rencontre Martin Charron, un ancien ami. Ce dernier finit par lui proposer un nouveau type de distraction. Des divertissements plus intenses, forts et extatiques, à la mesure de ce qu’il est, en passant par un site Internet, Hell.com. D’abord dubitatif, Daniel s’y inscrit. Ce sera le début de sa chute.
Patrick Senécal est un auteur connu et reconnu, dont chacun des ouvrages marque les esprits. Ce Hell.com confirme cette règle. Malgré une belle épaisseur (environ six-cents pages), on est immédiatement avalé par le récit, et ce jusqu’à la dernière page. Une incroyable spirale d’émotions. Du sang, du sexe, de la violence. De nombreux passages, étalés de manière particulièrement crue, choqueront voire dégoûteront certaines personnes. Et là où l’auteur fait très fort, c’est la manière dont il dévore son lecteur, littéralement. Par paliers successifs, tel un sable mouvant littéraire, il fait descendre Daniel Saul vers ce qu’il y a de plus immonde dans l’âme humaine. Au rythme d’une langue singulièrement simple mais efficace, il fait tomber Daniel de son dôme d’opulence vers le pire des gouffres. Il y apprendra le sens des mots trouble, douleur, peur et effroi. Tout au long de ce chemin de croix, il aura également l’occasion de se remettre en question : ses relations conflictuelles avec son fils Simon, ou ce spectre lancinant que constitue Mylène, une ancienne camarade de classe qui ne cesse de le hanter. On retrouve les ambiances anxiogènes du Fight Club de Chuck Palahniuk ou du film The Game, mais avec une âme particulière : Patrick Senécal ne cherche à aucun moment à imiter un roman ou un long-métrage. Il trace son propre sillon, avec une sauvagerie qui met d’autant plus en lumière les comportements anomiques et aberrants de tout être qui se croit tout permis dès lors qu’il est auréolé du pouvoir ou de cet argent qui corrompt. On retiendra de nombreux moments du livre, comme ces diverses festivités proposées aux membres d’Hell.com et où certains participants trouvent même des plaisirs coupables, les rapports entre Daniel et Simon qui ne cessent d’évoluer jusqu’à atteindre, à la toute fin de l’opus, une dimension messianique, ou la manière très subtile et humaine qu’a finalement Daniel de se confronter à Mylène.
Un ouvrage saisissant de débauche et de barbarie, qui met d’autant plus en exergue les folies de notre monde et de tout individu à partir du moment où l’occasion lui en est offerte. Et l’on se souviendra longtemps de ce final où, en remarquable maître de la littérature d’ébène, Patrick Senécal est à même d’avoir le dernier maux.02/10/2017 à 19:50 10
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Méthode 15-33
8/10 Une adolescente, enlevée alors qu’elle est enceinte. Embarquée puis séquestrée par des individus qui n’en veulent qu’à son enfant à venir. Angoissant, n’est-ce pas ? Et si la peur venait à changer de camp ? Car la supposée victime a, peut-être, beaucoup à en apprendre à ses geôliers sur la survie et les moyens mis en œuvre pour se protéger et se venger.
Cet ouvrage de Shannon Kirk frappe vite et fort. Dès les premières pages, la narratrice – la kidnappée – nous narre ses quatrième et cinquième jours de captivité, et l’on comprend rapidement qu’elle n’est pas la tendre brebis que l’on pourrait imaginer. D’une intelligence supérieure. Capable d’éteindre ses sentiments et les refouler comme le ferait un pur sociopathe. Calculatrice et maniaque, ne perdant que très rarement pied. Et surtout dévorée par un appétit incroyable : celui de prendre le dessus sur ses cerbères. Dans ce genre de récit mettant en scène une victime extraite de force du monde libre puis détenue, l’aspect anxiogène est souvent décuplé par l’innocence de la malheureuse, aux mains de déments. Ici, l’écrivaine a eu la brillante idée de presque inverser les rôles, au point qu’à certains moments, on pourrait presque trembler pour les criminels. Car la séquestrée est redoutable, poussant le vice jusqu’à employer le théorème de Thalès pour calculer la taille de l’un de ses ennemis, ou à numéroter les divers objets dont elle dispose avant de les utiliser en retour contre ses adversaires. Dans le même temps, les deux agents du FBI retiennent également l’attention : Lola, garçon manqué, dévoreuse de nourriture et jurant comme un charretier, et Roger Liu, doué d’une vue et d’une mémoire prodigieuse, et traumatisé par l’enlèvement de son propre frère. Et tout le roman s’orchestre autour de ces divers personnages, bien humains, et où les rebondissements se multiplient, comme l’intervention en plusieurs temps de Boyd, éleveur de poulets ou un simple accident de la route qui va prendre des proportions incroyables. Shannon Kirk a su bâtir un livre diablement prenant et efficace, de bout en bout ; et même quand l’intrigue est achevée, l’auteure ajoute d'autres pierres à l’édifice psychopathe de l’adolescente. Certes, le trait est parfois un peu épais, et quelques monologues insupporteront probablement des lecteurs. Cependant, on ne pourra que difficilement ôter à cet opus ses qualités cardinales que sont une grande originalité à la fois dans le fond et dans la forme. Un livre, à l’image de sa protagoniste, en somme : il ne cherche pas à séduire, mais plutôt à bousculer les lignes, forer les tripes et marquer les esprits. A l’aune de ces critères, La Méthode 15-33 constitue une réussite éclatante.02/10/2017 à 19:44 6
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Quand me tues-tu ?
8/10 … ou les mésaventures de Léonard et d’Eléonore Boulainvilliers, un jeune couple, dont les deux membres veulent chacun toucher l’assurance-décès du conjoint en assassinant ce dernier, mais qui s’y prennent si mal – et sont tellement malchanceux – que les cadavres s’accumulent autour d’eux. Empoisonnements ratés, quiproquos, erreurs de jugements et de timing, acharnement du sort qui tient absolument à ce que ces deux Pieds Nickelés du crime conjugal s’en sortent, et un duo de policiers enquêtant sur ce ménage tourmenté qui n’en revient pas d’une telle folie meurtrière. Un très bon moment de lecture, enthousiasmant au possible, au gré de ce jeu de massacre jubilatoire et autres chantages, surtout quand la tante et l’oncle s’en mêlent. Un style simple, au cordeau, sans la moindre description de lieux, centré sur les péripéties jouissives de ces deux guignols, finalement encore amourachés au point de douter de leur propre volonté de toucher le jackpot. Je finis presque par m’étonner que ce livre réjouissant datant de 1965 n’ait pas été adapté au cinéma, peut-être agrémenté de dialogues de Michel Audiard, avec à la manœuvre un réalisateur comme Georges Lautner ou Henri Verneuil.
01/10/2017 à 19:36 2
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Mandoline vs Néandertal
8/10 Alors qu’il se rend dans le pays toulousain pour le mariage d’une lointaine parente, Luc Mandoline, alias l’Embaumeur, tombe rapidement sous le charme de Laura, une belle archéologue. Défenseuse de la cause de l’homme de Néandertal, selon elle bien loin des clichés rétrogrades qui collent à cet homme préhistorique, elle ensorcelle Luc par son opiniâtreté et son intelligence. Dans le même temps, l’ex légionnaire fait la connaissance de Jurgen Haas, un ancien compagnon d’armes, qui disparaît peu de temps après. Parce qu’on ne laisse jamais tomber un camarade, l’Embaumeur va se lancer dans une enquête tumultueuse.
Ce onzième opus de la série consacrée à l’Embaumeur constitue un petit festin littéraire. Il est très intéressant de voir Luc Mandoline tomber éperdument amoureux de Laura, perdre pied, au point de complètement disparaître aux yeux de son compagnon Sullivan Mermet. Jean-Christophe Macquet donne à notre Embaumeur une épaisseur émotionnelle assez rare. De même, le lecteur pourra être, dans un premier temps, surpris par la manière dont le récit est mené. Le protagoniste y emploie beaucoup moins – voire pas du tout – la force, et l’intrigue semble mettre du temps à se lancer. Néanmoins, l’auteur nous régale par la suite avec des pistes qui finissent par se nouer pour créer une histoire particulièrement sombre et mordante. L'Homme de Cro-Magnon et celui de Néandertal ressuscitent presque, au gré d’un scénario où se mêlent des hommes politiques frontistes, un village martyrisé et cagots. Un puzzle qui, une fois toutes les pièces rassemblées, forme un récit glauque et sanglant, à la fois original et diablement efficace. Quelques touches d’humour émergent, comme ce clin d’œil où Jean-Christophe Macquet prête à deux anciens militaires les patronymes de Maxime Gillio et Claude Vasseur, eux-mêmes ayant écrit chacun un épisode de la série. Et que dire de l’ultime rebondissement ! Un événement inattendu, laissant le lecteur imaginer sa propre fin de l’histoire, mettant fin de manière audacieuse à un ouvrage très efficace.18/09/2017 à 18:51 7
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Noir sanctuaire
Lincoln Child, Douglas Preston
8/10 Alors que Constance Greene a du mal à se remettre de la disparition d’Aloysius Pendergast, elle s'évanouit du manoir new-yorkais dont elle occupe les souterrains. Proctor, le majordome, a à peine le temps de se remettre de l’agression dont il vient d’être la victime qu’il se jette sur les traces du kidnappeur. Un être mystérieux, que tous croyaient mort, mais qui n’a pas encore démontré toute l’étendue de son machiavélisme.
Après Noir sanctuaire, Douglas Preston et Lincoln Child continuent de régaler leur lectorat avec cette seizième enquête de la série consacrée à Pendergast. On y retrouve avec un régal qui ne semble pas pouvoir s’éteindre cet incroyable agent du FBI, même si cet opus rompt avec quelques habitudes en mettant davantage en avant d’autres personnages de la saga. Ainsi, Proctor, en domestique dissimulant un passé d’ancien soldat, est remarquable en pisteur, dans une traque qui le mènera en Afrique. Constance, en être difficilement déchiffrable, à la fois forte et fragile, sera elle aussi confrontée à un adversaire de renom, aussi sophistiqué et dangereux qu’elle, au cours d’un long cheminement psychologique où se mêleront fureur, vengeance, amour et rédemption. Le lecteur retiendra également la tueuse Flavia, experte au combat à l’arme blanche, aussi déterminée que létale, ou encore le policier Longstreet, un agent presque aussi atypique et détonnant qu’Aloysius. Bien évidemment, le bonheur ne saurait être complet sans la présence de Pendergast lui-même, et qui va, dans cette aventure, de nouveau côtoyer la mort et l’anéantissement moral. Un opus à l’image des précédents : efficace, constellé de chapitres marquants, ayant la bonne idée d’alterner les points de vue et les personnages pour casser toute routine ou risque d’ennui. Et, au final, même si l’on pourra regretter quelques éléments (l’importance somme toute mineure de Proctor, ou le fait que Douglas Preston et Lincoln Child s’adressent essentiellement à leurs fans avec cet opus tournant autour de la fratrie Pendergast), voilà une énième preuve, s’il en était encore besoin, que cette série policière est assurément l’une des meilleures qui soient.18/09/2017 à 18:46 7
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Pénitence
9/10 Gil Martins, agent du FBI, a la foi qui flanche. Il ne croit plus en Dieu, ni même en l’existence d’un Dieu. La férocité du métier qu’il pratique, les horreurs qu’il a vues ou vécues, ont aiguisé ce scepticisme à l’égard de la religion. C’est alors que diverses personnalités décèdent dans des conditions étranges : un suicide du haut d’une tour, ou depuis la cime d’un arbre, sous le coup de la terreur, etc. Leur point commun : une distance irrévérencieuse avec le culte. Gil n’en est pas certain, mais ses pas l’entraînent vers l’Eglise Izrael, dominée par le pasteur Nelson Van Der Velden, où les prières pourraient être employées comme des armes.
De Philip Kerr, on connaît surtout sa remarquée trilogie berlinoise, ou encore sa série consacrée à Bernie Gunther. Ici, il livre un roman à suspense audacieux, basé sur une idée finalement très simple, ce qui est souvent la marque des œuvres remarquables : au lieu d’amour, Dieu ne serait-il pas un pourvoyeur de mort ? C’est sur ce postulat osé, voire iconoclaste, que l’auteur déroule une histoire sombre, d’où émerge le personnage de Gil Martins. Un excellent agent, molesté par les événements, et dont les origines de son apostat remontent à son enfance, voire à certains atavismes familiaux. Bien loin des clichés inhérents au genre ou à ce type de protagoniste blasé, Philip Kerr nous le décrit avec beaucoup de tact, de justesse et d’humanité. Son épouse, fervente ouaille, décide même de le quitter puisque leur couple ne peut même plus se reposer sur cette ferveur commune, tandis qu’il devient, aux yeux de ses collègues, la proie de troubles obsessionnels compulsifs. Lentement, le récit bascule du côté glauque, quand Gil croit comprendre l’origine de ces morts et surtout quand le pasteur met ses menaces à exécution. Des scènes insolites, exceptionnelles, propres à faire se dresser les poils d’un kiwi. De la pure tension, habitée par le doute, la présence d’une entité morbide et anxiogène, où le lecteur réagit comme le gamin traumatisé par l’hypothétique existence d’un monstre sous le lit quand s’éteint la lumière. Des moments de frayeur, contrebalancés tout au long de l’ouvrage par un humour salvateur, où le héros fait preuve d’un bel esprit, notamment au gré de réparties jouissives. Cependant, certains lecteurs pourront être rebutés par une fin – concernant le revirement « professionnel » de Gil, peut-être trop hollywoodien ou partisan, là où un épilogue autre qu’heureux aurait peut-être encore renforcé l’impact du livre. Mais il n’en demeure pas moins que ce Pénitence est un bijou, dont la valeur s’établit à l’aune de sa pureté, de sa rareté et de la qualité indéniable de la taille qui en a été faite.18/09/2017 à 18:41 6
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La Machine à découdre
7/10 … ou les tribulations d’un Américain lambda, qui sauve un type complètement fêlé d’un autobus qu’il n’avait pas vu, et qui se fait embarquer par ce dernier dans une cavale meurtrière. Steve Logan, ancien policier ayant en partie perdu l’usage d’un œil, n’ayant que très peu d’argent devant lui, attend avec sa compagne Ruby qu’elle accouche bientôt. Et quand il essaie de e renflouer en demandant à un gars odieux qu’il lui paie ce qu’il lui doit, ce Saint-Bernard d’un instant sauve la vie de Ralph Angers. Le problème, c’est que celui-ci, un ancien soldat malmené par son expérience lors de la Guerre de Corée, ex chirurgien-ophtalmologiste, paranoïaque, et persuadé de détenir une idée de génie en faisant construire un hôpital spécialisé dans la greffe complète de l’œil, est en plus un homme complètement dément, prêt à user de la violence létale aussi facilement que d’autres dénoyautent des olives. Il en résulte un récit très efficace, prenant du début à la fin, sombre et sec, où les émotions contraires alternent, Steve en venant à ressentir une forme de syndrome de Stockholm quand Ralph tente, à un moment, de lui venir en aide. De petits moments de grâce, comme lorsqu’ils croisent cette gamine jouant le morceau préféré de Ralph au piano, d’autres très intéressants, quand Steve en vient à se demander si Ralph n’est finalement pas un chic type, réellement rudoyé par autrui, et non le tourmenté qu’il est de prime abord. Une histoire à la fois simple, classique et étrange, qui fait passer un bien agréable moment dans les pas de ce couple improbable, des pas qui vont, on s’en doute, rapidement se teinter de sang.
12/09/2017 à 19:02 2
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Le Carcan
8/10 Une très intéressante histoire de séquestration. Un détective privé vieillissant et rondelet se retrouve enlevé par un inconnu dans un chalet dans les montagnes enneigées, lié à une longue chaîne de métal vissée à sa cheville, et survivre pendant treize semaines, ce que lui annonce son geôlier. Qui est cet inconnu ? Pourquoi ? Et à quoi correspondent ces mystérieuses treize semaines ? Un exercice de style sacrément casse-gueule que celui du personnage en solo, puisque le lecteur risque de s’ennuyer assez rapidement si l’intrigue, le style ou la situation patine. Ici, il n’en est rien. C’est très joliment écrit, bien travaillé, et j’ai suivi avec un plaisir coupable la réclusion du protagoniste, ses doutes, ses stratégies de survie par rapport au froid, la nourriture et l’oisiveté. Sans rien spoiler, il finit par s’en sortir, rejoint la civilisation, et se lance aux basques de son mystérieux cerbère absent. Des mots adroitement choisis par Bill Pronzini, pas mal de vitriol dans les dialogues et les situations (cf. sa rencontre avec le type de l’immeuble et sa compagne, ou le gestionnaire de l’entreprise s’occupant des chauffe-eaux). Mais aussi un personnage de détective privé différent des autres, marqué par son enfance avec un père violent et poivrot, et dont il finit par s’affranchir grâce à son attitude quand il retrouve son kidnappeur, en adoptant une attitude à mille lieues de ce qu’aurait fait son paternel. Alors, certes, il n’y a pas grand-chose dans ce roman noir de très original (les motivations du bourreau, à cet égard, n’ont rien de tonitruant), mais tout est si bien rédigé et mené que l’on se laisse embarquer. Un peu comme ces airs de blues dont on voit venir les mesures mais que l’on ne peut s’empêcher de savourer tant elles résonnent avec intelligence et humanité.
12/09/2017 à 19:00 3
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La Voleuse d'icebergs
9/10 Mon opus préféré de la série D.E.S.T.R.O.Y. avec le premier. Toujours ce fourmillement constant d’idées, qui jaillissent presque à chaque chapitre. Des pensées non seulement nombreuses, jusqu’à l’obsession, jusqu’à la satiété, mais également complètement folles. Le livre commence comme un épisode de la saga cinématographique « Alien », puis on déboule sur de bien mystérieux diamants issus d’une planète lointaine, un phénomène d’invisibilité particulièrement toxique et contagieux, puis… puis… et encore, ainsi de suite, jusqu’à la fin. C’est vraiment dingue, parfois loufoque, et cette overdose d’idées pourra souler certains lecteurs ; pour ma part, ils m’ont enivré. Un peu déçu que la saga se soit arrêtée, mais, ma foi, peut-être n’est-ce qu’un au revoir et non un adieu.
12/09/2017 à 18:56 5
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Cul-de-sac
8/10 Un véritable régal que cette virée au milieu d’un village paumé et peuplé de rednecks. Douglas Kennedy m’a séduit de bout en bout, avec ces personnages croustillants, complètement givrés, disloqués par l’isolement, les règles de vie absurdes proches de l’approche sectaire, et les névroses alcooliques. Une sacrée meute de décérébrés, avec laquelle le lecteur hésite souvent entre le rire et la crainte. Nick Hawthorne au beau milieu de ces cinglés de Wollanup restera un bon moment dans ma mémoire, avec ce côté déjanté, comme si le film « Délivrance » avait été réécrit par une bande de gais lurons. Je suis juste un peu déçu par la fin : je ne saurais pas trop dire quoi, mais je m’attendais à autre chose, peut-être tout simplement à être plus surpris par un twist.
12/09/2017 à 18:55 6
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La Colère de la momie
7/10 A la manière de La Malédiction de la momie, se passe dans une pyramide, avec une ambiance générale assez tendue, proche du roman d’aventures. Un bon petit moment de frissons, à placer bien évidemment à côté de l’ouvrage précité et de Ne Réveillez pas la momie, et qui constitue une sympathique parenthèse égyptienne dans la bibliographie de l’écrivain.
12/09/2017 à 18:54 1
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Incarnatio
7/10 James Simmons est un écrivain qui a obtenu un immense succès aux Etats-Unis en signant des thrillers mettant en scène Alex Shade, un tueur en série décapitant ses victimes. Soucieux de prolonger sa réussite, il s’exporte en Europe, au point de venir s’installer à Nice. Mais des événements étranges surviennent en très peu de temps : on le retrouve, cataleptique, dans l’immeuble où il vit. Son épouse le dit très perturbé depuis quelques temps. Un homme aux allures de SDF en fuite est aperçu non loin de là grâce aux caméras de surveillance de la ville. Un corps décapité est retrouvé en ville. Un sosie d’Alex Shade qui se montre de plus en plus présent, voire pressant, dans le sillage de l’auteur. Ces histoires ne pourront que s’achever dans le sang.
Patrick S. Vast s’est d’abord fait remarquer avec des romans mettant en scène des intrigues sobres où les personnages sont broyés par des mécaniques scénaristiques de grande tenue, comme La Veuve de Béthune, Béthune, 2 minutes d’arrêt, Boulogne stress ou Angoisse à louer. Nous ne saurions d’ailleurs trop vous conseiller de consulter nos chroniques au sujet de ces livres. Ici, il attaque le thriller, et de belle manière. Ce qui sidère, c’est le style, et plus exactement le côté cadencé de la structure narrative. Des paragraphes courts, musculeux, nerveux, où, en quelques lignes, plusieurs événements peuvent parfois intervenir. Rarement un tel tempo s’est ainsi imposé au lecteur. Les protagonistent abondent, dont certains retiennent l’attention plus que d’autres : le commandant Moriati, fan de Franck Sinatra, dont l’épouse Edwige est paraplégique suite à une arrestation brutale. Sylvia, la femme de l’écrivain, ne sachant pas si son homme a ou non basculé dans la folie. Ce jumeau d’Alex Shade, inquiétant, dont on apprendra au fur et à mesure des pages les raisons de son trauma originel. Jacques, brigadier, dont l’épouse Agathe est passionnée par le tueur en série de fiction. On retrouve ici les codes du thriller, et les questions traditionnelles, comme : un criminel a-t-il réellement jailli des pages noircies par son géniteur intellectuel ? Des imitateurs sont-ils à l’œuvre ? Y aurait-il une contamination virale, faisant d’individus lambda des monstres ? Patrick S. Vast multiplie rebondissements et fausses pistes, parfois jusqu’au vertige – d’aucuns diront jusqu’à l’excès –, avec de multiples interactions entre les personnages, et même un twist final, inattendu achevant les ultimes lignes du roman sur un dernier coup de hache.
Dans le fond, l’auteur ne réinvente pas le genre, mais sa faconde et le rythme qu’il imprime à ses lignes sont tels que l’on ne peut qu’être embarqué, voire conquis, par ce livre palpitant.29/08/2017 à 19:55 4