El Marco Modérateur

3720 votes

  • L'Or maudit

    François Boucq

    9/10 L’attelage conduisant la femme obèse vue dans le précédent tome s’engouffre dans le « canyon du fou », et Bouncer part à sa recherche. Un opus essentiellement axé sur cette traque, du canyon au désert jusqu’à cet ancien point de chute d’une météorite, avec moult trahisons et rebondissements chez les pourchassés tandis que notre héros et ses acolytes tombent sur une tribu particulièrement sauvage et violente qui exploite ses victimes pour inséminer ses femmes. Un dernier tome aussi fort que les précédents, où Bouncer quitte la scène avec une prothèse inattendue.

    avant hier à 07:52 1

  • Du Fond des âges

    René Manzor

    4/10 732 jours que Nateo, le jeune fils de l’explorateur Marcus Taylor, a disparu, et voilà qu’il réapparaît dans les rues de Christchurch, poursuivi par des gens qui veulent le tuer et finissent par le blesser sévèrement au point de le rendre en partie amnésique. Un an plus tôt, Taylors avait accepté de participer à une mission en Antarctique, mais le périple avait commencé par un crash…
    Vraiment déçu par ce livre. C’est simple, écrit de manière plutôt efficace, correctement huilé et très hollywoodien dans la conception comme dans la mise en forme. Mis à part ça, le style est vraiment rudimentaire, certains personnages sont intéressants mais sous-exploités (cf. Abby Murphy, ancienne profileuse de Scotland Yard et atteinte du syndrome Ehlers-Danlos), et l’ensemble mélange les genres de façon maladroite (les exorcismes, la maladie fongique). Mais surtout, comme noté par mes petits camarades, l’inspiration vient ouvertement du film « The Thing », et plutôt que de lui rendre hommage ou d’y faire quelques références sous la forme de clins d’œil, René Manzor aspire littéralement l’histoire et se l’approprie carrément : la base en Antarctique, les sosies, l’utilisation du lance-flammes, les test sanguins, les doutes et la paranoïa… Bref, à part la petite explication finale quant au bracelet et le côté au moins distractif, un thriller fantastique que j’ai trouvé particulièrement fade en raison de son manque flagrant d’originalité, son écriture insipide, ses dialogues plats et ses protagonistes pas suffisamment creusés.

    28/10/2025 à 10:02 2

  • La Fille sans peau

    Mads Peder Nordbo

    8/10 Août 2014 : le corps de ce que l’on pense être un Viking quasi momifié dans la glace est découvert à Nuuk, au Groenland. C’est ensuite le policier chargé de veiller sur la dépouille qui est retrouvé peu après, éviscéré. Matthew Crave, journaliste, va enquêter et vite comprendre que ces événements sont probablement en lien avec ceux ayant eu lieu en 1973, et c’est le carnet tenu par le policier – Jakob Pedersen – en charge de ces affaires de disparitions de fillettes et de meurtres de leurs parents qui va lentement le mettre sur la voie.
    Mon premier Mads Peder Nordbo, et j’ai été séduit par ce roman. Le style est sans fioriture, la plume sans véritable éclat littéraire – pas d’image, de métaphore, de figure de style –, mais ça reste très solide et vivant. J’ai beaucoup apprécié les personnages centraux, avec Matthew, ayant récemment perdu sa femme et l’enfant qu’elle portait lors d’un accident de voiture et avec encore de sérieuses gênes au niveau des cervicales, la jeune Tupaarnaq, chasseuse de phoques à l’épiderme colorié de tatouages végétaux, solide et guerrière, qui a passé douze ans derrière les barreaux pour les assassinats des membres de sa famille, ou encore Jakob, ce policier intègre et fermement décidé à comprendre ce que l’on essaie de lui cacher. Nordbo a tissé une intrigue prenante et aussitôt addictive, qui va fait dévorer ce livre plus que je ne l’ai réellement lu. Même si cette histoire n’a en soi rien de très original si l’on met de côté le cadre et les aspects culturels habilement égrainés, l’écrivain m’a charmé par son ton, sa justesse, sa dignité, et des passages très forts et poignants – les moments que Jakob partage avec la gamine sont de purs moments de grâce, et je me souviendrai longtemps de cet oursin – tandis que d’autres sont révoltants puisque des enfants sont les victimes : des horreurs que l’auteur suggère plus qu’il ne décrit, et c’est déjà bien assez monstrueux comme ça. Bref, un ouvrage vraiment bon et touchant, où la glace alterne avec le magma.

    27/10/2025 à 07:41 3

  • Missak, Mélinée & le groupe Manouchian

    Jean-David Morvan, Thomas Tcherkezian

    8/10 Du génocide arménien à ses débuts en tant qu’ébéniste, de son exil en France à sa vie parisienne aux côtés de la poésie à ses amours naissantes avec Mélinée, en passant bien évidemment par le communisme, la Résistance et son exécution, une biographie fidèle de Missak Manouchian ainsi que quelques portraits de celles et ceux dont les visages – et les trajectoires héroïques – apparaissent sur la fameuse « affiche rouge » (le tout début de cette BD commence justement avec elle). Un graphisme sobre et empli de tact, à la hauteur du courage des êtres mis en lumière, pour cette œuvre certes de circonstance (panthéonisation en février dernier) mais au message intact et éternel, presque nécessaire. Les textes et documents reproduits en fin d’ouvrage replacent cette BD dans son contexte historique.

    26/10/2025 à 07:43

  • Mon mari dort dans le congélateur tome 2

    Hyaku Takara, Misaki Yazuki

    6/10 Suite et fin de la série (un diptyque, donc). Les dessins demeurent toujours aussi épurés, sans la moindre fioriture, et le suspense grimpe encore d’un cran en même temps que la sensation de folie de Nana. Dès lors, vraiment dommage que le ressort utilisé soit aussi connu et éculé, moi qui espérais un rebondissement plus original et prenant. Heureusement, le final qui est dit beaucoup en si peu de planches est davantage à la hauteur de ce que j’attendais et rattrape le poncif précédemment évoqué.

    24/10/2025 à 07:53 1

  • Regardez-la fuir

    Rylie Dark

    6/10 L’agent du FBI Mia North brille par ses aptitudes professionnelles autant que par ses résultats jusqu’à ce que cette belle mécanique vienne se gripper. Elle est accusée d’avoir abattu froidement le pédophile Ellis Horvath et condamnée à de la prison. En revanche, même si elle est incapable de le prouver, elle sait qu’elle est tombée dans un piège tendu par Wilson Andrews auquel elle vient de jouer un sale tour. Au cours d’un transfèrement, Mia parvient à s’échapper et est fermement décidée à faire éclater la vérité.
    Ici, Rylie Dark nous rejoue la série « Le Fugitif ». Ecriture et style simples, péripéties un peu convenues, scénario fluide qui ne réinvente néanmoins pas le genre : on est dans du classique pur jus. Cependant, ce roman se laisse lire et permet d’introduire un personnage que l’on pourra suivre au cours de nombreux épisodes. L’histoire, comme je viens de l’expliquer, est plutôt agréable malgré pas mal de poncifs mais je n’ai guère vu passer le temps lors de ma lecture. Au final, un livre correct qui divertit sans pour autant vraiment faire frissonner ni émouvoir.

    23/10/2025 à 07:40 1

  • Le Cheval de Troie

    Andrea Mutti, Philippe Saimbert

    8/10 William – alias Saindoux – est conduit dans l’ambulance et continue à se souvenir de ce qui les a amenés, lui et ses compagnons d’infortune, dans le ventre de la banque la plus sécurisée et imprenable qui soit.
    Un sacré dénouement, avec un double rebondissement (presque un triple, si on compte également celui qui se déroule dans le train), amplement à la hauteur de mes attentes. Certes, on pouvait éventuellement se douter de l’un d’entre eux, mais il n’empêche, c’est vraiment bien trouvé et l’esthétique impeccable ainsi que les dialogues au cordeau viennent souligner cette belle prouesse scénaristique. Chapeau !

    20/10/2025 à 07:48 1

  • Y a-t-il des extraterrestres à Roswell ?

    Sarah Barthère

    7/10 Pour ses quatorze ans, Maxine obtient le plus beau des cadeaux : séjourner dans un ranch du Nouveau-Mexique et pouvoir s’adonner à l’entretien de chevaux. Mais sur place, des événements sidérants interviennent : cercles de culture, animaux en panique, étranges lueurs dans le ciel. Ces faits stupéfiants seraient-ils liés au supposé crash d’un OVNI presque quatre-vingts ans plus tôt non loin de là, à Roswell ?

    Sarah Barthère poursuit sa série intitulée « Mystères inexpliqués et s’intéresse cette fois-ci aux apparitions ufologiques. Le jeune lectorat auquel s’adresse ce roman trouvera en Maxine une protagoniste très attachante, confrontée à des manifestations pour le moins déstabilisantes, qui semblent laisser entendre que des aliens sont à la manœuvre. L’écriture est adroite, le suspense prenant, les personnages sont bien incarnés, et la résolution finale – même si elle s’avère assez classique – est crédible. Parallèlement, l’écrivaine attire habilement l’attention sur des éléments comme la propagation de la désinformation, le complotisme ou encore le sort détestable réservé aux Amérindiens.

    Un ouvrage réussi sur un thème porteur qui ravira les adolescents.

    18/10/2025 à 07:53 1

  • Projet Iceworm

    Simon Mockler

    8/10 Novembre 1967, dans une base militaire souterraine du Groenland. Un terrible incendie survient, tuant deux soldats et brûlant grièvement au visage un troisième. Parce qu’il faut éclaircir la situation, la CIA demande au psychiatre new-yorkais Jack Miller d’interroger le survivant. Mais la vérité s’avèrera bien plus tortueuse et étonnante.

    Simon Mockler signe ici un thriller de haute volée. Dès les premiers chapitres, l’auteur montre l’étendue de son talent : des personnages ciselés, des dialogues au cordeau, un rythme cadencé et une ambiance immédiatement addictive. Le lecteur est aussitôt happé par l’atmosphère lourde et paranoïaque, le contexte de guerre froide, ce froid mutilant que le rescapé a apporté avec lui depuis le cercle arctique. Rapidement, des questions se posent : que s’est-il passé ? N’est-ce qu’un banal accident ? Un échauffement des esprits en un lieu rarement atteint par la lumière du jour ? Le résultat d’une expérimentation qui a mal tourné ? Jack Miller va repérer des incohérences, des zones d’ombre, des fractions de témoignage émanant de Connor Murphy trop faciles, et ce qu’il va découvrir en surprendra plus d’un. Simon Mockler, se fondant sur un authentique programme top secret mené par l’armée américaine, a tissé une intrigue particulièrement solide et prenante, avec de nombreux rebondissements à la clef, où certains détails observés par le protagoniste seront analysés avec brio. D’ailleurs, Jack Milelr constitue un personnage très intéressant : vétéran de la Seconde Guerre mondiale profondément meurtri par l’expérience du lance-flamme, il a perdu sa femme Miyoko au cours d’un tragique accident de la route dont il s’estime encore responsable. L’histoire se boucle avec intelligence, avec une dernière expédition au Groenland où Jack pourrait accéder à une forme de rédemption intime afin de, comme il y est écrit, pouvoir « tourner le volant à temps ».

    Un roman original et réussi, sans le moindre temps mort, dessinant au passage le portrait particulièrement saisissant et mémorable d’un psychopathe aussi tordu que redoutable.

    16/10/2025 à 06:46 5

  • La Constance de la louve

    Cécile Baudin

    8/10 Hiver 1835, à Saint-Alban, en Lozère : le corps du jeune Anatole Bousquet est retrouvé dans la neige, probablement mort de froid, non loin de l’asile psychiatrique où il officiait. Si un témoignage met en cause la présence d’un hypothétique dragon, les constatations font plutôt état d’un suicide ou d’une cruelle mise en scène. Victor Chastel, lieutenant de louveterie – il est d’ailleurs le petit-fils d’un homme lié à la Bête du Gévaudan – et juge de paix se met à enquêter avec l’aide de Marianne, une infirmière, et de Constance. Ce qu’ils vont découvrir fera ressurgir de sordides tractations du passé.

    Ce livre de Cécile Baudin séduit dès les premières pages. L’ambiance est particulièrement bien rendue, la langue est à la fois ciselée et enchanteresse, et c’est un pur régal littéraire que de sillonner ces terres glacées. Les décors sont rendus avec bonheur, les descriptions sont envoûtantes, et les personnages sont tous travaillés. Parallèlement, l’intrigue est d’une belle efficacité, faisant lentement remonter un passé datant des années 1810 au gré d’une langue riche et captivante. Victor Chastel, accompagné de son animal Auro, né du croisement d’une louve et d’un chien, compose un protagoniste prompt à l’action, à l’esprit éclairé et capable de belles déductions, tourmenté par sa jeunesse au cours de laquelle il a été confronté à des loups mais surtout à la sotte hostilité des Hommes. Cécile Baudin a construit une histoire redoutable, et le dénouement est amplement à la hauteur des attentes : cette résolution brille par son intelligence, sa crédibilité, et permet enfin de relier les décès suspects d’Anatole Bousquet, de Léopold de Rozasse et d’Albert Guérin, pourtant tous de prime abord de simples et tragiques accidents. Et même si l’écrivaine a parfois tendance à se laisser emporter par la maestria de sa plume – les personnages pensent et s’expriment tous comme des lettrés éclairés quels que soient leur rang ou l’éducation qu’ils ont reçue –, voilà un ouvrage indéniablement lumineux malgré les ténèbres qui s’y dissimulent.

    Un roman historique très réussi, à l’intrigue tortueuse et plausible, et l’on ne peut désormais attendre les prochains opus de Cécile Baudin qu’avec appétit.

    15/10/2025 à 06:59 3

  • La Psy

    Freida McFadden

    9/10 Tricia et Ethan forment un jeune couple tout juste marié, et ils ont décidé de déménager, s’intéressant à un manoir à vendre à quelques heures de route de Manhattan. La maison somptueuse mais inquiétante a appartenu à la célèbre psychiatre Adrienne Hale qui a mystérieusement disparu trois ans plus tôt. Pris par une neige redoutable, les époux doivent demeurer sur place et les premiers signes inquiétants apparaissent : des traces de pas, des bruits étranges, un tableau qui change de place… Quand Tricia découvre par hasard les enregistrements sonores des entretiens menés par l’ancienne propriétaire des lieux, elle vient de basculer dans un piège.

    Dès les premiers chapitres de ce thriller, on comprend le succès rencontré par Freida McFadden et notamment sa série consacrée à La Femme de ménage. L’écriture est simple et très facilement abordable, les personnages sont aisément accessibles, le rythme reste soutenu du début à la fin et l’histoire s’avère aussitôt addictive. Graduellement, au gré de ce récit à la première personne qui alterne les points de vue de Tricia et d’Adrienne, le lecteur découvre les sales petits mensonges du passé, les manipulations de cette psychiatre ainsi que le chantage dont elle a été victime, soulignant une personnalité à la fois prédatrice et poignante en raison de failles très humaines. La tension croît, la paranoïa s’installe au sein de cette demeure – le fait que ça soit un exemplaire du Shining de Stephen King qui permette d’accéder à une pièce secrète n’est certainement pas un hasard – mais c’est vraiment par la suite que Freida McFadden démontre son talent d’architecte littéraire : les rebondissements qui surviennent dans la dernière partie sont remarquables, le mécanisme est à la fois élémentaire et d’une redoutable efficacité, et l’épilogue constitue un pur délice d’immoralité.

    Un ouvrage très bien construit et palpitant qui se distingue par une belle mécanique et des twists adroits.

    14/10/2025 à 06:41 5

  • Memento vivere

    Ismaël Lemonnier

    8/10 Dans un bar miteux de Vitry-sur-Seine, le cadavre d’un fœtus est découvert dans les toilettes. La piste mène les enquêteurs vers un prêtre trouvé pendu et dont le corps disparaît rapidement de la morgue. Elément sidérant : l’embryon avait deux cœurs. Parallèlement, un adolescent sème la panique, accompagné de son chien – un tamaskan –, et tue des individus sans lien apparent. Les policiers Lucien et Anaïs, pourtant diamétralement opposés dans leurs natures respectives comme dans leurs manières de procéder, vont devoir faire équipe pour dénouer ces affaires.

    Avec ce roman, Ismaël Lemonnier frappe très fort. Dès les premiers chapitres, le lecteur bascule dans une littérature très particulière qui multiplie les vents contradictoire : l’aspect sordide de certains passages est aussitôt contrebalancé par un humour noir, parfois très léger. L’intrigue est très intéressante, présente de nombreuses fausses pistes et s’avère rapidement tentaculaire, avec des rebondissements qui durent jusqu’au final. L’auteur semble avoir conçu son œuvre comme un puzzle dont il a ensuite éparpillé les pièces avec entrain. Les deux personnages centraux marquent l’attention. Anaïs, en jeune femme policière très bordeline, adepte des scarifications et d’un langage souvent leste, ne se séparant jamais de sa boule prétendument magique qui lui donne des indications à propos des pistes en cours, cohabite intelligemment avec Lucien, enquêteur obnubilé par son rythme cardiaque et à la vie aussi rangée que celle d’un moine. Ismaël Lemonnier préserve quelques habiles surprises à propos de ces protagonistes, et la totalité de leurs passés ne sera révélé qu’à la fin du livre. Même si le récit est parfois surchargé (des dialogues volontairement trop grivois ou des individus caricaturaux, comme l’influenceuse Dakota), on ne peut que saluer le talent de narrateur de l’écrivain et sa belle inventivité.

    Un thriller qui alterne verve croustillante et moments noirs, scènes d’action et passages poignants. Une réussite où l’exigence de vivre est soulignée par la pluie de cadavres et de violences qui s’abat tout autour de ce parapluie littéraire.

    13/10/2025 à 06:47 2

  • Dead Zone

    Stephen King

    8/10 Cinquante-cinq mois : c’est le temps que John Smith a passé dans le coma après l’accident subi alors qu’il était à bord d’un taxi. Il en revient sonné physiquement mais surtout doué de visions : l’alliance de son ancienne copine, le sort de la mère de l’un de ses chirurgiens (le docteur Weizak), l’incendie en cours chez sa kiné. Il peut donc voir l’avenir, et ce don – autant qu’une malédiction – va s’avérer crucial avec Greg Stillson, politicien populiste et détraqué qui ouvrira certainement une guerre mondiale une fois qu’il aura été élu.
    Un livre majeur de Stephen King, remarquable dans son écriture, sa clairvoyance scénaristique (d’autant qu’il date tout de même de 1979). Une bien belle mécanique, une idée lumineuse à sa base, et un déroulé imprenable. Je regrette certaines longueurs (notamment lors de la loterie, au début), et d’autres éléments trop vite abordés (la traque de l’étrangleur de Castle Rock, qui en est à son sixième crime), mais l’ensemble est vraiment fort. Et l’auteur, malicieux, glisse une référence espiègle à la p. 422 de l’édition poche : « Il a mis le feu par la seule force de sa volonté ! Comme dans le livre Carrie ! ». Bref, une réussite.

    08/10/2025 à 19:22 4

  • La Dent du serpent

    Craig Johnson

    8/10 Un ouvrage dont le titre est issu d’une citation de William Shakespeare, et un plaisir intact de retrouver Walt Longmire et les siens. Une intrigue intéressante, mêlant religion, personnages farfelus ou retors, et toujours ces répliques qui font mouche. J’ai été particulièrement sensible à Rockwell, protagoniste qui prend dans l’histoire bien plus de place que Cord, contrairement à ce que laisse penser le résumé de la quatrième de couverture, dont le phrasé, les facéties, le passé étrange et sa totale inadéquation avec les mœurs de ses contemporains (tordante, cette obsession pour le film « Mon amie Flicka »). L’histoire est prenante, le scénario travaillé, et le rebondissement autour des réelles préoccupations de cette Eglise apostolique de l’Agneau de Dieu vraiment chouette. Mais c’est surtout la joie de retrouver la plume de Craig Johnson, mêlant humour, fort attachement au Wyoming, émotion et une pincée d’action : le final, au chevet de Vic, l’illustre brillamment.

    06/10/2025 à 20:17 4

  • La Mer et la nuit

    Nicolas Delestret, Jean-David Morvan

    5/10 Un enfant qui arrive en pleine neige avec un nourrisson dans les bras dans un refuge et qui satisfait sa faim, et on comprend vite, comme indiqué au début de ce premier tome de la série, que c’est « d’après » Victor Hugo et non « de », avec l’arrivée cocasse de samouraïs dans l’histoire et autres éléments typés steampunk. J’aime bien les idées ainsi que les lectures audacieuses, mais là, je n’ai pas vraiment accroché, voire vraiment pas accroché, à ce mélange des genres et à cette histoire qui partait d’après moi dans tous les sens. Pas certain d’être du voyage pour les tomes suivants.

    04/10/2025 à 08:03 1

  • Les Ephémères tome 1

    Jeff Lemire

    8/10 Un village envahi par des nuées d’éphémères. Un homme blessé, Lee David Simard, recherché par les forces de police, qui se réveille au beau milieu d’un champ et qui s’évanouit en atteignant un corps de ferme avant de rencontrer la jeune Fran Fox. Le criminel va se transformer en insecte dans le silo où il se croyait à l’abri.
    Un récit étrange, souligné par un graphisme épuré, d’où émerge une amitié singulière entre la gamine et le malfrat en cavale devenu un éphémère géant. Ça rappelle le film « La Mouche » mais également « Un Monde parfait ». Une chouette histoire pour ce premier tome, attendrissante et parfois poignante.

    02/10/2025 à 05:46 2

  • The X-Files Archives tome 1

    Charlie Adlard, Stefan Petrucha

    6/10 A New-York, un homme blessé fait une étonnante confession avant de se défenestrer. Mulder et Scully enquêtent sur cette histoire car l’inconnu prétend avoir volé le dernier secret de Fatima au Vatican.
    La première de plusieurs nouvelles, fidèles à l’esprit de la série, qui nous font passer par le Kansas avec un phénomène ufologique, Toungouska et le Nouveau-Mexique, avec ce qu’il faut de surnaturel, de complotisme et de mystères. Ça ne vaut probablement pas les épisodes télévisés originels mais ça se laisse agréablement lire.

    28/09/2025 à 20:01 1

  • La Comtesse Volodine

    Olivier Berlion

    6/10 Tony Corso est détective privé à Saint-Tropez et il vient juste de calmer les ardeurs d’un paparazzi ayant pris en photo un couple probablement adultère sur la plage. La Comtesse Héléna Volodine, l’engage pour retrouver « un ami très cher », Ricci Caponi. Mais l’affaire est un peu plus complexe…
    Un privé gouailleur qui se trimballe en chemise hawaïenne parmi la jet set tropézienne et multiplie les punchlines (plutôt bien trouvées, d’ailleurs) au gré d’une esthétique correcte et d’un scénario plutôt attendu : c’est détendant à défaut d’être franchement original. Distractif, sans plus.

    28/09/2025 à 19:59 1

  • L'Evangile du Serpent

    Pierre Bordage

    9/10 Un roman ambitieux, fort et singulier, qui repose sur une sorte de réinterprétation de la Bible, avec le retour d'un Messie atypique qui va profondément modifier les perceptions morales et existentielles des personnages qui le côtoient. Une écriture remarquable qui sert un récit intelligent et audacieux, pour ainsi dire choral, et qui pose des questions nombreuses et pertinentes sur notre société, notre civilisation ainsi que l'avenir du monde. Un ouvrage difficilement classable, mais pour ma part, je le range dans la catégorie des œuvres majeures, tout simplement.

    25/09/2025 à 07:03 1

  • Les Derniers hommes

    Pierre Bordage

    8/10 Un sacré pavé (671 pages dans l’édition que j’ai eue) pour cette œuvre de science-fiction très dense et prenante. Le portrait saisissant et particulièrement bien écrit d’une humanité postapocalyptique où Solman, sorte de médium boiteux, est en charge de l’une des plus précieuses ressources pour l’espèce humaine, à savoir l’eau. Comme pour « Les Guerriers du silence », je ne suis pas spécialement un fan ni un expert en SF et surtout, je ne maîtrise pas suffisamment son univers et ses codes pour apprécier à sa juste valeur ce roman. Néanmoins, beaucoup de qualités sautent aux yeux, même à ceux du béotien en la matière que je suis : une écriture forte, un décor magnifiquement planté, une belle combinaison entre anéantissement et espérance, et surtout le magnifique portrait de Solman, Aquariote, à la fois meurtri par son don vécu comme un anathème et qui a pourtant sur ses épaules voûtées par le poids de la responsabilité qui est désormais la sienne un rôle majeur pour l’humanité. Une œuvre grandiose, sublimement écrite et menée, que j’ai dégustée par petites lectures afin d’en apprécier tout le sel, sans que ce fractionnement ne vienne gâter le plaisir global que j’ai ressenti. Vraiment très bon.

    25/09/2025 à 06:03 1