El Marco Modérateur

3733 votes

  • Eidolon

    Warren Ellis, Jason Masters

    7/10 Ce deuxième tome commence avec la mise à mort d’un type par un dénommé Hawkwood qui est salement défiguré, et revoilà notre James Bond intercontinental qui affronte des Turcs à Los Angeles. Le plaisir de retrouver l’agent secret est intact et le héros se montre bien violent (cf. les moments où il abat froidement des ennemis ou la baston dans l’ascenseur). Beaucoup d’action et de fusillades avec en plus un scénario classique mais qui tient bien la route.

    hier à 18:58

  • S.H.A.R.K.

    Vincent Brugeas, Ryan Lovelock

    5/10 La Seconde Guerre mondiale s’est invitée jusqu’en Australie où quarante mille prisonniers allemands sont enfermés tandis que les Alliés font de ce pays un port d’attache. Le S.H.A.R.K., parti fasciste australien, tente un rapprochement avec les nazis mais ses membres sont emprisonnés. Le détenu Worth arrive justement dans une de ces bagnes, Rabbit Flat, avec comme mission secrète de prendre le contrôle de cette prison au nom du S.H.A.R.K. et va devoir faire alliance avec le parrain néonazi local, Othon.
    Un tome que j’ai trouvé assez poussif, avec les clichés du genre (les bastons, les luttes de clan, même le rebondissement final était très téléphoné), et malgré un final explosif (à tous les sens du terme), cette BD m’a paru vraiment moyenne.

    avant hier à 19:33

  • Le Vol de l'oiseau-tonnerre

    Maza, Richard D. Nolane

    6/10 Ce vingt-deuxième tome s’amorce dans l’oblast d’Astrakhan le 9 avril 1947 avec l’essai de deux fusées, une expérience à laquelle s’intéresse beaucoup Staline. Comme dans mes précédents commentaires, la série patine un peu à mes yeux, malgré une histoire pas inintéressante, en raison du manque de sursauts et autres virages scénaristiques. L’ensemble est agréable et les combats aériens finaux sympathiques, mais je m’ennuie un peu…

    avant hier à 19:32

  • Collapsus

    Thomas Bronnec

    9/10 Cela fait trois ans que Pierre Savidan a accédé au poste de président de la République française. Celui qui s’était fait connaître comme militant écologiste avait emporté de peu les scrutins et son mouvement politique, Mouvement vital, s’était imposé comme un choix radical mais nécessaire pour sauver le pays. Les mesures draconiennes mises en place ont fait grincer des dents mais ses convictions intimes demeurent entières : la sauvegarde de l’environnement doit passer par des choix drastiques qui se veulent indispensables même si un sondage souligne le fait que « 14 % des Français seulement approuvent la politique du président ». Mais les mois qui viennent vont s’avérer particulièrement mouvementés.

    Thomas Bronnec, journaliste et fin connaisseur de la sphère politique, signait ce brûlot en 2022, un ouvrage explosif et qui a peut-être une valeur prémonitoire. On y suit, du 30 avril au 27 juin, les soubresauts vécus par ce locataire du Palais de l’Elysée qui a été élu sur un programme écologique très ambitieux. Parce que la défense de la Nature est impérative, le covoiturage est devenu obligatoire, manger de la viande doit devenir une exception, les fonctionnaires bénéficient d’un SEI (comprenez « scoring écologique individuel ») qui attribue un résultat en fonction de leurs agissements, et la politique nataliste a été nettement corrigée. Et malheur aux contrevenants qui finissent par suivre le programme « PAIRE » aux allures de camp de conversion. Ces décisions ont profondément clivé la population, et le livre s’ouvre justement sur une manifestation de partisans de Savidan qui débouche sur la mort de la femme et du bébé d’Olivier Fleurance, un grand chef d’entreprise. Thomas Bronnec dresse avec grand talent le portrait d’un président persuadé d’agir au mieux, quitte à user du forceps et de la contrainte au nom du bien général. Les personnages qui l’entourent sont également habilement croqués, évitant tous la caricature, depuis sa garde prétorienne dont certains membres vont le lâcher jusqu’aux hautes éminences politique du pays (ministres, Assemblée nationale, Sénat, Conseil d’Etat, etc.). L’histoire est parfaitement maîtrisée, les rouages le sont tout autant, et le lecteur assiste aux convulsions d’un régime qui, pris entre le marteau de l’opposition et l’enclume de la défiance, va connaître des jours sombres voire sanglants (l’émeute presque finale n’est d’ailleurs pas sans rappeler l’assaut du Capitole mené un an auparavant aux Etats-Unis par les partisans de Donald Trump). Et ce qui sidère le plus dans ce récit survolté, c’est sa vraisemblance, habilement alimentée par les belles connaissances de l’écrivain. On en vient alors à se demander légitimement si cette histoire n’est pas révélatrice d’une éventuelle dictature verte en approche, d’un messie providentiel qui se serait égaré sur les chemins de l’autoritarisme, ou d’une société qui finira par imploser face aux enjeux environnementaux mondiaux dont on ne peut plus faire abstraction.

    Un ouvrage fort et marquant qui a trempé sa plume dans l’encrier de nos manquements collectifs et de notre refus de voir les évidences écologiques, mais aussi dans un jusqu’au-boutisme qui peut être tout aussi délétère. De l’utopie à la dystopie, ça n’est pas qu’une simple affaire de préfixe.

    17/11/2025 à 06:45 3

  • Mille yeux

    Fred Vignaux, Yann

    7/10 Dès l’entame, le tempo est solide et le ton donné : des serpents dans une grotte, un naufrage, une famille entière pendue à un arbre, une terrifiante légende nordique, des fulmars très agressifs, des raies géantes… Autant d’entrain que d’épreuves pour ce quarante-et-unième tome prenant et réussi quoique finalement assez classique.

    16/11/2025 à 07:45 1

  • Kill Joy

    Holly Jackson

    8/10 Pip est invitée par un de ses amis, Connor, à une murder party. Il s’agira de participer à un jeu se déroulant dans les années 1920 et au cours duquel divers camarades camperont un personnage – un membre de sa famille ou de sa domesticité – de l’entourage de Reginald Remy que l’on retrouvera poignardé en plein cœur. Pip est déjà très affûtée et il se pourrait même que ses raisonnements l’emmènent plus loin que ce qui était prévu.

    Holly Jackson nous propose ce court récit qui est une préquelle à sa série Meurtre mode d’emploi à l’usage des jeunes filles. On y retrouve ainsi la jeune Pip plongée dans les faux-semblants, rancœurs et tiraillements d’une famille liée au septuagénaire Reginald Remy, elle-même incarnant Celia Bourne, la nièce du patriarche qui sera retrouvé assassiné. L’écrivaine joue avec intelligence sur les codes du whodunit, s’autorisant quelques passages très amusants au cours desquels les personnages peinent à endosser le rôle qui leur est dévolu, s’embrouillent voire commettent des sacrilèges en faisant de lourds anachronismes. Il n’y a pas le moindre temps mort, l’intrigue est classique et intéressante, et le dénouement l’est tout autant. Néanmoins, ce qui marquera les esprits, c’est justement ce final où Pip va proposer une solution qui est tellement brillante qu’elle s’avère supérieure à celle qui avait été imaginée par son concepteur. La marque d’un esprit particulièrement brillant ? Nul n’en doute : Holly Jackson évoque dans les derniers paragraphes l’intrigue de Meurtre mode d’emploi (à l’usage des jeunes filles) dans laquelle Pip révèlera toute l’étendue de sa sagacité.

    Un roman concis et efficace qui constitue une belle friandise pour les fans de l’auteure comme de son personnage fétiche.

    14/11/2025 à 06:57 3

  • Les dents de la mer

    Peter Benchley

    8/10 « Je crois bien qu’on a une flotteuse sur les bras, chef » : c’est ainsi que l’un des adjoints du chef de la police d’Amity, une petite station balnéaire, informe son supérieur qu’ils vont devoir retrouver une jeune femme, Christine Watkins. Mais ils vont vite retrouver son corps dans un état tel que le doute n’est guère permis : elle a été dévorée par un requin. Le maire est sceptique, les commerçants locaux également, mais quand d’autres victimes sont à déplorer, le doute n’est plus permis. Une lutte à mort contre le prédateur va alors s’amorcer.

    Tout le monde connaît et a vu le film de 1975 réalisé par Steven Spielberg, et alors qu’on célèbre les cinquante ans de la sortie de ce mythique long-métrage, les éditions Gallmeister ont eu la riche idée de rééditer ce roman de Peter Benchley. Impossible d’entamer ce livre sans avoir en tête les scènes, les dialogues, les personnages, et c’est paradoxalement un plaisir que de découvrir que cet ouvrage n’a pas si fidèlement été adapté. Les trois parties qui le composent sont prenantes, mettant davantage l’accent sur la psychologie des protagonistes ainsi que le microcosme local, avec ses failles, ses tiraillements, ses points de compression. Le maire porte des espoirs immobiliers en raison d’une vieille dette contractée auprès de la mafia, le journaliste local a un rôle important, et les marchands du temple ne veulent surtout pas effrayer les neuf-mille visiteurs estivaux. Parallèlement, l’auteur a fait du chef Martin Brody un type entêté, parfois maladroit et brutal, et l’ichtyologiste Matt Hooper est un jeune homme bien moins sympathique que le personnage porté à l’écran par Richard Dreyfuss. D’ailleurs, l’écrivain lui-même s’amuse de ces différences dans sa note en fin de livre et datant de 2005 : « Histoire d’amour ? Mafia ? Qu’est-ce qu’il raconte ? D’où est-ce qu’il sort tout ça ? ». En effet, certains passages surprennent ou agacent (l’idylle passagère entre la femme de Brody et Hooper, après leur entrevue au restaurant où elle évoque ses fantasmes de viol et lui ses rêveries quant au triolisme), mais il serait totalement déplacé de vouloir absolument comparer les deux œuvres. Étrangement, les divergences constituent même un plaisir supplémentaire. Le souffle humain est présent, la traque final du monstre est homérique, et les cinéphiles seront à la fois surpris et intéressés par deux différences notables dans le final.

    Un roman qui a fait date dans le domaine de la littérature, porteur de sueurs froides et magnifiques frayeurs. Il a également ouvert la voie à un nombre monumental de films traitant des créatures marines destructrices. Un puissant jalon qu’il est encore largement temps de (re)découvrir, ne serait-ce que pour être épouvanté ou surpris par cet ouvrage qui comportait de larges moments qui n’étaient pas nécessaires au grand spectacle hollywoodien transposé sur grand écran.

    12/11/2025 à 06:59 4

  • Stuka, le tueur de tanks

    Richard D. Nolane, Aleksandar Sotirovski

    7/10 Une évocation réussie des terribles avions Stuka qui commence ici par un raid le 21 septembre 1941 dans le golfe de Finlande. Des combats aériens prenants et spectaculaires, mais au-delà du côté purement explosif de cette BD, j’aurais apprécié que les volets historique et documentaire (comme avec le pilote Hans-Ulrich Rudel) soient davantage creusés.

    11/11/2025 à 06:47 2

  • Les Âmes fracassées

    Alfred Lenglet

    8/10 « Nous avons du sérieux, une sorte de première nationale qui va braquer les projecteurs des médias sur un meurtre » : c’est ainsi que le supérieur du commandant de police Nolan Diethelm le prévient qu’un homicide vient d’avoir lieu et que celui-ci est singulier. Jean-Baptiste Meningi, chef de l’orchestre de Lyon, a été la cible d’un drone tueur. L’équipe d’enquêteurs est sidérée par la méthode, d’autant qu’ils apprennent rapidement que l’engin volant était muni d’un dispositif de reconnaissance faciale. Quand c’est l’épouse de la victime qui est à son tour visée par un drone, la tension monte encore d’un cran.

    Ce thriller de Alfred Lenglet séduit dès les premières pages par son tempo. L’écriture est sobre, rognée jusqu’à l’os, chaque paragraphe étant porteur d’un événement, d’une découverte ou d’une péripétie. C’est un style très factuel, avec des ellipses nombreuses et des descriptions réduites à leur plus simple expression – quasiment pas de détail apporté aux visages des personnages, par exemple – et qui suit avec rigueur les procédures policières, l’auteur étant affecté à la direction zonale de la police nationale à Lyon. L’histoire est bien imaginée, les rebondissements sont nombreux, il n’y a pas le moindre temps mort et les quelque deux-cent-cinquante pages de l’ouvrage défilent à toute allure. Les fausses pistes abondent, entre dettes de jeu, adultère, dissensions au sein de l’orchestre, résurgence d’une arme ayant précédemment servi lors d’un crime, etc. Le lecteur se réjouira de l’ambiance si cordiale entre les membres du groupe de limiers – même si la piste d’une trahison interne se produit dans le dernier tiers du livre –, avec des moments de camaraderie et de joies épicuriennes vite rattrapées par les exigences du terrain et l’immédiateté du danger. Un ultime rebondissement, apparaissant au gré d’un tatouage, clôt avec intelligence ce récit endiablé.

    Un roman maîtrisé et trépidant, de facture somme toute classique, mais mené avec entrain et bénéficiant d’une entame, avec ce drone tueur, particulièrement bien trouvée.

    10/11/2025 à 06:45 5

  • Là où sombrent les secrets

    Céline Bréant

    8/10 En juin 2007, trois amies, alors adolescentes, font une escapade dans les Alpes : Maëlle Faure ne reviendra jamais. On dira qu’elle s’est noyée même si les circonstances du drame demeurent floues. Quinze ans plus tard, Mila, l’une des deux rescapées, décide de comprendre ce qui s’est passé et disparaît à son tour. Clémence Roland doit alors comprendre ce qui se trame autour de cette sinistre rivière.

    Ce roman de Céline Bréant s’écoule un peu comme ce torrent qui est longtemps au cœur du récit. On y trouve, pêle-mêle, des remous saccadés, des eaux qui ne sont calmes qu’en apparence, des chutes brutales, des fonds que l’on croit pouvoir observer et comprendre avant de saisir qu’ils sont dangereux. L’écrivaine, si jeune, dispose déjà d’une très belle plume, et c’est toujours avec ravissement qu’un lecteur ou un chroniqueur découvre un nouvel auteur, d’autant qu’ici, la rencontre est on ne peut plus séduisante et prometteuse. Céline Bréant alterne les moments avec brio : la culpabilité des protagonistes, la tension quand il s’agit de décrire les agissements ignobles de certains monstres tapies près des rives de la rivière, des sentiments amourachés également. La cinquantaine de chapitres défile sans le moindre temps mort, et l’autrice alternent avec intelligence passé et présent tout en préservant un ultime rebondissement final.

    Un ouvrage de grande qualité, attachant, parfois effrayant – pensons notamment à la sordide machination perpétrée qui rappelle, mille fois malheureusement, certains faits divers abjects et pourtant réels. Le titre, inspiré et composé par la dernière phrase du livre, marquera durablement l’esprit du lectorat qui ne pourra qu’attendre avec impatience d’autres œuvres de Céline Bréant.

    07/11/2025 à 06:56 3

  • L'Affaire Patty Johnson

    Jean-Christophe Tixier

    9/10 Patty Johnson a dix-neuf ans et elle a la rage au ventre. Le système judiciaire permet de faire libérer des criminels avant le terme de leur peine dès lors que suffisamment d’internautes ont voté pour leur « relâchement », permettant ainsi à des justiciers autoproclamés de traquer ces individus et les lyncher. Celui qui intéresse Patty au plus haut point, c’est Marc Bardys qui a tué sa jeune sœur, Iris, trois ans plus tôt. Patty a la rage au ventre mais elle n’a pas prévu que le doute s’y installe également.

    Ce deuxième tome de la série Guilty est aussi réussi que les deux autres. Jean-Christophe Tixier, auteur réputé d’ouvrages pour la jeunesse, a trouvé une idée brillante avec cette histoire de libération prématurée possible quand la population le décide, non pas pour des raisons humanistes mais bien pour que ces repris de justice soient pourchassés et éliminés pour de bon. Parallèlement, on découvre des opposants à ces articles de loi, les PJE (pour « Partisans d’une Justice Equitable »), qui préfèrent capturer ces fugitifs et les enfermer pour qu’ils purgent la totalité de leur peine et, dans le même temps, ne soient pas exécutés sommairement. Jean-Christophe Tixier décrit avec intelligence les clivages de la société, les mobiles des uns et des autres, et les documents qui jalonnent le récit (diffusions radiophoniques, extraits du journal intime d’Iris, forums fréquentés par les adeptes des battues, etc.) apportent d’habiles ponctuations tout en dynamisant le rythme. Les personnages sont bien creusés, et l’on retiendra principalement, en plus de Patty bien entendu, Jane, alias « Gun_27 », qui est une chasseuse d’une redoutable efficacité, et Greg, alias « Séraphin », qui a des comptes à régler avec Marc Bardys. L’auteur clôt son intrigue avec la même maturité que celle qui a présidé à sa rédaction, et il ouvre la voie vers le troisième ouvrage, L'Affaire Helena Varance, que nous vous recommandons aussi chaudement que tous les titres de cette série.

    Un roman atypique, audacieux et très réfléchi, qui s’impose autant par le tempo énergique de son intrigue que par les questionnements judicieux qu’il souligne. Une réussite que l’on ne peut que conseiller aux lecteurs adolescents comme aux adultes.

    06/11/2025 à 06:52 2

  • L'Âme du fusil

    Elsa Marpeau

    9/10 Philippe vit dans un microcosme rural avec son fils Lucas et sa femme Maud. Une sorte de microsociété intrinsèquement campagnarde, corsetée, où l’on se passionne pour la chasse très tôt et où le passage du permis de chasse constitue un véritable jalon, presque un rite initiatique. Mais ce petit monde est ébranlé par l’arrivée d’un Parisien, Julien, qui détonne, surprend, séduit ou agace. Si Philippe prend sa défense, Julien n’en demeure pas moins un horsain qui va faire imploser le village.
    Je connaissais déjà la plume d’Elsa Marpeau dont j’avais beaucoup aimé « Et ils oublieront la colère » et « Les Corps brisés, un peu moins « Black Blocs », et ce roman est peut-être mon préféré. Un ouvrage noir, très sombre et dur, où le champêtre tourne non pas à l’onirisme bucolique mais au cauchemar enténébré. Une plume absolument remarquable, une atmosphère ankylosée où le désir et la jalousie vont lentement grimper jusqu’aux drames, pluriels, exposés à la fois avec beaucoup de retenue et de crédibilité. Les finals sont extraordinaires, mus par une excellente puissance d’évocation littéraire, saisissants et mémorables. Un livre coup de poing présenté sous la forme d’une confession à la première personne de la part de Philippe à un membre de sa famille, Pierre, et qui restera certainement l’un de mes bouquins préférés du moment.

    04/11/2025 à 05:50 5

  • Le Loup des Ardents

    Noémie Adenis

    8/10 Le village d’Ardeloup, en Sologne, subit un violent hiver en cette année 1561. Tandis qu’un médecin, Aymar de Noilat, est de passage, des phénomènes étranges viennent secouer la communauté : membres du corps brûlants, taches noires. Très vite, l’épidémie se répand. Aymar, aidée par Loïse, une gamine de dix ans au passé obscur, se retrouve au centre de cet embrasement des organismes autant que des âmes.
    Je découvre ici la plume et l’œuvre de Noémie Adenis, et j’ai passé un bon moment. Ecriture simple mais efficace, suspense plutôt bien entretenu, ambiance lourde correctement restituée : on est vraiment dans de la bonne littérature policière. Un rythme intéressant et une transposition habile dans la France rurale du XVIe siècle, voilà qui offre un agréable dépaysement. Maintenant, à côté de ces qualités très objectives, quelques points m’ont chagriné. Si l’histoire est bonne, elle n’est que très classique, et j’ai aussitôt pensé à pas mal de films à l’ouverture et au dénouement semblables, ce qui a largement dévoilé avant l’heure le cœur de l’intrigue autant que le final. D’ailleurs, puisqu’on parle de cela, j’ai trouvé dommage que l’écrivaine flingue le suspense en dévoilant dès le début du dernier tiers de son œuvre l’identité du criminel. Dans le même temps, j’ai noté de nombreux anachronismes (« à plein régime », « en connaître un rayon », ou encore « levez la main droite et dîtes je le jure » – ça se disait dans les procès de l’époque, ça ?) : cela vient en totale contradiction avec la formule de Madame Figaro en quatrième (« Ce polar historique est le fruit d’un long travail de recherche, mené sur plusieurs années », mais Madame Figaro, est-ce un phare en matière de critique littéraire ?), d’autant que le côté documentation dans cet ouvrage m’a semblé assez faible. Pour résumer, un bon roman, habile et très plaisant, qui ne réinvente en rien le genre mais joue plutôt sur la partition connue des ressorts déjà éprouvés, offrant un délicieux roman.

    03/11/2025 à 05:56 1

  • L'Or maudit

    François Boucq

    9/10 L’attelage conduisant la femme obèse vue dans le précédent tome s’engouffre dans le « canyon du fou », et Bouncer part à sa recherche. Un opus essentiellement axé sur cette traque, du canyon au désert jusqu’à cet ancien point de chute d’une météorite, avec moult trahisons et rebondissements chez les pourchassés tandis que notre héros et ses acolytes tombent sur une tribu particulièrement sauvage et violente qui exploite ses victimes pour inséminer ses femmes. Un dernier tome aussi fort que les précédents, où Bouncer quitte la scène avec une prothèse inattendue.

    30/10/2025 à 07:52 1

  • Du Fond des âges

    René Manzor

    4/10 732 jours que Nateo, le jeune fils de l’explorateur Marcus Taylor, a disparu, et voilà qu’il réapparaît dans les rues de Christchurch, poursuivi par des gens qui veulent le tuer et finissent par le blesser sévèrement au point de le rendre en partie amnésique. Un an plus tôt, Taylors avait accepté de participer à une mission en Antarctique, mais le périple avait commencé par un crash…
    Vraiment déçu par ce livre. C’est simple, écrit de manière plutôt efficace, correctement huilé et très hollywoodien dans la conception comme dans la mise en forme. Mis à part ça, le style est vraiment rudimentaire, certains personnages sont intéressants mais sous-exploités (cf. Abby Murphy, ancienne profileuse de Scotland Yard et atteinte du syndrome Ehlers-Danlos), et l’ensemble mélange les genres de façon maladroite (les exorcismes, la maladie fongique). Mais surtout, comme noté par mes petits camarades, l’inspiration vient ouvertement du film « The Thing », et plutôt que de lui rendre hommage ou d’y faire quelques références sous la forme de clins d’œil, René Manzor aspire littéralement l’histoire et se l’approprie carrément : la base en Antarctique, les sosies, l’utilisation du lance-flammes, les test sanguins, les doutes et la paranoïa… Bref, à part la petite explication finale quant au bracelet et le côté au moins distractif, un thriller fantastique que j’ai trouvé particulièrement fade en raison de son manque flagrant d’originalité, son écriture insipide, ses dialogues plats et ses protagonistes pas suffisamment creusés.

    28/10/2025 à 10:02 2

  • La Fille sans peau

    Mads Peder Nordbo

    8/10 Août 2014 : le corps de ce que l’on pense être un Viking quasi momifié dans la glace est découvert à Nuuk, au Groenland. C’est ensuite le policier chargé de veiller sur la dépouille qui est retrouvé peu après, éviscéré. Matthew Crave, journaliste, va enquêter et vite comprendre que ces événements sont probablement en lien avec ceux ayant eu lieu en 1973, et c’est le carnet tenu par le policier – Jakob Pedersen – en charge de ces affaires de disparitions de fillettes et de meurtres de leurs parents qui va lentement le mettre sur la voie.
    Mon premier Mads Peder Nordbo, et j’ai été séduit par ce roman. Le style est sans fioriture, la plume sans véritable éclat littéraire – pas d’image, de métaphore, de figure de style –, mais ça reste très solide et vivant. J’ai beaucoup apprécié les personnages centraux, avec Matthew, ayant récemment perdu sa femme et l’enfant qu’elle portait lors d’un accident de voiture et avec encore de sérieuses gênes au niveau des cervicales, la jeune Tupaarnaq, chasseuse de phoques à l’épiderme colorié de tatouages végétaux, solide et guerrière, qui a passé douze ans derrière les barreaux pour les assassinats des membres de sa famille, ou encore Jakob, ce policier intègre et fermement décidé à comprendre ce que l’on essaie de lui cacher. Nordbo a tissé une intrigue prenante et aussitôt addictive, qui va fait dévorer ce livre plus que je ne l’ai réellement lu. Même si cette histoire n’a en soi rien de très original si l’on met de côté le cadre et les aspects culturels habilement égrainés, l’écrivain m’a charmé par son ton, sa justesse, sa dignité, et des passages très forts et poignants – les moments que Jakob partage avec la gamine sont de purs moments de grâce, et je me souviendrai longtemps de cet oursin – tandis que d’autres sont révoltants puisque des enfants sont les victimes : des horreurs que l’auteur suggère plus qu’il ne décrit, et c’est déjà bien assez monstrueux comme ça. Bref, un ouvrage vraiment bon et touchant, où la glace alterne avec le magma.

    27/10/2025 à 07:41 3

  • Missak, Mélinée & le groupe Manouchian

    Jean-David Morvan, Thomas Tcherkezian

    8/10 Du génocide arménien à ses débuts en tant qu’ébéniste, de son exil en France à sa vie parisienne aux côtés de la poésie à ses amours naissantes avec Mélinée, en passant bien évidemment par le communisme, la Résistance et son exécution, une biographie fidèle de Missak Manouchian ainsi que quelques portraits de celles et ceux dont les visages – et les trajectoires héroïques – apparaissent sur la fameuse « affiche rouge » (le tout début de cette BD commence justement avec elle). Un graphisme sobre et empli de tact, à la hauteur du courage des êtres mis en lumière, pour cette œuvre certes de circonstance (panthéonisation en février dernier) mais au message intact et éternel, presque nécessaire. Les textes et documents reproduits en fin d’ouvrage replacent cette BD dans son contexte historique.

    26/10/2025 à 07:43

  • Mon mari dort dans le congélateur tome 2

    Hyaku Takara, Misaki Yazuki

    6/10 Suite et fin de la série (un diptyque, donc). Les dessins demeurent toujours aussi épurés, sans la moindre fioriture, et le suspense grimpe encore d’un cran en même temps que la sensation de folie de Nana. Dès lors, vraiment dommage que le ressort utilisé soit aussi connu et éculé, moi qui espérais un rebondissement plus original et prenant. Heureusement, le final qui est dit beaucoup en si peu de planches est davantage à la hauteur de ce que j’attendais et rattrape le poncif précédemment évoqué.

    24/10/2025 à 07:53 1

  • Regardez-la fuir

    Rylie Dark

    6/10 L’agent du FBI Mia North brille par ses aptitudes professionnelles autant que par ses résultats jusqu’à ce que cette belle mécanique vienne se gripper. Elle est accusée d’avoir abattu froidement le pédophile Ellis Horvath et condamnée à de la prison. En revanche, même si elle est incapable de le prouver, elle sait qu’elle est tombée dans un piège tendu par Wilson Andrews auquel elle vient de jouer un sale tour. Au cours d’un transfèrement, Mia parvient à s’échapper et est fermement décidée à faire éclater la vérité.
    Ici, Rylie Dark nous rejoue la série « Le Fugitif ». Ecriture et style simples, péripéties un peu convenues, scénario fluide qui ne réinvente néanmoins pas le genre : on est dans du classique pur jus. Cependant, ce roman se laisse lire et permet d’introduire un personnage que l’on pourra suivre au cours de nombreux épisodes. L’histoire, comme je viens de l’expliquer, est plutôt agréable malgré pas mal de poncifs mais je n’ai guère vu passer le temps lors de ma lecture. Au final, un livre correct qui divertit sans pour autant vraiment faire frissonner ni émouvoir.

    23/10/2025 à 07:40 1

  • Le Cheval de Troie

    Andrea Mutti, Philippe Saimbert

    8/10 William – alias Saindoux – est conduit dans l’ambulance et continue à se souvenir de ce qui les a amenés, lui et ses compagnons d’infortune, dans le ventre de la banque la plus sécurisée et imprenable qui soit.
    Un sacré dénouement, avec un double rebondissement (presque un triple, si on compte également celui qui se déroule dans le train), amplement à la hauteur de mes attentes. Certes, on pouvait éventuellement se douter de l’un d’entre eux, mais il n’empêche, c’est vraiment bien trouvé et l’esthétique impeccable ainsi que les dialogues au cordeau viennent souligner cette belle prouesse scénaristique. Chapeau !

    20/10/2025 à 07:48 1