El Marco Modérateur

3660 votes

  • Reckless tome 1

    Ed Brubaker, Sean Philipps

    8/10 Ethan Reckless est un type qu’on engage pour « résoudre un problème », et il en a justement un puisqu’un type armé d’une machette le menace. Et tout a commencé quand une vieille connaissance, Rainy Livingston, souhaite récupérer deux cent mille dollars, sa part d’un braquage de banque. Les événements prennent une tournure effrayante quand Rainy périt dans l’explosion de son véhicule.
    Un récit assez classique mais sacrément efficace, d’autant que la traque du dénommé Wilder et de ses sbires tient en haleine. Une narration impeccable, avec une immersion immédiate grâce à ce récit à la première personne : j’ai déjà hâte de savoir ce que les tomes suivants nous réservent.

    hier à 07:58 2

  • A couteaux tirés

    Joëlle Jones, Jamie S. Rich

    8/10 Madame Josie Schuller officie comme représentante en produits de beauté, mais en réalité, elle est tueuse à gage : sa dernière cliente, madame Romanov, est également sa dernière victime, aussitôt suivi par un contrat sur la tête d’un adepte du club « Kitty Cat ». Mais quand on lui demande de tuer un gosse – un contrat qu’elle ne parvient d’ailleurs pas à honorer, ça coïncide avec le fait que son employeur a envie de se débarrasser d’elle. La prédatrice devient alors une proie.
    Un thème pas particulièrement original, mais le rythme est très bon, l’esthétique également (impossible de ne pas reconnaître des clins d’œil au style de Roy Lichtenstein), et le jeu final de massacre est jubilatoire. Un bien bon moment de divertissement et un déglinguage en règle d’un certain « American way of life ».

    14/07/2025 à 08:05 2

  • Erin

    Paul Drouin, Lylian

    7/10 Au Groenland, une frêle expédition retrouve une créature colossale. Au même moment, au nord de l’Ecosse, la jeune Erin fait pour la énième fois le même cauchemar d’accident automobile qui a coûté la vie à ses parents. Alors qu’elle s’engage seule dans la forêt pour rejoindre sa cabane, elle tombe sur trois enquiquineurs auxquels elle n’échappe que grâce à l’intervention de lianes. Erreur : ces lianes appartiennent en fait à un monstre gigantesque.
    Un premier tome très coloré et plein de candeur destiné à la jeunesse, comparable à un conte. C’est plutôt agréable, plein de bons sentiments et ça me change de mes lectures actuelles. Le réveil du monstre au Groenland clôt cette BD.

    11/07/2025 à 07:54 1

  • Carbone modifié

    Richard Morgan

    7/10 Un thriller de science-fiction conséquent (570 pages dans mon édition de poche) de cet auteur – Richard Morgan – dont je ne connaissais pas la plume ni l’univers. Dans ce roman, Takeshi Kovacs est assassiné par une meute de tueurs avant qu’on ne lui confie une âpre tâche : comprendre pourquoi Laurens Bancroft a été abattu. Dans cette société d’anticipation, les êtres humains peuvent bénéficier d’une sorte de pile qui enregistre leur vie et leurs souvenirs et, s’ils meurent, il n’y a plus qu’à réinjecter le contenu de cette sauvegarde dans leur nouvelle enveloppe corporelle. Mais pourquoi a-t-on voulu faire disparaître Bancroft ? La réponse se trouve peut-être loin au-dessus de leurs têtes.
    Un ouvrage sacrément costaud parce qu’il met aussitôt dans le bain de cette société réinventée par l’auteur, avec de nombreux termes et principes expliqués au fur et à mesure mais qu’il faut intégrer au plus vite pour suivre le fil de l’intrigue. Une intrigue d’ailleurs très dense, charpentée et consistante qui, malgré le grand nombre de pages, ne souffre vraiment pas de longueurs ni de temps morts. C’est solide, prenant, jouant à la fois sur des codes et ressorts classiques de la littérature noire (cf. les pratiques dans le vaisseau, les pressions politiques, le rôle de Kovacs proche de celui des bons vieux détectives privés, etc.) tout en insérant cela à un cadre futuriste et à des épisodes de fusillades dantesques (le prologue, la castagne avec Kadmin ou la baston presque finale dans le vaisseau sont à cet égard édifiant). Bref, un thriller sous haute tension, pourvu d’une histoire forte, dynamique et mémorable, mais qui pêche parfois par des moments de grande complexité liée à l’inventivité abondante de l’auteur.

    10/07/2025 à 07:51

  • NeuN tome 6.5

    Tsutomu Takahashi

    9/10 Des images apocalyptiques et envoûtantes pour l’entame, entre massacre aux armes automatique et pluie oppressante. Un graphisme magnifique et un scénario redoutable pour ces quatre chapitres venant conclure cette partie de la série. Les images du congrès final, étourdissantes de réalisme, font méchamment froid dans le dos. Minuscule bémol : visiblement, la suite n’est pas (plus ?) à l’ordre du jour alors que la scène finale me laisse en pleine apnée.

    10/07/2025 à 07:50 1

  • Koursk

    Antonello Becciu, Dobbs

    7/10 Puisque la bataille de Stalingrad a été un échec, les nazis cherchent à se venger des soviétiques à Koursk. Une évocation historique réussie, soulignée par de beaux graphismes, et quelques passages surprenants aptes à marquer les esprits (comme ce char prétendument maudit, ou les témoignages de ce photographe qui est aux avant-postes des combats).

    08/07/2025 à 07:56 1

  • Martha Shoebridge

    Frank Giroud, Colin Wilson - 2

    8/10 Martha Shoebridge, alors médecin, rencontre William Sheridan quand il n’est encore que député, et une passion mutuelle les dévore graduellement. Ça commence vraiment comme une love story et même si ça peut surprendre par rapport à sa série originelle, ce tome est vraiment intéressant et intelligent, mettant en avant le mental de Matha qui va connaître bien des émotions, de l’amour à la déception en passant par l’alcoolisme, la surcharge pondérale et la déchéance professionnelle. Malin, aussi, le rebondissement quant au malaise de la femme de Sheridan. Bref, c’est étonnant et très soigné, et c’est très bien ainsi.

    08/07/2025 à 07:47 2

  • Le Survivant

    Gerardo Balsa, Mark Jennison

    6/10 Quelque part dans l’Atlantique : le sous-marin panse ses plaies. Le dessin reste toujours assez agréable et je trouve que le récit gagne en densité, même si je reste pour le moment plutôt dubitatif : je trouve que l’ensemble aurait pu être abrégé pour gagner en concision et donc en percussion. Encore 12 tomes : j’espère que le scénariste – Mark Jennison – a des idées intéressantes pour la suite. Le final sous les bombardements rallume un peu mon intérêt.

    05/07/2025 à 08:02 1

  • Les Saintes reliques

    Steve Berry

    2/10 Cotton Malone, reconverti en libraire spécialisé dans les ouvrages de luxe, se trouve à Bruges lorsque trois hommes armés s’emparent d’une relique, des gouttes du sang du Christ. Recouvrant rapidement ses réflexes, il se lance à la poursuite des voleurs mais fait chou blanc. Néanmoins, il met ainsi le doigt dans un engrenage puisqu’on lui demande de se lancer dans une quête où il est autant question des « Arma Christi » (les instruments de la Passion) que de la Pologne et de l’équilibre géopolitique du monde entier.
    De Steve Berry, j’avais déjà lu autrefois « Le Troisième secret » que j’avais bien apprécié, alors longtemps après, je me suis procuré un autre ouvrage de l’auteur, et… quelle déception. D’abord, le titre français est hautement trompeur (l’original étant « Le Protocole de Varsovie », nettement plus fidèle au contenu). Parce que (ça n’est rien divulguer, cet élément apparaît dès une centaine de pages), en réalité, ces reliques ne sont qu’un prétexte à peine exploité, et l’idée est la suivante : des hommes détiennent des documents soi-disant compromettants sur le passé du Président polonais, alors ils vont faire une vente aux enchères de ces documents en demandant aux nations intéressées de réunir ces précieuses reliques. Vous suivez ? Moi pas. Là, déjà, je commençais à caler tellement c’était tiré par les cheveux. Mais on continue. En réalité, il est question d’une méga batterie de missiles que le Président est à même d’installer sur le territoire de son pays mais la géopolitique étant ce qu’elle est, de nombreux pays sont prêts à faire pression sur cet homme et ainsi faire rentrer le territoire polonais dans leur camp. Bon, autant l’avouer, j’ai décroché à mesure que les pages défilaient. Cotton Malone est polyglotte, dispose d’une mémoire absolue, est capable de tomber dans de l’eau glacée et d’en ressortir, frétillant comme pas permis et de lâcher des punchlines, en plus de conduire aussi bien un bateau qu’une voiture : une sorte de medley de James Bond, d’Indiana Jones et de Robert Langdon, mais sans âme, sans brio, sans véritable panache, comme on mixe divers ingrédients pour n’obtenir qu’un brouet. L’auteur a réuni une très solide documentation qu’il explicite en fin d’ouvrage mais certains passages sont longuets à en tomber en léthargie, barbants, inutiles et mal insérés. Le personnage de Warner Fox, parodie de Donald Trump (qui est lui-même une parodie), est vaguement amusant voire inquiétant, mais l’ensemble de ce thriller est une accumulation de clichés, de scènes grotesques et de longueurs monumentales. Des tueurs qui vont se casser la tête à placer ces fameux documents au « niveau X » d’une ancienne mine de sel, un Président polonais qui prend les armes lui-même pour empêcher le pire, une vente aux enchères menée par des baltringues qui se font dézinguer comme des ballons à la foire, une Sainte Lance que Cotton Malone dérobe comme un mouflet chipant un Carambar, etc. A mes yeux, ce qui se fait de pire dans le domaine : du grand n’importe quoi certes assis sur un solide socle documentaire, mais mené à l’aveuglette, parfois d’un rare effet soporifique, et auquel je n’ai jamais cru.

    03/07/2025 à 20:12 3

  • Cross of the cross tome 1

    Shiryu Nakatake

    7/10 Shun est la victime régulière de cinq petites frappes, et le harcèlement dérape jusqu’à l’assassinat de son chat et le meurtre de ses parents dans un accident de voiture ainsi que les profondes brûlures de son petit frère. Au contact de son papi, ancien soldat aguerri, Shun va concevoir une implacable vengeance qui va commencer à entrer en application quatre années plus tard.
    Un pitch simple mais efficace, un graphisme élégant et pertinent, et de belles contradictions qui viennent enflammer notre héros devenu un professionnel de la riposte et du combat. Rien d’exceptionnel mais c’est très agréable et plutôt efficace à défaut d’être mémorable ou ultra original.

    02/07/2025 à 18:40 1

  • Un Monde oublié première partie

    Eric Corbeyran, Gabor

    6/10 Deux hommes sont tombés sur une mystérieuse lettre laissée par un inconnu. Cet homme, c’est Bowen Tyler dont le bateau sur lequel il était embarqué a été torpillé par un U-Boot. Après une série de péripéties, lui et quelques personnes débarquent sur une île qui semble inhabitée mais qui est en réalité peuplée d’animaux et d’êtres préhistoriques.
    Un récit sympathique, avec pas mal de scènes d’action, qui porte encore en lui l’empreinte de l’histoire originelle agréablement surannée voire naïve d’Edgar Rice Burroughs. Pas nécessaire ni franchement mémorable, mais ça passe plutôt bien. Je suis curieux de savoir ce qui va se passer dans le second tome, avec ces deux hommes qui veulent aller porter secours à nos naufragés.

    02/07/2025 à 18:38 1

  • Le Jour de ma mort

    Jacques Expert

    3/10 Charlotte Charron, bientôt vingt-neuf ans, vit à Paris. Elle aime Jérôme Verdier. Son chat Grichka est un amour de félidé. Un bonheur sans tache ? Pas du tout. Nous sommes le 28 octobre et, trois ans plus tôt, un voyant marocain lui a prédit sa mort aujourd’hui. Que va-t-il se passer ? La prophétie va-t-elle se concrétiser ? Même en déployant tous les efforts de protection du monde, Charlotte va-t-elle être à même d’échapper à son destin ? Surtout que, depuis quelque temps, un tueur en série rôde dans Paris, ne s’en prenant qu’aux belles blondes ayant un chat.
    J'ai beau être bon public, je n’ai pas aimé. Le pitch est pourtant fort intéressant, alléchant même, laissant augurer un récit haletant, cadencé, avec un twist final inattendu, apte à rebattre les cartes. Malheureusement, je suis resté complètement hermétique à ce roman. Le style est très plat, enfilant les gentils clichés comme des perles à un collier : la gentille héroïne, son amoureux très amoureux, ses copines très copines… Je sais, c’est être de mauvaise foi que de dire ça, mais sincèrement, leur profondeur psychologique ne dépasse guère selon moi celle d’une flaque d’eau. Les dialogues sont éprouvants tant ils sont téléphonés, mal calibrés, envoyés sans conviction. En outre, le suspense ne m’a jamais happé : une sorte de long huis clos, insipide, où l’on a envie de secouer cette brave – mais fort couillonne – Charlotte pour lui décoller la pulpe tant elle aligne les maladresses (les clefs oubliées sur la serrure intérieure de l’appartement, le couteau qui lui échappe des mains, le portable qu’elle égare, la cheville qu’elle se foule…). C’est bien simple : plus d’une fois, j’ai pensé au film « La Cité de la peur », me retenant de pouffer tant tout ceci était exagéré, mal joué, stérile. En y repensant, ça m’a également remémoré « Peur sur la ville », son début du moins, mais ici étiré à n’en plus finir. Le tueur psychopathe ? Ah, il y avait largement moyen d’en faire une véritable terreur, celui-là. Bah non. Il a beau être un beau mastard, il fait presque pitié tant sa psyché est caricaturale, exsangue de la moindre originalité, presque parodique (franchement, quand j’ai lu son histoire avec les chats, je le confesse, j’ai rigolé). Et je ne parle même pas de ses grotesques tentatives d’humour, sa maman-méchante-qui-va-faire-de-lui-un-détraqué, ou encore sa chère mamie qui aligne les soi-disant mantras qui ne sont en réalité que des banalités. Les moments de tension dans l’immeuble m’ont autant effrayé que des pets de teckel : au début, on se laisse prendre, on se dit « Pourquoi pas ? », mais leur côté surnuméraire, enquillant à chaque fois sur des moments d’une éclatante platitude, m’ont rapidement lassé. Je suis méchant, là ? Attendez, je n’ai encore rien dit du final. Parce qu’avec si peu de personnages et une thématique comme celle-ci, on devine un peu comment ça va se terminer. Peut-on échapper à son destin ? Les Anciens ont beaucoup écrit sur le sujet, avec brio. Il fallait une idée lumineuse pour tirer son épingle du jeu, mais Jacques Expert ne l’a pas trouvée. Aucun rebondissement bien senti pour nous éviter ça, et surtout, pour renverser la table et m’obliger à reconnaître que finalement, malgré cette purge, la conclusion vaut le détour. Je veux bien que l’on déterre un sujet éternel, mais la moindre des choses, c’est d’être correct avec le cadavre, ou de faire au mieux pour le présenter décemment. Là, à mes yeux, c’est raté. Alors, c’est vrai, ce qui apparaît au début du chapitre 57 est sympa, mais c’est bien la seule circonstance atténuante que je trouve à cet épilogue.
    Je suis en général assez indulgent, mais pour le coup, c’est selon moi un ratage.

    30/06/2025 à 18:37 4

  • Le Mystère du château de Mainville

    H. R. Woestyn

    6/10 Pinson se rend au château de Mainville à la demande de son propriétaire. Ce dernier ne l’a pax invité à propos du récent cambriolage qui y a eu lieu mais concernant une fête à venir. Le châtelain attire son attention sur un objet, une coupe rarissime qui pourrait être dérobée à son tour au cours de cette cérémonie. Pinson s’intéresse alors à la liste des invités.
    C’est vraiment agréable de deviner, bien avant la fameuse fête, ce qui va probablement se dérouler par la suite. Un récit qui, à défaut de réinventer le genre, se laisse lire avec plaisir, d’autant que, même si l’identité du criminel n’est guère intéressante en soi, le coup final lié à la musique est à mon goût bien trouvée.

    29/06/2025 à 18:19

  • Le fils du Kaiser échappe à la mort

    H. R. Woestyn

    4/10 C’est par un pur hasard que le policier Pinson surprend une conversation entre deux Allemands où il est question du prince Aldabert d’Allemagne, le propre fils du Kaiser, qui viendra visiter la pension Pascal. Et c’est également un hasard (sa montre qui ne fonctionne plus) qui lui fait rencontrer un horloger d’origine allemande et aussi aimable qu’une mâchoire de crocodile.
    Une histoire assez simple, presque simpliste vu les raccourcis empruntés par l’auteur dès l’entame de son récit, et qui ne m’a pas provoqué de sentiments particuliers. Ce fut agréable à lire, c’est sûr, mais cette nouvelle manque à mon sens d’originalité, de tension. Et que dire de ce titre comme de l’image d’illustration qui fusillent littéralement le suspense ! Seul point amusant : la mention anecdotique de cette pension Pascal, évoquée également dans « La Vengeance du Persan » du même auteur.

    29/06/2025 à 18:17

  • Steak machine

    Geoffrey Le Guilcher

    8/10 Sur une demande de son éditrice, Geoffrey Le Guilcher accepte de s’infiltrer sous une fausse identité dans un abattoir. De ce milieu, il ne connaît pas grand-chose, et c’est avec un œil neuf et presque innocent qu’il se fait embaucher dans cette entreprise qui compte deux mille « damnés de la viande ». Une plongée, lente, graduelle, presque infernale, dans les tourments de cette usine à débiter, cette « Steak Machine ». On y apprend beaucoup d’informations, notamment parce que l’auteur s’est bien documenté sur le sujet (peut-être après-coup), a vu pas mal de documentaires (notamment de L214), s’est entretenu avec des gens versés dans le domaine (dont le député Olivier Falorni), et a consulté une belle quantité de rapports. Mais le plus intéressant, c’est le vécu. Les traumas physiques, avec les douleurs articulaires, tendineuses, osseuses, cette fabrique engendrant beaucoup (trop) de personnes handicapées. Ce sont également les épreuves, dès des heures indues du matin, voire de la nuit pas encore achevée, à tailler à la chaîne des bestioles dont certaines sont encore en vie (cf. les rapports de cette spécialiste de la souffrance animale ou encore les expériences de ces « hélicoptères » où les vaches encore vivantes et suspendues par une pattes peuvent salement blesser des débiteurs de bidoche). Pour l’écrivain, c’est aussi l’expérience des petits caporaux autant que de l’amitié qui se forge sur les nacelles de découpe, les cadences infernales, le fordisme qui s’est inspiré des pratiques des abattoirs de Chicago, les cauchemars de sang et de viande, les corps meurtris (autant ceux des bovins que des êtres humains), jusqu’au final où il va enfin pénétrer la partie réservée à la mise à mort des bovidés. Un témoignage fort, un coup de poing à l’estomac, saturé d’émotions contraires, faisant amplement réfléchir à la condition des animaux, à leur rang au sein de l’humanité, à notre rôle en tant qu’omnivores. Il y a peut-être quelques passages un peu plus mous dans le dernier tiers, des lacunes d’émotions dans les rapports entretenus avec les autres ouvriers de la viande, et, comme j’aurais apprécié, le point de vue de celles et ceux qui défendent ce fordisme de la découpe, mais dans le fond, ça n’est pas l’essentiel : voilà une expérimentation sombre, un coup de projecteur sur l’envers du décor de la boucherie, bien en amont dans ce que l’on a dans nos assiettes.

    26/06/2025 à 05:51

  • Commando Rouge

    Jean-Luc Sala, Ronan Toulhoat

    7/10 Janvier 1946 : une aviatrice soviétique – le lieutenant Tania Yakvolev – sauve un commissaire politique. Décorée, elle rejoint une destination secrète tandis que les nazis construisent des Mekapanzers. La mission destinée à Tania et à ses camarades : utiliser des robots bien plus petits que les machines nazies pour aller dérober un joyau de l’armement allemand – le Gustloff, un véritable monstre mécanique.
    Un scénario uchronique pas particulièrement magistral mais le dessin est remarquable, l’action hollywoodienne et hautement pyrotechnique, et l’ensemble à la fois distractif et gentiment régressif. Le final, avec un sacré déluge nucléaire et la résolution de l’héroïne, expédie directement le lecteur amateur d’action scénarisée au niveau minimal vers le deuxième tome.

    24/06/2025 à 20:16 1

  • Sourire de sable

    Serge Brussolo

    7/10 Il n’aura fallu que quelques instants : en un quasi-claquement de doigts, Las Vegas s’est vidée de ses joueurs et habitants, et ces derniers ont rejoint le désert comme des zombies. Certains sont morts desséchés comme des momies, d’autres sont (partiellement) amnésiques. Le pays envoie sur place Ana pour comprendre ce qui s’est passé.
    Indéniablement, on y retrouve la patte de cet auteur que j’adore, même si plusieurs de ses dernières œuvres m’ont déçu : une héroïne jeune et solide au passé trouble, des phénomènes inexpliqués, une société américaine gentiment caricaturée, des rebondissements forts et inattendus… Bref, on est dans du Brussolo pur jus. Néanmoins, ce roman est émaillé de défauts que l'on retrouve assez souvent chez cet écrivain. L’auteur a parfois le don de vouloir trop en faire et de filer le tournis aux lecteurs (lapidations avec des livres… empoisonnés, bâtiments faits avec du mortier issu des cadavres flétris, amnésies un peu trop appuyées voire mécaniques pour être crédibles, enfance beaucoup trop hollywoodienne avec ce sobriquet « Celle qui éventre les loups avec les dents », etc.). Pour résumer, un ouvrage court et dense, parfois trop échevelé et qui se perd à de multiples occasions dans des délires (là, pour une fois, c’est à mes yeux un défaut). Mais ça reste du Brussolo typique, et malgré les écueils indiqués, perso, je reste fan de son inventivité et de son univers littéraire.

    23/06/2025 à 17:49 3

  • Mission Mars

    Philippe Nessmann

    7/10 Vous incarnez la « doublure » de Paul Nash qui vient justement de se casser la jambe, et vous rejoignez ainsi un équipage qui va s’envoler vers une station orbitale, destination Mars. Une belle arborescence d’énigmes, de devinettes et de mises en application de ce que vous avez appris auparavant sur l’espace, le fonctionnement des modules spatiaux, de la planète, du fonctionnement de la navette, etc. Philippe Nessmann a signé un bel espace game, prenant et divertissant, agrémenté de quelques touches d’un savoir scientifique intéressant et que le lecteur-acteur (ici adolescent, plutôt) doit mettre en application s’il veut survivre dans l’espace, sur Mars, et espérer pouvoir quitter la planète rouge pour rejoindre la bleue. Un très agréable ouvrage qui (moi qui n’y connais pas grand-chose en astronomie) propose un sympathique divertissement autant que des notions et des éléments pédagogiques habilement amenés (comme les trois techniques de freinage, le fonctionnement d’un rover, d’une station spatiale, etc.). De la belle ouvrage, distractive sans oublier d’être instructive.

    20/06/2025 à 19:54 1

  • Un autre jour

    Valentin Musso

    8/10 Adam Chapman, architecte, voit sa vie exploser en plein vol quand un policier lui annonce une tragique nouvelle : sa femme, Claire, a été agressée, violée et assassinée. Fou de douleur, il sent que tout s’écroule quand un événement improbable se produit : il a l’impression d’être pris dans une boucle temporelle, avec la possibilité de pouvoir sauver Claire. Mais il n’est pas au bout de ses surprises, et le lecteur non plus.
    Mon premier Valentin Musso, et je dois dire que cet essai a été pour moi un chouette bonheur. Si le prologue a sonné particulièrement bateau et que je n’ai pas été embarqué plus que ça par la qualité de l’écriture, je dois dire que j’ai été rapidement happé par la mécanique de l’ouvrage. C’est sérieux, solide, rapidement addictif. La série de rebondissements est bien trouvée, et je dois dire que la résolution de l’énigme me marquera durablement. C’est à la fois original, fin et d’une belle puissance d’évocation, posant de légitimes questions sur des thèmes épineux que je ne saurais expliquer ici afin de ne rien dévoiler. Comme je le disais, le côté resucée de « Un Jour sans fin » après ces premières pages déjà lues ou vues des centaines de fois m’a un peu refroidi avant de me rendre compte que ce roman méritait plus d’attention et que l’énigme allait à la fois s’étoffer et se singulariser de la plus belle des manières. Chapeau, monsieur Valentin Musso, on se donne très probablement rendez-vous dans peu de temps !

    19/06/2025 à 20:27 1

  • Schwarz

    Antoine Ozanam, Sébastien Vastra

    7/10 L’intrusion inattendue d’un monstre (qui tient à la fois de l’Alien et du Predator) dans le vaisseau pour amorcer ce troisième et dernier tome. D’autres références plastiques à des icônes de la BD (comme ce costume ressemblant énormément à celui d’Iron Man, ou cette reprise d’une formule archiconnue du cinéma fantastique) pour cette histoire de nouveau bien menée, avec quête spatiale, combats dans une arène et droïdes surnuméraires, pour un dernier tome dont le final laisse pourtant augurer une ou des suites possibles.

    17/06/2025 à 18:53 1