El Marco Modérateur

3602 votes

  • Guess What tome 1

    Abendsen, UBIK

    6/10 Encore une fois, un héros affublé d’un masque à gaz et jouant de la batte vient d’intervenir et de sauver des opprimés. A Hasgar, cette situation porte les édiles à convoquer une guerrière, Nozuki Tokigaya, afin d’éliminer celui que l’on surnomme « Guess What ».
    Un graphisme réussi qui m’a un peu rappelé le travail de Tsutomu Takahashi, mais un scénario pas totalement convaincant selon moi : le rythme est là, c’est certain, mais l’ensemble peine à mes yeux à se singulariser des autres récits dystopiques et autres histoires mettant en scène un superhéros dans un monde futuriste.

    hier à 18:04

  • Les Liens du sang

    Yves Swolfs

    6/10 Escale à New York où d’entrée de jeu, notre héros est appréhendé par la police. Des moments improbables (se jeter du haut d’un pont justement quand passe en dessous un bateau et pépère se raccroche aux voiles et aux cordes ? Sérieusement ?), une intrigue correcte, et quelques moments bien dynamiques (comme l’assaut donné par la police à la demeure ou la fusillade près du port), mais l’ensemble s’avère à mes yeux trop classique et je ne le garderai guère longtemps en mémoire.

    avant hier à 16:43

  • Le Pendu de Saint-Pholien

    Georges Simenon

    9/10 C’est presque par jeu et curiosité que le commissaire Jules Maigret se met à suivre un inconnu au comportement suspect, lui subtilise sa valise pour placer à la place un bagage sosie… et est le témoin de son suicide dans une chambre d’hôtel, une balle dans la bouche. Parce que la victime est sans identité, Maigret se met à s’intéresser à un homme venu reconnaître le cadavre à la morgue, et va remonter à un passé datant d’une décennie, à la rencontre involontaire de ceux qui s’étaient surnommés les « Compagnons de l’Apocalypse ». Encore un excellent ouvrage signé Georges Simenon, et encore un excellent opus de la série consacrée à Maigret. Peut-être est-ce parce qu’il a, une fois n’est pas coutume, peu adapté à la télévision, toujours est-il que cette histoire m’était inconnue, et je me suis régalé. Commençant avec un postulat intriguant, l’ouvrage ne marque aucun temps mort au cours de cette enquête complexe et sacrément bien construite, les engrenages s’emboîtant à merveille. Ce n’est que peu dire que Maigret va passer par des émotions variées et parfois inédites : il se montre d’abord joueur avant de ressentir des remords pour cet inconnu qui s’est probablement suicidé un peu à cause de son tour de passe-passe, on essaie de le noyer dans la Marne, on lui tire dessus, il tient un silence de cinquante-deux minutes face à des hommes dont l’un d’entre eux est probablement un indicateur, et il rédige même une lettre à son fidèle Lucas, résumant son investigation, au cas où on le tuerait. Mais le plus sidérant à mes yeux, c’est l’âge du livre : il date de 1931 ! Et quand on le lit, on se rend compte qu’il était en avance de plusieurs décennies sur ce qui se fait actuellement. En voyant les derniers chapitres où se dévoile la résolution, impossible de ne pas penser à la flopée de téléfilms du style « Meurtres à… » où il est quasiment systématiquement question d’un passé ancien qui ressurgit. Ici, des scénaristes auraient pu s’en mal se servir de ce substrat littéraire très fort, dense et humain pour coudre une intrigue qui aurait séduit nombre de téléspectateurs ! Une gageure ! Et je ne parle même pas de la fin où Maigret, un tantinet saoul après « six imitations d’absinthe », confie sa sidération face à cette affaire au terme de laquelle il va faire preuve d’un humanisme rare et remarquable. Bref, un roman probablement moins connu que d’autres du même auteur, mais qui mérite amplement le détour et figure, selon moi, parmi les meilleurs !

    avant hier à 05:47 3

  • La Dame de Glenwith Grange

    Wilkie Collins

    6/10 Une nouvelle très agréable, narrée à la première personne, où la langue de Wilkie Collins fait des merveilles et emprunte davantage à la littérature blanche qu’à la noire par sa texture, les ambiances qu’elle tisse et l’éclairage porté sur les descriptions et les sentiments. Une mélancolie palpable chez cette dame de Glenwith Grange, à savoir miss Welwyn, et un curieux mystère autour d’une jeune fille entraperçue à la fenêtre de la maison. Un joli portrait de femme autant que d’une famille maltraitée par les drames. Le côté policier de l’histoire n’intervient que dans la seconde moitié du récit. Pas plus emballant que ça, mais plaisant.

    08/05/2025 à 17:03 2

  • Tabula rasa

    Joël Jurion, Antoine Ozanam

    7/10 Ange est salement blessé et conduit chez un docteur de l’ombre pour être soigné. Flashback : trois heures auparavant, lui et son garde du corps ont attaqué un hangar où est stocké du cannabis, où le gamin a eu maille à partir avec un dizhi homme-coq.
    Un cocktail toujours aussi dynamique et réjouissant : action débridée, rythme cadencé, couleurs très chouettes, scénario agréable. Bien des années après la lecture du premier tome, je me replonge avec plaisir dans cette série hautement distractive. L’arrivée finale dans la montagne semble négocier une belle passerelle vers le troisième tome.

    08/05/2025 à 16:37 1

  • Moonshine tome 1

    Brian Azzarello, Eduardo Risso

    9/10 Le jeune Lou Pirlo est envoyé en Virginie Occidentale par son patron afin de récupérer le concours d’Hiram Holt, un bootlegger qui produit un alcool d’exception dans les bois. Et c’est justement dans une cabane en forêt que trois gars viennent d’être massacrés et dont on découvre les ignobles dépouilles.
    Un premier tome habile et prenant qui panache habilement le roman noir d’antan et des éléments fantastiques – ici, la lycanthropie (je ne divulgâche rien, ça apparaît assez vite dans l’histoire), le tout au gré d’un bien beau graphisme et d’une ambiance sombre à souhait. Six chapitres d’un récit dense, rageur et adroitement singulier.

    07/05/2025 à 15:56 1

  • Hurlemort

    Serge Brussolo

    8/10 Hurlemort, c’est un village isolé que l’on observe dans ce roman médiéval. Les anciens dieux ont été éconduits dans la forêt limitrophe, devenue un enclos à déités du paganisme. Céline, la protagoniste, est une jeune femme de quinze ans ayant les paumes zébrées d’étranges symboles, considérée comme maudite en raison de ces signes. Le baron Gilles de Hurlemort a disparu, et l’on pense au village qu’il est devenu un loup-garou. Suite à une série de péripéties, Céline va devoir se rendre dans les bois afin de retrouver le seigneur.
    Un univers typique de Serge Brussolo, pétillant d’imagination, de fantaisies, de chimères et d’inventivité. Des personnages nombreux, sacrément travaillés et croustillants. Jugez plutôt. La Tite, une sage-femme également avorteuse ; Fricotin, un pauvre homme se prenant pour un chien dont il devra prouver qu’il n’est pas lié au Diable en apprenant à décliner le « Notre Père » ; Frère Médard, revenu des Croisades complètement fracassé psychologiquement ; Jôme le Noir, ancien trafiquant de reliques devenu le plus impitoyable des Inquisiteurs. Un roman foisonnant d’idées, de passages marquants, de caractères forcenés, pour une lecture du Moyen Âge sacrément féroce. Peut-être quelques passages superflus voire longuets dans le dernier tiers, quand le bourg est entre les mains de Jôme et de la Tite, certes, mais un livre particulièrement fort, vif et riche, caractéristique de cet écrivain génial dont l’imagination ne semble jamais se tarir.

    05/05/2025 à 17:22 3

  • Le Crotoy

    Alain Henriet, Yann

    6/10 … où l’on retrouve Bessie sur une plage française aux côtés des troupes pendant la Première Guerre mondiale. Comme une sorte de gage, elle doit piloter l’avion que l’on surnomme la « Grosse Julie » que ses camarades jugent incapable à piloter.
    Un troisième tome un cran en-dessous des précédents, avec néanmoins un passage intéressant (la fusillade près du labyrinthe), et qui manque à mon sens d’un scénario plus structuré et se trouve encombré d’un peu trop de clichés.

    04/05/2025 à 07:45

  • Scarface

    Alain Henriet, Yann

    7/10 Je retrouve avec plaisir Bessie au gré de ce premier flashback qui s’enracine durant la Première Guerre mondiale. Comme le nom de ce deuxième tome l’indique, Al Capone y apparaît. L’intrigue demeure très plaisante de la première à la dernière planche, destination « le grand dragon impérial ».

    04/05/2025 à 07:45

  • La Candidate

    Jean-Claude Bartoll, Agnès Bartoll, Thomas Legrain

    4/10 La députée Alix des Maures vient d’être abattue par deux motards. Un an auparavant, on la retrouve au cimetière, juste après le décès de sa mère, où elle retrouve son père, sénateur-maire. Alors qu’elle se destine à devenir avocate, elle va découvrir une ville gangrénée par la corruption.
    Une dénonciation assez scolaire de vices aussi variés – drogue, projets immobiliers, violence, inconduite politique – qu’attendus, avec des stéréotypes enfilés comme les perles d’un chapelet et un graphisme qui n’est réussi que lorsqu’il s’agit des paysages et des habitations. Bref, c’est très dispensable. Cette histoire fait peut-être référence à la vie de Yann Piat mais s’il s’agit réellement d’un hommage ou au contraire d’une histoire qui se veut originale, les auteurs auraient pu faire preuve de davantage d’audace et de caractère.

    03/05/2025 à 07:46 1

  • 1974

    Tim Daniel, Josh Hixson, Michael Moreci

    6/10 Les membres de la famille Blaine semblent souffrir de maladie mentale depuis des générations, et l’un d’entre eux, Charles Virtus, vient de mourir après l’agression d’une effroyable créature. Chase, son plus proche parent, ainsi que sa femme et ses deux neveux, emménagent dans la résidence familiale qui dissimule de lourds secrets.
    Un récit horrifique assez classique, avec les traditionnelles apparitions, événements inexplicables dans la maison hantée, grenier interdit et autres monstruosités attendues. Ça louche gentiment du côté de Lovecraft et du King sans apporter pour autant une touche de nouveauté pour ce premier tome. En outre, le graphisme n’est pas particulièrement élégant selon moi. Une lecture agréable, sans plus.

    01/05/2025 à 18:10 1

  • La Reine de la Côte noire

    Pierre Alary, Jean-David Morvan

    3/10 Conan le Cimmérien parvient à s’échapper du palais de justice où il comparaissait avant de trouver refuge dans un bateau qui était au large, et sa route va bientôt croiser celle de la belle Bêlit, la Reine de la Côte noire.
    Esthétique assez tartouille, récit attendu (sauf éventuellement concernant le décès en fin d’ouvrage), combats sans entrain, créatures qui n’ont pas grand-chose d’impressionnant : vraiment pas de quoi déterrer un mort. Malgré les textes finaux qui analysent l’œuvre de Robert E. Howard, l’auteur qui a créé ce personnage, j’ai du mal à voir cette BD comme un hommage, mais plutôt comme une grosse déception. Je verrai si je suis éventuellement au rendez-vous des tomes suivants.

    29/04/2025 à 18:32 1

  • L'Etoile blanche

    Damien, Fred Duval

    7/10 Un vieil homme alité, monsieur Waterson, se souvient de la première traversée du Titanic où, enfant, il avait repéré l’immense iceberg. Il deviendra journaliste mais ce célébrissime navire aura une tout autre destinée, quand Adolf Hitler et Albert Einstein seront à son bord.
    Un volet dystopique très bien mené, convoyant également le lecteur sur la Lune, en Argentine, ainsi qu’à New York au gré d’une Histoire habilement réinventée. Le dessin manque parfois un peu de finesse à mon goût mais l’ensemble est audacieux et prenant.

    29/04/2025 à 18:30 1

  • L'Affaire du siècle

    Mariah Fredericks

    7/10 La jeune Betty Gow est embauchée comme nourrice auprès de la célèbre famille Lindbergh afin de veiller sur leur bébé, Charles Augustus Lindbergh Jr. Se forgeant une place au sein de la domesticité, Betty s’attache graduellement au nourrisson comme s’il s’agissait du sien. Mais la tragédie éclate : l’enfant est enlevé et une demande de rançon est envoyée. Y a-t-il au sein de la maisonnée quelqu’un qui a renseigné les kidnappeurs ?
    Exploitant la terrible – et véridique – affaire du bébé Lindbergh, Mariah Fredericks s’intéresse ici prioritairement au personnage central que fut Betty Gow – comme l’indique plus littéralement le titre original de ce roman, à savoir The Lindbergh Nanny. L’écrivaine nous décrit cette femme venue d’Ecosse, ayant obtenu cette place enviée dans la mesure où Charles Lindbergh, après sa traversée de l’Atlantique, sans escale et en solitaire, en 1927, était devenu un héros national. Mariah Fredericks décortique l’existence de sa protagoniste, ses liens avec les autres domestiques, ses connexions avec les deux parents encore inconscients du drame qui approche à grands pas. Les événements suivants sont connus : l’enlèvement, la douloureuse attente, les demandes de rançon, et la découverte du cadavre du bébé. L’auteure s’est appuyée sur une documentation solide comme elle le relate à la fin de son ouvrage, et sa plume fait souvent des merveilles : les passages où Betty s’occupe de ce petit être blond bouclé comme un agneau sont de purs instants de grâce. Finalement, le seul véritable écueil de ce livre est qu’il navigue entre plusieurs directions, oscille même entre diverses natures. Est-ce un documentaire ? Non. Un authentique roman policier ? Non plus. Une œuvre totalement de fiction ? Pas vraiment. Beaucoup de faits sont authentiques, certains sont des tentatives de reconstitution, et d’autres sont totalement inventés. Quelques phrases nous éclairent à ce sujet dans la postface : « L’Affaire du siècle n’est ni un ouvrage d’investigation ni un documentaire. […] Dans certains cas, je me suis appuyée sur les rumeurs et les spéculations. Dans d’autres, j’ai inventé. » Dès lors, les lecteurs qui souhaitaient une étude rigoureuse de cette histoire seront déçus, au même titre que ceux qui s’attendaient à des propositions étayées voire à des révélations. Il s’agit fondamentalement de la biographie d’une malheureuse prise dans des vents contraires et violents, au cours de l’une des histoires criminelles les plus célèbres qui soient, et parfois violemment bousculée par les sots racontars, les aboiements stériles des journalistes et le comportement parfois méprisable de certains policiers.

    Un livre agréable et intéressant mais qui a tendance à trop hésiter entre les genres.

    29/04/2025 à 06:47 1

  • Ladies with guns tome 2

    Anlor, Olivier Bocquet

    7/10 « Cinq gonzesses, mille dollars par tête » : revoilà nos héroïnes pourchassées après les événements du tome précédent. Elles savent désormais que leurs têtes sont mises à prix, mais leur priorité, c’est l’amputation de la jambe de l’une d’entre elles. Elles vont de nouveau affronter des hommes, employer une terrifiante mitrailleuse Gatling et même braquer une banque. Toujours aussi efficace et original.

    28/04/2025 à 17:37

  • Danse avec la mort

    Philip Le Roy

    8/10 Depuis un accident de moto, Maïa est confinée dans un fauteuil roulant. Avec son sacré tempérament et son look qui détonne, elle est souvent la cible d’imbéciles, aussi est-elle surprise quand Laura et son petit copain l’invitent à faire du camping. Après le passage par une rivière, les trois adolescents accompagnés de Tim et d’Ombeline s’approchent d’un vieil hôpital qui a autrefois été un sanatorium. Le lieu est encore hanté par de sombres rumeurs et propage une atmosphère inquiétante. Ces jeunes reviendront-ils vivants ?

    Après s’être illustré dans la littérature policière pour adultes (Pour adultes seulement, Couverture dangereuse, ou encore la série consacrée à Nathan Love, Philip Le Roy s’est ensuite orienté vers les récits à destination des plus jeunes (Des Voisins trop secrets, Les ombres aussi ont peur du noir, 1, 2, 3, nous irons au bois, et ce Danse avec la mort, publié chez Rageot, est à nouveau écrit pour les adolescents. On y retrouve aussitôt la patte de l’auteur : références musicales multiples, dialogues au cordeau, personnages singuliers. Ici, Maïa compose une protagoniste de toute beauté : une apparence gothique, de nombreux tatouages et piercings, un caractère incandescent et des aspirations de danse brisées par le drame qu’elle a vécu. L’histoire est très réussie, l’humour dans les réparties apporte des touches salvatrices, et le prologue – un bijou – met immédiatement dans le ton. Certes, l’un des ressorts employés a déjà été exploité au cinéma, mais il est fort probable que les jeunes lecteurs, portés par ce scénario alléchant et ce texte sans temps mort, n’en tiendront probablement pas rigueur à l’écrivain, voire ne connaissent pas cette référence. Et de ce roman haletant, on retiendra également une magnifique histoire d’amour, atypique et poignante.

    Philip Le Roy signe un ouvrage à la fois nerveux et émouvant, porté par une plume alerte qui, tour à tour, fait frissonner et émeut.

    28/04/2025 à 06:47 3

  • The Ex-people tome 1

    Stephen Desberg, Alexander Utkin

    6/10 Sept pèlerins (dont trois animaux) d’un genre curieux rentrent dans Jérusalem aux alentours de Pâques 1271, direction une église où ils pourront éventuellement purger leur sort voire contrecarrer celui qui va survenir. Un long flashback explique leur situation actuelle, comment ils se sont rencontrés puis ont décidé de faire route et cause communes. Une BD agréable, assez déconcertante par l’histoire, mais je n’ai pas adhéré du tout aux dessins.

    27/04/2025 à 15:42

  • The X-Files tome 1

    Joe Harris, Michael Walsh

    3/10 Nos héros de la célébrissime série TV sont pourchassés : Scully – devenue le docteur Blake – est poursuivie par d’étranges individus avant d’être enlevée, Skinner essaie de se pendre, Doggett est attaqué dans un oléoduc et le service des affaires non classées a été pillé. Mais qui est à la manœuvre et pourquoi ?
    On retrouve les grands protagonistes ainsi que le fumeur, Reyes ou les Lone Gunmen, et l’ambiance complotiste est plutôt fidèlement rendue, mais je n’ai vraiment pas apprécié ce premier tome alors que j’adorais la série originelle, la faute probablement à un scénario trop convenu ou pas assez poussé, se contentant de jouer la partition attendue de manière plutôt scolaire et sans réelle âme. A ce stade de la série, personnellement, j’ai envie de dire que c’est bien beau de vouloir ressusciter les défunts, mais là, ça ressemble plutôt à un sordide pillage de tombe. Je verrai bien si les opus suivants s’avèrent plus concluants et imaginatifs.

    27/04/2025 à 06:46 1

  • L'Enigme de Turnglass

    Gareth Rubin

    8/10 Londres, 1881. Parce qu’il n’a plus un sou en poche et qu’il ne parvient pas à convaincre ses pairs quant à la façon d’éradiquer le choléra, Simeon Lee rejoint son oncle, Oliver Hawes, vicaire de son état, qui s’estime empoisonné. Dans la demeure, qu’elle n’est pas la surprise de découvrir une femme prénommée Florence qui est enfermée dans une cage de verre. Californie, 1939. Ken Kourian court les cachets et espère décrocher un rôle au cinéma quand il fait la connaissance d’Oliver Tooke, écrivain et fils du gouverneur de l’Etat. Quand Oliver est découvert mort, Ken se persuade que la résolution de cet homicide se trouve dans le roman que l’auteur venait de sortir. 1881 et 1939 : et si ces deux récits étaient liés ?

    Gareth Rubin signe ici un ouvrage dont la forme surprend : deux histoires, d’environ 230 pages chacune, accolées tête-bêche, qui ne sont pas des intrigues déliées mais bien raccordées. En effet, chaque texte répond à l’autre, ou du moins possède en lui suffisamment d’éléments pour nourrir la réflexion quant au suivant. Il est donc possible de les lire dans l’ordre qu’il nous plaira, et si votre serviteur a suivi le traditionnel ordre chronologique, le test est pour le moins concluant. L’enquête se déroulant au 19ème siècle est vraiment très bien faite, et malgré quelques longueurs, le rythme est intéressant, le style séduisant et les rebondissements nombreux, avec notamment un empoisonnement bien singulier dévoilé dans les dernières pages. La seconde histoire est un peu plus vive, avec là aussi un nombre appréciable de twists et de références au précédent récit : il y a une connexion naturelle entre les deux dans la mesure où le lecteur suit les tristes péripéties de la même famille sur plusieurs générations. Une femme volontairement cloîtrée dans un couvent, une sinistre maison de verre au-dessus de l’océan, une pendaison mystérieuse, l’emprise de l’eugénisme, de sordides secrets de famille : Gareth Rubin soigne le tempo et les révélations et s’offre le luxe suprême de bien coordonner ces deux énigmes, même s’il semble nettement préférable de les lire dans l’ordre chronologique.

    Un ouvrage atypique, construit avec intelligence : même si l’écrivain ne propose pas une interconnexion totale entre ces histoires, les échos et autres reflets disponibles de part et d’autre de la partie centrale sont élégants et astucieusement disséminés. Une réussite.

    25/04/2025 à 06:45 4

  • Serial Bomber

    Robert Pobi

    9/10 L’histoire commence avec l’explosion d’une bombe thermobarique dans le Musée Guggenheim de New York. Un véritable carnage, avec plus de sept cents victimes. Comme le FBI a besoin d’aide, il refait appel à Lucas Page, cet astrophysicien de génie, passionné par les chiffres et les défis, pour tirer cette histoire au clair. Mais tout ça ne fait en réalité que commencer…
    J’avais beaucoup aimé le premier tome et, même si l’effet de surprise s’est nécessairement en partie dissipé (maintenant que l’on connaît le protagoniste de cette série), j’ai tout autant apprécié ce deuxième volet. J’y ai retrouvé avec un immense plaisir Page, malheureux handicapé par une explosion (à propos de laquelle on n’apprend toujours rien de nouveau), génial dans ses déductions et reconstitutions mentales (les passages où il imagine ce qui s’est passé, en lecture lente et arrière, sont énormes), doué d’une sacrée dose d’humour et aussi assez cassant avec celles et ceux qui n’ont pas son intelligence ou ont la mauvaise idée de le contrarier. L’énigme est bien orchestrée, nous faisant surtout côtoyer des magnats de la bourse, des entrepreneurs nantis et autres nababs du dollar, et beaucoup de scènes resteront longtemps gravées en moi (ces fichues mines-S, la fin du chapitre 45 que nul ne pouvait deviner, ou encore l’incroyable plan de Page en fin de livre pour se sortir d’un guêpier explosif). Le suspense est également tendu, sans le moindre temps mort, et notre limier de fortune va prendre très cher au cours de cette enquête (explosions et fusillades), de même que l’excellent agent spécial Whitaker. Une résolution qui n’est peut-être pas le point le plus fort du livre, certes, mais qui a au moins le mérite d’être cohérente et efficace. Ce qui marque également, au-delà de l’empathie croissante pour notre héros, le suspense et l’humour, ce sont les à-côtés où Robert Pobi déglingue le monde de la finance, QAnon et les complotistes de tout poil (cf. les scènes burlesques des deux Youtubeurs qui font croire qu’ils sont des bombes humaines, les autodafés de smartphones, etc.). Bref, à mes yeux, un excellent thriller, nerveux, aux dialogues et à l’humour parfaitement ciselés, entretenant tout l’intérêt que nous avons pour cet enquêteur qui ne ressemble à aucun autre.

    24/04/2025 à 05:45 3