Androgyne

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  • 7/10 Une série de meurtres ensanglantent le Nord de la France. Rouen, Compiègne, Soissons. Des hommes poignardés. Le suspect est aperçu, mais vaguement. Est-ce un homme ? Une femme ? Impossible de se prononcer avec certitude. L’équipe de gendarmerie, menée par le commandant Bourbon, mène l’enquête.

    Gérard Bertuzzi, à qui l’on doit déjà Disparitions en Picardie, Le Sang des cors et Les Inconnus du vol 981 saisit d’entrée de jeu l’attention entière du lecteur. Un serial killer redoutable et nébuleux, des gendarmes sacrément tenaces et blagueurs, et une ambiance fertile en mystères. La plume est très agréable, alternant moments de tension, humour potache des limiers, et instants permettant de cerner, graduellement, la psyché de l’assassin. Les chapitres sont également dynamiques, particulièrement courts (un peu de mathématiques : quatre-vingt-seize chapitres pour environ cent-quatre-vingts pages), permettant d’alterner les divers points de vue. Les doutes des détectives vont se multiplier, les hypothèses échafaudées sont toutes intéressantes (comme celle d’un tueur sillonnant la nationale 31), avant que la lumière n’apparaisse progressivement. Une sombre histoire de représailles, toute en cruauté et en crédibilité. Si l’ensemble du livre est un petit régal qui mérite plus qu’amplement d’être découvert et médiatisé, on regrette juste que la personnalité du tueur en série n’ait pas été davantage creusée. En effet, l’idée de l’androgynie était alléchante mais n’est, au final, que peu abordée.

    Un roman où le noir et la dérision cohabitent avec bonheur, grâce à l’écriture efficace de Gérard Bertuzzi et à l’intelligence de ses propos. Vraiment un bon moment de lecture avec cette traque d’un androgyne… tonique.

    04/11/2018 à 18:05 El Marco (3221 votes, 7.2/10 de moyenne) 2