Il y a encore des noisetiers

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  • 8/10 … ou comment le banquier François Perret-Latour, vivant dans une forme d’isolement à soixante-quatorze ans dans son bel appartement donnant sur la Place Vendôme, avec seulement quelques domestiques (dont Mme Daven, sa gouvernante) en vient à reconsidérer sa propre existence et lui octroyer une nouvelle trajectoire lorsqu’il apprend le cancer de l’une de ses trois ex-épouses et le suicide de leur fils Donald. Il y sera question d’une forme de nostalgie pour cet homme qui n’attend plus grand-chose de la vie alors que cette dernière lui a beaucoup apporté, au moins du point de vue pécuniaire. Il va renouer des liens très forts avec sa famille, entre un fils qui se remarie avec une demoiselle bien plus jeune que lui, une petite-fille (Nathalie) qui est enceinte et dont le géniteur est parti. François est également un être charmant et intéressant, en bonne condition physique pour son âge, ayant des amitiés riches et sincères avec des hommes de loi et un médecin, Candille, qui vont lui rendre un immense service (sacrément culotté et en même temps d’une impressionnante humanité) à propos de l’enfant à venir de Nathalie. Toujours chez Georges Simenon, une écriture sèche, presque évidée, avec une immense économie de mots et de moyens, mais qui retranscrit à merveille les émotions et des situations de famille délicates et crédibles. J’ai été également très sensible à la relation avec sa gouvernante, Mme Daven, dont la timidité cache un passé douloureux et dont elle s’ouvre à lui dans un passage émouvant. Je ne résiste pas à retranscrire ici le passage qui donne son titre au roman : « Je regarde la haie et soudain je reconnais les feuilles d’un arbuste. Je regarde plus haut et je vois des noisettes encore vertes. Ainsi donc, malgré les avions, les autoroutes, l’élevage aux produits chimiques, il y a encore des noisetiers. […] C’est bête. Je suis tout surpris d’être ému. J’ai l’air d’avoir fait une découverte et je me répète : il y a encore des noisetiers… J’y vois comme un symbole. C’est assez flou dans mon esprit. Cela signifie sans doute que le monde a beau changer, il restera toujours des coins de fraîcheur ». Un bel ouvrage, très optimiste, sur la simplicité des sentiments éprouvés par un vieux monsieur, sur le seuil de sa propre mort, et qui retrouve une forme d’épanouissement et de bonheur auprès de ses proches et de sa famille.

    22/10/2018 à 08:52 El Marco (3455 votes, 7.2/10 de moyenne) 4