JohnSteed

559 votes

  • Comme un crabe, de côté

    Marin Ledun

    9/10 En septembre 1993, Vincent Coste débarque sur le campus universitaire de Condillac, clapier étudiant le plus merdique de la Région, en banlieue de Grenoble. Plus pour fuir Porte-lès-Valence, sa mère et ses trois frères et sœur, que pour suivre les cours de Droit. Sa philosophie : gagner du pognon et profiter. Pour cela, avec son pote, El Kibir, il se met à trafiquer de l’herbe. Et les affaires se portent plutôt bien après seulement quelques semaines. L’idée leur prend de voir leur commerce se développer. Ils se lancent dans le dur, l’héroïne.
    Sauf que le secteur est réservé au caïd Omar. Vincent devient dès lors son larbin. Il lui demande de garder Lara, cette magnifique fille qui a voulu dénoncer Omar du meurtre de son copain, un lieutenant du caïd, aux flics. Mais Coste n’est pas une baby-sitter.

    Marin Ledun dans cette nouvelle dissèque les déboires d’étudiants qui visent trop haut leur petit trafic sans mesurer les conséquences de leur petit jeu. C’est noir, intense et poignant.

    05/01/2019 à 18:34 4

  • Cour d'assises

    Georges Simenon

    9/10 Louis Bert, dit Petit Louis, est un jeune paumé crâneur qui a lâché son petit travail de menuisier. Il préfère jouer au loubard, et se met en contact avec le Milieu de la Côte d’Azur. Mais il n’est pas pris au sérieux. Il joue au mac avec Louise. Mais surtout il se met à courtiser Constance Ropiquet, alias la Comtesse d’Orval, avec qui il s’installe à Nice. S’il abuse des biens de la veuve, c’est de manière complétement nonchalante qu’il demande à Louise de venir avec le couple hors norme. La Comtesse ferme les yeux, le jeune homme restant à ses yeux unique et séduisant. Mais quand la veuve est assassinée, Petit Louis n’a pas d’autre choix que de faire disparaître le corps s’il ne veut pas être accusé. Il profite de cette disparition pour imiter la signature de la morte pour s’accaparer son argent. La police qui le surveillait pour un vol commis quelques semaines plus tôt, l’arrête. S’ensuit le procès où le juge d’instruction s’emploie avec acharnement et zèle à rendre coupable Petit Louis aux yeux de la cour d’assises.

    On tient ici un très bon roman du Belge. Découpé en deux parties, on suit d’une part les magouilles de Petit Louis et d’autre part son procès ou plutôt un simulacre de justice humaine que Simenon, avec toute la qualité qu’il peut déployer, tourne en dérision.

    17/10/2020 à 18:04 3

  • Crépuscule

    Philippe Claudel

    8/10 Attiré par un nouveau roman de l’illustre Philippe Claudel, alléché par sa couverture sombre, mystérieuse et énigmatique, charmé par son titre aussi mélancolique que décadent, j’ai plongé dans cette histoire et découvert ces personnages durant quelques nuits d’hiver noires et tristes seyantes à l’atmosphère ambiante.

    Roman ou plutôt conte que nous offre l’auteur qui aurait pu commencer son histoire par « Il était une fois, dans un pays fort lointain et à une époque non moins reculée et inconnue… ». Philippe Claudel transporte son lecteur dans un univers et une contrée énigmatiques.

    Dans un village à la frontière d’un Empire, le curé est découvert dans la rue, mort, assassiné, la tête fracassée par une pierre. Le Policier, Nourio, et son Adjoint, Baraj, vont mener l’enquête ou, devrais-je dire, un semblant d’enquête. Car ce qui obsède Nourio, ce n’est pas la recherche de la vérité, la quête de la lumière sur cette affaire. Non, ce qui l’obsède, guidé par les pulsions qui le démangent en dessous de la ceinture, c’est la témoin de l’affaire, la très jeune Lémia. Et oui, vous l’avez bien compris, de la vérité Nourio s’en branle carrément, et dans tous les sens du terme. Car outre ses excès incontrôlés de libido, Nourio s’accommode de toute explication que les autorités locales voient comme vraie et véritable. Car dans cette contrée, la tension entre musulmans et chrétiens est palpable. Car qui d’autres que des non-chrétiens peuvent s’en prendre à l’autorité cléricale ? Et la fuite du médecin musulman ne fait que confirmer cette théorie. Et d’ailleurs, toute tension n’est que prémices à la violence.

    Un roman que j’ai réellement aimé même avec ses longueurs, ses personnages aux comportements déviants, immoraux, opportunistes,… avec sa fin bien amenée. Crépuscule c’est un avant-goût de la fin d’une période de lumière, de vie : dans ce livre règne une atmosphère de fin de civilisation, où plus rien n’est conforme aux attentes du monde, où le monde n’attend plus rien que le retour impossible du jour et de la vie. Une allégorie de notre temps.

    27/12/2023 à 13:35 3

  • Cry Father

    Benjamin Whitmer

    7/10 Patterson Wells est un personnage en souffrance. Depuis la disparition de son fils, il fuit le monde et surtout ceux qui l’aiment, son ex-femme, ses amis. Il se réfugie dans sa douleur et dans l’alcool et les bagarres. Patterson veut se faire mal, s’infliger la responsabilité de la mort de son fils, la justice n’ayant pu décider la culpabilité du médecin.

    Sa rencontre avec Junior, le fils de son ami Henry ne va que renforcer cette déchéance, lui qui touche dans les affaires de drogue.
    Ce duo va s’auto entraîner dans la violence la plus extrême, jusqu’à la mort.

    Un roman âpre et dur dans lequel la plume de Benjamin Whitmer décrit avec subtilité mais sans faire dans la dentelle les sentiments de culpabilité extrême et d’auto-destruction que s’inflige son personnage.

    Un polar à la désespérance profonde réservé à un public amateur des âmes torturées.

    22/08/2022 à 14:30 4

  • Dans l'ombre

    Arnaldur Indridason

    6/10 Pendant la Seconde guerre mondiale, l’Islande resta officiellement neutre. Toutefois, au regard de sa position hautement stratégique entre les continents européen et américain, le Royaume-Uni, puis les Etats-Unis, occupèrent l’île afin de couper court aux velléités de l’Allemagne nazie.
    Cette occupation, que les Islandais ont nommé « la situation », a été perçue différemment par la population insulaire : certains ont été carrément hostiles à celle-ci remettant en cause leur statut, et d’autres y ont vu une opportunité de développement et donc de profits financiers.

    C’est dans ce cadre historique qu’Arnaldur Indridason développe sa trilogie dite « des ombres ».

    Dans le premier tome de la série, « Dans l’ombre », l’auteur islandais propose une enquête somme toute « classique ». Le duo de personnages principaux composé de Flovent, jeune enquêteur de la police criminelle, et de Thorson, chargé des relations avec l’occupant, va faire la lumière sur l’assassinat d’un représentant de commerce, exécuté par une arme anglaise.

    Un livre qui, pour ma part, vaut plus pour son approche historique que par son énigme.

    26/08/2022 à 09:50 1

  • Dans l'ombre du brasier

    Hervé Le Corre

    8/10 Avec Dans l’ombre du brasier, Le Corre nous plonge dans une page de l’Histoire de France passée à la trappe des cours d’histoire : la Commune. Cette période insurrectionnelle du printemps 1871 à Paris, qui affronta Monarchistes et Républicains (à connotation « Rouge ») constitue le cœur même du roman.

    A la manière des Hugo et Zola, l’auteur français nous fait vivre, ressentir et participer aux tribulations des personnages du livre : les 3 camarades communards Le Rouge (rapport à ses cheveux, mais pas que), Adrien et Nicolas qui, soldats des régiments républicains, affrontent avec leurs tripes et leur sang les Versaillais lors de bombardements aussi dévastateurs que sanglants.
    La belle Caroline, qui aide les médecins à soigner les blessés des combats acharnés, et fiancée de Nicolas subira un drôle d’enlèvement que le commissaire Roques essaiera de résoudre.

    Le Corre propose plus qu’une lecture avec ce roman. Il arrive admirablement à nous faire ressentir avec tous nos sens les événements qui se déroulent tout au long des quelque 500 pages du livre : on respire, on est touché par notre peau, on entend les événements de la Commune. On devient presque un acteur du livre, tant les descriptions sont magnifiquement précises.

    18/05/2019 à 10:00 5

  • Dans la forêt

    Jean Hegland

    8/10 Dans la forêt est un roman diesel, un roman qui dévoile sa puissance au fil des pages. L’aspect post apocalyptique apparaît pour moi comme un prétexte pour l’auteure américaine d’évoquer la force et la puissance de la Nature, et de poser l’être humain comme une espèce vivante qui verra inéluctablement son extinction arriver. Dans la forêt est un roman attachant grâce à la qualité narrative de Nell, qui raconte les conditions dans lesquelles sa sœur, Eva, et elle construisent leur survie. Et la forêt constitue plus qu’un environnement propice dans cette lutte ou un membre à part pour les deux filles : elle est leur vie.

    01/05/2019 à 17:30 6

  • Dans la Maison de mon père

    Joseph O'Connor

    8/10 Verset de Saint Jean 14.2 « Jésus a dit « Dans la maison de mon Père, il y a plusieurs demeures ».

    Rome, décembre 1943. L’Allemagne nazie a envahi la Cité. Le Vatican a affirmé sa neutralité dans le conflit. Malgré l’exigence d’une application stricte de cette non-ingérence dans cette guerre par leurs supérieurs, certains membres du clergé bafouent l’ordre et tente de résister. Monseigneur Hugh O’Flaherty tente de rassembler les âmes charitables et surtout résistantes dans un chœur qui servira de couverture. Leur mission est de constituer et alimenter les réseaux d’évasion des prisonniers. Leur système est, bien que rôdé, codé et bien huilé, toujours dangereux. Le Vatican, cette Maison du Père, abrite et cache plusieurs prisonniers dans l’attente de leur transfuge vers des contrées plus accueillantes et surtout moins hostiles. Mais O’Flaherty est dans le collimateur de Hauptmann, chef de la Gestapo dans la ville romaine. Ce dernier est pressé par le Führer de faire cesser les évasions, coûte que coûte.

    Et en cette veille de Noël, « le Rendimento » doit avoir lieu. Cette mission qui doit faire évader un nombre conséquent de prisonniers et de Juifs de Rome. Impossible de faire marche arrière. Mais si elle échoue, elle pourrait remettre en cause toute l’organisation.

    Joseph O’Connor propose une version romancée de l’acte de bravoure de Monseigneur Hugh O’Flaherty, véritable résistant du nazisme. Le lecteur est amené à suivre le décompte de cette mission « le Rendimento ». Une page de l’histoire de la résistance parsemé de fictions et surtout de témoignages tout aussi inventés. Cela ne gâche pas l’héroïsme de cet homme de Dieu, mais le lecteur ne doit pas s’attendre à vivre une lecture sous tension et à tenir un page-turner. Dans la maison de Dieu permettra de découvrir, au pire, un auteur irlandais méconnu en France et, au mieux, un véritable saint homme.

    02/04/2024 à 16:17 2

  • Dans les brumes de Capelans

    Olivier Norek

    9/10 Olivier Norek a eu la brillante idée de donner une suite aux aventures du Capitaine Coste. Dans ce 4ème livre de cette série, l’auteur français change de cadre (fini le 93), d’ambiance (out la vie du commissariat) et de rythme (terminée l’enquête menée à 100 à l’heure). Dans les brumes de Capelans nous transporte sur l’île de Saint-Pierre où Victor Coste est un agent en charge de la protection des témoins, et couvert par le secret défense. Sa légende (sa couverture officielle) lui donne pour fonction d’être policier des frontières. Sa nouvelle mission est de protéger Anna, la première victime d’un terrible tueur d’enfants, et la seule rescapée au bout de 10 ans de détention par ce monstre. Il doit aussi la faire parler et pour cela la mettre en confiance. Assez facile de lier une complicité pour ces deux êtres torturés.

    Dans cette île emprunte de mystère, j’ai eu plaisir à retrouver Coste, plus que jamais envahi par ses démons, retranché dans ses remords et son passé douloureux. J’ai apprécié les clins d’œil aux personnages passés des polars de l’auteur, son clin d’œil à son amie Valentine Imhof, et, concernant ce polar, ses amis de l’île, cette fille Mercredi, ce policier en retraite à qui Coste va dévoiler sa légende,… Ces personnages attachants et, somme toute, cette intrigue m’ont scotché. Pour moi, à ce jour (car j’espère une suite), le meilleur de la série Coste.

    16/01/2023 à 10:01 7

  • Darwyne

    Colin Niel

    8/10 Darwyne Massily vit avec sa mère, Yolanda, dans un bidon ville de Guyane à Bois Sec, un quartier rempli de taudis, près de la forêt amazonienne. Né avec une malformation, Darwyne n’aspire qu’à recevoir l’amour maternel avant qu’un énième amant vienne squatter chez eux, dans leur étroit carbet. Il faut dire que Yolanda est une très belle femme et que les hommes se suivent et repartent sans même dire au-revoir.

    Alors qu’une plainte vient d’être déposée pour maltraitance sur enfant, Mathurine, assistante sociale, doit établir un rapport sur les Massilly. Femme célibataire qui multiplie les FIV pour avoir un enfant, elle rencontre Yolanda et Darwyne et découvre une famille solidaire, unie et forte dans ce quartier pauvre où la misère pousse aussi vite que les arbres. Mais, toutefois, Mathurine veut faire fi des apparences et va tenter de mettre en confiance Darwyne pour qu’il se confie et lui dévoile la vérité.

    Avec Darwyne, on retrouve Colin Niel et l’univers guyanais. Pas vraiment polar, mais un roman sombre malgré tout, avec ce personnage, Darwyne qui m’est apparu comme un petit gamin, qui a du se construire seul dans son monde, la forêt amazonienne, en manque d’amour, mais sensible et rempli de mystères. Et Mathurine, cette assistante sociale, au grand cœur, rempli de bienveillance et d’humanité. Un très beau moment de lecture pour ma part.

    13/03/2023 à 12:20 9

  • De bonnes raisons de mourir

    Morgan Audic

    8/10 Je ne suis absolument pas un grand connaisseur de la Russie et de ses pays limitrophes, que ce soit en termes de géopolitique, de mentalité et de composantes des populations locales, ou des systèmes politiques et sociales. Je m’intéresse cependant à l’actualité politique, aux tensions voire conflits actuels entre la Russie et l’Ukraine. Et en plus, comme toutes les personnes de ma génération, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, la chute de l’URSS, … ont marqué mon adolescence. J’ai donc comme tout le monde des images, des stéréotypes sur ces pays.

    C’est donc avec un œil (ou deux, c’est mieux pour lire si on les possède encore) innocent que je me suis plongé dans ce polar où j’y ai trouvé tous les clichés que j’ai de ces pays de l’Est : mafia, corruption, tension entre les populations, pauvreté, guerre larvée pour des territoires déchirés à cause d’un lourd passé, développement d’un tourisme de masse sur les ruines de Tchernobyl,… Morgan Audic développe tous ces éléments sans lourdeur et avec passion le temps d’une enquête sur des meurtres commis de manière très sophistiquée. Et on lit les recherches effectuées parallèlement par le capitaine Joseph Melnik et sa jeune coéquipière Galina Novak, qui n’aspirent qu’à une résolution rapide de ce crime qui leur permettrait d’être mutés en dehors de la zone de Tchernobyl ; et par Rybalko, policier à Moscou, à qui l’on a annoncé une mort prochaine, rongé par le cancer, engagé par Vektor Sokolov, richissime russe et père de la victime, voyant ainsi avec la conséquente prime la possibilité de faire opérer sa fille et de se racheter en tant que père.

    Outre une intrigue très originale, et des personnages aussi différents qu’attachants, on découvre un pays confronté à son passé et à son malheur. Morgan Audic a trouvé un cadre idéal pour y développer un polar aussi ambitieux que réussi. De bonnes raisons pour …. lire ce livre !

    26/11/2019 à 12:05 15

  • De mort lente

    Michaël Mention

    9/10 Michaël Mention est un auteur intransigeant, partisan, un perturbateur littéraire, qui secoue les lecteurs, qui sait mettre le doigt là où ça fait mal, où ça gêne : un réveilleur de conscience.

    Avec De mort lente, l’auteur français s’attaque à l’industrie chimique, à ces groupes de multinationales qui n’hésitent pas, pour faire du profit, à dissimuler certaines données sensibles à la santé publique, à développer le lobbying auprès des instances du pouvoir, à acheter certains membres dirigeants, à faire pression sur les chercheurs scientifiques qui n’iraient pas dans leur sens…

    De mort lente est un roman, certes, mais au regard des références et sources présentées tout du long des pages et des exposés, le lecteur se rend compte que le thème est aussi réel que sérieux et contemporain. Loin d’une fiction quelconque inventée pour alimenter une polémique stérile. Seuls les protagonistes ont été créés ainsi que le scénario, qui paraissent ainsi plus que probables.

    Toutefois on n’est pas dans un reportage ou un documentaire, ce roman est très rythmé alternant l’histoire de ce couple, Nabil et Marie dont le fils, Léonard est atteint de troubles autistiques, et les chercheurs scientifiques chargés par la Commission européenne d’instaurer une réglementation sur les perturbateurs endocriniens.

    Cette famille soupçonne l’usine ChimTek installée près de chez eux d’être à l’origine des problèmes thyroïdiens de la mère. Ils se tourneront vers les médias et notamment le journal Le Monde, dont Frank, jeune journalistique, va se charger de faire toute la lumière sur le sujet et aider cette famille dans son combat.
    Philippe Fournier, imminent scientifique, est appelé à devenir membre d’une commission créée spécifiquement à Bruxelles devant rendre un rapport sur les perturbateurs endocriniens.

    Mais le combat est rude et sans pitié, tout aussi inégal. Un livre passionnant que Michaël Mention a écrit et qui se dévore, tant l’auteur a su y mettre tout son talent.

    05/06/2023 à 11:02 5

  • De soleil et de sang

    Jérôme Loubry

    7/10 Je reviens vers l’auteur natif du Berry après avoir aimé Le douzième chapitre, et adoré Les refuges. De soleil et de sang transporte le lecteur à Haïti, et nous fait côtoyer la misère des habitants, les trafics d’enfants et la corruption des hommes politiques. Et en toile de fond, Jérôme Loubry tisse une enquête policière sur des meurtres inspirés de rites vaudous. Car dans ce pays des plus pauvres, le vaudou est plus qu’une religion, c’est l’explication ou la solution des problèmes des Haïtiens. Paradoxalement, ce pays de soleil et de sang fait froid dans le dos.

    Jérôme Loubry a su me captiver en expliquant, juste ce qu’il fallait, la culture locale et l’histoire politique de ce pays sans en faire un documentaire et me noyer. Cette affaire est bien construite, l’intrigue subtilement menée tout au long des 400 pages, et les personnages attachants. Il m’a toutefois manqué un je ne sais quoi pour en faire un roman à part.

    15/11/2022 à 10:34 3

  • Debout les Morts

    Fred Vargas

    8/10 La belle et séduisante cantatrice Sophia Siméonidis constate un matin qu’un arbre a été planté dans son jardin pendant la nuit. Elle demande à un homme qui vient chercher un nouveau logement, Marc, quel est ce type d’arbre. Marc, historien spécialiste du Moyen-Age, lui indique qu’il s’agit d’un hêtre. Sophia demande à Marc de vérifier que rien d’illégal ou de compromettant ne se trouve caché sous l’arbre. Aidé par ses colocataires, d’autres potes qui se trouvent également dans la merde, Lucien, historien de la Première Guerre mondiale, Mathias, spécialiste de la Préhistoire et Vandoosler, un ancien flic pourri, Marc creuse et ne découvre rien.
    Le temps passe, permettant aux nouveaux voisins de se connaître et de s’apprécier le temps de soirées en compagnie de Juliette, la patronne du bar restaurant Le Tonneau. Un jour, Sophia disparaît. Son mari, indiffèrent aux événements, ne s’inquiète pas. Sophia a reçu une carte postale d’un ancien amant et fan qu’il est parti rejoindre à Lyon. Mais Alexandra, la nièce de la cantatrice, vient chez sa tante, comme cela avait été convenu depuis plusieurs mois, suite à la séparation d’avec son mari. La disparition de sa tante l’inquiète. Elle ne l’aurait pas laissé à la porte sans la prévenir.

    St Marc, St Luc et St Mathieu, comme aime à les appeler Vandossler, prennent à cœur cette disparition. Ils vont mener l’enquête à leur manière. C’est drôle, cocasse et prenant.
    Une des premières œuvres de la talentueuse Fred Vargas qui, on le sent, a pris autant de plaisir à écrire Debout les morts, que nous, à le lire.

    13/11/2018 à 14:00 7

  • Dégradation

    Benjamin Myers

    7/10 S’il ne pleut pas, il neige. Et s’il ne neige pas, il souffle un vent à décorner les bœufs. C’est une terre maudite cette vallée des Dales dans le Yorkshire. C’est cette contrée inhospitalière que Benjamin Myers prend comme toile de fond pour son roman noir, Dégradations.
    James Brindle, ce flic bardé de troubles obsessionnels du comportement, promis à un avenir prometteur au sein de la Chambre froide, une cellule de police londonienne créée pour résoudre les crimes les plus sordides le plus rapidement, est invité à se rendre dans ce village reculé des Dales, en cette avant-veille de Noël. Une fille est portée disparue. Roddy Mace, un ex brillant journaliste londonien qui, pour des raisons structurelles, a trouvé un poste dans cette région, est sommé par son rédacteur de couvrir l’affaire. Une affaire qui va faire remonter d’autres disparitions, des meurtres, un cinéma, un cul terreux au nom de Rutter, sa mère, des porcs, des policiers corrompus, le vice et l’argent. Et bien évidemment la géographie singulière et hantée de la vallée et de ses villages et hameaux environnants. Et ses habitants et leurs histoires troubles.
    L’histoire se déroule au gré des paragraphes courts mettant en avant différents protagonistes, comme un élément d’un puzzle qui se met difficilement en place. Cela ne facilite pas une lecture fluide d’autant plus que l’auteur ne met que le strict minimum de ponctuation (aucune virgule dans les phrases). Myers ne met pas plus en avant un personnage qu’un autre, laissant la vallée des Dales, ses paysages désolés et son atmosphère lourde avoir le dernier mot. Dommage, car le personnage de Brindle, ce policier original avec ses défauts, aurait pu être intéressant à développer et qu’on aurait aimé retrouver plus souvent dans le livre.

    13/01/2019 à 10:48 5

  • Dehors les chiens

    Michaël Mention

    8/10 Michaël Mention est un auteur talentueux. Il renouvèle constamment la trame de ses romans, les genres, les époques, les lieux,… mais toujours avec une maitrise, une passion qui transpirent dans son œuvre. Le lecteur, happé par l’urgence de l’écriture coup de poing, ne peut pas lire ses livres : il les dévore.

    Ce fut le cas pour moi avec Dehors les chiens. 1866, Californie, Crimson Dyke est un agent fédéral des Services secrets en charge de capturer les faux monnayeurs. Il a toute une liste de bandits sans scrupules qui réalisent des faux billets. Mission périlleuse dans ce coin des Etats (pas tout à fait très) Unis. Si les Indiens font encore régner la terreur, ce sont surtout les hommes blancs avides de pouvoir (hommes politiques, sheriff, juge,…) dont il faut se méfier le plus. Mais Crimson Dyke est surtout intrigué et attiré par cette maîtresse d’école qui assurent les remplacements dans tous les comtés avoisinants. Et quand des crimes horribles sont perpétués, il garde un œil sur la belle et charmante institutrice, pour veiller à ce que rien ne lui arrive. Et veiller à capturer le meurtrier. Surtout qu’ici, les hommes non blancs passent facilement pour les coupables.

    Les descriptions subtiles subliment le cadre du Far-West, les dialogues crus et percutants accentuent les personnages. L’intrigue est concise et alléchante. Il y a du sang, des indiens, de la violence crue et de la passion à la sauce cowboy (faut pas vous attendre à des scènes ultra passionnées, c’est pas Arlequin Michaël Mention non plus !!). Encore une fois, l’auteur français a fait mouche. Ce livre est une réussite et pourra séduire même les détracteurs des westerns.

    12/05/2023 à 09:53 8

  • Demain

    Guillaume Musso

    7/10 Deuxième expérience pour ma part avec Guillaume Musso, un des auteurs français le plus bankable des éditions littéraires. Si je lis peu l’œuvre du Français, c’est que je suis peu attiré par une littérature « facile » dont les histoires ressemblent à des contes de fée noirs modernes. Et je passe les titres assez racoleurs ( Que serais-je sans toi ? Sauve-moi, Parce que je t’aime, 7 ans après, Je reviens te chercher, etc…). Vous pouvez même essayer de constituer une petite histoire rien qu’avec les titres de ses romans…

    Mais bon, un peu comme pour Harlan Coben, quand je tombe sur un livre de l’auteur, je me dis que ça ne mange pas de pain de retenter, histoire de voir. Au pire, je vais confirmer mon avis, au mieux j’aurais passé un bon moment de détente.

    Et avec Demain, j’avoue que j’ai été agréablement surpris par cette histoire spatio-temporelle romantique. Bon, je vais passer outre l’aspect de tunnel du temps, auquel je n’ai pas été convaincu (faut dire que l’auteur n’a pas du tout essayé de le vendre mais de me l’imposer, pas le choix) pour ne garder que cette petite histoire romantique des plus ludiques. Je suis peut-être redevenu un peu « fleur bleue ». Guillaume Musso m’aura peut-être fait redevenir sentimental et romantique. Je ne suis pas devenu complètement perdu, alors ? Ce livre m’aura permis de me sauver…

    On y retourne ? Sauve-moi Parce que je t’aime Et après ? Seras-tu là ? ……..Je reviens te chercher Que serais-je sans toi ?

    04/11/2022 à 11:43 2

  • Demain c'est loin

    Jacky Schwartzmann

    8/10 Première entrée en matière dans l’œuvre de Jacky Schwartzmann dont j’ai beaucoup lu d’avis très positifs et dont le style pouvait me séduire : scénario décalé, situations cocasses, humour noir,… Et avec Demain c’est loin, je n’ai pas été déçu, tous ces éléments étant bien présents. Oui, c’est drôle, cocasse. A chaque ligne, on sourit à cause d’une remarque ou d’une réflexion de ce François Feldman qui cultive l’autodérision et le second voire le troisième degré. Peu importe que les situations dans lesquelles se trouvent les protagonistes semblent improbables, non ce qui compte avant tout c’est de passer un moment de franche rigolade. C’est peu dire que je vais continuer à découvrir le reste des livres du Français.

    15/05/2023 à 08:59 7

  • Dernier appel pour les vivants

    Peter Farris

    7/10 Dans son premier polar, Peter Farris nous offre une histoire de braquage à la sauce Tarantino. C’est violent, puissant avec un brin (mais léger) d’humanité.

    Hobe Hicklin a décidé de braquer une banque. Mais pas n’importe quelle banque : celle sur laquelle la fraternité aryenne avait décidé de faire main basse. Et pour couvrir son délit, il décide de prendre en otage le jeune guichetier Charlie. Du coup, en plus de la police, il a les gros caïds à ses trousses.

    Planques, gros calibres, course poursuite, bain de sang… Peter Farris n’épargne pas le lecteur dans cette cavale infernale. Bien que rythmé, puissant et fourni en personnages stéréotypés, ce livre manque d’un brin d’originalité que l’auteur américain saura dévoiler dans ses polars suivants. Une lecture qui mérite quand même le détour pour une histoire qui trouve son origine dans une expérience vécue par l’auteur.

    13/04/2022 à 13:11 5

  • Dernier été

    Patrick Pécherot

    8/10 Ayant assisté au dernier souffle de son lieutenant dans cette guerre franco-prussienne de 1870, son compagnon d’arme écrit une missive à un destinataire dont l’identité ne sera connue que dans les toutes dernières lignes.
    Son lieutenant n’était pas n’importe qui : Frédéric Bazille, illustre peintre impressionniste connu pour son tableau « Réunion de famille ». Le soldat souhaite apporter une nouvelle lumière sur l’interprétation de ce tableau au regard des derniers mots du lieutenant : « Famille… connerie… ».

    Patrick Pécherot propose dans cette nouvelle en forme de lettre à un célèbre écrivain un véritable exercice de style aussi déstabilisant (au début) qu’extrêmement habile et beau (au final).

    23/09/2018 à 13:51 4