JohnSteed

559 votes

  • La Lionne Blanche

    Henning Mankell

    9/10 3ème opus de la saga de Kurt Wallander, la Lionne blanche marque par son originalité et une tension à toute épreuve. Si certains lecteurs pouvaient regretter la lenteur de l’écriture de Mankell, avec La lionne blanche, l’histoire se déroule à vitesse grand V. Pas de moment de répit, tout s’enchaîne vite, à tel point, qu’arrivant aux dernières pages, je me suis demandé s’il y aurait assez de lignes pour construire une fin.
    Mankell continue d’explorer le monde occidental en disséquant l’Afrique du Sud post apartheid, et le terrorisme mondial. Wallander est pris dans une spirale de conspiration et d’horreur dont il se lèvera très difficilement. Mankell nous offre un livre bourré d’humanisme et d’amour pour ce pays africain pas comme les autres.

    31/08/2018 à 15:02 5

  • La Police des fleurs, des arbres et des forêts

    Romain Puértolas

    9/10 Si j’ai souri tout au long de la lecture de ce livre, j’ai carrément ri en le refermant. Ri parce que je n’ai pas vu arriver ce twist final. Quitte à passer pour un âne, j’avoue, j’ai été complétement berné par cette histoire hors du commun, cette enquête loufoque et ces personnages hauts en couleur.

    Le cadre de l’enquête apporte un réel plaisir, ce village typiquement rural des années 60 où tout le monde se connaît et qui ne s’encombre d’aucun principe. C’est bucolique, frais et distrayant.

    Le ton est léger, chaque phrase vaut son pesant de cacahuètes. L’évolution de l’enquête se dévoile par l’échange de correspondances entre le jeune et talentueux inspecteur et madame le procureur qui sont remplis de commentaires décalés et donc drôles.

    Je découvre par là même l’auteur qui cependant, comme je le constate, a déjà beaucoup écrit, et dont l’œuvre est connue et appréciée. Un auteur dont, avec certitude et envie, je lirai d’autres de ses livres.

    16/08/2022 à 12:40 11

  • La Promesse

    Tony Cavanaugh

    9/10 Darian Richards a quitté par la petite porte sa vie d’enquêteur au sein de la police de Melbourne. Celui qui a le meilleur taux d’élucidation d’affaires criminelles avait fait une promesse à Diane, la mère de Lorna, une victime du Violeur du Train : qu’elle retrouverait sa fille vivante. Comme les précédentes. Mais deux mois après sa disparition, le doute n’était plus permis : elle était morte. Ne supportant plus les meurtres, les enquêtes, les captures, ces morts par les tueurs, synonymes de cauchemars, de victimes qui l’appelaient dans son sommeil, il a rendu son badge.

    Ayant déménagé dans un cottage au bord de la Noosa, sur la côte est de l’Australie, Darian s’apprête à mener une vie frugale et à rester assis au bord de l’eau pendant quelques années.

    Mais plusieurs filles disparaissent mystérieusement dans le comté. Aussi, ses cauchemars reviennent. Et la promesse non tenue faite quelques mois auparavant revient le hanter. Il décide dès lors de mener son enquête. Il s’appuiera sur son meilleur ami, Casey, un ex-gangster de Melbourne, et sur sa compagne, Maria, la belle et jeune agent de police qu’il saura bien manipuler. Il pourra compter également sur le mystérieux geek, Isosceles. Quand il ne travaille pas pour la CIA ou les services secrets australiens, il rend service gracieusement à Darian.

    Dans son premier livre consacré à son personnage Darian Richards, Tony Cavanaugh nous plonge dans une affaire aussi noire que terrifiante. En faisant parler les différents protagonistes, son héro ténébreux au caractère bien trempé, et ce tueur en série aussi abominable qu’effrayant, l’auteur australien montre son talent dans ce polar qui bouleversera immanquablement ses lecteurs.

    03/07/2019 à 22:32 6

  • La Route 117

    James Anderson

    9/10 Avec la Route 117, j’ai retrouvé avec grand plaisir Ben, ce chauffeur routier indépendant qui trime pour faire tourner sa petite entreprise. En plein hiver, sur cette route verglacée, Ben va faire jouer son grand cœur en devenant le baby-sitter d’un enfant que lui a confié un ouvrier d’un garage. Il essaiera parallèlement de sauver son ami John le Prêcheur, victime d’un chauffard.

    J’ai dévoré ce livre et les pérégrinations de cet homme rebelle au grand cœur ainsi que ces réflexions toujours teintées d’ironie mordante.
    James Anderson nous livre un roman sombre emprunt de tendresse sur fond de trafic d’humains. Je regrette la fin de cette mini-série, et ai fermé ce livre en espérant que l’auteur américain offre rapidement un 3ème volet. James Anderson a su me captiver grâce à cet anti-héro attachant.

    12/10/2022 à 14:40 2

  • La Toile du Monde

    Antonin Varenne

    9/10 Dernier volet de la Trilogie « Bowman », La toile du monde délaisse l’exploration et la découverte des conquérants du nouveau monde pour revenir sur l’ancien continent, en compagnie d’Aileen. La fille Bowman, journaliste-reporter, est chargée par son journal new-yorkais de couvrir l’Exposition Universelle de Paris en cette année 1900. 1900, cette fin de siècle qui avait mis la lumière sur ce nouveau continent, les Amériques. 1900, prémisse d’un autre siècle qui verra le vieux continent couvert de morts, à feu et à sang (mais ceci est une autre histoire).

    A l’instar de ses parents, Aileen n’a pas sa langue dans sa poche et distille sa verve sur cette bourgeoisie parisienne bienséante, fausse et superficielle. Cet esprit bourgeois dont elle aime critiquer dans ses articles sur la Ville des Lumières en tant que journaliste free-lance pour ce journal parisien exclusivement tenu par ses collègues féministes.

    Antonin Varenne nous fait parcourir l’Exposition Universelle, nous ouvre les portes des artistes parisiens, ses courants de pensées libertaires, comme une peinture acerbe du « grand » Paris de l’époque. La toile du monde est surtout un puissant espoir en la Femme, au mouvement libertaire et humaniste.
    Ce dernier volet développe un esprit moins aventureux que ses deux prédécesseurs. Mais, pour ma part, il est peut-être le plus émouvant et le plus attachant.

    19/01/2023 à 17:30 3

  • Lady Chevy

    John Woods

    9/10 Amy Wirkner est une adolescente intelligente. Elève brillante, elle aspire à devenir vétérinaire. Pour cela, elle travaille dur afin d’obtenir une bourse nécessaire à son entrée prochaine à l’université. Dans sa bourgade en déclin, Barnesville, les usines ont fermé les unes après les autres. Ses parents, comme la majorité des familles, ont subi de plein fouet la crise économique. Vivant dans un bungalow, ils n’ont eu que pour choix de louer le sous-sol de leur terrain aux sociétés d’exploitation des gaz de schiste qui ravagent le territoire. Les terres sont laminées et l’eau polluée. Les habitants n’ont plus aucun espoir. Leur vie est ravagée… D’ailleurs, le petit frère d’Amy, Stonewall, souffre d’épilepsie, dû, à n’en pas douter, à la pollution ambiante.

    Malgré tout Amy est une fille forte. Elle tient son courage de son grand-père, ancien membre du KKK, qu’elle renie malgré tout, comme son oncle, ancien soldat de la Guerre du Golfe, qui lui apprend à manier les armes pour se défendre et se battre. Forte moralement, d’une part : Amy est synonyme de volonté de fer et d’abnégation malgré des parents qui ont sombré dans l’alcool pour l’un et la débauche pour l’autre. Forte physiquement, aussi. Avec plus de 122 kg, Amy est surnommée Lady Chevy, ces grosses Chevrolet au cul large, et souffre de harcèlement scolaire de ce fait.

    Si elle est isolée par ses camarades qu’elle déteste en retour, Amy éprouve quelques sentiments forts. Notamment pour Paul, un amour inavoué qui ne lui laisse que des rêves. Et pour sa meilleure amie, Sadie, qui sait exploiter sa forte poitrine au profit de ses petits amis d’un soir.
    Si elle cultive quelque amertume pour cette vie sombre, pour cette ville sans avenir, et cette société qui fracture les sols et pollue sa vie, Amy n’a aucune violence en elle. Pourtant quand Paul lui demande de lui servir de chauffeur pour aller faire exploser une citerne dans cette mine, c’est une Amy qui va prouver que rien ne pourra ni l’arrêter, ni briser ses rêves, ni l’empêcher de construire son avenir…

    John Woods signe avec Lady Chevy un premier roman beaucoup plus profond que le laisse espérer le résumé. Les personnages ne sont ni tout noirs, ni tout blancs. Ils sont des animaux développés : ils possèdent des instincts contrariés par une certaine morale. Amy est remplie de contradictions de doutes qui freinent ses certitudes. A la fois ange démoniaque et démon au grand cœur. Une anti-héroïne qui n’aspire qu’à vivre dans une société qui ne lui laisse peu de place et d’espoir.

    20/12/2022 à 11:21 3

  • Le Bureau d'éclaircissement des destins

    Gaëlle Nohant

    9/10 Irène Martin travaille à l’ITS – International Tracing Service – bureau en charge de la recherche des disparus de la 2nde Guerre mondiale. En poste depuis 1990, Irène s’est installée à Arolsen où elle a construit sa ville de famille, éclatée depuis.

    En cette fin d’année 2016, Irène est chargée de la restitution d’objets aux familles des déportés de la Shoah, des « politiques », des « asociaux », des homosexuels, des travailleurs forcés. Des objets qui n’ont aucune valeur marchande, méprisés par les voleurs, délaissés par les assassins, mais qui peuvent avoir une valeur sans commune mesure pour les descendants de ces personnes.
    Irène ne sait pas encore que les enquêtes qu’elle va mener pour restituer un médaillon et une peluche pierrot à ses propriétaires ou descendants va bouleverser plus d’une vie.

    Ce livre a beau être étiqueté « roman », j’ai eu le sentiment de lire un documentaire avec autant de véracité, de faits historiques authentiques, de rapports établis ; seuls les personnages ont été « inventés » mais auraient pu exister.

    Si Le bureau d’éclaircissement des destins se veut être un livre poignant qui témoigne des terribles histoires/vies des déportés de la 2nde Guerre mondiale, il dépasse ce cadre historique. Sa force et son intérêt résident dans la mise en lumière de ce qui déclenchent la haine à l’encontre de certaines catégories d’êtres humains, quelque soient les époques, une haine malheureusement encore bien présente dans nos sociétés actuelles appelées démocraties.

    Un livre sur le Bureau d’éclaircissement des destins qui, je l’espère, permettra d’éclaircir nos consciences.

    08/11/2023 à 13:44 8

  • Le Chant de l'assassin

    R. J. Ellory

    9/10 C’est au fil de l’œuvre d’un auteur qu’on peut se rendre compte de son talent. Et RJ Ellory en a un inouï. J’avais dévoré Seul le silence. J’ai été ému par Papillon de nuit. Mais ce Chant de l’assassin prend les tripes. Aussi bouleversant qu’attachant. L’auteur américain a un don extraordinaire pour raconter ses histoires aussi sombres que belles. Ici, il s’est dépassé.

    23/09/2019 à 15:09 8

  • Le Char de Phaéton

    Ellery Queen

    9/10 Par un froid matin de janvier, Ellery Queen est appelé par son ami Thorne, un avoué, un homme placé auprès des tribunaux de la ville de New-York. Ce dernier lui demande de venir le rejoindre au port de la ville, avec bagages et arme. Après une semaine passée dans la demeure de Sylvestre Mayhew, enfouie au cœur d’une jungle inaccessible de Long Island, il doit récupérer Alice Mayhew qui débarque d’Angleterre et qui était venue renouer avec son père. Thorne a la délicate charge de lui annoncer la mort de son père qu’elle n’a pas vu depuis son enfance. Il doit également lui permettre de récupérer son héritage, un trésor caché dans la Maison noire de la propriété familiale et bien évidemment convoité par les tantes et oncles d’Alice.

    Après une nuit passée dans la Maison Blanche de la propriété, tout le monde se réveille en constatant que la Maison noire, bâtie juste à côté, a disparu, comme si elle n’avait jamais existé. Et le magot avec. Ellery Queen va devoir retrouver toute sa raison et sa perspicacité pour pouvoir élucider cette énigme.

    Publiée en 1940, cette nouvelle des aventures d’Ellery Queen, ce détective américain issu d’un savoureux mélange entre Sherlock Holmes et Hercule Poirot, est un délice de déduction dans une ambiance aussi bien mystique que gothique. Les auteurs (sous ce pseudo d’Ellery Queen se cachent deux cousins) nous manipulent pour nous offrir les clés de cette intrigue extraordinaire.

    30/12/2018 à 14:24 5

  • Le Deuxième homme

    Hervé Commère

    9/10 Dans une histoire d’amour, il n’y a jamais de place pour un deuxième homme. Et quand on en voit surgir un dans son couple, il y a un homme de trop. Par amour, il convient de prendre des mesures radicales.

    C’est le choix que Stéphane a fait par amour pour Norah au bout de 13 ans de vie commune. Lui, un homme sans véritable famille, « fils d’un fantôme et d’une bouteille de gin », raconte dans des lettres envoyées on ne sait à qui ni pourquoi son histoire. Il raconte son passé, son petit boulot de petit magouilleur en tant que vendeur de spiritueux et surtout sa rencontre fortuite avec Norah, une séduisante traductrice d’origine allemande. Et le coup de foudre a opéré. Leur amour est une évidence pour eux deux. S’ensuit une installation à Rennes où le couple vit un amour fusionnel. Jusqu’au jour où Stéphane, après avoir fait des recherches sur le passé de Norah constate que, contrairement à l’histoire qu’elle lui a dévoilée, son ancien fiancé, mort dans un accident de voiture, ressemble trait pour trait à Stéphane. Un choc pour lui qui s’interroge sur son véritable père qu’il n’a pas connu, sur le mobile de Norah et ses motivations dans leur vie de couple.

    Hervé Commère, que je découvre par ce livre, développe une atmosphère tendue et déploie un mystère lourd et pesant. On ne comprend pas ce que Stéphane a fait : a-t-il commis l’irréparable ? Pourquoi ces lettres ? On doute de tout, et on ne connaît que la vérité qu’à la toute fin du livre. Mais entre temps, on imagine toutes les hypothèses les plus noires que les autres. Et on enchaîne les pages pour pouvoir découvrir au plus vite la réalité. Un livre comme je les aime.

    19/10/2019 à 11:24 11

  • Le Livre des Baltimore

    Joël Dicker

    9/10 Comme tout le monde, j’ai découvert Joël Dicker avec son premier livre et succès littéraire : La vérité sur l’affaire Harry Quebert. Comme tout le monde, j’ai adoré cette histoire que j’ai dévorée. Mais je ne suis pas allé plus loin dans l’œuvre du Suisse. Je ne pensais pas qu’il pouvait réitérer cette performance littéraire. Je craignais que La vérité fût un accident, la chance du débutant. Je voulais éviter d’être déçu dans ma lecture du « prochain » livre du nouveau « phénomène de la littérature ». Je suis également réticent aux phénomènes de mode, je redoute…

    C’est donc une fois l’effervescence passée, et profitant du #Restezchezvous que je me suis lancé dans Le livre des Baltimore. Et comme avec sa première œuvre, son style d’écriture à la fois épuré et percutant, à la fois simple mais addictif, a fait mouche. La magie de l’écriture de Joël Dicker a balayé toutes mes craintes et m’a emporté dans le tourbillon de cette tragédie aux multiples rebondissements, remplis de tendresse, d’amitié, d’amour, de trahison, d’espoir et de malheurs. C’est-à-dire tous les ingrédients nécessaires à un moment de lecture inoubliable.

    M. Dicker, pardonnez les propos suivants, mais j’espère qu’il vous arrivera un moment de faiblesse dans l’écriture de vos prochaines œuvres. Juste pour constater que vous êtes humain, tant votre manière de raconter les histoires atteint la perfection. Mais je souhaite malgré tout que ce souhait ne soit jamais exaucé.

    28/04/2020 à 12:06 8

  • Le Meurtre de Roger Ackroyd

    Agatha Christie

    9/10 Agatha Christie, la Duchesse de la mort, comme elle aimait se faire appeler, publie avec Le meurtre de Roger Ackroyd son sixième roman. Paru en 1926, ce livre a connu un immense succès, son plus grand d’ailleurs.

    Le Dr Sheppard, médecin du petit village de King’s Abbot, apprend le suicide de Mrs Ferrard. Celle qui a empoisonné son mari, n’a pu supporter la culpabilité et le chantage dont elle faisait l’objet.
    Devant se marier avec la veuve Ferrard, Ackroyd invite le Dr Sheppard à diner pour l’interroger sur les causes de la mort de Mrs Ferrard, celles de son mari et s’il savait que Mrs Ferrard faisait l’objet d’un chantage. Ackroyd doute du suicide en l’absence d’une lettre de sa future épouse. Celle-ci arrive par le courrier du soir, Ackroyd demande au Dr Sheppard de le laisser seul dans son bureau pour qu’il puisse prendre connaissance de la lettre.
    Rentré chez lui, un appel anonyme lui annonce qu’Ackroyd a été assassiné. Il se précipite à la demeure du riche anglais et ne peut que constater l’assassinat, par un coup mortel d’un poignard dans le cou.

    Venu se retirer dans la campagne anglaise et cultiver des citrouilles, Hercule Poirot est supplié par la sœur du Dr Sheppard, en bonne voisine, de prendre l’affaire en main et de résoudre ce meurtre. Un suspect tout désigné est sur les lèvres des protagonistes : le neveu d’Ackroyd, dont on ne trouve plus la trace depuis cette soirée.

    Sous la plume du docteur Sheppard, le capitaine Hastings étant en voyage en Argentine, Agatha Christie nous raconte comment les petites cellules grises de Poirot ont résolu cette affaire. Si ce roman policier est remarquable, c’est, à l’instar des grands cuisiniers, non pas grâce aux mélanges des ingrédients traditionnellement utilisés (mélanges des acteurs aux histoires et mobiles intéressants, multiplication des fausses pistes, secrets enfouis et dévoilés,…) mais à la petite touche du chef, qui permet de faire toute la différence. Et non, n’y comptez pas : je ne dévoilerai rien.
    Si, juste une chose : même relire l’histoire en connaissant la clé de l’énigme est savoureux.

    22/07/2018 à 14:17 6

  • Le Pays des oubliés

    Michael Farris Smith

    9/10 Le pays des oubliés est un roman noir, très noir. Cette noirceur et ce désespoir sous la plume de Michael Farris Smith sont paradoxalement beaux. L’auteur américain, avec son écriture puissante et âpre, décrit une Amérique des oubliés, de ceux qui n’ont pas de chance, les exclus, ceux qui se trouvent à la marge, les laisser pour compte. Jake Boucher fait partie de ceux-là. Il a multiplié les orphelinats jusqu’à ce qu’il ait été accueilli par Maryann, une exclue elle aussi du fait de son orientation sexuelle. Il a dû se battre dans la cour de récréation. C’est logiquement qu’il s’est entiché des combats illégaux à mains nues. Il a même acquis une certaine renommée dans ce coin du Mississipi. Mais aujourd’hui à plus de 40 ans, son cerveau et sa mémoire en subissent les conséquences. Il est obligé de tout noter dans un carnet. Et ses maux de tête ne passent qu’à coup de petits cachets rouges et bleus avalés à grandes rasades de whisky.

    Entêté et orgueilleux lors de combats truqués, il doit une dette de jeu assez conséquente à Big Momma Sweet, la bootlegger locale. Alors qu’il a la somme sur lui, une sortie de route les lui fait perdre dans le fossé. Maryann vit ses derniers jours dans la maison de retraite locale. Sa maison va être vendue aux enchères. Et par reconnaissance pour celle qui malgré tout toujours a été à ses côté, il souhaite réunir cet argent.
    Il va faire la rencontre de Annette, une jeune gogo danseuse au corps tatoué. Adepte de l’Eglise de la coïncidence, lui permettant de se remettre au hasard dans ses choix de vie, elle pourrait offrir à Jake une nouvelle destinée. Mais est-ce ainsi que cela marche au Pays des oubliés ?

    26/08/2019 à 14:25 6

  • Le Présage

    Peter Farris

    9/10 Ce livre souffre de deux lacunes qui peuvent éloigner le lecteur : le titre (on ne peut pas faire plus énigmatique et surtout neutre) et surtout, à mon avis, la couverture. Tout est une affaire de goût, allez-vous me rétorquer. Certes. Je la trouve hideuse, voilà tout. Encore plus une fois refermé ce livre, car elle ne met pas en valeur ce chef d’œuvre.

    Car, passé ces deux obstacles, il convient de parler du fond. Peter Farris, auteur américain reconnu depuis la parution outre-Atlantique de ses 3 précédents livres, signe avec Le présage un roman aussi attachant que profond. Pour notre plus grand plaisir, Peter Farris s’est donné le champ libre pour exprimer tout son talent. Et il le fait admirablement tout du long de ces 500 pages. Et rassurez-vous, on ne s’ennuie pas une seule page. On ne se rend même pas compte du volume de l’ouvrage, l’histoire étant aussi prenante que fluide.

    Cynthia Bivins rend visite à son père Toxey placé dans une maison spécialisée, qui prend en charge les personnes atteintes de troubles cognitifs. Si la maladie d’Alzheimer n’est pas encore prononcée, les propos de Toxey laissent sa fille dubitative quant à leur véracité. Mais Toxey tient plus que tout à lui raconter un pan de sa vie.

    Début des années 70, Toxey travaille dans la quincaillerie locale, une bourgade du comté de Mercy Oaks en Géorgie. Originaire des Quarters, le quartier pauvre de la ville, Toxey se découvre une passion : la photographie. Son talent lui permet de rencontrer Fiona, une scientifique, qui souhaite écrire un livre sur le Lakutta, cette terre ancestrale qui rengorge autant de richesses faunistiques que culturelles et historiques. Et c’est aussi dans le Lakutta qu’a été découvert le corps sans vie et mutilé à hauteur du bassin d’une jeune femme afro-américaine.
    D’ailleurs Toxey se rend compte qu’il a croisé cette femme et qu’il l’a même photographié. Et ces clichés, Elder Reese, fils de la plus richissime des familles locales, les veut plus que tout. Il veut s’en servir pour couler son adversaire politique. Reese veut remporter coûte que coûte les prochaines élections qui lui ouvriront, il n’en doute pas, la porte vers le siège de la Maison Blanche…

    Peter Farris raconte dans Le Présage une histoire américaine qui, sous bien des traits, n’est pas si éloignée de la réalité contemporaine et de quelques hommes politiques. Un roman noir qui questionne sur nos sociétés, ses dérives politiques, ses violences, ses choix sur l’avenir et ses traits tirés sur le passé… A ce jour, Le présage est le meilleur livre de Peter Farris qui se pose là comme un auteur américain incontournable.

    13/06/2023 à 16:31 11

  • Le Sang des innocents

    S. A. Cosby

    9/10 Titus Crown, ancien agent du FBI, est le premier shérif noir de Charon County. Elu par défaut, rejeté aussi bien par les Blancs que par les Noirs, Titus ne pense qu’à rendre son insigne. Il a beau faire appliquer des consignes strictes pour que la police soit exemplaire, c’est pas facile de se faire respecter.

    Lors d’une prise d’otage dans le collège du comté, le tueur de professeur, un jeune étudiant, est abattu après avoir prononcé des propos aussi mystiques que mystérieux. Titus et son équipe vont mener une enquête qui va déterrer autant de cadavres que de secrets inavouables.
    Dans ce Sud où règne encore la ségrégation, où les drapeaux confédérés flottent à tout vent, le passé est bien enraciné. Ce policier noir au grand cœur est confronté au respect de lois qui peuvent être cause de dilemme dont les membres de sa communauté ne lui pardonnent pas. Il sera même trahi par les siens mais saura reconnaître la vérité au plus profond des cœurs des gens.

    J’avais beaucoup accroché au roman précédent de l’auteur, La Colère, dont le rythme percutant et le style coup de poing m’avaient séduit. Dans un autre genre, Le sang des innocents est toujours aussi séduisant. On y retrouve les thèmes chers à l’auteur, aussi contemporains qu’indémodables : le racisme, la violence des religions et le séparatisme des politiques. Ecrits avec autant de passion que de talent, ils sont sources de livres aussi noirs que remplis d’humanité. A l’image du Sang des innocents.

    24/04/2024 à 14:25 5

  • Le Serment des limbes

    Jean-Christophe Grangé

    9/10 Je ressors de la lecture de ce livre comme lessivé, vide, comme si j’avais moi-même combattu le Mal, pourchasser le Diable, tout en ayant conscience que le mystère n’était entouré que d’un voile purement tissé d’une matière terrestre et rationnel. Il faut reconnaître que Grangé a su dans ce livre attirer le lecteur dans ces filets et le balader au gré des superstitions les plus effroyables et des croyances les plus diaboliques. Les scènes sont remplies d’un réalisme à couper le souffle. Et on a droit à toute une leçon sur l’histoire du Christianisme, des auteurs ayant défendu la parole de Dieu, agrémentée de toutes les prières les plus puissantes. Loin d’alourdir la lecture, ces citations rendent encore plus forte l’histoire, car si tout n’est pas mystique dans ces meurtres, la religion et les quêtes mystiques des protagonistes donnent vie et corps aux folies humaines.
    Et j’ai souffert, encouragé et soutenu dans sa quête de la vérité et du combat contre le Vilain, l’attachant Mathieu.
    J’ai suivi toutes les pistes, parcouru les différents pays, plongé dans les enquêtes des différents morts, douté sur les miracles, évité les poursuivant et prié pour que Mathieu découvre le sens de la Mort et donc de la Vie.

    Alors, oui, une fois refermé ce livre, je me suis senti lessivé, vide, ….comme si j’avais moi-même vécu une NDE… Grangé m’a offert, plus qu’un époustouflant moment de lecture, une réflexion mystique sur l’origine du Mal.

    01/11/2019 à 09:15 6

  • Le signal

    Ron Carlson

    9/10 Dès les premières lignes, j’ai été emporté par la douceur des mots et le voyage sentimental proposé par Ron Carlson à travers cette haute forêt des trembles dans les montagnes du Wyoming. J’ai emprunté les sentiers de Cold Creek en compagnie de Mark et de Vonnie. Carl Carson m’a transporté, et j’ai pu voir par ses mots ses magnifiques lacs, sentir l’humus des arbres millénaires, toucher la glace des hauts sommets.

    Même si l’histoire peut sembler convenue, elle sied à merveille dans ce cadre idyllique où l’extraordinaire côtoie le sublime. C’est beau, c’est envoûtant. Mon côté romantique et sentimental a été pleinement comblé.

    04/08/2019 à 21:12 7

  • Le Silence des repentis

    Kimi Cunningham Grant

    9/10 Cooper vit avec sa fille, Finch, au fin fond d’une forêt, isolée au cœur de la montagne des Appalaches. Seuls depuis 8 ans, dans une maison en bois, prêtée par un ami, ils vivent de façon rudimentaire, de chasse, de cueillette et de culture, sans électricité, ni moyen de communication ou échange avec le monde extérieur. A part un voisin, Scotland, un rustre ermite, rempli de mystère, qui espionne ses lointains voisins et qui a beaucoup d’empathie pour Finch. Cette jeune fille, du haut de ses 8 ans, n’a pas connu le monde civilisé. Curieuse de tout, en plus d’être le seul Amour de son père, elle aspire à connaître le monde extérieur. Mais son père et elle se cachent des autres. Ils ne doivent pas être vus. Ainsi s’instaure un système de protection dès l’approche d’une quelconque personne, synonyme de danger, via une cache dans la cave.

    Cooper nous raconte leur vie quotidienne et distille, au compte-goutte, son passé et ce qui l’a poussé à venir se cacher ici. Et puis Jake, le propriétaire du chalet, sensé venir ravitailler comme tous les ans le couple, se fait attendre. Cooper comprend que sa vie d’isolement devient précaire, et que cette situation aura des incidences incontournables.

    Kimi Cunningham Grant a su me conquérir avec ces quelques personnages très attachants. Cooper est un père aimant et très protecteur. On découvre ses secrets et sa vie des plus douloureuses. Finch, est une petite fille à la maturité et la curiosité propre à toute petite fille. Elle fait montre d’une grande intelligence. L’auteure m’a totalement séduit et charmé, à tel point que je passe sous silence les quelques largesses dont elle a fait preuve dans la fin de l’histoire. Je veux garder le plaisir de la découverte de ce père et sa fille, de leur amour indéfectible et d’un cadre naturel aussi charmant qu’angoissant. Une écriture remarquable pour une histoire émouvante.

    24/10/2022 à 14:40 10

  • Le Testament Donadieu

    Georges Simenon

    9/10 La famille Donadieu, riche famille de La Rochelle, prospère dans l'industrie de la pêche. Quand le patriarche décède, dans des conditions assez troubles, tout s'écroule dans cette famille bourgeoise. D'autant plus que le testament de l'aïeul n'arrange pas les affaires des membres de la famille. La mère n'a que l'usufruit des affaires et des biens, et tout reste aux enfants, fille et garçons. Et ces derniers mènent des existences assez particulières. Et sans parler des secrets et des non-dits. Philippe, le gendre, qui a tout fait pour se marier avec la fille Donadieu et profiter de la richesse de la famille; Oscar, le plus jeune avec son mystérieux précepteur; Michel et son irrestible attrait pour la gente féminine.... On essaie bien de sauver les apparences, et l'argent y aide beaucoup. Mais...
    Le Testament Donadieu fait partie des livres les plus longs et intenses de l'oeuvre de Simenon. Son aspect balzacien le consacre comme un livre unique de la bibliographie de cet auteur belge. Un vrai bonheur de lecture.

    28/02/2018 à 18:52 6

  • Le Voyageur de la Toussaint

    Georges Simenon

    9/10 En cette veille de Toussaint, Gilles Mauvoisin débarque du Flint à La Rochelle. Il décide de ne pas rendre visite de suite à sa tante, Gérardine Eloi, pour lui annoncer le décès de ses parents, artistes musiciens qui parcouraient l’Europe.

    Avec sa longue silhouette, son bonnet de loutre et sa petite et ridicule valise, Gilles, qui vient de Norvège, ne passe pas inaperçu à La Rochelle et notamment par les notables locaux.

    Il faut dire que Gilles, même s’il ne le sait pas encore, n’est autre que le seul héritier de feu Octave Mauvoisin, son oncle décédé quelque temps plus tôt. Il était aussi riche et puissant qu’il était craint : Octave Mauvoisin était parvenu à asseoir son empire par la possession de documents qui accablaient les notables rochelais. Ce chantage lui a permis de mettre la main sur toutes les entreprises importantes de la région.

    Possédant le coffre où se trouveraient les documents compromettants, sans en connaître toutefois le code d’ouverture, Gilles est propulsé dans le milieu impitoyable des affaires. Il fait ainsi l’objet de cajolerie et de sympathie aussi fourbes que trompeurs, car tout le monde veut se libérer du joug de feu Octave Mauvoisin.

    Le voyageur de la Toussaint fait partie, pour moi, des meilleurs et incontournables « romans noirs » de l’écrivain belge. Ce livre dresse le portait d’une notabilité acculée à la méchanceté par un arriviste. C’est aussi le portait d’un homme qui découvrira le trouble des sentiments profonds envers les femmes et le véritable amour, celui d’un jeune artiste qui deviendra bien malgré lui trop rapidement un adulte mais qui saura rendre une justice humaine, reprendre sa vie et reconquérir sa liberté.

    21/03/2024 à 13:36 3