Le Pays des oubliés

(The Fighter)

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  • 8/10 Encore un très beau roman de Michael Farris Smith qui met en lumière les oubliés, ceux qui n'ont pas eu de chance dans leur vie, n'ont pas su la saisir et tente de garder la tête hors de l'eau malgré tout. Des trajectoires dures, des destins brisés. C'est noir, ça sent la sueur et les larmes mais c'est aussi lumineux. A lire !

    03/05/2021 à 23:42 Nelfe (227 votes, 7.5/10 de moyenne) 1

  • 9/10 Jack Boucher n’en peut plus. Cabossé à l’extrême, le corps et l’âme à l’agonie, il sait que sa vie de quadragénaire touche à sa fin. Mais il peut encore accomplir un dernier acte valeureux : empêcher que la maison de Maryann, celle qui l’a recueilli quand il avait douze ans, ne soit reprise par les banques. Pour cela, il doit trouver au plus vite de l’argent, quitte à affronter Big Momma Sweet, la prêtresse des combats clandestins, et accepter un ultime affrontement.

    Michael Farris Smith, après les très réussis Une Pluie sans fin et Nulle part sur la terre, signait cette nouvelle prouesse littéraire en 2018. Un opus gorgé de noirceur dont le titre – bien plus riche que l’original, The Fighter, porte déjà en lui la promesse de ténèbres. C’est avant tout l’histoire de Jack. Un individu usé jusqu’à la corde, jusqu’à la rupture. Enfant abandonné, recueilli à l’âge de douze ans par Maryann, une lesbienne honnie de tous, et qui vivra à l’école ses premières douleurs, ses premières humiliations, et ses premiers combats. Depuis, il va (sur)vivre grâce aux combats, l’amoindrissant lentement. Désormais, il n’est plus qu’une loque humaine, alcoolique et junkie, ne pouvant tenir que grâce aux antidouleurs et au whisky, victime de terribles maux de tête, incapable de retenir les noms de ses connaissances au point de devoir écrire chaque nom sur un carnet. C’est également son histoire avec Maryann, sa mère adoptive, avec laquelle il a noué de puissants liens et pour laquelle, tel un acte de rédemption, il va accepter de descendre dans l’arène, à peine moins cruelle que l’antique fosse aux lions, pour une dernière bagarre avec Ax, un colosse. En à peine deux cents cinquante pages, Michael Farris Smith livre un véritable brûlot, saturé de noir, poisseux comme cela n’est guère permis. On y trouvera d’autres individus, féroces et maltraités, comme Big Momma, qui a pris une sacrée revanche sur l’existence en devenant la grande ordonnatrice des rixes, la jeune Annette en quête de son père biologique, ou encore ces forains. La construction narrative est en soi un écho à ce récit chaotique, avec un discours direct dégagé de deux-points et autres guillemets.

    Un remarquable opus, aussi court que brutal, qui lacère de pied en cap. Un formidable hurlement humain, qui prouve assurément, s’il en était encore besoin, que les plus désespérés sont les chants les plus beaux.

    19/08/2020 à 08:21 El Marco (3432 votes, 7.2/10 de moyenne) 7

  • 9/10 Le pays des oubliés est un roman noir, très noir. Cette noirceur et ce désespoir sous la plume de Michael Farris Smith sont paradoxalement beaux. L’auteur américain, avec son écriture puissante et âpre, décrit une Amérique des oubliés, de ceux qui n’ont pas de chance, les exclus, ceux qui se trouvent à la marge, les laisser pour compte. Jake Boucher fait partie de ceux-là. Il a multiplié les orphelinats jusqu’à ce qu’il ait été accueilli par Maryann, une exclue elle aussi du fait de son orientation sexuelle. Il a dû se battre dans la cour de récréation. C’est logiquement qu’il s’est entiché des combats illégaux à mains nues. Il a même acquis une certaine renommée dans ce coin du Mississipi. Mais aujourd’hui à plus de 40 ans, son cerveau et sa mémoire en subissent les conséquences. Il est obligé de tout noter dans un carnet. Et ses maux de tête ne passent qu’à coup de petits cachets rouges et bleus avalés à grandes rasades de whisky.

    Entêté et orgueilleux lors de combats truqués, il doit une dette de jeu assez conséquente à Big Momma Sweet, la bootlegger locale. Alors qu’il a la somme sur lui, une sortie de route les lui fait perdre dans le fossé. Maryann vit ses derniers jours dans la maison de retraite locale. Sa maison va être vendue aux enchères. Et par reconnaissance pour celle qui malgré tout toujours a été à ses côté, il souhaite réunir cet argent.
    Il va faire la rencontre de Annette, une jeune gogo danseuse au corps tatoué. Adepte de l’Eglise de la coïncidence, lui permettant de se remettre au hasard dans ses choix de vie, elle pourrait offrir à Jake une nouvelle destinée. Mais est-ce ainsi que cela marche au Pays des oubliés ?

    26/08/2019 à 14:25 JohnSteed (624 votes, 7.7/10 de moyenne) 6

  • 8/10 Le précédent roman de cet auteur, Nulle part sur la terre, a obtenu le prix découverte Polars Pourpres en 2017, et je suis surpris d'être le premier à noter cette nouvelle pépite déjà parue depuis janvier. Michael Farris Smith fait toujours autant dans la noirceur, avec des personnages cabossés et sans grand espoir, le tout servi par une très belle écriture. J'en redemande.

    04/07/2019 à 20:17 gamille67 (2419 votes, 7.3/10 de moyenne) 6